VOICI LA DEUXIÈME PARTIE FAISANT SUITE À LA PREMIÈRE (question n°1 à 79) et devançant la TROISIÈME (question n°160 à 247)…
CHAPITRE IV – CE QUE DISENT LA BIBLE ET LE CATÉCHISME DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE SUR L’HOMOSEXUALITÉ :
80 – Que dit la Bible sur l’homosexualité ?
Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Déjà, la Bible n’emploie jamais le mot. Elle n’aborde que les actes qu’on dit aujourd’hui « homosexuels » (pédérastie, sodomie, relations adultères hors du mariage et de l’horizon procréateur, etc.) pour les condamner fermement. En clair, la Bible en parle très peu : elle a un message d’Espérance autrement plus important à délivrer que celui de la morale sexuelle. Elle a d’autres préoccupations (la pauvreté, la souffrance, la maladie, la mort, les injustices humaines, le Salut) que la vie sentimentale et génitale de « Monsieur Tout le Monde », à vrai dire ! Après, pour ceux qui veulent quand même aller vérifier dans le texte, les seuls passages qui traitent de ces actes « homosexuels » sont Gn 19, 4-11 ; Lv 18, 22, 20, 13, et Jg 19, 22-30 ; 1 Sam 18-20 ; Rm 1, 26 ; 1 Cor 6, 9 ; et 1 Tm 1, 10. Vous trouverez un relevé encore plus précis sur ce lien.
Morceaux choisis (je cite la TOB) : « Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. Ce serait une abomination. » (Lv 18, 21) ; « Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ce qu’ils ont fait tous les deux une abomination ; ils seront mis à mort : leur sang retombera sur eux. » (Lv 20, 13) ; « Ne savez-vous donc pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les pédérastes, ni les voleurs, ni les accapareurs, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les filous n’hériteront du Royaume de Dieu. » (1 Cor 6, 9-11) ; « C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes ; car les femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature ; et de même les hommes, abandonnant l’usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement. » (Romains, 1 : 22-32)
Il est à noter qu’entre l’Ancien Testament et le Nouveau, Jésus, c’est-à-dire l’Amour incarné, est passé par là. Non pour abolir ou édulcorer la condamnation à mort pour actes homosexuels prononcée dans le Lévitique et dans la Genèse (cf. l’épisode de Sodome et Gomorrhe), mais pour l’humaniser, y apporter de la Charité, du pardon, du Salut et parfois de la guérison, distinguer la faute grave d’impureté de la personne qui la commet. C’est l’acte génital en lui-même qui est condamné. Pas l’orientation sexuelle. Avec l’arrivée du Sauveur, le Salut dépasse la logique factuelle et comptable des actes, du mérite, de la bonne conduite, pour rejoindre celle de la foi, du don gratuit, de la rédemption, de la reconnaissance de la bonne volonté et de la pureté d’intention. Jésus sauve en particulier le pécheur qui reconnaît avoir besoin de Lui, et non celui qui pratique scolairement les lois et le code de conduite de l’Ancien Testament, et qui pour cette raison, estime qu’il n’a besoin de personne, pas même d’aimer son Créateur, pour être sauvé. La place de la collaboration, du consentement, de la consultation, de l’ajustement, de la rencontre, déplace sensiblement la perspective chrétienne qu’offre la Bible sur l’homosexualité. La crainte est inspirée. La confiance aussi. Qu’espérer de plus que cela ?
Enfin, saint Paul établit le lien très pertinent entre homosexualité et idolâtrie, connexion que je constate fréquemment dans le monde homosexuel actuel, très branché sur le fétichisme et les objets. Dans l’idolâtrie homosexuelle, l’être humain se met à adorer narcissiquement la créature qu’il est, et surtout ses duplications, ses réifications, ses images sublimées, au détriment du Créateur. Le déni sacrilège de la différence Créateur-créature aggrave la transgression/inversion mimétique de la différence des sexes. L’homosexualité pratiquée, aux yeux de saint Paul, devient donc la manifestation majeure de l’impiété.
81 – Y a-t-il des points communs avec l’Islam ?
Dans le contenu sur l’homosexualité entre la Bible et le Coran, très peu. En revanche, concernant les réalités de la pratique islamique et de la pratique homosexuelle, et concernant l’approche pastorale de l’Église catholique à l’égard des musulmans et des personnes homosexuelles, il y a d’énormes points communs. Rappelons-le : l’Humanité et l’Amour que Celle-ci peut vivre grâce à Jésus et à Marie se fondent sur l’accueil de la différence des sexes et sur l’accueil de la différence Créateur-créatures (= l’Église catholique). Par conséquent, l’Islam et l’homosexualité se rejoignent dans la mesure où ils rejettent conjointement et à leur manière ces deux différences fondatrices d’identité et d’Amour que sont la différence des sexes et la différence Créateur-créatures. C’est ce qui explique, comme je viens de leur dire, une similarité d’approche, de pastorale, d’évangélisation, auprès des personnes musulmanes et homosexuelles. Tout comme la Bonne Nouvelle que l’Église catholique doit annoncer au peuple islamique c’est l’amour des musulmans et non la « vérité crue sur l’Islam », de même la Bonne Nouvelle sur l’homosexualité c’est l’amour des personnes homosexuelles et non la « vérité sèche sur l’orientation et la pratique homosexuelles ». Quand bien même il n’existe pas de Charité sans Vérité, et que l’identification de l’Islam ou de l’acte homosexuel (les deux sont factuellement souvent liés : il suffit de se rendre en terre musulmane pour le constater) à des signes de présence satanique soit indispensable pour aimer vraiment les personnes.
82 – Jésus parle-t-il d’homosexualité ?
Non, Il n’en a pas parlé. Jamais. En revanche, il s’est toujours fait le défenseur du mariage d’amour entre l’homme et la femme, en tant qu’image fidèle de son Amour, et Il a fait allusion également à l’existence de ceux qui sont devenus eunuques (célibataires) « à cause des Hommes » (Mt 19, 8-12), à savoir les dégoûtés/impotents du mariage et les victimes des viols, ce qui renvoie effectivement à une grande majorité des personnes homosexuelles.
Certains esprits puristes, protestants ou pharisiens, qui lisent la Bible et les paroles du Christ au pied de la lettre, pourraient donc se dire que, « si le Christ n’a pas parlé d’homosexualité, alors il n’y a pas lieu d’en parler du tout », voire même que c’est de l’« hérésie » et de la « corruption au modernisme » que d’employer un mot de la novlangue comme « homosexualité ».
Dans l’autre extrême, quelques esprits gays friendly progressistes, tout aussi superstitieux et pointilleux que les premiers, pourraient également s’exclamer que l’imprécision de Jésus au sujet de l’homosexualité vaudrait validation tacite de Sa part : « Chic ! Qui ne dit mot consent ! On peut mettre ce qu’on veut derrière Son silence… même l’amour homosexuel ! » À les entendre, Jésus inviterait joyeusement à l’improvisation, à l’innovation, à l’adaptation de ses préceptes aux « nouvelles relations » et aux « nouvelles familles » d’aujourd’hui, bref, à l’INCULTURATION. Au nom de son Incarnation et de sa Présence réelle invisible, en plus ! #CommentFaireDireÀJésusNimporteQuoi
À ces deux camps – intégristes chacun dans leur style – je répondrais quatre choses. D’abord, c’est bien parce que les successeurs de Jésus et de Pierre ont employé le terme « homosexualité » que nous pouvons nous permettre (et nous avons le devoir !) de l’utiliser. Ensuite, comme le dit de manière très drôle et néanmoins percutante le père Guy Pagès, « ce n’est pas parce que Jésus n’a pas demandé explicitement aux Hommes de se brosser les dents qu’ils ne doivent pas le faire » ! De plus, vu qu’en effet Jésus, dans la Bible, n’évoque pas nos problèmes et nos péchés avec leurs noms contemporains (pas question de clonage, de PMA, de GPA, de préservatif ni de « mariage homosexuel », par exemple), cela ne signifie pas qu’Il ne nous a pas livré l’Essentiel (= Sa Personne et Ses commandements) les concernant, de manière à la fois codée et pourtant hyper adaptée à notre présent. Enfin, le fait que Jésus ne parle pas d’homosexualité prouve que pour Lui, ce qui prime, ce sont les personnes et l’Amour qu’Il porte à chacune, et non les fantasmes qui les traversent, leur imaginaire érotique, les personnes qui les attirent sexuellement, leurs actes peccamineux ni leurs mérites.
83 – Les disciples de Jésus étaient-ils homos ?
Peut-être que les disciples de Jésus ont pu avoir pour Jésus une attraction sexuelle et amoureuse. Et je n’en serais pas étonné. Ils étaient des hommes. Certains d’entre eux eunuques pour le Royaume. En plus, les douze disciples avaient en face d’eux LE Canon de Beauté et d’Amour par excellence. Sans avoir l’esprit mal tourné, on peut d’autant mieux se figurer que quelques-uns aient été tentés de L’étreindre, de Le toucher, de Lui faire l’amour, de se fondre en Lui (c’est d’ailleurs pour cette raison que je pense qu’il y a tant de prêtres qui se sentent homos !), et par défaut, de « se faire l’amour » et « du bien » entre eux. On ne le saura qu’au Ciel.
En revanche, désolé de décevoir les quelques militants « chrétiens » homosexuels soucieux de faire porter à David et Jonathan ou à la relation d’amitié désintéressée entre Jean et Jésus, leur tentative de justification de l’« amour d’amitié spirituelle et chaste dépassant la différence des sexes ». Ils oublient un peu vite que la seule et unique homosexualité qui a été actée par les Douze n’est pas venue de saint Jean (pas même implicitement quand il se presse contre le cœur de son Maître à la Sainte Cène), mais de Judas, le disciple qui a trop aimé Jésus, qui a cherché à posséder Son corps, qui L’a embrassé par un baiser ambigu, qui L’a idolâtré en Super-héros politique au lieu de L’adorer, qui L’a vendu aux médias et aux hommes politiques, non uniquement pour le fric (comme le fait croire la coutume), non uniquement pour Le faire tomber, non par cruauté consciente, mais pour L’aider à conquérir le monde, par passion jalouse et dévorante homosexuelle, par fascination narcissique. Donc les exégètes pro-gays, on va se calmer…
84 – Et Jésus, était-il homosexuel ?
Je vais peut-être en choquer certains mais je crois qu’Il l’était. Non pas en actes ni en désirs ni en fantasmes, évidemment, car Il est la continence parfaite, la pureté de pensées par excellence, mais il l’a été en tentations, en ressenti, et aussi de réputation. Pour une bonne et simple raison : il a porté le péché du monde et a accepté de ressentir, de comprendre dans sa chair humaine, toutes les tentations (« Dieu l’a fait péché pour nous. », 2 Co 5, 21) … y compris la tentation de la séduction homosexuelle, de l’attraction pour les gens de son sexe. Ce qui est logique : Il n’est qu’Amour. Pendant son séjour terrestre, sa force d’Amour débordant et tout-puissant, Il a dû sans cesse la contrôler, la canaliser, l’ajuster, pour laisser la liberté et la juste distance avec ses frères, alors que de par sa nature divine et aimante, Il avait largement de quoi s’emballer, envelopper tout le monde de Lui, manifester son Amour non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes, pour toute l’Humanité. Il a de l’énergie, de la tendresse, de l’Amour, de l’Incarnation, du désir, à revendre, le Jésus ! En plus, il est beau comme un cœur, et a dû constamment réguler son pouvoir d’attraction, les effets (parfois excessifs) de son charisme, ne pas en jouer.
Oui. Je crois que Jésus est la personne homosexuelle la plus sainte qui existe. Et c’est une grande consolation pour moi de savoir qu’Il connaît ma condition, qu’Il en a souffert (et continue d’en souffrir) plus que moi, qu’Il m’a devancé dans ma lutte contre mon attraction pour les personnes de même sexe, qu’Il a dû, à cause de son identité d’Amour, combattre encore plus sa tendance naturelle à aimer les deux sexes. En devinant ce qu’Il vit, je ne suis pas tenté de me dire qu’Il ne me comprend pas dans ma détresse spécifique, je ne suis pas tenté de penser qu’en vivant la continence, je suis un cas isolé, un pionnier d’une nouvelle voie sainte, un précurseur qui opère un exploit sur un terrain que le Christ n’aurait pas connu. Au contraire. Tout ce que je vis en douleurs d’homosexualité, Jésus l’a vécu bien avant, et puissance mille. Même si les mots « homophobie » et « homosexualité » n’existaient pas à son époque, les désirs et les actes charnels entre semblables sexués étaient bel et bien connus (ils sont vieux comme le monde). Dans l’Ancien Testament ou dans les mots de saint Paul, il est question des débauchés, des efféminés, des pédérastes pratiquant la sodomie et les actes « contre-nature ». Lors de sa vie publique et communautaire avec ses disciples, Jésus a forcément enduré les attaques, les présomptions, les rumeurs et les humiliations que les personnes homosexuelles connaissent depuis la cour d’école jusqu’à leur vie d’adulte (« Que des mecs ensemble ! Et pas une femme parmi eux ! C’est louche… » ; « En plus, il a toujours été célibataire, sans enfant. Et on ne lui connaît pas d’aventure féminine. Tu vas pas me laisser croire qu’il n’est pas un peu… enfin, j’m’comprends… »). Même le récit de sa Passion ne nous épargne pas les railleries émasculantes de ceux qui L’ont crucifié.
Jésus connaît mieux que quiconque les souffrances et les tentations de la communauté homosexuelle. Et il m’est d’un profond réconfort de le savoir. Pas dans la mesure où je ferais sur lui une projection homo-érotique excessive, malsaine, anachronique et finalement narcissique (je n’irai pas jusqu’à faire de lui une tapette, hein) mais parce que Jésus a connu tous les péchés, toutes les pires tentations et réputations. Les actes homophobes que nous, personnes homosexuelles, pouvons parfois vivre, même les plus infamants (trahisons amoureuses, peines de cœur, caricatures dégradantes, sodomie, viol, torture des parties corporelles intimes, etc.), je suis sûr que Jésus les a vécus dans sa chair et dans son cœur. Sainte Faustine, en voyant les sévices infligés à Jésus, raconte bien qu’Il s’est pris des coups de poing par des prêtres, des religieuses et des laïcs, et que ça l’avait étonné. Pour nous, cela doit être un grand signe d’Espérance qui nous aide à tout supporter. Car c’est Lui qui porte tout, et le plus lourd.
85 – Si Jésus n’a jamais parlé d’homosexualité dans la Bible, tout ce qui a été brodé autour par d’autres personnes est donc purement subjectif, culturel et erroné ?
Toutes les omissions de Jésus dans la Bible ne sont ni des oublis de sa part, ni des encouragements ni des interdictions, ni des pièges, ni une raison pour Le discréditer Lui, mais bien d’une part les preuves qu’Il nous a livré l’Essentiel (pas « tout » d’un point de vue strictement humain, mais « Tout » du point de vue de l’éternité, de la Vérité, de sa Personne et de nos besoins), et d’autre part qu’Il nous laisse libres et capables d’user de notre bon sens en écoutant la Bible et les inspirations de l’Esprit Saint retranscrites dans le Catéchisme de l’Église Catholique.
Concernant l’homosexualité, ce n’est pas parce que Jésus n’en a pas parlé explicitement qu’il ne s’est pas positionné clairement par rapport à elle par un chemin argumentatif plus universel et moins ciblé sur une pratique génitale minoritaire. Ce que profère Jésus sur le mariage, la sexualité, et la sacralité du couple homme-femme est sans ambiguïté. Son silence sur l’homosexualité n’est donc pas un vrai silence mais un silence vrai ! Par exemple, dans la Bible, il n’est spécifié nulle part qu’il faut se laver les dents : ce n’est pourtant pas pour cela que nous devons nous dispenser de le faire ! Il n’est nulle part question non plus de la GPA : pourtant, il ne nous est pas bien difficile de relier cette pratique ignoble aux interdits édictés dans le Décalogue, à commencer par le « Honore ton père et ta mère » « Tu ne voleras point ». Eh bien pareil concernant l’homosexualité : il faudrait être de particulière mauvaise foi pour ne pas faire le parallèle entre la réalité de l’homosexualité et la condamnation christique de l’adultère.
En faisant bien attention de ne pas faire dire à Jésus ce qu’Il ne dit pas (lecture littérale de la Bible, anachronismes dus à un décontextualisation, etc.), ni à l’inverse d’étouffer la force actuelle de la Parole de Dieu (relativisme, surévaluation des contextes bibliques pour ensuite en dévaluer la contemporanéité, etc.), on ne peut quand même que constater que la grande différence entre la Parole Biblique et notre présent réside dans la distinction entre l’homosexualité-actes et l’homosexualité-tendance-et-personne. Mais comme le Catéchisme a largement comblé le fossé historique, pas d’excuse pour désobéir à la Bible et à l’Église !
86 – L’Église n’y va-t-elle pas trop fort en parlant d’abomination ?
« Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. » (Lv 18, 22) ; « Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux. » (Lv 20, 13) Au passage, il est à noter quand même que le verset du Lévitique si souvent cité « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme » est précédé de peu d’un autre qui dit « Tu ne prendras pas dans ton harem une femme en même temps que sa sœur », ce qui suppose qu’il serait licite d’avoir un harem… m’enfin bon bref…
Oui. À propos de ce qu’on appelle aujourd’hui « homosexualité », l’Église y va fort, tout comme Moïse dans l’Ancien Testament y était allé fort avant l’arrivée de la Justice aimante de Jésus, Justice qui n’annule pas mais accomplit totalement la Loi juive. Il faut à mon sens accueillir à la fois pleinement la verbalisation sévère et péremptoire du mal – donc l’attribution du mot « abomination » à des actes qui la méritent – autant que la clémence de Jésus à l’égard de ceux qui la commettent.
En effet, on apprend beaucoup en méditant l’attitude du Christ par rapport au péché d’adultère, qui se rapproche énormément du péché d’homosexualité. Car à la lecture littérale de l’Ancien Testament, autant dans le Lévitique (« Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s’il commet un adultère avec la femme de son prochain, l’homme et la femme adultères seront punis de mort. », Lv 20, 10) que dans le livre du prophète Ézéchiel (« Cette multitude les lapidera, et les abattra à coups d’épée. On tuera leurs fils et leurs filles. On brûlera leurs maisons par le feu. », Ez 23, 47), les catholiques seraient carrément autorisés à se lâcher et à lapider les coupables adultérins incriminés pour « abomination » ! Mais Jésus, lui, distingue le mérite et la Justice : « Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : ‘Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ?’ Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : ‘Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre.’ Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : ‘Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ?’ Elle répondit : ‘Personne, Seigneur.’ Et Jésus lui dit : ‘Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus.’ » (Jn 8, 1-11)
Cet épisode biblique pourrait très bien être transposé à aujourd’hui et à l’homosexualité. Certainement que des gens viennent/viendraient mettre Jésus à l’épreuve, pour savoir s’Il ferait preuve de Vérité, d’obéissance et d’allégeance à son Père, à son Église, à sa tradition de sagesse ancestrale, face à « l’abomination » de l’homosexualité, ou bien si au contraire Il serait l’Apôtre de la rupture, de l’ouverture laxiste, du refus de l’anachronisme et de l’application littérale lévitique. En fait, ni l’un ni l’autre. Ou plutôt mieux les deux ! Jésus réconcilie les deux camps que presque tout le monde oppose et dans lesquels on aimerait l’y enfermer, en les unifiant par sa personne et son amour.
À un autre endroit de la Bible, Il va jusqu’à expliquer et excuser la dureté/la permissivité des préceptes de Moïse par les péchés de ses contemporains, plus prompts à faire justice eux-mêmes et à accuser les autres qu’à convertir leur cœur à l’amour et à la suppression de leurs propres péchés : « Les pharisiens répliquent à Jésus : ‘Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ?’ Jésus leur répond : ‘C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement, il n’en était pas ainsi.’ » (Mt 19, 8)
De même pour les actes et les « couples » homosexuels, je crois que Jésus est tout à fait capable d’à la fois justifier/d’excuser Moïse (ou saint Paul, ou la dénomination « abomination » du livre du Lévitique, ou encore l’appellation acerbe « actes intrinsèquement désordonnés » du Catéchisme de l’Église catholique) et d’en appeler en même temps à la renonciation du châtiment divin ou au refus de l’instrumentalisation de la Justice divine par les Hommes. Il est capable de reconnaître en Vérité le péché, et de libérer le pécheur par Sa Miséricorde et Son ordonnance/exigence envers lui. Trop fort, Jésus !
Alors, à l’imitation de Jésus, nous pouvons aimer comme Lui aime, sans s’obséder hystériquement sur le mot d’« abomination », qui possède un contexte d’énonciation qui lui est propre. Moi, personnellement, quand je vois deux hommes s’embrasser, voire même coucher ensemble, je ne pousse pas des hauts cris, ça ne me dégoûte pas, je ne sors pas mon crucifix ni ma gousse d’ail ni mon eau bénite, et il ne me vient pas à l’esprit d’hurler « Abominatioooon ! ». « La marque du mal, c’est son vide ou son insignifiance », paraît-il. Et sans doute que dans mon accoutumance à la violence homosexuelle, il y a une forme de perversion inconsciente me conduisant à un dommageable relativisme culturel qui m’anesthésie et m’immunise à mon insu. Je ne me trouve pas des excuses. Mais la vue de certains « couples » homos amis qui ne s’exposent pas et qui vivent depuis un certain temps ensemble, qui parfois même sont touchants de spontanéité (je les vois quelquefois rire et jouer ensemble comme deux adolescents) ne me hérisse pas, ne provoque pas chez moi de l’urticaire. C’est pourquoi je suis loin de trouver le « couple » homosexuel dégoûtant, « abominable », et que je comprends intellectuellement les gens non-croyants qui prennent les catholiques et les protestants pour des fondamentalistes qui auraient un pète au casque de leur sexualité en s’évertuant à croire ce qu’énonce la Bible sur les risques de damnation encourus par les personnes homos pratiquantes.
Au demeurant, je peux et nous pouvons, nous catholiques, quand même faire nôtre – au moins mentalement – le langage de l’Ancien Testament ou de Saint Paul (sans tomber dans les maladresses boutiniennes ni dans les excès de ce présentateur africain par exemple… qui a pourtant le mérite, à la fin de son laïus enflammé, de donner une définition excellente de l’homophobie), car l’expulsion de la différence des sexes – différence qui est le socle de toute humanité et de tout amour – est violente et abominable. « Abominatio », en latin, signifie « ce qui fait repousser avec horreur comme un mauvais présage ». Quand je suis parfois témoin des faits odieux et de la violence inouïe se déroulant dans le cadre de la pratique homo-bisexuelle (viols, vols, meurtres, guerres, dictatures, pédophilies, infanticide, homophobie, milieu homosexuel, suicides, dépression, mélancolie, torture, humiliation, déchéance, etc.), je comprends largement combien l’Église a raison de parler d’« abomination ». Le viol qu’ont vécu plus de 100 amis homosexuels à moi, c’est une abomination. Le terme n’est pas trop faible ! L’Église est la seule à dire ce qui se passe, à nommer un chat « un chat », à dénoncer vraiment les souffrances et les violences qu’est bien souvent l’homosexualité active, à s’intéresser au bonheur et au Salut des personnes. D’ailleurs, l’abomination qu’est l’acte homosexuel se trouve rehaussée d’une part par son caractère masqué et tout rose, d’autre part par sa concomitance avec le satanisme (cf. je vous renvoie aux codes « Amant diabolique » et « Se prendre pour le diable » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels, mais également au roman autobiographique La Maison battue par les vents (1996) du père Malachi Martin qui prouve avec sérieux la « connexion de fait entre l’activité homosexuelle et le satanisme ritualiste » p. 533).
Le diable est astucieux. Pour cacher son forfait abominable, il va l’inspirer et le justifier au nom de son intention de lutter contre. Autrement dit, au lieu de faire le bien qui résoudrait tous ses problèmes, à l’instar des mauvais syndicalistes qui râlent et créent les problèmes pour mieux justifier leur hargne et la nécessité « impérieuse » de leur action, il va créer les problèmes qu’il prétend résoudre/atténuer (il les atténue parfois avec succès, en plus, donc a de quoi se faire passer concrètement pour Dieu !), en ayant ensuite le culot génial de nous les présenter comme plus bons et plus vrais que le Bien même, voire de faire passer le Bien pour le diable. Concernant plus précisément l’homosexualité, écoutez sa litanie de mauvaises excuses inversantes, d’injonctions paradoxales, qui habille le Bien en mal et le mal en Bien : « Ce n’est pas l’homosexualité qui est un problème mais uniquement le fait qu’on ne l’encourage pas socialement et qu’on la regarde d’un mauvais œil. » (Dans les faits, l’homophobie est la pratique homosexuelle et « l’identité homosexuelle », c’est-à-dire l’expulsion et la peur de la différence des sexes) ; « L’amour homo, c’est vraiment de l’amour, car c’est pas un choix, c’est sexuel et c’est sincère ! » (Tandis que l’absence de liberté n’est pas de l’amour ; l’homosexualité n’est pas de la sexualité puisqu’elle éjecte la sexualité qu’est la différence des sexes ; et la sincérité n’est pas nécessairement la Vérité) ; « Il faut accepter les différences et lutter contre les discriminations : les homos en savent quelque chose ! » (Concrètement, les personnes homosexuelles ne se sont pas acceptées elles-mêmes, notamment dans leur différence des sexes ; et quand elles pratiquent leur homosexualité, ce sont elles qui rejettent et discriminent la différence des sexes et les autres) ; « La dignité humaine exige qu’on répare la PMA et la GPA par leur autorisation pour tous. Pensons aux enfants élevés par des couples homosexuels en cas de décès de l’un de leurs parents, et qui ont besoin d’être protégés ! » (En réalité, la dignité humaine, c’est de ne pas chercher à « avoir » artificiellement des enfants, en les amputant non forcément de leur généalogie mais tout du moins du lien vital d’amour entre leurs deux parents biologiques) ; « Les personnes homosexuelles doivent pouvoir donner leur sang ! C’est un scandale ! » (Alors que le vrai scandale, c’est la pratique de leur homosexualité, leur exploitation des souffrances des pauvres et leur collaboration aux maux dont ils souffrent) ; « Les personnes transgenres ou transsexuelles doivent avoir le choix de voir figuré sur leur carte d’identité ou leur passeport le sexe de leur mental, de leur ressenti. On ne respecte pas leur identité profonde ! » (Au fond, celles qui ont nié et parfois même détruit au scalpel leur identité, ce sont ces mêmes personnes trans…) ; etc.
Plutôt que de ne pas faire la connerie, le mal propose de la faire au nom des solutions qu’il pense établir ensuite pour l’effacer. Plutôt que de ne pas faire le mal, il draine dans le sillage de sa mauvaise action des conséquences irréparables qui nécessitent une « indispensable » assistance, ou bien embarque des êtres humains qu’il fait naître artificiellement et qui sont moralement inattaquables (car ils n’ont pas choisi d’arriver au monde, ne peuvent pas être abandonnés, ni être supprimés : leur vie demeure sacrée !). Satan prend en otage la Vie (Jésus), finit même par se travestir en Elle et par se faire passer pour un meilleur exemple de bonté que le « pire » qui l’entourerait et qu’il a créé en coulisses. Pour illustrer cela, je vous cite ce témoignage d’une amie qui finit presque par excuser l’inexcusable (toujours en s’appuyant en toile de fond sur l’hétérosexualité, cette parodie démoniaque de la différence des sexes) : « J’ai deux copines en ‘couple’ qui ont 3 enfants. L’une a deux enfants issus d’une PMA en Espagne avec deux donneurs anonymes, l’autre même procédé a eu un seul enfant. Ces deux femmes ont élevé ensemble les 3 enfants depuis toujours, elles se sont mariées civilement et ont chacune entamé une procédure d’adoption pour adopter l’enfant ou les enfants de la conjointe (sachant qu’elles étaient déjà en couple quand elles ont vécu leurs grossesses). Quand la procédure a abouti, honnêtement j’ai été contente pour elles, parce qu’en cas de décès de l’une des deux, les trois enfants qui ont maintenant les deux noms de famille, vivront avec la deuxième sans être séparés. D’ailleurs les enfants sont baptisés. Je crois qu’en restant fidèles à ses convictions on ne doit pas rejeter les personnes, ni les adultes ni les enfants : Dieu a voulu chacun de nous depuis toute éternité:-) Alors évidemment ces deux femmes écartent d’un revers de la main toute évocation des futures questions des enfants sur leurs origines, la recherche du père, la filiation… Il faut juste espérer que les enfants soient équilibrés dans un tel contexte… Cela dit à mon sens les couples hétéros qui ont recours à la PMA avec donneurs anonymes pour avoir leurs enfants et à qui ils cachent leurs origines, voire qui donnent leur accord pour une ‘réduction embryonnaire’ si tous les fœtus croissent, ou même les abandonnent car leur ‘plus de projet parental’ n’agissent pas mieux mais seront socialement mieux acceptés car les manipulations sur embryons ne se voient pas sur la place publique alors que les enfants des couples homos eux trottent et hurlent au moins autant que ceux des couples hétéros. »
L’abomination de l’homosexualité, à mon sens, réside bien davantage dans le fait que la pratique homosexuelle fait passer le Bon pour le mauvais et le mauvais pour le Bon (en concluant que ni le Bon ni le mauvais n’existeraient !), que dans la seule stérilité « contre-nature » de ses ébats et dans la seule pénétration anale. Il y a une peur – et parfois un déni – de l’Homme et de Dieu, dans l’homosexualité active, qui est une abomination, même si on ne s’en rend pas compte sur le moment, et que même du mal peut surgir du bien. Et le dire ne signifie en rien que les personnes homosexuelles – y compris homosexuellement pratiquantes – soient abominables et humainement condamnables. Dieu s’en chargera. Nous, nous n’avons que le devoir de prévenir et de relayer Sa Parole de Vie et d’Amour.
87 – Le procès de Christine Boutin (qui a dit que l’homosexualité était une abomination) est-il mérité ?
Suite à la sortie de Christine Boutin dans la revue Charles publiée en mars 2014 (« Je n’ai jamais condamné un homosexuel. Jamais. Ce n’est pas possible. L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. »), et qui l’entraîne devant les tribunaux (la première comparution en correctionnelle s’est tenue fin novembre 2015), il y a plusieurs niveaux à distinguer : le contenu, et les réponses pratiques qui sont données à ce contenu.
Je mentirais si je disais, concernant les phrases prêtées ou employées par Christine Boutin, qu’il n’y a pas eu dérapage objectif. Dérapage qui est dû non pas à l’emploi du mot « abomination » (contrairement à ce que laisse entendre l’ensemble des critiques ; ce terme d’abomination prend d’ailleurs tout son relief quand on commence à étudier les nombreux liens entre viol et désir homosexuel), mais bien à l’imprécision et l’emploi du mot « homosexualité » (qui peut se référer soit au « désir », soit à l’« acte », soit à la « personne » qui ressent ce désir, soit au « couple-acte », soit au « couple-personnes » : cinq réalités bien différentes ! dont deux seulement – l’« acte » et le « couple-acte » – sont concernées par le qualificatif d’abomination) ainsi qu’à la substantivation essentialiste et inconsciemment homophobe de l’adjectif « homosexuel » (= « un homosexuel ») donnant à croire qu’une personne serait sa tendance sexuelle. L’usage non-étayé de l’expression « homosexualité » est une réelle maladresse. Et couplée à une naturalisation du désir homosexuel puis à un mot aussi impressionnant qu’« abomination », ça devient un simulacre de courage et l’énonciation catastrophique d’une illusion de « Vérité » divine ! Oui, la bourde est monumentale. Mais elle est de Christine à 1%.
L’autre dérapage objectif, dû à une ignorance du dossier Hétérosexualité et à une extrapolation bibliste imprudente/inconsciente, c’est que Christine Boutin a cru invoquer la Bible quand en réalité sa citation n’a rien de biblique : jamais le Lévitique ni saint Paul ne prétendent que l’homosexualité serait une abomination (ils ne parlent que des actes adultérins, libertins, de comportements et d’attitudes de débauche ou d’idolâtrie, mais jamais d’« homosexualité » à proprement parler). Attribuer à la Bible un pareil mot nous révèle bien le piège des néologismes « homosexualité » et « hétérosexualité ». Cela peut nous aider à l’avenir à ne pas les employer du tout, ou alors, si on les emploie, à particulièrement bien les expliciter. Ces concepts ne supportent pas les approximations, et celles-ci aujourd’hui ne pardonnent malheureusement pas.
Si approximations il y a clairement eu, la réponse judiciaire apportée au discours de Christine Boutin sur l’homosexualité est non seulement disproportionnée mais inquiétante pour nous tous (et pas seulement pour la personne qu’elle concerne directement). Symboliquement et concrètement, qu’un procès pareil, attenté sur la base d’une maladresse verbale et sur la base de l’imprécision d’un mot – « homosexualité » – qui ne peut être imputée à une seule personne si elle devait être sérieusement sanctionnée (ce serait plutôt aux scientifiques qui ont créé à la fin du XIXe siècle la bipolarité identitariste et sentimentaliste « les homos-les hétéros » d’occuper le banc des accusés ! ainsi qu’à toute la société civile, qui a confondu la différence des sexes avec l’hétérosexualité !), et non pas attenté sur la base d’un crime réel, d’un délit punissable, d’un rejet de personnes, puisse seulement exister aujourd’hui en France et donner lieu à des poursuites, à un harcèlement moral carabiné et à de l’extorsion d’argent, c’est tout simplement sidérant, délirant, extrêmement préoccupant pour l’état de notre « démocratie ». Et cela dit bien la profonde corruption idéologique (aux sentiments et aux fantasmes) dans laquelle la Justice française est plongée à l’heure actuelle.
À mon avis, le procès Boutin, c’est hyper violent. Non pas pour ce que cette femme politique a dit. Mais pour l’absence de fondement de sa condamnation, et la violence avec laquelle cette absence de fondement est maquillée/instrumentalisée par les arbitres en robe noire du « débat » sur l’homosexualité. Ce procès est un signe hautement symbolique indiquant que notre continent européen est entré dans une dictature néo-nazie. Mon emploi de l’adjectif « néo-nazi » provoquera peut-être sarcasmes et indignation chez ceux qui identifient à tort toute référence au nazisme qui ne vient pas d’eux comme un dangereux et grotesque « Point Godwin »… mais tant pis, je persiste et signe : si le nazisme historique portait le vocable « national socialisme » (les socialistes et les communistes feraient bien de se le remémorer, d’ailleurs…), l’« international socialisme » qui nous est imposé mondialement aujourd’hui pourrait tout à fait se voir appliquer l’appellation de « néo-nazisme ». À mon sens, la procédure visant Christine Boutin mériterait, pour l’injustice et la démission intellectuelle qu’elle traduit, de faire l’objet d’un scandale et d’un battage médiatique de la même envergure que jadis l’Affaire Dreyfus. Malheureusement les défenseurs de Christine Boutin, et plus largement les dénonciateurs de la fronde anti-homophobie gay friendly mondiale, sont trop peu nombreux, trop timorés et trop ignares sur l’hétérosexualité pour constituer une armée d’opposition jugée digne d’une bataille discursive dans les mass médias et dans l’hémicycle politique. Ils attendent que la situation s’envenime et se règle par le silence. Mauvais calcul.
Même si l’accusée va faire appel, on assiste avec ce procès à une complète inversion des valeurs, à une justice à deux vitesses. Ce sont ceux qui, à cause de leurs pratiques ou de leur niveau intellectuel et moral, devraient logiquement être derrière les barreaux ou chez le psy ou en dehors des postes à responsabilité ou retourner à l’école, qui se retrouvent maintenant à diriger le monde et à condamner les justes. J’ai eu des échos de la manière dont s’est déroulée la comparution. On était face à une accumulation de vices de forme et d’atteintes à la Vérité. Ce fut d’une violence psychologique inouïe. La salle d’audience était majoritairement remplie de militants homosexuels et LGBT. Parmi les magistrats (peut-être qu’il y avait Carole Mécary) qui devaient délibérer, ils étaient quasiment tous homosexuels pratiquants ou militants pro-mariage-gay (belle impartialité !) : deux des juges, à coup sûr. En plus, ils poussaient des hauts cris et notaient nerveusement comme des preuves à charge contre l’ancienne ministre ses moindres mentions à l’homosexualité. Le point d’orgue de son « aveu sacrilège », c’est quand Madame Boutin a déclaré qu’elle avait – ce qui est vrai en plus – des « amis homosexuels » ! Là, c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. L’amitié envers les personnes homosexuelles, c’est devenu aux oreilles des juges LGBT le summum de la « preuve d’homophobie » (tout comme la mention de l’existence du « bon ami maghrébin » est interprétée traditionnellement comme l’alibi n°1 de l’« ignominie du Front National »).
D’après ce qu’on m’a raconté fidèlement, le procès Boutin a été une séance kafkaïenne digne du film d’animation Disney « Alice au Pays des Merveilles » ou de l’applaudimètre entre Jésus et Barabbas. Une scène de torture. Sans exagérer. Les dés étaient pipés ; le lynchage et la condamnation, écrits d’avance. Les sentiments et les désirs de vengeance l’ont emporté sur les faits incriminés, sur le respect des personnes, sur le bon sens. Christine Boutin, à l’issue de son procès, a mis plusieurs jours à s’en remettre physiquement tellement ce fut psychologiquement éprouvant. Et pourtant, ce n’est pas la dernière des femmes fortes ! Et elle en avait vu d’autres ! Mais l’escalade des persécutions antichrétiennes « éduquées » et de la grande Apostasie – dont a parlée encore dernièrement le Pape François – monte de plusieurs crans avec cette sombre procédure pénale.
Le plus triste, c’est que Christine Boutin n’est même pas aidée par les siens. Plutôt le contraire ! Son procès est passé complètement sous silence dans les médias chrétiens. Du fait d’être désarmés et paresseux en matière d’analyse sur l’homosexualité et l’hétérosexualité, les catholiques ne sont en général pas justes envers l’ancienne ministre. Pire : ils en rajoutent une couche. Au lieu d’hurler avec les loups gays friendly anticléricaux et de la traîner eux aussi en procès de « manquement à la Charité chrétienne » (comme si elle avait dit que « les personnes homosexuelles étaient une abomination »… ce qui est faux, du moins en intentions), au lieu de réagir en terme d’images pour ne pas aborder le fond (« Non mais franchement, Boutin nous donne encore une sale image ! Son problème c’est la com’ ! »), ils feraient mieux de réfléchir un peu et de la soutenir. Au lieu de voir la distinction entre personnes homosexuelles et actes homos comme un rappel de la Miséricorde divine (« L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. »), au lieu de reconnaître avec admiration le courage qu’il a fallu à Christine Boutin pour dénoncer la violence des actes homosexuels (… mais encore faut-il que les croyants soient au clair sur ce point… ce qui reste à prouver !), ils l’enfoncent encore plus. Et les rares militants catholiques qui essaient de la relever ne le font pas bien : ils l’appuient par principe, du simple fait qu’elle est attaquée, ou au nom de son franc-parler, donc pour l’intention, pour la victimisation qu’ils peuvent en tirer (« Les propos de Boutin sont justes parce qu’ils sont bibliques donc vrais, parce qu’ils sont sans concessions, qu’ils font mal et qu’ils dérangent ! On vit sous une dictature idéologique terrible ! »), et non pour la Vérité. J’en entends qui se mettent à justifier la fracture insensée entre espace public et espace religieux, ou à donner raison aux récepteurs plutôt qu’à l’émetteur sous prétexte que celui-ci serait et parlerait « catho ». « Le piège où elle est tombée, comme Mgr Lalanne, c’est de croire que le langage biblique peut être utilisé dans un autre contexte que celui de l’Église (surtout devant des personnes totalement incultes dans ce domaine !) » Et là encore, je répète que ce n’est pas l’emploi du vocabulaire biblique (et du mot « abomination ») qui pose problème ou qui serait « asocial » ou « politiquement incompatible ». Croire le contraire, c’est de la schizophrénie de catholiques cathophobes (autrement dit, de cathos qui ne s’assument pas, et n’assument pas la dimension sociale de leur foi). Le langage biblique peut être tout à fait politique et efficace. Ce n’est pas le problème ! Le piège où Christine Boutin est tombé ne se situe que dans le mot « homosexualité ». Madame Boutin, pardon pour les piètres amis catholiques que vous avez. Et bravo pour votre courage, même si, en rigueur de termes, et à propos du dossier de l’homosexualité, il n’est pas encore vrai.
88 – Saint Paul était-il homophobe ?
Hier soir, après la messe de 22h au Sacré-Cœur à Montmartre (Paris), un gars de 26 ans dans l’assistance m’a reconnu et a voulu faire un petit bout de chemin à pied avec moi pour le retour. Il s’appelle Paul. Quand il m’a dit son prénom, j’ai tout de suite exprimé mon favoritisme pour son saint patron. Et ça m’a étonné que le jeune homme fasse un peu la grimace, en m’avouant qu’il préférait largement la limpidité et la douceur d’un saint Jean à l’impartialité de saint Paul (il a osé décrire avec un brin d’humour son saint patron comme « le Lénine de l’Église »).
Personnellement, j’aime beaucoup saint Paul (tout comme saint Jean-Baptiste et saint Antoine de Padoue). C’est un peu « the » Prophète de Compétition. Plus encore que saint Pierre ou que saint Jean, je trouve. Pas seulement parce que sans lui pas un seul catholique n’aurait la foi aujourd’hui (c’est vraiment l’Apôtre de la Résurrection, du catholicisme moderne et post-moderne sous la conduite de l’Esprit-Saint) mais parce qu’il est le seul à avoir débité 36 000 vérités à la seconde, à avoir délivré un code moral solide, des repères concrets sur la sexualité, une version remasterisée et couronnée de Charité des Dix Commandements reçus par Moïse, à avoir dénoncé avec véhémence les maux de notre temps et la Victoire de Jésus sur ces derniers, sans peur de nommer les réalités désagréables que nous traversons et de se montrer comme un pauvre mec pécheur et criminel (il a dit lui-même qu’il était l’« avorton de Dieu »). L’ex Saül ne s’est pas contenté d’énoncer la Vérité positive révélée : il l’a modernisée et adaptée, pour nous prouver que Jésus parle à travers notre vie, nos épreuves et nos péchés de maintenant. Les écrits de saint Paul, c’est mieux que le Journal Télévisé du 20h (et moins symbolique et codé que l’Apocalypse de saint Jean) ! C’est du direct ! Paul, quand il a quelque chose à dire, il n’y va pas par quatre chemins ! Ça peut paraître culoté, méchant, vexant, sale, écorché, incorrect, brutal, polémique, impoli, vulgaire, « pas très catholique », manquant de Charité… et pourtant, c’est vrai et empli d’une Charité nouvelle, Celle d’une Vérité qui passe par la mort, par nos Croix, par nos échardes, pour les transcender de lumière. Ce n’est pas un hasard si la fameuse image paulinienne de l’écharde a laissé croire à certains que saint Paul parlait d’une tendance homosexuelle ancrée en lui. Pourquoi pas, après tout ? L’écharde est l’épine universelle du péché d’Adam. Si elle peut servir à universaliser l’homosexualité sans justifier cette dernière, ça me paraît honnête et juste, l’analogie entre écharde et péché homosexuel.
Voyez-vous, de tout le peu qui a été dit en Église sur le sujet, je préfère saint Paul car il est le seul, depuis les temps reculés du Lévitique, à ne pas s’être démonté face à l’« homosexualité » (à l’époque, les actes que le mot comprend ne s’appelaient pas ainsi, mais bon…). Après lui, saint Thomas d’Aquin a lui aussi contribué à clarifier le problème de l’homoérotisme. Mais le grand courageux, c’est bien saint Paul. Pour cette raison, et même s’il n’en dit pas du bien (d’où sa réputation d’avoir été celui par qui l’homophobie et la misogynie seraient rentrées dans la Bible et dans l’Église…), non seulement il n’est pas homophobe (sauf, bien sûr, de par sa nature humaine universellement pécheresse), mais il est sans doute le moins homophobe de tous les apôtres du Christ. Il n’a pas eu peur de parler d’homosexualité ni des personnes homosexuelles, de les aimer au point de prendre le risque de leur annoncer la couleur de leurs péchés d’une part, et finalement le prix de leur Salut personnalisé d’autre part. Il est la plus belle preuve biblique de lutte contre l’homophobie. Il restera pour toujours un exemple à mes yeux.
Enfin, pour terminer sur saint Paul, je dirais que bien souvent, parce qu’on a trop tendance à tronquer les phrases bibliques ou à couper les paroles pauliniennes intransigeantes sur l’« homosexualité » de leur conclusion, on évacue la Bonne Nouvelle qu’au fond elles recèlent. En effet, dans 1 Corinthiens VI 9-10, beaucoup de croyants n’écoutent que la première phrase, et pas la deuxième ni la troisième, alors que celles-ci sont super importantes : « Ne vous y trompez pas : les débauchés, les idolâtres, les adultères, les dépravés et les pédérastes, les voleurs et les profiteurs, les ivrognes, les diffamateurs et les escrocs, ne recevront pas le Royaume de Dieu en héritage. Voilà ce qu’étaient certains d’entre vous. Mais au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu, vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous êtes devenus des justes. »
Ici, saint Paul fait comme Jésus à l’égard des riches : d’abord, le Christ fulmine contre eux et déclare qu’humainement et logiquement, aucun d’entre eux n’a de chance de rentrer au Paradis (au point que ses disciples lui demandent, effrayés : « Mais à ce compte-là, qui pourra être sauvé ? », Marc 10, 25-27)… pour finalement expliquer que la comptabilité humaine du Salut est soumise au régime insondable de Sa remise de dette miséricordieuse. En gros, « objectivement, tu n’as pas les sous ni le mérite pour rentrer… mais ça tombe bien : c’est moi qui complète, au-delà même de tes actes, de tes dettes, de ta misère ! Car je t’aime ! » Saint Paul opère de même concernant les personnes homosexuelles et adultères : dans un premier temps, il annonce la couleur, affiche la forte probabilité de sentence irrévocable ; puis après, il explique que Dieu nous aime par-delà nos actes gravissimes qui ne méritent objectivement que la géhenne. Vérité + Pommade. C’est une méthode de warrior, c’est clair. Mais il ne fait qu’imiter son Maître Jésus à certains moments, et que tirer les conclusions de sa propre chute de cheval sur le chemin de Damas.
89 – Que dit le Catéchisme de l’Église Catholique sur l’homosexualité ?
C’est assez concis. Il n’y a que trois paragraphes, qui ont le mérite d’être clairs, aimants et déjà suffisants pour justifier la continence, même s’ils me semblent encore incomplets et perfectibles. Les voici tels quels. Article 2357 : « L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes de même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée. S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves, la Tradition a toujours déclaré que les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés. Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas. » ; Article 2358 : « Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils ne choisissent pas leur condition homosexuelle. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la Croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition. » ; Article 2359 : « Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne. »
Il n’y a rien à retirer à ce qui est écrit noir sur blanc, de surcroît sous l’inspiration du pape Benoît XVI qui à mon avis est le plus calé pour parler correctement des sujets de morale sexuelle. Le Catéchisme de l’Église Catholique, malgré son apparente aridité et radicalité, est dans le juste. Et c’est pourquoi il nous faut tenir bon face aux courants réformistes qui veulent le retoucher d’une manière qui s’éloigne de la continence. La Conférence des Baptisés de France, avec l’appui du journal « catholique » La Croix, a dernièrement tenté une percée « révolutionnaire » gay friendly, une réforme du texte qui, sous couvert de Charité, souhaite taire la Vérité de la virginité du Christ. Certes, ce mouvement dissident, à lui seul, ressemble tellement à une pitrerie – apparemment minoritaire dans l’Église – qu’il paraît excessif de s’en alarmer et de lui donner crédit. Mais je n’irais pas aussi vite dans la dévaluation du phénomène progressiste. Car actuellement, beaucoup de fervents catholiques, prêtres, évêques, cardinaux, même s’ils s’opposent à la pratique homosexuelle et plus globalement aux réformes doctrinales de l’Église qui ressemblent de près ou de loin à du relativisme moderniste, défendent la continence plus intuitivement/docilement/arbitrairement/scolairement/par obéissance aveugle que par conviction et expérience intime de cœur, ou bien comme une pratique universelle qu’ils détachent de l’homosexualité de peur d’essentialiser/justifier cette dernière. Il y a donc fort à parier pour que le danger de réécriture du CEC et d’éviction de l’appel à la continence pour les personnes durablement homosexuelles, viennent non pas des progressistes, comme on pourrait le croire, mais des conservateurs ! Déjà, le mot « continence » ne figure pas nommément dans le texte. Et en plus, au dernier Synode, même les cardinaux traditionnalistes n’ont pas eu le courage de la défendre dans les cas (l’homosexualité durable et le remariage) qui la réclament. L’équilibre de Vérité-Charité du Catéchisme est donc bien plus fébrile qu’on ne veut le croire. Les effets d’annonce de La Croix, ce n’est qu’un gentil apéritif, à côté !
90 – Qu’est-ce qui cloche dans le discours du Catéchisme de l’Église Catholique concernant l’homosexualité ?
À mon avis, même si il n’y a rien de faux dans ce qui a déjà été écrit, il y a trois élisions qui sont importantes et qui dénaturent malheureusement la bonne ébauche qui a été faite.
La première élision, c’est que le mal n’est pas nommé. On ne comprend pas l’adjectif « désordonnés », on ne sait pas ce que recouvre l’expression « actes homosexuels », on ne comprend pas à quelle réalité renvoie « la Croix », on ne comprend pas la sacralisation de la « complémentarité des sexes » (et en effet, Fabrice Hadjadj et moi-même récusons cette idée de « complémentarité » entre l’homme et la femme, comme si l’union des sexes était naturelle, évidente, imposée, automatique, chimique, facile). Tant que l’Église ne spécifiera pas tout ce qu’Elle met derrière le mot « actes » (et qui, à mon sens, va bien au-delà du simple toucher ou de la pénétration, mais rejoint le terrain des sentiments, de l’intention, de la croyance, de la concupiscence, du péché), tant qu’Elle ne dira pas texto que « l’amour homo n’est pas de l’Amour », tant qu’Elle ne désignera pas l’hétérosexualité comme le diable déguisé en différence des sexes, jamais son discours ne sera complet et vrai sur l’homosexualité, je crois.
La deuxième élision équivoque dans le Catéchisme (même si elle a l’air anodine, et que beaucoup de prêtres la relativisent et la justifient sous prétexte qu’elle serait implicitement évidente) concerne l’imprécision autour du mot « chasteté ». En réalité, l’ambiguïté s’origine en grande partie sur la juxtaposition/séparation entre le chapitre sur l’homosexualité et celui sur les adultères, et donc sur l’appel non-facultatif au célibat pour les personnes durablement homosexuelles. Quand mes détracteurs me soutiennent que « l’Église dit très bien que la chasteté est la vertu qui prend la forme de la continence chez les célibataires », c’est vrai, mais – et c’est une faiblesse du Catéchisme – l’Église dissocie (même textuellement, dans le chapitrage) le célibat (ou l’adultère) de l’homosexualité. C’est bien là qu’est l’os ! Le CEC ne spécifie absolument pas que les personnes durablement homosexuelles n’ont pas d’autre choix que le célibat continent si elles veulent répondre fidèlement à l’appel de l’Église. Même la mention d’« amitié désintéressée » est traduite par certains catholiques comme une invitation/autorisation exceptionnelle à vivre une « amitié particulière en couple chaste » ! Donc ceux qui, en lisant le chapitre du CEC sur l’homosexualité et l’appel à la vivre dans la chasteté, souhaitent mettre ce qu’ils veulent sous le mot « chasteté » (même le couple platonique, même la « fidélité à Dieu »), ils le peuvent, en prenant de surcroît appui sur un Catéchisme « légèrement » coupé au montage. Certains prêtres remplacent déjà mentalement « célibat » par le terme « chasteté », en se disant qu’ainsi ils n’auront pas à l’imposer/le nommer ouvertement face aux personnes durablement homosexuelles, sous prétexte qu’il serait induit par la suite dans le chapitre sur l’adultère. Mais l’Église n’a jamais appelé les personnes homosexuelles au célibat en les enjoignant simplement à la chasteté : c’est ça qui manque et c’est un vrai problème ! La chasteté est une vertu universelle. Le célibat continent, sa forme spécifique pour les personnes homos durables, ou bien les personnes séparées ou divorcées remariées, ou les célibataires consacrés. Il faut distinguer fond et forme, pour ensuite montrer leur alliage et leur libre complémentarité. Sinon, les catholiques et non-catholiques s’y perdent, sur-interprètent ce qu’ils lisent sans distance, et trouvent toujours le moyen d’entendre ce qu’ils veulent ! … en particulier ce que la chasteté n’est pas !
La troisième élision qui manque cruellement au discours du Catéchisme sur l’homosexualité, c’est l’absence de proposition d’un Grand Chemin spécifique aux personnes durablement homosexuelles, l’absence d’une vocation plutôt que d’un accompagnement, l’absence d’une Bonne Nouvelle joyeuse et audacieuse et universelle plutôt qu’un self control pour « vivre avec » sa tendance homosexuelle (à étouffer), d’un recyclage-don de l’homosexualité plutôt qu’une spiritualisation collective intime et qu’une communion privée et introvertie entre sa Croix homosexuelle et la Croix du Christ. Le pire, c’est que notre Pape François aurait tout à fait l’étoffe et le bagou naturels pour annoncer ce chemin concret, grand et joyeux aux personnes homosexuelles. Mais on l’en a empêché au Synode 2015 sur la Famille.
91 – Que rajouter de plus au discours ecclésial sur l’homosexualité puisque tout a déjà été dit ?
Tout n’a certainement pas été dit. Quand on voit déjà le mal de chien que nos prélats catholiques actuels ont pour simplement nommer le mal, pour rappeler que les actes homosexuels sont des péchés mortels et pour nous prévenir (nous personnes homosexuelles) du risque que nous prenons pour l’éternité, je ne peux certainement pas laisser croire à la pseudo « exhaustivité » du discours biblique et ecclésial sur l’homosexualité !
Lors de la deuxième partie du Synode sur la Famille (du 5 au 25 octobre 2015), un certain nombre de cathos sont venus vers moi en privé pour me demander, plus ou moins gentiment : « C’est quoi, le changement que vous voulez, au juste ? La Révolution que vous attendez n’arrivera pas. Adaptez-vous plutôt ! ». Je dis « plus ou moins gentiment » parce que, souvent, nous, personnes homosexuelles croyantes, passons pour des chipoteurs jamais contents et qui faisons notre petit caprice égocentrique (« narcissique ») sans regarder que nous avons déjà la solution que nous réclamons à cor et à cri dans notre assiette : c’est juste que nous n’accepterions pas humblement la radicale solitude de la Croix universelle que nous propose l’Église et que nous souhaiterions qu’Elle la vive à notre place.
Pour ce qui est de mes attentes, je vais vous dire en réponse. Et pour les comprendre, il faut déjà être capable de reconnaître l’inachèvement et les manques de la parole ecclésiale actuelle sur le sujet de l’homosexualité, et ne pas simplement s’en tenir au discours (certes vrai d’un point de vue éternel, d’un point de vue spirituel, mais incomplet d’un point de vue temporel, incomplet du point de vue de la Charité). Ça nous éviterait les « Tout est déjà dans la Bible ! Tout est dans la vie du Christ ! Tout est déjà clairement énoncé dans le Catéchisme ! Qu’est-ce que vous voulez de plus ?? »
Apparemment, le Catéchisme de l’Église Catholique aurait déjà tout dit sur l’homosexualité. Nous sommes d’accord. La forme concrète de la chasteté demandée aux personnes durablement homosexuelles est a priori la même que celle demandée aux personnes consacrées dans le sacerdoce, aux célibataires, aux personnes séparées ou divorcées remariées, aux veufs, aux enfants, bref, à tous ceux qui ne sont pas mariés dans la différence des sexes. Simplement, il est faux de nous faire croire que par l’usage du terme « chasteté », qui renvoie à une vertu universelle, les personnes hors mariage pourraient vivre les formes de la chasteté du couple marié (génitalité, sentimentalité, procréation), et même la chasteté officiellement consacrée des prêtres (car les personnes homosexuelles durables n’ont pas accès au sacerdoce, au sacrement de l’ordre). Nous, personnes homosexuelles, sommes donc face à un grand vide vocationnel, un grand vide de propositions parce que notre handicap empêche la plupart d’entre nous d’avoir accès aux deux seuls chemins de vie comblants indiqués par l’Église. Nous ne savons toujours pas où aller concrètement pour être heureux et fidèles en Église. C’est également nous tromper sur la Croix que de nous dire que, si nous sommes des personnes durablement homosexuelles, nous pourrons suivre l’Église tout en étant en « couple » ou en rêvant d’en former un avec une personne de même sexe, tout en étant dans un célibat sans autre encadrement ecclésial que « la fraternité, l’amitié et la chasteté ». La forme concrète de la sainteté, du bonheur plein et de la chasteté pour les personnes homosexuelles durables porte un nom : célibat continent (du point de vue personnel), fraternité sainte (du point de vue mondial). Ce n’est pas parce que je le souligne que j’en fais un particularisme fermé.
Par ailleurs, il y a un vrai manque de parole ecclésiale sur l’homosexualité concernant cette forme de célibat spécifique. Vous regardez le Catéchisme de l’Église catholique… et il n’est question que de « chasteté » (la mention de la continence apparaît plus loin, dans le chapitre à propos des situations hors mariage… mais pas dans le chapitre de l’homosexualité, même si, bien entendu, elle devrait déjà être induite.) Mais concrètement, textuellement, verbalement et dans le cœur des gens (y compris les gens d’Église), la chasteté des personnes durablement homos est laissée sans forme, à l’implicite, ou reléguée à l’amitié (terme très ambigu pour notre époque) désintéressée et à la Croix du Christ. C’est court. Pour l’instant, c’est un chemin vocationnel encore très flou qui est tracé par l’Église, un chemin dont les modalités (le célibat pour les personnes durablement homos ; le mariage femme-homme pour les personnes dont l’homosexualité est peu profonde) ne sont ni décrites précisément (personne dans l’Église ne parle encore de célibat, de continence), ni joyeuses (personne ne parle de don entier de sa personne et de son homosexualité aux autres, de don de son homosexualité aux autres et à l’Église), ni saintes (pour l’instant, les discours sont orientés vers la maîtrise et l’extinction de la tendance – « Tu n’es pas que ça » ; pas son recyclage ni son offrande), ni vocationnelles (pas de consécration en vue, pas de grands projets proposés : juste un « faire avec » dans la discrétion). Il y a donc une Bonne Nouvelle à annoncer sur l’homosexualité, même si Benoît XVI a déjà décrit et orienté les choses à 80%. Le tout, c’est de le faire bien, et que l’audace soit évangélique. Pas mondaine. Enfin, il y a une vraie blessure mondiale à régler avec l’analyse et la dénonciation de l’hétérosexualité. Car le gros du sentiment d’injustice et de frustration ressenti par les personnes homosexuelles, croyantes ou non, c’est ce silence complice de l’Église qui ne dénonce pas la violence de l’hétérosexualité.
En clair, s’il n’en tenait qu’à moi, 1) je suis d’avis, en effet, que globalement, l’Église ne va et ne doit en apparences pas changer grand-chose à ce qu’Elle a déjà très bien dit sur l’homosexualité dans le Catéchisme, et donc ne doit pas nous promettre monts et merveilles ; 2) il manque quand même dans Son discours 3-4 paroles nouvelles et courageuses : a) une parole amère et tranchée sur « l’amour homo » (dire que ce n’est pas de l’amour, et expliquer pourquoi ; évoquer la violence et l’insatisfaction de ces « amitiés amoureuses » confuses ; dire que l’« amour homosexuel » est non seulement un mal objectif mais un « péché mortel »… ce qui malgré tout ne prédestine pas toutes personnes homosexuelles pratiquant activement leur homosexualité à la damnation éternelle), b) une parole exigeante sur le cadre concret de la chasteté demandée aux personnes durablement homos (oser parler de célibat, de continence, annoncer la couleur et la matière de la Croix !), c) et surtout une parole proposante et positive (oser parler de la Joie dans la continence – qui est bien autre chose que l’abstinence ! –, oser parler de la vocation à la sainteté spécifique à la condition homosexuelle, oser parler carrément de consécration et de fondation d’une fraternité ecclésiale spécifique, oser parler de l’évangélisation dans le cadre de l’homosexualité, oser parler de don entier de son homosexualité au monde, bref, oser proposer GRAND, JOYEUX et SAINT !).
Je crois que s’il n’en tenait qu’au Pape François, à sa personnalité de fond et à sa fougue prophétique, au départ, il aurait été du genre à rajouter au message prudent et sage de Benoît XVI cette grande valeur ajoutée de l’offrande mondiale de l’homosexualité, de la Joie accueillante qui embrasse toute la personne homosexuelle et encourage toute la plénitude de sa personne, cette impulsion un peu folle mais confiante de la proposition GRANDE et JOYEUSE de la sainteté dans le cadre de l’homosexualité non-actée. Il aurait été prêt à franchir le pas. Mais le sujet de l’homosexualité est tellement mal compris dans l’Église (on s’en méfie, globalement, on la prend pour un non-sujet), les gens d’Église sont tellement loin de comprendre la puissance de la dénonciation de l’hétérosexualité (sans renoncer à l’expliquer en détails !), les clercs sont tellement tétanisés de sortir des clous et de tenir un discours qui risquerait d’être trop complaisant ou mal compris ou jugé « trop positif pour être honnête et inspiré », que la sobriété semble s’imposer. François préfère se racheter une confiance et une légitimité papale à bas prix en se cachant derrière un discours familialiste certes beau mais figé et austère, à côté de la plaque.
Par rapport à l’homosexualité, l’enthousiasme du Pape François a été refroidi et s’est éteint dès le début du Synode. Il a dû se faire tirer sévèrement les oreilles un peu avant ! « Votre Sainteté, n’annoncez rien de vraiment nouveau sur le sujet. Pas de prise de risques inutile et non-orthodoxe. Ne sonnez pas trompettes. Ne formulez pas de promesses. N’exhibez pas un enthousiasme paternel et fraternel trop suspect… » Pour éviter les coups d’éclats et les fausses espérances. A priori, ça sécurise tout le monde, ça favorise l’« Unité », ça réaffirme une assise et une fidélité doctrinale qui rassurent. On la joue prudents. Mais le cœur, la joie de la Bonne Nouvelle, la folie de la confiance, la force que donnent l’exigence et la Vérité, la proposition grande, n’y sont pas. Manque d’audace, langue-de-bois et repli, pas de carton d’invitation personnalisé pour savoir où est la place concrète des personnes homos au banquet de l’Église, peur de l’homosexualité et de s’adresser aux personnes homosexuelles avec un autre discours appris que « Tu n’es pas que ça. », « L’Église t’aime et ne te juge pas. », « Tu es appelé à la chasteté et à la charité. » (comprendre : « Repassez dans cinq ans. On vous rappellera. Arrêtez de réclamer, et obéissez plutôt à l’amour universel de l’Église pour vous. En gros, vos gueules ! »). On pourrait se dire qu’un tel statut quo n’est pas grave, que l’Église a déjà survécu avec ces non-dits depuis des années sans que cela ne pose trop problème. Mais c’est oublier que le monde a soif et explose en ce moment de manière anormalement violente à cause de l’homosexualité et de l’hétérosexualité. Et qu’il ne le Lui pardonnera pas.
92 – L’homosexualité est-elle un péché ?
Ça dépend de quoi on parle. Si, derrière « homosexualité » on met la personne ressentant un désir homosexuel, évidemment qu’elle n’est pas un péché. Le péché ne s’est pas fait chair. Et nous ne sommes pas les blessures et le mal que nous portons ou que nous faisons parfois (cf. le récit de l’aveugle-né dans la Bible, Jn 9 1-41). Si, derrière « homosexualité », on parle de l’acte homosexuel ou du « couple homo-acte », là, oui, il y a mal (= éjection de la différence des sexes en amour) et péché (= éjection de Dieu et de l’Église qui sont à l’image de la différence des sexes). Si, derrière « homosexualité », on parle juste de la tendance homosexuelle non-actée mais partiellement incarnée et majoritairement subie, là, on se retrouve devant un « signe de péché », un « héritage du péché originel », une blessure et une peur, qui reste un mal objectif, mais qui n’acquiert pas le statut de péché.
Un péché présuppose un mal parachevé par une conscience et une volonté claire de ce mal, et/ou par une décision affirmée de se couper de Dieu (cf. voir la différence entre le mal-faute et le mal-péché développée magistralement par le père Verlinde ; j’aurais pu aussi vous renvoyer à la subtile distinction qu’a faite Mgr Lalanne à propos de la pédophilie, et qui a échappé à beaucoup de catholiques). Concernant l’homosexualité en tant que désir, étant donné qu’elle n’a pas l’air d’un choix, elle ne peut pas être classée du côté des péchés. En revanche, ce n’est pas pour ça qu’elle n’est pas déjà un signe de péché, puisque même cette orientation sexuelle est l’héritage d’une décision libre du diable et d’Adam. La tendance homosexuelle n’est donc jamais subie à 100%. Dans la manière de la ressentir, de la vivre, et déjà même en tant qu’héritage du péché originel et que permission de Dieu qu’elle puisse exister temporairement/durablement en l’être humain, la tendance homosexuelle est preuve de liberté, est preuve d’une décision, est preuve d’une volonté (même si cette volonté ne semble pas humaine, ou paraît inexistante tant elle est réduite en l’Homme).
Si par exemple on suit la logique – à mon avis bancale – de l’Abbé Guillaume de Tanoüarn qui s’est exprimé récemment dans le blog catholique Le Rouge et le Noir au sujet du mal, l’élan homo-érotique pourrait être rangé dans la catégorie « maux de nature » : « Il y a deux sortes de maux, qui appellent deux explications différentes : le mal de nature et le mal de faute. Le mal de nature, ce sont tous les ratages de la nature : tremblements de terre, tsunamis, maladies, mort etc. Le mal de faute regroupe tous les ratages de la liberté humaine. Il faut bien distinguer ces deux domaines, car la liberté humaine n’est absolument pour rien dans les raz-de-marée. Lorsque des chrétiens expéditifs me disent qu’ils ont appris dans la Bible que la liberté est toujours la cause du mal, j’ai l’habitude de dire : ‘Les victimes de tsunamis apprécieront’. » Je ne crois pas que la liberté humaine n’ait rien à voir même dans les raz-de-marée (j’avais moi-même posé la question du péché à un prêtre exorciste à propos de tous les cataclysmes humains où la liberté avait l’air absente – maladies, accidents, tremblements de terre, fausses couches, etc. – et il m’avait parlé des « héritages du péché originel », donc des « signes de péché »)
Si la liberté (humaine et divine) est absente des tremblements de terre, que font alors ces « apôtres du hasard/de la prédestination accidentelle » du péché originel, de la Communion des saints, de la liberté laissée aux anges et à Adam, de la capacité des êtres humains à réagir au mal (aussi diminuée soit-elle) ??? Idem quand certains m’avancent que les bébés, voire les embryons, ne seraient pas libres ni responsables. Je m’inscris en faux ! On croirait entendre le discours eugéniste des promoteurs de l’IVG, qui soutiennent que l’existence d’un être se mesurerait à son degré de sensation, de réaction et de conscience. C’est exactement la même problématique concernant la reconnaissance de la liberté dans les épreuves qui sont données à l’Homme de vivre (agressions, viols, meurtres, guerres, mort des innocents, etc.). Les catholiques qui pensent que les « maux de nature » ne sont pas le fruit d’une décision libre, d’une volonté (humaine et divine), et que parfois, dans le cas des catastrophes ou des épreuves qui semblent s’imposer à l’individu, il ne pourrait en surgir aucune liberté, oublient que toute vie humaine est le fruit d’un désir, d’une volonté, d’une responsabilité, d’une liberté, d’une confluence de choix. Cette vie humaine porte tout cela en elle-même – l’Homme EST liberté, par nature et par Grâce ! – même si c’est de manière infime et inconsciente au tout départ de sa formation. Si ce n’est sa liberté propre (qui est parfois réduite à son strict minimum), c’est au moins la liberté et le choix d’un autre qui est portée. Le grain de moutarde qu’est le Verbe/rêve de Dieu semé en chacun de nous. Tout être humain – y compris un bébé ou une personne dans le coma ou une femme innocente violée ou un vieillard grabataire – est LIBRE du fait de porter la liberté et la volonté d’autrui, du fait de réagir et d’avoir une conscience (éveillée ou non), du fait d’être Enfant de Dieu.
Ces penseurs « catholiques » qui réduisent la responsabilité ou la liberté ou le péché à l’état de conscience et d’action de l’être humain semblent incapables de penser le mal en termes d’héritage divin, de Communion des saints, d’incarnation christique, de Projet divin qui dépasse l’Homme ! Ils critiquent le fait que les relativistes progressistes traduisent la Miséricorde en « absence de péché » qu’elle n’est pas et croient que le seul péché serait de croire que le péché existe… Mais eux-mêmes tombent dans le travers relativiste identique d’enlever toute liberté et tout péché à l’Homme sous prétexte que l’excès de liberté est néfaste, ou que la Vérité primerait sur la Charité, ou que l’unicité de l’être humain prévaudrait sur le Salut collectif, ou que le mal et le bien seraient avant tout des décisions humaines ou au contraire des décisions uniquement surnaturelles. Ce sont des prêtres et des croyants malades d’anthropocentrisme ou de transcendentalisme !
Pour revenir à l’homosexualité et résumer un peu, je crois que même si la tendance homosexuelle n’est pas un choix ni un phénomène désirant toujours conscient, elle reste un signe de péché en tant que désir, et devient un péché en tant que croyance en la pratique de l’acte homosexuel et en tant qu’acte homosexuel posé. J’insiste sur la question de la liberté qu’EST la tendance homosexuelle, même si ça arrange la personne qui ressent une attraction érotique pour les gens de son sexe de se dire que, parce qu’elle lui est imposée, cette orientation serait un accident, un non-sens, un destin, une essence, un déterminisme, une malédiction peccamineuse, une tare, un appel naturel non-négociable à pécher si elle veut rester logique avec ce processus désirant imposé. Le mal, même subi, est une liberté qui s’est exprimée. Exprimée mal, j’en conviens, mais exprimée quand même ! Le savoir change complètement la donne, mine de rien. La prise de conscience que notre tendance homosexuelle est un héritage d’une mauvaise décision qui nous a précédés, ça peut nous rendre – nous personnes homosexuelles – encore plus investies à la combattre, à nous en libérer/détacher, et à réaliser que nous pouvons en faire – en partie – quelque chose, et surtout que Dieu lui aussi peut en faire librement ce qu’Il veut. Ça nous rend acteurs et non marionnettes de notre ressenti homosexuel. Bref, c’est très important de reconnaître la tendance homosexuelle imposée comme une liberté et un signe de péché.
93 – L’acte homosexuel est-il un péché véniel ou un péché mortel ?
L’homosexualité active est-elle un péché mortel et conduit-elle en enfer ? Au moment de rédiger cette réponse et la suivante (n°94), j’ai réalisé combien elles étaient cruciales, voire primordiales par rapport aux 245 autres. Parce que quasiment personne ne nous parle cash du lien entre homosexualité et Salut (sous des prétextes qui présentent bien, en plus : « C’est Dieu qui jugera, pas nous ! Soyons humbles et miséricordieux avec les personnes homosexuelles. ») alors que le sort éternel de notre âme – on ne va pas se mentir – c’est pourtant l’unique chose qui nous intéresse, même ici-bas ! Homosexualité ou pas, d’ailleurs ! « Si les hommes savaient ce qu’est l’éternité, disait la petite Jacinthe de Fatima, ils feraient l’impossible pour changer de vie »… Notre vie est courte. Mais l’éternité, c’est long ! Donc il vaut mieux être au courant de la portée de nos actes terrestres et de l’urgence à nous préparer, à nous convertir à l’Amour de Dieu !
On peut rester longtemps à tourner autour du pot au sujet de la « personne homosexuelle » et de l’« orientation homosexuelle », à suivre pendant des lustres les parcours d’accompagnement « Homosexualité » de Paray ou d’ailleurs, à se faire bassiner avec le même discours : « L’Église t’aime, t’écoute, ne te juge pas, Jésus est là et t’appelle à être saint (un petit thé?) » Moi-même, j’aurais très bien pu me servir de la diversité des 247 questions pour esquiver discrètement la problématique du Salut et de l’enfer ! Mais NON ! Force est de reconnaître que c’est la plus importante.
Nous, personnes homosexuelles, en « couple » ou pas, tentées ou pas de l’être, nous avons BESOIN DE SAVOIR ce que nous encourons si jamais nous pratiquons (de manière plus ou moins avertie de la gravité et des conséquences célestes) l’homosexualité sur terre. Nous avons besoin de connaître les risques réels. Il en va de notre âme, de notre Salut éternel (ou pas) ! Et Jésus nous a dit tout ce qu’Il savait, nous a donné l’essentiel des réponses, a parlé en particulier aux Pères de l’Église, a révélé des réalités de l’au-delà à ses prophètes. De nombreuses personnes homosexuelles croyantes et pratiquantes, ont besoin d’être guidées, averties. Pas menacées, mais presque ! Étant donné qu’elles sont dans le « parfait » brouillard, voire dans un concubinage long qui s’annonce dure à rompre. « C’est bien mignon le discours Bisounours ‘Je suis prêtre et je ne juge pas’ ou ‘Demandez à l’Esprit Saint’. Mais c’est pas vous qui prenez le risque de la damnation ! N’êtes-vous pas censés être des Jésus, des bergers ? » m’a sorti à juste raison une amie lesbienne à l’égard du silence ecclésial sur l’Épée de Damoclès qui pèse sur nous, personnes homosexuelles. C’est sûr que ce n’est pas après notre mort que nous pourrons véritablement agir sur notre Salut ! Le Salut, c’est MAINTENANT !
L’Église dit qu’Elle ne peut pas affirmer que tel ou tel est en enfer, au purgatoire ou au Paradis, sauf pour les saints (sous prétexte qu’Elle ne peut pas certifier qu’untel « ira » ou « n’ira pas » en enfer). Et en effet Dieu est seul Juge suprême ; de plus, on ne sait pas non plus ce qui se passe dans le secret du cœur de chacun au moment de sa mort. En revanche, l’Église catholique, de par sa Tradition et la Révélation dont elle est dépositaire, peut connaître les risques, prévenir des risques d’une pratique comme la pratique homosexuelle. Et Elle en a le devoir !
Va-t-on en enfer si on pratique l’homosexualité ? Pourquoi c’est grave de pratiquer un acte homosexuel (même un baiser respectueux et sincère) ? J’ai cherché des éléments de réponse sur internet, auprès de mes amis, du côté des prêtres, des exorcistes, des évêques, des cardinaux, du Pape. Mais à vrai dire, il n’y a malheureusement pas grand-chose. Juste un discours évasif centré sur la Miséricorde (or, il n’y a pas d’Amour véritable sans Justice et sans Vérité), ou bien au contraire un discours lapidaire qui réduit les personnes pécheresses à la nature peccamineuse de leurs actes qui, bibliquement, les condamneraient sans détour à la damnation (or la personne n’est jamais ses actes, aussi graves soient-ils !).
Nous allons donc tout d’abord nous pencher sur la différence entre les péchés véniels et les péchés mortels. La nature de tout péché est simple : c’est une offense à Dieu, par une pensée, une parole, un acte ou une omission qui ont blessé « l’un de ces petits qui sont Ses frères » et qui sont Jésus. La différence entre péché mortel et péché véniel, c’est que le premier nous coupe de la Grâce divine tandis que le second nous en éloigne. Le premier nous sépare de Dieu alors que le second nous affaiblit. Une des grandes distinctions entre eux, c’est aussi les sacrements pour les pulvériser : le premier nécessite le Sacrement du Pardon pour être racheté tandis que l’autre est racheté par le sacrement de l’Eucharistie (en gros mortel = Confession ; et véniel = Communion). Où se trouve la limite entre l’un et l’autre ? Il est bien difficile de le dire, car en général, le premier conduit au second. Et la plupart du temps, il s’agit d’un processus long et continu. C’est l’accumulation de petits péchés véniels qui conduisent à la rupture avec Dieu. Donc mieux vaut ne pas prendre les péchés véniels à la légère !
Le péché est une idolâtrie, un manquement à l’amour véritable envers Dieu et le prochain, dont la cause réside dans un attachement désordonné et pervers à certains biens. Il est ainsi « amour de soi jusqu’au mépris de Dieu », pour reprendre une expression chère à saint Augustin. Il convient maintenant de distinguer les péchés selon leur gravité, car tous les péchés ne produisent pas les mêmes effets dans l’âme humaine. Comme l’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique (CEC § 1861) : « Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme l’amour lui-même. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l’exclusion du Royaume du Christ et la mort éternelle de l’enfer, notre liberté ayant le pouvoir de faire des choix pour toujours, sans retour. » ; « Le péché véniel laisse subsister la charité, même s’il l’offense et la blesse. » Pour qu’un péché soit mortel, nous dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique, « trois conditions sont ensemble requises » (CEC § 1857). Est ainsi mortel tout péché : 1) qui a pour objet une matière grave, 2) qui est commis en pleine conscience, 3) et de propos délibérés.
En relisant Veritatis splendor de saint Jean-Paul II, on distingue très bien ce qu’est un péché véniel et un péché mortel. « Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, de gravement désordonnée, et qui, de plus, est commis en pleine conscience et de consentement délibéré. » Pour qu’il y ait péché mortel, « il faut évaluer la gravité du péché en regardant le degré d’engagement de la liberté de la personne qui commet un acte plutôt que la ‘matière’ de cet acte » (idem). En théologie morale comme dans la pratique pastorale, on sait bien qu’il existe des cas où un acte, grave en raison de sa matière, ne constitue pas un péché mortel, car il y manque la pleine connaissance ou le consentement délibéré de celui qui le commet.
La différence entre les péchés mortels de Pierre et de Judas, c’est que le premier a reconnu le sien et a accepté de se laisser aimer par Dieu quand même ; le second s’est enfermé dans sa faute et a refusé de se convertir, de se laisser pardonner. Le péché n’est pas la faute commise ni le mauvais acte, mais un désir de se couper de Dieu malgré la faute ou le mauvais acte posé(e).
Ressentir l’homosexualité n’est pas un péché (mais un signe de péché). En revanche pratiquer l’homosexualité est une révolte contre ce que Dieu a prévu en terme de sexualité en gage de Sa Présence, à savoir l’accueil de la différence vitale de l’Humanité : la différence des sexes couronnée par Son Amour et Son Esprit. Seule la relation d’Amour entre l’homme et la femme dans le mariage, ou la relation du célibataire consacré à Jésus dans le sacerdoce et l’oblature, répond au plan de Dieu. La Parole de Dieu sur la pratique génitale et amoureuse sans sexualité (sans différence des sexes) est claire. Saint Paul tranche avec toute la force qu’il faut… et c’est pour cela que beaucoup de « couples » homos cathos ou de catholiques gays friendly lui en veulent : il ne faut pas froisser le « bon catholique homo » qui vit en « couple », au nom d’une certaine liberté évangélique ! D’après eux, comme Jésus ne parle pas explicitement de ce dernier, Il ne condamnerait pas… Ils n’hésitent pas à envoyer paître les catholiques intègres avec leur « Plan de Dieu », qui n’est en réalité pas le Leur mais celui de l’Eglise révélée par Dieu, en leur précisant qu’ils radotent. La demande de l’Église Catholique actuelle de ne cautionner les unions civiles homosexuelles sous aucune forme que ce soit n’est toujours pas entendue, y compris de ceux qui se revendiquent médiatiquement « catholiques et fidèles au Pape jusqu’au martyr ». C’est sidérant.
La pratique homo est une faute grave, un péché mortel (même s’il y a toujours un flou autour de cette dernière notion, vu que le péché mortel ne conduit pas toujours à la damnation éternelle). Comme dans le cas des meurtres, le degré de conscience est un facteur aggravant ou atténuant (par exemple, les enfants-soldats). En revanche, selon l’Église, la pratique homosexuelle ne rentre pas souvent dans la catégorie du péché contre l’Esprit. Car pour perpétrer ce dernier, il faut en avoir la totale volonté. Or la pleine volonté est en partie aliénée par l’éros qui provoque la libido. Et pour beaucoup de personnes de tendance homosexuelle non-averties et non-éduquées culturellement à la continence et à la foi, la transgression devient quasiment inévitable. Il n’en demeure pas moins qu’il y a faute, mais non péché contre l’Esprit. Quant au degré de la faute, c’est au confesseur d’apprécier selon la nature de la relation sexuelle, ainsi qu’aux chefs de l’Église de le définir. Beaucoup de personnes homosexuelles se mettent en « couple » par faiblesse et fragilité sans bien savoir ce qu’elles font… C’est pour cela que Dieu seul peut juger la liberté et l’intentionnalité de chacun. Mais cependant, il faut maintenir l’enseignement de l’Église, justement pour ne pas inciter à la faute, et parce que l’acte en soi va contre la Création et la sagesse du Père.
Au sujet du péché mortel, il faut qu’il y ait les trois conditions citées ci-dessus (CEC § 1857). La question est de savoir si dans tous les cas de « matière grave », donc notamment de pratique homosexuelle, sont réunies les autres conditions… Là, il semble que c’est une question de conscience personnelle, et que pour cette raison, on ne peut pas dire que de facto un acte homo ou un « partenariat/concubinage » homosexuel est péché mortel. Il faudrait bien sûr développer cet élément de réponse, mais en tous les cas ne rien retrancher au fait que la pratique homosexuelle est « matière grave »… sans pour autant surévaluer cette matière grave au détriment du rapport personnel de chacun à ses actes, aussi « péchés mortels » soient-ils.
Le protestant, par exemple, à cause de sa lecture littérale et crispée de la Bible, ne va s’axer que sur la matière du péché, qui lui a été présentée comme grave et mortelle par saint Paul ou encore d’autres passages de la Bible (la Genèse et le Lévitique), et non le degré de conscience de la personne qui le commet. « Dans le livre de la Genèse, le jugement par le feu de Sodome et Gomorrhe est clair : ‘Ce qu’on leur reproche est énorme.’ (Gen 18, 20) Dans le Lévitique, condamnation est sans équivoque ‘Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort: leur sang retombera sur eux.’ (Lv 20, 13) Dans le Nouveau Testament, c’est tout aussi clair : ‘C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes : car leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature; et de même les hommes, abandonnant l’usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement.’ (Rom I 26,27) Jésus compare les péchés de Capharnaüm aux péchés de Sodome, même si les deux villes vont en payer le prix : ‘Et toi Capharnaüm, est-ce que tu seras élevée jusqu’au ciel ? Tu seras abaissée jusqu’aux enfers ; car si les miracles qui ont été faits dans tes murs, avaient été faits dans Sodome, elle serait restée debout jusqu’à ce jour. Du reste, je te le dis, il y aura au jour du jugement, moins de rigueur pour le pays de Sodome que pour toi.’ (Mt 11, 23-24) Saint Paul n’hésite pas non plus à prédire que les efféminés n’iront pas au Paradis : ‘Ne savez vous donc pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! Ni les débauchés, les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les pédérastes, ni les voleurs, ni les accapareurs, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les filous n’hériteront du Royaume de Dieu.’ (1 Cor 6, 9-10). » Et dans sa paranoïa, ce même protestant va asséner que tous ceux qui édulcorent ce qui pour lui est « le péché mortel » sont de dangereux relativistes qui n’écoutent pas la Bible, de dangereux pécheurs et blasphémateurs ! : « La masturbation est un péché mortel !! L’homosexualité est un péché mortel !! Avoir des relations sexuelles pour le plaisir partagé et même pour exprimer une amitié, un attachement, un amour, et même avec un grand A, est un péché mortel du moment que cela ne se passe pas entre personnes mariées de sexe différent et dans l’optique de la procréation !! etc. » La réalité est beaucoup plus complexe et nuancée. Aucun péché mortel ne conduit à la damnation éternelle. Ce n’est que l’endurcissement du cœur face au péché mortel qui y conduit.
Ce n’est pas la pratique homo (un péché mortel) qui conduit en Enfer, mais le fait d’aller contre sa conscience et contre l’énonciation qu’elle est un péché mortel, qui devient un péché mortel. Celui qui connaît la Vérité est plus exposé au Salut s’il obéit, mais aussi plus exposé à la damnation s’il désobéit. Car la gravité de la faute est proportionnelle au degré de conscience. Par exemple, pour le Pape, manger un éclair au chocolat entre deux repas en plein Carême est une faute beaucoup plus grave que pour un enfant ! Pour un gars comme moi, qui a une idée des suites de l’homosexualité dans l’au-delà, et qui a charge d’âmes par son témoignage, je vais trinquer plus que les autres si jamais je me mets finalement « en couple ». Pour beaucoup d’autres personnes homos, la pratique homo n’est pas un péché mortel, mais pour ma situation, si je sors avec un homme, elle devient un péché mortel (putain, pourquoi j’ai écrit des livres et j’ai ouvert ma gueule ??^^)
Petite parenthèse concernant l’homosexualité et le sacrement de réconciliation : si l’homosexualité est pratiquée, il n’est pas possible de recevoir l’absolution au confessionnal. Non parce que l’acte homo ne pourrait pas être en soi pardonné, mais parce que, s’il n’y a pas de regret ni changement de mode de vie, s’il n’y a finalement pas de renonciation à la structure de péché, la Grâce ne peut agir ni entrer de force dans le cœur. Seul le repentir et la volonté de ne plus pécher rendent l’absolution possible. Par exemple, un tueur à gages qui voudrait obtenir le pardon le pourrait : à condition d’abandonner son métier. Pour les personnes homosexuelles, nous pouvons nous confesser si nous arrêtons d’être en « couple » homo et que nous avons le vrai désir de ne plus refaire les mêmes erreurs, si nous sommes prêts à changer notre manière de vivre. Ceci dit, même dans le cas où l’absolution n’est pas donnée, il nous est possible de discuter avec le prêtre et de demander à être béni, tout comme les personnes non-baptisées.
Au lieu de sortir les grands mots qui font peur à tout croyant (surtout homosexuel) – « péché mortel » ou « Enfer » -, j’aimerais souligner une chose essentielle aux quelques pharisiens protestants ou catholiques tatillons qui sont très bons pour nous culpabiliser à grand renfort d’extraits de la Bible irréfutables, mais si peu attentifs, en matière de péché, à la question de la liberté : l’injustice qu’est la tendance homosexuelle (durable) chez une personne qui ne l’a à l’évidence pas choisie, et qui la condamne à vie, si elle veut vraiment être fidèle à Dieu, à rester seule et à renoncer à la tendresse du couple. Oui. C’est une injustice criante. Quand bien même cette personne s’adonne à cette tendance, et que là pour le coup, on se retrouve face à un choix et à une faute objective de sa part puisque le rejet de la différence des sexes est un rejet de Dieu, équivalent à l’adultère. Le fait que la tendance homosexuelle ne soit pas un choix à la base ne gommera pas le péché ni le désordre qu’est la pratique homosexuelle (car ce n’est pas parce qu’on se sent homosexuel qu’on est forcé de s’adonner à son penchant : l’acte homosexuel reste un choix libre). Mais en tous cas, ça atténue fortement le degré et la gravité du péché quand la pratique est posée.
Oui. Il faut le rappeler avec force et sans révolte ou victimisation. L’homosexualité subie comme condition existentielle constitue une véritable d’injustice. Quand on est un homme, être amoureux d’une femme et être sensible au charme féminin, c’est profondément relié à une sexualité saine, accueillante à la différence des sexes et absolument non-peccamineuse en tant que telle. En revanche, pour un homme dit « homosexuel de naissance » (terminologie à nuancer, bien entendu), l’absence d’attirance pour la différence des sexes, transformée en homosexualité au fil des ans, constitue un énorme handicap car relié à une sexualité pervertie (au sens propre) et potentiellement peccamineuse dès qu’elle reçoit l’aval de la concupiscence, de la croyance, de la pratique, de la volonté individuelle. Vous devriez nous plaindre de tout votre cœur, nous hommes rendus incapables d’accueillir la différence des sexes et de nous épanouir dans une relation de couple, plutôt que de nous prédire un enfer et de vous focaliser sur la gravité de nos actes ! Vous, croyants, devriez aussi, vous mettre à notre place (comme essaie de le faire le Pape François en nous demandant maladroitement pardon) car il est également très difficile d’entendre que notre pratique amoureuse homosexuelle est grave, abominable, intrinsèquement désordonnée, passible de l’enfer, quand concrètement, dans les faits, et en apparence/ressenti, il n’y a pas mort d’hommes, pas de violence, pas d’orgueil, pas de grand désordre, pas toujours de revendications politiques (par exemple, certains « couples » homos discrets ont la décence et la conscience de ne pas demander le PaCS, le mariage, l’adoption, la PMA, la GPA, ni les sacrements religieux auxquels ils n’ont pas droit). Pire que ça, c’est quasi inaudible de voir envoyées les personnes homosexuelles actives en enfer quand les unions que nous composons sont formées de deux garçons hyper gentils entre eux et sociables avec les autres, attentionnés, qui s’accompagnent dans les épreuves (maladie, deuil, chômage, tristesse, deuil familial, exclusion, homophobie…) comme dans les joies (humour, complicité, engagement social, dévouement aux pauvres, vie spirituelle et religieuse, etc.). La note que dressent les néo-pharisiens contre les pratiquants de l’homosexualité semble incroyablement salée ! Je comprends que beaucoup d’entre nous, personnes homosexuelles en « couple » ou désirant l’être, ou encore amies de « couples » homos, quittent l’Église en claquant la porte, aient envie de pratiquer quand même l’homosexualité vu l’apparente disproportion du châtiment divin qui leur est promis eu égard à ce qu’elles vivent et ressentent. « Qu’est-ce qu’on fait de mal ? Pour l’instant, j’ai beau chercher ce qui ne va pas dans ma relation avec Untel. Car ce n’est que du bonheur partagé, des rires, du plaisir, des discussions profondes, de la tendresse, de l’assurance d’être aimé tel qu’on est ! C’est bon, quoi. C’est agréable. Et c’est la première fois que ça m’arrive. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal dans ce que nous vivons ! Ce n’est pas nous les pervers. La perversité ne se trouve que dans le regard de ceux qui nous rêvent pervers ! » Certes, ce type de discours est à nuancer. Car effectivement, la réalité du « couple » homosexuel, même stable, est beaucoup moins idyllique sur la durée, et se compose d’une superposition progressive de couches de péchés qui, au final, finit par peser gravement lourd. Et c’est vrai, le fait de « se sentir bien ou beaucoup mieux » ne signifie absolument pas qu’on ne soit pas dans le péché. Néanmoins, au nom des nombreux mirages de bien-être et d’« amour » euphorisant qui parfois nous assaillent dès que nous pratiquons l’homosexualité, PITIÉ, bon sang. PITIÉ ! Car au moment de votre mort, notre découragement d’être aimé de Dieu pourrait très bien vous être imputé en péché mortel ! « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre. » (Jn 8, 7)
La nature grave et peccamineuse de la pratique homosexuelle, même si elle est écrite noir sur blanc dans la Bible (encore que… ça reste à prouver, parce qu’il n’est question que de sodomie, de pédérastie, mais pas d’homosexualité ni des « couples » stables), n’est pas de l’ordre de l’évidence. Par exemple, lorsque moi je tombe amoureux d’un homme dont je sais pertinemment qu’il faut que je m’éloigne (ça n’arrive pas tous les quatre matins, mais c’est arrivé), je vois bien que ma résistance tient à un fil. Mes amis catholiques essaient de me raisonner avec les meilleurs arguments du monde : « Tu sais très bien où ça te mènera… » (je réponds : « Ben non, justement ! Ni humainement. Ni au Ciel ! Et quand je demande aux gens d’Église, ils ne se positionnent quasiment pas et me renvoient à mes écrits ! ») ; « Tu sortiras avec lui. Vous vous installerez ensemble. Et après ? Quelle vie ? Pour quoi faire ? » (je réponds : « Je ne sais pas. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas tenter l’expérience !») ; « Mais tous le mirages de l’amour homo, tu les as écrits et étudiés… » (je réponds : « Et alors ? Je peux très bien avoir écrit beaucoup de vrai et avoir quand même noirci exagérément le tableau, en ne parlant que de la grande majorité des couples qui ne marchent pas. Mes écrits ne sont pas paroles d’Évangile, que je sache. Et en plus, ils ne sont même pas appuyés par les prêtres et le Pape. De plus, le fait que je sois quasiment ma seule référence prouve par là que mes mots ne sont pas si justes. Normalement, mon modèle, ça devrait être l’Église et je devrais recevoir la parole de Vérité de l’Église et non de moi-même ! Sinon, peut-être même que je me trouve dans une illusion d’obéissance… ») ; « Et la cohérence de ton parcours ? » (je réponds : « On peut être cohérent dans l’erreur ou la connerie !») ; « Je sais. C’est dur. C’est surhumain. Mais si tu te lançais dans cette histoire à deux, tu trahirais quand même. Tu trahirais ta condition masculine, tu trahirais ce que tu écris depuis des années, tu trahirais tes compagnons qui galèrent dans cette pauvre vie de merde. » ; (je réponds : « Je trahirais ma condition masculine? C’est aussi en l’Homme, le vrai, cette homosexualité ! Et puis trahir ce que j’ai écrit, alors que ce n’est même pas appuyé et validé par les clercs, c’est que ce n’est pas si vrai et si ajusté à l’Église que ça ! La fidélité à mes écrits, ça ne veut rien dire : il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ou qui sont leur auto-référence… ») ; « Certes. Mais ce que tu as écrit sur le sujet est juste et vrai. Tu ne témoignes pas ton auto-message mais celui qui t’es donné par ton Père. Les clercs qui disent autre chose que ce message trahissent ceux qui les écoutent et trahissent leur Maître. Je les plains. » (je réponds : « Qui te dit que ça m’est donné par le Père? Rien. Même moi, je ne peux pas le dire. Qui te dit que j’ai raison et que je n’y suis pas allé trop fort dans mes écrits? Même le Pape ne me confirme pas. ») ; « Parce que les brebis reconnaissent la voix du berger. » (je réponds : « Qui te dit que c’est la voix du berger que j’ai entendue? Le Pape et les Cardinaux n’ont pas cette voix que je porte. Ni même Jésus. ») ; « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Quand c’est la voix d’un autre, je le reconnais aussi. Ça m’arrive de suivre l’autre voix, hélas, mais même dans ces cas-là, je sais que ce n’est pas celle du berger. » (je réponds : « Tout ça est purement subjectif (en tout cas en ce qui concerne l’homosexualité et le discours qu’on prête à l’Eglise, à Jésus et même à la Bible). Le ‘Berger’, la ‘Croix’, le ‘plan de Dieu’, la ‘Bible’, ‘Dieu’, c’est la voix de notre subconscient, à qui on fait dire ce qu’on veut bien souvent ! ») ; « Non. C’est subjectif et objectif. Pas purement subjectif. » (je réponds : « J’ai dit ‘dans le cas de l’homosexualité’. Je ne parlais pas de la Bible et de la Parole révélée en général… ») ; « Je le dis aussi pour l’homosexualité. Il y a une part subjective et une part objective. Nous ne sommes ni des animaux guidés par leur seul instinct ni des anges ayant la plénitude de la révélation. » (je réponds : « Oui, nous sommes des hommes incarnés. Et moi, ce que je vis avec Untel, c’est incarné et c’est bon au goût, ça je peux te le dire ! ») ; « Je me doute. Mais il y a des choses ayant bon goût qui sont mauvaises. » (je réponds : « Et d’autres qui sont bonnes. ») ; « Oui. Peut-être attends-tu une forme de permission de l’Eglise pour sortir avec lui. En fait, l’Église ne peut te donner sa bénédiction pour te dire : ‘Vas-y, tu peux sortir avec lui’. Par tous ses moyens, Elle peut et doit t’aider à ne pas le faire. Si malgré tout tu décides de le faire, elle peut et doit te donner la miséricorde et le pardon de Dieu, si tu le lui demandes. Je sais que c’est dur. Je le sais vraiment. Je ne dis pas là juste de ‘pieuses paroles’. » (je réponds : « Je n’attends aucune permission. Juste une indulgence. Un passe-droit. Une dérogation. Ou bien une universalisation de la condamnation pour péché mortel à tous les cas d’hétérosexualité. ») ; « L’indulgence vient avec le pardon après qu’un mal a été fait. Je m’en tiens au fait qu’on ne peut se remarier qu’après annulation. Du reste, je ne vais pas commettre un mal en le justifiant ensuite par des imprécisions du Pape ou par le mauvais comportement de nombreux clercs. » (je réponds : Rien) ; etc. Ceci était un extrait des échanges passionnants que j’ai pu avoir avec mes vrais amis qui sont des vrais gardiens de mon âme. Mais même les meilleurs arguments du monde ne gomment pas la complexité de la tentation homosexuelle.
Quand on est pris dans le tourbillon des passions et de l’affect, il est extrêmement difficile d’accueillir le discours sur la gravité/damnation à propos de l’homosexualité. Puisque sur le coup, on expérimente un bien-être grisant et fou, une trouble agréable et « réel », les effets physiques de l’excitation, de la sincérité et des fantasmes, la fièvre du manque de l’autre, parfois même la force des étreintes et d’une amitié hors du commun. Comme le dit parfaitement la Bible, quand on est homosexuellement amoureux, on s’emballe, on « s’enflamme dans nos désirs les uns pour les autres ». L’image du feu des passions est tout à fait juste. Il faut en tenir compte quand on se risque à parler du Jugement Dernier réservé à une personne homosexuelle pratiquante (pratiquante dans les deux sens du terme : homosexuellement et catholiquement).
L’autre grande difficulté – en plus du ressenti et de la conscience individuels – qui se pose à une personne vivant une homosexualité active, pour prendre la mesure de la gravité de l’acte homosexuel, difficulté qui la dédouane beaucoup de la sévérité de son procès en damnation éternelle, c’est l’absence de Vérité du discours ecclésial alentour sur la pratique homosexuelle. La position de l’Église vis-à-vis du Salut au sujet de l’homosexualité est peu relayée aujourd’hui, même par les clercs. Alors que l’homosexualité active pose exactement la même cas de conscience que la question du « sexe avant le mariage » ou du célibat continent des âmes consacrées : les silences ecclésiastiques de certains prêtres qui donnent à penser que « les efforts des fiancés qui tiennent leur continence seraient vains » ou que « la continence sacerdotale est à géométrie variable » sont exaspérants. L’Église considère que vivre en couple hors mariage, qui plus est en « couple » homosexuel, est faute mortelle. Donc s’il y a plein consentement et pleine connaissance, cela fait péché mortel. Certains hommes d’Église sont coupables de leurs silences ou de leurs encouragements à la banalisation du péché d’adultère, de concubinage, d’homosexualité.
Par conséquent, cette condamnation de l’acte homosexuel à la géhenne embarque beaucoup plus de personnes qu’on ne le croit. C’est un électrochoc mondial, ecclésial. Elle concerne aussi tous les couples femme-homme ayant des relations hors mariage… soit la moitié au moins de l’Humanité, pour ne pas dire quasiment toute l’Humanité. Car même les personnes mariées sont loin de leur mariage. « Peu de mariages sont valides » a lancé dernièrement le Pape François (constat cinglant mais si juste !). La situation d’une personne vivant en « couple » homosexuel stable est, à mon sens, du même ordre que si un ami à vous, qui était malheureux dans son mariage, arrive en vous assurant qu’il a trouvé une nana géniale avec qui il a effectivement refait sa vie et a eu de beaux enfants. Même s’il n’a pas obéi à l’Église et que son mariage a peu de chances d’être reconnu en nullité, vous serez forcément touché par son « humilité dans la désobéissance », tenté de relativiser son adultère, et le mariage religieux en général. Vous, catholiques et prêtres, êtes nombreux à préférer le voir « épanoui (dans l’adultère) » que « malheureux par obéissance (dans son seul, unique et valide mariage) ». Logique !
Admettons que je sois actuellement amoureux d’un gars, là, maintenant, avec qui je ne suis pas encore sorti. J’ai l’impression d’être dans la situation de cet homme mal marié qui rencontre finalement la femme de sa vie mais qui, par fidélité au sacrement de mariage, ne peut/veut pas être adultère. Sauf qu’à la différence de cet homme marié, en plus, je n’ai fait aucun vœu de chasteté ni de fidélité officiellement reconnu par l’Église (qui ne s’est toujours pas prononcée concrètement sur la forme de cette chasteté ; donc je ne trahis personne), que je n’ai pas choisi d’être homo (contrairement au mariage qui est un choix ; donc je ne trahis personne), que je ne peux pas bénéficier d’un procès en nullité de mariage (ni en nullité d’homosexualité ; donc je n’ai aucun droit à l’erreur, contrairement à l’homme marié), et que j’ai pour seul barrage la parole péremptoire et peu claire de la Bible sur l’homosexualité (car Jésus ne parle pas d’homosexualité). Cool. Formidable. Merci beaucoup !
Dans le cas de l’homosexualité active, ce n’est même pas uniquement la non-conformité au mariage qui nous (personnes homosexuelles) met en position de péché mortel. C’est déjà le simple fait de sortir ensemble ! Nous, on n’a même pas le droit au flirt, aux dérapages avant mariage ! On n’a même pas le droit, avec notre « amoureux », de se toucher, de s’embrasser sur la bouche, même quand les sentiments sont partagés et que le respect mutuel est là. Même quand notre « union » n’aurait pas grand-chose à voir avec les caricatures vivantes de « couples » homos libertins et éteints.
Face à tous les couples non-mariés, aux concubins, aux petits couples cathos qui ont couché avant le mariage, aux couples femme-homme mal mariés et s’autorisant même parfois les abus dans le cadre du mariage, aux célibataires consacrés qui ont choisi leur état, j’ai vraiment l’impression que nous, personnes homosexuelles, à partir du moment où nous pratiquons notre homosexualité, payons sur terre (et peut-être même aux Cieux) le prix fort de nos actes peccamineux quand tous les autres bénéficient terrestrement de la façade de la différence des sexes ainsi que du sacrement de confession pour pratiquer des actes tout aussi mortels que les nôtres et dont ils peuvent en plus être laver en confession ! Avouez que ce « deux poids deux mesures », c’est chaud !
Tout cela n’excuse pas la gravité de l’homosexualité active. Mais ça montre que sa gravité devrait être universalisée/nivelée à l’hétérosexualité, et que les gens d’Église devraient nommer le mal : l’homosexualité active (pas les personnes homosexuelles, ni même actives), l’hétérosexualité (pas les couples femme-homme aimants) et l’Islam (pas les Musulmans). Or, ils ne le font pas. Ils n’osent pas énoncer d’une part que l’islam est mauvais et satanique, que l’homosexualité pratiquée est mauvaise et satanique, que l’hétérosexualité est mauvaise et satanique, et d’autre part que les personnes musulmanes converties, les personnes homosexuelles continentes, les personnes prostituées et criminelles repenties, nous devancent dans le Royaume de Dieu. Ce non-dit, cet étouffement de la Bonne Nouvelle, est un vrai problème. La non-verbalisation du mal et du péché (= le fait de ne pas dire que l’adultère – et non les personnes adultères ou prostituées – est satanique, que la pratique homosexuelle – et non les personnes homosexuelles même pratiquantes – est satanique, que l’islam – et non les personnes musulmanes – est satanique) est tout autant un péché mortel que le péché mortel. « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! » s’exclame saint Paul (1 Cor 9, 16).
Par exemple, je vous renvoie aux passages de l’exhortation papale Amoris Laetitia laissant planer le doute sur le fait que l’adultère serait un péché). Il en est exactement de même pour le « couple » homosexuel, que certains clercs pourraient très bien classer (certains le font déjà) dans la catégorie des « situations de fragilité à ne pas juger », des unions « imparfaites au regard de l’idéal complet du mariage mais à accompagner et à soutenir quand même », des « configurations amoureuses à ne pas nommer, mais qui témoignent d’une fidélité prouvée, d’un don de soi généreux, d’un engagement chrétien, de la conscience de l’irrégularité de leur propre situation et d’une grande difficulté à faire marche arrière sans sentir en conscience qu’on commet de nouvelles fautes (dans le cas où des enfants sont engagés dans la boucle de la structure de péché) ».
Par rapport à l’homosexualité active, le gros souci, c’est que l’Église officielle actuelle ne se focalise pas du tout sur l’accès aux sacrements. Elle a tendance à substituer le terme « péché » par celui – plus évasif et moins avertissant – de « désordre ». Elle omet également de dire que tous ceux qui se trouvent en situation dite « irrégulière » sont entrés dans une structure de péché mortel qui les menace fortement d’être privés de la Grâce sanctifiante du Ciel. Le nouvel enseignement « doctrinal » en matière d’homosexualité pourrait se résumer ainsi : en certaines circonstances (non-choix de son orientation sexuelle, conscience de faire le mal, reconnaissance d’être en situation irrégulière, sincérité et volonté de suivre le Christ quand même, fécondité de l’assistance mutuelle, non-prosélytisme politique, responsabilité auprès des enfants « issus » de ces « couples »…), l’homosexualité active ne serait plus un péché. En gros, on donne à croire un mensonge : que les personnes vivant dans l’homosexualité pratiquée ne commettraient pas de péché grave en y demeurant, que la nature de l’acte homosexuel intrinsèquement mauvais serait modulée et édulcorée par sa circonstance et son degré de conscience. « On excuse » au nom de la sincérité et de la compassion. On étouffe la Vérité au nom de l’accompagnement et du non-jugement des personnes. Or l’homosexualité, même accomplie pour de bonnes raisons et produisant des bienfaits réels, même impliquant des personnes humaines à aimer et à ne pas juger, est toujours un péché. Il n’est même pas possible d’avancer que l’union homosexuelle « réaliserait en partie et par analogie l’idéal de l’amour conjugal ou divin » (le fameux « Amour d’amitié » appelé en grec Philia).
94 – Serai-je damné si je suis homosexuel ?
Saint Alphonse Marie de Liguori, docteur de l’Église, n’y allait pas par quatre chemins : « La majeure partie des âmes va en enfer à cause des péchés sexuels : qui plus est, je n’hésite pas à affirmer que ceux qui se damnent vont en enfer ou bien pour ce seul péché ou au moins pas sans lui. » (Théologie Morale de Saint Alphonse de Liguori, livre 3, N°413). Nous pouvons lire aussi avec intérêt le sermon du saint Curé d’Ars sur l’impureté, qui vont dans le même sens…
Pour avoir une réponse convenable sur le risque de damnation pour pratique homosexuelle, et histoire de ne pas proférer de connerie, je me suis adressé à un prêtre exorciste du Sud de la France, qui m’a dit ceci : « L’homosexualité pratiquée n’est pas un cas de damnation, n’est pas un objet de damnation. C’est l’absence de conversion, de regret, comme pour l’adultère, qui conduit à la damnation. Dans ce cas-là, l’âme est en état de péché mortel. Mais sinon, l’homosexualité active n’est pas un péché mortel. Le seul péché mortel, c’est de se couper volontairement de Jésus. En plus, il convient de souligner qu’il y a des péchés beaucoup plus graves que l’homosexualité : l’orgueil, l’égoïsme, l’aliénation, la violence, le scandale entraînant les plus petits et les plus faibles, la désespérance… : tout ça, c’est au-dessus de l’homosexualité active. Il y a une gradation dans les péchés. Mais tous sont susceptibles de nous entraîner à la damnation, mais tous ne nous y conduisent pas systématiquement. Une personne homosexuelle orgueilleuse ira à la damnation ; une personne homosexuelle humble (qui a accepté la souveraineté de Dieu) n’ira pas. Au seuil de la mort, il y a toujours purification possible, même quand on est dans la pratique homosexuelle. C’est jusqu’à la mort que la purification est possible. Reconnaître cela n’est pas une excuse pour ne pas commencer dès maintenant à ne pas pécher. Un péché substantiel qui provoque la damnation ipso facto, ça n’existe pas en tant que tel. Ce qui prime, c’est la position de la personne à la fin de sa vie par rapport à son péché. La grande question, c’est : ‘Est-ce que Dieu a la première place ?’ C’est l’attitude de l’âme par rapport à l’acte peccamineux qui rend ce péché irrémissible ou pas. On pèche toujours PAR RAPPORT À, EN RELATION À (par exemple : le péché contre l’Esprit). Le péché n’est pas dans l’acte en lui-même mais dans la réponse de chacun. C’est le Refus de la Loi de Dieu. C’est l’opposition à Jésus. En sachant que le péché le plus grave, qui ne sera pas pardonné, c’est le péché contre l’Esprit. L’homosexualité rejoint tous les cas de péchés sexuels. Ce n’est pas un péché à part. Il est semblable à l’adultère. Pour une personne homosexuelle, il n’y a aucune autre perspective que l’abstinence, pour échapper au péché. »
Personne ne peut dire que quelqu’un est en enfer pour ses actes. C’est l’âme elle-même et juste avant de se séparer de son corps, qui, en se laissant aimer par Jésus ou en ne se laissant pas aimer par Lui (et ce, à jamais), décidera de son sort éternel. Ce qui est sûr, c’est qu’on sera tous jugés, qu’on est tous pécheurs (même les saints !), et que le pardon nous attendra toujours. Plus concrètement, si je suis amoureux d’un gars et que je me mets en couple avec lui, même si je sais que ce n’est pas idéal et que ça me coupe de certains sacrements, voire du Salut, je serai jugé, mais pas forcément damné. C’est dur à écrire, mais c’est vrai. On peut reprendre la première lettre de St Jean : « Notre cœur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toute chose. » Le plus souvent, les personnes homosexuelles n’ont pas choisi leur orientation sexuelle ; il y a parmi elles ceux et celles qui partagent notre foi et qui sont invités à la continence, pas toujours facile à tenir. Pour ceux-là, le Sacrement de Réconciliation est une bonne voie de guérison intérieure, même si le chemin est ardu pour arriver à une sexualité apaisée et une chasteté offerte, oblative. Ceux qui ne partagent pas notre foi et qui ne savent pas que des démarches intérieures et sacramentelles sont possibles ne sont pas exclus du Salut universel offert par le Christ. La privation de la vision de Dieu qu’est l’enfer, n’est destinée qu’à ceux qui ont péché contre l’Esprit, nous dit le Christ. C’est-à-dire à ceux qui ne reconnaîtront pas leurs fautes objectives et qui s’entêteront à refuser le pardon de Dieu pour celles-ci. L’homosexualité active est en soi un comportement qui refuse l’altérité, donc qui refuse Dieu, le Tout Autre par excellence. Mais une fois mort, face à Lui, nous aurons toujours la possibilité de regretter amèrement nos actes mauvais, d’être submergé de bonheur d’être aimé malgré cela, et nous aurons la possibilité d’être libéré du péché originel, ce qui nous permettra de choisir Dieu en pleine liberté, parce que nous le connaîtrons. Reste que mes propos ne sont pas une incitation à la débauche en attendant. Car je crois aussi que selon nos actes et notre degré de conscience du péché, nous serons dans le meilleur des cas un dé à coudre ou un grand vase une fois arrivé là-haut (notre point commun, c’est que nous serons tous débordants !), dans le pire des cas des âmes en grande souffrance.
Maria Simma, mystique autrichienne (1905-2004) connue pour ses entretiens avec des âmes du purgatoire qui venaient la visiter, a évoqué les conséquences célestes de la pratique homosexuelle. Ses propos sont aussi dissuasifs qu’imposants : « Les âmes qui pratiquaient des perversions, par exemple sexuelles, ne sont pas perdues, mais elles ont beaucoup à souffrir pour se purifier. Dans toutes les perversions est présente l’action du Malin. Surtout dans l’homosexualité. Je conseille aux personnes touchées par l’homosexualité de beaucoup prier pour avoir la force de se détourner de celle-ci. Il faut surtout prier l’Archange Saint-Michel, parce que c’est lui par excellence qui combat le Malin. On perd définitivement son âme et va en l’enfer lorsqu’on ne veut pas aller vers Dieu. Lorsqu’on dit sciemment ‘Je ne veux pas !’ Seuls vont en enfer ceux qui décident d’y aller. Ce n’est pas Dieu qui met en enfer. Bien au contraire ! »
Pour vous expliquer humblement ce que j’ai compris de la différence entre péché véniel et péché mortel, ou plutôt les conséquences éternelles et célestes de ces derniers, j’ai trouvé pas plus tard qu’à la messe du dimanche 24 juillet 2016 une image simple : celle de la porte. En clair, je crois que Jésus nous dit que, pour être sauvé et rentrer dans son Royaume, nous devons passer par Lui qui est la Porte et accueillir son amour : « Frappez, on vous ouvrira. » (Lc 11, 1-13) Celui qui, au moment de sa mort, aura l’humilité de frapper à la porte de Jésus (ou de Marie, qui est, elle aussi et d’une autre manière, la « Porte du Ciel ») en se reconnaissant pécheur, verra son péché véniel pardonné, voire même l’acte terrestre qui lui aurait mérité les conséquences du péché mortel se convertir en péché véniel puis en Grâce exceptionnelle. Le bon larron crucifié à côté de Jésus, qui a certainement tué des gens, mais qui, parce qu’il a reconnu son péché mortel et s’est adressé au Christ en implorant sa pitié, se voit promettre qu’il siègera avec Lui au Paradis, en constitue une preuve vibrante. Autrement dit, ce ne sera pas d’abord la nature de l’acte grave posé mais le rapport d’amour à Jésus qui sera évalué et décisif lors de notre Jugement. Il y a des prêtres damnés, des religieuses damnées, des criminels sauvés ! des personnes ayant pratiqué leur homosexualité jusqu’à leur mort et apparemment sans regret, qui se trouvent au purgatoire, et donc prochainement au Paradis ! J’en suis certain.
En revanche, je distinguerais trois profils d’âmes, ayant commis des péchés véniels ou mortels sur terre (là n’est pas le plus important, même si la nature du péché compte, bien évidemment), qui ont malheureusement de fortes chances de s’attribuer la rançon éternelle de la damnation :
1 – Celles qui refuseront, par orgueil, de se reconnaître pécheresses et de frapper à la porte. « En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. » (Jn 10, 1-8)
2 – Celles qui seront entrées par effraction dans la salle des noces, en volant leur badge « Invités de Jésus » (pas mal d’ecclésiastiques et de gens se présentant comme « catholiques »), mais qui n’auront finalement pas aimé Jésus sur terre, qui n’auront pas posé d’actes d’amour et de Charité, qui n’auront pas lavé leur vêtement dans le Sang de l’Agneau (la Croix ou la Porte, c’est la même chose), qui n’auront pas renoncé à elles-mêmes, qui seront rentrées au Paradis par un escalier dérobé sans passer par la Porte. « Le Maître dit à ses serviteurs : ‘Les noces sont prêtes ; mais les conviés n’en étaient pas dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez.’ Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives. Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : ‘Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ?’ Cet homme eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.’ » (Mt 22, 8-14)
3 – Celles qui frapperont à la porte trop tard, alors qu’elles étaient tout à fait prévenues de l’horaire de fermeture. « Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’ il vous répondra : ‘Je ne sais d’où vous êtes.’ » (Lc 13, 25) ; « Ceux qui me disent : ‘Seigneur, Seigneur !’ n’entreront pas tous dans le Royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : ‘Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ?’ Alors je leur dirai ouvertement : ‘Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité.’ C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. » (Mt 7, 21-24) Bref, les âmes qui n’auront pas aimé (Jésus) sur terre (« Au soir de la vie, nous serons jugés sur l’amour. » nous dit saint Jean de la Croix). Celles qui se seront jugées elles-mêmes sans en laisser la primeur à Dieu. Cela dit, la notion de « retard » selon les Hommes et selon leur conception du temps n’équivaut pas au « retard » estimé par le Christ : certainement qu’il y a une clémence et un temps de Miséricorde élastique chez le Christ que nous, Humains, ne soupçonnons pas, comme l’explique le père Pascal Ide pour illustrer l’extensibilité du Jugement Dernier : « Des amis vous invitent à déjeuner. Pour vous rendre chez eux, vous prenez la route. Attiré par un sentier bucolique, vous vous arrêtez, vous flânez… et vous arrivez en retard. Vous avez aussi le choix de rebrousser chemin et de ne pas honorer l’invitation ; c’est beaucoup plus grave. Dans le premier cas, la faute ne touche que le moyen, elle est vénielle : dans le second, elle vous fait manquer le but : mais ce but, c’est Dieu lui-même, qui est la Vie et donne la vie ; voilà pourquoi cette seconde faute est qualifiée de mortelle. Le péché mortel prive l’âme de la vie divine – pas le péché véniel. » (Pascal Ide et Luc Adrian, Les 7 péchés capitaux).
Pour toutes les autres âmes que les trois catégories que j’ai essayé de dessiner ci-dessus, celles qui auront aimé toute leur vie, ou bien celles qui auront aimé in extremis (les fameux « ouvriers de la dernière heure »), elles recevront le même salaire que les ouvriers de la première heure, et l’entrée vers le Royaume. Non pas que leurs actes terrestres ne compteront pas et que seule leur foi pèsera, comme le pensent les protestants. Mais ce sera leur rapport à leurs actes, aussi graves soient-ils, ainsi que leur humilité à les reconnaître comme mauvais, leur humilité à frapper à la porte du Christ et à le reconnaître comme leur Sauveur, qui les sauvera. « Jésus leur dit : ‘Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. […] Jésus leur dit : ‘N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux !’ Aussi, je vous le dis : ‘Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits.’ » (Mt 21, 32, 42-43)
D’un côté, Dieu nous prend suffisamment au sérieux pour juger nos actes, de l’autre le Salut nous est offert par Grâce et ne dépend pas tant de nos mérites ni de nos actes (…ni même d’une justice « logique et humaine » rétribuant ces derniers), que de notre rapport à nos actes ainsi qu’à Jésus. La règle est la même pour tous : il y a toujours une possibilité de pardon, même pour les pires crimes du monde. Pour ce qui est des structures de péché (concubinage, homosexualité active, addictions, crimes, etc.), pour obtenir le pardon, il faut au minimum une attitude d’humilité : « Mon Dieu, c’est vrai, j’ai choisi le péché contre Vous par faiblesse et rien ne justifie mon choix que Votre Sainte Miséricorde. » Plutôt que le petit orgueil médiocre de l’excuse, du déterminisme, du contexte, etc., qui nie en bloc le mal, par fierté mal placée. Le problème n’est pas tant d’être pécheur et de pécher que de se reconnaître pécheur et de tout faire pour ne pas pécher – ce qui dans l’absolu nous est impossible.
Le choix de l’enfer, c’est effectif dès l’instant de la mort. Le choix du Paradis, aussi, est instantané. Pas de rattrapage ! Il faut le savoir ! En revanche, une fois prise cette décision irrévocable, l’entrée au Paradis, quant à elle, peut être plus progressive et « longue ». La liberté de choix entre l’enfer ou le Paradis s’effectue de notre vivant car elle procède de la foi (implicite ou explicite). Il n’y a pas d’option finale après la mort. Autrement dit, pas de seconde chance. Et le purgatoire n’est pas une « seconde chance » : les personnes qui vont au purgatoire ont déjà choisi le Ciel sur terre… même si leur âme va nécessiter une purification avant l’entrée dans la Béatitude complète. Dans la mort, l’âme humaine n’a plus le choix. Le Salut est offert à tous, mais c’est ma réponse libre au moment de mon passage vers la mort qui me dispose à L’accueillir, ou au contraire à « me damner immédiatement pour toujours » (CEC § 1022). Si je n’invoque pas le pardon du Christ et me refuse à Lui au moment de l’agonie/la mort, je serai privé du purgatoire et/ou du Ciel. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort en enfer. Tenons-nous-le pour dit !
Une fois mort, on ne peut rien changer de ce qu’on a fait. Car Tout est révélé. « La mort met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ (cf. 2 Tm 1, 9-10 ) ». La seule marge d’« action » qu’il nous reste une fois que notre âme s’est séparée de notre corps, c’est qu’on peut soit accepter et expier nos fautes/péchés terrestres, soit par orgueil refuser d’expier nos fautes/péchés. Nous ne pourrons plus aimer : notre seul Amour sera le Christ ! Notre seule décision ou amour, ce sera d’accepter d’être aimé (ou pas), d’aimer comme Dieu nous aime (ou pas). Et le péché contre l’Esprit, celui qui ne nous sera pas pardonné, c’est celui-là : comme l’écrit très justement le père Jean-Michel Garrigues, « on n’est pas damné parce qu’on a refusé d’aimer, ou alors nous le serions tous. On est damné parce qu’on a refusé d’être aimé. C’est cela le péché contre l’Esprit. » Jésus nous met devant la Vérité de notre vie et de ce que nous avons fait sur terre. Après l’instant de notre mort, on n’est pas libre et on n’a aucun pouvoir de décision et d’action : juste un pouvoir de réception de l’Amour, donc de consentement ou de renoncement : pendant ce face-à-face avec Jésus et avec notre Livre de Vie, Jésus accorde parfois sa Miséricorde, et nous permet, si nous acceptons de recevoir son amour, d’intégrer ou non le purgatoire et son Royaume. D’ailleurs, au purgatoire, les grands religieux dotés de charismes s’accordent pour assurer qu’il existe trois grands « degrés » ou « espaces » d’accueil des âmes qui avaient décidé sur terre de rejoindre Dieu : 1) Le Grand Purgatoire, où vont en général tous les grands pécheurs, ceux qui auraient dû être damnés sans la Miséricorde de Dieu qui leur permit de se convertir à leurs derniers moments et qui n’ont pas pu « réparer » un peu les désordres de leur vie dès ici-bas… Dans ce Grand Purgatoire, aucune aumône de prières, de suffrages ou de messes célébrées pour eux ne peuvent les atteindre !… Seule la grande Miséricorde les en tire, quand Dieu le juge Bon ! 2) Dans le second purgatoire, parvenues à ce stade, les âmes bénéficient des messes et prières faites à leurs intentions, en vue de les soulager et de les en libérer ! 3) Le Purgatoire d’attente, troisième stade de purification, les âmes ne souffrent plus la peine du feu, mais sont dans une paix que torture seulement leur désir intense de voir Dieu alors qu’elles sont encore retenues loin de Lui.
Sur terre, dire ses péchés (à un prêtre en confession), c’est déjà être pardonné. Ne pas dire et ne pas reconnaître ses péchés (et après la mort, ne pas pouvoir les entendre de la bouche de Jésus), c’est cela qu’on pourrait appeler le « péché contre l’Esprit ». Le réel péché n’est pas de commettre le mal mais de ne pas le reconnaître. Le péché mortel, c’est un péché qui compromet ma vie spirituelle : la Parole de Dieu est rejetée. L’invocation et la contrition de celui qui se sait pécheur ont plus de prix pour Jésus que celle du « Monsieur Parfait » qui se croit irréprochable et autonome, et qui pour le coup, risque la damnation éternelle.
Pour finir ce chapitre – objectivement angoissant – sur une note positive et d’Espérance qui ne peut que nous engager à croire en l’Amour de Dieu pour toute personne humaine (y compris la personne homosexuelle volontairement active dans l’homosexualité) et en la promesse de Salut pour cette même personne, je dégagerais quelques pistes ensoleillées.
D’abord, concernant la damnation de la ville de Sodome racontée dans la Genèse, ville où l’activité homo-bisexuelle battait son plein (aujourd’hui, on pourrait trouver l’analogue avec San Francisco, aux États-Unis), toute personne homosexuelle qui me lit devrait se sentir investie, via sa mortification et le sacrifice de son homosexualité à la continence, du Salut de ses autres frères homosexuels. Il en suffit de dix parmi nous (chiffre génésique symbolique indiquant ici une faible minorité !) pour renverser la vapeur. Alors hop hop hop, on se motive ! : « En ces jours-là, les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome. Alors le Seigneur dit : ‘Comme elle est grande, la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. Si c’est faux, je le reconnaîtrai.’ Les hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu’Abraham demeurait devant le Seigneur. Abraham s’approcha et dit : ‘Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable, traiter le juste de la même manière que le coupable, loin de toi d’agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ?’ Le Seigneur déclara : ‘Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville.’ Abraham répondit : ‘J’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ?’ Il déclara : ‘Non, je ne la détruirai pas, si j’en trouve quarante-cinq.’ Abraham insista : ‘Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ?’ Le Seigneur déclara : ‘Pour quarante, je ne le ferai pas.’ Abraham dit : ‘Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j’ose parler encore. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ?’ Il déclara : ‘Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas.’ Abraham dit alors : ‘J’ose encore parler à mon Seigneur. Peut- être s’en trouvera-t-il seulement vingt ?’ Il déclara : ‘Pour vingt, je ne détruirai pas.’ Il dit : ‘Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être s’en trouvera- t-il seulement dix ?’ Et le Seigneur déclara : ‘Pour dix, je ne détruirai pas.’ » (Gen 18, 20-32) Ayons le culot et l’insistance polie d’Abraham. Qui sait, notre pureté amadouera peut-être Jésus.
Ensuite, comment se prémunir contre la damnation (et cette question vaut aussi bien pour les personnes homosexuelles pratiquantes que pour les personnes non-homosexuelles) ? En s’entraînant à la vie intérieure. Celui qui aura eu une intimité avec le Christ et la Vierge toute sa vie terrestre s’est préparé pour formuler son grand « Oui » à Jésus au seuil de sa mort, et a de fortes chances de ne pas être damné. Le père François Labadens nous dit bien que « c’est au cours de la vie que notre liberté peut s’exprimer. Dès notre mort, cette liberté reste dans sa dernière détermination. Notons qu’une vie dans laquelle l’homme a désiré vivre de la Miséricorde de Dieu aura la bonne habitude (la vertu) de se tourner vers Dieu également à la mort. C’est plus compliqué pour celui qui a refusé la Miséricorde de Dieu à tous les moments de sa vie. Plus compliqué, mais pas impossible : ‘entre le parapet du pont et le ruisseau, il y a le temps d’une conversion’ rappelait le Curé d’Ars à une femme qui s’enquérait du Salut de l’âme de son mari qui s’était mortellement jeté du haut d’un pont. Et le ‘Je Vous Salue Marie’ finit par ‘Priez pour nous et à l’heure de notre mort’…. C’est donc que nous ne sommes pas seuls dans le combat final de notre vie terrestre. » Par ailleurs, Saint Louis-Marie Grignion de Monfort (1673-1716) disait que celui qui prie quotidiennement Marie ne peut se damner. Dom Jean-Baptiste Chautard, quant à lui, réaffirme dans L’Âme de tout apostolat que « notre vie au Ciel sera à l’image de notre vie de prière ». Notre passage sur terre est vraiment à considérer comme un entraînement à s’habituer à laisser rentrer Jésus en nous : « Ceux qui prient font plus pour le monde que ceux qui combattent, et si le monde va de mal en pis, c’est qu’il y a plus de batailles que de prière. » No comment… La prière est l’huile de nos lampes qui nous permettra, au moment du Jugement Dernier, de ne pas être pris au dépourvu (contrairement aux cinq vierges insensées de la Parabole, pourtant averties de la menace de damnation : Mt 25, 1-13). Concernant également les remises de peine post-mortem, s’il est vrai que les personnes qui sont décédées en état de péché mortel et en n’ayant pas pu/voulu réparer leur tort de leur vivant (femme qui a avorté, homme qui a tué des gens ou volé de grands biens, personne qui s’est suicidée, etc.) ne peuvent plus agir au Ciel, en revanche, nous, les terriens encore libres d’agir pour notre Salut, grâce à la Communion des Saints, sommes en mesure d’avoir une action active sur nos propres péchés (Confession, Communion eucharistique, actes de Charité, indulgence plénière lors d’une Année Sainte…) et une action rétroactive sur les péchés mortels passés des autres. Le père Verlinde cite saint Thomas d’Aquin à ce sujet, en insistant sur la vertu d’Espérance : « Nous pouvons espérer pour un autre la vie éternelle. » Et les âmes des défunts que le Christ aura rachetées miraculeusement pourront intercéder pour nous une fois notre mort arrivée, dans le sens de « témoigner ». C’est pourquoi la prière terrestre pour les âmes du purgatoire est capitale ; et que nous devons profiter de cette Année de la Miséricorde (date limite : novembre 2016) pour demander des indulgences plénières pour telle ou telle personne décédée dont on sait qu’elle n’est pas morte en paix ni en odeur de sainteté. Les personnes homosexuelles en première ligne ! Y compris celles qui sont mortes dans les années 1980. Pour Dieu, 1000 ans sont comme un seul jour.
C’est pourquoi, pour les personnes homosexuelles qui me lisent, il est également urgent, si nous nous trouvons dans une situation de grande tentation amoureuse, ou si nous sommes encore dans la pratique homosexuelle (à savoir en « couple »), de réaliser la gravité de notre péché, et de s’atteler à préparer notre Ciel plutôt qu’à s’attacher à des plaisirs terrestres bien amers et éphémères. Le sacrifice ou la révolution copernicienne qui nous est demandé(e) pour cette anticipation céleste peut nous paraître insurmontable. Mais accrochons-nous à la promesse de Salut du Christ : « Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Mc 10, 28-30) Je rajouterais : « … et quitté un copain, un coup de cœur, un plan cul ou un plan tendresse ! »
Tout tout dernier conseil. Le danger de faire de l’obéissance à Jésus une idole occultant Jésus même est grand pour nous catholiques. Attention à ne pas faire de l’obéissance, de la fidélité, de la Vérité, de la pureté, l’idole cachant l’objet (ou plutôt le sujet) de cette obéissance, fidélité, Vérité, et pureté : Jésus. Je constate que certains catholiques, par peur du relativisme ambiant, de la permissivité généralisée, par peur d’une Miséricorde mal comprise et de la récupération du mot « Amour » à toutes les sauces, bref par peur de Dieu et manque de foi, mais aussi souci de trop bien faire, tombent dans le pharisaïsme intransigeant qui place la fidélité à Jésus, la Loi de Jésus, l’obéissance à Jésus, la Vérité de Jésus, bien au-dessus de Jésus Lui-même, les mots et les actes bien au-dessus des personnes, la Justice bien au-dessus de la Miséricorde, la nature du péché mortel bien au-dessus de ce que Jésus et le pécheur peuvent en faire. Pour eux, acte de péché mortel terrestre = damnation immédiate à l’heure de la mort ; péché mortel avec repentir = péché mortel sans repentir. Ils arrêtent la personne à ce qu’elle a fait, et voient ses circonstances atténuantes ou contradictions comme des mauvaises excuses, de la mauvaise foi, et des preuves de son insoupçonnable perversité. Ils sont guidés par la peur et non la confiance. Et très souvent dans leur tête, être tenté et tomber en tentation sont synonymes. Ils jugent sévèrement les personnes en pensant laisser humblement Jésus parler à travers eux, en se prévalant de Lui et en s’estimant très droits, très courageux (d’avoir averti leurs frères), très obéissants, très gardiens de la Sainte Doctrine, très orthodoxes, très papaux (plus que le Pape !), très persécutés et très martyrs dans leur intransigeance. Ils ont oublié Jésus-Amour, oublié que Lui a annoncé que certains criminels, prostitués et beaucoup de pécheurs, nous précéderont au Royaume des Cieux, oublié que Jésus a demandé « la Miséricorde et non le sacrifice » (Mt 9, 13), qu’Il a déclaré que nous ne serons jugés ni au mérite ni à nos actes mais à l’amour que nous avons mis en Lui, même s’Il a aussi insisté pour dire que celui qui obéit et garde fidèlement ses Commandements et les met en pratique l’aime vraiment et sera seul sauvé.
Comme le souligne très justement une amie, « le seul vrai péché qui sépare totalement de Dieu, c’est l’orgueil. Nos faiblesses, nos pulsions, nos chutes…? Jésus a donné sa vie pour cela. Pourquoi céder à des pulsions homosexuelles serait-il plus ‘mortel’ comme péché que l’adultère ou l’assassinat ? David, ou le bon larron, n’ont pas été ‘condamnés’. » J’espère que mes mots éclaireront beaucoup de personnes homosexuelles préoccupées par leur situation, souvent désireuses de suivre le Christ mais qui ne sont pas encore en règle. Leur inquiétude va bien plus loin que le simple fait d’avoir le droit à tel sacrement ou pas, ou d’être privées du baptême, de la confession et de l’Eucharistie : c’est celle de leur Salut éternel. Certaines sont persuadées d’aller en enfer. Alors oui, il faut le dire : ce n’est pas la pratique homo qui conduit en enfer, même si elle est un péché mortel, grave, qui menace de l’enfer et l’y expose sérieusement.
95 – Serai-je damné si je pratique l’homosexualité?
Je ne veux pas vous mentir. Le risque est réel. L’homosexualité fait partie des tentations que les démons tendent à notre âme le jour de notre mort, dans l’un des « péages aériens » – appelés aussi « télonies » en termes techniques – vers le purgatoire. Je vous conseille d’écouter le formidable topo du père Verlinde, intitulé « L’heure du combat spirituel » où il en est question. Les pères de l’Église nous mettent en garde contre les conséquences célestes et éternelles de notre pratique homosexuelle terrestre. Certaines personnes qui, grâce aux progrès techniques, ont été maintenues en mort clinique et sont allées aux portes du purgatoire, y ont vu l’enfer et nous confirment également la place infernale de l’homosexualité au palmarès des causes de chute éternelle.
Ça, c’est la face inquiétante et angoissante de l’homosexualité. Et c’est capital d’en avoir conscience et d’avertir les âmes sur terre qui ne la connaissent pas. Mais il est plus fécond et persuasif, à mon avis, de rappeler ensuite que la réception du sacrement de la réconciliation efface sur notre Livre de Vie du purgatoire nos péchés terrestres. De plus, j’ai remarqué combien, dans mes entretiens avec mes amis homosexuels croyants, voire même avec des potentiels amants, la simple référence à l’au-delà, au purgatoire, à la Vie après la mort, au Salut éternel, nous aidait à nous décentrer, à nous projeter, à revenir sur terre, à nous responsabiliser, à prendre conscience de la portée de nos actes sur le long terme, à calmer notre fièvre de l’instant. Par exemple, face à quelqu’un qui nous plaît homosexuellement et à qui nous plaisons, nous sommes souvent trop troublés sur le moment pour pouvoir penser, vouloir ou réagir au mieux. Plus l’attraction est réciproque, plus le combat est dur pour ne pas s’embrasser, pour se retenir, pour rester dans la continence, pour ne pas se faire un film à deux. Mais c’est lorsque nous abordons ensemble la question du Salut, non pas comme une épée de Damoclès au-dessus de notre tête ni comme un chantage spirituel culpabilisant, mais plutôt comme un cadeau d’Éternité qu’on désire ardemment pour l’autre, qu’une force nouvelle de retenue chaleureuse peut se manifester à nous. Le rappel du Salut futur est paradoxalement une manière de s’ancrer dans le présent et dans l’Amour désintéressé, déshomosexualisé. Le message d’amitié fraternelle a beaucoup plus de chances d’atteindre le cœur de notre ami homo quand nous lui disons « Je ne sortirai pas avec toi parce que ton Salut a du prix à mes yeux. Je ne veux pas que nous nous perdions et que ton âme n’accède pas à l’Éternité à cause de moi. » que lorsque nous jouons la Drama Queen troublée, la vierge effarouchée empêtrée dans ses contradictions intérieures (et qui rêve surtout d’y succomber!). Je crois vraiment que face aux tentations concrètes, nous, personnes homosexuelles catholiques, avons toute une pédagogie du Salut à réapprendre. Elle est d’une grande aide.
96 – Le diable, Dieu… cela peut-il parler aux personnes homosexuelles ?
Vous ne croyez pas si bien dire ! Les personnes homosexuelles, par leur désir homosexuel puis parfois par leur pratique amoureuse et génitale, sont souvent aux avant-postes pour connaître Dieu (le désir homosexuel est le signe d’un appel précoce pour le Royaume sans sexuation et sans mariage humain) et pour connaître le diable (puisque la pratique homosexuelle, à l’instar de la pratique démoniaque, éjecte la différence des sexes et nous met donc nez-à-nez avec Satan). Je n’exagère pas ! Ils ne sont pas rares, les amis homosexuels qui m’ont raconté à voix basse leurs séjours dans les saunas et les bacchanales sombres des établissements de cruising et de SM homosexuels : même avant leur conversion au catholicisme, ils identifiaient déjà pendant leurs ébats sexuels avec des inconnus des ombres inquiétantes qui rôdaient autour d’eux. Ça les a même épouvantés, ces phénomènes paranormaux ! Comme si leur conscience de mal agir les rattrapait ! Et beaucoup de personnes homosexuelles, surtout celles qui affirment haut et fort qu’elles ne croient ni en Dieu ni au diable, sont extrêmement superstitieuses, se prennent pour Dieu ou pour le diable, et décrivent leur(s) amant(s) comme le démon incarné, y compris dans leurs œuvres censées valoriser et banaliser l’« amour » homo.
C’est une grossière erreur de penser d’une part que les personnes homosexuelles rejetteraient/ignoreraient le surnaturel du fait de se dire athées ou anti-Église-Institution ; d’autre part que les démons n’auraient pas de foi : les démons savent pertinemment que Dieu, Jésus et l’Esprit Saint existent, et qui est Lucifer ; la différence, c’est qu’ils ont décidé de ne pas les aimer. Par conséquent, c’est mal nous connaître, nous personnes homosexuelles, que d’imaginer que nous ne serons pas réceptives à l’évangélisation, ou réfractaires à tout discours transcendantal. La réalité du combat spirituel entre les forces du bien et les forces du mal, on la connaît quasiment depuis le berceau ! Ce n’est pas une langue étrangère pour nous.
97 – Pourquoi Dieu a permis que je sois homo ? ou que certains soient durablement homos ?
Dieu n’est pas l’auteur du mal, même s’Il a créé les anges qui, librement, et pour un tiers d’entre eux, L’ont trompé et sont devenus définitivement démoniaques. Idem concernant les blessures et les maux humains. Il n’y est pour rien. Seul son Amour permet que le mal existe. Mais Il ne le crée pas. Le mystère du silence, de la discrétion et de l’apparent non-interventionnisme de Dieu face au péché et aux signes de péchés dans la vie des Hommes est lié à un mystère de liberté et d’Amour. Saint Paul l’appelle le « mystère d’iniquité » (2 Thess 2, 7-8). Si Dieu guérissait directement tout le monde, s’Il avait rendu son existence évidente, s’Il avait ôté aux êtres humains leur capacité de pécher et s’Il les délivrait de tout mal, ces derniers ne seraient plus libres ni aimés de Lui, ils ne seraient plus partie prenante avec Lui de Son combat victorieux contre le mal. Dieu n’a par conséquent pas souhaité que les personnes homosexuelles soient homosexuelles, c’est-à-dire habitées par une peur de la différence des sexes, différence bonne qu’Il a créée aussi pour elles. En revanche, s’Il accepte que cette peur de la différence des sexes submerge certaines personnes parfois pendant une vie terrestre entière, c’est d’une part pour laisser aux personnes tenaillées par l’homosexualité l’initiative personnelle de la combattre, et d’autre part pour que quelques-unes d’entre elles fassent l’expérience joyeuse et inespérée de la libération spectaculaire qu’Il va opérer en elles. Ce dont je suis sûr (puisqu’Il nous l’a dit par Jésus), c’est que si Dieu permet que le mal agisse ou perdure dans la vie des Hommes, Il ne nous fait cependant jamais souffrir plus qu’Ils ne peuvent le supporter, et Il ne demandera que très peu à ceux qui ont été très éprouvés sur terre ou qui n’ont pas choisi les maux qu’ils endurent (Luc 12, 48). Par exemple, quand les pharisiens demandent à Jésus pourquoi l’aveugle de naissance s’est vu attribuer un mal/un handicap qu’il n’a pas choisi, Jésus répond que ce mal imposé est un héritage de péché et non un péché (seul le péché présuppose une volonté), et que l’héritage de péché qu’est le handicap physique (mais on peut tout aussi bien faire l’analogue avec la tendance homosexuelle) est permis et rendu présent « pour que les œuvres de Dieu se manifestent en la personne » (Jn 9, 2) que Lui va guérir (ou pas, dans un temps humain).
98 – Avez-vous quelques bons conseils de lectures sur l’homosexualité ? Quels films sur l’homosexualité voir absolument ?
Oui. Je vous conseille d’une part les ouvrages de Xavier Lacroix (L’Amour du Semblable, du père Xavier Thévenot (Mon Fils est homosexuel), du père Tony Anatrella (Le Règne de Narcisse) et de sœur Véronique Margron, d’autre part les écrits qui parlent de près ou de loin d’homosexualité, soit parce qu’ils ont été rédigés par une personne homosexuelle, soit parce qu’ils ont la prétention de parler du thème et en général de le justifier. Je serais tenté de dire que, du point de vue de la Vérité (je ne parle pas du point de vue du goût personnel ni du confort de lecture), il n’y a pas de mauvais ouvrages : il n’y a que des manières mauvaises (ou bonnes) de les lire. Tout livre est intéressant, y compris les romans de gare, à partir du moment où on sait en récolter le meilleur (même la bêtise, la nullité, la violence ou le mensonge, témoignent par leur faiblesse, et en négatif, du beau et du vrai). Cela est d’autant plus vrai quand le livre en question a la prétention de justifier une utopie telle que l’« identité » homo ou l’« amour » homo… car plus un bouquin est idéologique ou empreint de fantasmes, plus le retour du refoulé est précisément lisible et dépasse son auteur (même un auteur intellectuellement honnête et au talent de conteur indéniable).
C’est la raison pour laquelle je trouve tous les livres sur l’homosexualité intéressants, signifiants, dignes d’intérêt, passionnants, et que j’essaie de consulter tout ce qui me tombe sur la main. À partir du moment où ça parle d’homosexualité, je suis un homme comblé ! Après, si vous me demandez de les hiérarchiser par échelle de préférence, j’ai beaucoup appris en lisant par exemple Le Baiser de la Femme-Araignée de Manuel Puig, L’Invention de l’hétérosexualité de Jonathan Katz, L’Amour presque parfait de Cathy Bernheim, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie d’Hervé Guibert, Le Rose et le Noir de Frédéric Martel, La Mauvaise Vie de Frédéric Mitterrand, Mauvais Genre et La Vie dure de Paula Dumont, En finir avec Eddy Bellegueule d’Édouard Louis, La Désobéissance de Naomi Alderman, La Fille dans l’escalier de Louise Welsh, Eva Peron de Copi, Le Cœur éclaté de Michel Tremblay, L’Hystéricon de Christophe Bigot, Riches, cruels et fardés d’Hervé Claude, La Voyeuse interdite de Nina Bouraoui, Une Mélancolie arabe d’Abdellah Taïa, Le Ruisseau des singes de Jean-Claude Brialy, Mon Théâtre à corps perdu de Denis Daniel, Impotens Deus de Michel Bellin, Un Garçon d’Italie de Philippe Besson, Gaité parisienne de Benoît Duteurtre, Journal du voleur de Jean Genet, Les Faux-Monnayeurs d’André Gide, Le Puits de solitude de Marguerite Radclyffe Hall, Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train de Cy Jung, Confession d’un masque de Yukio Mishima, L’Amant de mon père d’Albert Russo, etc.
Concernant maintenant les films et les documentaires, je reverrais avec plaisir « Les Garçons de la bande » de William Friedkin, « Reflets dans un œil d’or » de John Huston, « L’Homme blessé » de Patrice Chéreau, « La Chatte à deux têtes » de Jacques Nolot, « Tesis » d’Alejandro Amenábar, « Souviens-toi l’été dernier » de Joseph Mankiewicz, « Bleu, blanc, rose » d’Yves Jeuland, « Pin Up Obsession » d’Olivier Megaton, « The Celluloïd Closet » de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, « Cabaret » de Bob Fosse, « C.R.A.Z.Y. » de Jean-Marc Vallée, « L’Inconnu du Nord-Express » d’Alfred Hitchcock, « Krámpack » de Cesc Gay, « La Mauvaise Éducation » de Pedro Almodóvar, « Nos Vies heureuses » de Jacques Maillot, « Guillaume et les garçons à table ! » de Guillaume Gallienne, « Le premier qui l’a dit » de Ferzan Ozpetek, « Orphée » de Jean Cocteau, « Les Enfants terribles » de Jean-Pierre Melville, « Huit Femmes » de François Ozon, « Pédale douce » de Gabriel Aghion, « The Rocky Horror Picture Show » de Jim Sharman, « Les Roseaux sauvages » d’André Téchiné, « Rosa la Rose : femme publique » de Paul Vecchiali, « Salò ou les 120 journées de Sodome » et « Théorème » de Pier Paolo Pasolini, « Les Amants criminels » de Luchino Visconti, « Torch Song Trilogy » de Paul Bogart, « Un Tramway nommé Désir » d’Élia Kazan, « Victor, Victoria » de Blake Edwards, « La Meilleure façon de marcher » de Claude Miller, « The Imitation Game » de Morten Tyldum, etc.
Je dois avouer que les films les plus fructueux pour se former efficacement sur l’homosexualité, pour se prémunir contre la propagande gay friendly et se rendre compte de la supercherie de l’« amour » homo, sont paradoxalement ceux qui sont les plus déstabilisants pour nous (y compris pour les personnes non-homosexuelles), les plus vraisemblables (sans être réalistes), beaux, à peine caricaturaux, bref, ceux qui donnent vraiment envie de tomber homosexuellement amoureux (ou au moins d’y croire pour les autres). Je pense par exemple aux films « Au premier regard » de Daniel Ribeiro, « Broderskab » de Nicolo Donato, « Juste une question d’amour » de Christian Faure, « Pride » de Matthew Warchus, « Le Secret de Brokeback Mountain » d’Ang Lee, « Jongens » de Mischa Camp, « Week-end » d’Andrew Haigh, « Contracorriente » de Javier Fuentes-León, « Carol » de Todd Haynes, « Love Is Strange » d’Ira Sachs, « Elena » de Nicole Conn, « The Bubble » d’Eytan Fox, etc. Même si leur visionnage nous met quasiment tous en danger sur l’instant, il nous rendra plus fort. Car qui peut résister au chantage à l’émotion de la comédie romantique/dramatique pro-gay deviendra ensuite quasiment inébranlable quand se présentera la réelle tentation homosexuelle. C’est triste à dire, mais bien souvent, les êtres humains tombent dans la pratique homosexuelle uniquement à cause d’un cinéma bien construit. Et aujourd’hui, les cinéastes ont les moyens de naturaliser/sentimentaliser de manière convaincante et bobo leurs fantasmes sentimentaux les plus irréalistes et les plus brutaux.
CHAPITRE V – LE POSITIONNEMENT DE L’ÉGLISE-INSTITUTION SUR L’HOMOSEXUALITÉ :
99 – Sous l’Inquisition, il me semble bien que l’Église a brûlé des sodomites ?
À la fin du Moyen-Âge, l’Inquisition (1231-1834) a justement été un tribunal créé pour que les pauvres et les criminels puissent bénéficier d’une couverture judiciaire moins arbitraire et sanguinaire que la justice civile (seigneuriale). Elle est une œuvre de Charité qui visait à ce que les punitions après les délits (nommés « hérésies », en référence à Dieu) soient encadrées, justifiées par une enquête (traduction du mot latin inquisitio), tempérées par la perspective de la contrition et de la réparation, voire même souvent relaxées. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si la direction de ce tribunal a été confiée aux ordres mendiants : essentiellement les Dominicains et un peu les Franciscains. L’Inquisition n’est donc pas la machine à persécutions, à tortures et à exécutions massives, dépeinte par les anticléricaux de l’époque post-moderne : « Contre l’imagerie traditionnelle colportée par les protestants anglais et les philosophes français qui fait de l’Inquisition espagnole l’horreur absolue, on rappelle que ses victimes se comptent au nombre de quelques milliers en l’espace de trois siècles… » (l’historien Jean Sévillia) ; « La Révolution Française a fait plus de morts en un mois au nom de l’athéisme que l’Inquisition au nom de Dieu pendant tout le Moyen-Âge et dans toute l’Europe… » (Pierre Chaunu) On dénombre, dans la période la plus active de l’Inquisition (car en réalité, il y en a eu trois : l’Inquisition médiévale, espagnole et romaine) très peu de tortures. Et rares ont été les peines capitales.
Ayant bien étudié pendant mon année de préparation au Capès l’Inquisition (sujet imposé au programme), j’ai appris que, contrairement à la légende noire contemporaine qui assigne anachroniquement de l’« homophobie » transhistorique à cette période-là, très peu de cas d’autodafés (exécutions publiques et bûcher) pour « bougrerie » (c’est ainsi qu’on nommait à l’époque les actes homosexuels) avaient eu lieu. Ils se comptent sur les doigts d’une main. La condamnation pour ce qu’on appelle aujourd’hui l’« homosexualité » était plus en mode « dissuasion », « devoir divin » et « mesure préventive » qu’elle n’était suivie de mesures concrètes. En partie en raison de l’ignorance sociale de la seule existence de telles pratiques. De plus, en ces temps-là, il n’y avait aucune médiatisation ni promotion télévisuelle de l’homosexualité. Et ceux qui pourchassaient la pratique sodomite étaient suffisamment sensés et pieux pour lui éviter la publicité d’une exécution publique.
D’autre part, à cette époque, l’homosexualité n’était pas du tout considérée sous son angle désirant, identitaire ou amoureux, mais uniquement sous l’angle biblique et thomiste d’acte « contre-nature » de sodomie. Il faut comprendre que l’homosexualité n’est pas punie en soi si elle n’est pas couplée à un crime qui, lui, méritait châtiment. Jean-Claude Guillebaud précise que le plus grand nombre des condamnations pour sodomie ou pédérastie concernait en fait des cas de pédophilie. Soutenir que « l’Église a persécuté les homosexuels sous l’Inquisition » n’a pas de sens. La seule chose qu’on est habilité à dire, c’est que des membres religieux d’un tribunal ecclésiastique ont été amenés à juger des hommes pratiquant des actes sodomites – et souvent pédophiles – pour « hérésie » parce que ces mêmes actes étaient objectivement violents. Sous le mot « hérésie », il faut entendre « affaire de mœurs », « délits », et non simplement « fait qui ne déplaît qu’à l’Église » et qui, cela irait de soi, « Lui déplairait superstitieusement/inutilement/pathologiquement ».
Enfin, les promoteurs contemporains de l’homosexualité identitaire, sentimentale et pratique (les « néo-inquisiteurs » pourrait-on les appeler) se félicitent que le crime de sodomie ait été officiellement aboli en 1791. Or la « mort de l’arrêt de mort » pour sodomie ouvre la voie à une autre forme de condamnation à mort, plus sournoise car elle tue cette fois la personne, la personnalité, l’identité, le corps sexué, les désirs, l’humanité, l’âme, l’amour, des personnes qui se sentent et/ou pratiquent l’homosexualité. Avec l’abolition de l’homosexualité en tant que péché puis en tant que délit et trouble psychique (dépsychiatrisation), notre monde a basculé progressivement de la vision d’un acte interdit à un personnage progressivement identifiable par ses sensations et son comportement : la naturalisation essentialiste et sentimentaliste de l’orientation sexuelle (hétérosexualité et homosexualité ; et d’un point de vue pénal, l’homophobie). Qu’est-ce qui est le mieux ? Le jugement ajusté à Dieu ou l’absence de jugement qui n’est en réalité qu’une justice des Hommes désincarnée et soumise à leurs fantasmes/pulsions/sentiments/agissements égocentrés ? Quitte à passer pour un vieux réac, je crois que l’Inquisition, à côté du génocide humain qu’est la propagande narcissique du coming out, la propagande amoureuse de l’Union Civile, la propagande infanticide du « mariage pour tous », et la propagande préventive/répressive « contre l’homophobie », c’était le bon temps…
100 – Et le Pape François ? N’avez-vous jamais cherché à obtenir une audience avec lui ?
Non. Jamais. Et je ne cherche pas. Pourtant, je peux vous assurer que beaucoup me poussent ! Quand, il y a deux ans, la petite délégation de personnes homosexuelles continentes dont je faisais partie et qui a fait le déplacement jusqu’à Rome, chapeautée par Mgr Rey (évêque de Toulon), a essayé d’obtenir un rendez-vous avec le Pape, l’entourage des cardinaux a avorté la rencontre, considérant notre groupement comme « militant ». L’un des proches conseillers papaux a même eu le cynisme de nous demander de ne pas faire trop de foin pour que le Pape François ne soit pas mis au courant de notre visite car, a-t-il lâché, « le pire, c’est que ce genre d’initiatives serait tout à fait capable de lui plaire ! ». Nous n’avons pas insisté. En plus, j’étais le seul de mon groupe à vraiment pouvoir assumer publiquement une visibilité homosexuelle ; et les prêtres de mon groupe n’étaient pas des foudres de guerre non plus… Donc c’était fichu d’avance. Ce n’est pas grave. Nous nous verrons peut-être au Ciel. Et ce sera largement mieux !
En plus, si c’est juste pour me faire prendre en photo avec le Saint Père, pour la rencontre symbolique de cinq minutes, pour une poignée de mains, je m’en fous complètement. Je suis tellement écœuré de l’arrivisme des personnalités françaises qui n’ont rien à lui dire et rien à lui proposer pour le faire progresser, excepté leur hystérie de groupies cathos, leurs formules convenues de déférence spirituelle puante (« Très Saint Père, vous pouvez compter sur nos prières. »), et leur dernier livre ou CD (pour qu’il en fasse indirectement la promo), que la perspective d’une éventuelle rencontre avec le souverain pontife ne m’enchante guère. Ce serait comme mettre ma tête dans le trou d’un décor figé, poser avec le nain d’Amélie Poulain ou me prostituer religieusement : le Pape-sponsor, c’est un concept qui m’horripile ! Pourquoi, alors que le Saint Père sait très bien que dans le déroulé des fins dernières la France va occuper une place singulière et centrale, on ne lui présente pour l’instant quasiment que les cathos bobos français (de droite et surtout gauchistes) et on l’empêche d’accéder à la véracité des prophéties sur la France ? Ça me dépasse.
Si jamais je devais voir le Pape, ce n’est pas une rencontre que je veux. C’est un cours ! C’est carrément une séance de travail ! Et croyez-moi, il y a du taf. Seule la Vérité m’intéresse. J’en suis actuellement rendu au point que je refuserais de rencontrer François même s’il me le demandait… à part, bien sûr, s’il s’agissait de bosser 48 heures à fond sur le dossier de l’hétérosexualité, entre quatre murs d’une bibliothèque, sans caméra ni photo ! Ça fait beaucoup de conditions posées. Donc autant vous dire que ça ne risque pas d’arriver un jour. En plus, au Vatican, la frange ecclésiale gay et/ou gay friendly (cf. la question n°125) freine des quatre fers pour que ça ne puisse pas se faire. Enfin, si jamais – par un miracle de l’Esprit Saint – je me retrouvais quand même un jour en face de lui, je pense que je ne vous le dirais même pas. Et je me sens capable de tenir ce secret. Les plus belles choses se vivent dans le secret. Toujours.
101 – Le Pape est-il assez ferme, clair et au point, concernant l’homosexualité ?
À mon avis, non. Même si on pourrait se dire qu’il a fourni l’essentiel avec son fameux « (Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté,) qui suis-je pour juger ? » dans l’avion du retour des Journées Mondiales de la Jeunesse du Brésil en 2013 et en Arménie en 2016 : l’énonciation de l’amour inconditionnel de Jésus pour toute personne humaine, quelle que soit son orientation homosexuelle. Mais cette sortie papale, en plus d’être hyper ambiguë car elle donne à confondre bonne intention et faits, ou bien jugement des personnes (injustifiable) et jugement des actes (indispensable), n’édicte rien de solide et de vrai sur le « comment accueillir concrètement les personnes homosexuelles », « quoi exiger d’elles » et « quoi leur proposer comme chemin vocationnel ». Le Pape François ne parle toujours pas de l’orientation homosexuelle en des termes explicites, puisqu’il centre son opposition à celle-ci sur la soi-disant dichotomie entre « l’homosexuel militant » et « l’homosexuel hors milieu ». Par exemple, quand il conclut dans l’avion : « Le problème n’est pas cette tendance. Le problème, c’est d’en faire du lobbying. », c’est faux. La tendance homosexuelle, même non-actée, est déjà un problème, en tant que peur (de la différence des sexes) et blessure (de l’identité et de l’affectivité). La nature pécheresse de l’élan homosexuel ne se situe pas uniquement dans le fait que celui-ci soit rendu visible, qu’il se politise, ni même qu’il s’actualise. Pourquoi a-t-il peur de condamner le désir homosexuel ? Ce désir n’est absolument pas la personne qui le ressent ! Si on en a peur, c’est qu’on confond encore désir et personne, ou acte et personne… donc on rentre dans une démarche d’homophobie, de peur et de justification de cette peur ! L’argumentaire public du Pape sur l’homosexualité n’est pas encore au point (sûrement à cause d’un mauvais accompagnement), et risque de faire des catastrophes. Par exemple, si Virginie Tellenne (alias Frigide Barjot), le 29 février 2016, a failli réussir à imputer au Saint Père l’Union Civile, ce n’est pas que de la faute à la groupie activiste : c’est aussi qu’il y avait une brèche dans laquelle elle a pu s’engouffrer. Visiblement, le Pape François n’a pas davantage recadré Nicolas Sarkozy lors de leur entrevue du 21 mars puisque ce dernier continue sur les plateaux-télé de chanter l’Union Civile, l’hétérosexualité et l’« amour homosexuel », et compte acheter les catholiques avec les mots « Espérance », « valeurs humanistes », « Vérité » et « Miséricorde ». Je crois que le Pape a besoin de sérieux cours sur l’hétérosexualité.
102 – Le Pape est-il l’Antéchrist ?
Je ne crois pas. Quoi qu’en pensent les sédévacantistes qui diabolisent le concile Vatican II et tous les pasteurs qui en sont sortis, François est un pape élu par l’Esprit Saint, et l’Esprit Saint ne se trompe jamais. En revanche, qu’il soit infaillible, qu’il soit bien conseillé, qu’il ne fasse pas de bourdes, qu’il ne trahisse pas par trois fois le Seigneur (ce n’est pas un hasard que saint Malachie l’ait surnommé en 1595 « Pierre le Romain », si sa prophétie vise juste !), qu’il maîtrise le dossier de l’hétérosexualité, rien n’est moins sûr ! C’est un rassembleur et un pasteur plus qu’un théologien. Et par les temps troublés que nous vivons, il est idéal. Mais son manque de connaissance sur certains dossiers va le/nous faire souffrir. La seule chose dont je suis à peu près sûr à son sujet, c’est que je l’aime ; et qu’il n’est pas homo ! Maintenant, il faut qu’il arrête d’être gay friendly sous prétexte d’être miséricordieux.
Quant à ceux qui le désignent comme imposteur ou Antéchrist, ils feraient bien de faire attention à leur âme car ils sont proches du pire des péchés mortels : le péché contre l’Esprit Saint. Pire encore que la désobéissance hiérarchique. « Chi mangia Papa… » dit le dicton italien : Qui mange le Pape… en meurt !
103 – Comment réagissez-vous à l’exhortation post-synodale du Pape ?
Mal. Même si je sais que la tiédeur de ce document participera de toute façon aux desseins de Dieu, donc je ne m’inquiète pas outre mesure du coup d’épée dans l’eau. Je me dis juste « Un de plus ! ». Et j’ai juste envie de demander au Pape « Franciscus, quo vadis ? ». Rien que sur la question de l’homosexualité, son discours patine complètement. Comme une speakerine, il fait patienter (« J’ai pris en considération » = On vous écrira), essaie de temporiser les attentes en rassurant (« Je vous aime, je vous accueille, je suis là, je chemine à vos côtés ») et en employant des aphorismes pseudo empathiques (cf. chapitre « situations complexes »), pseudo punchy et proposants (par exemple, les obstacles sont appelés « défis », « enjeux », « questions complexes », « perspectives pastorales » : il manque « challenge » et la boucle publicitaire serait bouclée…). Parallèlement à cette esbroufe « miséricordieuse » un peu catastrophique, certains cardinaux médiatiques, pour se faire bien voir, essaient d’apporter leur modeste contribution en bouchant verbalement les trous par un enthousiasme singé (« C’est dense » ; « C’est vraiment nouveau » ; « C’est magnifique ! » ; « C’est concret » ; etc.) et en rivalisant de formules de com’ insipides (exemples : « déplacer notre approche », « cheminer », « changer de perspective », « redynamiser l’Espérance et la vitalité de nos paroisses dans les périphéries », « proposer l’inclusion », etc.) devant lesquelles il faudrait se mordre les joues pour ne pas rire. Moi, je déclare officiellement – et tant pis si je risque la prison et la torture pour ça – que « le cheminement, c’est maintenant ! ».
Dans ce nouveau document, le Pape nous redit ce qu’on savait déjà (l’accueil de la personne, le respect, le non-jugement, la proposition d’accompagnement, la réaffirmation du soutien de l’Église) : concrètement, on ne sait toujours pas quelle forme tout cela prend… Il nous annonce de la nouveauté (« un enthousiasme nouveau à travers une pastorale renouvelée ») : concernant l’homosexualité, je ne vois que du vieux ou du Benoît XVI réchauffé.
Le Pape François se contente de réciter le désaccord radical de la Curie sur les Unions Civiles, sur les actes homosexuels, sur les « couples » homosexuels, et surtout sur les revendications politiques et sentimentales du soi-disant « lobby gay », en soulignant que ces pressions sont « inacceptables » (« Il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille. Il est inacceptable que les Églises locales subissent des pressions en ce domaine et que les organismes internationaux conditionnent les aides financières aux pays pauvres à l’introduction de lois qui instituent le ‘mariage’ entre des personnes de même sexe. »). Concrètement, pourquoi « c’est inacceptable » ? Pourquoi c’est « sans fondement ? » On ne saura pas. Les cardinaux et le Pape sont pour l’instant incapables de dire pourquoi ils ont raison (alors qu’ils ont raison en théorie : moi, je vous le dis !).
On entend en filigrane le Pape reléguer l’homosexualité au rang de « détail de la personne », de « non-sujet » ou de « sujet-annexe », dissocier la personne homosexuelle de sa tendance (exemple : « indépendamment de sa tendance »), ce qui est à la fois juste (car toute personne homosexuelle est avant tout un être humain et un Enfant de Dieu) et faux dans la mesure où, dans un temps terrestre humain, la tendance et la personne sont parfois extrêmement mêlées. Le Catéchisme rappelle d’ailleurs que la tendance homosexuelle peut être « profondément enracinée ». Encore une fois, le poisson du mal homosexuel est noyé.
À propos des chemins vocationnels, le Pape ne propose toujours rien de concret aux personnes durablement homosexuelles (en ayant le culot de citer dans la foulée Mt 5, 37 « Que votre ‘oui’ soit OUI ! »). Il se contente de proposer un « accompagnement » et non une vocation/une vie/une consécration. Il se contente de renvoyer les personnes homosexuelles à la « chasteté », le concept flou et vaseux à la mode, défendu par Courage notamment, et derrière lequel plein d’associations « homos-chrétiennes » et plein de catholiques réguliers s’empresseront d’inclure la possibilité de vivre en « couple homo ». Mais les formes pratiques de cette « pastorale de la chasteté », il n’en parle pas. « L’aide nécessaire pour comprendre et réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie », ça reste une promesse lancée en l’air.
Le Pape réaffirme son opposition à l’homophobie (qu’il ne nomme pas ainsi, parce que selon lui, ce mot est déjà « dangereusement idéologique » : ignorance et peur, quand vous nous tenez…) : il dénonce « particulièrement toute forme d’agression et de violence ». Ça tombe bien : moi aussi, je suis contre la guerre ; et le mal, c’est mauvais, c’est caca. Concrètement, l’homophobie n’est pas nommée (même le terme ne l’est pas !) ; ses mécanismes, son sens, ses formes, les solutions qu’on peut trouver pour la combattre, tout ça, ça passe complètement à la trappe ! Le Pape se contente de dire qu’il est contre, en nous regardant droit dans les yeux, avec un air contrit cinématographiquement travaillé. Parole, parole, parole. « Pierre, m’aimes-tu ? Pierre, m’aimes-tu ? M’aimes-tu vraiment ? » (Jn 21, 1-19)
Là où on voit qu’il n’a pas compris l’homosexualité et l’hétérosexualité – et qu’il est extrêmement mal conseillé sur cette question –, c’est qu’il est carrément hors-sujet concernant le Gender. Il réemploie scolairement le jargon de la novlangue manichéenne, victimisante, hystérique et métaphorique des militants cathos pro-Life, où il n’y a absolument rien dedans. Ce sont des formules creuses apprises par cœur. Il n’a pas du tout pris conscience que le véritable Gender était l’hétérosexualité (à savoir le diable déguisé en différence des sexes).
Non Messieurs les Cardinaux et Très Saint Père, le Gender n’est pas « mauvais » d’être taxé d’« idéologie » (De quelle idéologie parlez-vous, d’ailleurs ? Vous ne la nommez jamais, alors qu’elle s’appelle « hétérosexualité ». Et la foi catholique est aussi une idéologie en quelque sorte ; et comme celle-ci est incarnée en Jésus, elle devient par conséquent bonne et « non-idéologique »). Non, le Gender n’est pas mauvais de refléter une « pensée unique » (De quelle pensée unique parlez-vous, d’ailleurs ? Le Christ et ses dogmes ecclésiaux aussi sont en quelque sorte une pensée unique, mais une pensée unique humanisée, unifiante, universelle et bonne). Non, le Gender n’est pas mauvais de prendre une forme institutionnelle internationale organisée, que vous nommez « conditionnement », « groupes de pression » (vous prenez hypocritement soin cette fois de ne pas employer le terme anglophone de « lobby », pour éviter de pactiser avec le modernisme), « organismes internationaux » arbitrant les « aides financières aux pays pauvres » (on voit que la censure homophobe et le chantage aux sentiments anti-occidental du Cardinal Sarah sont passés par là…). L’Église aussi est un organisme international, institutionnel, qui brasse de l’argent, qui constitue un groupe de pression (et une sainte pression : celle de l’Annonce de l’Amour de Jésus !), qui « détermine l’éducation des enfants ». Le problème du Gender n’est pas là ! Non, le Gender n’est pas réductible à une « idéologie niant la différence et la réciprocité naturelle entre un homme et une femme » et « laissant envisager une société sans différence des sexes et sapant la base anthropologique de la famille » ! D’une part parce que les défenseurs du Gender – qui pour la plupart ne savent même pas qu’il s’appelle ainsi ! – ne s’opposent pas toujours aux couples femme-homme aimants ni aux familles traditionnelles naturelles (ils ne prétendent qu’ajouter à ceux-ci de nouveaux modèles « identitaires », « sentimentaux », « conjugaux », « familiaux » et « sociaux » : ne caricaturons pas leurs intentions !), d’autre part parce le Gender idolâtre – autant qu’il cherche plus ou moins sciemment à détruire – la différence des sexes : il est même passionné hystériquement de la différence des sexes au point de défendre des modèles d’hypervirilité et d’hyperféminité cinématographiques ; il est aussi rageusement nataliste, familialiste, pro-mariage, vitaliste, humaniste (même si ça vire transhumaniste) que les mouvements pro-Vie. Alors avec le Gender, rien à voir, contrairement à ce que prétend l’exhortation, avec un quelconque « déni de la différence des sexes », ni avec un désir assumé de pulvérisation de la différence des sexes, de pulvérisation de la famille, de « la Vie » et de « l’Humain » ! Vous vous trompez de cible et vous n’avez pas compris les bonnes intentions/les pièges de l’hétérosexualité ! Réveillez-vous ! La « réciprocité entre l’homme et la femme » n’a rien de « naturelle », comme vous l’écrivez : elle est uniquement naturalo-divine (je me rallie complètement au philosophe Fabrice Hadjadj quand il dit, comme moi mais d’une autre manière, que la promotion – très répandue chez les cathos – de la « complémentarité des sexes » est un raccourci idéologique très dangereux, qui enlève la part de risques, de ratés, de Croix, de liberté, à l’union aimante entre l’homme et la femme). La différence des sexes n’est pas un bien en soi : elle ne devient le meilleur que couronnée par l’Amour et par le Christ.
Pour résumer ce que je pense de Amoris Laetitia : à première vue, et en tenant compte de l’enthousiasme excessif de certains curés et cardinaux – beaucoup plus soucieux de leur carrière et de leur visibilité médiatique que de la dénonciation d’une esbroufe ecclésiale –, cette exhortation papale bien-intentionnée, dont on ne peut pas dire qu’elle ne raconte pas des vérités, m’apparaît être un épate-bourgeois ou un attrape-bobos-cathos, lequels bobos (bourgeois-bohèmes) consentent à jouer pendant une semaine le rôle d’imbéciles heureux. Désolé, mais moi, je ne rentre pas dans la « joie pour elle-même ». Je ne peux rentrer que dans la Joie de la Vérité, la Joie par la Croix résurrectionnelle, la Joie qui verbalise le mal et le combat fermement, la Joie grave du Christ. Les autres joies – performatives, extatiques, photographiques, intentionnelles, euphoriques, publicitaires – ça me gave. Dans « Miséricorde », il y a « misères ». Et pour l’instant, les gens d’Église ne les nomment pas. Donc je ne crois pas en leurs vœux pieux de « Miséricorde ».
104 –Est-ce une bonne chose que le sujet soit survolé et mis de côté par la Curie ?
Non. Ce n’est pas un bon calcul stratégique. Et c’est même très inquiétant. Car la croyance en « l’amour » homo, autrement dit l’amour sans la différence des sexes, est le nœud de tous les problèmes mondiaux, mais aussi le caillou qui bouche la circulation du sang, de la raison et de la foi, dans le cœur et la tête de beaucoup de nos contemporains. Que cela plaise ou non à ceux qui me taxent de « mono-maniaque » parce que j’insiste sur la centralité symbolique de l’homosexualité dans les profondes crises sociales que nous traversons à échelle planétaire. En constatant la place démesurée que la bipolarité hétérosexualité-homosexualité (et son épouvantail dissuasif – l’« homophobie » – couplé avec l’épouvantail du « machisme » pour le féminisme, et l’épouvantail du « racisme » pour l’humanitarisme sans frontières) occupe depuis deux siècles sur l’échiquier médiatico-politico-légal et les sphères décisionnelles, c’est une erreur de vision de la part des gens d’Église d’avoir négligé la part universelle – et sainte si et seulement si elle est vécue dans la continence – de l’homosexualité. Car tout le monde est concerné par l’homosexualité étant donné que l’Humanité toute entière est concernée par la différence des sexes… et le rejet de celle-ci à travers l’homosexualité.
Aussi incroyable et excessif que cela puisse paraître, il semble que, sous l’effet d’un libertinage généralisé et d’une perte de foi croissante d’une part, sous l’influence des mass médias et de la globalisation des législations politiques internationales d’autre part, la cartographie géopolitique mondiale obéit et s’organise principalement sur l’homosexualité pour la formation, le positionnement, la consolidation, le durcissement et le classement des blocs qui s’affrontent dans cette Troisième Guerre mondiale qui nous occupe. Dans la pensée globale (je n’ose même plus dire « occidentale »), tout ce qui n’est pas mariage gay = antidémocratique. Cela me frappe concernant par exemple l’inimitié massive des pays libéraux contre Vladimir Poutine (même si personnellement, je suis loin d’être fan du personnage et de sa politique). Croyez-vous que ce désamour russophobe se base sur la Crimée, l’Ukraine, la peur de l’Empire soviétique, les restes de Guerre Froide, l’interventionnisme en Syrie ? Non. C’est principalement sur la défaveur connue de la Russie aux droits LGBT et à Conchita Wurst (le roi transgenre de l’Eurovision et du Parlement Européen). Ça ne va pas chercher plus loin ! Idem, quand je vois l’artificielle mais pourtant concrète « unité » qu’ont vécue en mai 2015 les 50 États des États-Unis autour de la légalisation du « mariage gay », et la folle pression (économique, affective, législative) qui est faite à tous les pays européens pour se mettre au diapason rainbow. L’Italie, le seul Peuple européen qui résistait à l’Union Civile, a dû céder aussi. Enfin, c’est en constatant le poids social considérable que prend le positionnement contre le « mariage homosexuel » dans la vie d’une personne qui ose dire publiquement « non » à ce dernier (et en général, qui est catholique), ainsi que les retombées radicales qui pèsent pénalement sur la carrière d’un homme politique qui ne se plie pas aux diktats de la pensée unique gay friendly, que je mesure combien l’homosexualité, qui à la base n’est qu’un particularisme désirant minoritaire et secondaire, joue le rôle d’arbitre du monde, de ruban rose qui sépare les peuples. Elle découpe à elle seule dans l’esprit des habitants de la terre les soi-disant « camp du bien » et « camp du mal ». L’homosexualité est devenue l’Axe moral et belligérant mondial. Il nous faut l’accepter et agir en conséquence.
Dernière chose : la seule Institution encore forte qui fasse front à la propagande bisexualiste et pro-gay, le dernier bastion de résistance restant même quand les pays les plus catholiques du monde n’arrivent plus à faire respecter leur souveraineté nationale (la Colombie vient d’approuver le « mariage gay »), c’est l’Église catholique. Cette dernière va donc être ciblée comme la « méchante exception » à mater, conjointement aux pays jugés arriérés et totalitaires. Bizarrement, les libertaires ne L’ont jamais matée au sujet de son opposition à l’avortement, à la peine de mort, à l’euthanasie, aussi graves soient ces crimes. C’est l’incompréhension des masses athées à l’égard de la différence des sexes (le célibat des prêtres, la place des femmes dans l’Église, le préservatif, la communion pour les divorcés remariés, et surtout l’homosexualité…) sur laquelle se cristallisent les plus grandes soifs de vengeance des ennemis de l’Église. Je n’y peux rien. Il faut prendre en compte la réalité intentionnelle et fantasmatique de certains faits et lois.
105 – Pourquoi l’homosexualité est-elle plus dangereuse pour l’Église catholique que même l’avortement, le préservatif, l’adultère, le divorce, la pédophilie ?
Parce que la majorité des catholiques ne sait toujours pas pourquoi ni comment s’opposer ouvertement à l’Union Civile et à l’« amour » homosexuel alors que pour les autres sujets que vous citez, ils savent beaucoup mieux se défendre, et ils ont moins peur. L’autre souci, c’est que la majorité des catholiques prend l’hétérosexualité pour la différence des sexes – ou du moins ne la dénoncent pas – ce qui fait qu’ils rentrent inconsciemment dans le système auquel ils croient sincèrement s’opposer. Je ne connais pas, pour l’instant, de catholique (à part moi) qui n’ait pas peur de passer pour un con en s’attaquant à l’hétérosexualité et au mythe de l’« amour homosexuel ». Ils sont tous morts de trouille ou ne comprennent pas l’intérêt ! Plus que le divorce ou la PMA/GPA, l’homosexualité a le pouvoir d’embrumer l’esprit des clercs, des fidèles catholiques trop conservateurs ou au contraire trop laxistes, afin qu’ils acceptent de penser que l’être humain puisse être capable d’aimer « avec ou sans la différence des sexes », quand en réalité la différence des sexes n’a rien d’optionnel en Amour. De même, ça ne leur pose absolument pas de problème que l’homme et la femme soient remplacés par « les hétéros » et « les homos » !
Jusqu’à présent, et tout récemment, le Clergé catholique est attaqué sur les thèmes de l’avortement et de la pédophilie, thèmes qui divisent peu les catholiques et les prêtres entre eux (heureusement). En effet, j’en vois peu s’étriper ou tomber en désaccord sur la GPA, l’avortement, la bienveillance du Pape à l’égard des migrants, voire même le célibat des prêtres, la place des femmes dans l’Église, ou encore le non-accès des divorcés-remariés à la communion eucharistique. Les catholiques font relativement bloc ensemble en ce qui concerne toutes ces problématiques. Mais plus douloureux est le thème de l’homosexualité, qui clive vraiment À L’INTÉRIEUR de l’Église, et jusque dans l’Église « d’en haut » !
Je raconte souvent cette anecdote qui m’est arrivée il y a presque 10 ans, et qui reste cruellement d’actualité. Un soir que je me trouvais à une soirée organisée par mon groupe de jeunes professionnels de Savigny-sur-Orge, en 2007, on avait décidé de causer des « points dogmatiques et pastoraux de l’Église catholique qui nous posaient le plus problème ou question ». Pendant ce débat improvisé, nous avons réussi à tomber tous d’accord sur l’ensemble des thèmes de société les plus épineux… tous sauf un : l’homosexualité ! Comme par hasard…
J’ai remarqué que l’homosexualité était actuellement le débat qui divisait le plus les assemblées, les communautés ecclésiales et même les ordres religieux. Et les débats du « mariage pour tous » n’ont pas arrangé notre affaire ! En général, en Église, les catholiques qui se disent « hétéros » ont peur de gaffer, de blesser ou de passer pour « homophobes »/« homosexuels refoulés » s’ils effleurent la question homosexuelle ; ou bien, au contraire, ils feignent d’assumer pleinement leur homophobie dans une radicalité forcée qui se veut biblique, érudite, morale, politisée, « sans concessions », « pleinement hétérosexuelle et fière de l’être ». Quant aux croyants qui se savent « homos », en général, ils font profil bas pour ne pas être identifiés ; ou bien ils se mettent à défendre une homosexualité « chaste et spirituelle » avec une assurance trop assurée et agressive pour s’appuyer sur une véritable réflexion de fond sur le désir homosexuel. Peu de fidèles semblent avoir vraiment une idée ou une opinion précise sur l’homosexualité. Et pourtant, ils sont déjà lassés et énervés d’entendre le mot, comme si on n’avait parlé que d’homosexualité pendant les Manifs Pour Tous (ce qui est complètement faux, dans les faits) et qu’il était temps de passer à autre chose ! La majorité d’entre eux ne sait toujours pas quoi en penser et préfèrent se taire pour se faire sa petite conviction personnelle, ou noyer leur « avis » sur l’homosexualité dans le débat politisé « Pour ou contre le mariage pour tous et ses conséquences ? », dans la projection sur d’autres urgences sociales (l’écologie, la Syrie, l’islamisme, le transhumanisme, la Miséricorde…) et d’autres croisades chimériques (« Extension du domaine de la lutte », ils appellent ça…). On n’est pas dans la merde…
Même les responsables des grandes religions tiennent un discours encore trop flou et maladroit sur l’homosexualité. Ils sont fatigués avant d’avoir bûché et pensé là-dessus. Pour avoir la paix, ils se contentent de dire qu’ils sont « pour » ou « plutôt contre », sans chercher à comprendre pourquoi, ni à s’en justifier. De tous les sujets épineux qui étaient à l’ordre du jour lors du Synode sur la Famille (novembre 2014-novembre 2015), c’est bien la seule patate chaude que le Pape et les cardinaux ont planquée pour finalement ne pas y toucher. Même le dossier des divorcés-remariés leur a fait moins peur (bien que la réponse à ce sujet soit aussi lacunaire) !
C’est pourquoi je pense que l’homosexualité constitue plus que jamais un danger majeur pour l’Église puisqu’elle est le seul mal humain qui bénéficie du triple emballage de la peur, de l’indifférence et de l’adhésion intime du cœur, emballage posé non seulement par les sociétés modernes mais aussi par beaucoup de gens d’Église barricadés dans leur défense de l’hétérosexualité et dans une religiosité déchristianisée, déconnectée des réalités de leur époque ! À mon avis, l’homosexualité est la lame de fond du tsunami spirituel qui menace autrement plus la barque de Pierre que les vaguelettes que sont l’euthanasie, le clonage, le transhumanisme, les manipulations génétiques, la destruction de l’écosystème planétaire, la pédophilie, l’avortement, les contraceptifs, les divorces, le chômage, l’accueil des étrangers issus de l’immigration de masse, le terrorisme djihadiste, les persécutions anti-chrétiennes, même si – nous sommes d’accord – ces vaguelettes sont déjà des signes précurseurs forts d’un anti-papisme galopant, d’un anticléricalisme inquiétant, d’une déshumanisation et d’une volonté homicide-déicide indéniables, d’un naufrage humanitaire imminent. Mais tant qu’à faire, entre éponger (ce qui semble toujours « utile » mais qui n’est pas primordial) à gauche à droite pour parer au plus pressé, on ira plus vite à faire descendre le niveau de l’eau en identifiant et en s’occupant du lieu de la fuite. Et pour moi, ce point de fuite est évident : c’est la croyance mondiale en la bipolarité hétérosexualité-homosexualité, censée remplacer la différence des sexes et l’Église catholique.
106 – L’homosexualité peut-elle flinguer l’Église catholique ?
Elle en a le pouvoir. Ça c’est sûr. Elle ne le fera pas, car, comme je le disais en introduction de cet article, et surtout comme nous l’a promis Jésus-Christ, « les puissances de la Mort ne l’emporteront pas sur l’Église » (Mat 16, 23) Mais elle le pourrait. Oui. Regardez les désastres qu’elle cause actuellement dans les Églises protestantes (évangéliques comme traditionnelles). L’année dernière, à elle seule, l’homosexualité a quasiment coulé définitivement l’Église anglicane d’Angleterre, qui a encore du mal à s’en remettre. Aujourd’hui, c’est au tour de l’Église luthérienne de Norvège de voir rouge. Autres exemples : Regardez comment l’homosexualité sape toute la carrière politique d’un Nicolas Sarkozy qui n’a pourtant rien du débutant inexpérimenté (il aura suffi qu’il défende un « mariage homosexuel » et un « mariage hétérosexuel » pour que ça soit fini pour lui) et comment elle est en train de menacer sérieusement le parcours ecclésial jusque-là exemplaire et solide de Mgr Barbarin. C’est foudroyant.
L’homosexualité, une fois pratiquée et/ou prise pour une identité humaine vraie et pour de l’amour authentique, c’est vraiment la petite bactérie qui n’a l’air de rien, mais qui te flingue un pays, une justice nationale, un équilibre mondial, et qui pourrait même te flinguer une Église. Pour la bonne et simple raison qu’en étant justifiée (légalement, populairement, médiatiquement), c’est la différence des sexes, socle de toute humanité et de toute paix sociale, qui est rejetée. Tous les pays qui ont voté le « mariage gay » plongent tôt ou tard dans une crise économique et une guerre civile sans précédent. Faut-il s’en étonner ? L’équilibre mondial repose sur l’accueil de la différence des sexes et de l’Église.
Le diable, qui déteste la différence des sexes qu’il ne possède pas, et qui honnit l’Église qu’il a fuie, se réjouit du manque de foi planétaire grandissant pour la différence des sexes et pour l’Église catholique. Et en ce moment, les mass médias et la majorité de nos contemporains lui obéissent puisqu’ils sont de plus en plus tentés de se débarrasser de tout cadre corporel, institutionnel et religieux qui soi-disant « entraveraient » leurs libertés et les priveraient de leurs droits d’être qui ils veulent. Sentant que l’homosexualité est le talon d’Achille ecclésial (aussi bien discursivement que pratiquement), ils commencent à jouer à la baballe avec l’Église à propos de l’homosexualité, avec l’assurance que c’est grâce à elle qu’ils pourraient bien L’anéantir.
107 – Y a-t-il un risque de schisme ?
À cause de l’homosexualité ? Bien sûr. Le risque de schisme, c’est-à-dire de division au sein de l’Église catholique, est au degré quasi maximal aujourd’hui. À l’heure où nous parlons, les mass médias composent leurs dossiers pour traîner en procès les rares personnalités médiatiques qui avaient eu le courage de s’opposer publiquement au « mariage gay ». Ils se coordonnent avec certains hommes politiques, mais aussi certains prélats à l’intérieur de l’Église, et beaucoup de fidèles catholiques qu’ils impressionnent, pour sortir conjointement et simultanément les scandales d’homosexualité et de sexualité les plus juteux et qui feront le plus de grabuge ensemble. Les canons des pro-gays sont parés à tirer à tout moment. Stefanini ou encore Charamsa (cf. la question n°124), c’était bien essayé. Mais ce n’était que des tests. Maintenant, ils se servent de la division – mal connue du grand public ou bien imperceptible dans certains articles journalistiques rapides – entre les Églises protestantes et l’Église romaine, pour créer l’amalgame entre les deux et la méfiance à l’égard de la seconde. Ils sortent des films clairement anticléricaux mais qui prennent les catholiques par surprise, et qui se donnent des allures de Compléments d’enquêtes approfondis. Ils multiplient les effets d’annonce retentissants sur l’accueil de l’homosexualité dans l’Église, voire carrément la pratique de l’homosexualité dans l’Église, semant ainsi le trouble en son sein.
Les mass médias essaient déjà de mettre les diocèses, les épiscopats, les cardinaux, et le Pape, en porte-à-faux les uns avec les autres. Et comme le discours de l’Église officielle sur l’homosexualité est resté jusque-là très flou, gentillet et/ou dénégateur, les journaleux commencent à s’amuser à balloter les catholiques d’un côté (progressisme) et de l’autre (conservatisme) de leurs mensonges, à les prendre à leur propre ignorance et contradictions internes. Et la plupart des croyants, pas assez enracinés dans le réel et la prière, effrayés/agacés par le sempiternel concert médiatique diffamant et blasphématoire porté contre eux autour d’un sujet qu’ils exècrent, sont tentés de se protéger en désavouant eux-mêmes leurs propres chefs religieux, même quand ceux-ci ont raison. Leur récent retournement de veste contre l’évêque de Pontoise, Mgr Lalanne, par rapport à ses propos radiophoniques pourtant justes sur la pédophilie, démontre bien la grande obéissance aux médias dont ils sont capables. Plus inquiets du qu’en dira-t-on que de la Vérité ou des personnes et des faits réels, beaucoup de catholiques actuels s’apprêtent à faire passer les courageux pour des lâches, et les lâches pour des courageux. Ça commence à donc être un joli bordel à l’intérieur de la Famille chrétienne !
J’ouvre une petite parenthèse qui illustre tout-à-fait la confusion et la division internes qu’apporte le non-positionnement des catholiques vis-à-vis de l’homosexualité, de l’Union Civile, de l’hétérosexualité, et de l’« amour homo ». La voix que porte une femme comme Virginie Tellenne (alias « Frigide Barjot »), et qui est loin de représenter une pensée minoritaire au sein de l’Église catholique, est à surveiller de très prêt (comme un symptôme ecclésial plus que comme un détonateur concret du schisme, entendons-nous bien). Le 11 avril 2016 dernier, l’ancienne égérie de La Manif Pour Tous annonce sur Sud Radio que, par son exhortation Amoris Laetitia, « le Pape François reconnaît d’une certaine façon l’existence des unions homosexuelles, parce que ce n’est pas un mariage ». Comme elle est rusée, elle sait encore s’arrêter à la limite morale que le Magistère lui donne, même si on comprend bien qu’elle louvoie avec la frontière de la justification des « couples » homos, et tente d’entraîner toute l’Église – qu’elle s’imagine représenter – dans son élan de bénédiction des unions homosexuelles et de transgression de la différence des sexes/de l’Église. Il y a beaucoup de choses qu’on peut reprocher à Frigide Barjot, mais pas son intuition pour flairer avant tout le monde ce qui va occuper le devant de la scène. Et là, comme par hasard, elle est en train de tourner depuis un moment autour du pot de l’homosexualité (concrètement, elle n’y connaît pas plus que les autres sur le sujet… mais bon, au moins, elle le fait croire et les gens gobent), de se servir de l’imprécision de l’exhortation papale pour d’une part faire dire au Saint Père une « ouverture » qu’elle est la seule à souhaiter (= l’Union Civile et la « reconnaissance » de « l’amour homosexuel »), d’autre part doubler tout le monde (par la droite) pour s’offrir une nouvelle tribune médiatique. La chroniqueuse se base notamment sur le fait que l’impossibilité de comparaison entre les couples mariés et les « couples » homos, édictée par le Pape François dans Amoris Laetitia, ne signifierait en rien qu’il déclarerait l’invalidité des unions homos, bien au contraire : « comparaison ne serait pas contradiction ni opposition ni condamnation ! »… Voilà qui est bien jouer sur les mots… pour leur faire dire n’importe quoi. Frigide Barjot tronque le Pape dans le texte. Mais elle n’est pas la seule. Si les catholiques modernistes et/ou traditionnalistes se le permettent, ce n’est pas que de leur faute : c’est qu’on les laisse faire et parfois même on les y encourage. C’est bien ça le drame de la lâcheté des disciples juste avant la Passion de leur Maître.
108 – Pourquoi est-il urgent que la Curie s’occupe de l’homosexualité et ne fuie pas le sujet ?
Parce que l’hétérosexualité est le pilier idéologique principal de la persécution actuelle et future contre l’Église. Même s’il est déjà humainement trop tard pour éviter certaines catastrophes et tueries, et pour expliquer aux gens des concepts complexes comme l’hétérosexualité et l’homosexualité, il n’est jamais trop tard pour le dire. Il n’est jamais trop tard dans le temps de Dieu, de toute façon. L’heure approche où on va nous soutenir, preuves audiovisuelles à l’appui, que ce sont le célibat des prêtres et leur homosexualité refoulée qui créent la pédophilie et les viols. Que c’est Dieu le danger et l’alibi pervers du « violeur en soutane » homosexuel/pédophile. Que là où se trouve l’opposition à l’homosexualité et au « mariage gay » résident la pire intolérance, la pire méchanceté, la pire superstition, la pire hypocrisie cléricale et ecclésiale, la pire hérésie contre l’Humanisme JE SUIS CHARLIE. Ce sont déjà des allégations qu’on entend clairement dans le film « Spotlight ». Nos accusateurs se basent bien évidemment sur un substrat de réel, mais le gros de leurs accusations n’est que fantasme. Ils se désintéressent même des alibis oraux de leur promotion de l’homosexualité : actes pédophiles, meurtres, viols, les victimes réelles de ces derniers, ils s’en foutent. Ils ne dénoncent même pas ce qu’ils dénoncent. Tout ce qui compte pour eux, c’est que l’homosexualité soit célébrée autant que banalisée, et que l’Église catholique soit neutralisée. Point barre. Cette logique bête et méchante est particulièrement visible à travers l’Affaire Barbarin (dont je vais parler plus en détails avec les questions 131 à 133) : dans cette sombre histoire lyonnaise, il ne fait pas l’ombre d’un doute que les talibans du progressisme font porter à Philippe Barbarin son opposition publique au « mariage gay » plus que des faits avérés de déni de pédophilie de sa part. Et malheureusement, ces attaques, aussi infondées soient-elles, ont failli arriver à leurs fins car le cardinal a bel et bien eu peur de parler d’homosexualité et d’hétérosexualité. Donc les mass médias et les militants LGBT utilisent cette brèche d’homophobie existante chez lui, malgré toutes les excuses qu’on lui trouve et les théories du complot dont on peut en faire le bouc-émissaire sacré, pour lui couper la tête.
109 – Les évêques ont-ils « merdé » par rapport au « mariage gay » ?
Oui et Non.
Non parce que tout concourt au Bien, même la faiblesse du mal : « Dieu permet le mal, c’est parce qu’Il est assez puissant pour tirer le bien du mal lui-même. » écrit saint Augustin. C’est donc dans le plan de Dieu que toutes les trahisons épiscopales concernant l’homosexualité se déroulent. Les évêques de France, même s’ils « merdent » objectivement, ne « merdent pas » surnaturellement et éternellement parlant !
Non, parce que dans nos actions, si justes soient-elles, on peut observer deux mouvements paradoxaux, que moi-même j’ai connus pendant la bataille contre la Loi Taubira : je me suis opposé au « mariage gay », je pense bien et publiquement ; mais ma voix n’a pas porté, du fait de ma foi (les athées ne l’ont pas supportée) et du fait de mon homosexualité (la plupart des catholiques ne l’ont pas supportée ; mes frères homosexuels non plus). Donc les apparences jouent contre moi : j’ai bien agi concrètement et divinement… mais humainement, tout laisse croire que j’ai « merdé » et que je n’ai pas agi. Il arrive exactement la même chose aux évêques, je crois : certains ont réagi et agi pour s’opposer au « mariage pour tous » et à l’homosexualité… mais leur action a été annulée/décriée à la fois par les athées (qui leur ont dit qu’ils n’avaient pas à se mêler des affaires sociales et politiques), par les fidèles catholiques (qui voulaient se prendre pour eux, ou qui ont suivi l’esprit schizophrénique du monde, qui dissocie l’espace spirituel de l’espace social), mais aussi par leurs collègues évêques et leur hiérarchie. J’ai vu par exemple des évêques tenter de courageuses percées médiatiques et politiques (Mgr Barbarin, Mgr Rey, Mgr Aillet, Mgr Brouwet, etc.). Mais celles-ci ont fait des « bides » parce qu’elles étaient parfois maladroites, non portées par des personnes homosexuelles, et surtout parce qu’elles ont été avortées aussi bien par l’extérieur que par l’intérieur de l’Église. Il faut donc rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Certains évêques ont bien joué leur rôle, et ceux qui leur disent qu’ils ont échoué sont souvent les mêmes qui les ont empêché de le jouer.
Néanmoins, si on veut être honnête, force est constater que la très grande majorité des évêques et des cardinaux a manqué de courage pendant les « débats » sur le « mariage pour tous » en France, a craint pour sa réputation, ses biens immobiliers, sa carrière, ne s’est pas prononcée sur l’homosexualité et n’a pas relayé le message ecclésial sur l’homosexualité, a attendu que l’orage passe. Oui. Il faut le reconnaître. Ils ont quasiment tous « merdé ». Tout comme les disciples de Jésus avaient « merdé » avant et après la Résurrection de leur Maître. Quasiment tous se sont lâchement servis de la fracture grandissante entre l’Église et l’État (fossé creusé par la franc-maçonnerie laïciste des Lumières), ou de la séparation artificielle entre le mariage civil et le mariage religieux, ou de la distinction entre le Clergé et les laïcs, ou de l’hypocrite différenciation entre Union Civile et « mariage pour tous », ou de la diabolique confusion entre hétérosexualité et différence des sexes, ou de la très discutable dissociation entre l’Église occidentale et l’Église orientale, pour faire l’autruche et justifier leur censure à propos de l’homosexualité. Par exemple, beaucoup d’évêques africains rejettent le « mariage gay » mais aussi le traitement et la considération de l’homosexualité, au nom du relativisme culturel et de la « perversion occidentale ». Beaucoup d’évêques (Mgr Aupetit, Mgr Di Falco, etc.) soutiennent le soi-disant « moindre mal » que serait l’Union Civile pour éviter le mal qu’est le « mariage pour tous », sans comprendre que ces deux lois sont équivalentes. Je connais même des évêques – Mgr Dagens – qui ont découragé leurs prêtres et leurs religieux à s’opposer au « mariage gay », et interdit d’aller manifester. Et sans doute qu’il y en a carrément qui sont pro-mariage-gay dans le secret (Mgr McElroy, Mgr Vincent Long, etc.) ! S’il y a bien une désagréable réalité d’Église que révèle l’homosexualité et qu’a révélée le phénomène mondial du « mariage gay », c’est l’inertie de l’Épiscopat français (mais aussi mondial). C’est bien triste. Et c’est général.
110 – Doit-on se réjouir de cette lâcheté ?
Oui. Car si les évêques et les cardinaux en viennent à se désintéresser du « mariage gay », à jeter l’éponge et à négliger l’homosexualité/l’hétérosexualité – donc la différence des sexes, le célibat continent, la Présence Eucharistique, qui sont l’essence même de l’Église terrestre -, cela signifie que pour l’Église Universelle, la phase de corruption, de divisions internes, de Mer Rouge qui s’ouvre, de séparation du bon Grain et de l’ivraie, de Passion christique, de persécutions, de souffrances, de pertes des biens matériels et des honneurs terrestres, de dépouillement, d’épuration par le Sang sacré du Christ, est imminente. L’égarement des évêques, des cardinaux, et même l’aveuglement temporaire du Pape François (qui à mon avis est le dernier Pape), me réjouissent puisque même leur lâcheté va contribuer au Salut de l’Église, annonce la proximité de l’assainissement de l’Église toute entière. On n’est pas encore tombés au plus bas, mais on s’en approche. Si les gens d’Église sont capables de lâcher sur la différence des sexes (sous couvert de défendre le mariage et la famille, en plus ! sous couvert de « ne rien lâcher », c’est ça le comble !), cela signifie que l’heure de l’Avènement de Jésus et de la Parousie arrive à grands pas. Enfin, l’Église va devenir ce à quoi sa vocation première l’a toujours appelée : pauvre. La pauvreté de l’Église, qui durera mille ans (c’est-à-dire l’éternité, en langage symbolique) a été annoncée par sainte Bernadette Soubirous, de Lourdes. Vivement que ce temps vienne !
111 – Sur quelles personnalités ecclésiales et médiatiques pouvons-nous compter ?
Sur la question de morale sexuelle, on pourrait croire que ce sont les évêques dont le nom se termine par le son [ε] (exemples : Castet, Aillet, Rey, Brouwet, Germay…) qui ont des couilles et sur qui on peut compter ! Je plaisante. En réalité, je n’ai pas de liste prédéfinie et ce serait absurde de la vouloir dresser. Tout être humain peut passer de lâche à fiable, ou de fiable à lâche. Moi y compris. Et surtout les personnes ecclésiales ! En plus, dans ce combat contre l’hétérosexualité et l’homosexualité, nous avons sans doute des alliés cachés, des priants masqués qui nous portent dans le silence d’un monastère ou au cœur de l’agitation de leur ministère de prêtre, de religieux, d’évêque, de cardinal, de Pape. Encore tout récemment, j’ai découvert un soutien épiscopal que je ne soupçonnais pas : Mgr Ginoux, évêque de Montauban, qui m’a invité lui-même pour une conférence sur la Miséricorde. Donc en matière de foi, il ne faut jurer de rien. Seulement ne point douter que Jésus et Marie seront toujours là !
L’homosexualité est un sujet tellement risqué et impopulaire que, sans avoir la science infuse, j’ai une relative bonne idée des évêques sur lesquels, à mon avis, vous pouvez compter les yeux fermés ! Indéniablement, j’ai bien été soutenu « en off » par quelques-uns (Mgr Sherrer, Mgr de Moulins-Beaufort, Mgr Rey, Mgr de Dinechin, Mgr Batut, Mgr Legrez, Mgr Le Gal, Mgr Chauvet, Mgr Macaire, Mgr Morerod, etc.). Et je les en remercie. Mais la plupart du temps, c’est timidement, accidentellement, secrètement. Certains sont allés acheter eux-mêmes mes livres en librairie. D’autres étaient présents lors de mes conférences, ou m’ont aidé à en faire (ils ont mis leur tampon, quoi…). Mais ils ont veillé à rester discrets, et en dehors de tout battage médiatique et de tout risque de récupération (Avec le grappin de Frigide Barjot qui les menaçait, en plus, ils avaient de quoi avoir peur, ceci dit…). Ils m’ont béni de loin. Ils ont quelquefois pompé ce que j’écrivais, sans m’encourager pour autant.
Seulement un évêque en France (c’est effrayant pour l’Église, rien que d’y penser…) m’a assumé publiquement, a risqué d’apparaître officiellement sur une affiche avec moi, a risqué sa personne et sa réputation pour défendre le message de l’Église sur l’homosexualité : c’est l’évêque de Lourdes-Tarbes, Mgr Brouwet. Un grand monsieur discret, humble, grand priant, à l’écoute, qui ne paye pas de mine mais qui est un grand intuitif et qui œuvre le plus – à l’instar de Mgr Rey – pour la « Nouvelle Évangélisation ». Plus j’apprends à connaître tous les mouvements d’Église et les communautés, notamment les plus courageux et les plus risqués, comme Mère de Miséricorde ou le Cenacolo, plus je découvre que le discret berger qui les a impulsés et guidés, c’est Mgr Brouwet.
En Espagne, idem : il n’y a qu’un seul évêque qui n’a pas peur de l’homosexualité, de l’homophobie, ni de mon témoignage : c’est Mgr Omella-Omella, l’archevêque de Barcelone, en Catalogne (et ancien évêque de la Rioja). Il n’a pas hésité à préfacer mon livre La Homosexualidad en Verdad qui sort en ce moment en Espagne et en Amérique Latine.
Quant à l’Italie, le frère Marie-Olivier (frère français de saint Jean, à Bologne) ainsi que le père Giovanni Ferrara (à Padoue) sont les seuls qui se sont jetés à l’eau avec moi dans les médias. Ils ne sont pas (encore) évêques, mais ils en ont la carrure, en tout cas !
Donc vous voyez, tout cela compose une toute petite moyenne, au regard de l’Épiscopat dans son entier ! C’est à la fois magnifique – car la lueur des petites bougies ressort encore plus dans l’obscurité – et très inquiétant pour le futur proche de l’Église terrestre…
Au niveau cette fois strictement politico-religieux, je n’ai trouvé soutien, réconfort et Vérité que chez Xavier Lemoine.
112 – Comment expliquez-vous que le film « Spotlight » ait été plébiscité par le monde médiatique catholique alors que c’est un film clairement anticlérical ?
Il y a plusieurs raisons, à mon sens. La première, c’est que les journalistes catholiques sont morts de trouille : comme ils se sentent menacés (et il y a de quoi en ce moment), ils pensent qu’il vaut mieux adopter un discours laudatif et faire profil bas sur les vrais problèmes (quitte à les caricaturer et à faire semblant de les regarder en face en répétant des évidences : « La pédophilie, c’est maaaaal. Nous sommes du côté des victimes ») plutôt que de les affronter. En plus, personne ne les suspectera d’hurler/de s’extasier avec les loups. Plus suspect en revanche est le critique qui prendra le risque de la nuance, le risque de remettre en cause les bonnes intentions d’un film, le risque de la Vérité.
Deuxième raison de la torpeur médiatique des médias chrétiens concernant « Spotlight » : l’esprit d’égarement et d’ignorance, envoyé au monde pour les fins dernières par le Seigneur, et que j’appelle le boboïsme. Cet esprit a gagné l’ensemble des journalistes « catholiques », quasiment tous ralliés au « mariage gay » ou au moins à l’Union Civile et à l’« amour homo ». Il y a chez eux un fond (voire un puits) d’anticléricalisme, un secret désir de marginalité et de désobéissance vis-à-vis de l’Église-catholique-Institution. Quand je parle de limite et de paresse intellectuelles, je n’exagère pas. Nos journalistes actuels ne savent plus analyser un film ou une pièce de théâtre : on a pu le constater encore récemment avec le film « Risen » ou bien avec la pièce Les Vœux du Cœur. Ils ne savent plus dire ce qu’ils voient et lui donner du sens. Ils en restent à leurs petits goûts (« J’ai aimé/pas aimé »), leurs petites sensations (« J’ai pleuré/J’ai ri »), au qu’en dira-t-on, aux intentions prêtées à l’œuvre, au thème de l’œuvre, à son apparence extérieure, à la surface. Ils parlent de tout sauf du film en lui-même ni du sens de ce qui est montré : l’inverse de la démarche jésuite qui se pose quant à elle la question basique du « De quoi on parle ? Et comment ? Et au service de quelle morale ? ».
Troisième raison : Les médias catholiques et les porte-parole du catholicisme médiatique (en particulier les prêtres trentenaires) se sont tus par rapport à l’anticléricalisme de « Spotlight » pour faire cool et à la page (ça fait toujours bien d’applaudir l’Oscar du meilleur film à Hollywood et plus généralement ce qui fait la Une des journaux), pour gagner de l’argent et du pouvoir, pour atteindre un poste ou garder leur place dans les hautes sphères des mass medias réputées inaccessibles aux catholiques. Ils s’abaissent à la mondanité voire même certains sont prêts à être violents. Je me rappelle par exemple du passage très remarqué de l’abbé Pierre-Hervé Grosjean sur Canal +, qui a été salué par l’ensemble des catholiques, alors que ce dernier s’est évertué à battre sa coulpe de « catholique honteux de l’être » (… sur la poitrine de ses collègues prêtres pédophiles) et à tenir un message pas du tout évangélique : Jésus n’est jamais venu en priorité pour les victimes. Il est surtout venu pour leurs persécuteurs.
Quatrième raison (sans doute la plus inquiétante) : les médias catholiques n’ont pas critiqué « Spotlight » parce que l’Église n’a plus en ce moment d’appareil critique et est de moins en moins aimée par ses « fidèles ». En effet, le véritable drame que dévoile à son insu ce film idéologiquement oscarisé, ce n’est pas le déni ecclésial des viols pédophiles : c’est que l’Église catholique n’a quasiment plus d’appareil critique ni de garde-fous sacerdotaux, intellectuels et journalistiques pour La défendre. Les catholiques n’ont plus besoin qu’on les attaque : pour devancer les coups, beaucoup sont prêts à s’autoflageller eux-mêmes, et surtout s’unissent à la foule athée pour cracher sur leurs frères catholiques pécheurs. Zéro Miséricorde. C’est un terrible contre-témoignage.
Enfin, cinquième raison du silence radio des médias chrétiens par rapport à la pédophilie et au film « Spotlight » : ils cautionnent secrètement l’« amour homosexuel », couvrent les divorces et la pratique homosexuelle, croient de moins en moins en la Présence Réelle de Jésus-Eucharistie et au célibat continent, et n’aiment pas vraiment l’Église-Institution.
Bref. L’Affaire « Spotlight » a dévoilé à son insu l’avancée spectaculaire de la Grande Apostasie à l’intérieur de l’Église.
113 – L’Église est-elle proche du milieu LGBT (Lesbien Gay Bi Trans) ?
Bien sûr. Beaucoup de prêtres, de cardinaux, de fidèles catholiques, de journalistes, défendent la pratique amoureuse de leurs amis homos. Et une minorité d’entre eux est dans une pratique soit homosexuelle, soit pédophile, soit les deux ! Leur tiédeur ou leur défiance, voire leur haine à mon encontre, en témoignent. Et les quelques prélats qui ne sont pas complaisants vis-à-vis de l’homosexualité, rejoignent bien plus qu’ils ne le croient le milieu LGBT en le tenant à distance : la rupture ou le rejet viscéral sont des mécanismes de fusion et de mimétisme à l’objet rejeté qui s’ignorent.
La proximité ecclésiale avec le « milieu pro-gay » est d’autant plus dangereuse pour l’Église qu’elle est ignorée ET des cathos ET des mass medias, même si les mass medias l’attendent comme le Messie pour couler définitivement l’Église, alors que l’ensemble des catholiques préfère encore rester dans le déni paranoïaque et victimisant plutôt que de prendre le taureau par les cornes (« Si on nous attaque, c’est que forcément c’est faux et c’est un complot contre nous ! Donc on va nier en bloc tout ce qui a trait au sujet ! »). Si les affaires d’accusation de pédophilie dans l’Église sont déjà impressionnantes, elles ne sont rien à côté des affaires d’homosexualité qui arrivent au grand galop et qui s’habillent de pédophilie afin de mieux neutraliser toute résistance cléricale. Pour la bonne et simple raison que les deux thématiques sont parfois entremêlées dans les faits, et surtout que les prêtres homosexuels pratiquant leur homosexualité ou l’ayant pratiquée sont bien plus nombreux que ceux qui ont pratiqué la pédophilie. L’aversion envers la pédophilie est unanime, y compris chez ceux qui la commettent ; alors que socialement, l’homosexualité, impliquant deux adultes « consentants », passe moins pour une violation… donc est beaucoup plus facilement tolérée : un plus grand nombre de prêtres catholiques s’y autorise.
L’autre raison pour laquelle la proximité entre homosexualité et milieu LGBT ne risque pas d’être identifiée par les cathos et par la plupart de leurs religieux, c’est qu’il est extrêmement facile d’exercer un chantage sur un prêtre ayant pratiqué l’homosexualité : les amants, même occasionnels, et dont le nombre peut être grossi, connaissent leur pouvoir de briser une carrière et une réputation ; et les journalistes prêts à offrir leur micro aux dénonciateurs, aussi ! De l’homosexualité on n’en parle pas (même au Vatican), on ne sait pas trop argumenter pourquoi on est contre (même quand on ne la pratique pas et qu’on ne la ressent pas). Donc c’est une aubaine pour les accusateurs ! Dans ce silence ecclésial sur les affaires de mœurs homosexuelles impliquant le Clergé, la chronologie et le statut religieux comptent énormément. En effet, si de l’homosexualité on n’en a pas traitée avant le sacerdoce (d’autant plus quand le prêtre se trouve être de tendance homosexuelle et qu’il y a eu quelques passages à l’acte de sa part !), ça devient extrêmement délicat, compromettant, risqué, scandaleux, d’en traiter après. Et si en plus l’homosexualité a été abordée publiquement par le prêtre qui est ensuite poursuivi pour des actes concrets qui contredisent les propos tenus, là le succès du chantage au silence est scellé pour de bon. Je reconnais en tant que laïc consacré que le fait de prendre la parole sur l’homosexualité avant le sacerdoce, ou bien après avoir commis des actes homosexuels et s’être ensuite tenu concrètement à y renoncer, est un luxe autant qu’une garantie d’être inattaquable. Par exemple, dans mon cas, mes amants sont derrière moi et le sacerdoce devant moi, donc je n’ai plus rien à craindre. Dans le cas contraire où les amants homos se trouvent devant et le sacerdoce derrière, le chantage amical, la fonction ecclésiastique, et encore plus la pratique homosexuelle clandestine, sont quasiment sûrs d’agir comme des verrous redoutables : l’homosexualité et le « milieu homosexuel » n’ont plus qu’à ronger lentement et sûrement leur victime ecclésiale enferrée en partie par elle-même, sans être trop inquiétés. C’est ce qui se passe à l’heure actuelle.
114 – Ne croyez-vous pas, face aux attaques infligées en ce moment à l’Église, qu’on est plutôt face à une idéologie beaucoup plus vaste visant à détruire toutes les limites (pourquoi faire une fixette sur l’homosexualité ?) ?
Ça ne veut rien dire, votre question. Ce qui m’importe, c’est le nom de cette idéologie et la manière dont elle fonctionne. Et cette idéologie, que vous diabolisez en vous crispant/hystérisant/victimisant sur des mots-slogans menaçants (« lobby LGBT », « Gender », « totalitarisme idéologique », « PMA », « GPA », « abrogation », « transhumanisme », etc.), et que vous couvrez derrière des concepts crypto-cathos gélatineux rassurants (« l’Humain », « la Vie », « la Famille », « l’Enfant », « la Miséricorde », « les valeurs », « l’Espérance », « l’écologie intégrale », « les limites », etc.), n’est en réalité que l’hétérosexualité : cette différence des sexes forcée, bisexualisée et niée.
115 – Pourquoi beaucoup de prêtres sont gays friendly ?
Ils deviennent gays friendly par peur (de passer pour homophobes et d’être impopulaires auprès de leurs paroissiens et aux yeux du monde), par ignorance et paresse intellectuelle (ils pensent par exemple que l’homosexualité est un sujet secondaire par rapport aux autres problèmes sociaux), par incrédulité (il y a des prêtres qui ne veulent pas croire au mal ni à son existence ni en la Présence Réelle de Jésus dans l’Eucharistie), et plus dramatiquement par pratique homosexuelle ou soutien de celle-ci à travers une confusion récurrente entre sexualité et génitalité, ou bien entre différence des sexes et génitalité. En clair, ils croient en « l’amour homo » parce que soit ils le pratiquent en cachette ou soutiennent des amis homos en « couple », soit ils sont (dans leur corps ou dans leur cœur) adultères avec une femme/des femmes et avec l’esprit du monde. Car en général, ceux qui méprisent le mariage traditionnel et le sacerdoce deviennent gays friendly pour maquiller/justifier leur rébellion.
Et dans ces cas-là, ces prêtres gays friendly désobéissants, tantôt trop tradis et rigides pour être honnêtes, tantôt trop laxistes ou dans l’entre-deux pour être vrais, se rachètent à travers l’homosexualité une sainteté (charité) à peu de frais, une coolitude bobo, une originalité-marginalité par rapport à l’Église-Institution. Il leur arrive de rivaliser de mauvaise foi, par exemple en défendant l’Union Civile tout en condamnant la GPA (alors que ces lois sont Une), en distinguant excessivement « actes homos » (qu’ils condamnent parce que leur Église le leur demande et qu’ils sont bien obligés de s’y plier « par obéissance »… et surtout pour leur réputation sacerdotale) et « couples homos » (qui seraient beaucoup moins graves, voire acceptables), en organisant des bénédictions privées des quelques « couples » homos de leur paroisse (ils font ce genre de syllogismes à deux balles : « Puisque Dieu bénit tout amour humain, et que moi j’ai le devoir en tant que prêtre d’être le signe concret de cet Amour, je serai le Christ des périphéries, quitte à sortir un peu des clous. Saints écarts du disciple authentique… » ; « Dieu est incarné. Je dois respecter toutes Ses incarnations, même celles qui heurtent ma conscience de prêtre dépassé par la modernité ou bien la bonne conscience de mon Église homophobe. Il n’est pas bon que l’Homme soit seul. »).
En lisant ces lignes, beaucoup de prêtres actuels ne se sentiront pas visés par mes propos, car cela les arrange de mettre le laxisme sacerdotal sur le dos des prêtres soixante-huitards ou gauchistes ou ouvriers qui parfois se sont prononcés ouvertement en faveur de l’homosexualité (je pense à l’Abbé Pierre, au père Guy Gilbert, etc.). Mais combien de prêtres d’aujourd’hui, qui sans être gauchistes ni prêtres ouvriers sont modérés ou tradis ou bobos ou anars d’extrême droite, désavouent tout autant le message entier et exigeant de l’Église sur l’homosexualité et ne le relaient pas ! Je pense par exemple à certains frères dominicains et autre prêtres diocésains qui racontent n’importe quoi sur l’homosexualité (le père Laurent Lemoine, le père Joël Pralong, le père Frédéric Pelletier, Mgr Jean-François Lantheaume) pour mieux simuler qu’ils la justifient, ou bien à des évêques qui défendent le PaCS et l’hétérosexualité, ou encore à Famille Chrétienne qui cautionne l’Union Civile et La Manif Pour Tous. Il n’y a qu’à voir comment ces prêtres soi-disant stricts, érudits et pondérés me traitent, alors même qu’ils n’ont rien à me reprocher, ni sur le fond ni sur la forme, et comment ils utilisent en égoïstes mon témoignage.
Ce désamour ambigu (car il est mâtiné d’admiration et de jalousie), je le vis régulièrement. Par exemple, quand je suis de passage dans les églises de la capitale comme de la province, je découvre très souvent à mon insu qu’une grande majorité de prêtres et d’évêques actuels réagissent à mon nom, reconnaissent mon visage même de loin et voient parfaitement qui je suis (alors que de mon côté, je ne les connaissais ni d’Ève ni d’Adam). Ils m’identifient presque tous… alors que leurs paroissiens, très rarement. Ils sont la plupart du temps obligés de me présenter à leurs fidèles, quand ils ne peuvent pas faire autrement (et parce qu’ils ne l’ont pas fait avant ni depuis 4 ans qu’ils me lisent) ! Tout simplement parce qu’ils ne m’ont jamais fait connaître et qu’ils ont honte de moi. Ils ont gardé pour eux mon existence et mes écrits. Comme un père volage ou un curé défroqué a honte de son fils « illégitime », planque son « petit bâtard » en public, ou bien est tellement fier/jaloux de lui qu’il le conserve sous son manteau pour l’étouffer. Concernant les commandements de l’Église sur l’homosexualité, ils obéissent par devoir et à contre cœur mais pas avec leur cœur entier, justement. Souffrance pour mon Église. Car si moi, pauvre pécheur, je suis rejeté, combien plus le sont mes frères homosexuels et l’est le Christ !
116 – Que penser des écrits du père Tony Anatrella ?
Concernant strictement sa production orale et littéraire, je la suis depuis les années 2000. J’ai lu plusieurs de ses écrits sur l’homosexualité. J’ai trouvé le Règne de Narcisse particulièrement juste d’un point de vue technique, même si ses constats sont cliniques et froids (le père Anatrella ne parle jamais des personnes homosexuelles, et son empathie à notre égard est quasi nulle), tendent à mépriser l’homosexualité, à la montrer à la fois comme un non-sujet et une perversion narcissique. Il n’y a pas d’amour ni de porte de sortie proposée aux personnes. C’est du diagnostique « pur ». Et à mon avis, cette froideur vient exclusivement du fait qu’il confonde la différence des sexes avec l’hétérosexualité (Étonnant mais vrai : Anatrella ne parle pas mieux de l’amour entre l’homme et la femme !). De plus, ses propos non seulement ont tendance à tourner en rond (la théorie oedipienne et narcissique, comme son nom l’indique, ça fonctionne en vase clos ou façon tourbillon…) et sont trop distancés (pour l’homosexualité de l’intérieur, la culture homosexuelle, la prise en compte des intentions et de la fantasmagorie homosexuelles, l’intérêt pour le milieu homosexuel, il faudra repasser…), mais en plus, ils sont depuis les années 1970 l’archétype du discours anti-Gender terroriste et simpliste qui alimente l’indignation et la démobilisation des catholiques soucieux d’avoir un argumentaire tout-cuit d’opposition à l’homosexualité. Le père Anatrella n’invite pas à montrer l’homosexualité sous un beau jour, et encore moins dans une perspective de sainteté et de joie. Tout en s’en faisant spécialiste, il tend à enterrer l’homosexualité comme un « non-sujet » et comme un danger – un ruisseau narcissique justement – duquel il vaudrait mieux s’éloigner. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne sourit pas beaucoup en l’entendant/en le lisant. Et ça, ce n’est pas l’effet habituel que laissent les prises de parole du Christ.
D’un point de vue strictement personnel maintenant, je ne peux pas en dire grand-chose vu que nous n’avons jamais cherché à entrer en contact et que nous n’avons jamais eu l’opportunité de nous retrouver programmés à la même table ronde. J’ai failli le rencontrer à une conférence à l’église saint Nicolas des Champs (Paris), mais j’ai eu un empêchement de dernière minute. On m’a dit qu’il était resté le nez sur sa feuille, dans une neutralité qui lui est coutumière, et qu’il était très peu ouvert à la discussion ou à l’interruption. Par ailleurs, j’ai rencontré des gars qui ont été suivis en thérapie individuelle par lui, ainsi que des prêtres qui étaient ses camarades au séminaire. Concernant l’avis de tempête judiciaire qui souffle sur lui en ce moment, avant d’hurler à la calomnie ou au complot Golias ou au mensonge, avant de regarder par qui est colportée telle ou telle info, je m’intéresse aux faits. Quand je ne sais pas, je me tais et ne défends personne. Je devine juste que, lorsque quelqu’un confond différence des sexes et hétérosexualité, ou qu’il ne me contacte pas sur le sujet homosexualité-Église (alors qu’il me connaît très bien), ça pue dans un coin de la baraque… Et surtout, cette affaire ne fait qu’illustrer ce que je prédis depuis un moment : que l’homosexualité s’inviterait très vite au bal médiatique anticlérical, au concert des tribulations christianophobes, et que la pédophilie n’était que leur gentil apéritif… (cf. la question n°131).
117 – Il semblerait que les seuls qui adoptent un discours clair et sans concession sur l’homosexualité, ce soient le Cardinal Sarah ou Mgr Léonard, non ?
Je ne crois pas. L’un comme l’autre ont décrété que, comme l’hétérosexualité et l’homosexualité étaient des mots piégés de la novlangue libertaire, ils étaient des sujets occidentaux et modernistes à éviter. Même la sexologue Thérèse Hargot, qui a compris qu’il y avait un problème et une idéologie derrière le terme « hétérosexualité », se sert de sa juste intuition pour ensuite ne pas expliquer comment fonctionne l’hétérosexualité et pour en faire un « non-sujet ». Idem à propos de l’homosexualité. C’est tellement dommage. Si on ne nomme pas le mal, comment pourrons-nous en déjouer les mécanismes et les effets ?
118 – Les prêtres comprennent-ils l’homosexualité ?
Intellectuellement, ils la comprennent certainement un peu mieux que les autres. C’est au niveau du cœur, de la compréhension de son universalité et de son importance dans le combat spirituel final, que la plupart loupent le coche.
En général, ils connaissent l’homosexualité scolairement (c’est-à-dire la nomenclature sociologique) mais l’identifient à un épiphénomène social agaçant et sans grand intérêt, ou au contraire à un phénomène médiatique diffus, cauchemardesque, dangereux et excessivement surévalué à échelle sociale en comparaison avec d’autres problèmes plus urgents qu’elle. Pour ces clercs soi-disant « modérés », qui composent au fond le gros des troupes cléricales (quoi qu’on en dise, plus rares sont en revanche les prêtres gays friendly favorables à ce que l’Église change de position sur l’homosexualité), l’homosexualité est un faux « gros problème », une impasse discursive dans laquelle il serait vain de s’aventurer, une des nombreuses légendes urbaines entérinées par la novlangue et le modernisme, mais qui nous éloignerait de l’essentiel : la lutte contre le mal, la défense de la sexualité et de l’Homme, la Théologie du Corps de Jean-Paul II, la Révélation, la victoire du Christ, Sa Résurrection, etc. Leur spiritualisation et théorisation des faits sociaux dénotent de leur profonde absence de vision, de recul, sur cette Incarnation dont ils font tant cas. Ils dévaluent l’homosexualité (le mot ainsi que l’idée). Ils n’ont pas encore réalisé sa place sur l’échiquier socio-politico-médiatique, sa place dans l’affectivité et le système de croyances de Monsieur Tout-le-Monde. « Il n’y a pas que l’homosexualité dans la vie ! » grommellent-ils. Dans l’ordre de leurs priorités, elle est la cadette. Ils en minorent et en méprisent la primauté contextuelle et émotionnelle sous prétexte que l’homosexualité n’est pas première dans l’ordre de la Vérité temporelle et éternelle, de la morale. Ils croient même qu’elle est un non-sujet et qu’en faire un objet de premier plan va créer des polémiques impossibles à gérer. « L’homosexualité, on lui donne trop d’importance. L’Église n’a même pas à en dire quoi que ce soit ! » En réalité, ils vivent dans leur bulle (… papale !)
La grosse erreur que la grande majorité des prêtres actuels commettent, c’est de ne pas prendre conscience que pour les puissants de ce monde, en quelques décennies, non seulement l’homosexualité n’est pas la cadette mais la fille aînée vitrine sur qui ils sont prêts à miser très gros. C’est Salomé Nouvelle Génération. Sur le podium des présidentielles des États-Unis, par exemple, la « cause hétérosexuelle » occupe la première place (aux côtés des numéros 2 et 3, la Femme et le Noir). Il y a chez nos prêtres un énorme problème d’adaptabilité et d’incapacité à s’inculturer à notre époque, bref, un problème d’Incarnation. Derrière cette frilosité savamment camouflée pour l’intellectualisme ou la starification, j’identifie aussi une véritable peur, une démission de leur rôle pastoral de verbalisation du mal, de dénonciation du péché, d’avertissement contre Satan, de positionnement courageux en faveur de la Vérité. Ça veut dire qu’après avoir déclaré « On ne juge pas les personnes et on accueille les personnes homosexuelles », il n’y a pas chez eux le « Va et ne pèche plus » christique qui suit, ni l’annonce de la Bonne Nouvelle. Par peur de défendre leur célibat continent, et donc le Christ. Ce fut manifeste, par exemple, au Synode sur la Famille en 2015.
Le vrai problème est le refus de nommer le mal et de le considérer comme existant. Beaucoup de prêtres et de catholiques sont entraînés dans cette ultime ruse de Satan : l’éradication du mal par la non-verbalisation de celui-ci, par le positive, charitable et spiritual wording. À entendre nos clergymen, la sexualité est totalement innocentée, ou déconnectée du péché et de la damnation, ou serait à l’abri du mal simplement du fait qu’elle est associée dans le meilleur des cas à l’« Amour », à la « Vie », au « plaisir » et à « Dieu ». Alors qu’on sait pertinemment que parfois, selon la forme choisie pour sa pratique, la sexualité est le lieu et le refuge privilégié de Satan, du péché, et notamment du péché mortel ! Ils n’ont toujours pas compris que l’homosexualité était le terrain de jeu et l’alibi principal de toute dictature humaine, du transhumanisme et même du terrorisme.
L’exemple le plus parlant de lapalissade (affirmation ou réflexion niaise par laquelle on exprime une évidence ou une banalité ; ce que j’appelle les « vérités d’horoscope » c’est-à-dire ni fausses ni utiles) cléricale, même si cette fois-ci je m’appuierai sur un laïc catholique (très influent auprès des prêtres, cela dit), c’est le discours langue de bois de Tugdual Derville. Lorsque ce dernier a eu vent de l’homosexualité du tueur au camion de Nice, au lieu de nommer tout simplement le mal et de prononcer courageusement le mot fatidique « homosexuel », il a noyé le poisson sur Twitter dans une esbroufe bellamyenne, koztoujourienne, écologico-humaniste, veilleurs-bobos-no-limit, Doctrine Sociale de l’Église, psychologisante. Et toujours avec le jargon pudibond et philanthropique qui fait bien (« les racines », « la transmission », « la vulnérabilité », « l’altruisme », « la dignité et la sacralité de la personne », « les dangers du virtuel », « l’inculture », « la bienveillance », etc.), qui nomme sans nommer, qui fait que le catho bien élevé va la plébisciter sans trop savoir pourquoi. Lisez plutôt : « #MeurtrierdeNice : Déracinement, Abus des réseaux sociaux et d’Internet, Sexualité no-limit, Contradictions internes, Haine de soi et d’autrui. ». Quel guerrier ! La centralité de l’homosexualité est magiquement occultée par les modalités ou les conséquences annexes de l’homosexualité, par ses symptômes et traductions philosophiques/sociologiques, par une phraséologie crypto-catho qui n’affronte pas les problèmes : car bien sûr, la « sexualité no-limit » dont il est question (et qui s’appelle en fait l’hétérosexualité !), l’« abus des réseaux sociaux et d’internet et les contradictions internes » (qui s’appellent en fait l’homosexualité !) et la « haine de soi et d’autrui » (qui s’appelle en fait l’homophobie !) ne sont pas nommées. Il vaut mieux diluer tout ça dans la métaphore, dans le concept christiano-sociologique qui s’évanouit dans l’Humanisme intégral, fondement même du transhumanisme tant décrié par le fondateur d’Écologie Humaine !
Et quand il s’affaire ENFIN à nommer le mal, Tugdual Derville utilise des périphrases inquiétantes mais toujours aussi floues, telles que « idéologie », « totalitarisme », « pensée unique », « culture de mort », « transhumanisme », « système libertaire », etc., qui à nouveau sont des truismes pour ne pas nommer le mal ou les réalités qu’il recouvre ou ses traductions dans la tête et le cœur de nos contemporains : « Le transhumanisme nous entraîne dans un scénario totalitaire. » déclare un peu plus tard le conférencier agréé… On fait quoi ? On s’arrache les cheveux face à ceux qui se les coupent en quatre, ou bien ?
Comme vous pouvez le constater, il est malheureusement tout à fait possible et aisé d’énoncer des petites vérités, des petites évidences, pour cacher les grandes et même donner l’illusion qu’on traite des grandes. L’entourloupe est effrayante. Surtout par les temps qui courent, où l’urgence d’annoncer la Vérité est immense et où la révolte populaire gronde. Notre monde a soif de prophètes, de gens qui disent la Vérité, qui nomment le Bien comme le mal parce qu’ils obéissent au code moral et aux commandements d’Amour incarné que Jésus et leurs pasteurs leur ont transmis. Je reprendrais volontiers les mots de Mgr David Macaire adressés aux jeunes des Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie en juillet 2016 : « Aux urgences, on ne peut pas donner d’homéopathie ! » Il y a un contexte humain dans lequel on s’inscrit. On ne peut pas, par prudence évangélique et obéissance scolaire au magistère de l’Église catholique, par purisme de la bienveillance et de la stratégie unitaire, toujours rester dans le même registre discursif et argumentatif, surtout quand autour de nous, nos contemporains parlent une autre langue et qu’ils commencent à s’exciter de nous voir gloser sur des concepts philosophiques et humanistes éloignés de leur vocabulaire sur-érotisé et sur-virtualisé. Jésus n’est pas venu pour les gens qui pouvaient le comprendre : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » (Mt 15, 21-28)
À l’inverse, si aux urgences du Grand Hôpital (que sont l’Église et le monde) les médicaments homéopathiques n’ont pas vraiment leur place, les prêtres doivent aussi veiller à la Charité, et à ne pas injecter, sous prétexte d’action et d’urgence, des doses trop fortes de Vérité et d’actions. Car en ce moment, ces mêmes prêtres tradis « pondérés », pour faire contrepoids à leur propre léthargie et pour se démarquer de leurs collègues tradi mous (élevés à la « com’ Pierre-Hervé Grosjean ») ainsi que des curés progressistes relativistes gays friendly (espèce rare, je le disais), finissent par jouer les durs et par se radicaliser dans le sédévacantisme, la musulmansphobie, l’homophobie primaire. Quand dans leur discours sur l’homosexualité il y a le « Va et ne pèche plus », il est souvent mis avant le « Je t’aime »… les rares fois où ce dernier est énoncé. Ils sont tellement obsédés par l’idée de prouver que la Charité sans Vérité est un manque de Charité, qu’ils en finissent par énoncer (à tort) que la Charité serait soumission.
Il faut dire qu’en ce moment, nos prêtres, en particulier les plus à droite et les plus conservateurs, ne sont pas aidés par la fachosphère « catholique » actuelle à reconnaître la réelle influence de l’homosexualité dans les mentalités. Contrairement aux prêtres tradis modérés qui banalisent cette imprégnation sociale pro-gays par le relativisme ou la langue de bois, eux sont tentés de la banaliser par leur mépris agressif des militants LGBT qui verraient de l’homosexualité et de l’homophobie partout… même dans le discours d’un Mgr André Vingt-Trois (je parle au conditionnel, car il se trouve que l’homophobie y était bien présente : pas dans le sens d’« attaque à l’encontre des personnes homosexuelles », mais dans le sens premier du terme homophobie : « peur de nommer l’homosexualité et d’annoncer la Vérité sur celle-ci »).
Parce qu’ils n’assument pas de penser ce qu’ils pensent, parce qu’ils ne nomment pas le mal et pèchent par omission et par peur, ou qu’ils le nomment ailleurs que là où il est (a fortiori de manière excessive et non-aimante), nos prêtres, toutes sensibilités confondues, s’attirent de plus en plus les railleries, les pressions et les attaques. L’intelligentsia gay friendly n’est pas dupe de leurs stratégies de dénoncer les choses à moitié, de manière indirecte et pas assumée (ou au contraire trop assumée), comme ce fut le cas justement pour l’homélie de Mgr Vingt-Trois ou encore pour les sorties du Cardinal Barbarin contre le « mariage homo ». Ces esquives de contorsionnistes en col romain ne font qu’empirer leur cas à tous !
119 – Les prêtres catholiques sont-ils assez formés sur la question ?
La plupart croient qu’ils le sont tous. Ils sont super sûrs de leurs billes et pensent qu’ils n’ont besoin de personne pour être experts en sexualité. Ni des personnes homosexuelles, ni même (dans le cas de ceux qui sont en grand danger de damnation éternelle) du Christ ! Par exemple, il m’est arrivé d’être reçu dans des séminaires par des directeurs très bavards, qui étalent leur confiture de savoir homo-érotique sur leurs grandes tartines (pour ne pas avoir plus tard à se donner la peine de me reconvoquer pour une éventuelle conférence), qui croient savoir tout sur l’homosexualité parce qu’ils ont lu Julien Green et Marcel Proust ou qu’ils accompagnent deux-trois paroissiens homos (« Ouais, j’connais super bien l’Italie : j’aime beaucoup les pizzas et j’ai même des amis italiens ! »). En réalité, ces clercs carriéristes considèrent l’homosexualité comme un pis-aller, un cliché littéraire exotique ou un concept sociopolitique dérisoire et flou. Une lubie sociétale passagère ! Et quand ils me croisent accidentellement ou qu’un de leurs collègues insiste pour organiser notre rencontre, ils ne se rendent absolument pas compte qu’il n’ont pas juste affaire à un gars qui se dit « catho et homo » (un de plus !…), ni à la pauvre starlette catho du moment, certes portée aux nues par d’honnêtes paroissiennes de bonne volonté, mais qui passera du vedettariat à l’anonymat en moins de temps qu’il ne faut pour le dire : ils rencontrent surtout un théoricien de l’homosexualité malgré lui et un traducteur hors pair, foncièrement désintéressé par la médiatisation en elle-même !
Pour beaucoup de prêtres, l’homosexualité – en tant que réalité et en tant que débat discursif – n’est qu’une composante parmi d’autres de l’arsenal de ce qu’ils appellent caricaturalement « la dictature de la pensée unique », « la culture dominante de la déconstruction et de l’indifférenciation » (le « Gender » pour les plus geeks d’entre eux), « le modernisme et le progressisme mondialistes », « le boboïsme gauchiste déraciné ». Bref, elle ne serait qu’un concept secondaire perdu dans le grand concept du mal moderne.
La dimension sociale, politique et ecclésiale de l’homosexualité, ils s’en contrefichent. L’enjeu de sainteté de la continence, la menace que constitue l’idéologie du Genre pour l’Église, ils ne la mesurent pas. On leur a parfois offert un de mes livres (ils m’avouent en riant qu’ils ne l’ont même pas ouvert), fascicule qu’ils voient comme un gentil témoignage, et non comme l’analyse qu’il est, et qui dit plein de choses nouvelles sur l’homosexualité, l’hétérosexualité et l’homophobie… tous ces mots de la novlangue qui leur passent par-dessus la tête ! Ils ne perçoivent pas la dimension eschatologique de l’homosexualité, ni la menace qui va bientôt peser sur les prêtres et les catholiques à cause d’elle. Ils ne voient même pas se profiler derrière eux la grande chasse au « catho intégriste » qui s’organise sous couvert de la lutte mondiale contre l’homophobie et les terrorismes.
Ils semblent pour l’instant incapables de réaliser qu’ils se sont perdus eux-mêmes dans l’intellectualisme et la virtualité qu’ils reprochent à leur époque, et que tant qu’ils ne feront pas l’effort de retraduire l’idée de « pensée dominante » qui leur est si chère (parce qu’au fond, elle les domine invisiblement !) par les mots et les faits qui la remplacent dans l’esprit et l’affectivité des gens simples et athées d’aujourd’hui (« tolérance », « amour », et surtout « hétérosexualité », « homosexualité, « homophobie »), ils se draperont dans une couverture opaque qui les aveuglera sur les problèmes et dangers majeurs qui guettent l’Église (la négation du mariage, du célibat des prêtres, du sacerdoce, de la Présence Eucharistique, de l’Église, de Jésus). Ils seront aussi la cible d’attaques pour homophobie ou pour homosexualité latente, qui vont les mettre K.O. en deux temps trois mouvements, ou bien les mettre en porte-à-faux les uns avec les autres ! Le nombre de provocations anticléricales par rapport à l’homosexualité ne cesse de s’accumuler partout dans le monde. Par exemple, le 13 mai 2016, le cardinal espagnol Antonio Cañizares (archevêque de Valence) a été la cible des militants homosexuels parce qu’il a dénoncé le « mariage gay » comme une « législation contraire à la famille », qu’il a mis en garde contre les actions de « l’Empire gay » et a qualifié « l’idéologie du Genre » comme « la plus insidieuse de toute l’histoire de l’Humanité ». La réponse disproportionnée des associations LGBT ne s’est pas fait attendre : il est menacé d’un procès pour « homophobie » et « apologie de la haine ». Idem pour le Pape François, acculé à « signer en bas » de la Charte contre l’homophobie de sa propre Église (cf. ces deux articles 1 et 2 sur les JMJ). En France, l’affaire Barbarin, même si elle a l’air d’être réglée et de rentrer dans l’ordre, n’est pas terminée et nourrit dans la société un sentiment d’injustice, d’impunité des vrais coupables, qui va, à l’avenir, se retourner brutalement contre tous les prêtres. Tout ça parce que nos clercs parlent mal de l’homosexualité, les rares fois où ils se risquent à en parler.
En général, les curés n’ont pas les mots, n’ont pas le langage qu’il faut : ils sont soit trop tièdes et timorés, soit au contraire trop assurés, grandiloquents, théoriques, conceptuels, alarmistes, intellectualistes, manichéens, cassants. Déjà qu’en soi ils ne sont pas armés – du simple fait qu’ils sont prêtres et qu’ils ne sont pas des personnes homosexuelles publiques… Si en plus ils sortent par la petite porte dérobée de leur sacristie et n’affrontent pas les défis de la novlangue des nouvelles sexualités sur laquelle se cristallisent toutes les plus grandes souffrances et les plus grandes violences de notre temps, qu’est-ce que l’Église et les catholiques vont devenir ? Un troupeau sans berger ! De la chair à pâté !
120 – Le dernier Synode sur la Famille a-t-il rempli sa mission ?
Non. Il s’est montré scolaire, redondant en plus d’ambigu et brouillon. Quand on essaie de faire du neuf avec du vieux, on finit toujours par cacher la misère et par mentir à un moment donné sans s’en rendre compte. Concernant précisément l’homosexualité, celle-ci a été renvoyée à l’étude (« On va se pencher sur le dossier, promis ! On a posé les bases et ouvert des perspectives ! ») et à la pastorale (« On réfléchit à l’accompagnement qu’on va vous proposer, même si on n’a clairement pas d’idées tellement plus nouvelles que ce qui existe déjà avec Courage International… donc nous vous encourageons à poursuivre avec vos associations et nous suivrons de loin. »). Le paradoxe du discours synodal sur l’homosexualité, c’est que les prélats du Vatican se sont davantage souciés de leur accompagnement à notre égard que de nous, en tant que personnes ! D’ailleurs, nous n’avons pas même pas eu la parole (à part pour nous faire dire que nous existions et qu’en tant qu’« homos », « nous aimions notre Église et nous étions contre le mariage gay », dans des vidéos qui puent l’idéologie bobo catho de l’Humanisme intégral). Quelques cardinaux ont parlé à notre place. C’est bien tout. Aux rares conférences pré-synodales sur l’homosexualité, j’ai même été écarté par mes amis de Courage qui s’y sont rendus sans me tenir au courant, et surtout qui n’y ont absolument rien dit, rien apporté. L’hétérosexualité et la continence ont été mises à l’index, comme des « non-sujets ».
Le cardinal guinéen Robert Sarah, entre autres, a carrément flingué le débat sur l’homosexualité. Avec son discours humaniste soi-disant « sans concession » et « biblique », qui recrachait les poncifs intellectuels qui eussent été à la mode dans les années 1990, il a enterré le sujet et a fait beaucoup plus de mal qu’il ne l’imagine. Au nom d’un « dogmatisme de la fidélité à la Vérité biblique », au nom d’un traditionalisme familialiste bon ton, et au nom d’une haine courtoise de l’Occident – qu’il appelle « sécularisation », « libéralisme », « perte des valeurs », « relativisme », « idéologie » – que personne n’a remise en cause, il a transformé l’homosexualité en virtualité, en caprice occidental, en mirage de la post-modernité à éluder. « Dieu s’est prononcé de manière claire sur l’homosexualité. […] Si un prélat se met contre la Révélation, c’est son affaire, mais nous continuerons à affirmer ce que Dieu entend de l’homosexualité. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas accompagner pastoralement ces personnes. » À cause de cette censure homophobe qui présente bien, nous en sommes au point mort, et le Pape n’a pas pu faire correctement son travail d’annonce de la Bonne Nouvelle à destination des personnes homosexuelles, Bonne Nouvelle qui va bien au-delà de la simple énonciation polie d’un « Nous sommes là. Nous vous accompagnons. Nous vous écoutons. Merci de votre visite. Au revoir. Et à très bientôt. » La démagogie et l’auto-culpabilité masochiste de la part des cardinaux du Nord n’ayant pas aidé, on n’a pas avancé d’un iota sur un dossier pourtant urgent et faussement anecdotique.
121 – Pourquoi est-ce grave que l’Église d’en haut ne défende pas le célibat continent ?
En soi, si l’esquive synodale sur l’homosexualité n’était qu’une banale question d’orgueil personnel, si l’homosexualité se trouvait en bas de la pile des dossiers à traiter comparé à l’Essentiel de la Révélation, je m’en moquerais. Mais ce sont les retombées concrètes et profondes sur la compréhension contemporaine et universelle de la sexualité d’une part, ainsi que sur les dogmes et la nature même du Corps ecclésial d’autre part, qui me préoccupent et me poussent à insister lourdement sur une reconsidération sérieuse de l’enjeu universel et ecclésial entourant l’homosexualité. Car celle-ci est un symptôme fort d’apostasie ; et si elle n’est pas traitée, un accélérateur puissant de cette même apostasie, à l’extérieur comme à l’intérieur de l’Institution vaticane. En effet, je crois que le véritable drame discret qui s’est produit pendant le Synode, c’est que ceux qui étaient censés défendre le célibat continent (parce qu’ils le vivent, logiquement, en étant cardinaux, évêques, Pape) et le proposer à ceux dont la condition le demande (les personnes durablement homosexuelles et les divorcés remariés), n’ont pas été capables de le faire. Je précise que le célibat continent est la chair même de l’Église, en plus de l’Eucharistie et de la Bible. Sans lui, pas de communautés religieuses ! Pas de prêtres ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est à travers l’impasse synodale sur l’homosexualité continente que, pour le coup, il était possible d’entrevoir à quel point dans l’Église, et au sein même du Clergé catholique, on ne croit plus beaucoup ni au bonheur dans le célibat consacré, ni à la Présence réelle de Jésus dans le Pain Eucharistique (= la Transsubtantiation). C’est fou que l’homosexualité révèle cela. Mais c’est pourtant ce qui se passe. Donc si je suis très inquiet de la mise au placard de l’homosexualité, c’est avant tout pour l’Eucharistie, pour l’Église, pour les prêtres !
122 – Qu’avancent les cardinaux pour dire que le discours ecclésial sur l’homosexualité apporterait plus de confusion que de bienfaits ?
Ils avancent, dans un fondamentalisme de la prudence et de la « Vérité » positive, que l’homosexualité, et le mal en général, ne doivent pas faire l’objet de plus d’attention que le Bien à défendre. On l’a bien vu avec les encycliques Amoris Laetitia ou encore Laudato Si. En général, ils se crispent sur l’idée que seule une Vérité nue, intangible et idéale (autrement dit une parodie de la vraie Vérité et de la vraie Charité, étant donné que la Vérité-Charité est un glaive, est la Croix, c’est-à-dire une personne qui présente mal et prend l’apparence du mensonge : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. » Mat 10, 34-39) peut triompher du mal.
Concernant l’homosexualité, beaucoup de prêtres et de cardinaux pèchent par ignorance, par peur, par indifférence au mal, par optimisme, par purisme intellectualiste centré sur une Vérité 100% positive (… mais pas 100% vraie… c’est bien ça le problème !) sur la sexualité en général. Ils pensent que tout a été dit sur le terrain de la sexualité et que l’homosexualité est une abstraction, un non-sujet, une diversion dangereuse. Donc ils passent à côté de la sexualité telle qu’elle est vécue et comprise par nos contemporains, telle qu’elle s’est mutée mondialement, en étant en plus persuadés qu’ils ont raison de faire du sur-place et que ce sont les brebis libertines perdues qui doivent rentrer dans leur schéma traditionnel de pensée et de croyance, et dans leur raisonnement très bien huilé sur la différence des sexes, la famille, le mariage, l’homme et la femme, le respect, l’ordre naturel et spirituel, et non l’inverse. Ils n’ont rien compris de ce que Jésus annonce à Pierre par rapport à la Vérité et aux fins dernières : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » (Jn 21, 1-19) Je rappelle que la ceinture symbolise la Vérité (« Ayez à vos reins la Vérité pour ceinture. », Éphésiens 6, 13-18).
Quand certains catholiques ou évêques m’assurent que l’Église a déjà tout dit en matière de sexualité – Théologie du Corps de Jean-Paul II et Bible à l’appui – et qu’Elle n’a rien à rajouter (comprendre = « Il ne faut pas utiliser la novlangue avec son cortège de mots sexualisés absurdes tels que ‘homosexualité’, ‘hétérosexualité’, ‘bisexualité’, ‘homophobie’, qui nous corrompent à l’esprit du monde ! »), je leur réponds : « Certes, l’Église a apparemment tout dit sur la différence des sexes, donc sur la sexualité. Elle a déjà tout dit en Jésus, de toute façon. Et quand on interroge le Pape sur l’Union Civile et l’homosexualité, il s’en rallie prudemment à son Magistère en alléguant qu’il n’inventera rien de nouveau que ses prédécesseurs. Et pourtant, nos contemporains sont de plus en plus paumés et désintéressés par ce discours direct et positif sur la sexualité, car les gens d’Église ne disent absolument rien sur les simulacres actuels de la sexualité que sont l’hétérosexualité et l’homosexualité, considérés dans la tête et dans le cœur de nos contemporains (y compris des cathos) comme l’authentique et unique sexualité. »
Il est donc indispensable et urgent de s’attaquer aux contrefaçons actuelles de la sexualité, de reconstituer le sens de la sexualité par son double négatif contemporain. La description des fausses sexualités parlera bien mieux de la vraie sexualité qu’un discours scolaire et théologique uniquement centré sur la définition positive et éternelle de la sexualité et de ses beaux fruits (= « la procréation », « la valeur sacrée de l’enfant », « l’Homme et la dignité humaine », « la sponsalité de l’union de l’homme et de la femme », « le mariage » et « la Famille », « l’identité homme/femme », « la vie éternelle »), discours positif qui touche de moins en moins nos contemporains blessés dans leur sexualité et obnubilés par les copies techniques, sentimentales et plus sombres de la sexualité, qui collent davantage à leur vécu émotionnel souffrant : les coups de cœur et les flirts décevants, les viols et abus, le porno, l’enfant-projet ou l’enfant adopté, l’Homme autodéterminé, le « mariage gay » et asexué, la famille sentimentale éclatée, recomposée et « homoparentale », etc.
J’ai l’impression que la majorité des catholiques fuient les problèmes de leur temps par peur d’ouvrir la boîte de Pandore. Pourtant, c’est en soulevant la bande sur la plaie que le médecin de l’âme et de la sexualité peut travailler. On ne soigne jamais à distance. Ils s’interdisent d’utiliser certains mots de leur époque, qu’ils jugent « négatifs » ou « modernistes ». C’est le PW (positive wording), très en vogue chez les scientologues, qui prétend résoudre les effets dont il tait les causes, et qui fait régner son chantage à la « Charité », à la « Vérité », à la « Miséricorde » et à « l’ouverture », pour étouffer l’Incarnation christique, la Croix et la Vérité, et infantiliser spirituellement les fidèles. En réalité, ils détricotent le travail – pourtant salutaire et essentiel ! – de traduction et d’inculturation d’un saint Paul (L’inculturation est un terme chrétien utilisé en missiologie pour désigner la manière d’adapter l’annonce de l’Évangile dans une culture donnée) ! Superstition pathétique. Ils répètent comme des perroquets des concepts pseudos « cathos » pour ne pas nommer les véritables maux d’aujourd’hui ou les instrumentalisations concrètes de la Vérité. Ils ne font que décrire des dommages collatéraux, les rares fois où ils se risquent à verbaliser le mal. Il est nécessaire, à un moment donné, de nommer le mal, au lieu de brasser des concepts évidents – « La Vie », « la Dignité Humaine », « la différence des sexes », « La Miséricorde » – et de verser dans la facilité langagière (même intellectuellement relevée et érudite) pour ne pas se frotter à leurs simulacres contemporains. Les concepts qu’ils utilisent peuvent être bons. Je ne dis pas le contraire. Mais ils ne voient pas qu’ils ne sont pas contextualisés, ou bien que ces concepts sont instrumentalisés par ceux-là mêmes qui s’opposent en pratique à leurs discours. Par exemple, même la « dignité humaine » ou « la défense du plus fragile » dans les débats sur la GPA est utilisée par les pro-GPA ! Même « la Vie » ! Il n’y a que l’hétérosexualité qui ne soit explicitement utilisée ni par les opposants au « mariage pour tous » ni par ses défenseurs. C’est sur celle-ci qu’il faut se centrer ! Qu’est-ce qu’ils attendent ??
Pour sortir de ce marasme de la « vérité sur la sexualité épanouie », les catholiques doivent donc faire entorse à leur purisme intellectualiste/doctrinal/compatissant et à leur attachement à l’argumentation positive de la sexualité, pour prendre le risque de défendre la vraie sexualité par ses sosies modernistes négatifs. C’est seulement en décrivant la couche de vernis qu’apparaîtra concrètement la bonne couleur de la sexualité. Sinon, en balançant directement la bonne couleur, et en ne nommant pas explicitement le chemin humain pour y parvenir ni le mal (= la différence des sexes travestie en « hétérosexualité »), beaucoup de gens ne se représentent ni la bonne sexualité ni sa contrefaçon mauvaise, au point de nier carrément le sexuel.
Le principal problème de fond que j’identifie dans ce rapport manichéen des catholiques – et plus particulièrement des clercs – à la Vérité et à la sexualité, c’est qu’ils pensent que pour parler du bien, il ne faut pas parler du mal. Ils s’imaginent naïvement/orgueilleusement/lâchement que nommer le mal ce serait le créer, lui donner trop d’importance et lui faire de la publicité, et que le mal ne fait pas partie du chemin du Bien. En réalité, ils oublient le Chemin de Croix ! Ils veulent de la Résurrection sans la Passion, sans la descente de Jésus aux enfers, Ils oublient que Jésus est un signe de contradiction et que la Paix qu’Il est venu apporter est un glaive qui divise ! Oui monsieur !
Plus précisément concernant l’homosexualité, ils la considèrent comme un sujet annexe, au nom d’un attachement scolaire à la définition théologique de la sexualité et de l’identité humaine, au nom d’une Charité et d’une Miséricorde mal comprises, au nom d’une Vérité figée et « vraie sur le papier des Encycliques ». Car le pardon, l’Amour, la Miséricorde, affrontent la misère justement, se confrontent au mal, essaient de sauver le mal, même ! Nos ecclésiastiques vivent dans l’illusion pharisienne ou fondamentaliste qu’en annonçant une Vérité uniquement positive ou à l’inverse totalement crue, sans tenir compte de ses travestissements bien-intentionnés et de ses mutations sociales perverses, sans se frotter au mal et sans le nommer (j’irais même jusqu’à dire sans l’aimer), ils feront mieux passer le Christ, avec stratégie, douceur, pédagogie, patience, prudence, voire même radicalité. Ils expulsent le négatif, dans une forme d’humanisme intégral désincarné, de militantisme de la Vérité « sans concession » (cf. le Cardinal Sarah) ou de rejet brutal du mal (alors que jusqu’au bout, Jésus a aimé Judas et a aimé Satan !).
Ils n’arrivent pas à concevoir que la Vérité, ce n’est pas une histoire de « bonne réponse ». Ce n’est pas « faire comme il faut » ni « avoir bon ». Ce n’est pas envoyer bouler le mal. Pas du tout. La Vérité, c’est autant le résultat que le Chemin de Croix qu’est Jésus pour parvenir à ce résultat. La Vérité, c’est un chemin d’Amour qui se vit avec ses frères ennemis, c’est un corps à corps avec le roi du mensonge, et qui passe par bien des épreuves, des adaptations, des obstacles, la connaissance et l’expérience du mal, l’adaptation au langage des gens de notre temps, la verbalisation contemporaine du mal et du Vrai.
Jésus, de son vivant, s’est suffisamment battu contre les chefs des prêtres, les scribes et les pharisiens, pour leur montrer que ce n’est pas ce qu’ils défendaient qui était erroné mais la manière non-aimante et scolaire avec laquelle ils arrivaient au bon résultat, l’inadaptation de la Vérité qu’ils connaissaient à leur époque et aux gens qui les entouraient. Comme les élèves moyens ou les fils aînés « trop sages/scrupuleux » qui obtiennent le résultat mathématique correct mais sans le raisonnement qui va avec, sans l’humilité et le combat dialectique qui y conduit : leur réussite devient alors pourrie ! Comme les athlètes gagnants dont la victoire est ternie par la découverte postérieure d’un dopage ! Comme les voyageurs qui parviennent à la Ville d’arrivée avant tout le monde, mais qui y sont allés par une autoroute ou par leurs propres moyens en doublant tout le monde, sans connaître la joie de l’effort partagé et la douleur d’avoir cheminé avec leurs frères plus lents. Ce qui intéresse Jésus, c’est l’Amour. Ce n’est pas « la vérité » ! Ce n’est pas « la réalité ». Les moyens doivent s’ajuster à la bonne fin, de même que les moyens ne se substituent pas à la Fin. Malheureux celui qui ne lave pas son vêtement dans le Sang de l’Agneau, et qui rentre aux noces du Royaume sans en passer par la Porte qu’est le Christ et sa Croix d’Amour. « Le roi entra pour voir les convives, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu d’habit de noces. Il lui dit : ‘Mon ami, comment as-tu pu entrer ici sans avoir un habit de noces ?’ L’homme resta muet. Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Liez-lui les pieds et les mains, et chassez-le dans les ténèbres du dehors ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont choisis.’ » (Mat 22, 11-14)
Bien souvent, en politique comme en Église, les catholiques et leurs chefs tombent dans le panneau de défendre la Vérité pour la Vérité, sans penser à Jésus (et à ses frères humains athées ou ennemis de Lui) qui sont à intégrer dans cette Vérité parce qu’ils en sont l’incarnation en promesse de Salut. Quand ils doivent nommer le mal (l’hétérosexualité et l’homosexualité), ils le remplacent malheureusement par ses concepts qui ne sont connus que d’eux (« le nihilisme », « l’athéisme », « le relativisme », « le matérialisme », « l’hédonisme », « le subjectivisme », « le rationalisme », « la pensée unique », « l’idéologie », « le progressisme », « la perte des repères », « l’absence de transmission », « la sécularisation », etc. ; « la GPA », « le Gender », « la familiphobie », « l’Islam », « les lobbies », « le transhumanisme », pour les plus politisés) et par des solutions abstraites qui tiennent du slogan publicitaire (« l’engagement », « l’Espérance », « le vrai », « le beau », « la culture », « l’éducation », « la prise de conscience », « les valeurs », « le bien commun », « l’écologie », « les convictions », « l’humain », « la réalité », « la Vie », « la Bienveillance », « le dialogue », « la solidarité », « la transmission », etc.). Ils font comme les Veilleurs, dont les débats et les raisonnements sont intellectuellement honnêtes et bien ficelés, mais tellement déconnectés du Réel et du degré de compréhension de nos contemporains, qu’ils se figent en parlotte intellectualiste inopérante. C’est aussi impeccablement chiant qu’un bon exposé d’élève, qu’une conférence « vraie » de François-Xavier Bellamy ou Pierre-Hervé Grosjean ou du Cardinal Sarah. Tout semble y être. Mais on n’apprend rien. Des évidences et des vérités, agrémentées de leurs nuances bien développées, sont redites avec art. Et pourtant, ça ne résout pas les problèmes car ceux-ci sont conceptualisés et intellectualisés, pris au piège de la rhétorique formaliste ou volontariste ou communicationnelle ou « charitable » qui les développe/dénonce. C’est du verbiage qui tourne autour du pot sans le casser. C’est du simulacre d’action et de courage. Concrètement, pas de vraie prise de risque sur les sujets qui fâchent : nos porte-parole catholiques « pourfendeurs des idées reçues » ont tendance à tirer sur des ambulances, à enfoncer des portes ouvertes, à répéter en boucle un discours appris sur la famille, la Nation, l’Europe, la spiritualité, la Vérité, le changement, l’engagement, blabla. Mais derrière, ça sonne creux et ça emmerde le monde entier. Les gens, ils ont besoin qu’on vienne vers eux, qu’on les aide et qu’on parle leur langage : pas qu’on leur justifie verbalement qu’« on doit les aider et quels sont leurs problèmes ».
Vous voulez savoir ce qu’il ne faut pas faire ? Regardez le contenu et les titres des soirées des Veilleurs parisiens. C’est le meilleur exemple à ne pas imiter. Ils nous servent des sujets de philosophie politique des plus hétéroclites. Ça s’éparpille dans tous les sens, avec des exposés de premiers de la classe (sur « la Nation », « l’État », « la Liberté », « le Peuple », « la Culture », « la Raison », « l’Éducation », « le Langage », « le Corps », « l’Origine », etc.) qui, sans être inintéressants ni dénués d’expertise honorable et sérieuse, ne sont pas centraux et nous éloignent de la vraie problématique du « mariage pour tous » qui les a fait naître, de la foi et de la sexualité, même s’ils y sont indirectement liés. La question pourtant fondamentale de l’homosexualité-l’hétérosexualité-l’homophobie n’est jamais traitée, alors que c’est le nœud du problème (y compris du problème des attentats, de l’islamisation, de l’éducation, de la politique, de la crise économique et institutionnelle, de l’euthanasie, etc.). Je citerai volontiers à ces Veilleurs les paroles de Celui (Jésus) qu’ils expulsent tout autant que l’homosexualité, parce qu’ils en ont peur : « Ce peuple m’honore du bout des lèvres, mais, au fond de son cœur, il est bien loin de moi ! » (Mat 15, 8)
Le problème n’est pas tant la justesse de ce que nos cardinaux ou nos leaders d’opinion catholiques disent, ni la sincérité de leurs bonnes intentions, que l’incarnation de ce qu’ils disent, et que la hiérarchisation des priorités dans ce qu’ils disent. Tous les sujets sont intéressants en soi (ça dépend de l’angle et de la finalité). Mais les digressions, surtout au moment où l’urgence de la Vérité et de l’identification des racines du mal se fait pressante, sont dramatiques. Je n’affirme pas par exemple qu’il est inutile de traiter de la perte de transmission des valeurs, d’éducation et d’art, de l’importance de l’engagement. Mais sérieusement, de quoi on parle quand on défend « l’art pour l’art », « la sexualité pour la sexualité », « l’éducation pour l’éducation », « la Vérité pour Elle-même », « l’engagement pour l’engagement », « la bienveillance pour la bienveillance », « le Christ pour le Christ » ?? D’un « entre-soi », en fait ! d’un Jésus non-ressuscité et qui se sauve Lui-même ! d’une Vérité figée et déjà morte ! Navré, mais c’est du contre-témoignage. Il est bon de distinguer la Vérité de la sincérité (on peut vouloir le bien sans le faire), distinguer la Vérité du véridique et de la véracité (dernièrement, sur Facebook, un de mes contacts a posté ceci – « Untel m’a viré de sa page. Tout ça parce que j’ai affirmé que Caroline Fourest était une mythomane complotiste. Alors que c’est véridique, en plus… » – sans se rendre compte qu’il n’était plus dans la Vérité car il n’était pas dans l’Amour). Comme le dit très justement le père Thierry Avalle, « dire ses quatre vérités à quelqu’un, c’est diabolique ».
Je crois qu’il nous faut sortir au plus vite de ce discours volontariste, intentionnel, scolaire, conceptuel, intellectualiste, narcissiquement et confortablement doctrinal, pour vraiment s’occuper des priorités. Et la priorité, j’ai le regret de dire que ce sont la sexualité et Jésus. La priorité, c’est de nommer le mal qui occulte et se substitue à la sexualité et à Jésus : l’hétérosexualité, l’homosexualité, et le diable. Le reste, c’est du pipeau. Ce sont des débats parasites, des descriptions de dommages collatéraux. Toutes les convulsions que nous traversons actuellement (avortement, contraception, divorce, consumérisme, hédonisme, Islam, transhumanisme, euthanasie, etc.) se cristallisent autour de l’homosexualité. Car toute notre vie et notre foi tournent autour de la différence des sexes. Et ce qui aujourd’hui fait barrage à celle-ci et la travestit, ce sont les mots « hétérosexualité » et « homosexualité ». Je n’y peux rien. Vous pouvez me parler de l’État, de la liberté de conscience, du Bien Commun, de culture, de changement, d’engagement, d’écologie intégrale : les gens s’en foutent ! Et les démons se marrent de notre éparpillement discursif. Leur Maître lui-même n’a-t-il pas foi en Jésus et ne connaît-il pas la Bible par cœur ?
123 – Pourquoi la loi du silence concernant l’homosexualité est efficace dans le Clergé ?
À mon avis, il y a trois raisons à son malheureuse efficience. La première, c’est la peur et le non-dit par rapport à l’homosexualité, l’hétérosexualité et l’homophobie, dans l’Église. Le démon s’en frotte les mains ! Il voit la suffisance et la stagnation des cardinaux et du Pape à propos de ces trois sujets dont ils sont persuadés d’avoir tout dit ou de n’avoir rien à rajouter. Donc lui, pendant ce temps-là, il remplit tranquillement le vide par une omerta très efficace. « Vous n’en dites rien ? Eh bien restez la bouche fermée pendant que je sors le rouleau de scotch ! »
La deuxième raison qui me fait dire que la loi du silence qu’impose l’homosexualité a tout pour museler efficacement le Clergé catholique actuel, c’est que l’homosexualité correspond à une pratique réelle parmi certains prêtres, de surcroît beaucoup plus répandue que la pédophilie à laquelle personne ne s’identifie – pas même ceux qui la pratiquent – tellement elle est impopulaire… Donc forcément, la menace de présomption avérée qui pèse sur les clercs via l’homosexualité est plus forte que tout autre type de menaces (adultère, pédophilie, banditisme, etc.) !
La troisième et dernière raison de l’efficacité de la censure anticléricale par l’homosexualité, c’est que l’homosexualité est encouragée et banalisée socialement, y compris par les membres du Clergé qui s’y opposent de manière trop arbitraire et désincarnée pour être solide. La bienveillance, l’ignorance et la peur dont l’homosexualité jouit mondialement font qu’un prêtre sera davantage enclin de la pratiquer/banaliser pour lui-même, et font que le lobby LGBT n’aura aucune difficulté à faire chanter les prêtres par eux-mêmes et entre eux sur le sujet, en sachant que l’homosexualité ne constitue un problème et un tabou qu’à leurs yeux. En réservant l’exclusivité de la condamnation de l’homosexualité au Clergé, les militants gays friendly s’assurent ainsi une bonne cachette pour pressionner l’Église sans donner l’impression d’intervenir. Les opposants des prêtres devinent très bien qu’avec l’homosexualité, leur censure a double épaisseur : celle des gays friendly (qui ne veulent pas savoir pourquoi ils sont pour l’homosexualité, et qui taxent d’« homophobe » tout décrypteur de celle-ci), et l’autocensure des prêtres opposés à l’homosexualité (mais qui ne savent pas expliquer pourquoi ils sont contre, et qui ont décidé qu’ils ne se prononceraient pas dessus pour éviter tout malentendu/toute surinterprétation/toute récupération de leurs propos hasardeux). La Parole de Vérité est cernée de tous côtés.
Alors avec ces trois raisons, vous comprendrez aisément que l’homosexualité – en tant que débat discursif plus que pratique – a déjà bâillonné bien comme il faut l’Église. Et je me demande comment les membres de la Curie vont se dépêtrer de ces beaux draps roses !
CHAPITRE VI – L’HOMOSEXUALITÉ DANS LE CLERGÉ CATHOLIQUE :
124 – L’Affaire Laurent Stefanini puis l’Affaire Charamsa font-elles partie d’un calendrier prémédité pour coincer l’Église ? Quelle est la prochaine épreuve ?
Je n’ai pas de boule de cristal. Je sais juste que l’homosexualité vécue dans la continence agit comme un bon baromètre pour percevoir les signes des temps et les vagues dépressionnaires qui arrivent sur l’Église. Soit dit en passant, il ne faut pas être sorti de la cuisse de Jupiter pour comprendre que l’affaire de la candidature de l’ambassadeur homosexuel (Stefanini), l’affaire du prélat polonais (Charamsa) qui fait son coming out juste avant la tenue de la seconde session du Synode sur la famille (en novembre 2015), la synchronisation entre les plaintes de La Parole libérée contre Mgr Barbarin et l’oscarisation du film « Spotlight », ne sont pas des coïncidences, n’arrivent pas « par hasard », et participent d’un agenda antéchristique, d’une machination, d’un complot anticlérical un minimum pensés. Les médias, les politiques et les juges décident de coordonner leurs frappes pour qu’elles puissent impacter l’opinion et se refermer comme un piège sur leurs proies catholiques.
Cela dit, rien de sert de prêter à Satan et à ses suiveurs humains (encore cachés pour un peu de temps dans les loges maçonniques, dans les cercles libertaires, dans les souterrains urbains) l’intelligence, la force et la victoire du Christ et de Marie. Car ce qu’ils visent, c’est d’utiliser notre peur et notre paranoïa pour nous faire faire leurs propres projets et instaurer une division/confusion entre nous afin qu’ils aient à intervenir le moins possible.
Il ne faut perdre de vue que les démons sont rusés mais qu’ils manquent franchement de distance, d’incarnation, car leur manque d’humilité et leur statut de créatures spirituelles (et non de Créateur, comme l’est Dieu et aussi un peu comme le sont les êtres humains en Jésus) les trahissent forcément. Il y a plein de choses que les anges diaboliques sont incapables de faire : ils ne peuvent pas être incarnés sans l’assentiment et la collaboration des Hommes, ils ne peuvent pas pénétrer les pensées humaines, ils ne connaissent pas l’avenir, ils ont bien moins de pouvoirs que les anges obéissant à Jésus et à Marie et que les Humains, et surtout on sait qu’ils ont déjà perdu la bataille finale. Ils agissent à l’instinct et à l’occasion facile. Ce ne sont pas des flèches. La retenue, la préméditation, la patience, ce n’est pas trop leur fort. Ils se déchaînent, se précipitent trop vite, sautent bêtement sur la moindre occasion d’attaquer Jésus et ses disciples (seul Satan est à peine un peu plus stratège pour planifier et reporter ses assauts… et encore…), et ils sont enchaînés entre eux (comme des prisonniers qui s’évadent avec des menottes et des boulets communs). Ça limite extrêmement leur force d’action.
Par conséquent, même si j’identifie bien des connexions médiatico-politiciennes suspectes entre les événements qui secouent actuellement l’Église, je n’hurlerais pas trop vite au complot ou au « génie machiavélique » du mal. Si les gens d’Église se font avoir concernant l’homosexualité et les affaires de morale sexuelle, c’est bien parce qu’ils en sont complices et qu’ils n’ont pas assez bossé leurs dossiers, plus que parce que les démons et les lobbies libéraux-libertaires seraient plus forts et plus organisés qu’eux !
125 – Existe-t-il carrément une Mafia gay au Vatican ?
Oui. Et je tiens mes sources de prêtres habitant au Vatican. Il n’y a pas lieu d’extrapoler son influence et son nombre. Mais il faut quand même reconnaître que cette petite mafia, pratiquant secrètement l’homosexualité et le chantage sur celle-ci, est en revanche appuyée inconsciemment par la grande majorité des cardinaux, des hommes gentils mais qui enterrent doucement la question de la bipolarité hétérosexualité-homosexualité comme un « non-sujet » et qui s’autoproclament « gardiens traditionnalistes du juste milieu entre les fondamentalistes et les progressistes » sur la question homosexuelle. Donc le lobby gay du Vatican n’a plus qu’à se la couler douce en les laissant agir à sa place ! En ce moment, il est minoritaire mais puissant ! Pourtant, le Pape François a poursuivi courageusement le ménage ecclésiastique entamé par ses prédécesseurs. Mais cela va lui retomber dessus avec violence. Car le diable introduit au Vatican apprécie moyennement d’être démasqué puis délogé. De plus, François a hérité du Vatileaks qu’avait enduré avec peine Benoît XVI, notre pape émérite qui ne s’est jamais vraiment remis du bras de fer qu’il a mené avec les habitants inhospitaliers et « indéboulonnables » du panier de crabes aux pinces roses du Vatican.
126 – Avez-vous rencontré beaucoup de prêtres homos ? Quelle est la proportion dans l’Église ?
Ce qui est sûr, c’est que j’en croise beaucoup plus que la moyenne, de par mon statut de gars connu médiatiquement pour les deux sujets que je porte – homosexualité et foi. Donc forcément, mon point de vue est légèrement faussé et j’attire les exceptions (car les prêtres homosexuels restent une minorité, quoi qu’en laisse penser la caricature anticléricale fomentée par la société obsédée sexuelle). Ce que je veux dire, c’est que je connais sans doute une moyenne de prêtres homosexuels plus élevée qu’elle ne l’est en réalité. Mais bon, mon constat reste valable et à prendre en compte.
La proportion ? Je ne me hasarderai pas à lancer un chiffre de toute façon erroné. D’une part parce que l’homosexualité est une tendance et parfois une pratique cachée, d’autre part parce que je ne connais pas tous les prêtres et religieux de la terre, également parce qu’un désir ne résume pas une personne et ne se quantifie pas, et enfin parce qu’une probabilité ou un échantillon indiquant une forte tendance ne pourra jamais faire l’objet d’une généralisation. Donc même si certains religieux de confiance m’ont indiqué à la louche qu’il y aurait parmi leurs confrères de congrégation ou de sacerdoce 30-50% d’homosexualité latente et entre 20-30% d’homosexualité pratiquée, je ne peux pas me baser sur leur observation pour en faire une statistique. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y en a beaucoup trop et beaucoup plus qu’on ne croie. Même des prêtres en col romain ou en soutane !
C’est tellement décevant et violent de le découvrir – surtout quand on aime l’Église – que très peu en parlent, pour ne pas briser leur propre foi et illusions de croyants. Mais j’aime suffisamment l’Église telle qu’elle est pour encaisser ces grosses déceptions, et donc regarder l’arrière-boutique en face.
127 – Comment pouvez-vous en avoir idée ?
Parce beaucoup de prêtres homosexuels me contactent en personne, et du monde entier, pardi ! Ou alors ce sont les témoins directs de ces derniers. Je reçois leurs récits par Facebook, par mon blog, par mail, voire en vrai. Et à travers eux, de nombreuses confirmations. En plus, c’est un aveu suffisamment consistant et compromettant/douloureux à faire pour que je les croie sur parole. Et au cas où les prêtres homosexuels que je rencontre me cachent leur tendance sexuelle, je devine souvent – sans même de preuve – leurs fantasmes et leurs comportements sexuels à la manière qu’ils ont de me traiter ou de se positionner par rapport à l’hétérosexualité et à l’Union Civile. L’homosexualité vécue dans la continence agit de toute façon comme un détecteur quasi infaillible du rapport des ecclésiastiques à la différence des sexes et à l’Église.
Si ce n’était que ça, j’ai conscience que le nombre de prêtres que j’identifie comme homosexuels est bien inférieur à ce qu’il est en réalité, puisque je n’ai de lien fraternel qu’avec les curés qui sortent du bois ou qui viennent humblement à moi, qu’avec ceux qui ne sont pas/plus dans la pratique homo, ou bien qui sont déjà bien engagés dans la lutte pour la continence, et qui y parviennent. Si le nombre de ces confidents est déjà conséquent alors qu’ils sont rares, ça laisse donc supposer que les prêtres qui pratiquent encore leur homosexualité et dont j’ignore l’existence sont encore plus nombreux !
128 – Chez les religieuses, où en est le phénomène du lesbianisme ?
Ça ne semble exister que chez Diderot, ou dans les films pornos, la littérature libertine du XVIIIe siècle, la Gay Pride (les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, travesties), les blagues potaches fantasmant le viol de la Vierge, les nouvelles télés-réalité (Quiero Ser Monja) et les films crypto-lesbiens récents (« Ida », « Au-delà des collines », « La Religieuse », « Avril », « Les Innocentes », « La Passion d’Augustine », etc.). Mais certainement qu’à l’instar des hommes, il doit y avoir aussi des femmes qui ont choisi d’entrer en religion non pas tant par amour d’un Jésus incarné que pour fuir la différence des sexes et les hommes. Mais à ma connaissance, en tout et pour tout, je n’en ai vues que cinq, dont deux religieuses espagnoles « défroquées » qui s’exprimaient dans un reportage-télé d’une chaîne câblée ibérique. C’est peu. L’homosexualité, comme je le dis souvent, ça ne devient vraiment « sérieux » et ne prend une réelle consistance qu’entre hommes… et encore, même entre hommes, ça reste un sketch sincère.
J’ai remarqué, pour les trois autres cas de nonnes lesbiennes que j’ai côtoyées, d’apparence très hommasse malgré parfois leur robe de communautaires et leurs revendications cathos-féministes, qu’elles éprouvent en général à mon encontre un profond mépris mêlé de jalousie. En effet, l’homme homosexuel continent incarne aux yeux de la religieuse lesbienne refoulée (et pas toujours continente) le summum de ce qu’elle ne voudrait pas être et de ce qui ne l’attire pas : il a le malheur d’être homme (comprendre « macho »), d’être homosexuel (comprendre « impuissant »), et en plus d’être chaste (comprendre « refoulé » ou « plus parfait qu’elle ») ! Ah le con ! Ces quelques religieuses lesbiennes oscillent entre un traditionalisme religieux réputé hyper machiste/intransigeant – genre « meneuses d’hommes » ou à l’extrême inverse « femmes rabaissées bons toutous des hommes » – et un progressisme protestantisé réclamant le mariage des prêtres, les femmes évêques, les « avancées » promises par le Comité de la Jupe, et la reconnaissance de l’« amour » biblique entre Ruth et Noémie. J’ai eu l’occasion d’observer, notamment pendant mes conférences, des élans misandres, homophobes et anticléricaux, à mon encontre, très surprenants, venant de la part de célibataires consacrées excédées, qui soi-disant entendaient mon « disque » sur l’homosexualité en boucle, et qui souhaitaient que j’aille toujours plus loin (« plus loin », je pense que ça signifiait en fait pour elles « jusqu’à l’arrachement de leur propre lesbianisme » ?). Elles ne sont toujours pas sorties de la légende noire féministe/asexuée selon laquelle l’Église catholique serait la quintessence de la domination de l’homme sur la femme.
Mais ces cas de femmes lesbiennes catholiques révoltées sont extrêmement rares. Car s’il y a dans le clergé catholique des personnes qui m’accueillent comme un enfant chéri ou un ami chéri, ce sont bien les religieuses. D’ailleurs, à force de m’entretenir avec les vierges du Seigneur, jeunes comme plus âgées, je me rends compte qu’elles en connaissent un rayon sur l’homosexualité, non pas parce qu’elles seraient elles-mêmes lesbiennes, mais au contraire parce que, dans leur jeunesse, pendant leur vie étudiante, et même ensuite au cours de leur vie consacrée, elles s’attirent énormément les confidences des personnes homosexuelles. Une religieuse, parce qu’elle est femme, mère, sœur et amie pure, impressionne souvent moins qu’un prêtre. Une personne homosexuelle va donc aller plus facilement vers elle. Les sœurs consacrées occupent une place capitale dans l’Église et dans le chemin de conversion des personnes attirées par les personnes de même sexe. Je les aime beaucoup.
129 – Pourquoi y a-t-il autant de prêtres homos ?
Parce que l’Église catholique accueille et appelle tout le monde. Y compris et surtout les méchants, les pécheurs, les criminels, les fous, les prostitués, les malades, les petits, ceux qui se sentent nuls. Il est donc logique qu’Elle abrite des gens blessés sexuellement – à l’instar des personnes homosexuelles – même parmi ses pasteurs. Cet état de fait est dur à digérer. Mais c’est au nom de l’Amour (et de la liberté qui en découle) – donc pour une excellente raison – que le Clergé catholique est composé de pécheurs. Nous ne devons pas nous en attrister, nous en offusquer ni nous révolter d’être trahis et trompés sur la qualité du personnel de service, mais au contraire rentrer dans le consentement joyeux et l’émerveillement paisible face à l’Amour inconditionnel et infaillible de Jésus pour Judas. Le fait que des prêtres homosexuels (qui plus est homosexuels pratiquants) existent, c’est la preuve paradoxale que Dieu est Amour et qu’Il est vainqueur de tout mal.
D’autres raisons plus pratiques expliquent (sans justifier) le nombre de prêtres homos dans l’Église. Les futurs religieux ou les ordonnés officiels vivent sans génitalité physique, sans l’affectivité sentimentale dont ils n’ont pas tous fait le deuil et qu’ils n’ont pas tous recyclée en vie fraternelle, sociale, sacramentelle et d’oraison, authentique. Il est donc évident que, dans un processus compensatoire, certains aient tendance à réguler/résoudre les débordements de leur libido/appétit affectif par une sublimation ambiguë et érotisée de l’enfance, de l’amitié, de la fraternité avec leurs semblables sexués, de la paternité virile, de la prière, de la charité, de la chasteté et même de Jésus-Christ. De plus, le fait de ne se retrouver qu’avec des hommes pendant sept années dans un séminaire, ou bien de partager dans le Seigneur la chaleur d’amitiés extrêmement plus élevées qu’ailleurs peut tout à fait faire naître/alimenter/augmenter une tendance homosexuelle, dans un sens plus large que la pratique génitale, et laisser croire intérieurement à l’existence d’amours particulières dans le temps.
Loin d’excuser les prêtres qui passent à l’acte homo ou qui se découvrent homosexuels pendant/après le séminaire, je peux témoigner que leur dérapage homosexuel n’est pas souvent prémédité ni planifié. Il suffit, en plus, qu’ils noient la question de leur sexualité, de leur intimité, de leur espace psychique et de la génitalité par une vie de prière intense, un activisme solidaire louable et porteur de fruits indéniables, une extériorisation catholiquement correcte d’eux-mêmes (un séminariste ou un curé est souvent le chouchou des cathos et de ses supérieurs), un bain chaud paroissial, monastique, fraternel, pour qu’ils se croient libérés-délivrés d’une secrète honte d’adolescence. Et le déni est joué ! Je ne suis pas étonné qu’il y ait beaucoup de prêtres qui se sentent homosexuels : la vie à l’intérieur de l’Église, c’est tellement génial, tellement riche, tellement diversifié, tellement puissant, tellement fraternel, tellement comblant et céleste, qu’elle pourrait nous en faire oublier la différence des sexes, le mariage humain, la procréation, le monde et la vie terrestres !
Certains croyants, sonnés de découvrir la réalité violente de l’homosexualité sacerdotale, son ampleur, mais également vexés de leur propre naïveté, ont tendance à nier carrément cette réalité en l’attribuant à la légende noire médiatique visant à discriminer le Clergé, ou bien à se retourner contre les prêtres homos, en les taxant de traîtres, d’imposteurs ou de dissimulateurs. Ils s’imaginent qu’il faut être extrêmement pervers et hypocrite pour connaître sa tendance homosexuelle depuis l’enfance et la cacher à tous, y compris à soi-même, jusqu’au sacerdoce et après. De fil en aiguille, beaucoup vont jusqu’à prétendre qu’il existe un lien causal entre vocation religieuse et homosexualité, que la vocation sacerdotale est le cache-misère et l’alibi religieusement correct de l’homosexualité, voire même que c’est la vocation religieuse qui engendrerait l’homosexualité. Alors que je pense qu’au contraire ce sont le fantasme homo-érotique (un mélange d’orgueil et de peur) puis la pratique homosexuelle qui poussent les personnes à se prendre pour Dieu, à corrompre/convoiter la vocation sacerdotale et à « jouer au prêtre ». N’inversons pas les choses. En effet, l’homosexualité est vraisemblablement le signe d’une vocation, mais qui a été mal comprise, mal orientée, détournée par le diable, puisqu’à la base les personnes homosexuelles se sont senties – peut-être plus précocement que les autres – faites pour la virginité, la sainteté et le célibat pour le Royaume. Au lieu de s’en désoler, nous, catholiques, devrions voir en l’homosexualité latente de tout être humain, et plus spécifiquement en la sur-représentativité des personnes homosexuelles dans le Clergé, un signe que l’homosexualité frôle la sainteté, et que Dieu a été présent très tôt dans le cœur des personnes homosexuelles.
130 – Pourquoi la présomption d’homosexualité sur les prêtres est-elle si forte ?
Déjà parce qu’il y a un substrat de réel, comme je viens de le souligner (il n’y a jamais de cliché sans feu !). C’est pour ça que le diable et ses suiveurs humains en profitent et s’engouffrent allègrement dans la brèche. S’il n’y avait pas de brèche ni un terreau social favorable, jamais ils ne pourraient grossir ou généraliser un phénomène peccamineux marginal, ni le faire passer pour général.
D’autre part parce qu’on voit beaucoup de curés homos sur nos écrans de cinéma. Même s’ils sont bien souvent des projections délirantes nés d’esprits libertins mal-intentionnés et anticléricaux, on ne peut pas nier que ces créatures fictionnelles, une fois existantes et rendues vraisemblables, servent ensuite de références aux athées et aux incroyants qui les confondent avec les prêtres réels, et qu’elles donnent même des idées à certains séminaristes et prêtres réels.
Pour aller plus loin dans l’analyse, je crois que cette présomption d’homosexualité qui pèse sur les prêtres aujourd’hui traduit la jalousie du démon par rapport aux Humains, et en particulier au Christ et à ceux qui l’ont revêtu. Ça, c’est la perspective surnaturelle et eschatologique : Satan veut faire tomber les prêtres, c’est son objectif. D’un point de vue cette fois simplement sociologique et moral, j’y lis également une désaffection généralisée pour le célibat, pour la continence, pour l’Eucharistie et aussi l’Église catholique, une obsession pour le Couple télévisuel, une incompréhension sociale croissante par rapport à la vocation religieuse, et un enchaînement de plus en plus systématique et mondialisé aux pulsions, à la pornographie, à l’adultère, à la génitalité, au sentimentalisme amoureux asexué et angéliste. Pour les mentalités actuelles, être un prêtre masculin et paternel, être un curé épanoui dans la fidélité et l’obéissance au vœu de chasteté, c’est une provocation vivante au cœur d’un monde surérotisé qui n’envisage l’Amour que comme un bien de consommation éphémère, et l’engagement durable que comme un « terrible carcan liberticide ». La figure fantasmée du prêtre homo vient alors jouer son rôle de morphine et de divertissement ricanant, vient donner raison aux libertaires débauchés et calmer leur frustration de vivre une liberté sans cadre et sans le Sens de l’Amour.
Enfin, je pense que depuis les années 1960, beaucoup de catholiques fervents ont laissé à leur insu cette présomption d’homosexualité s’installer/se coller/s’imprégner/déteindre sur leurs pasteurs, simplement pour les en protéger. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est ce qui se passe. J’observe en effet une réaction d’auto-défense et de déni très humaine de la part de ceux qui aiment tant l’Église qu’ils ne veulent pas La voir défigurée par des actes et des dirigeants qui ne Lui ressemblent pas. Pour se protéger et préserver leurs pieux rêves sur l’Institution (eux diront « pour voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide » et pour « demeurer dans l’Espérance »), beaucoup de catholiques se mettent alors des œillères et préfèrent ne pas savoir. J’avoue que même moi qui suis pourtant accoutumé à découvrir des cas d’homosexualité dans le clergé, ça me choque toujours à chaque fois que j’en découvre un nouveau. Et je mets au moins 24 heures à m’en remettre. Quand un prêtre n’est pas fidèle à son sacerdoce, ou quand un séminariste se révèle être homosexuel, c’est tout le corps ecclésial qui en souffre, c’est une partie de l’édifice qui s’écroule. On pourrait comparer l’onde de choc à la nouvelle d’un divorce auquel on ne s’attendait pas. Avec la découverte de l’homosexualité active d’un prêtre, c’est bien l’image de l’Église, de Jésus et de Dieu, qui en prend un coup et se déchire dans notre cœur de croyant. Et j’ai vu des fidèles catholiques, moins aguerris que moi dans la connaissance des affaires internes d’homosexualités sacerdotales, tomber de haut en mesurant la réalité pécheresse des gens d’Église. Jésus a laissé Judas entrer dans la bergerie… Pourquoi ??? Je comprends tout à fait qu’il puisse y avoir un contre-coup douloureux et difficile à digérer. Car vraiment un mythe s’effondre. Mais ce n’est pas que négatif. Il y a sans doute un deuil nécessaire à faire. Un deuil qui donne les clés de compréhension de la Passion, de la Croix puis de la Résurrection du Christ. Et si mon étude de l’homosexualité dans l’Église permet cela, notre Amour pour l’Institution et ses administrateurs n’en ressortira que grandi, renouvelé, fortifié. Mon but n’est absolument pas de détruire les espérances fondées sur l’Église et sa sainteté (bien au contraire) ni de transformer le Vatican en repaire d’homosexuels. Mais un certain désenchantement nous permet de vraiment purifier notre rapport à nos pasteurs (qui restent des pauvres pécheurs serviteurs), assainir notre prière pour l’Église, améliorer notre accompagnement auprès des prêtres. Sans doute est-il mieux d’aimer l’Église telle qu’Elle est, et non pas telle qu’on peut L’idéaliser.
131 – Pourquoi dites-vous que la pédophilie est le faux nez de l’homosexualité ?
Parce que ce sont des faits. Ceux qui défendent la pédophilie ou qui à d’autres moments l’attaquent violemment (sans respecter les personnes, et en particulier les agresseurs) sont en général aussi des défenseurs de l’homosexualité. Comme je l’explique dans la question 108, la pédophilie est le vernis médiatique et législatif de la justification sociale de l’homosexualité… alors que dans la réalité, c’est-à-dire dans le cas où la pédophilie est vraiment pratiquée, souvent, c’est l’inverse : le mot « pédophile » a tellement mauvaise presse que ceux qui la pratiquent préfèrent – pour éviter de choquer et d’être dénoncés – dire qu’ils sont « homosexuels » et qu’ils vivent « l’homosexualité » (quitte à grossir l’âge et la maturité de leurs partenaires sexuels), plutôt que de reconnaître que dans les faits ils vivent quand même la génitalité avec des mineurs et sont attirés par des mineurs.
La pédophilie est le faux nez de l’homosexualité médiatiquement parlant pour deux raisons principales, à mon avis. D’une part parce que ceux qui s’acharnent contre le cardinal Barbarin ou d’autres évêques au nom de la défense des violés cherchent davantage à salir l’image de l’Église qu’à réparer des actes ignobles et à rendre justice aux victimes qu’ils instrumentalisent. D’ailleurs, ils se moquent de savoir si les faits incriminés ont vraiment eu lieu : ce qu’ils veulent, c’est que n’importe quelle victime potentielle porte plainte et grossisse les rangs des réclamateurs pour créer le buzz qui fera démissionner des prélats. D’une part parce que dans les faits, ceux qui manipulent les victimes, voire même quelques victimes elles-mêmes, sont quasiment tous LGBT (je connais certains membres du collectif Parole Libérée et leur défense du « mariage homo », voire leur bisexualité). Ils se servent du mot « pédophilie » comme fer de lance de leur tribunal afin de cacher leurs véritables intentions de promotionner « l’amour » homosexuel. Leur croisade contre « les prêtres pédophiles » et ceux qui les auraient couverts par leur silence complice, n’est qu’une expédition punitive pour se venger des rares prêtres qui ont médiatiquement exposé leur opposition au « mariage gay » en 2011-2013. Le plus hypocrite et paradoxal dans la démarche de ces juges LGBT, c’est qu’ils interdisent à ceux qu’ils attaquent de faire le lien entre pédophilie et homosexualité (si jamais ils entendent ne serait-ce qu’une petite allusion à celui-ci, ils hurlent à l’hérésie et y voient une diabolique causalisation entre les deux, un amalgame obscurantiste inouï) alors qu’ils se l’autorisent personnellement : comme je le dis plus haut, ils se servent de la pédophilie (= transgression de la différence des générations et parfois même de la différence des sexes) pour imposer l’homosexualité (= transgression de la différence des sexes et bien souvent de la différence des générations). Faites ce que je dis, mais ne dites pas ce que fais !
Ce que je propose donc à celui qui passe à la barre de ces sourcilleux justiciers LGBT qui prétendent venger les crimes subis par leurs protégés au nom de l’urgence de la « lutte contre l’homophobie » ou « contre la pédophilie », c’est de retourner l’accusation d’aveuglement et de collaboration qui lui est faite, d’une part en joie (c’est la Béatitude de la persécution pour la Justice qui prime), d’autre part en révélation que ce sont eux qui ont fermé éhontément les yeux et collaborer avec le mal en promotionnant l’« amour homosexuel » sans voir les liens évidents et pourtant mal connus entre pratique homosexuelle et viol, voire même entre pédophilie et homosexualité.
132 – En tant que catholiques, que peut-on répondre aux adversaires de l’Église accusant Celle-ci d’avoir fait semblant de ne pas voir les cas de pédophilie dans Ses rangs ?
Il suffit juste d’être vrai et simple. Personnellement, je les inviterais à balayer devant leur porte. Déjà parce qu’il y a beaucoup plus de cas de pédophilie chez les laïcs et les athées (par définition, davantage permissifs) que dans le clergé (même si les actes pédophiles perpétrés au sein du clergé demeurent encore plus choquants) ; mais également parce qu’en cautionnant l’homosexualité, ils chérissent un des terreaux privilégiés de la pédophilie. Ça nous demande de maîtriser parfaitement l’explicitation du subtil lien non-causal entre homosexualité et pédophilie, ainsi que de l’hétérosexualité.
Mais aussi j’essaierais de leur exposer une vraie auto-critique de l’Institution. Quand je dis vraie auto-critique, ça n’a rien à voir avec le cinéma de certains prêtres médiatiques qui s’auto-flagellent devant tout le monde en répétant que « la pédophilie est un mal atroce réclamant la tolérance zéro !! ». Je parle plutôt d’un aveu humble de la réalité misérable et pécheresse des gens d’Église. D’une réelle reconnaissance du déni clérical dans certains cas. D’un bon état des lieux. Car la Vérité, elle, rend libre et dissipe toute velléité de scandale chez nos opposants. S’ils nous voient capables d’admettre humblement qu’il existe des cas concrets de prêtres pédophiles, et que nous ne nous barricadons pas d’emblée dans un discours d’auto-défense paranoïaque (« Mais c’est une minorité ! Pas d’amalgames !! » ; « Et puis y’a pas que chez nous que ça se passe !! » ; « La pédophilie, je suis CONTRE !!! » ; « L’Église est à l’écoute des victimes ! » ; etc.), ni dans un alignement scolaire au discours mondain qui se rallie à la victimisation et au sécuritarisme « préventif » à la mode, ils s’apaiseront avec nous. À nous aussi d’affronter sereinement les affaires de pédophilie dans nos rangs et chez nos prêtres, de les connaître et d’être capables d’en faire le listing. Comme ça, au moins, nous ne prospecterons pas sur du vide ou des fantasmes. Et nous prouverons que nous n’avons pas peur de faire un vrai examen de conscience.
En plus, en restant attachés aux faits et non simplement aux images, aux réputations et aux procès d’intention, nous prouverons notre amour des personnes (aussi bien des victimes que des bourreaux), nous démontrerons que la grande force/folie de l’Église réside dans le pardon des ennemis, nous aiderons certainement nos accusateurs révoltés contre l’Église à baisser leurs armes et à arrêter d’essayer de blanchir l’homosexualité via la noirceur de la pédophilie et via la déconnexion artificielle qu’ils imposent arbitrairement entre pédophilie et homosexualité. « Ce sont les prêtres pédophiles qui posent problème. Pas les homos ! » assènent-ils avec insistance. En sont-ils si sûrs ? ai-je envie de leur répondre. Effectivement, là où je leur donne raison, c’est qu’à l’évidence, dans certains cas d’abus sexuels dans l’Église, c’est plus de la pédophilie que de l’homosexualité qui a fait chuter les prêtres. Même les deux sont non-causalement liés. Par exemple, dans l’Affaire des scandales de pédophilie du diocèse de Boston ayant impliqué 249 prêtres dans les années 1990 (soit 6% des prêtres en exercice à ce moment-là), 3% étaient homos et ont été responsables de 97% des cas de pédophilie. Et les gamins violés étaient massivement des garçons. Il n’y a pas eu de filles. Donc autant on ne peut pas moralement amalgamer la pédophilie et l’homosexualité, autant on ne peut pas non plus les séparer complètement… ou, ce qui revient au même, on ne peut pas d’un côté s’insurger contre les atrocités de la pédophilie, et d’un autre chanter les louanges de l’émancipation des êtres humains par l’homosexualité. À moins que le double discours des chasseurs de prime des « monstrueux pédophiles » confine carrément à la schizophrénie, ce que je crois volontiers…
133 – Je suis en prison pour pédophilie. Que voudriez-vous me dire ?
Eh bien tout simplement que je vous aime, que vous n’êtes pas un monstre, que les actes que vous avez posés ne sont pas vous et ne me font pas peur (même s’ils me choquent et que je les réprouve). Je voudrais vous dire aussi que je suis très mal à l’aise avec les procès en sorcellerie que vous lancent vos collègues prêtres médiatiques suite au récent battage médiatique sur la pédophilie ecclésiale. Devant la Grande Assemblée télévisuelle, ils se frappent la poitrine et s’excusent en votre nom, pour ensuite prendre quand même le soin de bien se désolidariser de vous et ne pas rentrer en communion de cœurs fraternelle avec vous : c’est indigne de leur part. Je vous demande également pardon pour les derniers propos du Pape vous concernant. Par démagogie et par peur, il sort en ce moment des phrases ambiguës de rejet (« Pas de place dans l’Église pour ceux qui commettent ces abus. »), qui trahissent son cœur profond et qui ne vont pas dans le sens de la Miséricorde inconditionnelle du Christ. Jésus n’a jamais dit : « Je suis venu pour les victimes et je serai toujours du côté des victimes. ». Non. Il a toujours défendu sa préférence pour les pécheurs, les bourreaux, les criminels, les pédophiles, les assassins, les prostitués, les brebis perdues. Il a mangé à votre table et continue de rejoindre votre cellule. Il aime tout le monde, bien sûr. Y compris les victimes. Mais il est venu surtout pour les bourreaux. C’est cela, la Bonne Nouvelle de l’Année de la Miséricorde.
Mon regard sur des « gens comme vous » – qui ont commis des actes pédophiles que je me sens personnellement incapables de poser (car par chance, mon désir homosexuel ne m’oriente pas vers des hommes de moins de 25 ans… mais bon, la vie aurait très bien pu en décider autrement pour moi) a changé le jour où j’ai rencontré des amis homosexuels qui souffraient véritablement d’être attirés par des adolescents (ça aussi, comme le ressenti homosexuel, ça ne se commande pas trop !), le jour où j’ai compris que la pédophilie était un phénomène bien plus collectif et plus diffus dans nos civilisations de l’enfant-roi, du bébé-objet et de l’anti-vieillissement, que ne voulaient l’admettre nos contemporains, prompts à circonscrire hypocritement la pédophilie dans la sphère diabolique et exceptionnelle des psychopathes à la Dutroux.
Il y a deux-trois ans, alors que j’étais en déplacement en Suisse pour des témoignages, j’ai eu la chance de devenir ami très complice avec un gars homosexuel de mon âge, qui a rencontré le Christ, et avec qui j’ai pu avoir des discussions très profondes. Non seulement il était fin, mais il me semblait plus mature que bien des personnes homosexuelles que j’avais pu côtoyer auparavant. En plus, il avait un humour et un rire très communicatifs. On s’est donc très vite bien entendus, et sans ambiguïté, en plus. Ce n’est qu’après plusieurs années d’échanges, et quand la confiance entre nous s’était solidement installée, qu’il a osé me révéler son lourd secret : il a fait de la prison pour pédophilie. Je n’en revenais pas ! Il n’avait à mes yeux pas du tout le profil du « Pédophile de la télé ». C’est notamment grâce à lui que j’ai fait mienne cette tendance et ce péché pédophiles que je ne ressens pas dans mon corps et que je n’ai jamais posé. C’est grâce à lui que j’ai compris votre humanité, vos richesses, votre grandeur d’âme, votre maladie et vos blessures aussi, à vous, les personnes pédophiles. Depuis cette rencontre, je milite dans mon cœur non pas pour une déculpabilisation et une dépathologisation de vos actes, mais pour une humanisation et une déstigmatisation de votre personne. Je n’ai qu’une seule demande à vous faire : que vous soyez en prison ou pas, que vous ayez commis l’irréparable ou que vous soyez seulement tentés de le faire, pouvez-vous prier pour moi ? Je sais que Jésus vous écoute spécialement, vous les (prêtres) pédophiles. Parce que vous souffrez beaucoup de votre péché. Et parce que vous savez concrètement ce que l’expression « tout perdre » veut dire. Vous êtes le chouchou de Dieu. Donc je sais que votre prière d’intercession vaut de l’or. Merci infiniment.
134 – Vous êtes-vous déjà fait draguer par un prêtre ?
Avant d’en être moi-même l’objet, j’ai déjà entendu des amis cathos et homos me raconter leurs mésaventures avec un prêtre à qui ils s’étaient confiés, notamment à propos de leur homosexualité et des tentations qui les tourmentaient. C’est en s’épanchant sur le secret de leur orientation sexuelle que le prêtre confident s’en était servi pour se déclarer lui aussi homo, et exercer une séduction surprenante, un ascendant redoutable. Les récits de défaillances sacerdotales homosexuelles, j’en ai récoltés pas mal (et beaucoup ne peuvent pas être classés dans la catégorie « pédophilie » puisque le dérapage a eu lieu entre adultes, a fortiori dans le cadre du lien souvent puissant de la foi, où l’amour de l’Église persiste dans les cœurs) : directeur spirituel sur lequel on tombe nez à nez au sauna, confesseur entreprenant, accompagnatrice spirituelle profitant du coming out lesbien de sa protégée pour sortir avec elle, directeur de séminaire ou maître des novices déclarant sa flamme à un séminariste sur la brèche et exerçant un chantage vocationnel sur lui, etc. Véridique, bien que minoritaire (du moins j’espère…).
Moi aussi, de par ma petite notoriété autour de l’homosexualité continente, je me suis attiré à la fois beaucoup de prêtres saints, et à de rares exceptions (parce que je n’ai pas non plus un sex-appeal ravageur ; et parce que la continence est plutôt un tue-séduction… quoique, pour certains prêtres, elle puisse justement agir comme un Graal à ravir au laïc qui la vit à leur place !) quelques prêtres pervers. Mais attention. Pas des prêtres pervers comme dans les films. Plutôt les Richard Chamberlain dans « Les Oiseaux se cachent pour vomir », tirés à quatre épingles, raffinés. Des dandys bobos qui m’ont accueilli dans des apparts neutres qui ne sont pas les leurs, qui m’ont sorti le grand jeu du dîner princier et de la soirée-chandelles sur fond de musique classique (Don Giovanni de Mozart) poussée à fond au moment du climax de leurs confidences-intimité, qui m’ont caché tout du long leur identité de prêtres pour au final la faire tomber théâtralement en voyant qu’ils ne parvenaient pas à me faire mordre à l’hameçon de leur mélancolie/schizophrénie et à me mettre dans leur lit. J’ai rarement essayé de raconter ces épisodes à des amis homos fraîchement convertis ou cathos tradis, car souvent, ils étaient incapables de porter une telle déception par rapport à l’Église-Institution. Ils m’ont pris pour un mythomane qui ne respectait pas les prêtres, pour un présomptueux qui s’invente un rôle de « piège à prêtres ». Et comme ces prêtres libertins et moi n’avons finalement rien fait ensemble, leur tentative de corruption et de séduction reste de toute façon sans preuve. Peu importe. Je n’ai pas rêvé.
En voyant ce cinéma à la Charamsa, je suis passé de la profonde tristesse/déception à la révolte fraternelle (« Tu cours un grand danger, mon gars ! Car si tu continues cette double vie, c’est l’enfer au bout du couloir ! Convertis-toi vite ! »), en finissant par la miséricorde. Beaucoup de prêtres homosexuels ont besoin de s’entendre dire la gravité de l’enjeu de leur Salut, mais également qu’ils peuvent revenir en continence. Rien n’est jamais perdu jusqu’à l’heure de la mort. Je suis témoin de prêtres et amis qui ont remis le pied à l’étrier après avoir sérieusement dérapé/flipé de griller en enfer. C’est pour cette raison que je prie beaucoup pour les prêtres, et notamment les prêtres homos. Je les connais très bien et très vite ! J’offre ma continence pour eux.
135 – Y a-t-il un lien de sang entre homosexualité et prêtrise ?
La question peut surprendre mais elle n’est pourtant pas absurde. J’ai remarqué que beaucoup de prêtres catholiques, sans être homosexuels eux-mêmes, avaient un frère homosexuel dans leur famille de sang directe. D’ailleurs, c’est ce qui m’arrive personnellement : mon grand frère est prêtre. Je sais que la coïncidence n’est pas une règle ni une généralité. Mais je suis étonné de ne pas être du tout un cas isolé. Je connais au moins 7 autres prêtres concernés directement par l’homosexualité via un frangin ou une frangine. La vocation sacerdotale de notre frère nous a-t-elle, par jalousie mimétique, pousser à désirer nos semblables sexués ? Nous n’avons pas la réponse. Néanmoins, cette étrange corrélation triangulaire entre prêtrise-fraternité-homosexualité peut illustrer un élan fusionnel/incestuel non-causal des personnes homosexuelles envers l’Église catholique, en plus d’une Trinité inversée Père-Fils-Esprit Saint. Peut-être même, dans certains cas, est-elle une actualisation de la Parabole du Fils prodigue, avec le fils aîné et le fils débauché présent ensemble sur la scène divine. L’homosexualité est le probable débordement incestuel du sacerdoce, tandis que la pédophilie est le probable débordement incestueux de la parenté. Le lien du sang entre homosexualité et prêtrise existe bien, désigne probablement le désir homosexuel comme une vocation religieuse légèrement déviée et incomprise, annonce – sait-on jamais – une prometteuse voie de Salut pour les personnes homosexuelles qui pourront s’intégrer in extremis dans la sainteté christique de leur frère.
136 – Les séminaristes sont-ils jetés dehors de leur séminaire s’ils se révèlent homos ?
Ça dépend des cas. Parfois, ils sont gardés : l’homosexualité est passée sous silence, et c’est heureux dans le cas où elle est maîtrisée, c’est dramatique dans le cas où elle est banalisée et justifiée, voire même pratiquée. Parfois, ils sont rejetés : mais l’homosexualité reste également passée sous silence, et c’est tout aussi dramatique parce qu’en coulisses, il lui a été donné trop d’importance et elle a été diabolisée, ou bien à l’inverse elle a été enrobée/justifiée d’excuses psychologisantes la plupart du temps infondées. Par exemple, on m’a raconté de source sûre que des directeurs de séminaire (dont certains sont secrètement homosexuels et ont voulu, par envie, se venger de postulants – rarement homos d’ailleurs – qui ne se sont pas laissés posséder par eux) ont radié de leur établissement des jeunes hommes exceptionnels, pétillants, dynamiques, zélés, pour « antécédents familiaux trop lourds », « immaturité affective », « sensibilité trop prononcée », « égocentrisme » (« Tu dois te décentrer de toi-même »). Ils les ont traqués et placés sous surveillance pendant un temps, avant d’établir leur sentence irrévocable. L’homosexualité, ou tout simplement le « préjudice » reproché au séminariste renvoyé en lien indirect avec une homosexualité (car les séminaristes virés ne sont pas toujours homosexuels !), sont dilués dans de la psychologie de bazar. Et pour acheter le silence de ces vocations gâchées, on leur propose en plus, en compensation de leur sortie, de les abandonner dans la nature avec une indemnité financière ! Voilà ta mouche, Merteuil.
Je vois à l’heure actuelle des gars formidables qui, au nom des névroses, de tergiversations mentales malsaines, et de l’homosexualité pratiquée/refoulée de certains responsables de séminaires, vivoter, partir en humanitaire un ou deux ans pour voir du pays et se reconstruire comme ils peuvent (au Rocher, en Amérique Latine… où en plus ça finit par se passer super bien !), se lancer dans l’écriture et la vente de leurs recueils de poésie mystique, raser les murs des églises et des communautés paroissiales, partir s’isoler dans un sanctuaire marial perdu au fin fond de la France, vivre en laïcs en faisant des petits boulots qui les désœuvrent bien plus que si on les avait laisser être les excellents prêtres qu’ils promettaient d’être !
Cette malversation et ce gâchis vocationnel prenant pour prétexte l’homosexualité (parce que derrière, homosexualité avérée bien souvent il y a… mais pas toujours du côté qu’on croit !) ne sont même pas identifiés par les catholiques lambda. Ces derniers se disent avec désinvolture que l’homosexualité ne rajoute rien à la gravité et à la tristesse d’un départ du séminaire, qu’il n’y a finalement pas de quoi faire un plus grand drame de la déperdition des vocations dans l’Église à cause de l’homosexualité que pour « l’hétérosexualité ». Ils ne voient pas que ces affaires ne concernent pas que le cas isolé du séminariste éjecté, mais révèlent une corruption et un malaise persistants à l’intérieur de l’Église, dans la hiérarchie de Celle-ci, donc beaucoup plus grave ! Ils me soutiennent en plus que le fait qu’un séminariste quitte le séminaire pour une femme n’est pas plus grave et différent que s’il part pour un homme. Ce serait la même perte. Je dis que non ! Parce que la transgression opérée est double : c’est non seulement la différence Créateur-créature (l’Église) qui est violée mais également la différence des sexes. Un échelon plus haut est gravi.
Souvent, quand l’homosexualité émerge dans un séminaire, ce qui se passe et la manière avec laquelle ça se passe fait donc vraiment de la peine. Je crie colère contre ce gaspillage vocationnel, contre les vices de forme, contre cette justice ecclésiale à deux vitesses qui ne punit pas toujours les bonnes personnes, qui ne résout pas les vrais problèmes et qui nous prive parfois de prêtres exceptionnels ! Le Seigneur sait ce qu’Il fait en permettant cela. Mais « merde » quand même !
137 – Comment comprendre le document de 2005 du Pape Benoît XVI interdisant l’accès au sacerdoce aux séminaristes homosexuels ?
En effet, le 29 novembre 2005, après une longue enquête qui s’est étalée sur dix ans, en particulier dans les séminaires des États-Unis, d’Allemagne et d’Autriche où certains recrutements de personnes homosexuelles étaient massifs et laissaient à désirer, le Vatican a publié une « instruction relative aux critères du discernement vocationnel au sujet des personnes ayant des tendances homosexuelles, en vue de leur admission au séminaire et aux ordres sacrés ». Sous la houlette du pape Benoît XVI, ce texte déclarait que l’Église ne pouvait ordonner prêtres « ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées et soutiennent la prétendue culture gay ». Il laissait la porte légèrement entrouverte s’il s’agissait de « tendances homosexuelles qui sont seulement l’expression d’un problème transitoire, comme, par exemple, celle d’une adolescence non encore accomplie, et qui doivent être de toute façon clairement dépassées au moins trois années avant l’ordination diaconale ». Mais globalement, ça a jeté un gros froid et beaucoup d’incompréhension au sein de l’Église Universelle.
Le document de 2005 a le mérite d’agir comme un avertissement dissuasif à l’adresse de ceux – laïcs comme clercs – qui n’ont pas pris la véritable mesure de l’hémorragie de l’homosexualité au sein du Clergé. Néanmoins, il ne brille pas par sa clarté. Par exemple, qu’entend-on par « tendances profondément enracinées » et comment mesure-t-on le degré d’ancrage d’une orientation homosexuelle ? Mystère et boule de gomme ! Qu’entend-on par « soutenir la prétendue culture gay » ? Moi, personnellement, je crois que la culture gay existe – puisque le désir homosexuel existe, qu’il a ses codes de relations – et je soutiens son étude. Je me considère même comme un activiste et militant gay (ou homo : c’est pareil). Quant à la communauté gay, je pense qu’elle aurait toute sa raison d’être, toute sa beauté et toute sa consistance si et seulement si elle reposait sur l’amitié désintéressée, la fraternité et la continence.
Le problème de cette missive romaine, c’est qu’elle donne à confondre le mode de vie avec la tendance, c’est qu’elle méprise la dimension sociale de l’homosexualité, et qu’elle préfère élaguer sévèrement la vigne (l’Église), quitte à couper trop large et à briser quelques vocations sacerdotales borderline qui en d’autres temps auraient quand même été admises, plutôt que d’appeler à un discernement plus nuancé et clément au cas par cas. Cela dit, grâce à son imprécision et à sa formulation parfois un peu caricaturale, péremptoire et maladroite, le document de 2005 offre paradoxalement une liberté d’interprétation plus grande. Il y a deux manières, je crois, de le lire : on peut y entendre soit une interdiction sèche, soit un appel à une prudence qui tolère les exceptions ne rentrant pas dans son strict cadre de censure. Au final, je trouve que cette directive fonctionne exactement comme un feu orange. Certains automobilistes, en la voyant, se disent « Ok… Je dois déjà m’arrêter avant que ça ne passe au rouge », tandis que d’autres y verront un appel à foncer tant qu’il est encore temps. C’est la raison pour laquelle j’aime bien ce texte, et que je ne le considère absolument pas comme de l’homophobie, ni même comme un commandement désolant. Il avertit mais n’interdit pas. À l’image de la force douce de Benoît XVI.
138 – Faut-il empêcher et peut-on empêcher à un postulant homo d’être prêtre ?
Non. Quand on est prêtre, on donne tout. Même son orientation sexuelle. Donc la tendance homosexuelle ne contredit absolument pas la prêtrise. La tentation homosexuelle ressentie épisodiquement – si elle n’est pas submergeante – non plus (Pour le cas de la pratique homosexuelle, là, c’est un autre cas de figure).
En revanche, un postulant qui ne comprend pas avec son cœur le message de l’Église sur l’homosexualité, et qui n’expérimente pas substantiellement et pratiquement la continence, ne peut pas rentrer dans le ministère sacerdotal de l’Église. Personnellement, je crois qu’il faut aller jusque-là. La croyance en « l’amour homo », pour moi, est autrement plus grave et sanctionnable que l’inclinaison homosexuelle, et même – j’ose le dire ! – bien plus grave que la pratique homosexuelle (passée) et qui a de fortes chances de ne plus se reproduire.
Comment se mesure l’enracinement de cette croyance dans le cœur d’un séminariste homosexuel ? C’est très simple : demandez-lui ce qu’il pense de l’hétérosexualité et de la Gay Pride. S’il défend l’hétérosexualité (en la confondant avec la différence des sexes) et casse la Gay Pride (en tapant sur le « lobby gay », ou en faisant l’hypocrite distinction entre l’adjectif « gay » et l’adjectif « homo »), je ne donne pas cher de sa « vocation » ! Par contre, si, en plus d’être continent, il casse l’hétérosexualité (en tant que diable déguisé en différence des sexes) et ne s’attache pas à la dénonciation de la Gay Pride (parce qu’il a compris que la Gay Pride était des personnes à aimer, et n’était pas le véritable problème de l’homosexualité : le fond du mal de l’homosexualité, c’est la pratique et la croyance en « l’amour homo »), gardez-le dans votre séminaire : son homosexualité est sous contrôle, hors d’état de lui nuire et de nuire à l’Église.
139 – Que faire de toute cette richesse vocationnelle virée des séminaires, des abbayes, des paroisses, au nom de l’homosexualité ?
Je n’ai pas la réponse. Je ne peux que supplier l’Esprit Saint de l’offrir aux chefs de l’Église, et que constater un gâchis monumental encore passé sous silence. Car il va bien falloir un jour proposer une solution et un chemin à tous les laissés-pour-compte de nos paroisses et de nos séminaires, aux ex-prostitués solidement repentis, à toutes les personnes homosexuelles qui se sont converties sur le tard, qui ont eu l’honnêteté de dire leur homosexualité, et parfois même l’humilité de reconnaître leurs péchés homosexuels. J’ai rencontré des amis catholiques homosexuels qui ont vraiment acquis la maturité nécessaire pour comprendre les limites de toute union homo et pour tenir concrètement la continence sur la durée. Après une vie de « couple » et de pratique homosexuelles de plusieurs années, il est évident à leurs yeux qu’ils ne sont pas comblés et que leur épanouissement humain et spirituel s’en trouve atrophié et asphyxié. Désireux de répondre positivement à une vocation religieuse initialement rejetée, je crois qu’il leur est possible de vivre un repentir profond, de revenir à Dieu de tout leur cœur et de faire don de leur vie et de leur personne dans les ordres. Pourquoi certains revenants de l’athéisme, du grand banditisme, de la drogue, de la prison, de l’avortement, de la misère, auraient droit à devenir moines ou prêtres, et pas les blessés de la sexualité tels que certains prostitués, violeurs, pédophiles, sidéens, libertins, stars du X, personnes homosexuelles ? On nous dit que rien n’est impossible à Dieu, que saint Paul ou le bon larron sont des exemples parfaits d’ouvriers de la dernière heure, qu’il n’y a pas lieu pour les personnes homosexuelles qui arrivent à maîtriser leurs penchants homosexuels et qui sont prêtres de dire leur homosexualité et de se voir retirer leur sacerdoce. Que fait-on dans ces cas-là pour les personnes homosexuelles qui pourraient être d’excellents prêtres mais qui ont eu le malheur de dévoiler publiquement leur homosexualité par le passé ou de poser des actes homos avant leur conversion ? Il faut qu’elles aient un C.V. vierge, sans tache, sinon rien, c’est ça ? Où est la Miséricorde ? Quelle place fait-on dans l’Église aux Marie-Madeleine ou aux Charles de Foucault d’aujourd’hui ? Aux fils prodigues ? Au pardon ? Aux convertis de l’homosexualité ? À ceux qui veulent se donner entièrement au Seigneur mais qui se présentent à leur Maître après le coming out et après l’acte homo ? Ce coming out et cet acte auraient-ils, dans la tête des responsables de l’Église, plus d’importance que les personnes renouvelées par la Grâce ? Ce serait regrettable. Même si la prudence est davantage de mise quand un postulant au sacerdoce a été capable de passer à l’acte homo. Mais le postulant repenti, au moins, a plus de chances d’avoir un cœur de pauvre, broyé par son passé peu glorieux, et fortifié par une inattendue confiance de l’Institution ecclésiale, qu’un fils aîné tout orgueilleux de se croire parfait et pas (vraiment) homo.
140 – La formation sur l’homosexualité dans les séminaires est-elle suffisante ?
Clairement, non. Et je vous assure que je parle en connaissance de cause. J’ai eu l’occasion de visiter (avant d’être connu) plusieurs séminaires, en France et en Espagne, de tâter le terrain et de sentir à la fois la radicalisation traditionnaliste ainsi que la boboïsation faussement décontractée chez leurs candidats. De plus, j’ai des témoignages de beaucoup d’anciens séminaristes qui me confirment que la formation à l’affectivité et à la gestion de l’homosexualité est quasi nulle. Il y a des directeurs et des formateurs de séminaire qui, sans être incompétents dans bien des domaines (il ne faut pas exagérer non plus), gardent jalousement leurs nouvelles recrues à l’abri de l’homosexualité. Une fois, on m’a fait rencontrer un prêtre formateur régulier d’un des séminaires de Paris, quarantenaire, qui m’a regardé de haut en méprisant l’apport que mon travail et ma visite pourraient fournir à son institution, en me démontrant qu’il connaissait très bien l’homosexualité puisqu’« il avait lu Proust, Rimbaud, Julien Green, et un peu Xavier Thévenot… ». La grosse blague. Moi, je n’ai jamais fait aucun forcing et ne m’auto-promotionne jamais. Mais je constate des faits et des carences énormes.
Je crois que pour l’instant, la plupart des responsables de séminaires en France n’ont absolument pas pris la mesure de la violence/de l’importance du phénomène homosexuel, aussi bien à l’extérieur de l’Église qu’à l’intérieur. Ils s’évertuent à la considérer comme un « petit sujet » qui deviendrait dangereux le jour où il serait traité comme une priorité… parce qu’au fond ils ne l’envisagent qu’à partir de son angle essentialiste, communautariste, minoritaire, pratiqué, et donc néfaste, et non sous son angle universaliste, continent et saint. « Nous ne sommes pas des obsédés sexuels ! Et il n’y a pas que l’homosexualité dans la vie ! » avancent-ils pour justifier leur immobilisme. Par exemple, le Collège des Bernardins, haut-lieu de formation des séminaristes à Paris, gèle complètement les débats sur le sujet. Idem aux États Généraux du Christianisme, où cela fait deux fois qu’ils annulent ma participation. Le paradoxe, c’est qu’ils préfèrent en entendre mal parler mais peu, plutôt que bien parler et beaucoup. Ils préfèrent consulter des associations gays chrétiennes David et Jonathan ou Devenir Un En Christ, et leur discours « light » et complaisant avec l’esprit du monde, plutôt que de se confronter au problème.
Alors je me permets de dire (ou de rappeler) aux formateurs et responsables de séminaires que ce n’est pas en survolant en théorie le thème (avec le kit « approche historique, anthropologique, psychanalytique et théologique de l’homosexualité ») que nos futurs prêtres seront préparés à comprendre l’homosexualité, ni même prémunis d’une éventuelle tendance homosexuelle. Ce n’est pas en leur faisant suivre religieusement un cours du père Tony Anatrella sur le « narcissisme homosexuel », ou une conférence de Michel Boyancé sur le Gender, ni en leur présentant sommairement l’homosexualité comme un exemple perdu sur la brochette des « addictions » qui peuvent les tenter (porno, internet, masturbation, drogues, surmenage, débauche, séduction féminine…), que les effets anxiogènes de la présomption sociale d’homosexualité accolée aux prêtres vont s’estomper dans l’esprit des postulants au sacerdoce. Ce sont uniquement le cœur de l’homosexualité, la personne de l’homosexualité, les bonnes intentions et les beautés ambiguës de l’homosexualité, la tentation sentimentale et la sincérité de l’homosexualité, qui touchent le cœur de nos séminaristes ! Pas l’homosexualité abstraite, théorique, ou réduite à un phénomène social « à accompagner pastoralement » et « à observer de loin » !
Je me souviendrai longtemps de mon bref passage il y a trois ans au séminaire de la Castille près de Toulon, seul séminaire à ce jour qui m’ait invité (sur l’initiative de Mgr Rey), séminaire qui ne désemplit pas et où, pour une fois, j’ai senti que ça respirait un peu plus que dans les autres séminaires de France. Malheureusement, comme les formateurs ne prennent conscience de l’utilité énorme du traitement de l’homosexualité au séminaire qu’un peu tard, on ne m’a laissé qu’une petite heure de temps de parole. Mais ça a été quand même génial. Et les quarante séminaristes qui m’écoutaient n’en ont pas perdu une miette. Après, ils ont fait la razzia sur tous les livres L’homosexualité en Vérité que j’avais apportés ! Rien que sur la thématique de la proximité entre vocation sacerdotale et homosexualité, ou bien entre sacerdoce et homophobie, on pourrait en écrire un roman ! Ce fut un grand moment entre les séminaristes et moi. Grand moment de fraternité masculine. Grand moment de discussion à bâtons rompus et sans langue de bois : l’homosexualité, c’est un sujet tellement tabou, déjà entre eux mais aussi dans les séminaires (c’est un peu le loup dans la bergerie, et en même temps le dernier loup auquel on pense) qu’il ne peut venir sur le tapis que par le prétexte d’un visiteur extérieur à eux, qui plus est catho et homo. Grand moment de franche rigolade aussi. Je mettais les pieds dans le plat pour aborder et démystifier LE sujet (= l’hygiène sexuelle) qui pèse actuellement le plus sur leur vocation et leur sacerdoce. Au détour d’une explication sérieuse que je faisais sur « l’homosexualité de circonstance » dans les situations de promiscuité masculine, j’ai brisé la glace par une irrévérence spontanée : « L’homosexualité de circonstance, c’est celle qu’on peut observer dans les casernes, les tranchées, les internats… les séminaires ! » Gros blanc général dans la salle… puis, comme cette vérité avait dépassé ma pensée et tapait quand même dans le mille, ce fut l’éclat de rire général ! Mais également grand moment de libération : jamais les séminaristes n’entendent parler du risque d’homosexualité POUR EUX PERSONNELLEMENT et encore moins ENTRE EUX, jamais ils n’entendent des intervenants « sexualité » leur décrire des situations concrètes de dérapages d’homosexualité sacerdotale ou noviciale, des tentations intérieures (d’homosexualité et d’auto-érotisme), ou au contraire des résolutions et des bonnes gestions de cette attraction homosexuelle dans la vie d’un célibataire consacré. Ce qui est compréhensible : il est tellement plus commode d’extérioriser l’homosexualité, de l’altériser, de l’intellectualiser, de la banaliser pour s’en prémunir (« C’est bon. Moi, j’connais ! ») plutôt que de se risquer à l’aborder ouvertement et surtout de risquer de passer pour « un homo (refoulé) » ! Alors que je n’ai jamais vu de postulant à la prêtrise plus solide, plus masculin et plus paternel que celui qui a lu mes bouquins et pris le temps de bûcher un peu le dossier, pour ensuite passer à autre chose. C’est comme les vaccinations : pas besoin d’y revenir. Une fois que l’abcès est crevé, c’est bon, le séminariste peut tracer. Et sa future vie de prêtre, les rencontres avec le monde contemporain, le ramèneront naturellement au chapitre de l’homosexualité, de toute façon ! Mais ce ne sera plus pour lui ni un thème étranger ni un piège paniquant. Ça deviendra un terrain de pêche miraculeuse extraordinaire, d’une actualité et d’une originalité paradoxalement enthousiasmantes !
141 – Dans quel état se trouve le recrutement sacerdotal dans les séminaires par rapport à l’homosexualité ?
Il est dans un sale état. Et je me base sur plusieurs séminaires que j’ai visités, et sur le malaise que j’ai pu sonder chez de nombreux amis séminaristes, des gars d’une qualité rare et pas forcément homosexuels, qui ont soit quittés le séminaire à cause de l’ambiance irrespirable et faussement « cool » qui y régnait, soit qui ont été assez fous pour suivre leur formation jusqu’au bout. Un jour, un prêtre en qui j’ai toute confiance m’a dit qu’il n’osait même pas envoyer ses potentiels postulants au sacerdoce tellement il constatait que les séminaires de sa région étaient « tenus par des dépressifs » qui allaient les abîmer, ou qui allaient faire de leur homosexualité « une fixette / un problème »… Concernant plus précisément l’homosexualité dans les séminaires, le traitement du sujet est marginalisé, voire carrément zappé et privatisé. C’est le tabou par excellence. Elle est considérée – c’est très triste à dire – comme un problème qu’il ne faut pas régler.
Actuellement, le recrutement des séminaristes a tendance à se faire sur la seule base de la POSITIVITÉ. Il faut que le candidat se présente à travers ses qualités, que la prêtrise prenne le meilleur du postulant, pour le tirer vers le Haut, pour que son choix ne soit pas « par défaut » mais au contraire une volonté authentique, affirmative. On recherche des « catholiques décomplexés », des créatifs, des pros de l’« engagement », des communicants, des managers, des fonceurs, des executive men « qui nan veulent », des hommes de terrain qui relèvent des « défis », des zélotes compétents et relax. Bref, des bobos tradis. Des Pierre-Hervé Grosjean. « Fraîcheur de vivre, Hollywood Chewing-gum ! ». On veut partir de ce qui va. Laisser de côté ce qui ne va pas. On veut que les abbés en herbe se lancent dans la solidarité, la convivialité, la visibilité attractive, la fraternité, la créativité, l’humanité intégrale, la sensibilité et l’émotivité, l’interactivité, la publicité, l’immédiateté, la qualité, la performativité, la mondanité aux allures de radicalité, la clarté, l’efficacité, la sainteté sublimée… En revanche, les obscurités, la sexualité (l’homosexualité ? connais pas), la pauvreté, l’humilité, l’intériorité, la vulnérabilité, la saleté, l’impopularité de la Vérité, les peurs, la lâcheté, la timidité, la fragilité, la sobriété, ach nein ! Tout ce qui est intime et qui peut causer une chute ou une polémique, qui peut donner une image négative, on évite.
Les chasseurs de têtes cathos avenantes ont tendance à tomber dans le piège du good cool looking et du positive wording (la seconde est une technique de manipulation bien connue qui soutient que le mal n’existerait que d’être nommé), dans le piège de la façade dynamique et souriante du boboïsme (qui n’est qu’une dépression et une couardise masquées : cf. mon livre Les Bobos en Vérité, à lire absolument). Ils savent pourtant que Jésus a choisi pour disciples des pauvres types, sanguins, illettrés, parfois dépressifs et blessés dans leur affectivité. Mais non ! Ils prétendent faire un recrutement Gold, bien meilleur et plus sûr que celui que le Christ avait entrepris pour Lui, une embauche qui n’aborde pas les problèmes mais uniquement leurs solutions, les bonnes intentions, les richesses, les vérités positives, les chances d’efficacité.
Je regrette. Ma vocation de prêtre, ce n’est pas de « mettre mes talents donnés par Dieu au service de l’Église ». Ce n’est pas de « discerner en moi mes sources de joie, mes grands désirs, mes appels positifs, mes qualités ». Ce n’est pas de devenir un Super-H(Z)éros grâce à Jésus. Non. Ma vraie vocation, c’est avant tout de reconnaître que je suis pécheur. C’est de courir après ma merde avant d’essayer d’ôter celle des autres. C’est d’être postulant pour la mort (vaincue par Jésus à la Croix) et non pour « la Vie » ni pour « l’Humain » ni pour les grandes œuvres d’« engagement » que Jésus va me permettre d’accomplir dans mon ministère en son nom. Et l’abord de l’homosexualité dans les séminaires serait un test idéal de saine humiliation pour cela. À l’heure actuelle, on en est loin. Très loin.
142 – Ne croyez-vous pas que l’orientation sexuelle ne devrait même pas être un critère de refus d’entrée au séminaire, puisque même les hétéros ne doivent pas vivre leur hétérosexualité ? Le vœu de chasteté ne s’applique-t-il pas à tous, indépendamment de l’attraction sexuelle ?
Derrière votre question, il y a l’idée relativiste selon laquelle l’homosexualité ne serait pas le problème de fond de l’abandon de la vocation sacerdotale ni un facteur plus aggravant que l’adultère ou le divorce, et que l’enjeu du sacerdoce serait universaliste et humain, serait l’exigence de fidélité continente pour tout célibataire consacré. L’homosexualité ou l’hétérosexualité n’auraient rien à voir avec le sacerdoce ni avec l’abandon de ce dernier, du fait que le sacerdoce n’est pas – et c’est vrai en apparence – une question d’orientation sexuelle, mais uniquement une question de différence des sexes et de fidélité à Dieu dans le don entier de toute notre personne, y compris notre affectivité et notre génitalité. Le drame du départ et de la chute d’un séminariste/d’un prêtre ne serait pas – et c’est vrai en apparence – une question de coucherie avec tel ou tel sexe mais bien de fidélité rompue avec Dieu et son Église.
« On peut être homosexuel sans avoir de pratique homosexuelle, on peut avoir des pratiques homosexuelles sans pour autant être homosexuel. Qu’un prêtre parte avec une femme est aussi grave qu’un prêtre qui part avec un homme, non ? Je ne vois pas la différence. Pourquoi faire tout un plat de l’homosexualité ? », me direz-vous. Eh bien je répondrais que « Non, c’est plus grave ». Car même s’il est vrai qu’un prêtre qui défroque pour une femme ou qu’un séminariste qui ne va pas jusqu’au bout de sa vocation « à cause » d’une femme cause déjà énormément de peine à tout croyant et impacte toute l’Église, les implications sociales, politiques, médiatiques, et symboliques sont largement moindres qu’en cas d’homosexualité. Le prêtre défroqué avec une femme ne remet en cause que la différence Créateur-créature, tandis que le prêtre défroqué avec un homme remet en cause ET la différence Créateur-créature ET la différence des sexes. Quand l’homosexualité est la forme (mais n’est-elle que la forme, que la modalité du péché, justement ? Je ne crois pas. C’est plus ontologique et sacramentel que ça !) de la démission, sa trahison est double. La portée médiatique et politique est également bien plus lourde quand l’homosexualité s’invite à la rupture des vœux monastiques/ecclésiastiques ou de la promesse vocationnelle. Ce n’est pas seulement la solidité du célibat consacré qui en souffre mondialement ; c’est également toute la position doctrinale de l’Église universelle vis-à-vis de l’homosexualité et de la différence des sexes qui est visée et s’en trouve ébranlée. Ce sont le mariage et l’Eucharistie qui saignent… alors qu’un prêtre ou un séminariste non-homosexuel qui défroque ne renoncera pas forcément au mariage ni à l’Eucharistie, et ne remettra pas en cause l’Église et son enseignement là-dessus (ou sur l’homosexualité). Un séminariste ou un prêtre ou un moine homosexuellement actif pendant et après sa sortie, oui !
143 – Je suis prêtre et homo : Comment je gère cette double condition ? Que puis-je en faire ? Est-ce d’ailleurs à exploiter, cette hybridité, ou suis-je condamné à toujours me cacher, par obéissance et humilité ?
Il n’y a pas trop de nœuds au cerveau à se faire ni 36 000 solutions. Si vous voulez que votre coming out sacerdotal marche et vaille le coup, vous n’avez pas d’autre choix que d’annoncer une continence vécue. Elle est incontournable : elle est la seule à associer l’homosexualité et l’obéissance à l’Église dans la Vérité, et à pouvoir justifier une transparence sociale quant à votre tendance homosexuelle. Tout autre type de coming out est catastrophique. D’autant plus si vous êtes prêtre. Fin du débat. Fin aussi de la déprime. Si vous êtes triste de votre clandestinité ou de l’horizon d’un coming out, c’est que vous n’êtes tout simplement pas prêt, qu’un coming out dans votre cas serait prématuré, que vous n’êtes pas concrètement continent et que vous n’avez pas encore fait le deuil de « l’amour homo » (et non parce que vous seriez prêtre et homo). C’est tout.
Autre chose que je voudrais rajouter. Plus ça va, plus je réalise une chose assez effrayante : beaucoup de prêtres et de religieux n’ont pas d’accompagnement spirituel, sont complètement isolés et livrés à eux-mêmes. Je le vois parce que je suis de plus en plus contacté par des prêtres, des moines, de frères et de sœurs, avec une homosexualité plus ou moins ancrée, mais qui, de par leur statut et l’exemplarité qu’ils doivent incarner, vivent dans un isolement inimaginable. Ça paraît dingue, car sur le papier, dans les faits, oui, ils ont bien un accompagnateur spirituel : parfois même un autre religieux qu’eux, très gentil, très dévoué, à l’écoute, de bon conseil et tout et tout. Mais en réalité, ils n’ont pas d’accompagnement spirituel vu que cet accompagnateur n’est pas homosexuel continent lui-même, et que les prêtres ou religieux avec des tendances homosexuelles – et parfois même avec des chutes/craquages/pulsions homosexuels – ne pourront jamais lui parler en vérité et en liberté d’homosexualité, ni lui dire ce qu’ils sont, tout ce qu’ils vivent, de peur de le décevoir, de déclencher un tsunami, de l’effrayer avec leur double vie, de se voir éjectés de leur communauté, de perdre leur statut de prêtres, ou tout simplement de se sentir incompris. Ils n’ont pas de véritable espace de parole pour se confier, ce qui explique que certains pètent carrément les plombs (dépression, drague, envies suicidaires, désir de quitter le sacerdoce, etc.) et ne puissent déposer leur paquet de péchés et de tentations que très exceptionnellement, soit en faisant la tournée des sites porno (ou pire, des bars cruising !), soit en faisant une confession historique avec un prêtre totalement inconnu dans un lointain monastère écossais où ils seront sûrs que leur secret ne fuitera pas.
Ce qu’il faut bien comprendre, et qui explique pourquoi un certain nombre de prêtres et de religieuses reçoit un accompagnement spirituel inefficace, superficiel, inexistant et non valide, c’est que la blessure homosexuelle nécessite un traitement ultra spécifique et hyper rare (que même les groupes de parole comme Courage, Devenir Un En Christ, la Communion Béthanie, David et Jonathan, les cabinets de psychiatres, et même un accompagnement spirituel officiel, ne fourniront pas). Pourquoi ? D’une part à cause de la honte magistrale qu’est une tendance homosexuelle pratiquée (cela touche donc à la gravité – de nature – de la pratique homosexuelle), surtout pour une personne ecclésiastique (qui ne veut pas que l’affaire tourne au scandale et remonte aux oreilles de l’évêque ou du prieur général) ; d’autre part à cause de l’immensité de l’homophobie à l’intérieur de l’Église (les prêtres ou accompagnateurs peu à l’aise avec le sujet, voire potentiellement horrifiés d’entendre les chutes et les frasques homosexuelles de leur coreligionnaire homosexuel, sont légion) ; et enfin, parce que bon nombre de prêtres et de religieuses portant une tendance homosexuelle, s’imaginent à tort, parce qu’ils ont un accompagnateur spirituel, qu’ils sont accompagnés spirituellement – alors que pas du tout ! – et ils mettront peut-être toute une vie (de souffrances, de dissimulation, de séduction, de contradictions, voire d’abandon de Jésus) à l’admettre.
Alors oui, si vous êtes prêtre ou religieux, avec une tendance homosexuelle (refoulée ou reconnue), vérifiez bien que vous êtes vraiment accompagné, c’est-à-dire que vous pouvez parler en toute vérité et liberté d’homosexualité. Et si ce n’est pas le cas, trouvez-vous un « accompagnateur parallèle/non-officiel » (genre moi, ou quelqu’un d’autre de qualifié) avec qui vous pourrez parler d’homosexualité sans prendre de risques. Car l’homosexualité, ce n’est pas un petit sujet ni une petite composante de votre être. Ça a l’air d’être un détail ou la petite bactérie à la con. Mais je vois trop de dérives sacerdotales graves et de dégâts qu’elle fait dans la vie d’une âme qui pourtant a fait un jour la vraie rencontre avec le Seigneur, pour la négliger. Ne jouez pas aux héros ou aux saints. Faites-vous bien accompagner. Il en va de votre santé physique et spirituelle, mais aussi de votre Salut. Et en plus, vous aidez d’autres personnes homosexuelles continentes comme vous à donner concrètement sens et feu à leur chemin de continence. Vous leur donnez de la joie. Alors pas d’états d’âme et pas de chichis. La Communion des saints fait du bien à tout le monde !
144 – Quels sont les inconvénients d’être prêtre et homo ?
Concrètement, ce sont l’absence de paix, le moral en dents de scie, une vulnérabilité accrue au moment des tentations érotiques/relationnelles, une difficulté à se maîtriser (tant au niveau de la masturbation que de la séduction et du passage à l’acte), une difficulté à être tout à Dieu, à son ministère et à ses paroissiens, l’impression écartelante de vivre une double vie et que l’Église est une mascarade. Et puis – ce qui est plus qu’un simple inconvénient si jamais il y a pratique homosexuelle dans le cadre du ministère – le péril de la damnation éternelle. C’est pourquoi je plains de tout mon cœur le prêtre vivant activement son homosexualité. Et je l’implore de se repentir et de cesser sa conduite mauvaise.
145 – Comment canaliser mes appétits affectifs parfois dévorants ? Est-ce plus dur que si je n’étais pas homo ?
Vous n’arriverez à vous maîtriser qu’en regardant la/votre bête (homosexuelle) en face, et non en la fuyant. Une certaine prière et une certaine manière de pratiquer les sacrements peuvent être de dangereux dérivatifs, des pis-aller qui détournent inefficacement le problème sans le régler à la source. En revanche, si vous ne quittez pas des yeux votre ressenti homosexuel et son fonctionnement, non seulement cela calmera votre tempête intérieure, vous permettra de ne plus faire de votre tendance sexuelle une obsession, mais en plus, cela vous responsabilisera. Vous n’aurez plus l’impression d’être à côté de votre combat, de ce que vous êtes, ni que l’Église et votre sacerdoce seraient des refuges ridicules. Lisez régulièrement sur l’homosexualité. Lisez mes livres et mes articles, par exemple.
Votre homosexualité rajoute-t-elle de la difficulté à votre maîtrise de vous-même face aux tentations de chute, que si vous étiez tenté par une femme ? Oui. Assurément. Je crois que c’est plus dur que vous soyez homo. Le désir homosexuel, plus que d’autres élans humains ou tentations, est complexe, perturbant, costaud, parce qu’il ne bénéficie même pas – en contrepoids – de l’équilibre de la différence des sexes (même quand celle-ci est mal accueillie et mal utilisée, comme c’est le cas dans tous les couples hétérosexuels et dans les tentations d’adultère, de libertinage, d’infidélité entre hommes et femmes), parce qu’il prend la forme d’un bien (amitié, tendresse, esthétisme, indépendance, différence, ouverture, originalité, militantisme, pudeur, innocence asexuée…) même quand il fait le mal, et enfin parce qu’il n’est même pas décrié socialement (ni décrié pour les bonnes raisons… les rares fois où il est décrié). Donc oui, vous n’êtes pas aidé ! Et c’est juste et bon de le reconnaître et de se l’entendre dire. Ça vous évitera sans doute de victimiser (pour rien). Ça vous permettra aussi de mieux supporter votre intuition que le degré d’exigence et de tentation qui vous est imposé est plus fort.
146 – Quels sont les avantages d’être prêtre et homo ?
Costume et étole toujours impeccables. Soutane bien repassée. Un salon très cosy. Pas de risque de faire chuter ses groupies paroissiennes. Des beaux servants d’autel pour vous entourer. Des homélies avec des extraits de Céline Dion. Une ponctualité à toute épreuve. Au taquet sur les règles de savoir-vivre et de politesse avec l’évêque. Une mère hyper sympa. Des discussions gossip girls désopilantes sur le parvis de l’église après la messe. Etc.
Blague à part, en plus de rendre le curé parfois plus drôle, plus sensible (une blessure psycho-sexuelle fragilise, crée des capteurs), plus empathique et attentif à la souffrance et aux combats de ses paroissiens, que bien des clercs classiques, la tendance homosexuelle chez un prêtre joue le rôle d’ordonnatrice et d’avertisseur efficace. Elle a le mérite de clarifier et d’annoncer clairement les choses, le don de projeter directement dans l’éternité et l’au-delà de la vie terrestre. En effet, l’homosexualité vécue dans la prêtrise, c’est l’autoroute vers l’enfer (si jamais on s’acharne à s’adonner à la pratique homosexuelle et à ses penchants mauvais) ou bien vers l’humilité parfaite (si l’on est continent). C’est tout l’un ou tout l’autre.
Quand je dis que l’homosexualité continente d’un prêtre, c’est l’humilité substantielle immédiate, je pèse mes mots. La continence demande une telle docilité à l’Esprit Saint qu’elle ne peut pas être vécue à moitié, être juste une affaire de volonté personnelle ou d’image publique sacerdotale. Elle est forcément discrète, humble, abandonnée et authentique. Cela tient au caractère honteux et décisif de la tendance homosexuelle même : elle empêche au prêtre qui la ressent de l’arborer comme une gloire, fût-elle vécue dans la continence, et elle l’empêche aussi de la négliger, car elle peut le faire chuter définitivement. La fonction sacerdotale est tellement importante – elle a charge d’âmes et de Salut de l’Humanité – qu’elle confère à l’homosexualité un rôle-clé concret dans la vie du prêtre qui la ressent. La continence sacerdotale homosexuelle est forcément humble, non-simulée, et applique à la lettre la demande de Jésus : « Je veux la Miséricorde, non le sacrifice. » (Mt 9, 13), sacrifice étant entendu ici comme « restriction affichée publiquement et posée sans amour » ou « faire-semblant ». Que les prêtres catholiques homosexuels qui me lisent entendent de leurs deux oreilles : si elle est vécue dans la continence, leur homosexualité n’est pas seulement « une chance pour eux, pour les autres et pour l’Église » (formule un peu creuse pour se forcer à « positiver » ce qui ne serait de toute façon pas un cadeau), mais aussi concrètement leur Salut, leur fusée vers le Ciel, la pierre d’angle de leur humilité et de leur sainteté. Alors qu’eux, les amis de tous, soient en fête !
147 – Je suis prêtre et homo : j’aimerais en faire quelque chose, faire tomber le masque. Dois-je le dire par honnêteté et évangélisation à mes paroissiens ou me taire ?
La transparence, la sincérité ou la franchise, ne sont pas des gages de Vérité. On peut vouloir dire le vrai sans L’Écouter ou bien en se trompant sur qui on est. Que se passerait-il si vous parliez de votre tendance homosexuelle dans votre communauté ? Tout dépend de comment c’est fait et avec quelle vérité sur l’homosexualité. Car avec cette dernière, ça passe super bien ou ça casse.
Évidemment, si votre coming out se déroule sans intelligence et dans une perspective essentialiste et sentimentaliste, il risque d’alimenter les soupçons, les gênes polies, les perturbations et les divisions au sein de votre congrégation. Et c’est la catastrophe pour vous. Je ne laisse pas beaucoup de temps à vivre à votre sacerdoce ou ordination. Dans ce cas-là, mieux vaut que la révélation de votre homosexualité se cantonne à l’accompagnement spirituel et à la sphère de la confidence amicale privée.
En revanche, si votre paroisse, votre séminaire ou votre monastère organise un débat ouvert, exigeant, drôle et collectif sur la question homosexuelle (on ne sait jamais, l’Esprit peut souffler…) et que vous êtes suffisamment assuré pour annoncer à tous que vous avez depuis un certain temps « domestiqué la bête », je vous dirais bien de foncer ! De toute façon, il n’y a que la continence et la Gloire de la virginité de la Vierge Marie et de Jésus qui peuvent non seulement vous sauver du ridicule, mais également légitimer votre coming out homo-sacerdotal. Sinon, je ne vois pas l’intérêt.
148 – J’ai été témoin d’une aventure amoureuse entre séminaristes, ou je suis impliqué dans celle-ci. Comment je gère ?
Je tiens à rassurer mes lecteurs. Ce genre de situations arrive rarement. Il n’y a que dans l’imaginaire perverti des scénaristes d’une série comme Ainsi soient-ils qu’elles sont légion. Cependant, en supposant quand même que vous soyez témoin de l’incident dans votre propre séminaire, ou que vous surpreniez un séminariste en flagrant délit d’écart homosexuel à l’extérieur de son séminaire, la moindre des choses, c’est de ne pas ébruiter le méfait, d’une part par respect pour l’Église catholique et pour tous les séminaristes relativement purs, et surtout par respect pour les séminaristes concernés. Il ne s’agit pas de laisser courir l’affaire, mais d’appliquer la gradualité (un mot qui plaît bien à vos formateurs, en général…) de la correction fraternelle (Mt 18, 15-17). Et puis, s’il est possible de parler seul à seul avec les intéressés, pour les raisonner et les aider à être cohérents avec leur engagement, sans en faire une affaire d’État, tant mieux. Car quand il y a pratique homosexuelle, il y a avant tout désarroi. Donc vos collègues séminaristes homosexuels (accidentels ? occasionnels ?) ont besoin de votre aide. Peut-être même que cette aide, par sa simplicité, peut remettre de l’ordre et clore l’affaire très vite. Si en revanche le problème perdure, votre devoir est de vous en référer à vos responsables. Ce n’est pas moucharder ni trahir vos camarades que de dénoncer ce qui se passe et de ne pas les laisser aller vers un sacerdoce qui, à cause d’une double vie, les fera forcément beaucoup plus souffrir eux et souffrir l’Église que si vous vous taisiez.
Si vous êtes impliqué directement et de votre gré dans la pratique homosexuelle, c’est encore une autre paire de manches ! Je ne vais pas vous refaire le laïus du risque éternel que vous encourez (je l’ai déjà fait dans la question n°134) ni vous rappeler le double gâchis vocationnel que vous opérez. Je veux simplement vous mettre en garde contre une menace supplémentaire qui pèse sur vous et que peut-être vous ne soupçonnez pas, tout simplement parce qu’elle ne vient pas de l’extérieur ni de votre hiérarchie, mais de l’intérieur de votre « couple ». C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est encore plus redoutable. En effet, j’ai eu connaissance de cas de « couples » d’amants séminaristes secrets où l’un des deux, pris d’une culpabilité qu’il n’est pas parvenu à surmonter sur la durée, s’est retourné contre l’autre, l’a désavoué devant ses supérieurs en le faisant passer pour un « méchant manipulateur » qui aurait abusé de lui, tout ça pour garder le beau rôle de la victime qui finalement ne perdra pas son titre de séminariste et sa perspective de carrière sacerdotale puisqu’il est venu pleurnicher en premier. Ce genre de « coups de pute » ou de trahisons internes sont déjà monnaie courante dans les unions homosexuelles ordinaires… mais alors dans les « couples » homos sacerdotaux, où les deux membres sont soumis à une « pression à la virginité » décuplée et à des attentes parfois démesurées, c’est encore pire (à moins de tomber sur un binôme de tourtereaux capables de quitter simultanément le séminaire, de sacrifier d’un commun accord leur vocation, et de convoler en concubinage sur-le-champ : personnellement, ce genre de synchronicités, je n’ai encore jamais vu !). Sans compter, si vous sortez avec des personnes de votre sexe extérieures au séminaire, la menace non moins dangereuse du outing (= révélation forcée de votre homosexualité), incarnée par des exs ou des amants occasionnels malveillants, et qui vous pend au nez. Je me doute bien que vous prenez vos précautions, et même peut-être que c’est ce flirt avec les interdits, les paradoxes, la double vie et les dangers, qui vous plaît irrésistiblement, qui quelque part excite et nourrit en vous le goût des aventures homosexuelles, le doux sentiment mélancolique d’être une victime christique. Mais vraiment, je vous aurai prévenu : passer à la pratique homosexuelle, a fortiori quand on est séminariste et qu’on la vit en y entraînant un autre séminariste, cela revient à jouer avec le feu aux côtés non pas d’une boîte d’allumettes mais carrément d’un baril d’essence !
Si en revanche vous avez la force, en présence de votre partenaire séminariste, de régler votre dérapage à l’amiable uniquement tous les deux, avec Dieu pour témoin, et avec une confession individuelle auprès de prêtres qui sont bien éloignés géographiquement de votre séminaire, ce serait héroïque et, en plus, possible. Que d’une incartade puisse naître un réel soutien mutuel et fraternel qui permettra à deux vocations sacerdotales authentiques de s’épanouir jusqu’au sacerdoce, ça peut constituer un « jamais vu » qui méritera un double couronnement céleste, assurément !
149 – Un dérapage dans un monastère ou dans un séminaire, est-ce dramatique ? Ne vaut-il pas mieux pardonner, passer l’éponge et laisser une seconde chance ?
Dramatique, sans doute pas (En plus, ça dépend de la teneur du « dérapage » : simple mot doux dans la laverie, SMS ambigu sur téléphone, ou carrément coucherie ?). Grave, oui. Car quand l’homosexualité actée rentre dans une abbaye, un monastère ou une congrégation, c’est la fin de la communauté, à plus ou moins long terme. Le ver est potentiellement et sérieusement dans le fruit. Néanmoins, si les faits sont compris, mis à plat, font l’objet d’un dialogue intelligent et d’une véritable contrition, il est évident qu’une seconde chance doit être donnée. Le problème, c’est qu’en général, ni cette prise de conscience du danger de l’homosexualité pratiquée, ni cette audace du pardon, ni la qualité d’encadrement de l’homosexualité non-pratiquée ne sont là.
Ne pas minorer ni surévaluer le phénomène de l’homosexualité, je ne dis pas que c’est simple. La pratique homo, même posée une seule fois accidentellement ou avant l’entrée au séminaire, même sincèrement remplacée par une vie chaste et pieuse, laisse des traces et aura parfois un impact néfaste sur la durée. Comme me l’a écrit récemment un ami prêtre argentin, lui-même religieux homosexuel continent, le passage à l’acte mérite une surveillance et une prudence accrues : « En tant que formateur, j’ai vu un peu de tout… Moi, je suis rentré dans la vie religieuse très jeune et sans avoir jamais eu aucune expérience de relation avec un homme. Le cas de celui qui a vécu le couple et s’est dévoilé publiquement homosexuel est différent. La plupart du temps, l’homosexuel est passé par une certaine période de promiscuité, souvent après l’échec d’une relation amoureuse. La personne qui a connu cette expérience a vécu un véritable enfer, semblable à celui de l’addiction, et il se peut qu’à partir de là, elle se soit tournée sincèrement vers Dieu. Mais il faut être très prudent en accueillant quelqu’un dans cette configuration. Il me semble qu’on ne peut pas passer directement de la promiscuité à la vie de communauté en chasteté. Cette personne ressent fortement la vanité de ses relations malsaines passées, et cela lui confère une pointe de maturité, mais en même temps une insensibilité et des habitudes qu’il est difficile de lâcher. Son arrivée dans une congrégation pourrait déstabiliser les autres frères qui se trouveraient dans un moment de fragilité. Je suis d’avis que le postulant homosexuel doit passer par un délai raisonnable de continence avant d’être admis. C’est évident qu’il peut rencontrer des tentations contre le vœu de chasteté à l’intérieur de sa propre communauté, chose qui est déjà en soi compliquée à gérer. Personnellement je me suis retrouvé confronté à cette situation, et d’un commun accord avec l’autre frère impliqué nous sommes allés voir notre provincial, qui nous a accueillis avec charité et qui a inventé une excuse pour nous séparer dans deux communautés différentes sans faire de vagues. Je crois que dans un cas pareil la distance est l’unique solution possible. Et c’est important d’avoir l’honnêteté de présenter en toute transparence ces choses-là à celui qui a la capacité de prendre des décisions. »
Ceci étant dit, la prudence ne doit pas prendre le pas sur la confiance. En tenant compte des risques/dommages de l’homosexualité actée et en considérant la sainteté et la beautés possibles d’une homosexualité non-pratiquée qui les dépassent, on peut s’éviter bien des psychodrames, des déchirures communautaires, des doubles vies, un gaspillage vocationnel, des séminaristes jetés à la rue et malheureux parce que leur homosexualité a été à la fois trop montée en épingle et trop banalisée par rapport à leur personne et leur vocation. Face à ce genre d’affaires, je suis donc d’avis d’être radical mais pas rigide à l’égard du passé homosexuel d’un séminariste, voire même d’un dérapage entre deux séminaristes ou entre un séminariste et une personne de l’extérieur du séminaire. Beaucoup de directeurs de séminaire ou de responsables d’ordres religieux me diront certainement que la distance s’impose pour les deux tentés. Et je ne contredirai pas cet élan qui ressemble à une sagesse autoritaire. Mais cette distance peut, dans certains cas, ne faire que déplacer le problème sans le régler, et être un peu trop théâtrale. Là encore, je crois que la Vérité sur l’homosexualité agit beaucoup plus efficacement qu’une décision radicale qui rassure par son intransigeance, mais qui ne solutionne pas toujours le problème en profondeur. La séparation ou l’éloignement entre les deux amants conviendra souvent, mais risque quelquefois d’attiser le feu de la tentation homosexuelle brûlant dans l’imaginaire des séminaristes/prêtres/frères concernés. Seule la Vérité rend libre.
150 – J’étais prêtre mais à cause d’un faux pas homosexuel, j’ai dû quitter définitivement le sacerdoce, alors même que je me suis repenti. Ou bien j’ai été viré du séminaire pour cause d’homosexualité et je n’ai pas pu poursuivre mon cursus. Comment me rattraper ? Que puis-je faire de ce drame et comment survivre au regret, surtout quand ma vie religieuse ou sacerdotale me manque terriblement et que le mode de vie homosexuel ne me satisfait pas ? Quelle sera ma vie future avec Jésus ?
Je comprends vraiment votre sentiment de dégoût et de tristesse d’avoir payé le prix fort de votre honnêteté, de votre transparence, parfois même de vos dérapages pourtant ponctuels et isolés, mais aussi le prix fort des peurs, des crispations, de l’homophobie de la hiérarchie catholique. Pour parler crument, ça fait chier de vous voir maintenant sorti définitivement du séminaire juste pour cette raison-là, sans possibilité de rattrapage. Ça me fout la haine de vous voir sous-employé, alors que vous auriez à l’évidence fait un excellent curé ou frère religieux !
Maintenant que le mal est fait et semble irréparable, que la sentence semble irrévocable, inutile de nous morfondre. Jésus fait toujours en sorte que, quoi qu’il nous arrive (même d’injuste ou d’excessif), nous retombions sur nos pattes et que ça finisse par devenir le meilleur que nous pouvions espérer, même si les apparences et le sentiment d’humiliation de l’instant jouent contre nous. Demandez à l’Esprit Saint de vous aider à comprendre le sens de votre vocation profonde et à ne pas scotcher sur la vocation sacerdotale. Vous n’êtes pas homosexuel pour rien. Ça, c’est sûr. Votre rôle dans l’Église se dessinera en son temps. Et je peux vous assurer qu’il est puissant si et seulement s’il s’attache fidèlement à la continence. Cette fidélité dans la chasteté continente homosexuelle est d’autant plus interpellante (y compris et déjà pour vous-même !) que personne ne vous la demande, pas même votre nouveau statut bâtard de célibataire non-consacré. C’est parce que vous aurez été obéissant sans la carotte que votre soumission à Dieu gagnera en gratuité, que votre récompense dans les Cieux sera très grande, et qu’une plus grosse carotte vous sera offerte. Je tiens les paris !
151 – Un prêtre efféminé est-il nécessairement homo ?
Bien sûr que non. Tout comme dans la vie civile, il y a des hommes maniérés, délicats, artistes, avec une voix haut perchée, intellectuels, contemplatifs, doux, très amis des filles, sophistiqués, familiers des univers féminins… et qui sont tout à fait attirés sexuellement par les femmes. Idem pour les femmes un peu « garçons manqués ». Bien que sexués, nous sommes tous des mélanges des deux sexes, à différents degrés, et cela ne préfigure aucune attraction homo-érotique. Et dans le Clergé, il est encore plus logique de tomber a priori sur une majorité de « gentils », de garçons serviables, de « clichés sur pattes » d’enfants de chœur, sur des hommes plus doux, attentionnés, contemplatifs et serviables que la moyenne. Et c’est heureux.
Maintenant, il faut se méfier que cette charité attendue d’un (futur) prêtre ne vire pas à la mollesse, à la sensiblerie, à l’angélisme, à la peur du monde et de la sexualité, au goût d’un esthétisme spiritualiste, du décorum ritualiste, de l’apparat carriériste. J’en ai rencontré quelques-uns, dans le genre curés tradis psychorigides, voire « vieux garçons » précieux de la Fraternité Saint-Pie X, qui étaient très fans des jolies dentelles, des diaprures, de l’argenterie clinquante, de leur robe ecclésiastique (soutane) toujours impeccable, de leur couronne de Miss (la mitre), des messes en grandes pompes, des cortèges papaux, de la liturgie chiadée, de leur petite cour de bourgeoises aux petits soins, de leurs beaux appartements (style Renaissance ou carrément design néo-colonial bambou asiat’ bobo), de leurs jolis servants de messe mûrissants, de leurs séances de muscu, des causes politiques extrêmes et anachroniques, d’une certaine monarchie de droit divin, etc. Un mélange de douceur caressante, sophistiquée, et de noirceur élégante, énigmatique. Beurk ! Il en existe pas mal, des séminaristes et des prêtres « lavande » comme ça, malheureusement. Ce n’est pas une majorité, mais ils disent la corruption de l’Église à la mondanité libertine.
Fort heureusement, si ça peut rassurer les séminaristes un peu chétifs et pas encore très affirmés dans leur masculinité, j’ai vu certains hommes de foi rentrer dans le sacerdoce de manière branlante, avec une virilité douteuse, et pas toujours pour les meilleures raisons, et qui finalement se sont masculinisés, affermis, paternisés, avec le temps, grâce au sacrement de l’ordre et aussi à leur ministère. C’est même le cas de mon grand-frère – qui est prêtre dominicain depuis plus de dix ans – et sur qui au départ j’avais des doutes concernant une bisexualité latente, tant sur les goûts musicaux que sur certaines attitudes. Maintenant, je n’ai plus de doutes du tout ! C’est même drôle comme, grâce à la prêtrise, il est devenu très mec et très père, se met à exprimer son désir (très chastement) pour les jolies femmes, se comporte en vrai homme (sans avoir à se forcer). Comme quoi, je crois vraiment que les sacrements agissent et qu’un prêtre peut être transformé en Jésus et en Dieu le Père !
Pour finir, j’invite les jeunes prêtres un peu angoissés par leur différence – différence sociale (le deuil de ne pas être mariés et de ne pas avoir d’enfants) mais aussi différence avec leurs confrères ordonnés ou en voie de l’être – à rentrer en paix avec eux-mêmes. Votre timidité n’est pas forcément de l’homosexualité larvée. Ce n’est pas non plus parce que vous n’êtes pas nés grande gueule que vous n’êtes pas masculins ni différemment forts. Si le délire « Star Wars » ou « matchs de foot » de vos camarades de séminaire, ce n’est pas vraiment le vôtre… ça ne veut pas dire que ce soit l’homosexualité qui vous attend au bout du couloir : ça peut signifier beaucoup plus positivement que vous n’êtes ni beaufs ni bobos. Donc tout va pour le mieux pour vous !
152 – Comment un prêtre peut se laisser surprendre par une homosexualité après son ordination ? Il ne pouvait pas s’en rendre compte avant ?
Cette question me fait penser au discours rapide de ceux qui se lamentent des erreurs du passé avec leur soi-disant « distance » du présent, pour mieux juger à la place des autres de ce qu’ils auraient dû faire. Certainement déçus et autrement aveuglés par la réalité noire qui se cache derrière certains sacerdoces, beaucoup de bons catholiques (qui se croient « hétéros ») sont prompts à juger en procès d’« aveuglement », d’« inconséquence », d’« infidélité » et de « haute trahison », les prêtres qu’ils découvrent « homosexuels actifs », alors que ces derniers ont parfois lutté durement, d’autres se sont repentis, voire même évoluent super bien et mènent parfaitement de front ET leur tendance ET leur ministère.
La confluence de l’homosexualité et de la vocation religieuse n’est pas en elle-même désastreuse, inquiétante, ni ne présage d’un échec certain ou d’un manque de clairvoyance. En effet, ce n’est pas toujours une erreur de s’engager dans la prêtrise en connaissance de cause. Tout simplement parce que l’aveuglement en Jésus n’est jamais un aveuglement réel. Le Christ arrive quelquefois à convertir avec le temps les mauvaises raisons pour lesquelles un postulant au sacerdoce est venu vers lui, en bonnes. La place – plus importante que prévue – qu’occupe le désir homosexuel dans le psychisme d’un ministre du Christ peut être revue à la baisse avec la fécondité réelle d’un apostolat, et le dépassement/le rangement/le tassement effectif de la tendance homosexuelle grâce à l’évangélisation. Eh puis c’est bien souvent à cause d’une vraie lumière, d’une vocation réelle, d’une chaleur communautaire qui n’a ni été simulée ni rêvée, d’une Rencontre authentique avec Jésus, d’une ferveur sincère, d’une combattivité volontariste admirable, d’une foi que Dieu et l’Église dépassent les tentations de la chair, que les personnes homosexuelles séminaristes ou prêtres persévèrent quand même dans la voie du sacerdoce. Il faut savoir le reconnaître et s’en réjouir.
De plus, quand on écoute vraiment le parcours des clercs qui se découvrent homosexuels, on voit bien qu’il y a de tout, et qu’on peut difficilement faire de règles sur la seule base d’un ressenti homosexuel. Personnellement, je rencontre des religieux ou des prêtres qui ont très bien « dompter la bête » (même s’ils connaissent parfois des tentations). J’en rencontre d’autres qui ne gèrent pas du tout, ou qui alternent les phases de consolation et celles de désolation, et qui se sont sincèrement fait surprendre par une homosexualité qui leur a sauté à la gueule – presque sans prévenir – au bout de dix ans de sacerdoce, alors que pendant leurs années de séminaire, ou leurs années de vie communautaire, ou leurs premiers pas dans la vie monastique, ils vivaient « sur leur petit nuage », sans avoir à s’inquiéter de l’eau dormante. Certains, en plus, ont servi l’Église depuis leur plus tendre enfance. Ils ne se voient pas prendre un virage à 180° pour les beaux yeux d’une secrète attirance dont ils devinent qu’elle ne les rendra pas heureux, et qu’ils n’ont parfois jamais concrétisée.
Un ami – qui a maintenant quitté les ordres à contre cœur, et à qui j’avais demandé s’il n’avait pas identifié en lui des signes avant-coureurs comme quoi il ne valait mieux pas qu’il s’engage dans une communauté religieuse, m’a avoué un jour ceci : « Au monastère, t’as pas le temps de penser à ça. T’es dans un autre monde, dans ta bulle, dans un autre trip. Tu es comblé par la prière, par la chaleur d’une assemblée, par le Christ. Tes frères ne te parlent jamais de ça. Ta vie est réglée de telle manière que tu laisses ton ressenti d’adolescence au placard. Et tu n’as envie que d’une chose : bénir le Seigneur de t’en avoir délivré. Enfin… tu crois ! » Dans le feu de l’action monastique ou sacerdotale ou communautaire ou paroissiale, c’est parfois bien difficile d’avoir le recul. De surcroît, l’Église, par sa richesse, offre suffisamment d’occupations et de rencontres pour que la personne sacerdotale se trouve des bonnes excuses pour reporter le face-à-face qu’elle se doit à elle-même.
Mais quand ce face-à-face arrive, ça peut faire très mal ! … tout comme ça peut aussi très bien se passer. Je ne suis pas partisan d’une surévaluation de l’homosexualité sacerdotale ou d’une « traque à l’homosexualité » dans les séminaires. Au nom de quoi (mais c’est la même chose pour les hommes mariés) devrions-nous déclarer l’homosexualité Reine d’une existence humaine, Maîtresse d’une vocation sacerdotale, par rapport au combat parfois fructueux que cette âme mène pour s’en sortir grâce à Jésus et à ses sacrements ?? Au nom des dérapages « objectifs » qu’elle connaîtra forcément sur son chemin sacerdotal de célibataire continent ? Au nom du fourvoiement et des chutes de ses collègues homos qui eux n’ont pas su tenir leur engagement ? Vraiment, avant de juger de la déraison des prêtres « homosensibles » ou de remettre en doute la qualité de leur formation/vocation, nous ferions mieux de nous appliquer à valoriser l’homosexualité continente en Église et à admirer les justes raisons (l’Amour du Christ et de l’Église) pour lesquelles les prêtres homosexuels ont senti l’appel à se donner et ont quelquefois manqué de prudence !
153 – Pourquoi certains prêtres de tendance homosexuelle n’arrivent pas à se retenir de passer à la pratique homosexuelle ?
Parce qu’ils s’imaginent qu’en pratiquant l’homosexualité, ils ne la pratiqueront pas et y échapperont. C’est paradoxal, mais c’est ainsi que fonctionne le diable. « Je vais au sauna et vis des plans cul parce que je ne veux surtout rien y mettre, parce que je ne veux surtout pas assumer mon homosexualité au grand jour ni vivre une homosexualité active. Mes chutes vont m’éviter de m’investir sentimentalement, affectivement, corporellement, socialement, vont m’éviter de collaborer avec le mal. » Ils se targuent d’échapper à l’hypocrisie et à la beaufitude d’un coming out et d’un « couple » homo. Et c’est ainsi que petit à petit, par la clandestinité et la double vie, certains curés s’auto-persuadent qu’ils ne pratiquent pas l’homosexualité. Selon leur logique, ce qui ne se voit pas ou ce qu’ils ne veulent pas n’existe pas… donc peut être exceptionnellement pratiqué !
154 – Faut-il carrément virer les prêtres homos de l’Église ?
Non. Ce n’est ni souhaitable (certains prêtres homos, une fois qu’ils sont continents, sont la richesse de l’Église), ni faisable, ni conforme à l’attitude de Jésus avant la Fin des temps (Après la Fin des Temps, je ne dis pas ; mais en tout cas, pas avant).
155 – Et si certains prêtres font des délits à cause de l’homosexualité, les hautes instances cléricales doivent-elles les couvrir pour éviter les scandales et gérer en interne ?
En ayant vent de toutes les hérésies qui souillent sa propre maison, et en particulier le scandale de la pratique homosexuelle de certains prêtres, évêques et cardinaux, tout croyant un tant soit peu attaché à la pureté de l’Église catholique serait tenté de dénoncer les traîtres, de se radicaliser, de se révolter, de faire un grand ménage, de passer le karcher. Mais ça ne se passe pas comme ça dans la Demeure du Christ. Ce fonctionnement interne a choqué les premiers disciples. Pas de raison que ça ne nous choque pas non plus. Par exemple, l’abbé Pierre-Hervé Grosjean qui, en pleine conférence au 9e Pèlerinage du monde des médias le 28 mai 2016 à Paris, traite de « sales types » ses collègues prêtres pédophiles, ce n’est juste pas possible. Aussi nécessaire soit la lutte contre les pratiques pédophiles au sein de l’Église. Aussi affreux soient les actes de pédophilie commis par des curés. Aussi grande soit la souffrance des victimes. Ce qui est « juste » (selon la justice comptable et factuelle des Hommes) ne l’est pas forcément du point de vue de Jésus et de la Justice divine : regardez la conclusion ébouriffante de la parabole du Fils prodigue ou encore de celle des ouvriers de la dernière heure). De même, ce qui est évangélique n’est pas forcément logique.
Concernant l’homosexualité, je comprends que l’indignation et la circonspection soient de mise. Je reprendrais, dans le roman La Maison battue par les vents (1996) de Malachi Martin, les mots de l’abbé Christian Gladstone s’adressant au père Aldo Carnesecca au sujet du non-interventionnisme du Pape Jean-Paul II, « le Pape slave » : « Expliquez-moi pourquoi ce Saint Père n’exclut pas simplement de nos séminaires tous les théologiens qui y enseignent l’hérésie et l’erreur morale. Pourquoi il ne fait rien contre les Messes blasphématoires, contre la pratique de la sorcellerie par les nonnes, contre l’abandon par des nonnes de tout semblant de vie religieuse, contre le concubinage d’évêques avec des femmes, contre l’homosexualité active de certains prêtres qui ont la charge ministérielle de congrégations d’hommes et de femmes homosexuellement actifs, eux aussi, contre la pratique de rites sataniques par des Cardinaux, contre les prétendues annulations de mariage qui ne sont que des paravents pour de vrais divorces, contre l’emploi par des universités prétendument catholiques de professeurs et d’instituteurs athées et anticatholiques. Vous ne pouvez pas nier que tout cela est vrai, Padre. Et vous ne pouvez pas être surpris de mon malaise. » (p. 88) En réponse à l’incompréhension désemparée et légitime de Gladstone, Carnesecca se contente de souligner la liberté et le choix d’Amour caché derrière l’apparente passivité papale : « Si le Pape est prisonnier comme vous le dites, c’est peut-être parce qu’il est tout bonnement consentant depuis le début. C’est peut-être parce qu’il laisse se commettre tous les abus de pouvoir et tout ce qui dévie du devoir apostolique, à Rome aussi bien que dans chaque province de l’Église. » Le Pape est serviteur avant d’être un père jugeant, impitoyable, qui marchanderait la Vérité pour les beaux yeux puristes et « solidaires » des médias. « Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait réveillé d’entre les morts. On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus. Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : ‘Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ?’ Il parla ainsi, non par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait. Jésus lui dit : ‘Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours.’ » (Jean 12, 1-11)
On peut se demander à juste raison pourquoi cette inertie, ce laisser-faire, ce non-interventionnisme, des directeurs de séminaire, des cardinaux, des papes qui connaissent beaucoup plus que nous ces affaires d’homosexualité ? Le seul qui a osé officiellement mettre de l’ordre à propos justement du désordre homosexuel dans la Curie, c’est le pape Benoît XVI. Ce fut de sa part maladroit mais assez droit au final (cf. la question n°137). Les autres, à leur manière, déploient les efforts qu’ils peuvent, mais ils prennent moins le taureau par les cornes, et sont surtout de moins en moins libres de leurs mouvements (malgré le fait qu’ils soient déjà connus pour avoir la bougeotte !). Pourquoi les autres papes, sans pour autant jeter l’éponge – car cela voudrait dire qu’ils seraient passifs et que leur prière ne serait pas active -, décident de consentir activement à laisser le diable homosexuel pénétrer l’Église ?
Je vois trois raisons principales à cet état de fait : une raison pratique, une raison miséricordieuse (comme je le soulignais au début) et une raison eschatologique. Reprenons-les chacune.
Premièrement, taper du poing sur la table et virer les prêtres homosexuels, c’est pratico-pratiquement impossible. D’une part parce que les prêtres homosexuels exerçant l’homosexualité, aussi minoritaires soient-ils dans l’Église, sont actuellement trop nombreux, trop invisibles et trop haut placés – même dans l’entourage du Pape actuel – pour être délogés et accepter de l’être. Ils jouent d’ailleurs sur le parfum de scandale que la révélation de leurs agissements engendrerait, ainsi que sur la menace – fatale pour l’Église – que ce même scandale entraînerait, pour instaurer leur omerta. En plus, qui peut prouver l’homosexualité ? D’autre part, toutes les homosexualités sacerdotales ne sont pas connues. La frontière entre tendance et pratique est floue ; la frontière entre acte peccamineux et récidive de celui-ci, incertaine ; la frontière entre homosexualité pratiquée et continence quasi parfaite, franchissable ; la frontière entre sphère privée et sphère publique, finement travaillée et – dans le cas homosexuel – souvent insoupçonnable. Les papes sont par conséquent cernés de toutes parts.
Deuxièmement, le flicage intransigeant qui ne laisse pas de place au pardon, ce n’est pas la méthode employée par l’Église. L’Église romaine est un hôpital de campagne qui ouvre sa porte aux criminels et aux pécheurs en priorité. Elle fonctionne comme une famille aimante, fraternelle, qui attend très longtemps avant de se séparer d’un de ses membres et d’en arriver à la colère, à l’exclusion définitive. D’ailleurs, c’est le pécheur qui s’exclut lui-même. À l’instar du Christ, le Pape n’est pas un shérif justicier qui ferait régner la Loi. Il se doit de rejeter le péché mais d’accueillir les pécheurs. « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : ‘Je veux la miséricorde, non le sacrifice’. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Matthieu 9) L’Église n’est pas une entreprise qui embauche au mérite, qui licencie pour faute grave, qui ne pardonne pas les écarts. Le grand nettoyage se fera à la Fin des fins, quand certains Hommes se seront obstinés volontairement dans leurs péchés, leurs abus et leurs manques d’Amour. L’Église ne fonctionne pas comme une prison humaine, comme un établissement scolaire, comme une entreprise. Ça nous déconcerte, car Elle partage des points communs avec ces mêmes institutions, vu qu’Elle est aussi terrestre, humaine, incarnée. Mais toute une part de sa gestion échappe à la logique rentable, légale, répressive ou punitive d’une corporation purement humaine. C’est Jésus qui jugera l’Église. Pas les Hommes. Dans la réaction du pape François face à l’homosexualité sacerdotale, on pourrait y voir une lâcheté, un manque de paternité et de sens des responsabilités, une absence de clairvoyance, une compromission avec le monde, un aveu qu’il ne serait pas le vrai chef de l’Église. En réalité, le souverain pontife, en bon dernier pape (je crois), ne fait qu’imiter l’Agneau-Jésus qui, avant d’être conduit à l’abattoir et avant sa Passion, ne résiste plus, ne se révolte pas, ne réagit pas en comptable ou en libérateur menaçant qui agite une vengeance ou un terrible avertissement, ne se dérobe pas face à sa mort injuste prochaine. Au contraire, il se tait, aime en silence, permet à Judas de Le trahir, laisse faire, rassemble. C’est le sens mystérieux de la proclamation de la Gloire de Jésus lors de la Sainte Cène, pile au moment où précisément Celui-ci constate que Judas a pris sa décision de Le livrer : « Quand Judas fut sorti, Jésus déclara : ‘Maintenant le Fils de l’homme est glorifié.’ » (Jn, 13) Bien évidemment, il ne s’agit pas d’un éloge victimisant de la trahison ni de la passivité. Mais la Royauté victorieuse du Christ, c’est de consentir à obéir à l’Amour du Père. C’est de ne pas avoir répondu au mal par le mal. En cela, Il est gagnant.
Troisièmement, à la Fin des temps, avant la Parousie (c’est-à-dire l’ultime Retour du Christ en Gloire), l’heure n’est pas tant à la pureté et à la Justice qu’à la Miséricorde et à l’abandon au Père. De même qu’au moment de la cueillette ou de la récolte, on ramasse un peu tout sans trop sélectionner avec précision. Et ce n’est qu’après que le tri se fait plus précis, plus regardant et plus impitoyable. Cette attitude papale et christique (la fameuse « mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante » dont parle saint Luc au chapitre 6), elle est écrite et annoncée. Le pape rassemble, invite tous les mendiants sur le chemin et les invités non-officiels (réfugiés, SDF, femmes, personnes homosexuelles, etc.), ne fait plus tellement de sélection sur la qualité et la Vérité, mais plutôt une sélection sur la Charité, en invitant le plus largement possible. Exactement comme dans la Parabole du Festin des noces racontée par Jésus dans Matthieu au chapitre 22 : « Le Royaume des Cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces ; mais ils ne voulurent pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant : ‘Dites aux conviés: Voici, j’ai préparé mon festin ; mes bœufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces.’ Mais, sans s’inquiéter de l’invitation, ils s’en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic ; et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent. Le roi fut irrité ; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : ‘Les noces sont prêtes ; mais les conviés n’en étaient pas dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez.’ Ces serviteurs allèrent dans les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut pleine de convives. Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : ‘Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ?’ Cet homme eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.’ » Si cette ouverture papale nous déconcerte, c’est normal : l’Église amorce sa montée vers Jérusalem et son chemin de Croix vers la Passion du Christ, pour ressusciter avec Lui. Difficile de sauter de joie au plafond. Si cet accueil nous agace, c’est que nous n’avons pas compris comment et pourquoi est mort le Christ (à savoir pour les pécheurs, y compris homosexuels). Si ce silence du pape nous fait grincer des dents, c’est que nous n’avons pas compris que le Père (Dieu) et la Mère (Marie) ne murmurent pas face au mal – alors qu’Ils seraient en droit de le faire ! – et qu’en bons parents aimants qui laissent toujours une dernière chance à leurs enfants, ils ferment les yeux sur nos offenses, font profil bas sur nos impudicités, ne mouchardent pas, mais au contraire prient fort dans le secret pour notre conversion avant le fléau de la Justice qui tombera un jour.
156 – Pourquoi les prêtres ne disent rien sur l’homosexualité ou la pédophilie active de leurs coreligionnaires ?
Le silence fraternel n’est pas que de la peur, de la mauvaise foi, de la lâcheté ni même un aveu de mal et de complicité au mal. Certes, parmi les muets, il y en a qui pratiquent l’homosexualité. Mais beaucoup de prêtres se taisent sur les affaires d’homosexualité parce qu’ils n’ont pas envie de dénoncer ouvertement leurs collègues et préfèrent les aider en priant, en pardonnant et en dialoguant directement avec eux, plutôt qu’en les lynchant en public. En plus, ils aiment leur Église et ne veulent pas que la population généralise à tous les prêtres ni au Christ ce qui n’est pratiqué que par la frange la moins glorieuse et la plus minoritaire de leur beau ministère. Ils se sentent responsables de la chute d’un ami prêtre, bien avant d’extérioriser le problème pour s’en désolidariser dans une indignation médiatique. Là serait la plus grande lâcheté : rester dans le purement factuel, dans un légalisme froid et justicier, qui finalement « se lave les mains » de tout ce qui ne viendrait pas exclusivement de lui. Un prêtre, c’est avant tout un cœur. Il excuse toujours les frères de sa propre famille avant de, parfois, condamner leurs actes. Il a « mal à son Église » quand des faits pareils surgissent au grand jour. Ne lui demandons pas non plus, en plus d’être triste, de devenir hargneux, mouchard et inhumain !
CHAPITRE VII – RESTER FIDÈLEMENT CATHO AVEC CETTE CONDITION HOMOSEXUELLE :
157 – Quel lien existe-t-il entre les personnes durablement homosexuelles et les personnes divorcées remariées ?
De nombreux liens. L’homosexualité et le divorce concernent la violation parodique de la différence des sexes, et les deux publics qui les pratiquent sont appelés par l’Église à vivre la fidélité au sacrement du mariage ou au célibat continent si le cadre de ce même sacrement n’est pas respecté/réalisable. Existentiellement, conditionnellement, religieusement, les personnes durablement homosexuelles et les personnes divorcées remariées sont logées à la même enseigne, unies par un même excommunication (si jamais elles pratiquent le péché auquel les conduit leur condition) ou une mystérieuse promesse de Salut (si jamais elles refusent de s’adonner à leur tendance sexuelle et redeviennent fidèles à leur premier/unique mariage).
En effet, j’ai remarqué qu’il y avait un étonnant écho qui s’opérait entre pratique homosexuelle et divorce. Les deux sont graves et adultères : l’un est donc le reflet voilé de l’autre. Et quand ils ne sont pas pratiqués ou quand ils sont subis, les personnes homosexuelles deviennent le levier de sanctification des personnes divorcées-remariées, et inversement. Le divorce est à l’homosexualité ce que la stérilité est à l’avortement : le jumeau terrible (dans le cas de la pratique de l’homosexualité ou de l’IVG) ou le jumeau salvateur (dans le cas de la non-pratique). D’ailleurs, cette Communion des saints est assez bluffante à observer… Je m’explique. Par exemple, en me rendant aux rassemblements catholiques de soutien aux personnes concernées par l’avortement, j’ai été surpris d’y croiser un certain nombre de couples concernés par la stérilité, l’infécondité biologique, et présents dans l’assistance incognito. Or, si on considère les situations en elles-mêmes, l’interruption volontaire de grossesse n’aurait pas grand-chose à voir avec l’impossibilité involontaire de procréer. Et pourtant, le rapprochement entre avortement et stérilité se fait ! À chaque épreuve particulière à laquelle nous sommes confrontés, Dieu nous assigne des amis précis, des anges-gardiens (néanmoins humains) qui sont là pour refléter nos propres blessures et, dans le meilleur des cas, pour nous annoncer la victoire future de nos combats personnels et malgré tout communs sur celles-ci, grâce à Dieu. C’est beau !
Dans le cas des tables rondes sur l’homosexualité, il arrive la même chose, sauf que cette fois le public caché est celui des personnes divorcées-remariées (et par extension, des personnes vivant un célibat imposé et/ou subi). Lors des sessions catholiques d’accompagnement des personnes homosexuelles, par exemple, plein de femmes et d’hommes quitté(e)s par leur conjoint ou vivant un divorce douloureux, viennent chercher des réponses à leurs propres situations. Ce rapprochement, qui a l’air explosif – et qui l’est quand l’homosexualité pratiquée est défendue (il n’y a qu’à voir l’Association de malfaiteurs qu’a été inconsciemment la Loi Taubira, loi qui a réuni les personnes homosexuelles et les personnes qui se présentaient comme « hétéros gays friendly » pour se venger secrètement de la différence des sexes et de leur mariage raté ; je ne connais pas de personne bien dans son mariage qui ait défendu le « mariage gay ». La défense de l’homosexualité est à elle seule un aveu de désir de divorce) – est en réalité providentiel. La proximité de souffrance, de violence et de rédemption, entre l’homosexualité et le divorce fait que bien souvent, en société comme dans les colloques accueillant les personnes homosexuelles, ce sont les personnes divorcées, adultères, libertines, mal mariées, qu’on retrouve en priorité. Et quand, en plus, l’homosexualité est couronnée par la continence, on peut élargir le public caché de l’homosexualité à toute personne qui expérimente le combat pour la fidélité à Jésus et à son Église catholique : par exemple, l’homme marié qui reste fidèle à sa femme alors qu’il est homo, la personne qui garde un lourd secret, la personne veuve, l’homme marié qui résiste à sa belle secrétaire, la personne malade ou âgée qui résiste au suicide ou à la désespérance, la personne qui surmonte sa peur, la femme qui ne quitte pas son mari après tromperie, etc.
Une fois démontrée la similitude entre les deux sujets, je vois toutefois que, contextuellement, médiatiquement et politiquement, force est de reconnaître qu’il existe quand même une différence symbolique de taille entre homosexualité et divorce. L’homosexualité atteint un cran supérieur sur l’échelle d’importance, de gravité, de priorité de traitement, d’influence, comparé au divorce, parce qu’elle sert d’alibi bien-pensant et mondial n°1 pour l’effacement progressif de la différence des sexes (alors que le divorce, aussi violent et dramatique soit-il, ne remet pas du tout en question la reconnaissance sociale de la réalité humaine de la différence des sexes, même si à l’évidence il maltraite celle-ci).
De plus, le divorce, socialement, ne bénéficie pas d’un capital sympathie/empathie et d’un pouvoir médiatico-politique aussi puissant que l’homosexualité. Les libertins ne poussent pas (encore) le bouchon assez loin pour avoir le culot de nous vendre le divorce comme un bien ou comme de l’amour. En revanche, l’homosexualité, si ! Nous devons donc en tenir compte et la considérer comme un thème majeur, un objectif prioritaire. Ça semble étrange, illogique et disproportionné mais c’est ainsi. Avec l’Union Civile et le « mariage gay », c’est le cœur de l’Humanité, à savoir la différence des sexes, qui a été touché et banalisé mondialement. À l’instar de l’avortement ou du chômage, le divorce n’aurait jamais pu déplacer les foules (cf. les Manifs Pour Tous) comme l’a impulsé l’homosexualité (alors qu’objectivement, que deux hommes passent à la mairie, ça semble bien moins grave que de tuer un bébé par un avortement ou de perdre son boulot ; en plus, les personnes homosexuelles restent démographiquement une minorité de la population mondiale, et devraient donc avoir un poids décisionnel et une influence dérisoire). Pourtant, à cause de l’importance et de l’universalité de la différence des sexes d’une part, et eu égard à l’ignorance collective et au crédit compassionnel dont bénéficient les personnes homosexuelles d’autre part, l’homosexualité occupe dans notre monde d’aujourd’hui une place de premier plan. C’est la grande différence entre l’homosexualité et le divorce.
C’est la raison pour laquelle je crois que l’inflation actuelle des publications des guides catholiques de préparation au mariage, aussi utiles et justes soient-ils, constitue une erreur de vision sur les enjeux mondiaux du moment concernant la sexualité. Les prêtres catholiques médiatiques, en sortant une énième méthode pour « bien réussir son mariage et son couple » dans l’optique de déringardiser la Théologie du Corps de Jean-Paul II ou de costumiser la Théologie de la libération (#engagetoi #lengagementcestbien), se plantent de cible et de priorité.
158 – Peut-on être en couple homosexuel tout en restant chaste ?
Je ne le crois pas. Il y a incompatibilité foncière entre chasteté et « couple » homo car l’inceste (l’inverse de la chasteté) – et la fusion qu’elle induit – est provoquée d’une part par l’absence d’amitié désintéressée, d’autre part par l’absence de différence des sexes en amour et en sexualité, et par conséquent ne permet pas la chasteté effective. C’est pourquoi l’expression « union homo chaste », « couple homo chaste », « couple homosensible spirituel » ou « amour fraternel », est antinomique. En amour (plein), on ne peut pas servir deux maîtres : l’absence de différence des sexes (le « couple » homo) ET l’incarnation même de la différence des sexes (à savoir Jésus et, par atavisme, l’Église catholique). Il faut choisir. Les deux ensemble (homosexualité active et pratique religieuse active ; ou bien homosexualité active et chasteté parfaite) ne collent pas. Ce que je vous dis là, je l’ai expérimenté dans ma propre vie homosexuelle active, et dans les couples homos que je vois (même ceux qui sont présents tous les dimanches sur les bancs de l’église).
Certains prêtres et évêques feintent hypocritement/par ignorance, jouent sur les mots en soulignant que « le couple homosexuel ne serait pas l’acte homo », ou que le couple homosexuel ne contredirait pas l’Église ni l’amour de Dieu partagé entre deux hommes et donnés à deux hommes « en couple », d’autant plus si ce « couple » va à l’Église, s’il vit sous le même toit « en frères », et s’il n’exerce pas la totalité des pratiques génitales et affectives qu’embrasse l’expression « actes homosexuels ». À leur décharge, cette incompatibilité ou impossibilité (entre pratique homo et chasteté) n’est pas dite, même par nos chefs ecclésiaux, parce qu’elle n’est pas de l’ordre de l’évidence, mais également parce que, je crois, elle sort du cadre moralisant du manichéisme bien/mal pour trouver sa maigre justification dans le Mystère d’iniquité qu’est la Croix et dans le silence de Jésus qui nous laisse libres.
Il n’y a pas de chasteté foncière dans le « couple » homo. Néanmoins, il peut y avoir chasteté partielle dans le respect, la distance, la constance, la non-fusion entre les deux amants. Et les actes de charité qu’ils posent ensemble, leur attention mutuelle, leur maison ouverte, ou bien leurs engagements sociaux et ecclésiaux, peuvent être un bon moyen de l’instaurer. Et si de surcroît ce « couple » est catholique en actes et qu’il a conscience des limites de ce qu’il vit et du péché qu’il pose en persistant dans son mode de vie, il peut vivre, je crois, l’humilité paradoxale du pécheur qui se sait bien plus redevable et dépendant de la Grâce de Jésus qu’un homme marié et catholique pharisien qui s’estime bon et parfait sans l’aide de Jésus. Au Ciel, on risque d’avoir bien des surprises. C’est pourquoi je vois dans la prudence du Pape François (« Qui suis-je pour juger ? ») le contraire du pharisaïsme… même si ce n’est pas, pour le coup, très guidant.
159 – Ne vaut-il pas mieux composer avec l’homosexualité en vivant un couple homo avec un partenaire catho, plutôt que de s’imposer un célibat sec, de ne pas aimer du tout et d’être malheureux toute sa vie ?
Alors, et d’une, ce n’est pas parce qu’on n’est pas en couple qu’on n’aime pas et qu’on passe à côté de sa vie.
Deuzio. Ailleurs se trouve toujours pire que ce qu’on vit : ça ne rend pas pour autant ce qu’on vit juste. L’ordre ne vient pas du chaos. Il n’y a pas lieu d’opposer une caricature à une autre caricature, ou une situation peu idéale à une situation supposément plus catastrophique qu’elle, pour justifier la « moins pire », mais au contraire il nous faut viser un meilleur qui les dépasse toutes deux et qui reste réalisable. Rien ne sert non plus d’encenser le « couple homo soi-disant chaste » sous prétexte que la plupart des « couples » homos se comportent encore pire que lui et ne fournissent pas le quart du tiers d’efforts et de fruits qu’il donne.
Gardons-nous aussi de monter au pinacle le terme « chasteté » et sa supposée supériorité morale. Cette supériorité n’est ni évidente, ni clinquante, ni flagrante ni à imposer et à opposer à la chasteté partielle des « couples homos cathos » dont je parlais tout à l’heure. Faire la volonté de Dieu dans le domaine de la pratique homosexuelle est toujours mieux que de ne pas la faire, mais n’apporte pas tellement beaucoup mieux et ne change pas grand-chose a priori. À certains moments, la tentation de céder à la pratique homosexuelle et à la douceur du sentiment amoureux homosexuel est même si forte qu’il n’y a plus qu’au sein du Catéchisme de l’Église catholique et de la prière auquel se vouer pour trouver un sens au renoncement : « Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne. » (CEC, n°2359)
Je me sens donc bien petit et bien désarmé pour instaurer une frontière franche entre chasteté et pratique homo, pour dire qu’un « couple » homo pèche d’autant plus s’il joue au catho et qu’il connaît la vérité sur sa désobéissance, ou même pour renoncer définitivement à la pratique homo et donc au « couple » homo. Face à des « couples » homos qui se débrouillent mieux que bien des couples homme-femme, à des couples homos qui sont fidèles, qui sont ouverts aux autres, qui sont charitables et ne vivent pas que pour eux, qui ont même mis Jésus dans leur « binôme », que puis-je dire ? Je suis toujours bien embêté et peu sûr de mes billes. Même si j’ai le devoir d’annoncer la Vérité, d’en vivre, et que le temps, les faits, donnent finalement raison à l’Église.
J’ai beau deviner la Voie Royale, connaître ce que je dois faire en conscience et ce que me dicte l’Église, au moment où je vous parle, je ne sais toujours pas si j’ai pour autant raison de renoncer définitivement au « couple » (pour moi), s’il faut absolument que j’y renonce, si j’aurai toujours la force d’y renoncer, voire même si ce serait si catastrophique de ne pas y renoncer ou en contradiction avec tout ce que j’ai écrit. Toujours pas convaincu. Ma grande souffrance – mais c’est aussi là que se niche mon indestructible liberté et l’amour personnel de Jésus pour moi – réside dans cette incertitude de mon sacrifice et de ma foi. Si j’étais 100% assuré d’être dans le vrai, je ne serais pas libre ni aimé de Dieu ni son collaborateur. Si je me sacrifie dans la continence, c’est mieux ; si je ne me sacrifie pas, je vivrai la tristesse du jeune homme riche de la Bible (Mt 19, 16-30), qui malgré tout ne sera pas forcément voué à la géhenne d’avoir refusé de tout donner, et qui n’est pas un ripou pour autant : c’est même un gars bien, qui a « juste » eu la bassesse de troquer le don de lui-même contre son plaisir, sa raison, son confort. Je n’ai aucune certitude concernant le manque de chasteté, d’amour et de beauté, au sein du « couple » homo qui a décidé de respecter Dieu même s’il ne Lui obéit pas entièrement. Cette impuissance est à la fois mon drame (en plus, ça me donne l’impression d’être soit hyper orgueilleux soit complètement fou dans l’entêtement), à la fois bon signe et nécessaire : elle prouve que Dieu est amour.
Et le pire, c’est que rien n’est véritablement fait dans l’Église catholique pour qu’on renonce au « couple » homo, pour nous servir de pare-feu, pour soulager ce cri d’angoisse quand la tentation amoureuse homosexuelle nous assaille. Quasiment pas d’encouragement. Quasiment pas de compréhension. Quasiment pas de soutien. Quasiment pas de sympathie et de fraternité. Quasiment pas d’explications solides du « pourquoi c’est mal » et « qu’est-ce qu’il y a de mieux ». Sur les réseaux sociaux (mon seul moyen de diffusion de mes idées et de mes écrits), j’ai souvent l’impression de ramer dans le vide, de soliloquer quand j’explique les limites du « couple » homo et la primauté de la continence, quand je défends le commandement de l’Église et du Christ sur l’homosexualité, quand j’explique pourquoi l’« amour » homosexuel n’est pas un amour authentique. On m’écoute – y compris les catholiques – avec circonspection, distance, jalousie, méfiance, absence, intérêt égoïste, froideur, peur, dérision, suspicion. Comme si j’étais un traître, un excessif, un menteur, un honteux, un penseur dont il faut freiner ou sélectionner la pensée. Idem, quand je consulte l’avis des cardinaux, des évêques, des prêtres et même des Papes, à propos du « couple » homo : je sens qu’ils patinent dans la même semoule que moi ou qu’ils se défilent au moment d’expliquer pourquoi il vaut mieux ne pas le vivre, en me renvoyant à mes écrits… parce qu’ils n’ont guère d’autres références que mon travail en matière de réfutation du passage à l’acte homo. C’est à jeter l’éponge, ce désert ! Et cette maigreur de la frontière entre le « correct » et le meilleur, c’est à perdre la foi ! Voilà pourquoi, même si vous êtes en « couple » homo « chaste » (en intentions) et catho pratiquant, je ne vous jugerai jamais d’avoir cédé à la facilité de vivre en concubinage, de choisir le compromis ou le moindre mal, de privilégier le plaisir au don… même si je ne cesserai pas de penser que ce que vous vivez est limité, écartelant, insatisfaisant, en partie faussé, moins authentique que la continence. Je n’en suis moi-même pas sûr. J’ai l’impression, face à certains « couples » homos, de me tromper, d’être injuste envers eux, trop sévère, d’être un briseur de rêves, d’être un avorteur d’amour (un amour certes pas idéal mais pas toujours laid non plus : « Si ça n’est pas vraiment l’amour, ça y ressemble » comme dit la chanson), un disciple arbitraire du Catéchisme. Dieu m’entende et me maintienne toujours dans l’humilité et la maigre supériorité de la continence.