Sainte Humanité

bulle
 

Rencontre christique cet après-midi. Alors que je traversais la place de l’Hôtel de Ville de Paris, deux gars de la rue, Pascal et Philippe (dont l’un d’eux a l’habitude d’y faire des bulles de savon géantes avec des cannes et une corde) écoutaient, assis, avec hauts parleurs, la chanson « Salut les amoureux » de Joe Dassin. Et quand ils m’ont entendu l’entonner par coeur en même temps qu’eux, ils m’ont manifesté un grand enthousiasme. Je n’ai fait qu’un passage-éclair qui nous a valu un bel échange de sourires. Puis, sur le chemin du retour, je me suis arrêté leur parler. J’ai halluciné de leur sympathie, camaraderie, gentillesse à mon encontre. L’un d’eux, le plus âgé, s’est mis à m’évangéliser (« Jésus, il continue de pleurer, tout le temps tout le temps, pour recevoir notre amour. »), sans même savoir que j’étais catho. L’autre, celui de 36 ans, se disait agnostique (« Tu sais, moi je passe mon temps à donner du bonheur aux gens, mais je ne porte que du malheur. »). Mais tous les deux, dans un scène qui avait tout de la cène eucharistique (c’est pour ça que ça me faisait marrer intérieurement, et que je les regardais, émerveillé/intrigué, comme s’ils étaient des Christs déguisés qui ne le savaient pas et qui m’avaient été envoyés pour m’adresser un scoop céleste là maintenant tout-de-suite), m’ont proposé gratuitement à boire, sans me demander d’argent, m’ont parlé de l’Évangile, ont rompu en deux leurs sandwichs Quick pour me le donner, sur un air de « Free » de Steevie Wonder et de « Ma liberté » de Serge Reggiani. Je les ai quittés. Mais ils m’ont bien identifié, et m’ont donné rendez-vous un de ces jours sur ces lieux. Dieu m’étonnera toujours, et nous comble de cadeaux, de messages, de signes. Sainte Humanité.