« Pourquoi es-tu venu nous parler d’homosexualité ? Es-tu là pour fouiller la merde ? Pour inciter ? Pour culpabiliser ? Pour donner de mauvaises idées ? Pour fragiliser ? Es-tu venu pour nous perdre ? N’est-ce pas l’Humain qui est primordial et non sa sexualité ? » Voilà le perpétuel disque qui vient me bâillonner et éteindre la joie réelle qui a été vécue collectivement après chacune de mes conférences sur l’homosexualité.
Même quand mes témoignages se passent super bien, il y a toujours chez mon auditoire un doute, un soupçon, une jalousie, une méchanceté, une incompréhension, une deuxième étape ambivalente et amère, qui viennent s’infiltrer après coup, et qui même peuvent avec le temps lui faire regretter de m’avoir invité, ou bien me décourager à jamais de m’exposer publiquement. Ce désaveu lancinant, cette vengeance inattendue, cette perte de confiance, cette trahison, ce retournement de veste, ce passage des Rameaux à la Crucifixion, cette peur insidieuse, cette réclamation du service après-vente, me fait penser au ressentiment qu’un patient, après avoir été opéré pour une intervention chirurgicale qui s’est révélée moins bénigne que prévu, après avoir vécu la douleur du vaccin ou de l’arrachage de dent, après avoir été vexé d’avoir été pris en flagrant délit d’accoutumance au mal ou d’ignorance d’un mal ou de complicité avec le mal (= la croyance en l’« amour » homo, par exemple), exprime contre le médecin qui l’a pourtant prémuni, guéri, averti.
L’avertissement contre l’homosexualité rompt l’euphorie, annonce la Résurrection mais aussi le passage par la Croix pour la connaître. Il pèsera donc toujours sur celui qui annonce la rédemption divine dans le cadre homosexuel l’accusation de promouvoir ce contre quoi il met en garde, la confusion populaire entre risque et péché, entre vaccin et poison mortel. Le connard : il m’a réveillé, il m’a mis en garde, il m’a responsabilisé en même temps qu’il m’a sorti de mon ignorance et de mon esclavage ! Il m’apprend que la liberté dans la Vérité n’est pas confortable. Il va le payer, cet évangélisateur de merde, cette pédale vertueuse !
Avec l’homosexualité, la Bonne Nouvelle prend tout le temps la forme de l’avertissement, de la petite souffrance pour éviter la grande, du mal pour un bien, de la douleur du réveil ou des douleurs post-natales et post-opératoires. Ce ne sera jamais simple. C’est grand, très grand, si c’est donné et vécu dans le Seigneur. Mais pour le confort et l’euphorie, pour la popularité et l’unanimité, il faudra repasser.