Délivrez François, la Potiche des cathos pape-arazzis !

Pape François 0
 

Le Pape a un ennemi que ses prédécesseurs enduraient un peu moins : le narcissisme de ses propres « fidèles », autrement dit la trahison interne souriante. Cette déferlante d’écrans arrivistes – qui est le lot de toute star mondiale assaillie par les paparazzis – reste encore drôle quand on en a conscience, qu’on la parodie et que surtout on n’y cède pas… mais là, le drame, c’est que le Pape François doit forcément la vivre comme un phénomène pictural qui le rend lui-même haïssable, superficiel, niais, passif, qui décrédibilise son image et fige son message (autrement moins superficiel), et auquel il est obligé de se plier un minimum car sa communication évangélisatrice passe aussi par là.
 
Pape François 2
 

Il doit sentir encore plus son isolement parce qu’il est utilisé comme pantin encadré, statue de cire du Musée Grévin, faire-valoir pictural, par ceux-là mêmes qui se prétendent ses disciples.
 

Le Pape avec le groupe Glorious

Le Pape avec le groupe Glorious (Non non, je vous jure, ils ne posent pas avec une statue)


 

Qu’on le veuille ou non, la nécessité impérieuse de la photo-souvenir fausse la gratuité de la rencontre, pulvérise en partie le caractère unique et la temporalité du dialogue. Quand la machine s’interpose, l’échange humain profond et la convoitise se télescopent, pour laisser comme un goût amer : les preuves picturales de la joie sont apparemment là, dans les regards, les sourires, les étreintes, les mots gentils. Et pourtant, la mise en scène a pris le pas sur la scène, le paraître sur les idées.
 
Pape François 3

 

Seul le Christ a dû vivre un isolement pire que notre Pape actuel car à son époque, il n’y avait pas uniquement d’écran plasma entre lui et ses contemporains : ces derniers demandaient à le voir agressivement, voulaient carrément le toucher, lui arracher ses vêtements, le voler, l’écarteler, le tuer ; et ses amis n’assumaient même pas d’apparaître en sa présence.
 

Ceci dit, en voyant la débauche de médiatisation qui entoure notre souverain pontife actuel et qui le déforme au point de déclencher les foudres et les incompréhensions des membres de sa propre famille confessionnelle (qui le voient comme la « pute du Système »), je ne peux m’empêcher de compatir et de prier encore plus pour lui. Je ne peux m’empêcher de demander au Seigneur de m’aider à ne pas confondre le pape François avec son image catastrophiquement lisse, avec le personnage numérisé qui déblatère des phrases fades et coupées au montage. Et je me dis en moi-même : Comme il doit se sentir exploité en permanence ! Qui plus est, par des gens qui lui veulent du bien (et pas uniquement par les journalistes qui lui veulent du mal)… ce qui multiplie les faux amis, les quiproquos ! Ça rend cette exploitation iconographique encore plus amère, encore plus générale, encore plus invisible. Cette sollicitude encore plus assommante. Et la solitude du berger encore plus béante. Ça me donne aussi encore plus envie de prier pour lui… et de me cacher de lui, au cas où il demanderait, par miracle, à voir l’araignée.
 
Pape François 5
 

C’est con et triste à dire, mais cette agression d’images que vit le pape me coupe l’envie de le rencontrer en face à face. Ou alors, si j’ai la chance un jour de lui parler en vrai, il faudra que ce soit dans un tunnel, sans appareil photo, sans caméra, et surtout uniquement pour discuter à bâtons rompus plusieurs heures et bosser dur le dossier de l’hétérosexualité ! Sinon, rien. Alors autant dire qu’il y a peu de chance que ça se produise et que toutes ces conditions soient réunies. Moi, je préfère lui donner rendez-vous au Ciel. Moins stressant et moins pourri, comme ambiance.
 

Aux Philippines, le Pape vient parler de la famille... pardon, se fait prendre en photo

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