Aube
NOTICE EXPLICATIVE :
L’amie du petit déjeuner,
l’amie Aube Lalvée
L’aube dans les fictions homo-érotiques – et parfois dans le réel – n’a en général pas l’éclat de la beauté du coucher de soleil de la veille, ni l’euphorie de la nuit de fête/de sexe. Plutôt le contraire ! Elle est le moment de l’atterrissage brutal dans le Réel, un atterrissage non-maîtrisé par le désir, par la liberté. L’heure du bilan de la violence et de la vanité de l’amour homosexuel pratiqué. Honteuses d’« avoir fait » sans en éprouver de culpabilité (puisque la société bisexuelle les a persuadées que c’était de l’amour), beaucoup de personnes homosexuelles demandent à rester dans le placard carnavalesque du samedi sans connaître la résurrectionnelle et concrète joie dominicale.
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Vampirisme », « Ombre », « Morts-vivants », « Sommeil », « Mort = Épouse », « Drogues », « Funambulisme et Somnambulisme », « « Première fois » », à la partie « Haine de la Réalité » du code « Planeur », à la partie « Cendres » du code « Désert », à la partie « Carnaval » du code « Clown blanc et Masques », et à la partie « Festins non débarrassés » du code « Obèses anorexiques », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.
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FICTION
a) L’horreur boréale :
Dans les œuvres fictionnelles homo-érotiques, l’aube est un leitmotiv : cf. le roman Celestino avant l’aube (1965) de Reinaldo Arenas, la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphan Druet (avec Alba – « aube » en espagnol –, le personnage principal explosif qui se révèlera lesbienne au cours de l’intrigue), le roman Tous les matins du monde (1991) de Pascal Quignard, la pièce Minuit chrétien (2008) de François-Louis Tilly, la nouvelle La Nuit est tombée sur mon pays (2015) de Vincent Cheikh, la chanson « Les Filles de l’aurore » de William Sheller, le film « Howl » (2010) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, le roman Au vent crispé du matin (1913) de Francis Carco, le film « Petit Matin » (1970) de Jean-Gabriel Albicocco, les romans El Mañana Efímero (1957-1958) et Fin de Fiesta (1962) de Juan Goytisolo, le roman Fin De Fiesta (1930) de Federico García Lorca, le roman Termina El Desfile (1980) de Reinaldo Arenas, le film « Après après demain » (1990) de Gérard Frot Coutaz, le roman L’Horreur de l’aube (2000) de Philippe Olivier, le film « Out Back » (« Le Réveil dans la terreur », 1971) de Ted Kotcheff, les romans Partir avant le jour (1963), Demain n’existe pas (1979) et Minuit (1936) de Julien Green, le film « El Despertar » (1976) de Manuel Esteba, le film « La Fin de la nuit » (1996) d’Étienne Faure, le film « L’Aurore » (1927) de Friedrich Wilhelm Murnau, le roman Demain il fera jour (1949) d’Henry de Montherlant, les poèmes « La Murga » et « Polvo » de Néstor Perlongher (où la voix poétique veut en rester au samedi), le film « The Night Before » (1973) d’Arch Brown, la chanson « Les Enfants de l’aube » de Bruno Bisaro (périphrase pour désigner les hommes homosexuels du Marais), le recueil de poésies Como Quien Espera Al Alba (1941-1944) de Luis Cernuda, la pièce Canción Para Un Atardecer (1973) de Noel Coward, le roman L’Aube (1962) de Dominique Fernandez, le film « Minuit dans le jardin du bien et du mal » (1997) de Clint Eastwood, le film « Midnight Dancers » (1994) de Mel Chionglo, le film « When Night Is Falling » (1995) de Patricia Rozema, le film « Cold Light Of Day » (1990) de Fhiona Louise, le roman Médianoche amoureux (1985) de Michel Tournier, le film « L’Examen de minuit » (1997) de Danièle Dubroux, le film « Les Rencontres d’après-minuit » (2013) de Yann Gonzalez, le film « La Nuit de Varennes » (1981) d’Ettore Scola, le roman Jamais avant le coucher du soleil (2003) de Johanna Sinisalo, la chanson « last Night » de Britney Spears, le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin (avec le Tex, le gigolo-cowboy, censé à minuit pile débarquer dans l’appartement d’Harold pour lui rouler une pelle et pour être sa petite gâterie), le film « The Long Day Closes » (« Une longue journée qui s’achève », 1991) de Terence Davies, le film « Tout droit jusqu’au matin » (1990) d’Alain Guiraudie, la chanson « Les Lueurs matinales » d’Étienne Daho, la pièce The Milktrain Doesn’t Stop Any More (Le Train de l’aube ne s’arrête plus ici, 1963) de Tennessee Williams, le film « La Promesse de l’aube » (1970) de Jules Dassin, la chanson « L’Alba » de Jeanne Mas, le film « Tout droit jusqu’au matin » (1990) d’Alain Guiraudie, le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent, le film « Nuits blanches sur la jetée » (année) de Paul Vecchiali, l’épisode 4 de la saison 3 de la série Black Mirror (« San Junipero ») insistant sur minuit, etc.
Certains personnages, dès qu’ils s’homosexualisent, se mettent à refuser les fins (de nuit, ou d’autre chose) : c’est le cas par exemple de Valentín dans le roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1976) de Manuel Puig, de la soirée « Un point c’est tout » du Fistclub dans le one-man-show Gérard comme le prénom (2011) de Laurent Gérard, etc.
L’aube dont il est question dans les fictions homo-érotiques n’a rien d’une renaissance ou du nouveau commencement. Ce n’est pas un moment généralement positif. Elle met fin à l’orgie. « Fini le théâtre ! Finies les belles robes et les couronnes de strass […] Le théâtre est fini ! » (les dernières répliques de Madame Lucienne dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; « C’est toujours embarrassant, les matins après. » (Stéphane ayant recouché avec son « ex » Vincent pour une nuit, dans la pièce Un Tango en bord de mer (2014) de Philippe Besson) « On n’est pas raisonnables, ni toi ni moi. » (Vincent, idem ) ; « Oui, c’est la fête, enfin… la fin de la fête. » (Luc dans la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi) ; « Où étais-tu entre le coucher et l’aube ? » (Michaël, le héros trans M to F, dans le film Gun Hill Road (2011) de Rashaad Ernesto Green) ; etc. L’aube exprime la léthargie, l’engourdissement pénible, le vide, l’absence de bien ou l’absence à soi, autrement dit une expérience de l’enfer (cf. je vois renvoie également au code « Drogues » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). « L’inconfort se réveille avec les premiers rayons du soleil, mais cette fois, le malaise dure à peine aussi longtemps que l’aube. » (Ahmed et son amant Saïd, après leur première nuit d’amour, dans le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot, p. 47) ; « Trente-cinq jours sans voir la terre, pull rayé, mal rasé, on vient de débarquer. Trente-cinq jours de galère et deux nuits pour se vider. J’avance sur ce quai humide. La sueur brûle comme l’acide. L’enfer va commencer. Bière chaude et narguilé, ‘Chez Mario’, tout oublier. » (cf. la chanson « Cargo de nuit » d’Axel Bauer)
Par exemple, dans le film « Infidèles » (2010) de Claude Pérès, un réalisateur et un acteur s’enferment dans un appartement, seuls, avec une caméra, toute une nuit, jusqu’au lever du jour, pour mettre à l’épreuve leurs désirs… mais cela tourne mal. Dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi, le jour est associé à la folie : « Je préfère traîner la nuit dans les gares où au moins on choisit son délire du petit matin ! » Dans la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1971) de Copi, Madame Garbo veut entreprendre un voyage vers la Chine avec son amante Irina, périple qui n’aboutira jamais : « J’ai besoin de quarante chiens et d’un traîneau solide pour arriver au transsibérien avant demain à l’aube. » Dans le film « Quatre heures du matin » (1938) de Fernan Rivers, Durand-Bidon est surpris, à l’aube, par sa belle-mère acariâtre, dans une baignoire avec un homme, tandis qu’ils rentraient d’une soirée « bien arrosée » : elle le suspecte pour le coup d’être homosexuel. Dans le film « Sils Maria » (2014) d’Olivier Assayas, l’aube est signe de malaise : Valentine roule tôt toute seule en montagne et ça la fait vomir ; Maria, quant à elle, a peur de l’aube (« Je veux bien me lever à l’aube, mais pas pour me perdre. »). Dans le film « Test : San Francisco 1985 » (2013) de Chris Mason Johnson, Todd et Frankie, les deux amants homosexuels, font partie d’une troupe, Mc Manus Ballet, qui met en scène un spectacle intitulé After Dark. Dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino, après leur coït, le matin, Oliver et Elio sont submergés par la mélancolie.
Dans les fictions traitant d’homosexualité, l’aube est en général l’expression du déni du viol vécu la veille, du ravissement amnésique après la nuit sexuelle fusionnelle : « Il n’est pas sûr du tout qu’il fera jour demain. Je ne distingue plus le jour ou la nuit. » (Nicolas Bacchus dans son concert Chansons bleues ou à poing, 2009) ; « Je veux que tu m’imagines à tes côtés, tel un éternel lever du jour. » (Carol, l’héroïne lesbienne s’adressant à son amante Thérèse, dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes) ; « Je rampais, recru, exsangue, la langue aussi râpeuse qu’un reg, jusqu’aux bottes du dernier garçon, jusqu’au dernier jean-braguette-slip-sperme avant l’aube laborieuse. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « Au musée » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 107) ; « Margot se rappelle non sans effroi cette aube funeste aux pis glacés, où un très beau [taureau] vint la renifler sans crier gare, oubliant que le pavé du quai glisse plus que les touffes d’herbe, surtout mouillé d’une aube funeste aux plis lascifs. […] Alors, depuis : scronch, scronch ; tchouk, tchouk, tous les samedis soir, ni vue ni connue au milieu des taureaux qu’elle ignore de toute la morgue de son ruminant ministère. » (cf. la nouvelle « Margot, histoire vache » (2010) d’Essobal Lenoir, pp. 119-120) ; « Comme la balance du tonnerre les vagues de l’amour font des courbes qui nous jettent dans le corps l’une de l’autre jusqu’à l’aube. » (cf. la narratrice lesbienne du poème « Ton regard dans l’amour » (2008) d’Aude Legrand-Berriot) ; « C’est presque l’aube. […] C’est l’aube, et ta pensée me réveille. […] On ne tutoie pas l’aube. » (Daniel à son amant Luther dans le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta) ; « Avant la fin de la nuit, je reviens… » (cf. la chanson « Cap Falcon » d’Étienne Daho) ; « On était au bord d’un lac. On regardait un coucher de soleil. Soudain, tout s’est écroulé. On s’est endormis. Et ils nous ont trouvés. » (Graham en parlant de son amour d’adolescence avec Manadj, dans le film « Indian Palace » (2011) de John Madden) ; etc. Gueule et bite de bois assurées ! « Nous décidâmes de passer la nuit à Notre-Dame […] car nous craignions dans la nuit une attaque de l’ONU. Nous ne pûmes fermer l’œil de la nuit vu le vacarme général qui régnait à Notre-Dame et sur le parvis. Les prisonniers ayant fait sauter les verrous des caves de l’archevêché, ils organisèrent une fête au champagne dans la nef de la cathédrale. Les folles de Sainte-Anne jouaient de l’orgue à dix-huit mains et les autres buvaient et forniquaient partout, hommes et rats ensemble. » (Gouri, le narrateur bisexuel du roman La Cité des Rats (1979) de Copi, p. 95) ; « La nuit est une émancipation. » (cf. une réplique du film « Des jeunes gens mödernes » (2011) de Jérôme de Missolz) ; etc.
L’aube est l’instant de la rupture, de la fin de l’orgasme, des adieux (« Retiens la nuit » bis), de la prise de conscience amère de sa finitude et du caractère éphémère de l’amour qui est en train de se vivre : cf. le film « Une dernière nuit au Mans » (2010) de Jeff Bonnenfant et Jann Halexander, le roman Le Garçon enterré ce matin (1991) de Joseph Hansen, le film « Carne Trémula » (« En chair et en os », 1997) de Pedro Almodóvar (avec le lever du soleil accueilli dans les larmes), le film « Requiem à l’aube » (1976) d’Olivier Desbordes, la chanson « Regrets » de Mylène Farmer (« L’aube est là, reste là. »), la chanson « Mon Légionnaire » de Serge Gainsbourg (« J’rêvais pourtant que le destin me ramèn’rait un beau matin mon légionnaire »), le film « Week-end » (2012) d’Andrew Haigh, etc.
« À l’heure où naît un jour nouveau, je rentre retrouver mon lot de solitude. J’ôte mes cils et mes cheveux comme un pauvre clown malheureux de lassitude. Je me couche mais ne dors pas. Je pense à mes amours sans joie, si dérisoires. » (cf. la chanson « Comme ils disent » de Charles Aznavour) ; « Ce soir, la dernière nuit du monde, restons tous ensemble regarder la lune. » (Claude dans la comédie musicale HAIR (2011) de Gérôme Ragni et James Rado) ; « On nous trouvera enlacés, bouch’ contre bouch’, galvanisés, incendiés et confondus comme un rocher contre un rocher, comm’ deux statues qu’aurait sculptées la lave ardente du matin. » (Cachafaz à son amant Raulito dans la pièce Cachafaz (1993) de Copi) ; « J’aimerais que cette nuit dure toute la vie. » (cf. la chanson « Le Grand Sommeil » d’Étienne Daho) ; « Ça me fait de la peine que ce soit fini. » (Valentín à son amant Molina, dans le roman El Beso De La Mujer-Araña, Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, p. 44) ; « Je me nomme Sidonie Laborde. Je suis orpheline de père et de mère. Bientôt je ne serai plus personne. » (cf. la dernière phrase de Sidonie, l’héroïne lesbienne et lectrice de la reine Marie-Antoinette, le lendemain de la nuit où elle a quitté pour toujours son amante, dans le film « Les Adieux à la Reine » (2012) de Benoît Jacquot) ; « En quelques heures, tout bascule. Nous sommes réveillés à l’aube par des explosions. Leur violence fait vibrer mon lit et les meubles de ma chambre. » (Madeleine dans le roman À mon cœur défendant (2010) de Thibaut de Saint-Pol, p. 186) ; « Je ne veux pas que demain arrive. » (Simone, l’héroïne lesbienne du film « 510 mètres sous la mer » (2008) de Kerstin Polte) ; « Les jours pouvaient être à Martin, mais les nuits étaient à Stephen. Et pourtant, Stephen restait éveillée jusqu’à l’aube avancée et sa victoire prenait l’aspect d’une défaite, se réduisait en cendres au souvenir des paroles de Martin : ‘Votre triomphe, s’il vient, viendra trop tard pour Mary.’ Au matin, elle allait à son bureau et se mettait à écrire, travaillant avec une sorte de frénésie, comme s’il s’agissait maintenant d’une course, épaule contre épaule, entre son ultime réalisation et le monde. » (Stephen, l’héroïne lesbienne se disputant son amante Mary avec Martin, dans le roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 560) ; « Voilà l’aube avec ses couteaux cinglants, une morsure à pleines dents. Une larme sur le miroir. Aucun son mais je crie dedans. » (cf. la chanson « Mon meilleur amour » d’Anggun) ; « ‘Je t’aime, Ednar, mais il m’est difficile de concevoir que tu aies trahi ma confiance !’ et sans attendre ma réponse, il disparut dans l’aube naissante sans se retourner. » (Dylan à son amant Ednar, après que celui-ci ait couché avec une fille, dans le roman semi-autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, p. 26) ; « Ces voleurs de sentiments, au petit matin ils s’enfuient. » (cf. la chanson « L’Amour et moi » de Jenifer) ; « Moi, mes histoires amoureuses, elles ne durent pas très longtemps. Il y a toujours un matin où j’en ai marre, ça me saoule, je prends mes affaires, et je dégage. » (Hugo Quéméré, dans l’épisode 435 de la série Demain Nous Appartient diffusée le 3 avril 2019) ; etc.
b) La peur du jour et du Réel, qui ressemble à une mort :
Souvent, l’aube est la porte d’entrée de la Réalité, de l’Humanité, de la Résurrection, d’un mercredi (des cendres) ou d’un dimanche (de Pâques), que l’héros homosexuel refuse de franchir par peur de sa liberté, par angoisse de renaître à la vie : « Parfois Dieu arrive si soudainement. » (cf. la toute dernière réplique de la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi, prononcée par le travesti Micheline) Il s’arrête, comme le vampire craignant la lumière, à l’obscurité (confortable et artificiellement éclairée) du samedi ou de l’aube (cf. je vous renvoie au code « Désert » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « J’aime pas les demains. Je veux rester dans aujourd’hui. » (Ada, l’héroïne lesbienne de la pièce La Star des oublis (2009) d’Ivane Daoudi) ; « Le lendemain s’est enfoui, s’est dérobé à mon approche. » (Geneviève Pastre citée dans la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro) ; « Fasciné par les lointaines galaxies, je somnambulais sous un ciel noir que voilaient peu à peu les laiteuses brumes de l’aube. […] La nuit finissante transformait cette fenêtre en miroir, et c’était en soi-même qu’il semblait dangereux de se pencher. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « Terminus Gare de Sens » (2010) d’Essobal Lenoir, pp. 63-64) ; « C’est souvent le plus beau moment de la journée. Quand le soleil est levé, toute la féerie s’envole. » (Yohann, l’amant homosexuel du roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 260) ; « Tes lèvres sont fraîches comme la mer au clair de lune, mais le soleil levant succède à la lune. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 412) ; « La nuit se muait graduellement en aube, et l’aube brillait par la fenêtre ouverte, apportant avec elle l’intolérable chant des oiseaux. » (idem, p. 201) ; « Pour vaincre dimanche » (Yves Navarre, Portrait de Julien devant la fenêtre (1979), p. 154) ; « C’est le septième jour que la noce fut brisée. » (Pretorius, le vampire homosexuel de la pièce musicale Confessions d’un vampire sud-africain (2011) de Jann Halexander) ; « Voilà. J’y suis. C’est là. Ce point de non-retour que je fuyais de toutes mes forces ; que je me refusais à admettre, à regarder en face. Je suis arrivée à cette révélation indécente de moi-même. Tout m’y poussait depuis des mois. Dès l’aube, à ce constat, ma pensée s’est affolée, faisant écho à mon corps frissonnant. » (Émilie s’adressant à son amante Gabrielle, dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, p. 166) ; « Esti [l’une des deux héroïnes lesbiennes] s’était réveillée à l’aube. C’était vendredi, elle avait beaucoup de choses à faire. Elle aurait dû commencer. Mais non. Elle restait allongée près de Dovid [le mari d’Esti] toujours plongé dans un sommeil profond, depuis la veille. Elle sentit son estomac se tordre. Elle songea aux travaux qui l’attendaient, aux repas à préparer. La nausée augmentait. » (Naomi Alderman, La Désobéissance (2006), p. 256) ; « La nuit de mardi, j’ai fait un rêve ; un de ces rêves aussi familiers que ma propre peau, mais que je n’avais pas fait depuis longtemps. J’ai rêvé que je me préparais pour le shabbat, mais que j’étais en retard, très en retard. » (Ronit, l’héroïne lesbienne, idem, p. 221) ; « Les vendredis soir je dîne au Plaza mais le service est devenu bien mauvais depuis leur résurrection parce qu’ils vous servent la première chose qui leur passe par la tête. » (le narrateur homosexuel du roman L’Uruguayen (1972) de Copi, p. 53) ; « Et au sixième jour, Dieu créa Karine. » (la voix-off de présentation du one-woman-show Karine Dubernet vous éclate ! (2011) de Karine Dubernet) ; « Le moment était venu d’allumer les bougies. Le shabbat approchait. Tic. Tac. » (idem, p. 209) ; « Ce soir même, entre tous les soirs de l’année, il avait ce rendez-vous, un rendez-vous inespéré ; inespéré parce que, lui semblait-il, les occasions s’offraient invariablement aux autres, jamais à lui, et il fallait que, par un absurde caprice de sa mémoire, il eût oublié que le mercredi en question était le mercredi saint, le seul mercredi de toute l’année auquel il n’osât pas toucher. » (Julien Green, Si j’étais vous (1947), p. 23) ; « C’est curieux, pensa-t-il dans un moment de calme subit, on dirait qu’à la veille de communier j’essaie de commettre tous les péchés mortels l’un après l’autre… Ce serait tout de même bizarre de mourir un mercredi saint ! » (idem, p. 24) ; « Que se passe-t-il ? Quelle fièvre ! Où suis-je ? L’aube déjà ? Le monde et ses apparats ! Mon Dieu, éteins la lumière le temps de rentrer chez moi ! » (Pédé dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; « C’est uniquement à lui que j’ai tout raconté. Mon rêve dans la nuit du mardi au mercredi. Ce rêve-réalité. » (Omar, l’un des deux héros homosexuels du roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 24) ; « Mercredi matin, c’était comme le jour du Jugement dernier. On avait tous peur. Le Paradis. L’Enfer. Pas de purgatoire. » (Omar, op. cit., p. 40) ; « Le soleil était devenu, année après année, une grande obsession morbide pour Khalid [l’amant d’Omar], vivant toujours les volets fermés chez lui]. Il en parlait tout le temps. Il en avait une connaissance scientifique, intime, amoureuse. Il voyait le soleil comme une menace sérieuse, certaine. » (Abdellah Taïa, Le Jour du Roi (2010), pp. 69) ; « C’est le dernier samedi que je passerai avec Pietro, je prie la mère supérieure de m’accorder une dernière soirée avec lui. […] Je pleure sur son épaule, je sais que c’est la dernière nuit. […] Le matin je suis réveillé par les cloches, comme toujours à Rome, mais aujourd’hui elles n’arrêtent pas, c’est le jour de la résurrection, paraît-il. J’ai froid au bras, Pierre est mort. » (le narrateur homosexuel dans le roman Le Bal des folles (1977) de Copi, pp. 148-151) ; « Vous voyez poindre la lumière froide de l’aube ? » (le très queer Capitaine Dave dans le film « Good Morning England » (2009) de Richard Curtis) ; « Ce qu’il faut craindre, c’est la lumière du jour. […] Une beauté, c’est de la joie jusqu’au lever du jour. » (Arnold, le héros homosexuel du film « Torch Song Trilogy » (1989) de Paul Bogart) ; « Quelle lumière crue, implacable, quelle logique horrible ! » (José María après sa nuit de veille, dans le roman El Ángel De Sodoma (1928) d’Hernández Catá) ; « Le dégoût. Ce terrible dégoût. […] Demain sera une journée pleine de dégoût. » (Michael dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « Quand vient l’mardi, la Grande Zoa met ses bijoux, ses chinchillas. Et puis à minuit, la Grande Zoa autour du coup s’met un boa. » (cf. la chanson « La Grande Zoa » de Régine) ; « Fais pas l’enfant. Rendez-vous à minuit. » (Oliver, la trentaine, s’adressant à Elio, son jeune amant de 17 ans, dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino) ; etc. Par exemple, dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret, Clara, l’héroïne lesbienne, se fait surnommer « Mercredi » (de la Famille Addams) par ses propres parents. Dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, lorsque la narratrice transgenre F to M se travestit en moine ermite, « un samedi soir, la veille de Pâques ». Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Jim et Doyler couchent ensemble le matin de Pâques 1916, et à l’aube d’un conflit sanglant entre l’Irlande et l’Angleterre. Doyler a du mal à voir arriver le jour : « On est le soir du Vendredi Saint et je ne pense plus qu’à Jim. »
Donald – « Où vas-tu ?
Michael – Il y a une messe de minuit. Je vais y assister.
Donald (ironique) – Prie pour moi.
Michael (blême) – Ça chassera peut-être mon angoisse.
Donald (seul invité à rester dans le salon) – En tous cas, moi, je pars dès que la bouteille est finie.
Michael – On se voit samedi ?
Donald – Si tu n’as rien de prévu. »
(cf. le dialogue final du film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin)
Par exemple, dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso, minuit est lié à la mort, à la prostitution, à la déchéance et à l’errance humaine : « Plus noir qu’à minuit. » (cf. la nom d’un chapitre du film) Dans le film « Rafiki » (2018) de Wanuri Kahiu, l’aube est désignée comme un moment de crise.
La déprime matinale du héros homosexuel est souvent contrebalancée (et au final, confirmée !) par un optimisme forcé et désenchanté : cf. le film « Les Promesses de l’aube » (2009) de Marie-Lise Giraudet, la comédie musicale Amor, Amor, En Buenos Aires (2011) de Stéphan Druet (avec Octavia, le transsexuel M to F, et son « voile matinal »), etc. L’aube apparaît alors comme une charmante déesse sépulcrale sans sexe : « J’ai longtemps attendu Aurore. […] Le matin qui s’agrippe mais que jamais on ne retient. » (cf. la chanson « Aurore » de Bruno Bisaro) ; « Dans mes bras de chrysanthèmes, l’aube peine à me glisser doucement son requiem. » (cf. la chanson « Paradis inanimé » de Mylène Farmer) ; « Comme un fantôme qui se démène dans l’aube abîmée sans épiderme. Et nul n’a compris qu’on l’étreint à demi et… et nul n’a surpris son cri. Recommencer sa vie, aussi. » (cf. la chanson « Redonne-moi » de Mylène Farmer) ; « Et quand revient l’aube des hommes, je vous assure je reste belle. » (la prostituée-louve dans la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen) ; « Quand je me réveille, je peux dire que j’ai fait la plus belle trouvaille de ma merdique existence : j’ai rencontré la Vénérable. Une petite vieille toute fripée de rides intelligentes. Avec deux rayons verts dans le regard. Comme depuis toujours, à cette aube elle m’apparaît sur fond noir, assise dans un fauteuil tapissé de velours rouge. » (Vincent Garbo dans le roman éponyme (2010) de Quentin Lamotta, p. 96) ; « Quel maquillage porte à l’aube maman. » (Copi, Un Livre blanc (2002), p. 27) ; « Au matin du sixième jour, soit on ressuscite, soit on meurt. » (l’actrice jouant Dalida dans le spectacle musical Dalida, du soleil au sommeil (2011) de Joseph Agostini) ; « Après deux matins, à l’aube, Claude [l’héroïne lesbienne] se suicide. » (Mike Nietomertz, Des chiens (2011), p. 122) ; etc
On finit par comprendre que c’est à l’aube que le héros homosexuel se retrouve nez à nez avec la mort (… du désir). Par exemple, dans la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen, Mimi, la « princesse » alitée et souffrant d’une mystérieuse maladie dont on a cherché pendant toute la pièce le remède, meurt à l’aube. Et contre toute attente, les chansons prétendument joviales « Je chante » de Charles Trénet (« Je chante, je chante soir et matin, je chante sur mon chemin. »), ainsi que « C’est une belle journée » de Mylène Farmer, évoquent contre toute attente le suicide. Dans le film « Les Lesbiennes ne portent pas de talons hauts » (2009) de Viktoria Dzurenkova, il est question de la « lumière froide de l’aube ». Dans le film « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie, Michel, le héros homosexuel homophobe, ne veut surtout pas passer la nuit avec quelqu’un : il ne le supporte tellement pas qu’il tue les amants qui l’y obligent. Dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde, l’aube désigne une idolâtrie passionnelle qui va conduire la personne aimée vers la mort : en effet, Dorian Gray, le personnage homosexuel, tombe amoureux de la comédienne Sibylle Vayne (il dira d’elle qu’elle « a toute l’extase de l’aube »), puis en la répudiant, la pousse au suicide.
« Les rideaux n’étaient pas complètement tirés et l’aube lugubre de novembre s’insinuait dans la chambre. » (Jane l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 19) ; « Jane se glissa sans bruit dans l’appartement, surprise de voir le gris de plus en plus pâle d’une aube hivernale s’étirer à travers les carreaux. » (Jane, l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 68) ; « L’aube commençait à poindre, la pièce passait du noir au gris. » (idem, p. 241) ; « Jane se pencha dans la cage d’escalier et vit la fille qui descendait dans la lumière grise de l’aube. » (idem, p. 244) ; etc.
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
a) L’horreur boréale :
Il faut reconnaître que l’aube est davantage mentionnée dans les fictions homo-érotiques que dans la réalité, étant par définition un moment de silence… Mais si on prête bien attention, on en entend quand même bien. « À cette époque (années 1950-1960), dans les villes américaines, les homosexuels se réfugient dans la vie nocturne et sont appelés ‘twilight people’ – ceux qui ne rentrent chez eux qu’à l’aube. » (Kate Davis et David Heilbroner, Stonewall Uprising, Éd. First Run Features, 2010). Je vous renvoie à l’autobiographie Je ne suis pas sortie de ma nuit (1997) d’Annie Ernaux, au conte « Avant la nuit » (1893) de Marcel Proust (publié dans la Revue blanche), l’autobiographie Antes Que Anochezca (1992) de Reinaldo Arenas, etc.
Dans le discours du sujet homosexuel, l’aube n’a souvent rien d’une renaissance ou du nouveau commencement. Elle est l’instant de la rupture, de la fin de l’orgasme, des adieux (« Retiens la nuit » bis), de la prise de conscience amère de sa finitude et du caractère éphémère de l’amour qui est en train de se vivre : « Plus tard, à l’approche de la première lumière qui annonce le grand jour, je me retrouvais dans sa chambre sans trop savoir pourquoi. Sa forte ombre qui tournait autour de moi bourdonnait des mots incompréhensibles, tel un chanteur aux mâchoires serrées. […] La sensation de beauté qui m’avait ébloui la veille, laissa la place à un visage banalement masculin, pas nécessairement très beau mais sexy, avec un air d’ivresse dans les yeux. » (Berthrand Nguyen Matoko parlant de sa première nuit de sexe homosexuel, dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), pp. 66-67) ; « Combien de fois, à l’aube, alors que, sur les vieilles toitures de Clermont, l’affreux ciel des petits matins pâles cherchait sa vie, n’ai-je pas été saisi de nausées ? Tandis que je procédais à une toilette minutieuse, toujours comme ces femmes dont je me moque tant, j’ai vu dans mon miroir l’être de cendre que je suis vraiment. Par la porte entrouverte, j’apercevais un étranger, couché dans mon lit, satisfait après notre affreuse passion. Qui était-il ? qui nous avait poussés l’un vers l’autre, comme ‘les autres’ vers les putains ?… Quelle impasse ! » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 98) ; « Juste un bref commentaire sur le code « Aube » qui m’a rappelé ce patient qui revenait de ses escapades nocturnes au petit jour dans un état d’hébétude et d’amnésie après avoir subi les assauts de plusieurs hommes dans les boîtes du Marais pendant la nuit. » (un mail d’un ami reçu en 2010) ; « Les petites aubes sont terribles pour le cafard. Vers 3 heures du matin, c’est le moment que choisissent les idées noires pour vous foncer dessus. » (Jean-Louis Bory au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 6 mai 1976) ; etc.
b) La peur du jour et du Réel, qui ressemble à une mort :
Parfois, l’aube est la porte d’entrée de la Réalité, de l’Humanité, de la Résurrection, d’un mercredi (des cendres) ou d’un dimanche (de Pâques), que l’individu homosexuel refuse de franchir par peur de renaître à la vie : « Il est 23h, j’ai la tête pleine de cendres. » (Christophe Honoré, Le Livre pour enfants (2005), p. 93) ; « Mais comme le jour arrive… Le jour arrive toujours. » (la romancière lesbienne Nina Bouraoui dans l’émission Culture et Dépendances, sur la chaîne France 3, diffusée le 9 juin 2004) ; « Elle m’a quitté à minuit. » (Simone de Beauvoir, parlant de son amante Nathalie avec qui elle a fait l’amour, dans une lettre rapportée dans la pièce-biopic Pour l’amour de Simone (2017) d’Anne-Marie Philipe) ; « Hôpital général de Brazzaville. À deux heures dix, passées de minuit, des sanglots suffoqués évoquaient les instants fatidiques de ma vie. Dans une chambre à la lumière tamisée, où s’entassaient des nouveaux-nés dans des berceaux semblables les uns aux autres, j’étais comme quelque chose qui s’éveillait et combattait sa propre existence. » (cf. la première phrase de l’autobiographie Le Flamant noir (2004) de Berthrand Nguyen Matoko, p. 11).
Je vous renvoie à la partie « Cendres » du code « Désert » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
À Paris, le nom de la salle de spectacle la plus importante du quartier homo parisien du Marais, à savoir Le Point-Virgule, renvoie symboliquement, à mon avis, au refus des fins, des points finaux.
La déprime matinale que ressentent beaucoup de personnes homosexuelles (et hétérosexuelles !) est souvent contrebalancée (et au final, confirmée !) par l’optimisme forcé et désenchanté : « Le jour sourit mauvais derrière mon carreau. » (cf. le poème « Le Condamné à mort » (1942) de Jean Genet) Dans leur esprit, curieusement, l’aube apparaît alors comme une charmante déesse sépulcrale sans sexe, ou un homme invisible angélique : « Après ta mort, j’ai eu peur. Peur que tu m’apparaisses, comme ça, dans le lit, à côté du mien. Je lisais, tu sais quoi ? les programmes de théâtre et de cinéma. J’imaginais que tu me donnais rendez-vous. On se retrouvait toujours après le spectacle, quand tout était calme, quand le lit avait été rendu au fantôme. Après, on parlait, on parlait, jusqu’à l’aube. » (Alfredo Arias s’adressant à sa grand-mère morte, dans son autobiographie Folies-Fantômes (1997), p. 151) Par exemple, dans le documentaire « Ma Vie (séro)positive » (2012) de Florence Reynel, Vincent, 22 ans, homosexuel, à la fois pleure la misère affective dans laquelle il est constamment et périodiquement plongé, et tient quand même le discours combatif et gnangnan des contes de fée : « Un jour, j’aurai le Prince charmant. C’est tellement rassurant d’être avec quelqu’un, de passer une nuit avec quelqu’un. »
On finit par comprendre que c’est à l’aube que les individus homosexuels se retrouvent nez à nez avec la mort (… du désir/Désir).
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