Focalisation sur le péché
NOTICE EXPLICATIVE :
Pédé = Péché ?
« Pédé » n’est pas synonyme de « péché »… même si ces deux mots riment et que, par haine d’elle-même, la communauté LGBT, pourtant persuadée qu’elle ne croit ni en Dieu ni en l’existence du péché, essaie de les faire fusionner.
En effet, les personnes homosexuelles pratiquant leur homosexualité passent leur temps à parler du « péché », à dire que ce sont les autres (et surtout les catholiques) qui le font, qui les jugent, qui les réduisent et les enferment dans leurs actes peccamineux, alors qu’en réalité, c’est leur propre pratique qui les exclut de l’Église et du Salut, alors que ce sont elles seules (et leurs « amis » hétéros-gays friendly) qui se focalisent sur le péché, elles seules qui s’étiquettent « pécheurs », « exclus du Salut et du Pardon de Dieu », et « maudits », pour se tenir chaud dans la victimisation et ne surtout pas se remettre en cause, alors qu’au contraire les vrais catholiques rejettent le péché mais aiment le pécheur et défendent la distinction cruciale entre personne homo et acte homo. Ils savent que la Miséricorde de Dieu pour les personnes homosexuelles est immensément plus grande qu’elles ne L’imaginent.
Pour une inversion incroyable et malhonnête, le diable réussit à faire croire aux esprits faibles et blessés qui lui obéissent que le péché le plus grave qui va faire mourir l’Homme, c’est la différence des sexes, donc le corps sexué, le mariage d’amour entre la femme et l’homme, la procréation aimante, et le célibat sexué consacré à Dieu. Alors que dans les faits, et aux yeux de Dieu, c’est la différence (des sexes) qui nous permet d’aimer, de Le connaître, et d’aimer totalement ; c’est l’accueil respectueux de la différence des sexes qui sauve vraiment tout être humain du péché. La sexuation, le mariage aimant entre la femme et l’homme, le célibat consacré, et parfois (si c’est donné) l’engendrement biologique dans la différence des sexes, ce sont les plus grands actes d’amour neutralisant le péché.
Les personnes homosexuelles, rejetant la différence des sexes de par leur désir sexuel, actualisent souvent cette inversion diabolique entre péché et sainteté (et d’autant plus quand elles pratiquent leur homosexualité et s’y identifient identitairement), au point de considérer que la différence des sexes est diabolique, et qu’elles deviendront saintes (ou des « pécheurs sanctifiés » !) une fois qu’elles l’auront évacuée de leur vie ou qu’elles chercheront à la détruire. Parfois, elles se rendent compte que le véritable péché réside dans la destruction et le mépris de la différence des sexes… et dans ces cas-là, elles sombrent dans une dépression de Drama Queen surjouant la victimisation de l’héroïne maudite et damnée, se confondant en excuses et en remords. Mais la plupart du temps, elles ne s’en rendent pas compte, et clament que le péché est une invention venant de l’Église, une création des gens « saints… et hypocrites ». Pire : elles considèrent qu’elles sont encore plus divines et éloignées du péché depuis qu’elles se prennent pour l’Incarnation du plus grand des Pécheurs, depuis qu’elles se prennent pour l’Incarnation vivante et individuelle de la différence des sexes, depuis qu’elles sont en couple homo, depuis l’opération chirurgicale leur ayant mutilé leur corps sexué, depuis leur divorce. Leur focalisation verbale sur le péché, qui se veut un pastiche ironique drôlissime et subversif de la bien-pensance « hétéro-patriarcale », une instrumentalisation camp de la culpabilité que la société ferait peser sur elles, est en réalité un appel et un rappel inconscient que l’éjection de la différence des sexes dans leur identité et dans leurs actes sexuels est concrètement peccamineuse et qu’elle les fait souffrir. C’est la raison pour laquelle elles reviennent sans arrêt, dans leurs créations artistiques, sur l’épisode de la pomme et du péché « originel » d’Adam et Ève raconté dans la Bible, épisode auquel elles s’identifient (y compris celles qui prétendent ne pas croire en Dieu). Nous devons écouter cet appel et le comprendre comme une illustration que les actes homosexuels sont vraiment des péchés graves dont pâtissent ceux qui les posent.
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Homosexualité noire et glorieuse », « Blasphème », « Emma Bovary ‘J’ai un amant !’ », « Clown blanc et Masques », « Cour des miracles », « Se prendre pour Dieu », « Désert », « Mort », « Mort = Épouse », « Jardins synthétiques », « Ennemi de la Nature », « Je suis différent », « Icare », « Vampirisme », « Déni », « Homosexuel homophobe », « Milieu homosexuel infernal », « Appel déguisé », « Désir désordonné », « Amant diabolique », « Femme et homme en statues de cire », « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été dans un bois », « Se prendre pour le diable », « Curé gay », « Vierge », et « Attraction pour la ‘foi’ », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.
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FICTION
a) Le péché est partout et je suis un damné du Jardin d’Éden :
Dans les fictions homo-érotiques, il est souvent question du péché : cf. la chanson « It’s A Sin » du groupe Pet Shop Boys, la chanson « Such A Shame » du groupe Talk Talk, la photo La Faute énorme de Duane Michals, le roman El Último Pecado De Una Hija Del Siglo (1914) d’Álvaro Retana, le roman El Pecado Y La Noche (1910) d’Antonio de Hoyos, la pièce Homosexualité (2008) de Jean-Luc Jeener, le film « Sin In The Suburbs » (1964) de Joseph W. Sarno, le film « The Sins Of Rachel » (1972) de Richard Fontaine, le film « Ordinary Sinner » (2001) de John Henry Davis, le film « Saints And Sinners » (2004) d’Abigail Honor et Yan Vizinberg, le film « Pecata Minuta » (1998) de Ramón Barea, le film « Preaching To The Perverted » (1997) de Stuart Urban, la pièce Confidences entre frères (2008) de Kevin Champenois, le film « Dirty Little Sins » (« Sale petit péché », 2005) de Kett Blakk, la pièce Dans la solitude des champs de coton (1985) de Bernard-Marie Koltès (où il est fait mention des 7 péchés capitaux), le film « Le Fil » (2010) de Mehdi Ben Attia, le film « Paresse » (2000) de Frank Mosvold, le film « The Children’s Hour » (« La Rumeur », 1961) de William Wyler, la série It’s a Sin (2021) de Russel T. Davies, etc.
C’est l’épisode biblique du jardin d’Éden perdu et du « péché originel » d’Adam et Ève qui semble obséder le héros homosexuel : cf. le film « Fruits amers » (1967) de Jacqueline Audry, le film « Secret Garden » (« Jardin secret », 1987) d’Hisayasu Sato, la chanson « Sapho et Sophie » d’Alain Chamfort, le film « Big Eden » (2000) de Thomas Bezucha, Le film « Expelled To Eden » (2005) d’Eran Koblik Kedar, le film « The Stepford Wives » (« Et l’homme créa la femme », 2004) de Frank Oz, la chanson « 1er novembre (Le Fruit) » du Beau Claude, la chanson « Quand tu m’appelles Éden » d’Étienne Daho, le film « Mon fils à moi » (2006) de Martial Fougeron (avec la scène incestueuse finale de la pomme entre Julien et sa maman), la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Ceglia (avec le thème de la chute de la pomme), le recueil de poésies Sombra Del Paraíso (Ombre du Paradis, 1944) de Vicente Aleixandre, le roman Le Jardin des chimères (1921) de Marguerite Yourcenar, le roman Éden, Éden, Éden (1970) de Pierre Guyotat, le roman La Busca Del Jardín (1978) d’Héctor Bianciotti, le film « The Apple » (2008) d’Émilie Jouvet, la chanson « Paradis inanimé » de Mylène Farmer, le film « The Gardener Of Eden » (1981) de James Broughton, le film « Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal » (1997) de Clint Eastwood, le roman Invitados En El Paraíso (1958) de Manuel Mujica Lainez, les jardins picturaux des toiles de Pierre et Gilles, le film « Les Enfants du Paradis » (1945) de Marcel Carné, le film « Adam et Ève » (1995) de Joaquim Leitao, le film « Bug » (2003) d’Arnault Labaronne, le film « Les Majorettes de l’Espace » (1996) de David Fourier, les fresques La Création du Monde, Adam, Le Paradis de Michel-Ange (1475-1564), le film « Sotvoreniye Adama » (« La Côte d’Adam », 1993) de Yuri Pavlov, le roman Le Jardin d’acclimatation (1980) d’Yves Navarre, le film « De la chair pour Frankenstein » (1994) d’Antonio Margheriti et Paul Morrissey, le vidéo-clip de la chanson « Tristana » de Mylène Farmer (avec la pomme empoisonnée), le film « Je t’aime toi » (2004) d’Olga Stolpovskay et Dmitry Troitsky, le film « La meilleure façon de marcher » (1976) de Claude Miller, le roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, le film « Paradis perdu » (1939) d’Abel Gance, le film « Eden’s Curve » (2003) d’Anne Misawa, le roman Del Huerto Del Pecado (1909) d’Antonio de Hoyos, le film « Les Filles du botaniste » (2006) de Daï Sijie (avec le meurtre du père dans la serre par le couple lesbien), le roman The Rubyfruit Jungle (1973) de Rita Mae Brown, le one-man-show Le Jardin des dindes (2008) de Jean-Philippe Set (avec Blanche-Neige se faisant poursuivre par le chasseur Rocco), la chanson « Miss Paramount » du groupe Indochine (avec la mention du film « Le Jardin des Tortures »), le film « Naissance des pieuvres » (2007) de Céline Sciamma (avec le croquage de pomme filmé comme un péché acté), la pièce La Journée d’une rêveuse (1968) de Copi (avec la métaphore du Jardin d’Eden inversé, avec une Ève violée : « Mon parc est semé de gens morts ! »), le film « Adam And Eve » (2006) de Stian Kristiansen, le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, le roman La Pérdida Del Reino (1972) de José Bianco, la chanson « J’veux pas être jeune » de Nicolas Bacchus (où les amants homosexuels se rendent « jusqu’au jardin désert qu’ils n’avaient pas cherché »), le film « Chéri » (2009) de Stephen Frears, le one-woman-show Karine Dubernet vous éclate (2011) de Karine Dubernet (avec la comédienne arrivant sur scène en Éve), le vidéo-clip de la chanson « Only Gay In The World » de Ryan James Yezak, le film « Gan » (« Un Jardin », 2003) de Ruthie Shatz Adi Barash (racontant l’histoire de deux jeunes prostitués de Tel Aviv), le film « Notre Paradis » (2011) de Gaël Morel, le film « Teens Like Phil » (2011) de David Rosler et Dominic Haxton, le film « Tchernobyl » (2009) de Pascal Alex-Vincent (filmant le dépucelage de deux adolescents dans une forêt), la pièce Folles Noces (2012) de Catherine Delourtet et Jean-Paul Delvor (avec la mention de la pomme et du serpent), la chanson « Jardin d’Éden » de Zaho, etc.
« En réalité, je préfère les représentations du péché originel. Cette faute que nous continuons de payer, elle m’a toujours intéressé. Et le cri silencieux d’Ève chassée du paradis, il m’apparaît tout à coup que cela pourrait être le mien. » (Luca, l’un des héros homosexuels du roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, p. 43) ; « Sur un arbre, je veux croquer la pomme. » (Philippe par rapport à Bernard, dans la comédie musicale La Belle au bois de Chicago (2012) de Géraldine Brandao et Romaric Poirier) ; « J’ai enfin trouvé mon alter ego. Car c’est moi qui fais l’homme. Accroche-toi comme tu peux à ma ceinture. Viens croquer dans la pomme. » (cf. la chanson « C’est moi qui fais l’homme » de Ginie Line) ; « Serpent, je ne mange pas de ce pain-là. » (OSS 117 s’adressant à son amant diabolique lui tendant sa pomme d’amour, dans le film « OSS 117 : Rio ne répond plus » (2009) de Michel Hazanavicius) ; « Ses yeux étaient immenses, ses cheveux tombaient en désordre sur ses épaules. La peau de son ventre faisait des plis, rentrait en elle-même. Je me suis rendu compte que nous étions nues. » (Ronit et Esti, les deux amantes du roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 243) ; « Nous étions seuls au monde. La forêt nous avait éloignés de tout et, plus ou moins, libérés de tout. Nous étions nus. Nous avions enlevé nos vêtements rapidement. » (Khalid et son amant Omar, dans la pièce Le Jour du roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 137) ; « Melocotón et boules d’or, deux gosses dans un jardin. » (cf. la chanson « Melocotón » de Colette Magny) ; « Après l’avoir laissée dans le bâtiment Pouchkine, je sentis mon cœur déborder d’un savoir que je ne sus pas identifier sur-le-champ. J’avais tant de fois imaginé ce qu’avait dû ressentir Newton quand la pomme lui était tombée sur la tête, lui révélant brusquement les lois de l’attraction universelle. […]J’aurais aimé qu’il y ait eu un objet tout simple comme une pomme, quelque chose de palpable que je pourrais observer de près et tenir en main, humer et mordre. » (Anamika, l’héroïne lesbienne parlant de son émoi homosexuel, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 11) ; « Stephen [l’héroïne lesbienne] avait erré jusqu’à un vieux hangar où l’on rangeait les outils de jardinage et y vit Collins et le valet de pied qui semblaient se parler avec véhémence, avec tant de véhémence qu’ils ne l’entendirent point. Puis une véritable catastrophe survint, car Henry prit rudement Collins par les poignets, l’attira à lui, puis, la maintenant toujours rudement, l’embrassa à pleines lèvres. Stephen se sentit soudain la tête chaude et comme si elle était prise de vertige, puis une aveugle et incompréhensible rage l’envahit, elle voulut crier, mais la voix lui manqua complètement et elle ne put que bredouiller. Une seconde après, elle saisissait un pot de fleurs cassé et le lançait avec force dans la direction d’Henry. Il l’atteignit en plein figure, lui ouvrant la joue d’où le sang se mit à dégoutter lentement. Il était étourdi, essayant doucement la blessure, tandis que Collins regardait fixement Stephen sans parler. Aucun d’eux ne prononça une parole ; ils se sentaient trop coupables. Ils étaient aussi très étonnés. […]Stephen s’enfuit sauvagement, plus loin, toujours plus loin, n’importe comment, n’importe où, pourvu qu’elle cessât de les voir. Elle sanglota et courut en se couvrant les yeux, déchirant ses vêtements aux arbustes, déchirant ses bas et ses jambes quand elle s’accrochait aux branches qui l’arrêtaient. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), pp. 38-39) ; « Le jardin, au lever du soleil, lui sembla tout à fait étranger, comme un visage bien connu qui se serait soudain transfiguré. […]Elle prit soin d’avancer doucement, car elle se sentait un peu fautive. » (idem, p. 135) ; « La femme est l’avenir des pommes. » (Didier Bénureau dans son spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons, 2012) ; « Dans toute femme, il y a une Ève malveillante qui sommeille. » (Rodin, l’un des héros homosexuels dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche, épisode 8 « Une Famille pour Noël ») ; « Hedwig, tu me donnes un bout de pomme ? » (Tommy s’adressant au héros transgenre M to F Hedwig, dans le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell) ; « Moi je suis comme le vent, j’emporte mon secret dans un jardin d’Éden, m’allonger dedans. » (cf. la chanson « L’Alizé » d’Alizée) ; « Mathilde et moi, c’est un drôle de paradis, un jardin luxuriant. » (la narratrice lesbienne dans le roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 29) ; « Nunca me ha llamado la atención lo de Eva y la manzana, porque de Eva soy hermana y tentarse es cosa humana. » (cf. les paroles d’une chanson de Tita Merello, citée dans la pièce L’Ombre de Venceslao (1978) de Copi) ; « Nous [les Rats] lui [le serpent] exprimâmes notre admiration sincère et la Reine des Rats l’invita à passer les vacances de Pâques enroulé dans notre arbre si jamais à Pâques, lui, l’arbre et nous-mêmes nous nous trouvions encore en vie et en liberté. […]Le serpent répondit qu’il était hermaphrodite et qu’il se fécondait tout seul. » (Gouri, le narrateur bisexuel du roman La Cité des rats (1979) de Copi, pp. 76-77) ; « Tant pis pour la Bible. Je veux mettre ma dent dans la pomme d’Adam. J’aime les filles et les garçons, j’aime tout ce qui est bon. Je suis bi-zarrement faite. » (Anne Cadilhac dans son concert Tirez sur la pianiste, 2011) ; « Je cherche un Adam pour croquer ma pomme. » (cf. la chanson « Avis au sexe fort » de Zazie) ; « Prions que l’enfer ne nous sépare pas. » (Valmont s’adressant à Merteuil, dans la pièce Quartett (1980) d’Heiner Müller, mise en scène en 2015 par Mathieu Garling) ; « Mon prof d’éducation physique… Moi, il m’a tout appris. C’est lui qui disait : ‘Un hétéro, c’est un homo qui s’ignore tant qu’il n’a pas goûté au fruit défendu.’. » (Fabien Tucci, homosexuel, dans son one-man-show Fabien Tucci fait son coming-outch, 2015) ; « Comme disait ma grand-mère, à force de croquer la vie à pleine dent, on en perd son dentier. » (idem) ; etc.
Le « péché » dans le jardin, dont il est beaucoup question au sein de la fantasmagorie homosexuelle, en plus d’être un esthétisme décadent « innocent et folklorique », peut figurer le viol entre la femme et l’homme, ou bien l’acte homo, ou bien la perte de l’innocence, ou tout simplement la découverte de la différence des sexes. Par exemple, dans la pièce Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (2007) de Gérald Garutti, Ève est présentée comme l’origine d’un monde pécheur. Dans la pièce musicale Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou, Érik Satie dit qu’il est un mélange d’Adam et d’Ève, « des paresseux sans doute ». Dans le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, la pulpeuse Eva, la belle tentatrice, essaie de faire succomber le jeune prêtre Adam, secrètement homosexuel. Dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha, Sissi, une cantatrice fantomatique transgenre des montagnes, raconte que, lorsqu’un de ses fans lui a lancé une pomme en plein concert, elle « en a perdu sa couronne » au moment où elle a croqué le fruit. Dans le film « New York City Inferno » (1978) de Jacques Scandelari, après leur coït adultère, les deux amants (dont Paul) croquent la pomme ensemble. Dans la comédie musicale Adam et Steeve jouée à l’intérieur du film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso, le couple homo formé par Adam et par Steeve remplace et répare le péché originel opéré par « les hétéros homophobes » Adam et Ève, le couple femme-homme défectueux : ce nouvel amour sans différence des sexes est qualifié de « Vérité du Ciel » même s’il n’est pas écrit dans la Bible. Le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan nous montre en premières images la mère de Steve, le héros homosexuel, cueillant une pomme sur un arbre. Dans le film « Test : San Francisco 1985 » (2013) de Chris Mason Johnson, l’amour entre Frankie et Todd est mis sous le signe du péché originel dès le départ. Dans la cuisine, ils se parlent de « la cire sur les pommes pour les faire briller ». Puis ils rejouent la scène du jardin d’Éden dans un parc de la San Francisco, où Frankie, près de l’arbre où ils s’abritent, menace son amant de l’attraper dans sa toile d’araignée, telle une Ève maléfique. Dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes, Thérèse, l’héroïne lesbienne, croque une pomme rouge dans la voiture que conduit sa compagne Carol.
Quand le personnage homosexuel a l’humilité de reconnaître son désir homosexuel comme un « signe de péché », et l’acte homosexuel comme un péché, c’est-à-dire une action qui rejette la différence des sexes et Dieu, il parle ouvertement de « péché »… et ce n’est pas si rare, surtout chez les héros homosexuels croyants qui ont un tant soit peu la crainte de Dieu : « Longtemps, il [Adrien, le héros homosexuel] avait cru ce penchant, ce mauvais penchant, surmontable. Dieu serait plus fort que son désir. Il saurait même dissiper, extirper jusqu’à sa racine ce mal profond. Il avait bien fini par comprendre, de guerre lasse, que la blessure resterait longtemps. » (Hugues Pouyé, Par d’autres chemins (2009), p. 25) ; « Vous comprendrez que de tels péchés parfois sont difficiles à avouer. » (cf. la chanson « Partenaire particulier » du groupe Partenaire particulier) ; « Je m’étais peu intéressé au péché, à ce que ça signifie vraiment. Cette fois, c’est sûr, j’en ai fait un. Les gens qui croient ont raison de dire qu’il faut toujours expier. » (Bjorn, l’un des héros homosexuels du roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, p. 154) ; « La vie que je mène n’est pas parfaite, mais c’est ma vie, je l’ai façonnée d’après mes rêves en veillant à la tenir à distance du terrible glaive de Dieu. » (Michael, le narrateur homosexuel du roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, p. 90) ; « Une brebis égarée, j’en suis une depuis un petit bout de temps… » (Luc, l’un des héros homosexuels du roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, p. 234) ; « Tous mes idéaux, des mots abîmés. […]Pourtant, je voudrais retrouver l’innocence. » (cf. la chanson « Désenchantée » de Mylène Farmer) ; « De ses flèches j’étais la cible. Je n’ai pas eu le choix. Renoncer me met au supplice. Mes prières montent vers toi. Dieu, pourquoi me sentir si coupable ? Pourquoi sentir l’orage en moi ? Dieu du Coran ou de la Bible. Donne-moi la force et la foi, enfin. C’était un amour impossible… Pourquoi me sentir coupable ? Pourquoi sentir l’orage en moi ? Pourquoi me sentir misérable ? Pourquoi sentir l’orage en moi ? » (cf. la chanson « L’Orage » d’Étienne Daho) ; « C’est une espèce de malédiction. Tu penses qu’on va aller en enfers ? » (Bryan s’adressant à son amant Tom, dans la pièce Les Vœux du Cœur (2015) de Bill C. Davis) ; « There’s no place in Heaven for someone like me. » (c.f. la chanson « No Place in Heaven » de Mika) ; etc.
Par exemple, dans le one-man-show Elle est pas belle ma vie ? (2012), Samuel Laroque raconte qu’il taille une pipe à un prêtre exorciste qu’il compare à Shrek. Dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz, Howard, découvrant son homosexualité, file en panique au confessionnal. Dans le roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, le narrateur homosexuel croit en son « existence pécheresse » (p. 137) Dans le film « Rafiki » (2018) de Wanuri Kahiu, Kena, l’héroïne lesbienne, accepte de recevoir des prières de délivrance et d’exorcisme de sa communauté catholique kenyane qui la croit possédée parce qu’ils ont découvert son homosexualité : « Tu oublies les démons qui possèdent cette enfant ! » dit Mercy, sa mère, à son mari John. Le pasteur de l’église où Kena se rend tous les dimanches fait répéter à tous les fidèles qui imposent leurs mains sur la pauvre jeune femme : « Nous brisons ses liens avec les démons ! ».
Dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio, Lola trompe sa copine Vera d’un commun accord avec Nina. Se profile la culpabilité : « Vera, est-ce que tu considères que ma liaison avec Nina est une faute ? » s’interroge Lola. Vera acquiesce : « Peut-être même un péché. » Lola conclut : « Cette femme est diabolique. Elle a trouvé le moyen de me déculpabiliser. »
Mais chez le héros homo, la reconnaissance du péché est souvent bien trop pleurnicharde et théâtrale pour être repentante et vraiment coupable. C’est un petit caprice sincère, une mise en scène pour pleurer le péché sans agir concrètement contre. « Je me suis baladé dans la rue des péchés. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’ils peuvent se les garder, leurs pèches ! » (Arthur, le personnage homosexuel à Atlanta, dans le roman Harlem Quartet (1978) de James Baldwin, mis en scène par Élise Vigier en 2018) Par exemple, dans la série Ainsi soient-ils (2014) de David Elkaïm (dans l’épisode 3 de la saison 1), Emmanuel, l’un des séminaristes, noir et homosexuel, confesse auprès d’un prêtre sa première expérience homosexuelle passée avec un homme anonyme à Carthage (« Les détails s’imposent à moi de façon démoniaque. Pourquoi je me sens si coupable ? »)… pour mieux se justifier de succomber ensuite au péché dans les bras d’un autre séminariste, Guillaume. Dans le film « Lilting » (« La Délicatesse », 2014) de Hong Khaou, Richard reproche à Junn, la mère de Kai son amant décédé dans un accident, d’avoir culpabilisé ce dernier au point de le maintenir dans le secret de son homosexualité et de l’avoir conduit à la mort. Celle-ci semble se défiler… mais en réalité, elle souligne une culpabilité justifiée et inconsciente chez les eux amants homos : « C’est votre culpabilité. Je ne vais pas jouer au psy. […] Cette culpabilité, il l’a toujours ressentie. Je n’ai pas étouffé Kai. »
En général, c’est par la voie du sarcasme et du ricanement que le personnage homosexuel dramatise/croit dramatiser ses actes homosexuels en utilisant des termes religieux anachroniques/cinématographiques diabolisants qui ne correspondent pas (ou qui correspondent trop !) à ce qu’il a fait ou à ce que son entourage en aurait dit. Le héros homosexuel est soit affolé par l’existence du péché (le péché étant entendu comme la rupture avec Dieu ou l’absence de Dieu), soit excité (même sexuellement) par le péché (et l’interdit/l’orgueil qu’il génère) : « Je suis le roi des péchés. » (sa Majesté Ignace dans la pièce Iwona, Księżniczka Burgunda, Yvonne, Princesse de Bourgogne (1938) de Witold Gombrowicz) ; « Si vous aimez le show, vous brûlerez en enfer avec nous ! » (les héros homosexuels de la comédie musicale Adam et Steeve dans le film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso) ; « Tu ne m’emmèneras pas sur la voie du péché ! » (Nathalie face à Tatiana avec qui elle rêve de faire l’amour, dans le one-woman-show Wonderfolle Show (2012) de Nathalie Rhéa) ; « I’m a sinner. I like it that way. » (cf. la chanson « I’m A Sinner » de Madonna) ; « Pietro veut devenir carmélite pour expier mes péchés. Mais je n’ai pas de péchés ! Bien sûr j’ai des péchés, des très grands péchés, lui-même n’est-il pas un de mes péchés ? » (le narrateur homosexuel parlant de son amant Pietro, dans le roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 146) ; « Et voici la star des péchés, Ada la violente ! » (Cherry s’adressant à son amante Ada dans la pièce La Star des oublis (2009) d’Ivane Daoudi) ; etc.
Avant même d’avoir pris le temps de laisser parler la Miséricorde, le héros homosexuel décrète à la place de Dieu qu’il ira en enfer. Par exemple, dans le téléfilm « Prayers For Bobby » (« Seul contre tous », 2009) de Russell Mulcahy, Bobby, le héros homosexuel, joue sa drama queen écartelée, pour mieux se justifier d’une part de pratiquer son homosexualité, et d’autre part de se suicider : malgré ce qu’il prétend (« Je ne veux pas choisir le péché. »), en s’étiquetant « homosexuel » et en s’engageant dans une pratique homosexuelle, il veut absolument être pécheur, et ce, malgré les tentatives de sa mère pour lui apprendre la Miséricorde de Dieu (« Je crois qu’Il aime le pécheur, pas le péché. » lui dit-elle) : « Je ne voulais pas aller en enfer mais j’irai quand même. […]Tu as raison maman, je suis condamné à brûler en enfer. Je suis damné. Je voudrais ramper sous une pierre et dormir pour toujours. […]Je sens Dieu qui me regarde les yeux remplis de pitié. Il ne peut pas m’aider car j’ai préféré le péché à la vertu. » Dans le spectacle musical Luca, l’Évangile d’un homo (2013) d’Alexandre Vallès, le héros homosexuel se filme entouré de flammes dans un monastère, et passe son temps à soutenir qu’il est maudit : « Nous, les monstres du Créateur. » Même la bande-annonce du concert indique que « Luca est condamné à mort à cause de son homosexualité ». Le comédien sur scène se met à pasticher des phrases que les « homophobes catholiques » ou que Dieu auraient prononcées, et qu’il reprend à son compte : « Le Sida est la punition divine sur les homos et les drogués. » Dans le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin, Michael est le prototype du catho homo sans cesse culpabilisé par sa foi (… en réalité par sa propre pratique homosexuelle en discordance avec sa foi) : « Je vais mourir !!! »
Quand le héros parle de la découverte de son homosexualité, le spectateur ne sait pas s’il cite les gens de son entourage, ou les pensées qu’il leur prête, ou les propos qu’il aurait entendus, ou même s’il dit ce qu’il est le seul à penser (tout semble mélangé) : « La Bible dit que nous sommes des pécheurs. » (l’un des amants de Paul, dans le film « New York City Inferno » (1978) de Jacques Scandelari) ; « Parfois, je pense que Dieu me punit. À cause de ce qu’on a fait ensemble. » (Esti, l’héroïne lesbienne juive, s’adressant à sa compagne Ronit, dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 144) ; « Saïd est mort, tué par l’orage, un signe peut-être que Dieu n’approuve pas ce que les garçons s’apprêtaient à faire ce soir. » (Saïd et Ahmed, le couple homo maudit, dans le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot, p. 48) ; « Quel péché ai-je commis pour être ainsi châtié de mon vivant ? » (le Jésuite dans la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi) ; « Les rares condamnations à mort concernent le péché de tribadisme, c’est-à-dire d’homosexualité. » (la comédienne transgenre F to M dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems) ; « Qu’est-ce que tu préfèrerais ? Qu’on se torture pour les péchés de nos ancêtres ? Mon grand-père était un nazi. Tu veux que je me suicide ? » (Petra, l’héroïne allemande s’adressant à son amante Jane, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 37) ; « Nos péchés sont têtus. Nos repentirs sont lâches. Nous nous faisons payer grassement nos aveux. Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches. » (c.f. la chanson « Au lecteur » de Mylène Farmer, reprenant Charles Baudelaire) ; etc.
La croyance (et même la adhésion à la croyance) au désir homosexuel en tant qu’« identité pécheresse » (je ne parle pas ici des actes homosexuels, qui eux sont clairement peccamineux : le désir homosexuel, n’ayant pas visiblement fait l’objet d’un choix, peut tout au plus être considéré comme un « signe de péché », mais jamais comme un « péché » : le péché présuppose la liberté et la décision de se couper sciemment de Dieu) peut traduire chez le héros homosexuel une homophobie extérieure intériorisée : « Polly dit que le sida n’est pas une fatalité, que les pédés doivent arrêter de penser qu’ils le méritent. ‘C’est faux, c’est même archi-faux, affirme-t-elle, c’est comme quand vous pensez que vous méritez de vous faire agresser. Faut arrêter avec tout ça, on ne mérite pas le sida ni de se faire agresser quand on est pédé. Par contre, on peut se demander si cette propension des pédés à croire ça ne cache pas plutôt une forme d’auto-homophobie intériorisée. ’ Elle a tort. » (Mike, le narrateur homosexuel parlant de son amie lesbienne Polly, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, pp. 72-73)
Son entourage amical homosexuel ou gay friendly ou homophobe conforte le héros homosexuel dans ce « choix » qu’il aurait fait d’être condamné au péché : « Brûlez en enfer. » (cf. un écriteau d’une passante face au défilé de la première Gay Pride londonienne de 1984, dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus) ; « Elle va aller en enfer ! » (une des paroissiennes protestantes évangéliques parlant d’Elena après avoir découvert l’homosexualité de cette dernière, dans le film « Elena » (2010) de Nicole Conn) ; « C’est péché. » (Kevin dans la pièce Ma Double Vie (2009) de Stéphane Mitchell) ; « Le seul intérêt de l’homosexualité, c’est le péché. » (le père de Claire, l’héroïne lesbienne de la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener) ; « C’est un péché. Dieu ne te le pardonnera pas. » (Rana s’adressant à Adineh l’héroïne transsexuelle F to M, dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo », « Une Femme iranienne » (2014) de Negar Azarbayjani) ; « Ils ont envoyé Evaristo au Yucatan. Comme ça, il pourra expier tous ses péchés. » (Amada concernant le héros gay, dans le film « Le Bal des 41 », « El Baile de los 41 » (2020) de David Pablos) ; etc.
b) Le péché est nulle part puisque j’aime et je suis homo !
Contrebalancement impressionnant. Cette focalisation homosexuelle sur le péché est souvent suivie immédiatement après d’une censure : parce que j’ai culpabilisé, c’est vous qui m’avez jugé ! et pour rien, en plus ! Régulièrement, le héros homosexuel se focalise sur le péché, mais par mauvaise foi, va soutenir que cette focalisation vient des autres et pas de lui : « Tu es la personne la plus immorale que je connaisse ! » (Larry s’adressant à son pote gay Emory qui lui renvoie son infidélité, dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « Ils ont commis le péché original. Ils n’auront pas d’héritiers. Mais quel amour est idéal ? Qui est normal ? » (cf. la chanson « Adam et Yves » de Zazie) ; « Ça ne peut pas être péché que d’aimer. Jamais je ne goûterai le regret, plutôt se haïr, se rendre, mourir à la guerre sainte. Ça suffit ! Et alors ? La foi sèchera mes larmes. Sûrement que le soleil s’éteint et que Lucifer me guide, et je serai une ombre comme la Tour de Babel… et ton amour, Père rappelle-toi !! L’Église promulgue que je suis une pédale de merde, si c’est ça mon péché, je suis coupable, comme une infâme Inquisition. Mais je n’ai tué personne. Je me sens coupable d’être seulement moi. Je ne douterai, je ne douterai pas de moi. Non. Je ne douterai pas de moi. » (cf. la chanson « Madre Amadísima » de Haze et Gala Evora) ; « J’ai pris ce que tu m’as donné, de mon plein gré. Ce n’est pas de ta faute, Thérèse. » (Carol, l’héroïne lesbienne consolant son amante Thérèse en pleurs, culpabilisant d’avoir couché avec elle, dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes) ; etc.
À la croyance que le péché serait partout, le héros homosexuel va opposer celle que le péché n’est nulle part à partir du moment où il y a la sincérité que le péché n’existe pas, où il est considéré que les personnes « aiment » et n’ont « pas choisi » leur désir homosexuel : cf. le roman Ser Gay No Es Un Pecado (1994) d’Óscar Hermes Villordo, le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, etc. « Allons bâtir ce nouveau monde où l’on ignore le péché. » (cf. la chanson « Au commencement » d’Étienne Daho) ; « La ‘faute’ n’existe pas. » (Aaron, l’un des héros homosexuels du film « Tu n’aimeras point » (2009) de Haim Tabakman) ; « Nous ne cherchons pas de faute. » (le fiancé de Gatal s’adressant à son amant, dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud) ; « Ben, tu penses que tout ça est de ma faute ? » (Ben s’adressant à son amant George, dans le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs) ; « De là à dire que nous les homos nous vivons dans le péché… Nous suivons bien mieux les Dix Commandements : Aimez-vous les uns les autres, Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin, etc. » (Fabien Tucci, homosexuel, dans son one-man-show Fabien Tucci fait son coming-outch, 2015) ; etc. Par exemple, dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, Johnny, le héros homosexuel, range arbitrairement son homosexualité du côté de l’évidence, de la censure, du chantage aux sentiments, et à l’abri de la culpabilité : « Je ne peux pas changer ce que je suis. Est-ce que c’est vraiment de ma faute ? » dira-t-il en pleurs au révérend Ritchie. Plus tard, lors d’une prêche caricaturalement homophobe de Lena, la femme du pasteur Ralph (secrètement homosexuel), dans un temple protestant, il s’insurgera encore plus radicalement devant toute l’assemblée en rejetant sur la prédicatrice sa propre culpabilité (« Pourquoi cette question [de l’homosexualité] vous intéresse tant ? ») et en lui tenant le discours de l’anti-jugement soi-disant « déculpabilisateur » : « Que celui qui n’a pas péché jette la première pierre. »
La procréation (et donc l’enfant) est parfois invoquée par le personnage ou le « couple » homosexuel fictionnel pour cacher la réalité du péché de la pratique homosexuelle. Au fond, le péché d’Adam (homosexualisé/bisexualisé) ou d’Ève (féministe/lesbianisée), c’est de s’auto-créer, c’est de chercher à avoir un enfant et à l’élever tout seul, sans former un couple avec quelqu’un d’autre, sans amour, sans différence des sexes : « Elle a fait un bébé toute seule, elle a fait un bébé toute seule, c’était dans ces années un peu folles où les papas n’étaient plus à la mode, hou hou, elle a fait un bébé toute seule. » (cf. la chanson « Elle a fait un bébé toute seule » de Jean-Jacques Goldman) ; « Je deviens mère mais je reste une femme libre. » (Isabelle, la postulante au titre de mère porteuse, auprès du héros homosexuel Pierre, qui lui répond « Moi aussi. », dans la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade) ; « Oh femme unique, péché, désir, pour un serpent de Bible, a brisé son Empire. » (cf. la chanson « Ève lève-toi » de Julie Piétri) C’est d’incarner l’Amour à soi seul, sans la différence des sexes.
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
a) Le péché est partout et je suis un damné du Jardin d’Éden :
Quand l’individu homosexuel a l’humilité de reconnaître son désir homosexuel comme un « signe de péché », et l’acte homosexuel comme un péché, c’est-à-dire une action qui rejette la différence des sexes et Dieu, il parle ouvertement de « péché »… et ce n’est pas si rare, surtout chez les personnes homosexuelles croyantes : « Clermont-Ferrand, ce 20 octobre 1968. J’accuse aujourd’hui ma mère d’avoir fait de moi le monstre que je suis et de n’avoir pas su me retenir au bord de mon premier péché. Tout enfant, elle me considère comme une petite fille et me préfère à ma sœur, morte aujourd’hui. De mon père, j’ai le souvenir lointain d’un officier pâle, doux, presque timide, perpétuellement en butte aux sarcasmes de son épouse. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 75) ; « J’ai désobéi à la totalité des Dix Commandements. » (Paul, racontant sa première visite au confessionnal après des années de débauche homosexuelle, dans le documentaire « Desire Of The Everlasting Hills » (2014) de Paul Check) ; « Je pense que les homosexuels éprouvent, peut-être inconsciemment, un tel poids d’opprobre sur leur être, au simple énoncé de ce mot, alors qu’il ne devrait s’agir que d’une lucidité sur leur vie, que la notion de péché est brouillée pour eux comme la surface d’une mare frôlée par les ailes d’un martin-pêcheur. » (Henry Creyx, Propos décousus, propos à coudre et propos à découdre d’un chrétien homosexuel (2005), p. 69) ; « La confession est dévalorisée par une sorte de contre-tabou, et très particulièrement chez beaucoup, beaucoup trop d’homosexuels même chrétiens, qui gèrent mal l’idée de péché qui lui est nécessairement associée. » (Idem (2005), pp. 71-72) ; « Ça n’a pas été facile de le dire. Surtout avec tout ce nuage noir de sida, de péché, de tout ce qui était interdit. » (Olivier, agriculteur homosexuel, dans le documentaire « Coming In » (2015) de Marlies Demeulandre) ; « Le seul problème que ça m’a posé était religieux. J’ai été chrétien. J’avais le sens du péché. Et donc ça m’a posé problème à cet égard. Jamais à l’égard de la société qui ne me paraît pas mériter tant de révérence. » (Pierre Démeron, homosexuel de 37 ans, au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 3 avril 1969) ; etc. Par exemple, dans le documentaire « Tellement gay ! Homosexualité et Pop Culture », « Inside » (2014) de Maxime Donzel, Rich Juzwiak, homosexuel, face à ses proches à qui il cachait ses actes homos, développe l’étrange sensation de « se sentir étrangement coupable alors qu’on n’a rien fait de mal ».
Très jeunes, les personnes homosexuelles, par superstition, peur ou haine d’elles-mêmes, ou sous l’influence de films d’épouvante qui les ont traumatisées, se sont identifiées au mal (cinématographique) qu’elles ont vu ou imaginé en comprenant la Vérité biblique de manière très approximative : « J’ai peur. La même peur qu’enfant, lorsque je pénétrais dans des églises, et que je me sentais pointé du doigt par toutes les statues, accusé de choses que j’étais incapable d’avouer, n’ayant aucune éducation catholique, ni baptême, ni catéchisme, pourtant ne doutant pas que mes fautes étaient terribles. » (Christophe Honoré, Le Livre pour enfants (2005), p. 107)
Certaines se sont même crispées sur la scène primitive du péché dit « originel » de la Genèse, autrement dit, ont considéré leur origine sexuée, existentielle, comme un péché : cf. le documentaire « Forbidden Fruit » (2000) de Sue Maluwa Bruce, Beate Kunath et Yvonne Zuckmantel. « C’est par un chemin bien long que je choisis de rejoindre la vie primitive. Il me faut d’abord la condamnation de ma race. » (Jean Genet, Journal du voleur (1949), p. 33) Certains auteurs gays se sont beaucoup intéressés au péché des origines d’Adam et Ève : Walt Whitman, Oscar Wilde, Pier Paolo Pasolini, Julien Green, John Cheever, Francis Bacon, etc. « L’attraction qu’a pour moi le sens du péché originel, c’est qu’il s’agit, je crois, d’une expérience universelle. » (John Cheever, cité dans le site La Isla de la Ternura, consulté en janvier 2003) Dans son article « Cuba, El Sexo Y El Puente De Plata » (1986) compris dans son essai Prosa Plebeya (1997), le poète homosexuel argentin Néstor Perlongher parle de la « nostalgie ironique d’une perte » (p. 120). Le dessinateur homosexuel Ralf König, qui parle beaucoup du récit de la Genèse de manière parodique, a même un serpent chez lui ! Or, comme l’explique très bien Jean-Pierre Winter, cette obsession homosexuelle ou transgenre pour l’origine de l’existence humaine et finalement pour être sa propre origine, cache un péché d’orgueil, que le psychiatre associe à un mouvement paranoïaque destructeur : « Les personnes préoccupées de façon trop exclusive par la question de leur origine, ou des origines en général, ont tendance à se sentir exclues et persécutées. » (Jean-Pierre Winter, Homoparenté (2010), p. 94)
Dans les cas où l’individu homosexuel parle du péché en tant que découverte de son homosexualité ou en tant qu’expérience sexuelle concrète, l’auditeur ne sait pas s’il cite (ironiquement) les gens de son entourage, ou les pensées qu’il leur prête, ou les propos qu’il aurait entendus, ou même s’il dit ce qu’il est le seul à penser (tout semble mélangé) : « J’étais dans le péché. » (Pierre, homosexuel, né dans une famille très catholique, témoignant dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Ma famille est très catho ; nous allions à l’église tous les dimanches. Au début, quand mes parents ont été au courant de mon homosexualité, ils ont flippé. Ils ont voulu me faire exorciser ! Ils ne comprenaient pas. C’était le mal, le diable. » (Cécile, témoin lesbienne dans la revue Têtu, n°69, juillet-août 2002) ; « Je voyais toujours le péché. Mes parents étaient très croyants. Pour eux, l’homosexualité c’était condamné, Dieu rejetait et haïssait les gais. Un dieu d’amour y paraît. Mes parents voulaient toujours me changer. J’étais coupable, j’étais pas bon, si je ne voulais pas, si je ne pouvais changer. Ils me faisaient lire des livres de témoignages de gais qui avaient réussi à changer et s’étaient mariés. J’étais un gros monstre, un déchet de la société. Si la religion n’avait pas été là, j’aurais peut-être pas essayé de me suicider. C’était super-opprimant cette idée du péché, de l’anormalité, de la faute, avec tout le monde qui y croit autour. » (un témoin homosexuel dans l’essai Mort ou Fif (2001) de Michel Dorais, p. 75) ; « Son mal-être rebondissait instinctivement parce que, dans son for intérieur, il avait commis l’irréparable en s’abandonnant aux bras de son copain Dylan. […]Après les grands secrets de mes six, dix et treize ans, à ma vie s’ajoutait maintenant le ‘péché’ qui n’aurait jamais dû être. » (Ednar, le narrateur homosexuel parlant des viols pédophiles qu’il a subis, et les mélangeant avec la découverte de son homosexualité puis la pratique homosexuelle, dans le roman autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, pp. 19-20) ; « Dans le train, il y a quelques jours, une religieuse aux yeux brillants, protubérants, fixait le monde. C’était le visage de l’Inquisition. » (Annie Ernaux, Je ne suis pas sortie de ma nuit (1997), p. 44) ; « Tout se passe comme si, par ses déambulations quasi somnambuliques, le pédéraste cherchait à troquer sa solitude contre la participation à une malédiction collective. » (Roger Stéphane, Parce que c’était lui (2005), pp. 77-78) ; « Chaque fois que j’ai un orgasme, je ressens un très fort sentiment de culpabilité après coup. C’est normal, ils l’ont bien dit au catéchisme : se masturber, ce n’est pas bien. Il faut se retenir jusqu’au mariage, sinon on va en enfer. » (Alexandre Delmar, Prélude à une vie heureuse (2004), p. 23) ; « Un des procédés les plus utilisés par les médias pour discréditer le combat des défenseurs de l’amour vrai et de la vie est de leur attribuer cette pensée plus ou moins secrète à l’égard des sidéens : ‘C’est bien fait, Dieu les a punis ! ’ Propos malveillants qui n’ont jamais été tenus que dans l’imagination désordonnée de journalistes en mal de calomnie ou, peut-être, par quelque chrétien égaré, en contradiction radicale avec les exigences de la charité. » (Thomas Montfort, Sida, le vaccin de la vérité (1995), p. 15) ; « S’ils savaient que je suis homo, j’crois qu’ils m’enverraient bouler, parce que l’homosexualité à la campagne, c’est considéré comme quelque chose de mal. » (Sacha, jeune Allemand homo, dans le documentaire « Homo et alors ?!? » (2015) de Peter Gehardt) ; « J’ai l’impression que je serai mort bien avant la diffusion de ce film. Je ne sais pas pourquoi je vous parle. J’ai l’impression d’un retour de ce vieux poison. Je le ressens comme une punition. Parce que je donne une mauvaise image de ces pauvres chrétiens. » (Thomas, homosexuel, dans le documentaire « Du Sollst Nicht Schwul Sein », « Tu ne seras pas gay » (2015) de Marco Giacopuzzi) ; « J’ai peur d’être un mauvais sujet, peur de ne pas être un homme bon. Et cette peur est tellement intense que je sens bien qu’elle m’éloigne de Dieu. » (Alexander, en couple avec Sven un pasteur, idem) ; « Enfant, le réalisateur allemand Rosa Von Prauheim éprouvait une vive crainte de la damnation. » (la
Par exemple, dans son essai L’Homosexualité au cinéma (2007), Didier Roth-Bettoni fait lui-même l’association entre Sida et péché quand il parle du film « Mensonge » (1991) de François Margolin : « ‘Mensonge’ fait sans hésiter porter le poids du péché (le VIH) sur les homosexuels. » (p. 594). Dans la biopic « Ma Vie avec Liberace » (2013) de Steven Soderbergh, le pianiste virtuose gay Liberace avoue à la fois qu’il a la Foi et qu’il a toujours été catholique, et en même temps qu’il finira en enfer : « J’étais damné d’une manière ou d’une autre… »
La croyance (et même l’adhésion à la croyance) au désir homosexuel en tant qu’« identité pécheresse » (je ne parle pas ici des actes homosexuels, qui eux sont clairement peccamineux : le désir homosexuel, n’ayant pas visiblement fait l’objet d’un choix, peut tout au plus être considéré comme un « signe de péché », mais jamais comme un « péché » : le péché présuppose la liberté et la décision de se couper sciemment de Dieu) peut traduire chez l’individu homosexuel une homophobie extérieure intériorisée. « Je lui répétais sans arrêt que l’homosexualité était quelque chose de dégoûtant, de ‘carrément dégueulasse’, qui pouvait mener à la damnation, à l’enfer ou à la maladie. » (Eddy Bellegueule parlant de son petit frère Rudy qu’il veut transformer en « hétérosexuel », dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 53) Par provocation et par instrumentalisation de ce qui est considéré comme une blague, une grande part de la communauté homosexuelle va clamer haut et fort son attachement pour les « péchés » et son étiquette de « foyer de pécheurs qui ne se repentiront jamais », juste pour se rendre intéressante et donner une consistance à « l’homophobie » qu’elle est la première à s’infliger.
L’entourage amical homosexuel ou gay friendly ou homophobe conforte parfois l’individu homosexuel dans ce choix qu’il aurait fait d’être condamné au péché. Par exemple, lors de l’enterrement du jeune Matthew Shepard en 1998 dans le Wyoming, des militants de la Westboro Baptist Church, emmenés par leur pasteur protestant Fred Phelps, ont manifesté avec des pancartes « God Hates Fags » (« Dieu déteste les pédés ») ou « Matt In Hell » (« Matthew en enfer »). On peut également penser au fameux écriteau « Les Pédés au bûcher » de la Manifestation Anti-PaCS à Paris en 1998 – écriteau dont on ne sait pas trop d’où il est sorti tellement il ne correspondait pas à l’esprit paisible de la Manif (il est même fort possible qu’il ait été élaboré par une personne homosexuelle soucieuse de se faire passer pour une personne du cortège afin de discréditer l’événement).
b) Le péché est nulle part puisque j’aime et je suis homo !
Contrebalancement impressionnant. En général, la focalisation homosexuelle ou transgenre sur le péché est suivie immédiatement après d’une censure : parce que j’ai culpabilisé, c’est vous qui m’avez jugé ! et pour rien, en plus ! « Ralf König a choisi d’ignorer la culpabilité. » (la
À la croyance que le péché serait partout, le sujet homosexuel va opposer celle que le péché n’est nulle part à partir du moment où il y a la sincérité que le péché n’existe pas, où il est considéré que les personnes « aiment » et n’ont « pas choisi » leur désir homosexuel. La procréation (et donc l’enfant) est parfois invoquée pour cacher la réalité du péché. Le péché d’Adam (homosexualisé/bisexualisé) ou d’Ève (féministe/lesbianisée), c’est de chercher à s’auto-créer, c’est de chercher à avoir un enfant et à l’élever tout seul, sans former un couple avec quelqu’un d’autre, sans amour, sans différence des sexes. C’est se définir comme un clone ou un « co-parent ». Et malheureusement, on y est !
Par exemple, dans le documentaire « Deux hommes et un couffin » de l’émission 13h15 le dimanche diffusé sur la chaîne France 2 le dimanche 26 juillet 2015 montre la mère porteuse (Veronica) au volant de sa voiture, en train de croquer une pomme tout en disant sa satisfaction d’offrir les deux bébés qu’elle porte à un « couple » homo. Incroyablement signifiant concernant le péché d’Ève. Tous les éléments y sont, et ce n’est même pas une mise en scène calculée. Satan se grille tout seul !
Aussi étonnant que celui puisse paraître à nos contemporains athées et laïcistes, le climat social relativiste fortement gay friendly en Occident, tendant à banaliser et à idéaliser les actes homosexuels pour leur retirer toute négativité et culpabilité, tout caractère peccamineux, renforce paradoxalement la force du péché homosexuel (et le sentiment de culpabilité qui va avec). Dans bien des cas, surtout quand il s’agit d’homosexualité, c’est le bannissement systématique de cette bonne gêne, de ces appels intérieurs de la conscience, qui est vraiment perturbant, et non la gêne en elle-même. Beaucoup de personnes homosexuelles se matraquent à elles-mêmes « C’est pas de ta faute ! C’est pas de ta faute ! » (cf. le film « Will Hunting » (1997) de Gus Van Sant), parce que précisément elles s’infligent souvent la culpabilité de ne plus se reconnaître coupables pour des actes qui parfois la mériteraient. L’encouragement à renier ses erreurs n’a jamais été une preuve d’amour de soi. La phobie de la culpabilité demeure le plus sûr moyen d’expérimenter de vieux réveils de conscience inexpliqués et coûteux. Ce n’est pas pour rien si, par exemple, la scène d’aveux déchirés de Marthe, l’héroïne lesbienne du film « La Rumeur » (1961) de William Wyler, émeut autant certaines personnes homosexuelles encore aujourd’hui : « La répugnance et le dégoût d’elle-même qu’elle éprouve me bouleverse quand je revois le film. Et je pleure en me demandant pourquoi. Pourquoi est-ce que cela me bouleverse ?!? Ce n’est qu’un vieux film idiot… Les gens ne réagissent pas comme ça aujourd’hui… Mais je ne crois pas que ce soit le cas. Les gens éprouvent toujours un sentiment de culpabilité que je partage, même si on prétend assumer sa condition en s’écriant : ‘Je suis heureuse, bien dans ma peau, bisexuelle, homo’, on a beau dire ‘Je suis homo et fière de l’être’, on se pose toujours la question de savoir ‘Comment est-ce que je suis devenu comme je suis ? ’. » (Susie Bright citée dans le documentaire « The Celluloïd Closet » (1981) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman) L’embarras des sujets homosexuels face à leur désir ou à leur couple dit une part de la culpabilité justifiée qu’engendrent certains actes homosexuels. Loin d’être inquiétante, cette juste culpabilité est salutaire : elle dit que la conscience personnelle s’anime et se révolte à bon droit. Les personnes homosexuelles devraient s’accrocher à leurs gênes intérieures : elles sont de l’or en barre, des signes que leur conscience est encore en vie et qu’elle les appelle à se réveiller !
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