La théorie du Genre tente inconsciemment de neutraliser par les bons sentiments la réalité (naturelle mais pour autant libre, mouvante, non-évidente, mystérieuse) de la sexuation humaine, et donc de la rencontre heureuse des sexes. Elle postule que la Culture, du fait qu’Elle se supplanterait obligatoirement à la Nature, est à la fois le seul dieu à suivre (temporairement et toujours au pluriel !), mais également le diable en personne à éviter car Elle modèlerait et formaterait tous les êtres humains dès leur naissance. Il y a bien dans la Gender Theory ce double mouvement idolâtre (passionné et haineux) vis à vis de la Culture, confondue avec la Nature (c’est la raison pour laquelle un « sociologue » comme Éric Fassin, par exemple, déclarera à la revue Têtu que « les députés [en s’opposant à la Théorie du genre] confondent genre et sexualité »… car c’est bien lui et ses suiveurs qui font cet amalgame, et qui imposent que l’être humain soit soumis à ses pulsions naturelles !). Le credo des défenseurs du « genre » (et de tous ses dérivés : « la différence des genres », « les identités de genres », etc.), est assez simpliste : comme tout ce qui est humain est culturel, donc forcément relatif, individuel, mobile, secondaire, alors tout, même le naturel, n’est qu’image fausse, que point de vue non-universable. Autrement dit, pour les défenseurs de la Théorie du Genre, les apparences sont toujours trompeuses. Y compris les corps, les réalités terrestres, les actes humains (Exemple de raisonnement queer infantilisant : « Un homme efféminé n’est pas forcément homosexuel… et n’est même pas forcément, pour le coup, un homme non plus. Nos identités profondes, si tant est qu’elles existent, dépendent d’abord des choix et des droits que nous avons à notre disposition. Pas de notre société, de notre corps, de notre apparence extérieure, ni des actes que nous posons. »). Au final, cette idéologie antinaturaliste (mais fortement sensitive, sensibleriste, hédoniste, individualiste) propose une vision de l’existence désenchantée et pessimiste, où le sexe est remplacé par les images médiatique des sexes, des images d’un zapping étourdissant et sans fin/but. Selon les défenseurs du Gender, on ne pourrait jurer de rien dès qu’on parle d’identité sexuée et d’amour, puisqu’on ne peut être sûr de tout : syllogisme totalitaire et capricieux s’il en est ! Il n’y a aucun encouragement à la confiance, à l’engagement d’amour unique, à la recherche collective de Vérité, à la reconnaissance adulte des limites structurantes du Réel, à la responsabilité de ses actes. Derrière un discours apparemment ouvert à la diversité, à l’égalité, à l’invention artistique, à la « construction », se cache une idéologie individualiste très dangereuse niant la réalité des corps, réalité aussi bien anatomique que symbolique (= sens), et détruisant nos repères anthropologiques. La Gender Theory, après avoir déconnecté la sexualité de la fécondité, sépare maintenant la sexualité de l’identité sexuée et du désir, pour la téléporter sur le terrain de l’image, du qu’en dira-t-on, du virtuel uniformisant façon mosaïque. Elle refuse la réalité de la sexuation (nous ne serions plus ni hommes ni femmes mais des anges indéterminés, ayant le choix de leur nature), la réalité des désirs sexuels (nous ne serions plus des personnes « hétéros », « homosexuelles », « bisexuelles », « transsexuelles », mais juste des « amoureux » : on voit ici combien le rouleau compresseur queer/bobo est d’ailleurs inconsciemment cucul ET homophobe), les actes qu’impliquent concrètement notre corps sexué et notre orientation sexuelle (nous ne sommes plus appelés à transmettre la vie à travers la famille réelle et la différence des sexes, mais à élargir nos horizons pour créer des filiations symboliques, sans lien de sang, … sans réalité, en somme ; on nous incite fortement à devenir en actes des bisexuels qui ne doivent surtout pas se définir comme tels, ni analyser/assumer leurs pratiques amoureuses). Qui s’éloigne du Réel, sous prétexte d’amour et d’ouverture, se dispose à être violent sans même s’en rendre compte. Et la rêverie asexuée et sentimentaliste que cet « amoureux de l’amour sans le vivre » nous chante juste avant de nous châtrer ne doit pas nous faire oublier son éloignement délirant du Réel.