L’humilité, l’opium spirituel bon marché

 

Méfiez-vous de ceux qui parlent beaucoup d’humilité. Parce que l’humilité s’est toujours vécue plus qu’elle ne s’est dite (c’est d’ailleurs sa marque de fabrique !). Et parce que celui qui ne parle que d’elle, en général, est peu humble, et se sert du mot pour cacher sa propre lâcheté, sa peur, sa tiédeur, son arrivisme, son aveuglement, son manque de courage pour la Vérité, une censure qu’il veut faire peser sur les « trop bavards » qui le dérangent, son opium spirituel de « l’humilité » justement. Je reprendrai volontiers les mots de conclusion du père Billy Stangby dans le roman Le Père Elijah (1996) de Jonathan O’Brien, quand il entend dire par son pote Elijah que le président (c’est-à-dire l’Antéchrist) « dans ses discours sur la spiritualité, fait souvent référence à l’humilité comme l’une des grandes vertus » (p. 151) et qu’« il se dégage de lui une sorte unique d’humilité qui l’a impressionnée » : « Je suis toujours mal à l’aise avec les grands hommes qui parlent trop d’humilité. »