Alors je reviens de la réunion de la Rose-Croix. Près de Saint Michel. Dans un hôtel particulier. Avec une vingtaine de personnes. Beaucoup de jeunes, trentenaires, certains très beaux. Quasiment que des bobos, et surtout des nanas bobos, très branchées « valeurs » et « Nature ».
En fait, c’était exactement Boboland. C’est tout à fait ce que j’écris à propos du boboïsme (Quand vous pensez que les éditeurs cathos me demandent comme des gros niais : « À qui va parler votre livre? »). Tout leur jargon et leurs idées se retrouvent dans mon bouquin Les Bobos en Vérité et mon article sur l’Antéchrist (la « religion naturelle et cosmique », le noachisme… sauf que bien sûr, eux ne l’appellent pas Antéchrist).
Ils ont le culot de dire qu’ils ne sont pas de la Franc-Maçonnerie, alors qu’à l’issue des deux heures de topo (sur l’énergie, le développement personnel, leur divinité qu’il appelle « Conscience », etc.), ils prononcent l’adjectif « maçonnique », proposent des week-ends spirituels spécial « Architecture et Géométrie » (looool), avec des auteurs qui s’appellent (c’est pas des blagues) « Philippe Bobola » ! J’étais intérieurement mort de rire ! J’aurais bien aimé qu’il y ait dans les intervenants un Erwan le Bobordec ! haha
Ce qui m’a marqué pendant ces deux heures de conférence « gratuite »:
– Il n’est jamais question d’amour ni de souffrance. L’amour est remplacé par l’instant, la conscience d’être là, le développement de soi, les valeurs. Mais tout ce qui est des limites, de l’Amour, de la souffrance, EXIT !
– Jésus est viré et est remplacé par la conscience d’être dieu sans Lui.
– Ils ont très peu d’humour. Ça, c’est vraiment un truc qui détonne par rapport aux conférences cathos où ça rigole parfois pas mal, où on reçoit de l’Amour. Là, les rosicruciens nous anesthésient, nous parlent avec un ton calme et gentil. Mais zéro Amour et paroles sur l’Amour. Pourquoi? Parce qu’ils ont éjecté Jésus et Marie.
– Il y a eu des grands moments de silence. C’en était troublant tellement tout le monde se prêtait au jeu de ces « blancs » (là, je me suis vraiment senti très seul lol).
– Les gens ne prennent pas de notes (alors que le topo se veut scientifique). J’étais le seul à tapoter sur mon ordi. Ils sont là, passifs, pour consommer de la pensée ésotérique et pseudo scientifique, mais pas pour penser ni pour fournir un effort de travail. Très peu de culture, très peu de gens vraiment dans une démarche intellectuelle.
– Les rosicruciens refusent d’être enregistrés (chose qu’on ne voit jamais dans les conférences catholiques).
– J’ai appris des mots nouveaux de leur jargon (« les archétypes », la philosophie jungienne, « le corps astral », « le corps éthérique », « individuation », « boule de conscience », « le corps mental », « la monade », etc.)
– Il transforme l’Église en « les Églises ». Leur organisation est apparemment horizontales : pas de chefs, pas d’obéissance. Même leurs week-ends prennent la forme de la forme participative : « C’est vous qui faites le programme. » Les membres de cette secte (car oui, c’en est une, en réalité) n’osent pas dire ouvertement à leur proche à quelle « école spirituelle » ils appartiennent. La caractéristique des sectes, c’est qu’à l’intérieur comme à l’extérieur, ils n’osent même pas décliner leur identité.
– Références répétées à l’iceberg, au Titanic.
– C’est la religion du subjectivisme absolu.
– Leur volonté affichée de nous transformer en robots.
– Attachement à l’exemple des couleurs.
– Mentions panmythologiques ou du superprimitivistes. Leur modèle civilisationnel est à la fois futuriste et situé dans l’Antiquité.
Les rosicruciens, cools pépères, recrutent sur OVS (On Va Sortir), sur les réseaux sociaux. Ils ont des « agents » infiltrés un peu partout dans les médias. Par exemple, François Fabre présent à France Culture.
Ils ne sont en apparence pas méchants. Ils se donnent des allures de personnes désintéressées. Mais leur spiritualité est de l’égocentrisme déguisé en spiritualité. Donc ils font de la peine. J’ai eu l’impression d’être face à un groupe de gens complètement paumés. Ils jargonnent, n’aiment pas, s’éloignent du Christ et des sacrements, s’auto-glorifient, sont manipulés. C’est triste pour eux. Ils se prennent pour Dieu. À un moment, il y avait un rastaman en dread-locks devant moi qui justement se prenait pour Dieu car il prenait l’exemple personnel qu’il avait planté sa propre vigne, et qu’il était son propre maître intérieur : à la fois le vigneron, la vigne et sa récolte. Hyper narcissique comme croyance.
Voilà en vrac mes impressions de la soirée ! C’est très instructif de se familiariser avec les concepts des rosicruciens, pour les reconnaître dans notre culture contemporaine, et justement échapper à la manipulation de la Franc-Maçonnerie qui ne s’annonce pas clairement comme franc-maçonne.