Mettez les « catholiques » – et en particulier leurs leaders d’opinion – en quarantaine. Et vous verrez leur véritable visage ! Également leurs meilleurs… mais surtout leurs pires travers. Comme grossis à la loupe « Corona ». En ce moment, les langues commencent à se délier. Les masques tombent. Et pourtant, le confinement ne crée rien : il ne fait qu’exacerber ce qui existait déjà, fait juste ressortir les traits de caractère mais de manière décuplée. Parfois même, la machine s’emballe, comme la montre folle d’Alice. Mais comme ces catholiques ont l’intelligence de la Foi, leur peur ne prend pas la forme démesurée de beaucoup de réactions irrationnelles qu’on observe habituellement chez les personnes internées athées : elle se dilue en tempérance bobo (bourgeoise-bohème) beaucoup plus subtile et fascinante à regarder. Si vous préférez, c’est une forme d’apostasie massive mais qui a lâché sa forme hystérique pour prendre une forme de piété zen, faussement calme, ou mollement révoltée.
Je vous avais dit que la crise sanitaire que nous vivons actuellement était le « Festival du boboïsme » (c.f. je vous renvoie en complément à mes autres articles : article 1, article 2, article 3, article 4, article 5, article 6, article 7, article 8, article 9). Mais ça marche aussi – et peut-être encore mieux – pour les « catholiques ». Et pour le coup, si on tente de faire une vue d’ensemble, on est vite consterné par leur absence de hauteur, de réflexion ou leur pharisaïsme de grenouille de bénitier. Pas un pour proposer une parole de Vérité. Pas un pour relever le niveau et proférer des paroles un peu prophétiques et toniques. Voici donc les 3 visages – volontairement grossiers – du catholicisme en temps de « guerre » :
1 – Les bobos cathos gauchistes progressistes : LE CONFINEMENT CONTE-DE-FÉE DE LA-BONNE-DU-CURÉ-AU-BOIS-DORMANT
Parmi les cathos confinés, on trouve d’abord les bobos cathos gauchistes. Autrement dit les progressistes. Genre Jean-Pierre Denis (le directeur de la revue La Vie). Étonnamment, ces soixante-huitards attardés s’amusent du confinement. Pour eux, c’est surréaliste comme un conte de fée. Limite ils se réjouissent de ce qui est en train de se passer mondialement… même s’ils ne peuvent pas le dire ouvertement pour ne pas passer pour des salauds, des criminels, des indifférents ou des inconséquents. Comme tous bobos qui se respectent, ils rêvent intérieurement de révolution humaine et surtout environnementale (le « Vivant »), que ça pète d’un coup et que ça nettoie tout le désordre qu’ils observent dans le Monde (et qu’on en finisse !). Comme un bon orage. Enfin un retour à l’Essentiel (« Essentiel » à traduire, pour eux, comme « la Nature ») !
Alors bien sûr, ils n’auront pas l’ironie déplacée et l’irrévérence des journalistes anticléricaux du Parisien par exemple (Note à l’adresse de ces derniers : ce n’est pas l’Église qui pardonne les péchés mais uniquement Jésus ; les prêtres ne font que distribuer le pardon de Dieu). Ils n’auront pas davantage le confinement festif (c.f. le groupe Facebook « Les 10 minutes du Peuple : Le Confinement c’est la vie »… et allez, on danse sur Corona : this is the rythm of the night !) ni la panique haineuse des bobos athées (« Mais restez donc chez vous, bordel !!! » « Les parisiens insouciants, tous des coooons !!! »). Mais ça les démange.
Quand je dis que les bobos cathos gauchistes s’amusent du confinement, c’est qu’ils essaient de masquer leur peur de petits-bourgeois par une décontraction travaillée (« voir le bon côté des choses », « détendre l’atmosphère », « apporter de la paix intérieure »), par une solidarité d’apparat (ils vont s’appliquer à applaudir le personnel soignant à 20h tous les soirs à leur balcon avec « la France entière », allumer une bougie à leur fenêtre pour les grandes fêtes chrétiennes et « pour dire que la vie de l’Église continue », suivre scolairement les petits rituels de la société civile en les vivant comme des communions quasi christiques, etc.), par une désinvolture « cool » et vaguement spiritualisée (j’ai repris la méditation… euh, pardon, la prière), quitte à verser parfois dans la blagounette folkloriquement « catholique » et inconsciemment beauf de ceux qui s’écartent de l’Église en croyant quand même « parler catho » (À ce propos, les jeux de mots « catholiques » de Jean-Pierre Denis sont des modèles du genre).
Mais néanmoins, on ne les verra comme par hasard jamais prier, ni proposer une prière ni poster une pensée pieuse ni lire une lecture de vie de saints. Car il ne faut quand même pas trop leur en demander…
Au fond, on les surprend en pleine dérive naturaliste, créationniste et humaniste intégrale – dérive qu’ils prennent pour le vrai catholicisme alors qu’en réalité il s’agit de la Nouvelle Religion mondiale (celle qui prend la création pour le Créateur, ou bien l’Humain pour Dieu).
2 – Les bobos cathos de droite pondérée : LE CONFINEMENT RETRAITE DE CARÊME POUR LE BIEN COMMUN
Deuxième catégorie de réactions de catholiques en temps de confinement : celles des bobos cathos de droite pondérée. Les François-Xavier Bellamy, les Erwan Le Morhedec (alias « Koz Toujours »). Tous les fils-à-papa Paray-le-Monial… mais barbus, attention ! (parce qu’on peut être catho et cool, si si). En ce moment, ces bobos cathos de droite modérée montrent bien à tout le monde leur sens civique. Ils font comme Koz Toujours – le bloggeur « catholique » – qui a l’indécrottable syndrome du « gendre parfait » ou de l’« élève exemplaire de la classe », du modèle de l’Obéissance (un peu catholique mais surtout très citoyenne !). L’archétype de la flipette hétérosexuelle, pourtant obsédé par l’idée de montrer qu’en toute circonstance (même grave) il calme le jeu, il maîtrise la situation et la vit avec flegme et philosophie, dans la pudeur-humilité-calme-Foi-Espérance-prière. Et bien évidemment, Koz Toujours, en bon premier de la classe, en bon petit mouton du Système (civil et/ou cléricaliste), change sa photo de profil en y rajoutant (ironiquement, parce que le bobo se moque de sa prétention d’héroïsme raté : c.f. le code « Super-Zéro » de mon livre Les Bobos en Vérité ainsi que mon livre Homo-Bobo-Apo) l’auréole des confinés-sauveurs-de-vie. C’est touchant…
Vous remarquerez, si ce n’est déjà fait, que les « posts » publics des bobos cathos de droite pondérée n’apportent que très peu d’éléments de réflexion et d’analyse substantiels (alors que pourtant, en ces temps d’incertitude et d’angoisse, beaucoup de catholiques auraient bien besoin de réponses et de clés de lecture !). C’est toujours des constats vaseux et paraphrastiques que même des personnes non-croyantes auraient pu tirer de la conjecture actuelle : « Il se passe quelque chose… » « On vit un tournant. » « Un monde change. » « Il y aura un avant et un après. » « C’est un bouleversement et une opportunité à saisir pour un grand mouvement de conscience. » (Tugdual Derville sors de ce corps !!), etc. Les bobos cathos de droite pondérée essaient de « voir le bon côté des choses et de la situation », en se forçant (comme dans Aleteia ou Famille Chrétienne) à gommer tout dramatisme/alarmisme (alors qu’objectivement – et je ne parle même pas ici de la situation dans les hôpitaux – la situation mondiale est dramatique et alarmante) tout en sauvegardant quand même un petit semblant de gravité de circonstance, essaient d’apporter à l’exercice de confinement et de privation des sacrements un sous-texte spirituel, saint, une plus-value même quasi sacramentelle (« Ce confinement, c’est notre traversée du désert. Vivons-le comme une avancée vers Pâques. »). Dans quelques jours, ma main à couper qu’ils vont écrire des articles nullissimes du genre « Les bons côtés du confinement » « Les 7 trésors que le confinement m’a appris sur Dieu et sur mon prochain », « Coronavirus : Ma retraite de Carême inattendue ». Et là encore, on n’apprendra rien de rien.
Petite parenthèse. Dans la catégorie des bobos cathos de droite pondérée, on en trouve une grande concentration chez les prêtres (genre Padreblog) : ceux qui ont trouvé dans le confinement un moyen de se recycler et d’être autant occupés qu’avant la crise (la messe en « visio conférence », les topos catéchétiques en guise de substitution des sacrements, l’évangélisation et la présence à distance, etc.). « La crise, moi, connais pas ! » Ma petite entrepriiise… En réalité, ils ne font que passer d’une suractivité à une autre. Pas étonnant que pour eux, le moment que nous vivons n’est « pas si grave » mais juste « transitionnel ». C’est uniquement les supports et les formes qui changent ! Et quand on les interroge par téléphone sur ce qu’ils pensent de la crise, qu’on leur demande un regard un peu analytique, un peu grave, et même surnaturel/eschatologique/prophétique sur les événements, ces prêtres bobos jouent l’optimisme (« C’est pas grave ! Keep cool and be priest ! Pas la peine de voir de la Fin du Monde partout ! »). Bien sûr ils pleurent un peu les morts et les familles en souffrance et la détresse des paroissiens coupés de leur vie sacramentelle d’avant (… histoire de ne pas passer pour des cons et des indifférents). Mais très vite, ils affichent une désinvolture bon ton (donc top bobo), un dédramatisme rigolard (En gros, sur le plateau de jeu, ils sautent direct à la case « Ciel » ou « Résurrection » ou « Paix » ou « Joie », en zappant le passage obligé par la case « tribulations », « inquiétude », « Croix », « Passion », « Fins dernières », … « prison »), puis font passer leur « positive attitude » (due en réalité à leur angoisse mal gérée, à leur déconnection croissante du Monde visible et surtout invisible) pour de l’Espérance chrétienne. Au fond, ils ne semblent pas avoir pris la mesure de ce qui se passe. Ni que ce confinement est le marche pied des persécutions anti-catholiques. Ils restent dans leur bulle. Sous prétexte de se tenir éloignés de BFM TV, de rester dans la paix et l’Espérance chrétienne, ils sont quand même largués : ils ne sont plus habitués à décrire la réalité qui les entoure ni à la penser, et encore moins à lui donner une lecture apocalyptique. Ce confinement n’est pour eux qu’un changement formel d’une destinée mondiale cyclique et à peine ponctuée par l’arrivée finale du Christ. Ils sont devenus sans s’en rendre compte des moines bouddhistes en soutane et col romain.
Bref, en résumé, on surprend les bobos cathos anars de droite pondérée en pleine dérive optimiste et relativiste – dérive qu’ils prennent pour le catholicisme alors qu’en réalité il s’agit de la Nouvelle Religion mondiale (celle qui supplante la charité, la solidarité et les bonnes actions à la Vérité surnaturelle et spirituelle, celle qui supplante l’espoir à l’Espérance et à l’horizon résurrectionnel, celle qui enlève à la Bonne Nouvelle toute sa part de gravité, de souffrance et de violence).
3 – Les bobos cathos anars d’extrême droite : LE CONFINEMENT RÉVOLUTION FRANÇAISE
Enfin, troisième et dernière catégorie des bobos cathos en temps de confinement : les bobos cathos anars d’extrême droite. Les râleurs cachés. Depuis le début de la quarantaine obligatoire, des vieux relents d’agressivité passéiste et monarco-nostalgique (« À bas les Jacobins ! Coupez-la tête aux Islamogauchistes !! ») ressortent discrètement chez eux. C’est risible. Et dans pas longtemps, ça ne saurait tarder, on va les entendre parler de la prophétie (pourtant à prendre au sérieux) du Grand Monarque.
Mais étonnamment, alors qu’on les aurait attendus sur ce terrain-là, c’est de leur part silence-radio pour l’instant sur les théories du complot et sur la remise en cause du confinement. Ils observent. Comme de parfaits bobos, ils feignent la tempérance quand « tout le monde s’emballerait ». Leur goût bourgeois du paraître et leur souci de ne pas passer pour des beaufs hystériques les obligent à observer une forme de retenue. Ils préfèrent laisser la populace s’exciter et psychoter sur les réseaux. C’est pourquoi les seuls leaders d’opinion qu’on a entendus dévoiler les dessous du confinement et proposer une lecture critique de ce dernier, c’est jusqu’à présent uniquement les bobos cathos d’extrême gauche typés « Gilets jaunes » (c.f. la fameuse vidéo du Corona comme un virus programmé par l’Institut Pasteur ; ou bien Radio Québec et autres décrypteurs marginaux hurlant à l’établissement déguisé du « N.O.M. » – le Nouvel Ordre Mondial – la plupart du temps sans finesse).
Mais leurs jumeaux d’extrême droite rongent leur frein. Ils auraient bien envie, comme leurs amis bobos anars survivalistes et collapsologues gauchistes, de taper du poing sur la table, d’hurler au Monde que « LE VRAI VIRUS C’EST L’ISLAM ET l’IMMIGRATIOON !!! ». Ils aimeraient bien que la « Grande France Catholique » qu’ils idéalisent sorte enfin de son sommeil de « Nation molle » pour (re)devenir une Nation forte et enracinée dans la Tradition (de chrétienté) ! Et quitte à ce qu’il y ait un confinement, ils rêveraient que celui-ci se durcisse, soit un Vrai Confinement de pays totalitaire (s’il le faut, communiste comme la Chine !), avec sanctions impitoyables, fermeture des frontières, éradication de l’Islam, expulsion des étrangers, armée dans les rues, couvre-feu strict, Intelligence Artificielle et tri/détection de population, etc. Mais comme ils sont bobos, ils se la ferment pour le moment… en reportant leur explosion de haine, de colère et de ressentiments vengeurs à plus tard. Pour l’instant, ils font profil bas, préfèrent ruminer silencieusement pendant leur confinement leur amertume de « se faire avoir mais sans savoir exactement dans quelle mesure », ou pour sombrer dans un passéisme monarchiste pré-Révolution Française discret (Tiens, si on parlait d’homosexualité… ? huhuhu).
En conclusion, on surprend les bobos cathos anars d’extrême droite en pleine dérive soit millénariste, alarmiste et totalitaire (ils travaillent à l’instauration d’une civilisation semi-dictatoriale imposant un plan de survie et d’épuration drastique), soit ritualiste ou sacramentaliste (Jamais sans ma messe !!) – dérive qu’ils amalgament avec le catholicisme alors qu’en réalité il s’agit de la Nouvelle Religion mondiale (celle qui prend le sacrement pour un objet, ou bien le Christ pour un fétiche et une règne/civilisation terrestre, ou celle qui impose la Vérité, la Réalité et la violence, à la place de l’Amour-Charité). Bizarrement, eux non plus, on ne les entend pas beaucoup prier ni citer le Pape François (qu’ils honnissent)…
AU FINAL, TOUS LES MÊMES…
Au final, les bobos cathos sont tous les mêmes. D’ailleurs, même s’ils croient s’opposer entre eux et se différencier au niveau des idées et de la forme, ils postent exactement les mêmes choses. Regardez :
Et puis surtout, en regardant les 3 grandes familles que j’ai relevées (et qui ne comprennent évidemment pas tous les catholiques, heureusement !), on voit qu’on est au degré zéro de la réflexion. Que très peu se risquent à une lecture géopolitique des événements. Et qu’aucun ne se mouille pour proposer une lecture spirituelle, eschatologique et résurrectionnelle. Pire que ça, ils font le jeu de la Bête. La preuve avec ce « post » Facebook de Koz Toujours, qui a lui seul, et à son insu, est accidentellement apocalyptique, car il annonce que la plupart des catholiques vont accepter passivement la Bête et sa Marque. La Bête, c’est bien celle qui promeut un perpétuel et banal « changement » (Le changement c’est maintenant !), qui promeut le Bien commun (notion typiquement antéchristique… quand bien même elle figure dans la Doctrine Sociale de l’Église), qui promeut un optimisme (Ça ira mieux demain ! Et on va attendre que ça passe…) occultant la radicalité du Jugement Dernier et la finitude définitive du mal. Et la Bête, c’est bien évidemment aussi celle qui appose sa marque.
On est mal barrés, avec une équipe pareille… Sachant qu’on peut tous, tour à tour, rentrer dans une de ces 3 familles (réactionnelles et réactionnaires).