Toute notre culture actuelle, pourtant très branchée « écolo », essaie de nous faire détester ou craindre la Nature en L’intentionnalisant à outrance et, pour le coup, en déresponsabilisant et culpabilisant excessivement les êtres humains.
Je voyageais dans le métro parisien aujourd’hui, et j’ai vu une publicité pour un yaourt qui disait ceci : « Attention: de méchantes faims sont susceptibles d’agir dans cette station. » Mais tout ce qui relève en nous du besoin naturel ou du fait animal (le sommeil, la faim, la vieillesse, la défécation, l’arrivée au monde, la sexualité, l’enfantement, la fatigue, etc.) est-il « injuste » ou « méchant » ? Non. C’EST. Tout simplement ! On ne désire pas avoir faim : on a faim. On ne désire pas être un garçon ou une fille : on naît l’un ou l’autre. On ne choisit pas d’exister : on existe. On ne choisit pas d’avoir sommeil : on a sommeil.
Tout ce qui nous rappelle les limites de notre condition doit-il passer au crible de nos intentions humaines, de notre idée du permis ou du défendu, de nos sentiments, de nos perceptions, de nos humeurs ? Va-t-on traîner la Nature en procès d’intentions ? A-t-on jamais vu un animal tuer pour le mal ? Un tsunami est-il « cruel » ? Un homme qui dort parce qu’il en a besoin est-il « paresseux » ? Le mariage ou la paternité sont-ils « interdits » aux unions de même sexe, sont-ils des « droits » et non plus des faits? La faim est-elle « méchante » ? Sommes-nous les victimes de nos parents qui nous ont « imposé » la vie ? Sommes-nous les marionnettes de nos pulsions corporelles ? Assurément NON. Arrêtons de personnifier la Nature et de Lui prêter nos traits humains pour reporter sur Elle une Humanité que nous n’assumons plus et pour nous justifier de rejoindre discrètement la bestialité et le matérialisme déshumanisant de la société de consommation. Accueillons réellement la Nature au lieu de La moraliser. C’est ainsi que nous nous humaniserons vraiment.