(Soupir). Je viens d’apprendre – par l’intermédiaire d’amis qui me demandent de réagir pour dissiper les risques de mauvaises interprétations – que le « philosophe » Yves Floucat remet le couvert à mon sujet (il rêve de moi la nuit ou quoi ? Rien que le sous-titre de son article le laisserait penser…) dans la revue Liberté Politique, cette fois en attaquant mon dernier livre L’homophobie en vérité, et toujours sans argumenter, comme par hasard : il se contente d’afficher son indignation de manière érudite pour éviter d’avoir à la justifier par des faits, il balance en pâture mon opposition à l’hétérosexualité ou à la direction de LMPT (sans bien sûr permettre au lecteur lambda, qui se croit hétérosexuel ou pro-LMPT, de comprendre la pertinence de cette opposition : merci Yves, c’est ce qui s’appelle du chantage aux sentiments), et il extrapole mes affirmations sur l’homophobie par des interrogations complètement malsaines et calomnieuses.
Quand il avait réagi à mon essai L’homosexualité en vérité, je lui avais déjà répondu dans la revue France Catholique sur sa notion ambiguë d’ « amour d’amitié » (traduction française du philia grec, et reprise du concept de saint Thomas), et sur sa notion pour le moins glissante d’ « amour chaste », que je ne cautionne absolument pas (car tout dépend de ce qu’on met derrière le mot « amour », là encore ! Et a fortiori derrière l’adjectif « chaste » !). Il n’a rien voulu entendre. Nous n’avons pas trouvé de terrain d’entente à ce jour.
Et sur l’homophobie, rebelote : Floucat me fait dire ce que je ne dis pas (jamais, par exemple, j’aurais laissé entendre que les victimes d’actes homophobes seraient plus coupables que leurs agresseurs : l’accusation est juste délirante), et fait son petit caprice parce que je n’ai pas parlé (comme dans mon premier livre) d’amitié. Tant pis pour lui. Je ne répondrai que par cette brève réaction. Je n’ai pas que ça à faire de m’occuper de ses névroses et de ses obsessions « érudites » (Jacques Maritain et Julien Green, il va nous les resservir jusqu’à sa mort… et manque de bol pour lui, j’ai lu leur correspondance). Je n’ai pas de temps (contrairement à lui ; sans doute) de faire une étude de texte ou de reprendre point par point les extrapolations de ce monsieur qui s’ennuie, et qui s’acharne à croire qu’il existe un « amour homophile authentique qui s’appelle l’Amour d’Amitié ». Moi, je l’appelle « amitié désintéressée et continente », comme le propose l’Église catholique. Va-t-il me faire une chiasse longtemps parce que je n’emploie pas ses mots (ambigus) à lui, et que je m’attache plutôt au discours de l’Église sur l’amitié ?? J’espère bien que non. Ma patience a des limites. C’est dur, les Pascal Sevran anti-« milieu »… et anti-corps, anti-génitalité, anti-sexe (tout court). Je crois plus que tout en la force de l’amitié entre personnes de même sexe, et en la beauté de la génitalité couronnée dans la différence des sexes. Et c’est bien pour cette raison que j’abhorre 1) le mythe de l’amitié amoureuse (= un philia grec mal traduit au français, ou une sublimation des amitiés particulières en « homophilie » dégénitalisée, asexuée, « spirituelle ») 2) le mythe de l’amour platonique.
Sa dernière phrase (« La chair elle-même est digne de cette tendresse d’un amour partagé qui ne se laisse pas vaincre par le sexe. ») montre d’ailleurs combien Yves Floucat vit dans l’illusion de proposer un véritable amour homosexuel « chaste » (c’est-à-dire pour lui « sans génitalité »). Il n’a rien compris à la chasteté. Celle-ci n’est pas synonyme d’absence de génitalité (dans le cas des couples femme-homme mariés), pas plus qu’elle serait synonyme de sentimentalité à promouvoir (dans le cas des unions homosexuelles). À mon avis – et c’est le fond du « problème » – il fait une allergie à la réalité et au mot CONTINENCE. Bizarrement, de la continence, il n’en parle pas dans son papier… Il préfère la remplacer par le mot plus flou, plus fourre-tout et plus spirituel de « chasteté ». Mais je maintiens : la chasteté demandée aux personnes durablement homosexuelles est la continence. J’avais déjà prévenu les abus de langage de mot comme « amour », « amitié » et « chasteté » il y a peu. Et je le répète : il faut être plus précis. On ne va pas épiloguer. (En plus, mon troisième livre, qui traitera de l’hétérosexualité et de la boboïtude, comblera certainement les frustrations de notre cher ami : ça arrive, Yves… ça arrive…^^). Et maintenant, un suppo et au lit !