Je n’arrive pas à trouver du boulot car mon C.V. fait peur. Le côté « homo continent » (donc croyant) sans doute. On ne me rappelle pas. Malgré mon beau Curriculum Vitae. Malgré l’enthousiasme premier que je suscite (à cause de mes bouquins, de mon niveau universitaire, de mes compétences, etc.).
Et ceux qui se rendent compte, impuissants, du gâchis que j’incarne, sont pris entre admiration à mon égard et effroi de découvrir une persécution anti-catholiques réelle qu’ils ne soupçonnaient pas (Quoi?? En France, pays des droits de l’Homme, on persécute les catholiques du simple fait qu’ils le soient??) ainsi qu’une homophobie « gay friendly » invisible (Quoi?? On rejette une personne homo du simple fait qu’elle parle publiquement de son homosexualité??). Ils ne savent pas quoi faire de moi.
L’autre jour, j’ai dû téléphoner au rectorat de Versailles (Éducation Nazionale) pour récupérer des preuves que j’avais bien été prof d’espagnol pendant 6 ans et que j’étais bien détenteur du diplôme du Capès. Je m’attendais à tomber sur des secrétaires désagréables et inhumaines. Et pas du tout. C’est la responsable des profs d’espagnol de l’Académie qui m’a répondu. Même après 10 ans, non seulement elle se souvenait parfaitement de moi (quelle mémoire !), mais j’ai senti chez elle une empathie face à mon cas (car ce qui s’est passé à l’époque, la façon dont j’ai été traité par le rectorat et l’inspection, par ma direction aussi, sont en réalité une injustice et un scandale qui furent complètement étouffés). J’ai vu qu’elle a compris le gâchis, l’injustice de mon éviction, la réalité des persécutions homophobes et cathophobes. Même si elle n’avait pas le droit de parler. Je la voyais se mettre en quatre pour me scanner toutes les pièces de mon dossier (y compris celles dont je n’avais pas besoin !). À la fin de notre échange téléphonique (elle ne voulait pas raccrocher : elle me tenait la jambe ! haha; elle ne voulait pas que je raccroche: c’était dingue), elle m’a même souhaité bonne chance pour mon documentaire.
Oui, je le dis sans me victimiser. Les catholiques sont persécutés en France. Les personnes homos croyantes aussi. Un jour, les gens le sauront. Pour l’instant, ceux qui s’en aperçoivent rougissent de honte en silence, masquent leur impuissance en même temps que leur indignation/admiration. Mais cette injustice sera sue.