Preuve du fossé schizoïde croissant entre les générations (parents/enfants) ou entre soi et soi-même (moi adulte/moi enfant), et preuve de l’immaturité orgueilleuse chantant l’« Enfant intérieur » (personnage fictif qui serait une résurgence/actualisation émouvante de l’enfant réel du passé) sacrant l’adulte qu’il est devenu : c’est la mode, en ce moment, chez pas mal de célébrités, de s’adresser un « vibrant » hommage narcissique à soi-même petit, en apostrophant le petit garçon ou la petite fille qu’elles étaient – pour s’altériser, créer ainsi la surprise, et se voir couronnées par leur alter-ego qui les venge d’une cécité collective dans laquelle elles s’incluent elles-mêmes. Comme un retour royal et vainqueur du passé.
Et visiblement, elles se sont passées le mot. En 24h, sur les réseaux ou à la télé, ce qui se voulait être une démarche originale est devenu un modèle discursif moutonnier : hier, aux Victoires de la Musique, Barbara Pravi, pendant son discours de remerciements au micro, finit par s’auto-congratuler en parlant à la petite fille qu’elle était. Quelques minutes plus tard, rebelote avec le chanteur Ben Mazué. Et là, ce matin, je tombe sur le post Facebook de Diane Leyre, Miss France 2022, s’adressant à elle-même toute petite, comme pour faire contempler son parcours et son sacre par sa propre jeunesse.
Hey, les Narcisse, va falloir vous calmer un peu sur le jeunisme !