Depuis quelques jours, grâce à mes amis célibataires (homos ou pas, peu importe), je suis en train de réaliser certaines choses importantes sur la formation des couples d’aujourd’hui, sur l’organisation contemporaine des rencontres amoureuses, qui dépassent largement le procès facile pour « incompétence à s’engager ou à aimer » que l’homme et la femme sont tentés de se faire l’un à l’autre, ou que même le fidèle catholique pourrait attenter à son Église.
C’est le concept même du RENCARD, fomenté et facilité par les nouvelles technologies, les réseaux, les sites de rencontres, et même les sites pornos, que je remets en cause, et qui à mon avis fausse tout. Pourquoi ? Parce qu’il cristallise la rencontre amoureuse sur un enjeu sentimental ou sexuel immédiat, impérieux, surévalué, et sur le face-à-face solitaire entre deux personnes isolées qui doivent nécessairement se plaire tout de suite, « matcher », « être compatibles », se mettre en couple, voire coucher ensemble, « sinon ça ne va pas, et au revoir ! ». Plus de place au temps, au jeu, à l’entourage, au dialogue ou à la rencontre humaine désintéressée, à un enjeu plus léger, à un cadre plus collectif, ludique, sociabilisant et informel (groupe d’amis, bals ou fêtes du village, associations, rallyes, groupes de prière, et même les speed-datings, la Saint Valentin et les jeux de télé-réalité…), qui décentrerait le couple de lui-même et lui permettrait de se détendre. Plus de participation/intervention/ingérence de la collectivité, de la famille ou des amis, pourtant précieuse, fondamentale et rassurante dans certains cas, dans la constitution des unions amoureuses.
Par la progressive imposition tacite d’un seul modèle de formation des couples – « le rencard » (ou « le chat » ou « le date » ou « le verre » ou « le plan ») –, Internet et le téléphone portable ont non seulement désincarné/déshumanisé la rencontre humaine informelle à visée amoureuse, mais ont généré une angoisse, un tribunal et une atomisation du couple (un « individualiste à deux »), terrifiants. Tellement terrifiants qu’ils poussent certains au pire au suicide, au mieux à un célibat malheureux et stressant. Alors qu’il suffirait d’avoir le plaisir d’organiser des dîners ou des week-ends « de célibataires » ensemble, de sortir les gens des applis, des téléphones, et j’ose même dire des assemblées chrétiennes désormais surféminisées et désertées par les hommes, pour sortir de ce cauchemar et régler la profonde crise actuelle de la différence des sexes, de l’Église et de l’engagement. Rajouter du collectif et de l’amitié au couple ! Comme par le passé.