Honnêtement, j’aurais autre chose à faire que de devoir me justifier d’une accusation infondée, diffamatoire et homophobe de la part des journaux Mediapart et Libération à mon encontre il y a quelques jours. Mais je vais quand même, pour rassurer mes proches et me défendre, exercer mon droit de réponse et clarifier ici mes propos tenus il y a plus de 10 ans en conférence devant les élèves du lycée parisien Stanislas (propos qui sont spectaculairement décontextualisés, coupés au montage, voire déformés sur les réseaux, afin de me faire passer pour un odieux « extrémiste souffrant d’homophobie intériorisée » : c’est le Monde à l’envers). Je me fais même insulter par certains frères homos, alors même qu’ils ne me connaissent pas. C’est grave. Et je vais garder précieusement ce monceau d’insultes homophobes et anticléricales.
Voilà ce qui m’est reproché par Mediapart :
1) d’avoir parlé du lien entre viol et homosexualité, et d’avoir défini la tendance homosexuelle comme un « désir de viol » (donc, en gros, d’avoir homosexualisé le viol et culpabilisé les homos, sali la communauté toute entière).
2) d’avoir qualifié certaines lesbiennes de « harpies » (donc d’être lesbophobe).
3) d’être homo abstinent sexuel (donc, selon Mediapart, homosexuel refoulé et homophobe).
4) d’être extrême et catholique (donc dangereux).
5) d’avoir parlé d’homosexualité (donc d’avoir fait de mon cas une généralité et d’avoir en quelque sorte usurpé tous les autres homos en m’exprimant à leur place).
6) de m’être exprimé devant un public jeune et donc fragile et perméable à mes idées (abus de faiblesse, encouragement inconscient aux suicides et au harcèlement scolaire).
Je vais reprendre chacun des 6 points pour les démentir, et montrer que l’homophobie n’est pas du côté qu’on croit… :
1) Concernant l’homosexualité comme fantasme de viol, ça va faire plus de 20 ans que je traite du sujet (j’ai à ma connaissance plus d’une centaine d’amis homos qui m’ont avoué avoir subi un viol dans leur enfance ; et j’ai écrit plusieurs ouvrages sur les mécanismes de l’homophobie). Je vais répéter pour une énième fois que je n’ai jamais homosexualisé le viol ni causalisé le viol à l’homosexualité (moi-même je n’ai pas été violé, et je connais beaucoup d’amis homos qui ne l’ont pas été : dans notre cas, l’identification aux icônes du viol – soit la femme violée cinématographique soit le macho viril dominateur -, très répandue dans la communauté LGBT, est plus de l’ordre du symbole, du fantasme, et sera le signe non pas d’un viol réellement vécu mais d’une panne identitaire, d’une insécurité existentielle). Autrement dit, j’insiste sur le rapport NON-CAUSAL – mais néanmoins réel et signifiant – entre homosexualité et viol, en soulignant devant les élèves qu’il faut absolument bannir la croyance absurde que « toute personne homo aurait été violée ou bien que toute personne violée deviendrait homo ». Mais néanmoins, qu’il faut connaître ce lien. Au moins pour que l’horreur qu’ont vécue certains de mes amis ne tombent pas dans l’oubli, au nom d’une idéalisation/victimisation gay friendly de l’homosexualité. Car le déni de viol, c’est de la vraie homophobie, pour le coup!
2) Quand je parle des harpies, je recontextualise : c’était d’une part une comparaison (pas une analogie : comparaison n’est pas définition. Je rappelle cette évidence…), et d’autre part (et surtout!) la qualification d’un comportement, d’un acte (récurrent, mais que je ne généralise pas à toutes les lesbiennes). Je ne fais que dénoncer un phénomène méconnu du grand public (qui, par sexisme féministe misandre, idéalise les relations amoureuses lesbiennes, alors que la plupart sont tout sauf douces) : la maltraitance (emprise psychologique, chantage, disputes, harcèlement, sadomasochisme, bagarres, coups et blessures, viols, féminicides, meurtres…) au sein de beaucoup de couples lesbiens. Et ce n’est malheureusement pas un épiphénomène : cette lesbophobie lesbienne atteint un tel point (car au centre LGBT de Paris, il existait déjà depuis longtemps des « cellules de crise », des groupes de parole et de gestion de ces conflits, spécifiques à ces violences domestiques et conjugales) qu’elle a même fait l’objet il y a 3 ans d’un signalement et d’un projet de loi à l’Assemblée nationale (porté par la députée lesbienne Laurence Vanceunebrock) ! C’est dire si je n’exagère et n’invente rien (je ne fais que parler d’une réalité, et défendre de nombreuses lesbiennes qui souffrent en silence). Le terme « harpies » n’est même pas assez fort pour qualifier les comportements que certaines lesbiennes adoptent les unes avec d’autres. Des amies lesbiennes m’ont assuré « qu’elles n’étaient sorties qu’avec des folles », m’ont raconté toutes les histoires de maltraitance physique qu’elles ont vécues ou dont elles ont été témoins, me parlent de la violence dans le milieu lesbien (j’ai même rencontré une patronne de bar qui a testé la gestion d’un bar gay puis ensuite celle d’un bar lesbien : entre mecs, zéro bagarre, dans toute l’histoire de l’établissement ; en revanche, dans son bar lesbien, plusieurs bagarres. CQFD). Et les assos et clubs SM lesbiens existent depuis très longtemps dans les capitales occidentales. Par conséquent, qu’on ne vienne pas me traiter de « lesbophobe », ou me dire que je créerais ce que je dénonce. Sinon, je sortirai les gros dossiers (dossiers qui feront rougir de honte mes accusateurs, pour non-assistance à personnes en danger !)
3) On me présente comme « homo abstinent ». Nuance: Je n’étais pas « abstinent » (refoulement et dissimulation d’homosexualité) mais « continent » (don de mon homosexualité non-pratiquée) à l’époque. Continence que j’ai vécue exclusivement de 2011 à 2016 (Aujourd’hui, je la vis par intermittence). Je dirais à mes détracteurs ceci : d’abord, que même à l’époque de ma conférence à Stan, je ne me suis jamais posé comme modèle obligatoire (c’était mon choix perso et libre) ; ensuite, que j’ai toujours questionné (non condamné, et encore moins prohibé) la pratique homo (et il y a de quoi ! Les couples homos stables, fidèles, rayonnants et heureux, ne courent pas les rues! On est donc largement en droit de le questionner !) ; et enfin, que, jusqu’à preuve du contraire, je fais ce que je veux de mon coeur et de mon cul (tant que c’est dans le respect et le consentement des autres). Se sentir homo depuis l’enfance et bien le vivre – ce qui est mon cas -, ne m’oblige en rien à être en couple ou à défendre le couple-acte homo, que je sache. Il n’y a pas qu’une seule et unique manière d’être homo et de vivre son homosexualité. Merci de ne pas imposer votre modèle unique d’être homo (la pratique homo), en taxant l’exception d’« homophobe » ou d’« homo frustré ». Moi, je m’affiche ouvertement homo depuis plus de 20 ans, et m’assume. Y’a pire comme modèle d’homosexualité « honteuse d’elle-même »! Et je pense que mes détracteurs de Mediapart n’en ont pas fait autant.
4) On me dit « extrême ». Euh… Je suis de gauche (et pas « gauche caviar », et surtout pas macroniste ni mélenchoniste). De gauche chrétienne. Vous appelez ça « extrémiste »? Ça va faire 12 ans qu’en mon âme et conscience je ne vote plus à aucune élection présidentielle, et que je me fais rejeter par l’ensemble des catholiques (acquis majoritairement à la droite, à l’extrême droite, à la Franc-Maçonnerie, et au carriérisme) qui me regardent de travers, m’ignorent, me méprisent, me virent de leurs institutions, sont homophobes à mon encontre, parce que je me dis ouvertement de gauche et ami des pauvres, et que je parle d’homosexualité un peu trop à leur goût… et vous osez me dire que je suis un « catholique extrémiste » ?!? WTF.
5) Je n’ai jamais fait de généralités ou d’exagérations sur les homos en parlant du sujet. En prenant toujours soin d’aimer toute personne homo, de nuancer mon propos constamment (la preuve avec mon tout dernier livre Couples homosexuels : c’est quoi le problème ?, où je défends tous les avis que j’ai pu entendre sur l’homosexualité, en essayant de comprendre chacun), en luttant même contre mon propre scepticisme par rapport aux couples homos, et en montrant aussi les couples homos réussis et épanouis, les beautés et richesses de la culture homo (injustement boudée et salie par la plupart des homos eux-mêmes). Alors comment osez-vous me traiter d’homo refoulé ou d’homophobe intériorisé? Vous devriez avoir honte de vous attaquer à moi, en fait. Honte de votre homophobie (que vous déguisez en lutte contre l’homophobie intériorisée). Je suis autant homosexuel que vous. Si ce n’est plus!
6) Oui, j’ai parlé devant un public de jeunes. Et je ne regrette pas. Les jeunes ont besoin d’entendre parler de sexualité, d’Amour, d’homosexualité, d’homophobie, et autrement que par la doxa pro-gays qui n’explique jamais rien et qui justifie tout ce qui va dans le sens de son relativisme libertin, … car ces sujets angoissent et blessent beaucoup les jeunes d’aujourd’hui. Et je me souviens même qu’à Stanislas, j’avais reçu un super accueil, et que j’avais senti que mes interventions avaient non seulement contribué à faire reculer l’homophobie, avaient rendu l’homosexualité amicale, drôle, incarnée et accessible (j’avais même désamorcé un début de harcèlement à l’encontre d’un élève que certains commençaient à embêter parce qu’il était différent et maniéré), mais aussi avaient libéré la plupart des participants. Je ne vais pas m’excuser de ça, et encore moins laisser certains médias anticléricaux, et gays friendly homophobes, salir ce moment-là.