Selon moi, voici les vérités/réalités amères (et que très peu verront) que révèlent « l’affaire » des récents propos du Pape François sur le refus des postulants homos dans les séminaires (il a dit qu’il s’y trouvait « trop de pédés », et qu’en gros, les séminaires, « ça ne devait pas devenir la Gay Pride ou la Cage aux Folles, un repaire de gays », si je retraduis le jeu de mots pour détendre l’atmosphère en langage trivial français):
1) Ça dit d’une part qu’il y a des infiltrés au sein de l’entourage très proche du Saint Père (je rappelle que les propos papaux sont sortis d’une réunion privée), et que, donc le Pape est en danger, n’est même plus « chez lui » chez lui. Il est noyauté. Ça veut dire aussi que le vers est dans le fruit (l’Église), donc reflète la réalité du schisme : même les médias pourtant pro-Pape par devant lui plantent un couteau dans le dos (exemple avec Aleteia qui relaye l’information, sans prendre position, et surtout sans défendre le souverain pontife). Trahison interne hallucinante, et encore impensable il y a quelques années.
2) L’incident montre une nouvelle fois que le Pape a négligé le sujet de l’homosexualité. Par orgueil et par peur. Il croit qu’à la fois c’est un petit sujet (son laxisme langagier et sa familiarité prouvent cette négligence… et une forme de peur démagogique) et qu’il le maîtrise très bien, et par conséquent qu’il n’a rien à apprendre de nous (les catholiques homos). Or c’est le sujet qui va le faire chuter. Dans le Monde qui est le nôtre, la présomption d’homophobie, quand on n’est pas homo soi-même, tue et ne pardonne pas. Malheureusement.
3) Ça dit l’homophobie (gay friendly! donc bien intentionnée) du Pape, ainsi qu’une homophobie structurelle de l’Église-institution humaine: l’exclusion (et le gâchis réel !) de belles personnes, capables d’être prêtres, aux portes des séminaires (homophobie qui frise la schizophrénie et l’hypocrisie, puisqu’à la louche, le tiers des prêtres actuels sont homos et pratiquent leur homosexualité, donc ont une double vie : et bien sûr, les bons prêtres non-homos souffrant de cette schizophrénie, ainsi que la souffrance des homos rejetés alors qu’ils ont la vocation, personne n’en parle…).
4) Ça dit que notre Monde n’accepte plus l’erreur, la maladresse (même teintée d’humour taquin) ni le pardon. Il ne voit ce dernier que comme un aveu ou un auto-jugement inconscient qui enfonce encore plus le pécheur repenti. Le Pape a beau s’excuser de sa maladresse humoristique, le Monde enregistreur, susceptible et justicier, dira « Ce qui est dit est dit. C’est trop tard! ».
Comme je le disais hier à un ami travaillant à la communication d’un grand diocèse de France, les dés sont jetés. Le sort papal est scellé. Le Pape, à moins d’un miracle (celui de se former sur l’homosexualité et de rencontrer/écouter vraiment les homos, de reconnaître qu’on a quelque chose d’essentiel à lui apporter, et qu’il est homophobe), ne sortira pas du piège dans lequel on l’a mis et dans lequel il s’est lui-même mis. Je vois tout le mépris et l’endormissement des évêques français aujourd’hui, persuadés d’avoir tout compris à l’homosexualité, et en même temps la traitant par-dessus la jambe… Honnêtement, c’est fichu. Le Pape ne reconnaîtra jamais ses torts, ses lacunes et son homophobie.