Ce qui est fascinant aujourd’hui, c’est l’adoration ambiguë et fragile de nos contemporains par rapport à la pratique homosexuelle (due à leur méconnaissance du sujet). Ils sont pris entre deux feux. D’un côté, ils refusent de la critiquer, de voir son lien avec la souffrance ou la violence, et d’un autre, ils sont rattrapés par la réalité, et s’indignent contre des faits objectivement choquants (le viol, le harcèlement, l’homophobie, parfois la pédophilie, la transsexualité et les trafics humains) auxquels elle est indirectement liée, voire qu’elle camoufle. Je pense à deux affaires récentes : celle du chanteur Slimane (il est accusé de viol et de harcèlement parce qu’il ne peut être accusé d’homosexualité ni d’adultère, ces deux derniers étant justifiés par le Monde ; et potentiellement, si l’accusation de son technicien se révèle fausse, on serait face à un cas d’école de projection accusatoire d’une homosexualité refoulée/homophobie intériorisée d’un homme bisexuel) ; l’autre affaire, c’est celle de l’ex-père Matthieu Jasseron (qui maquille sa potentielle homosexualité à la fois de mystère – il fait comme les strip-teasers, il se déshabille progressivement pour faire planer le mystère autour de sa vie sentimentale, et glane des indices au fur et à mesure car il sait que la présomption d’homosexualité le concernant, genre « coming out inattendu des prêtres », va lui apporter audimat et fric, bien davantage que des révélations d’abus sexuels et spirituels sacerdotaux -, à la fois de viol et de corruption institutionnels religieux). Les gens sentent bien qu’il y a du lourd derrière l’homosexualité, et ils veulent s’en approcher autant que s’en éloigner. Ce double mouvement est juste incroyable, et presqu’irrationnel.