Que les choses soient claires. Ce n’est pas « L’HOMOPHOBIE » en elle-même (c’est-à-dire un désir, des mots et des actes réels) qui intéresse les Jacques de Guillebond, les Mgr Lantheaume et autres Christian Vanneste, mais bien « L’ACCUSATION D’HOMOPHOBIE » (à savoir le paraître, l’image, la rumeur, l’étiquette paranoïaque pour diaboliser ses adversaires ou s’auto-victimiser). La nuance est de taille ! En écoutant par exemple Alain Escada, le président actuel de l’institut Civitas (un mouvement qui se dit « catholique », mais qui en réalité est lefevriste, non-reconnu par Rome, intégriste – et pas seulement « traditionnaliste » –, et dont beaucoup de membres aiment visiblement les supers pulls fashion tricotés par mère-grand ;-)), l’amalgame entre homophobie et accusation d’homophobie est frappant. Quand on tente d’échanger avec eux sur l’homosexualité – si tant est qu’ils nous laissent en placer une et qu’ils ont l’honnêteté ou la capacité d’essayer de nous comprendre… – , on se rend vite compte qu’on ne parle pas du tout des mêmes choses, qu’on est sur deux terrains non pas radicalement opposés (car a priori nous employons le même terme d’« homophobie ») mais bien différents, et que nous ne combattons pas le même ennemi. Eux s’attaquent à un fantasme (et la perversité de celui-ci, c’est qu’il se base toujours sur un substrat de réalité ou de Vérité, bien vite instrumentalisé et grossi à la loupe de la préciosité langagière du tribun du FN) tandis que de notre côté, nous essayons de nous attacher au Réel et au respect des personnes avant tout sans perdre de vue les exigences de l’Amour et la nécessité de la dénonciation du mal quand il est utile de la faire. Et on comprend bien pourquoi ils privilégient le combat contre l’accusation d’homophobie plutôt que l’analyse de l’homophobie en elle-même : ce travail d’observation de l’homophobie les renverrait à la reconnaissance douloureuse de leur propre pratique homophobe.