Je prends la route pour Cholet pour passer la Toussaint avec papa.
Je suis tout heureux du 4e dîner que j’ai organisé hier chez moi avec encore des gars pêchés sur les sites de rencontres gays. Même si je me suis désinscrit cette nuit du site, je ne regrette pas mon immersion de quelques mois dedans : ces soirées sont des purs moments de Grâce. Et il y en aura sûrement d’autres. Sans messianisme ni idéalisme excessifs (car tout ça ne m’appartient pas et me dépasse), sans possessivité ni présage de ce que les relations seront amenées à devenir, la vingtaine de personnes que j’ai recrutées et moi vivons une communion insolite, expérimentale, risquée, savoureuse.
Encore hier soir : regards pleins, plaisir unanime d’être ensemble, confidences profondes et gratuites, blagues grivoises, écoute fraternelle (en total décalage avec la logique du site), aurevoirs sur le pas de la porte avec l’expression de la conviction qu’on va se revoir et qu’on est spécialement contents de « s’être trouvés ». Reconnaissance mutuelle quasi biblique (même si on ne peut pas se l’avouer comme telle) exprimée dans une accolade fraternelle et une marque appuyée d’une préférence partagée : « Toi Noé/toi David/toi Andrew, tu sais que je t’aime déjà fort ? Tu as compris que t’es mon vrai pote et qu’on va se revoir? » Déclaration marrante, en plus, parce qu’elle parodie son insistance. J’ose parler de coups de foudre fraternels. Et même si ça paraît pas juste de faire de l’homosexualité le dénominateur commun d’une pareille fraternité offerte par Dieu, j’y crois, j’en ai besoin, et je la découvre vitale. Et pas qu’à mes yeux.