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Cool (Expressions bobos)

SIGNIFICATION SOCIALE, MONDIALE ET ESCHATOLOGIQUE DU CODE

 

« Tu seras cool, mon fils ! »


 

« SCHOOL », ÇA RIME AVEC… « COOL »
 

On a tous le souvenir, au collège, et parfois au lycée, d’avoir été obligés de marcher au pas trop rapide de deux-trois camarades plus « cools » que nous et qui ne nous attendaient pas (quand on était ensemble sur la cour d’école, en classe, en ville, dans un bar ou en discothèque, dans une soirée, en sortie scolaire, en voyage en car…), ne nous écoutaient pas, ne rigolaient jamais à nos essais de blagues (… ratées, du coup), ne prêtaient pas attention à nos remarques et réflexions (finissant marmonnées dans notre barbe parce qu’elles tombaient à côté et qu’on était jugés inintéressants voire stupides), ne nous regardaient pas dans les yeux et ne s’adressaient jamais directement à nous quand ils nous parlaient (nous étions tellement invisibles à leurs yeux qu’il leur arrivait même de parler tout haut de nous à la troisième personne du singulier et en notre présence !), mais que nous devions quand même suivre comme des gentils toutous pour donner l’illusion que c’étaient nos amis (pardon… nos « potes » LOL), que nous faisions partie de « leur bande », que nous n’étions pas des « Rémis » ou des « pauvres types » isolés et coincés (« coincé » : l’adjectif de l’infamie maximale !), et que nous étions aussi cools qu’eux. La vérité, c’est que nous étions leurs bouche-trous et eux nos faire-valoir : c’était le « deal » fragile et secret qui nous unissait tacitement les uns aux autres. Aaaah… ces merveilleuses années collège et lycée, entourés de « cools » – finalement tout aussi mal dans leur peau que nous mais qui avaient au moins les moyens physiques et parfois matériels de le camoufler – qu’on était forcés de trouver intéressants, drôles, brillants, intelligents, sexys, admirables, épatants, spirituels, alors qu’ils nous méprisaient du plus profond de leur être, et qui aujourd’hui font grise mine…
 

LES « COOLS » : MAÎTRES DU MONDE DEPUIS LE PÉCHÉ ORIGINEL
 

C’est comme ça depuis le péché originel d’Adam et d’Ève : les « cools » dirigent le Monde, de génération en génération. Et la coolitude est le paradigme qui hiérarchise – en termes de pouvoir et de popularité – les rapports humains et la valeur attribuée à chacun. En gros, on est tous le « cool » de quelqu’un ou le « ringard » (c’est-à-dire le « pas cool », le « coincé », le « has been », le « loser ») d’un autre. Et heureusement, on peut faire la navette entre ces deux réputations : elles ne sont pas toujours immuables ; certaines de nos casseroles se détachent même de nous avec le temps. Et surtout, heureusement qu’un certain Jésus nous a dit qu’au Ciel, « beaucoup de derniers de ce Monde seront premiers, et beaucoup de premiers seront derniers » (Mt 19, 30). Ça nous laisse de l’Espérance : la coolitude a une fin !
 

Mais d’ici-là, il faut quand même se la coltiner ! Comme un rouleau compresseur, et en l’espace de quelques décennies, la coolitude est devenue la nouvelle morale. La Reine mondiale. Elle s’est substituée au Bon ou au Bien, donc à Dieu et à Jésus. Or, si la coolitude devient le nouveau Bon ou Bien, ça peut prêter à sourire… mais en réalité, je vous annonce qu’on a du souci à se faire ! Pourquoi ? Parce que c’est le début de la loi de la jungle, ou du Talion. Tous les conflits humains, si vous regardez bien (depuis la cour d’école, jusque dans votre propre famille, votre couple ou dans les partis politiques), s’originent presque systématiquement dans la coolitude et reposent sur celle-ci. Dès que la coolitude (autrement dit le culte de l’apparence, ou le boboïsme) s’immisce dans un groupe humain et devient le principe ordonnateur, le critère de distinction entre les Hommes, la ligne de démarcation « éthique » (et finalement manichéenne) entre les « cools » et les « pas cools » (qui passent leur temps à s’échanger leur rôle car selon l’axiome de la coolitude, comme je viens de le signaler plus haut, on devient tous « le cool » et « le pas cool » de quelqu’un : c’est plus cool et imperceptible que le stigmatisant classement de bourreau/victime), c’est le début de la fin. Si les Humains se choisissent la coolitude comme principale morale, philosophie et justice, ça veut dire – qu’on le mesure ou non – que le démon a bel et bien pris le pouvoir de nos vies et de notre Monde.
 

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que j’ai aussi remarqué que la paix revient dans les familles ou les groupes d’amis une fois que l’idole de la coolitude est mise à mort d’un commun accord. Je l’ai vu avec mon frère jumeau. On s’est réconciliés à partir du moment où on a cessé de rentrer dans la peau du « plus cool que l’autre » (ou du « plus intelligent que l’autre »), quand on a cessé la course à la coolitude. Bref, quand on a cessé de se juger. En revanche, dans ma propre famille, certaines tensions et tyrannies persistent encore (malheureusement) parce que certains croient avoir le monopole de la coolitude, et par conséquent jugent les autres de « tyrans ringards et pas cools ». C’est un cercle vicieux.
 

Et d’un point de vue mondial et politique, il suffit de voir qui, parmi les politiciens, verse à la fois dans la coolitude et dans la rigidité (pour donner justement à leur autoritarisme une sympathie populiste qui rend ce dernier acceptable et moderne) ? Ce sont les tyrans. Y compris ceux qui se posent en outsiders du Système qu’ils briguent ou dirigent (exemple : Donald Trump, Barack O’Bama, Emmanuel Macron, ou à plus basse échelle Jean-Luc Mélenchon). Macron, il est « vraiment cool » du point de vue des attitudes et de son image médiatique… et c’est justement ça le problème ! Il suffit aussi de voir quelle Nation ou quel continent cultive le plus son image de modernité (avec ses « fashion weeks », ses grands spectacles et kermesses pharaoniques), de « liberté », d’« ouverture », de coolitude ? Ce sont les oppresseurs. Il suffit enfin de voir sur les sites de rencontres gays comment l’expression « cool et sympa » signifie concrètement « baisable et prostitué ».
 

La coolitude, même « frondeuse » et intentionnellement « ouvertement contre elle-même », est la Marque de la Bête et de la tyrannie. Car les vrais cools ne se présentent pas comme tels. Ils se contentent de l’être, en silence. Tout simplement. Et personnellement, je n’ai jamais rencontré de personnes aussi peu cools, aussi antipathiques, aussi complexées et aussi peu « fun », que celles qui se revendiquaient « fun, détendues, sans complexe, franches, cools et sympas (y compris dans leur rigidité) ». Et les seules fois de ma vie où j’ai essayé de « faire cool », j’aurais mieux fait de m’abstenir. Donc un conseil : laissons tomber la coolitude. Sans trop la mépriser non plus (sinon, nous risquons de l’imiter dans l’opposition). Car de toute façon, nous ne l’emporterons pas au Paradis. Et fixons-nous sur l’humiliante Croix de Jésus. Jésus, c’est l’Homme le moins cool de la Terre.
 



 
 

DANS LA SÉRIE JOSÉPHINE ANGE GARDIEN

 

JOSÉPHINE, C’EST MA COPINE À MOI
 

Télévisuellement parlant, Joséphine ange gardien se veut l’Incarnation de la cool attitude, la femme angélique la plus cool du PAF. Et gare à celui qui viendra écorner cette réputation angélique positive ou la détrôner !
 

Première preuve incontestable de sa gaieté et de sa coolitude : Joséphine danse ! « Ah super ! J’adore danser. » (c.f. épisode 57 « Un petit coin de paradis »). C’est le cas par exemple dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », dans l’épisode 33 « De toute urgence ! », dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie », dans l’épisode 40 « Paris-Broadway », dans l’épisode 67 « Les Anges » ou encore dans l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle ». Notre ange gardien télévisuel est censé être la bouffonne (et je ne dis pas cela uniquement par rapport à sa taille), la boute-en-train, la rigolote, la fêtarde (c.f. épisode 32 « La Couleur de l’Amour »), l’amuseuse publique (c.f. épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton »), la bonne copine (Pour information, je rappelle que Nicolas Cuche a réalisé pour TF1 en 2005 un téléfilm intitulé « La Bonne Copine », avec Mimie Mathy comme personnage central.) avec qui il est facile de rigoler mais aussi de se confier (c.f. épisode 53 « Marie-Antoinette ») : « T’inquiète pas. J’suis une copine pleine de ressources. » (c.f. épisode 57 « Un petit coin de paradis ») ; « Je fais clown et illusionniste. Les deux. Ça dépend des missions. » (c.f. l’épisode 63 « Le Cirque Borelli ») ; « Mon fils Boon-Bee veut savoir qui t’es vraiment : une magicienne qui sait retrouver les jouets, ou une sorte d’ange gardien ? » (Jeera) « Dis-lui que je suis sa copine. » (Joséphine dans l’épisode 68 « Restons zen »). D’ailleurs, la musique du générique, un peu jazzy, suggérant un air rétro de Charlot, cultive cette image de marque de Joséphine : la bonne humeur cool. Et le pire, c’est que ça semble marcher. Les personnages de la série – même les « djeunes » qui devraient la trouver « relou » et « ringarde » – sont conquis : « Elle est vraiment marrante, cette Joséphine. » (Jeanne, dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur ») ; « T’es trop rigolote, comme fille. » (Max, 8 ans, s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 76 « Papa est un chippendale »). Joséphine jongle entre la rigolothérapie – matinée de la maladresse clownesque du fanfaron « touchant » qui fait rire sans le vouloir – et l’émotion.
 

Joséphine est si appréciée de quasiment tous que par exemple, dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », quand Éric veut la licencier de son poste d’animatrice du village-vacances pour lequel il l’emploie, une manifestation « spontanée » de vacanciers se forme – avec haut-parleurs, banderoles et messages de soutien – pour exiger son retour à l’atelier tir à l’arc. Le Fan Club d’une trentaine de manifestants scande sans s’arrêter ce slogan niaiseux : « ON VEUT JOSÉPHINE, C’EST NOTRE SUPER COPINE ! »
 

Épisode 72 – « Les Boloss »

En général, les épisodes où la coolitude de Joséphine s’exprime le plus, ce sont ceux dans lesquels l’héroïne drague la jeunesse soi-disant « rebelle et impétueuse » (mais que elle va magiquement réussir à dompter et à comprendre) : par exemple dans le milieu racaïlle (c.f. l’épisode 12 « Romain et Jamila », l’épisode 19 « Nadia », l’épisode 72 « Les Boloss », etc.), dans le milieu des collèges et des lycées (c.f. l’épisode 30 « Le Secret de Julien », l’épisode 60 « Une Prof », l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle », l’épisode 84 « T’es ki toi ? », l’épisode 95 « Disparition au lycée », etc.), dans le milieu du sport ou des concours de la chanson (c.f. l’épisode 40 « Paris-Broadway », l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi », l’épisode 87 « Un pour tous », l’épisode 94 « L’esprit d’Halloween », etc.). Joséphine essaie de se donner un côté « adulte cool » qui va révolutionner l’Éducation Nazie-onale. C’est de la démagogie pure, évidemment, car comme dans l’émission Au tableau sur la chaîne C8 (vous savez, quand les politiciens, en pleine période électorale présidentielle en 2017 en France, se voyaient confrontés à des classes hyper sages avec des élèves « rebelles » triés sur le volet), on ne donne jamais à Joséphine de véritables élèves difficiles ni des classes insurmontables. Ce sont plutôt les élèves « parfaitement rebelles » de Beatriz Beloqui !
 

La force de Joséphine ne réside pas dans la bonté ni la Vérité. Si « la meilleure copine des Français » est si appréciée, c’est uniquement parce qu’elle est (considérée comme) COOL. SYMPA. Elle apprend même le terme à ses élèves des années 1960, dans l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle » : « Vous êtes pas une surveillante comme les autres vous. » (Hélène) « Tu veux dire que je suis cool ? » (Joséphine, aspergeant ses pensionnaires d’eau) ; « Ça veut dire quoi, cool ? » (Françoise) ; « Ça veut dire ‘relax’, ‘décontractée’. » (Joséphine). Rien ne fait plus plaisir à Joséphine que de posséder le précieux de la coolitude (… ou de se l’attribuer à elle-même quand les autres oublient de le faire) !
 

Joséphine, c’est la reine de la reprise de confiance, de la zen attitude, du lâcher prise, du « prendre soin de soi avant de prendre soin des autres » : « C’est cool, non ? » (c.f. épisode 50 « Le Frère que je n’ai jamais eu ») ; « Ce qui est bien chez vous Hervé, c’est que vous êtes lucide. Faut juste que vous appreniez à maîtriser votre stress et tout ira bien. » (c.f. l’épisode 46 « Joséphine fait de la résistance ») ; « Il a besoin d’être en confiance. […] Tu te rappelles ce que je t’ai dit : cool, on le met en confiance. » (Joséphine s’adressant au cheval Châtaigne par rapport à Mathis, l’enfant muet, dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais ») ; « Tu vas pas te planter. No stress. » (Joséphine tranquillisant Zoé, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi ») ; « Tout va bien. Cool. » (c.f. épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur ») ; « Pourquoi t’essaies pas d’être un p’tit peu plus cool avec eux et avec toi aussi ? » (Joséphine s’adressant à Florence à propos de sa famille, dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé ») ; « Cool, cool, cool ! » (l’ange gardien Rosine dans l’épisode 96 « Trois anges valent mieux qu’un ! ») ; « Sois plus cool avec elle ! » (Joséphine s’adressant à l’ado rebelle Philippine par rapport à la mère de cette dernière, Cecilia, dans l’épisode 98 « Haute Couture ») ; etc.
 

En grande prêtresse de l’insouciance « branchée », Joséphine s’affaire à délivrer des diplômes de coolitude à chacun, à diviser le Monde entre « cools » et « non-cools » : « En fin de compte, il est cool. » (Joséphine par rapport à Stéphane, dans l’épisode cross-over avec Camping Paradis « Un Ange au camping »). Et ses petits soldats, par imitation, rentrent dans son binarisme manichéen de la coolitude : « Les filles, restez cools. » (Ben dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent ») ; « Nan nan, c’est cool. » (Jules dans l’épisode 87 « Un pour tous ») ; « Pas cool. » (Xavier par rapport à une fille draguant Valentin, dans l’épisode cross-over avec Camping Paradis « Un Ange au camping ») ; « Merci Inès. T’es cool. » (Maëva dans l’épisode 95 « Disparition au lycée ») ; etc. L’élève le mieux dressé par le diktat joséphinien de la coolitude, toutes catégories confondues, reste sans conteste Medhi, le gentil organisateur du village-vacances de l’épisode 57 « Un petit coin de paradis » : « C’est comme ça. Faut rester cool. » ; « De toute façon, faut rester cool. » ; « De toute façon, faut rester cool. » ; « Faut rester cool, les filles. » ; « Eh puis faut rester cool. ». Au cas où on n’aurait pas compris…
 

Le Graal de beaucoup de personnages de Joséphine, c’est de parvenir à être des parents cools, des profs cools, des chefs cools, des jeunes cools : « Papa, t’es cool. » (Quentin s’adressant à son père Frédéric, dans l’épisode 39 « Profession Menteur ») ; « On pensait que vous étiez plus cool que ça. » (Greg s’adressant à sa prof de français, Fanny, dans l’épisode 60 « Une Prof »). Par exemple, dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette », un post-it indiquant « Trop cool » est collé à la perruque d’actrice de Laura, et a été écrit par sa propre fille Amélie : là, c’est la consécration maternelle ! Trop émouvant ! Dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », Julie, la nouvelle compagne de Jérémy, homme divorcé de Florence, semble récolter tous les suffrages de coolitude de la famille qu’elle intègre : « Julie, elle est hyper cool ! » (Jérémie) ; « Gaspard, il vous adore. C’est normal : vous êtes cool, vous êtes sympa ! » (Florence parlant de son fils). Objectif atteint pour la belle-mère : « J’essaie juste d’être une belle-mère sympa. C’est tout. » (Julie).
 
 

LA COOLITUDE, SELON JOSÉPHINE, C’EST « COOL »… MAIS PAS QUAND ÇA VIENT DES AUTRES
 

Néanmoins, le paradoxe, c’est que Joséphine dénonce la coolitude quand ce n’est pas elle qui l’établit ou quand elle ne lui est pas attribuée spécifiquement. Dans ce cas-là, celle-ci lui apparaît comme un dangereux laxisme, voire une angoisse mal gérée (« Tu peux pas être plus cool, non ? » prescrit-elle à Jamila, dans l’épisode 12 « Romain et Jamila ») et une manipulation (« Elle est cool, Vaness. » se force à dire Jeanne à sa meilleure amie Amélie par rapport à la méchante Vanessa pour se faire accepter d’un groupe qui la maltraite au collège, dans l’épisode 72 « Les Boloss »). Par exemple, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi », Émilie impose à Pauline d’organiser une fête bruyante et alcoolisée chez Zoé, la tante de Pauline, après l’avoir forcée à dire que cette dernière était « cool ».
 

Pour abattre cette coolitude qui ne vient pas d’elle, Joséphine agite alors très souvent le spectre du « Réactionnaire », du « Conservatisme » ou du « Fascisme » : « T’es pas un peu vieux jeu, là ? Même à Monaco, les femmes sont plus cools. » (Joséphine s’adressant à Jamila, dans l’épisode 12 « Romain et Jamila ») ; « Maintenant, je sais comment il est quand il est pas cool. » (Joséphine par rapport à Christophe, dans l’épisode 72 « Les Boloss ») ; etc. Dans la série Joséphine, être (jugé) « coincé », c’est l’insulte suprême ! Par exemple, dans l’épisode 60, le coup de grâce donné par Michel à sa femme Isabelle, c’est de la traiter de « coincée ». Toujours dans ce même épisode, le jeune Alex humilie gravement son père, Philippe, en lui reprochant d’être « beaucoup trop coincé ». Dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi », l’appel à la cool attitude s’habille même d’héroïque lutte féministe contre le machisme : « Il faut vraiment, vraiment, vraiment qu’tu sois plus cool. » (Zoé s’adressant d’un ton doucereux à son collègue macho et dirigiste Gilles avant de lui donner une tape méprisante sur la joue).
 

En revanche, si l’autoritarisme ou la casse vient d’elle, là, Joséphine les fait passer pour de la coolitude. On retrouve l’idée que Joséphine, en mettant les pieds dans le plat et en étant autoritaire, devient sympa et cool car elle a le courage de tenir tête. Par exemple, c’est après avoir mouché la jeune Amélie, adolescente rebelle de l’épisode 53 « Marie-Antoinette », que, contre toute attente, celle-ci lui décerne sa couronne de « Miss Cool » : « T’es plutôt sympa comme meuf. ». Dans l’épisode 72 « Les Boloss », Joséphine use de la magie pour paraître cool et imposante auprès des jeunes. Aux yeux des scénaristes de la série, être cool n’équivaut pas à être gentil ni à être bon (puisque la bonté est vue comme une naïveté). C’est juste « avoir du caractère », et parfois être violent pour l’affirmer, pour salir l’idée reçue que la coolitude serait un laxisme sans règle, sans contrôle, sans préméditation, serait du bon sentiment accidentel. Il faut quand même qu’il y ait des traces de suprématie de volonté individuelle ! Non mais !
 

Et il fallait s’y attendre. Joséphine se défend de prendre le pouvoir en remplaçant l’ancienne autorité « tyrannie » par son propre leadership « cool » (bobo, quoi) : « Discipline et rigueur sont les deux piliers de notre éducation. » (Mademoiselle Girard, la directrice du pensionnat de jeunes filles) « Discipline et rigueur, c’est tout moi, ça ! » (Joséphine, ironique). Dans l’épisode 48 « Les Majorettes », elle prend la direction de la troupe de majorettes de Catherine, en prétendant rajouter un cadre anti-cadres : « C’est peut-être un petit peu trop militaire. C’est pas assez funky, quoi. »
 
 

UNE COOLITUDE JOSÉPHINIENNE PLUS RIGIDE QUE LA RIGIDITÉ QU’ELLE POINTE DU DOIGT
 

Épisode 72 – « Les Boloss »

La « coolitude » et l’apparente « ouverture » – autrement dit le laxisme – de Joséphine ne sont pas si « cools » que ça. La seule à s’en apercevoir, c’est un des deux clones angéliques de Joséphine, Ludivine, dans l’épisode 96 « Trois anges valent mieux qu’un ! » : « Ah t’es vraiment pas fun. ». La cool attitude joséphinienne est même parfois homicide et infanticide. Par exemple, dans l’épisode 12 « Romain et Jamila », notre ange gardien trouve que c’est « vieux jeu » de considérer l’avortement comme un « crime » : « Cet enfant, tu veux le garder ou tu veux pas le garder ? » (Joséphine) « Si je le garde, c’est la honte sur moi. Et si je le garde pas, c’est un crime chez nous. » (Jamila, maghrébine de culture musulmane) « ‘Crime chez nous’, ‘honte sur moi’… T’es pas un peu vieux jeu, là ? Même à Monaco, elles sont plus cools ! Pourtant, c’est des princesses. » (Joséphine). Idem pour les autres « cools » de la série. Les libertins et les mères permissives dans Joséphine passent peut-être pour les « gentils » de l’histoire (et bien sûr, les hommes, les pères, et les « castrateurs » qui sont chargés de faire appliquer la loi et de mettre des limites à la boulimie de liberté et de séduction des libertines, pour les « méchants » et les « vieux cons » de l’histoire)… mais en réalité, les « cools » sont les plus tyranniques. Par exemple, dans l’épisode 72 « Les Boloss », Christophe est présenté comme le facho de service simplement parce qu’il refuse de voir sa fille Jeanne porter les sous-vêtements de sa mère Charlotte, faire des chorés chaudes publiquement (« Je viens de retrouver Jeanne à moitié à poil dans la rue, et quand j’arrive ici, c’est la fête du string ?? »), ou bien coucher avec des hommes alors qu’elle n’a que 14 ans… Extrait de l’échange hallucinant entre lui et sa femme : « Ta fille veut arrêter le basket. Elle est amoureuse. Je la connais. » (Charlotte) « Tu plaisantes ? Elle a 14 ans ! C’est pas un peu tôt pour avoir un p’tit copain ? » (Christophe) « Elle a presque 15 ans. Ça va. Ce n’est plus un bébé. D’ailleurs, j’pensais lui prendre un rendez-vous chez ma gynéco. » (Charlotte) « Ah bon ? Parce que tu veux lui faire prendre la pilule ? Non mais ça va pas, non ?! T’es vraiment complètement ravagée ! Il en est hors de question ! Et si je vois un seul mec lui courir après, ça va aller très très mal pour lui ! » (Christophe) « Ah ouais ? Et tu vas lui faire quoi ? Tu vas lui péter la gueule ? J’hallucine. En fait, t’es un vieux réac’, toi ! » (Charlotte) « Et toi t’es la maman super cool ? » (Christophe) « J’ai pas dit ça. » (Charlotte) « N’empêche que moi, je me soucie vraiment d’elle. » (Christophe) « C’est complètement con de dire ça ! » (Charlotte) « En tout cas, on ne laisse pas le basket en cours d’année. C’est une question de principe ! » (Christophe). Voilà. Père = vieux con bourré de principes. Et la mère démissionnaire = la cool qui finit par l’emporter. D’ailleurs, Joséphine prend le parti de Charlotte et critique/retire symboliquement son autorité paternelle à Christophe : « Il est toujours aussi rigide ? Eh ben qu’est-ce que ça doit être quand il n’est pas cool ? ». Tous des pervers, ces pères qui osent veiller à la pureté et à la virginité de leurs filles !
 

Concrètement, la « coolitude » dans Joséphine ange gardien est plutôt synonyme de « conneries » voire parfois de « violence » (viol, inceste, prostitution, avortement, drogue, etc.). Par exemple, dans l’épisode 24 « Un frère pour Ben », Benji propose à Lazlo son futur demi-frère par adoption, de prendre des bains tout habillés ensemble (« Tu vas voir, c’est cool, un bain ! ») et même de dormir dans le même lit (« Trop cool ! Tu dormiras dans mon lit ! »). La coolitude va jusqu’à devenir la signature de Satan. Par exemple, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », l’Archange Matthias – qui est l’incarnation du baron noir vampirique – s’est woodstokisé, babacoolisé : il porte un médaillon Peace & Love
 
 

EXPRESSIONS BOBOS DE JOSÉPHINE POUR « FAIRE COOL »
 

Je conclus ce dossier « coolitude joséphinienne » par le relevé du boboïsme dans la façon de parler de Joséphine. J’ai en effet répertorié toutes les expressions qui me semblaient bobos (voire bobeaufs donc ploucs…) employées par Joséphine et ses personnages dans la totalité des épisodes. Et il y a de quoi faire ! Joséphine enchaîne les expressions bobos ramassées : « C’est ballot » ainsi que les « Ça, c’est fait » arrivent en tête de liste. Je suis néanmoins déçu : j’attendais avec impatience le « Ok. Je sors. »… mais il n’est pas encore sorti… Voici le Top 6 : 1ers ex-aequo – « Bon. Ça, c’est fait. » (20 fois) et « C’est ballot. » (20 fois) ; 2e ex-aequo – « C’est pô gagné… » (15 fois) et « J’suis trop forte. » (15 fois) ; 3e – « Ça va pô être simple… » (8 fois) ; 4e – « C’est pas faux. » (5 fois) ; 5e ex-aequo – « … ou pas » (3 fois) et « Tac » ou « Toc » (2 fois) ; et 6e ex-aequo – « Ça devrait le faire, ça. » (1 fois), « Check » (1 fois) et « J’avoue » (1 fois). Enfin, il y a quelques expressions bobos isolées (parfois anglicisées) venant d’autres personnages, telles que « Je voudrais faire de l’aqua-poney. » (c.f. épisode 88 « Trois campeurs et un mariage »), « On est full. » (c.f. épisode 62 « Yasmina »), ou « C’était énörme. » (c.f. épisode 57 « Un petit coin de paradis »). Mon Dieu, que la coolitude est mimétique et ridicule, quand on y pense, y compris dans sa prétention à l’anti-conformisme ! Je préfère largement les « lol » (déjà old school avant d’être nés !) des réseaux sociaux et les « Nan mais allô quoi » (à jamais ringards !) de Nabilla Benattia.
 
 

DANS D’AUTRES ŒUVRES DE FICTION

 

 

L’hégémonie planétaire de la coolitude s’observe dans énormément de chansons, de séries, de films et de dessins animés actuels. Je vais prendre un parfait exemple avec la trilogie des films d’animation « Hôtel Transylvanie ». Ce qui m’a marqué dans l’« Hôtel Transylvanie 2 » (2015), et que j’avais déjà relevé dans le n°1 (Dans « Hôtel Transylvanie 1 », on pouvait déjà en effet entendre des phrases telles que « Les humains sont tellement pas cools… » ou encore « Laisser couler, c’est cool ! », etc., mais en quand même beaucoup moins prononcé que dans le 2), c’est l’omniprésence de l’adjectif « cool ». Je l’ai entendu une quinzaine de fois, si je ne m’abuse. Comme si la coolitude était la consécration, le but principal du film, et d’une vie ! D’ailleurs, en conclusion du film, le petit Dennis demande à son grand-père Dracula (rebaptisé « Drac’ » par les réalisateurs bobos, parce qu’évidemment ça fait plus cool : dans ce film d’animation, tous les noms de monstres d’« Hôtel Transylvanie » sont coolisés, comme par exemple « Francky » pour Frankenstein) : « Papy, je suis cool maintenant ? »… et son grand-père de répondre fièrement, comme un adoubement chevaleresque « Oui Dennis. Tu as toujours été cool. ». C’est tacitement la morale finale de l’histoire !
 

Plus encore que la victoire sur les méchants, que le bonheur ou l’unité familiale retrouvé(e), ou que la métamorphose/découverte par l’Homme de sa propre monstruosité, c’est la coolitude qui est recherchée comme le saint Graal… et qui est sans doute, à mon avis, la véritable monstruosité, bestialité, possession luciférienne, dictature mondiale, qui s’empare actuellement des Humains sans qu’ils ne s’en rendent compte puisque cette coolitude est étincelante et apparemment libérante, amusante, légère, peinturlurée de vert écolo, de noir rebelle et gothique, plus encore que de rose-bonbon. L’« être cool » a remplacé l’« être bon », ou même l’« être gentil ou méchant ».
 

Il est assez incroyable comme les puissants qui affichent leur coolitude, leur décontraction et leur grande ouverture aux différences, ne sont en réalité pas cools du tout, sont assoiffés de sexe, d’argent, de pouvoir et de reconnaissance, sont extrêmement sectaires et présélectionnent les différences qu’ils tolèrent. Le clip de la chanson « Cool » de Kendji Girac, ou celui de la chanson « Cool » des Jonas Brothers, en fournit une très bonne illustration. Pas de vieux, pas de moches, pas d’obèses, pas d’homosexuels (identifiables), pas d’handicapés, pas de personnes de droite ou d’extrême droite (identifiables). Leurs figurants sont triés sur le volet, même quand ils sont archétypés « minorités rejetées ».
 


 
 

Et si vous regardez le clip de la chanson « Cool » de Gwen Stefani, ou encore « Cool for the summer » de Demi Lovato, vous verrez que la coolitude en question est l’autre nom de la jalousie, de la tentation, et de l’emprisonnement au paraître, de la prostitution. Donc elle est tout sauf cool !
 


 

Il faut aussi se méfier de la parade cool de ceux qui ont identifié certains pièges de la coolitude classique mais qui, en s’y opposant de manière un peu trop frontale ou arrogante ou révoltée, ne se voient pas reproduire une autre coolitude qui les enferme tout autant (voire plus !) dans le paraître car elle est pétrie de « mauvaises » intentions. On trouve en ce moment des versions de « cools anti-coolitude » dans la série « Sex Education » (2019) par exemple, avec le personnage de Maeve, qui va s’opposer à la coolitude marketing de ses camarades de lycée pour la remplacer par une coolitude soi-disant plus dark, plus alternative, plus chavirée, plus punk/gothique, plus transgressive, plus incorrecte, plus excessive (celle qui dit : « Je suis obèse ou laide ou anorexique ou bi ou camé ou intello, et j’vous emmerde ! »), plus rétro-ringarde, plus solitaire, plus faussement gauche (comme l’insupportable maladresse travaillée de la grande prêtresse française des bobos anti-boboïsme : Blanche Gardin), plus anticonformiste, plus « génialement torturée »… alors qu’en réalité, cette coolitude salie est autant soumise aux codes du paraître que la coolitude sage, naïve, commerciale, beauf et kitsch qu’elle prétend « queneller ». Donc attention à l’anti-coolitude !
 

 
 

LE CATHO-CON (progressiste ou conservateur) FAIT PAREIL…

 

Il y a socialement une autre forme de coolitude beaucoup plus perverse et difficile à reconnaître car elle louvoie avec le catholicisme (et la nécessité de l’évangélisation) sans pour autant y adhérer vraiment : c’est celle des bobos anars d’extrême droite.
 

Désolé, je ne m’appesantirai pas trop sur le cas des bobos cathos gauchistes ou de droite pondérée style Koz Toujours (dont le maître de coolitude soft et class à la fois est Jean Dujardin dans « OSS 117 »…) ni sur celui des curés qui veulent faire « cools & djeunes », comme le frère Benjamin, car leur coolitude est somme toute suffisamment grossière et lisible pour être identifiée.
 

 

Je préfère m’arrêter sur les cools catholiques non-identifiés, c’est-à-dire ceux qui font partie de la « Brigade anti-coolitude », ceux qui considèrent que « la vraie modernité ce serait la Tradition », et qui par leur attachement à l’image, à leur secrète vengeance contre leur passé de « pas cools » mal digéré, et par leur opposition (un peu trop frénétique pour être libre et détachée) à la coolitude hégémonique du Gouvernement Mondial, imitent les « cools » médiatiques en cherchant à être encore plus cools qu’eux dans le réactionnisme, le traditionalisme, le conservatisme, leur incorrection sophistiquée, l’actionnisme insurrectionnel : je pense à tous les QAnon, à tous les Incorrects (c.f. le journal éponyme), à tous les « Infréquentables », à tous les Civitas, à tous les Hommen, à toutes les Brigandes, à tous les jeunes loups de la Réacosphère et de Génération Identitaire, etc. Car eux, ce sont des « pas cools » très « cools » (dans le mauvais sens du terme…).
 

Le beau Jake Angeli de la Prise du Capitole


 

Dans l’Église Catholique, ou plutôt en marge de celle-ci, un certain nombre de « tradis » (ceux que j’appelle les « cathos-bobos anars d’extrême droite » dans mon livre Homo-Bobo-Apo) sont persuadés que la vraie coolitude c’est d’être « pas cool » et d’être intransigeant. Ils croient en la « coolitude de l’incoolitude », si vous voyez ce que je veux dire. Ils sacralisent la figure du Viking ou du Gilet Jaune ou du Tyran incompris. Ils croient au « Frondeur rigide magnifique ». Éric Zemmour, Donald Trump (ou le beau Jake Angeli… toujours accompagné de son photographe personnalisé), PRÉSIDENT ! Cardinal Sarah, PAPE ! Moins une personnalité sera perçue comme « cool », ou s’affichera comme une dame ou un homme de fer dérogeant aux poncifs médiatiques de la coolitude et du progressisme relativiste, plus elle leur apparaîtra comme l’Homme Providentiel de la coolitude et de la modernité éternelle ! C’est pour ça qu’ils prônent un retour à l’autoritarisme : pour eux, l’archaïsme (passéisme patrimonialiste et viriliste mâtiné de royalisme christisé à la Cardinal Sarah), c’est le comble de la modernité ! « Has been » (ou « Violent » ou « Rigide ») is the New Black! C’est le raisonnement d’un Jacques de Guillebon (directeur en chef de L’Incorrect) par exemple, ou encore le credo de Paul Picarreta (de la revue Limite). Le credo de ces « cools anti-coolitude » pourrait se résumer ainsi : « Être réac, c’est cool ! La Tradition, le conservatisme, et même la dictature – façon Coup d’État libérateur et justicier – c’est sexy ! Vous n’avez toujours pas compris que c’est ça qui attire vraiment les jeunes !?!! » (j’imite bien Fikmonskov, je sais…). Bref, vous l’aurez compris, la coolitude, a fortiori anti-coolitude, c’est le voyant rouge de l’orgueil. Autant que la coolitude nue (… qui nous coulera tous).
 
 

Retour à la liste des codes apocalyptiques.

Courage

SIGNIFICATION SOCIALE, MONDIALE ET ESCHATOLOGIQUE DU CODE

 

Vous ne m’en voudrez pas, même en ces temps mondiaux difficiles, si je ne vous souhaite pas que « Bon courage » ?
 

Je me suis toujours méfier de ceux qui m’attribuaient du courage (« Bravo pour votre courage » « Merci pour ce que vous faites »)… car en général, il s’agit précisément de gens qui n’ont pas le courage de me défendre publiquement ni jusqu’au bout. Et parce que je crois que le seul qui peut juger, estimer notre courage et en parler, c’est Dieu. C’est le Tout-Puissant qui, par Amour, a consenti à s’anéantir et à être faible pour nous rendre libres : c’est ça le seul vrai courage. Et c’est le total contre-pied de la définition du « courage » défendue par l’Antéchrist. À en croire les dirigeants du Gouvernement Mondial et leurs nombreux suiveurs, le courage est nécessaire lié à la force, à l’endurance, à la performance, à la réussite, à l’action. Et quand on nous souhaite « Courage ! », en filigrane, on nous dit : « May the Force be with you ! » (traduction : « Que la Force soit avec toi ! »), on nous « envoie beaucoup d’énergie ! ». Je vois bien la bonne intention qu’il y a derrière. Et les encouragements, c’est déjà ça de pris, me direz-vous. Mais moi, ça ne me suffit pas. Ce que je veux, c’est qu’on me passe Jésus, bien plus que le « plein d’énergies ».
 

Selon les conseillers en développement personnel, le courage est une énergie intérieure que l’on puise en soi – y compris dans les énergies négatives et paralysantes telles la peur qu’on serait capable de recycler/renverser en énergies positives – pour vibrer et se mettre en mouvement, pour « passer à l’action » (comme dit David Laroche), même si c’est petit pas par petit pas, progressif, et pas nécessairement spectaculaire ni gagné du premier coup.
 

 

Ces promoteurs du « courage = force intérieure pour agir » n’ont pas compris que le courage est avant tout extérieur. Que c’est Jésus en personne. Qu’il n’est pas toujours énergie. Qu’il est parfois même refus de l’énergie ou du déplacement. Qu’il n’est pas toujours sensible ni actionnel. Le courage, c’est parfois renoncer à une initiative ou à une petite action que nous pensions « courageuse ». C’est surtout renoncer au mal, à Satan, et à certains plaisirs qui ne conduisent pas au Bien. Le vrai courage consiste à renoncer à soi-même et à porter la Croix du Christ. Il se reçoit (de l’extérieur, de l’Esprit Saint), s’hérite, et consiste à laisser Jésus agir en soi (et non pas agir tout seul). Nous ne le puisons pas en nous-mêmes, comme s’il était le fruit de notre décision, de notre volonté, de notre détermination propres. La Bible est assez explicite là-dessus : le courage vient du Seigneur. « C’est pourquoi, ayant reçu ce ministère par la Miséricorde de Dieu, nous ne perdons pas courage. » (2 Corinthiens 4,1) ; « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. » (Ps 26, 14) ; « Dans le Monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du Londe. » (Jn 16, 23).
 

Qui dit « courage » dit « épreuve à surmonter ». Mais malheureusement subir une épreuve n’induit pas nécessaire de la vivre avec courage ni de la surmonter ni de bien la vivre. Bien souvent, dans cette sacralisation mondiale actuelle du mot « courage », n’est célébrée que la légitime empathie face à une victime, que le statut de « victime » ou l’exhibition accusatrice de celui-ci, voire l’épreuve elle-même, et non le dépassement de cette épreuve (comme si le courage était proportionnel aux merdes qui t’arrivent, à leur quantité, et non à ta manière de les gérer).
 

 

Il y a une gradualité dans les courages. Car il y a une différence de grandeur entre eux, de par la différence de taille entre les épreuves à porter (Par exemple, le courage de se lever le matin n’est pas le même que de se faire arracher une dent), de par aussi l’inégalité de capacités psychologiques ou de ressentis à vivre ces mêmes épreuves (Pour certains, se casser un ongle sera vécu comme un drame, et pour d’autres, l’expérience d’un cancer sera paradoxalement bien portée) et de par le degré différent d’efforts que telle ou telle action nous demande (Peut-être que pour un milliardaire, ça n’aura rien de courageux de se délester d’une somme d’argent qui paraîtra astronomique pour une personne dont ce sera le salaire d’une vie de travail ; peut-être qu’un petit pas pour une personne amputée des deux jambes ou tétraplégique sera plus courageux que deux cents kilomètres parcourus aisément en une journée par un marathonien).
 

 

Je n’aurai pas la prétention dans cet article de définir, entre les courages strictement humains, ce qu’est précisément le véritable courage et ce qui ne l’est pas. Seul Dieu lit les cœurs, les intentions et sait mesurer le degré d’effort – ou de non-effort – et le degré de don de notre personne qu’a requis telle ou telle action, que cette dernière soit apparemment petite et insignifiante ou bien carrément grande, spectaculaire, unique, coûteuse et considérée massivement comme admirable. Mais ce que je m’autorise à dire malgré tout, c’est qu’il semblerait qu’il existe de faux courages, dont l’hypocrisie est facilement repérable : par exemple « le courage d’être heureux » (De quel bonheur on parle ?), « le courage d’être soi » (Que sait-on de qui on est vraiment ?), « le courage d’être différent » (La différence n’est pas un bien en soi), « le courage d’être femme ou noir ou homo ou handicapé » (euh… je connais des femmes, des Noirs, des personnes homos ou handicapées qui ne sont pas courageux), « le courage de sauter en parachute (pour une association) » (N’est-ce vraiment que la bonne intention qui justifie n’importe quelle audace ?), « le courage d’en chier sur une île déserte dans une émission de télé-réalité » (Le courage se réduit-il à une performance ou à une mortification volontaire ?), « le courage de se foutre à poil » (c.f. l’émission Stars à nu), « le courage de divorcer » (Le divorce, dans la plupart des cas, n’est-il pas plutôt une lâcheté et la solution de facilité ?), « le courage d’avorter » (Tout ce qu’on ne fait pas par gaieté de cœur est-il courageux, a fortiori si ça supprime une vie ?), « le courage de ses opinions » (… surtout quand on n’en a pas, ou que ce ne sont pas les bonnes), « le courage de donner son (surplus d’)argent » (donc quand on n’a pas pris de son indigence), etc., il y a de fortes chances que ça ne soit pas du « courage ».
 

À mon avis, ceux qu’on nous présente aujourd’hui à la télé comme des exemples de « courageux » n’ont pas le courage pour les bonnes choses, donc ne sont pas de véritables courageux. Ils reçoivent un chèque pour une association (plus un complément financier invisible pour leur participation télévisuelle…) pour s’être « mis eux-mêmes à l’épreuve », s’être pris de la merde dans la gueule ou pour en avoir manger (exemple : Koh-Lanta, Fort Boyard, District Z, The Island Célébrités, etc.). Ou bien pour avoir fait les beaux pour une association qui leur a servi d’alibi vertueux pour camoufler leur arrivisme carriériste. Par exemple, j’ai vu pas plus tard que le 22 janvier 2021 l’émission « Opération pièces jaunes » réunissant plein d’animateurs de la chaîne TF1, et introduite par Brigitte Macron, l’épouse du président. Cette dernière a dit qu’elle trouvait la présence de ces people (je cite) « très courageuse »… alors que manifestement, beaucoup gagnent un salaire mirobolant (qui n’a rien à voir avec la petite cagnotte qu’ils ont récoltée ensemble pour l’association des Pièces jaunes) et étaient là non pas gratuitement mais de manière totalement intéressée, donc pour se faire voir, et pour parler de « leur actu » et de « leur promo ».
 

Je crois qu’il existe vraiment des simulacres de courage : en effet, il est tout à fait possible de s’inventer, de scénariser ou de grossir des risques ou des dangers ou des épreuves qu’on connaît, juste pour se victimiser, passer pour un héros ou faire les gros titres, ou pour ne pas se voir agir comme un connard. Alors que la première honnêteté et humilité, c’est déjà de ne pas se choisir ses épreuves, ni les exagérer, ni s’auto-couronner « courageux », ne serait-ce que pour ne pas occulter des personnes bien plus méritantes et beaucoup plus discrètement courageuses que nous, ou pour attendre de recevoir ce titre au Ciel et des mains de Dieu lui-même. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais je crois que le vrai courage a quelque chose de muet, de profondément humble, discret, de noble dans le silence et le refus des honneurs, d’invisible. Il n’est pas souvent spectaculaire, contrairement aux clichés cinématographiques du courage (dans des blockbusters tels que « Pirate des Caraïbes », « Harry Potter », « Star Wars » ou encore « Le Seigneur des Anneaux »), souvent accompagnés d’Epic Music pompière, et chargés intentionnellement de défi-vengeance (beaucoup plus que de bonté-humilité). Le vrai courage n’est pas foncièrement lié au pouvoir – et encore moins aux « super-pouvoirs » – ni au vouloir (… se venger), mais au renoncement au pouvoir et au vouloir humains.
 

 

J’aimerais aussi dire, quitte à vous étonner, que le courage n’est pas bon en soi, n’est pas une vertu nécessairement positive. Il peut parfois rimer avec « inconscience », « inconséquence », « audace suicidaire et inconsidérée », « folie ». Le diable et les démons possèdent eux aussi une forme de courage. Il faut du courage – je suis désolé de le dire – pour être con, violent, méchant, inconséquent, faire le mal. Il faut un sacré courage, par exemple, pour se suicider (C’est d’ailleurs sur ce dernier que les promoteurs du « droit au suicide », de l’avortement ou de l’euthanasie s’appuient pour justifier leur homicide). Il faut un sacré courage pour se lancer dans une transition transsexuelle. Il faut un sacré courage pour tuer de sans froid quelqu’un ou être un kamikaze et se faire exploser sur un marché. Par exemple, on peut affubler les 4 assaillants du Bataclan (le 13 novembre 2015) de toutes les insultes et sobriquets injurieux du Monde, leur imputer tous les péchés capitaux qu’on veut, mais s’il y a bien un défaut qu’ils n’ont pas, c’est la lâcheté… même s’ils étaient drogués, donc dans un état de conscience modifiée qui les empêchait d’affronter moralement l’horreur qu’ils perpétraient. C’est triste à dire mais on doit bien reconnaître aux méchants la vertu du courage (qui ne justifie en rien l’acte qu’il leur a fait poser). C’est pourquoi il convient d’être très prudent lorsqu’on parle de « courage ». Car si courage objectif il y a, mal et diable il peut y avoir dans certains cas. Tout dépend de l’action commise et de l’intention qui a motivé cette action.
 

Une des nombreuses définitions du mot « Courage », certes très jolies mais toujours incomplètes, voire fausses et orgueilleuses car elles sont une absolutisation de la volonté humaine individuelle


 

Le courage, c’est de se donner entièrement, c’est de donner sa personne. Et même là, ma définition est incomplète et erronée (car un terroriste peut se donner complètement : ce n’est pas pour ça qu’il mérite le titre de « courageux »). Le vrai courage, c’est se donner entièrement à Jésus en essayant au maximum d’aimer comme Lui.
 

 

Enfin, pour terminer cette introduction du concept de « courage », je dirais, d’un point de vue plus mondialiste et eschatologique, qu’il faudra très prochainement se méfier du « Courage » car ce sera très certainement l’un des jolis noms de la Bête, donc de l’Antéchrist. « Alors, j’ai vu monter de la mer une Bête ayant dix cornes et sept têtes, avec un diadème sur chacune des dix cornes et, sur les têtes, des noms blasphématoires. […]L’une de ses têtes était comme blessée à mort, mais sa plaie mortelle fut guérie. Émerveillée, la Terre entière suivit la Bête, et l’on se prosterna devant le Dragon parce qu’il avait donné le pouvoir à la Bête. » (Ap 13, 1-4) Au vu de ce que j’observe dans les discours politiques actuels et dans les mass médias, je crois que le mot « courage » est bien souvent le nom inconsciemment donné à l’Antéchrist. Par exemple, récemment, à l’ONU, Emmanuel Macron, dans un discours (archi nul et creux, soit dit en passant), a annoncé « le grand Retour » du père « Courage ».
 

 

Dans le même ordre d’idées, le 22 janvier 2021 dernier, face à une étonnante flambée de tweets sur Twitter avec le hashtag #MeTooGay qui appelait les internautes à faire le outing de leur(s) agresseur(s) en même temps que leur coming out, ça a été incroyable de voir comme cet inconnu « Il » accompagnait le soi-disant « courage » des personnes homosexuelles de s’exhiber comme victimes de celui qui les auraient « révélées à elles-mêmes » en les violant. Une sorte d’amant coupable et violeur paradoxalement remercié.
 

 
 

DANS LA SÉRIE JOSÉPHINE ANGE GARDIEN

 

Épisode 74 – « Tous au zoo »

On nous le martèle dans le crâne depuis bientôt 30 ans que « Mimie Mathy est courageuse !! » (le 4 mai 2015, l’actrice s’est même vu remettre la Légion d’Honneur) et que « son personnage de Joséphine est aussi courageux qu’elle !! ». Pourquoi ? On se demande. Le courage consiste-t-il à montrer qu’on fait des bonnes œuvres « magiques » sur les écrans ? Et je me demande aussi par quel mystère Mimie Mathy arrive encore 3e au classement des « 50 personnalités préférées des Français » de cette année (au Journal Du Dimanche de décembre 2020). Quelqu’un peut-il m’expliquer ? Est-elle courageuse d’« être différente » (donc naine, concrètement) ou d’incarner une figure providentielle dans une série ? Quelle grande œuvre courageuse changeant la face du Monde a-t-elle accomplie (Désolé mais sa participation régulière aux Enfoirés ne compte pas) ? Je cherche toujours la réponse…
 

Peut-être parce que le personnage de Joséphine parle beaucoup de « courage ». Il y a même un épisode portant dans son titre la marque de la bravitude… pardon, de la bravoure : l’épisode 47 intitulé « Les Braves ». L’ange gardien se veut la digne représentante du Courage. En général, Joséphine redonne du « courage » c’est-à-dire la « niaque » (volonté de gagner), le « goût de vivre », à ses clients. Elle leur fournit ce coup de pouce et la force nécessaire pour se remettre debout et sur les rails. Elle les enjoint à de nombreuses reprises à « y croire », à « ne pas baisser les bras », à continuer la lutte (la lutte pour « être soi-même », pour « vivre sa passion »… #super). Son ennemi n°1 est le DÉCOURAGEMENT (c’est pas bien, le découragement, c’est caca boudin) : « Tu décourages tous ceux qui t’aiment et qui veulent t’aider. » (Joséphine s’adressant à Véronique, dans l’épisode 5 « Une Mauvaise Passe ») ; « C’est pas le moment de se décourager. » (c.f. épisode 34 « Un Passé pour l’avenir ») ; « Faut que t’aie du courage. Faut que tu continues de te battre ! » (Joséphine s’adressant à Geneviève, dans l’épisode 35 « Coupée du Monde ») ; « Arrêtez de décourager Frédéric. Il a besoin d’être soutenu. » (Joséphine s’adressant à Pierre, le père de Frédéric, dans l’épisode 39 « Profession menteur ») ; « Ce qu’il faut, c’est avoir le courage d’affronter la réalité et de ne pas baisser les bras. » (Joséphine s’adressant à Frédéric et à sa femme Estelle, idem) ; « C’est toi qu’avais raison : faut pas baisser les bras. Je sais pas comment tu fais pour pas te décourager. » (Frédéric) « C’est juste une question d’entraînement. » (Joséphine, idem) ; « Attends, faut pas te décourager comme ça. » (Joséphine, dans l’épisode 40 « Paris-Broadway ») ; « Faut pas te décourager. » (Joséphine s’adressant à Michael, dans l’épisode 47 « Les Braves ») ; « On va pas se décourager au bout de la première journée. Faut tenir le coup ! » (Joséphine s’adressant à Fanny, dans l’épisode 60 « Une Prof ») ; « Te décourage pas : je vais arranger ça ! » (idem) ; « De toute façon, y’a rien qui me découragera. Je suis un passionné ! Comme ma mère. » (Hugo par rapport à son souhait d’être archéologue, dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie ») ; « Attends, tends, tends, tends ! On va y arriver. On va trouver. Faut pas te décourager. » (Joséphine s’adressant à Louise, idem) ; « J’aimerais bien avoir votre courage. » (Mademoiselle Sanson s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle ») ; « Qu’est-ce que je t’avais toujours dit ? Ne jamais se décourager. […] Qu’est-ce que je t’ai toujours dit quand tu étais mon stagiaire ? Ne jamais se décourager ! » (Joséphine s’adressant à Ismaël son ange gardien stagiaire, dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur »). Joséphine est même employée pour redonner du courage aux Français et à ses clients. « Coach Courage » est son job : « C’est ici sur le plateau que vous allez pouvoir encourager les candidats, les motiver, les rassurer, les cajoler aussi. » (Lydia s’adressant à Joséphine, désignée « marraine du concours de cuisine », dans l’épisode 89 « Graines de chef »). Joséphine décerne même des médailles de courage, attention ! : « Rose Clifton, vu ton courage et ta bravoure, je te nomme shérif de cette ville ! » (c.f. l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton »).
 

Globalement, quand Joséphine parle de « courage », c’est dans le sens de « force », de « puissance ». Ça n’inclut pas la vulnérabilité, la fragilité. « T’es une femme forte. » (Joséphine s’adressant à Charline qui a un cancer du sein, dans l’épisode 83 « Sur le cœur ») ; « Je suis sûre que t’es le petit garçon le plus fort du monde. » (Joséphine cherchant à donner du courage à Boon-Mee sur son lit d’hôpital, juste avant son opération du cœur, dans l’épisode 68 « Restons zen »).
 

En réalité, Joséphine n’a absolument aucun courage. Elle ne risque jamais sa vie puisqu’elle est immortelle (les rares fois où elle subit un choc, elle est assommée : c’est bien tout ; ou alors elle risque de perdre ses ailes d’ange, donc son titre professionnel, dans l’épisode 11 « Pour l’amour d’un ange »). Quant aux thématiques abordées dans Joséphine, il y a zéro courage. Ce n’est pas Joséphine qui va parler des sujets chauds et brûlants qui divisent l’opinion publique. Au contraire, la série va rester dans le consensuel. Mais le pire, c’est qu’elle aura l’hypocrisie sincère d’afficher sa prétention à traiter de thèmes pseudo « tabous », « sulfureux », « douloureux » et « dangereux » (les strip-tease dans l’épisode 76 « Papa est un chippendale », les sectes dans l’épisode 9 « le Combat de l’ange », le coming out dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent » et l’épisode 8 « Une Famille pour Noël », la compétition dans l’épisode 47 « Les Braves », l’épisode 18 « La plus haute marche », l’épisode 95 « Disparition au lycée », l’épisode 89 « Graines de chef », l’épisode 67 « Les Anges », l’occultisme dans l’épisode 94 « l’esprit d’Halloween », l’épisode 68 « Restons zen » et dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », l’au-delà dans l’épisode 15 « La Comédie du bonheur » et l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie », le coma dans l’épisode 77 « Dans la tête d’Antoine », le deuil d’un proche dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor » et dans l’épisode 2 « L’Enfant oublié », le Front National et les mouvements néo-nazis dans l’épisode 12 « Romain et Jamila », l’immigration dans l’épisode 19 « Nadia » et l’épisode 62 « Yasmina », le multiculturalisme dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur » et l’épisode 10 « Des cultures différentes », l’addiction aux drogues dans l’épisode 40 « Paris-Broadway » et l’épisode 16 « La Vérité en face », le mariage dans l’épisode 65 « Pour la vie » et l’épisode 88 « Trois campeurs et un mariage », le divorce dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange » et l’épisode 69 « Double Foyer », les familles recomposées dans l’épisode 75 « Belle mère belle fille », l’épisode 91 « Un Noël recomposé », l’épisode 29 « Trouvez-moi le prince charmant ! » et l’épisode 96 « Trois anges valent mieux qu’un », les secrets de famille dans l’épisode 15 « La Comédie du bonheur », l’épisode 31 « Noble Cause », l’épisode 25 « Tous en chœur », l’épisode 34 « Un Passé pour l’avenir », l’épisode 50 « Le Frère que je n’ai jamais eu », l’épisode 45 « Au feu la famille ! », l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », l’épisode 85 « La Femme aux gardénias » et l’épisode 66 « De père en fille », la grossophobie dans l’épisode 95 « Disparition au lycée » et l’épisode 38 « Ticket gagnant », la marginalité et la pauvreté dans l’épisode 35 « Coupée du Monde » et l’épisode 24 « Un frère pour Ben », le machisme et le viol dans l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton », l’épisode 37 « L’Ange des casernes », l’épisode 57 « Un petit coin de paradis » et l’épisode 23 « Sens dessus dessous », la prostitution dans l’épisode 5 « Mauvaise Passe », le monde impitoyable de la mode dans l’épisode 22 « Belle à tout prix », les grosseurs précoces ou inattendues dans l’épisode 55 « Un bébé tombé du ciel », l’épisode 20 « Le Stagiaire » et l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », l’éducation des jeunes dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi », l’épisode 53 « Marie-Antoinette » et l’épisode 5 « Mauvaise passe », le chômage et la réinsertion professionnelle dans l’épisode 39 « Profession Menteur », l’épisode 35 « Coupée du Monde » et l’épisode 21 « Le Compteur à zéro », le burn out professionnel dans l’épisode 3 « Tableau noir » et l’épisode 46 « Police Blues », l’illettrisme dans l’épisode 21 « Le Compteur à zéro » et dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », l’autisme dans l’épisode 97 « Mon Fils de la lune », la maladie d’Alzheimer dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais » et l’épisode 36 « Remue-ménage », le colonialisme et l’esclavagisme dans l’épisode 93 « Enfin libres ! », le racisme dans l’épisode 32 « La Couleur de l’Amour », le harcèlement scolaire dans l’épisode 84 « T’es ki toi ? », l’épisode 60 « Une Prof » et dans l’épisode 72 « Les Boloss », le réchauffement climatique et l’écologie dans l’épisode 51 « Ennemis jurés » et l’épisode 74 « Tous au zoo », le nazisme dans l’épisode 49 « Joséphine fait de la Résistance », la pression parentale dans l’épisode 30 « Le Secret de Julien », l’épisode 39 « Profession menteur », l’épisode 18 « La plus haute marche », l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants », l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », l’épisode 95 « Disparition au lycée » et l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagnes », la propriété intellectuelle dans l’épisode 52 « L’Homme Invisible », l’adoption dans l’épisode 43 « Sur les traces de Yen », l’épisode 58 « Liouba » et l’épisode 24 « Un Frère pour Ben », le cancer du sein dans l’épisode 83 « Sur le cœur », le handicap dans l’épisode 64 « En roue libre », les réseaux sociaux dans l’épisode 95 « Disparition au lycée » et l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », les jeux d’argent dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », la pression professionnelle de l’excellence dans l’épisode 44 « Le Festin d’Alain », l’épisode 70 « Tango » et l’épisode 56 « Tout pour la musique », les accouchements sous X dans l’épisode 34 « Un Passé pour l’avenir », l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle », l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », l’épisode 59 « Suivez le guide ! » et l’épisode 84 « T’es ki toi ? », le bien-être animal dans l’épisode 27 « Sauvez Princesse ! », l’épisode 74 « Tous au zoo », l’épisode 83 « Sur le cœur », la gestion de la célébrité dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette », la chirurgie esthétique dans l’épisode 50 « Le Frère que je n’ai jamais eu » et l’épisode 22 « Belle à tout prix », etc. La série Joséphine ange gardien n’a le courage de rien. Et le premier des courages, le plus grand, c’est celui d’être impopulaire ou de renoncer à son impopularité. Joséphine ne va prendre que des faux risques. Pas de risques qui vont la rendre incompréhensible.
 

Épisode 49 – « Joséphine fait de la résistance »

Au fond, Joséphine n’aborde que des dossiers « tabous » politiquement corrects : soit elle tire sur des ambulances (exemples : « Le nazisme, les drogues, la traite des Noirs, les discriminations, les maladies, les réseaux sociaux, c’est mal et c’est crès crès dur… ») soit elle enfonce des portes ouvertes (exemples : « L’homosexualité c’est super ! », « L’important dans la vie, c’est de faire ce qu’on veut et de vivre ses passions ! »). La seule fois où elle joue éthiquement avec le feu, c’est quand elle défend la GPA (Gestation Pour Autrui) dans l’épisode 58 « Liouba ». Sinon, vous ne verrez jamais Joséphine prendre le risque de se mettre à dos l’opinion publique en soutenant des thèses Rassemblement National ou zemmouriennes ou soraliennes ou dieudonnéennes. Les ambiguïtés de l’adoption et des trafics humains, la dénonciation des systèmes totalitaires, l’Islam, la violence de la pratique homo, la critique de la République et du gauchisme, la misandrie, la haine anti-Blancs, les flots migratoires, la véritable pauvreté, ça, vous pouvez toujours rêver pour en entendre parler un jour dans la série !
 

De plus, dans Joséphine, j’ai remarqué que le courage était sexué, et majoritairement féminin : plus ça va et plus les principaux clients de notre ange gardien sont des femmes ! Celles-ci sont présentées comme des « battantes », des « guerrières », des « Mères Courage » ou des « sœurs Courage », des « femmes indépendantes » (c.f. l’épisode 7 « Une Santé d’enfer », l’épisode 62 « Yasmina », l’épisode 97 « Mon Fils de la lune », l’épisode 5 « Une Mauvaise Passe », l’épisode 9 « Le Combat de l’ange », l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton », l’épisode 37 « L’Ange des casernes », l’épisode 35 « Coupée du Monde », l’épisode 69 « Double Foyer », et tant d’autres !). L’idée misandre – donc anti-mâles – qu’il y a derrière Joséphine, c’est que les hommes seraient globalement des lâches et que les femmes, a contrario, à quelques exceptions près, seraient quand même globalement l’incarnation du Courage et de la Force face à un Monde supposément « dominé par les hommes » (Ça sort d’où cette connerie ? Ne cherchez pas. C’est comme ça, épicétou !). De même, la conception du « courage » selon les scénaristes de Joséphine est principalement victimaire et « féministe » : seuls les héros qui sont jeunes, handicapés, homos, issus de l’immigration, et victimes, ont le droit d’être jugés « courageux » (vous verrez rarement un Blanc, dirigeant politique ou chef d’entreprise, père de famille ou homme religieux, auréolé de courage dans la série…). Joséphine choisit ses courageux !
 

Et en y regardant de plus près, en écoutant les personnages de Joséphine, on se rend compte qu’ils adhèrent parfois à une conception complètement dévoyée et inversée du courage, et donc des combats. Par exemple, dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », le courage consiste à se laisser draguer, violer et soumettre à la promotion-canapé ou à un droit de cuissage professionnel : « Pour réussir dans ce métier, il y a deux règles : l’audace et le courage. Et toi, je sens que t’en es capable. » (Éric, le directeur vicelard s’adressant à Sophie qu’il veut flatter et mettre dans son lit). Dans l’épisode 69 « Double Foyer », le courage consiste à divorcer et à ne laisser aucune chance à son mari de revenir après ses dérapages. Même Chantal, la mère de Julie, fait péter le champagne pour le divorce de sa fille d’avec Franck : « T’as bien du courage, ma fille. Je suis fière de toi ! » Et sa fille de lui répondre, en jouant la fausse modeste : « Tu sais, c’est Joséphine qui m’a ouvert les yeux. ». Dans l’épisode 85 « La Femme aux gardénias », le courage c’est de faire son coming out et d’affronter le regard « raciste » et « homophobe » des autres : « Et moi, tu crois que ça m’a pas demandé du courage pour en arriver là ? Est-ce que tu as vu la couleur de ma peau ? Tu penses que c’est facile pour moi ?? » (Lena, noire, à son amante Albertine, pendant les années 1920). Dans l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton », quand Amy s’aventure à critiquer les massacres religieux des Indiens (« Tu sais ce qu’ils font dans les tribus comanches ? Ils arrachent le cœur de leurs victimes et ils le mangent ! »), Terrence Wyatt remet la malheureuse à sa place en lui faisant comprendre qu’elle n’aurait rien « compris » à la beauté et au « courage » du geste sacrificiel… autrement dit du massacre ethnique génocidaire (« Ils font ça pour se nourrir de leur courage. C’est une marque de respect. »). Dans l’épisode 95 « Disparition au lycée », le « courage » se limite à se venger collectivement du dragueur de l’histoire : le gang des 4 copines lycéennes se ligue contre Tristan – l’ex de l’une d’elles – pendant une soirée et le ligote à une chaise après lui avoir posé un sulfureux guet-apens. Quel « courage »…
 

Concrètement, dans Joséphine, le « courage » équivaut à l’orgueil, à « ne penser qu’à sa gueule », à l’indifférence aux autres, à la prévalence de ses sensations et de sa volonté individuelle sur autrui : « Au fond, tu veux pas que je réussisse ? Depuis le début qu’on se connaît, tu fais semblant de m’encourager. Mais tu attends juste que je renonce. C’est toi qui avais raison Xavier. On n’a vraiment plus rien à se dire. » (Olympe rompant avec son amant Xavier, dans l’épisode 40 « Paris-Broadway ») ; « N’aie pas peur de ce que tu ressens. Tu sais, dans la vie, faut toujours affirmer ce qu’on est. Exprime-toi. Personne ne le fera à ta place. Ne laisse jamais personne te décourager. Il faut que tu repartes au combat. » (l’ange Gabriel s’adressant à Léonard, dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent »). Le « courage » en question, si je retraduis, c’est le « courage d’être orgueilleux » ou « égoïste », d’« ignorer les autres » (et leurs avis, regards), de « ne jamais renoncer », de « ne pas déroger ou renoncer à ses plans ». C’est la « détermination », la « persévérance », l’« opiniâtreté », la « combattivité », l’« intransigeance » (« On ne lâche rien !! »), bref, c’est du volontarisme individualiste (… avec un petit vernis d’altruisme, pour faire moins égoïste) : « C’est pas seulement la liberté du corps, ni les qualités physiques qui sont mises en avant. C’est l’état d’esprit : la solidarité, le courage, mais aussi la volonté, la détermination. » (Cédric, l’animateur de varappe urbaine, et chef du gang des cambrioleurs, s’adressant à Jules, dans l’épisode 87 « Un pour tous »).
 

Il arrive à de rares occasions que Joséphine dénonce les faux courages des autres. Par exemple, dans l’épisode, elle se permet de revoir les ambitions artistiques irréalistes de sa cliente Olympe, jeune star en herbe d’une troupe de music-hall, à la baisse : « Olympe en veut, elle a le courage, mais est-ce que ça suffira ? » (c.f. épisode 40 « Paris-Broadway »). Et dans l’épisode 60 « Une Prof », elle se moque du principal du collège Lully, en le comparant ironiquement à un flamboyant chevalier : « Quel courage ! Bravo ! Tel le Chevalier blanc, vous foncez au secours de vos professeurs ! ». Mais comme la plupart du temps, elle est un peu mal placée pour donner des leçons de courage – vu qu’elle n’est jamais courageuse et se planque derrière la facilité de la « magie » – généralement elle se la ferme.
 
 

DANS D’AUTRES ŒUVRES DE FICTION

 

Dans les fictions, que ce soient les films ou les séries, on nous sert actuellement beaucoup de caricatures de courage, et donc de combats. Comme si, par exemple, faire son coming out (révéler son homosexualité) équivalait à « risquer sa vie » : « Je trouve que Christophe a beaucoup de courage d’assumer son orientation sexuelle. » (la mère de Juliette par rapport à l’ex-mari de Juliette, donc à son ex-gendre, dans le téléfilm « Le Mari de mon mari » (2016) de Charles Nemes). On va se calmer deux secondes sur la surévaluation des risques encourus ou la victimisation, et regarder les faits avant le bien qu’on souhaite aux personnes.
 

Et par ailleurs, vous remarquerez que l’emploi du mot « courage » dans les fictions, en plus d’être abusif (car beaucoup de personnes ou de personnages fictifs, objectivement, ne méritent pas tant d’honneurs !) est bien souvent fataliste. Il traduit une vision déprimée, sans Espérance, de l’existence humaine et du Monde, et est presque un appel à la démobilisation et à la résignation. Par exemple, dans la chanson « Tu ne le dis pas » : de Mylène Farmer, la chanteuse répète en boucle « Il nous faudra du courage. » qui peut aisément se traduire par « On va en chier. »
 
 

LE CATHO-CON (progressiste ou conservateur) FAIT PAREIL…

 

 

Le courage : souvent, ceux qui en parlent n’en ont pas. (Il faut beaucoup de courage, par les temps qui courent, pour se taire – sur le courage – par exemple). Je pense à l’association catholique Courage International, qui remplace le mot « homosexualité » par le mot « courage », parce que dans leur cas, le mot « courage » est le paravent paradoxal cachant leur manque de courage de parler d’homosexualité et de s’afficher homosexuels.
 

 

On ne parle bien du courage qu’en parlant de sa personnification suprême à savoir Jésus. Déjà, en ne traitant que « du courage » en lui-même, fût-ce en lien avec l’évangélisation ou la foi ou le martyre pour Dieu, fût-ce même en lien avec le courage du Christ, comme le fait le Cardinal Sarah, on passe déjà complètement à côté :
 

Le Cardinal Sarah, quand il dit « avoir du courage », parle plutôt d’avoir la force conquérante et humainement (lui dira « divinement », parce qu’il s’identifie sans doute à l’image de courage triomphant d’un saint Michel Archange justicier terrassant de son glaive la Bête… mais c’est un fantasme angéliste quand même !) victorieuse pour Dieu. Donc on est loin de la force fragile et démunie de l’Amour et de Jésus. C’est au contraire plus proche de la vengeance. D’ailleurs, il passe son temps à répéter aux catholiques occidentaux que ce sont des lâches.
 
 

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