SIGNIFICATION SOCIALE, MONDIALE ET ESCHATOLOGIQUE DU CODE
DANS LA SÉRIE JOSÉPHINE ANGE GARDIEN
DANS D’AUTRES OEUVRES DE FICTION
LE CATHO-CON (progressiste ou conservateur) FAIT PAREIL…
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La toute première civilisation humaine (ville) a vu le jour au Moyen-Orient il y a 12 000 ans, à Göbeklitepe (Sud de la Turquie). Les sites de Stonehenge et de l’Égypte Ancienne sont deux fois moins anciens. Néanmoins, le modèle de civilisation antique le plus envié encore aujourd’hui, et qui fait son grand retour, autant au niveau des symboles que de ses pratiques occultes et politiques, c’est bien l’Égypte des Pharaons. Le franc-maçon Emmanuel Pierrat la présente d’ailleurs comme « le Berceau de toutes les civilisations ».
L’orientalisme a de tous temps été l’horizon exotique vers lequel l’Occident a détourné le regard pour ne pas affronter sa propre misère, ou bien pour instaurer chez lui une dictature brillante en faisant mine qu’elle venait de l’extérieur : autrement dit, aujourd’hui, la dictature de la Franc-Maçonnerie, fondée sur la prétention d’auto-construction de l’Homme par lui-même, sur la surévaluation de l’architecture, de la science et de la connaissance, et sur les 3 énergies (or, électricité, soleil) qui ont forgé la puissance des civilisations héliocentriques (adeptes du Soleil) du passé. Je vous rappelle, si vous l’ignoriez, que le terme « pharaon » signifie « grande maison », et que le plus connu des 345 pharaons de la Civilisation égyptienne antique (qui s’est étalée sur trois millénaires : de -3150 jusqu’à -30 av. J.-C.) est Ramsès II, qui fut connu de son vivant un grand bâtisseur et sans doute aussi le Pharaon de l’Exode dans la Bible (les 10 plaies d’Égypte, les 10 Commandements, la Mer rouge qui se coupe en deux, etc.).
L’influence de l’Égypte antique est particulièrement prégnante en France. Par exemple, Emmanuel Macron semble avoir pour modèle politique, esthétique et mystique caché le pesonnage de Pharaon. Sinon, il n’aurait jamais choisi la Pyramide du Louvre comme décor grandiose pour fêter son investiture présidentielle. Il ne serait jamais allé en janvier 2019 rencontrer le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour consolider les liens économico-spirituels entre la France et l’Égypte ni pour assurer la poursuite de l’exploitation française des fouilles archéologiques des sites les plus prestigieux du pays (Abou Simbel, Karnak, Louxor, Sérapis…), dans la tradition des travaux de Champollion au début du XIXe siècle : « L’archéologie est au cœur des relations franco-égyptiennes » a déclaré à cette occasion l’Élysée. L’égyptologie a le vent en poupe dans le Monde. Une touche même futuriste lui est donnée grâce aux inframondes et à la mécanique d’horlogerie prêtée aux constructions pyramidales (on nous parle des sumériens extra-terrestres égyptiens !). Et ce « revival » corrobore l’imminence de la Parousie (Retour en Gloire du Christ). Et quand on voit le succès phénoménal que rencontre une chanson comme « Boshret Kheir » (2014) d’Hussain Al Jassmi (avec chorégraphie célèbre comme la « Macarena ») ou encore « Jérusalema » (2020) de Master KG, on est en droit de se demander si l’Égypte n’est pas en train de devenir culturellement et spirituellement le nouveau mondialisme.
On retrouve un véritable engouement pour l’égyptologie dans la série Joséphine ange gardien. Certains personnages sont fascinés par l’Égypte. C’est le cas d’un des metteurs en scène du music-hall portant la croix ansée égyptienne (« l’ânkh » : un hiéroglyphe qui signifie « vie ») dans l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne ». C’est le cas de François, l’antiquaire de l’épisode 59 « Suivez le guide ! », visitant la Tour Eiffel avec sa compagne Fabricia qu’il a rencontrée en Égypte, et soutenant qu’il « préfère de beaucoup les pyramides d’Égypte » qu’il trouve « bien plus impressionnantes ». C’est le cas de Hugo dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie », qui veut devenir égyptologue comme Louise sa maman. C’est le cas de Garance, l’héroïne centrale de l’épisode 85, qui a effectué plusieurs séjours en Égypte et a posé devant les pyramides de Gizeh. C’est le cas de Max, 8 ans, dans l’épisode 76 « Papa est un chippendale », qui possède dans sa chambre des répliques de sarcophages de momies. C’est le cas de Florence dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », la responsable « spectacles » du village-vacances, qui scénarise des chorégraphies avec un visage immense visage pharaonique comme décor (et d’ailleurs, le Proche-Orient est décrit dans cet épisode comme un « Paradis » !). C’est le cas de Jules et de son monde de varappe urbaine, truffé de pyramides dessinées partout, dans l’épisode 87 « Un pour tous ». C’est le cas d’Armelle dans l’épisode 9 « Le Combat de l’ange » : celle-ci a le rêve de devenir archéologue. Elle finit par quitter sa secte de développement personnel, reprendre son rôle de mère au foyer – car avant, elle délaissait complètement ses deux enfants ados, Simon et Chloé – et par retisser les liens et la complicité avec eux grâce à sa passion naissante pour l’égyptologie. Elle se décide à prendre des cours dans une école d’archéologie, et chacun de ses ados y va de sa petite taquinerie : « Te fais pas draguer par les autres archéologues. » (Simon) ; « Si ! Fais-toi draguer ! Mais surtout, tu rentres déjeuner ! » (Chloé). Joséphine se réjouit de cette nouvelle perspective professionnelle pour sa « cliente » : « L’archéologie : j’étais sûre que tu y reviendrais. » En réalité, Armelle (jouée par la très gay friendly Eva Darlan) quitte une secte… pour en rejoindre une autre : la Franc-Maçonnerie, très inspirée en ce moment par la chevalerie mais également l’Égypte Ancienne (il y a des obédiences maçonniques calquées sur la mythologie égyptienne). À la fin de l’épisode, on la voit dans le bus avec Joséphine se rendre à sa classe d’archéologie, avec en main un livre intitulé (tenez-vous bien) Les Pharaons : Bâtisseurs ! Difficile de faire plus franc-mac’…
Parfois, la mention de l’Égypte pharaonique apparaît de manière tellement anecdotique dans la série qu’elle semble accidentelle et pas du tout préméditée. Par exemple, dans le cross-over de Joséphine avec la série Camping Paradis (« Un Ange au camping »), lorsque Christian Parisot se rend compte que sa voisine de tente, Fabienne, porte les mêmes claquettes que lui, il croit qu’elle les lui a volée. Mais cette dernière lui montre que les siennes ne sont pas de la même taille et qu’elle chausse plus grand que lui : « Vous avez le pied menu. » dit-elle en plaisantant. Et Monsieur Parisot de rectifier poliment : « Non : j’ai le pied égyptien ! ».
À l’instar de ses personnages, Joséphine est également passionnée par l’Égypte Ancienne. Par exemple, dans l’épisode 29 « Trouvez-moi le prince charmant ! », elle se rend chez Osiris, une agence matrimoniale. Dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie », elle dit qu’elle a fait la campagne d’Égypte de Champollion : « Obélisque de Louxor… Eh ben ça me rajeunit pas, tout ça ! Tu sais que la dernière fois que je l’ai vue, c’était en plein désert avec Napoléon. » (Joséphine s’adressant à Hugo sur la place de la Concorde, et s’auto-corrigeant en parlant de Jean-François Champollion, qu’elle a côtoyé). Joséphine s’annonce même comme l’instrument du destin et de la perduration de la civilisation égypto-romaine : « César et Cléopâtre, si j’avais pas été là, Césarion, il serait pas né… » (c.f. épisode 58 « Liouba »). Il arrive aussi que notre ange gardien s’invente des liaisons amoureuses avec les rois égyptiens : « Effectivement, j’avais rencontré un pharaon avec qui on s’entendait bien. Enfin, y’a rien eu, mais c’est… » (c.f. épisode 75 « Belle mère, belle fille »). Autrement, elle fait mémoire d’un passé de disciple, de dame de compagnie ou de sorcière privée, d’impératrices égyptiennes de légende : « C’est une recette que j’ai piquée à Cléopâtre sur son livre de hiéroglyphes. » (Joséphine à propos d’un gâteau au chocolat à la cannelle de Ceylan, dans l’épisode 34 « Un Passé pour l’avenir »). Joséphine saoule tout le monde avec l’égyptologie et ses messages codés : « En Égypte, on dit que si t’as la trouille d’être écouté, c’est que t’as quelque chose à cacher. » (Joséphine) « T’as rien d’autre à foutre que de déblatérer des hiéroglyphes ? » (Corinne, dans l’épisode 5 « Une Mauvaise passe »). Même quand on lui parle de science, elle trouve le moyen de caser son égyptomanie : par exemple, dans l’épisode 68 « Restons zen », elle écorche le nom « pseudoéphédrine » (médicaments) en « pseudonéphrététine » ; dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie », elle se plante en prononçant le nom de la princesse égyptienne « Néféret » en disant « Néfrét-éthique ».
L’épisode le plus flagrant concernant cette égyptophilie est bien évidemment le n°71, intitulé « Le Sourire de la Momie ». Dans cet épisode, nouvelles technologies et civilisations antiques sont fortement imbriquées. Autrement dit Science (étude de la matière) et Invisibilité (sentiments, énergies et entités surnaturelles). Joséphine accompagne une « cliente », Louise, qui est égyptologue. Et par ailleurs, elle-même est visitée en songe par l’esprit de la momie étudiée par l’équipe de chercheurs de Louise. Elle voyage dans le temps pour atterrir à l’époque des pharaons et d’une princesse égyptienne, Néféret, qui a été tuée d’épuisement par Pharaon parce qu’elle s’est refusée à lui en violant leur mariage forcé (et surtout leurs sentiments) alors qu’elle était amoureuse d’un musicien, Sobek.
Déjà, dans les épisodes précédents, Joséphine se prenait pour l’incarnation de Cléopâtre (Cléopâtre VII, en l’occurrence : la plus célèbre) : « Cléopâtre, tout le monde en parle encore, et c’était moi. Non, j’rigole. » (Joséphine, parlant initialement de ses talents de maquilleuse… mais finalement, hors contexte, on a quand même l’impression qu’elle se définit elle-même comme la reine égyptienne, dans l’épisode 33). Mais alors dans cet épisode 71, notre ange gardien télévisuel apparaît carrément déguisée en Cléopâtre, et il se trouve qu’avec la momie Néféret, elles ont le même âge (3200 ans) : on le découvre, en faisant le calcul, quand elle dévoile dans l’épisode 30 « Le Secret de Julien » qu’elle a 3000 ans (« J’ai beau avoir à peine 3000 ans, j’ai le cœur fragile, moi. »). Dans l’épisode 98 « Haute Couture », mécontente d’être traitée de « vieille », elle dit : « J’ai à peine 2735 ans ! » Ce n’est pas Mimie Mathy : c’est Momie Mathy, en fait ! De surcroît, toujours dans l’épisode 71, la momie est présentée comme vivante : « Je suis sûr que la momie est magique. » dit Hugo. Joséphine et elle ne font qu’Un en esprit et en corps. Elles sont toutes les deux faiseuses de couples, en particulier du couple Louise/Mathis. Et elles y vont au forceps : la première, parce qu’elle a des intuitions qu’elle veut mener jusqu’à leur accomplissement (« Je suis sûre que Louise et Mathis sont faits pour être ensemble ! » ; « Je suis sûre que tu lui plais. Et je suis pratiquement sûre qu’il te plaît aussi. Alors y’a pas de mal à se faire du bien ! »), la seconde parce qu’elle transpose sur Louise et Mathis son amour passé impossible avec un musicien de l’Égypte Ancienne, Sobek, en se donnant par l’intermédiaire d’une jumelle mortelle (Louise) la possibilité de le retrouver post-mortem et de se venger de leur injuste séparation. Comme Joséphine voit que son plan de bonheur a du mal à s’actualiser, et que ses marionnettes d’amoureux résistent à sa magie rouge – en particulier Louise qui se réfugie dans le travail archéologique pour s’empêcher d’aimer et d’être déçue par les hommes –, elle s’énerve contre sa cliente (« Elle est aussi têtue qu’une momie, elle ! »), et son orgueil de grande experte d’amours humaines en prend un coup (« J’m’y connais p’têt pas en momies maléfiques, mais en touc-touc-touc, si ! » dit-elle en mimant deux doigts humanisés qui se touchent). L’ange gardien est tellement insistante que même Louise, à la fin de l’épisode, conclut que Joséphine « a tout fait pour la jeter dans les bras de Mathis » !
À travers la figure de Néféret, venant hanter les Humains d’aujourd’hui au point de les habiter (elle est le double de Louise, ainsi que de Joséphine), les scénaristes de Joséphine ange gardien soutiennent l’idée de la toute-puissance des sentiments amoureux (qui viendront tourmenter l’Humanité jusqu’à temps d’être assouvis) et du féminisme. En effet, la société égyptienne de l’époque est présentée comme un modèle civilisationnel idéal, où tout le monde, même les femmes, auraient été égaux, libres et reconnus (dans les faits, c’était tout l’inverse : l’Empire égyptien composait une civilisation dépravée, esclavagiste, belligérante et sataniste) : « Ah bon ? Il y avait des femmes scribeuses ? » (Joséphine) « Sous les Ramsès, toutes les femmes de haute naissance savaient lire et écrire. » (Aurélie). Vu que les scénaristes libertaires et pro-choix de Joséphine ne veulent se fixer aucune limite en matière d’« amour », de sexualité et de famille, ils poussent le bouchon jusqu’à se faire les promoteurs mous de la polygamie (le fait d’avoir son harem d’épouses… ou de maris). Celle-ci ne serait pas choquante puisque elle est dite « historique », « culturelle », « féministe » : « Les pharaons étaient les seuls Égyptiens à avoir le droit d’être polygames. Ils avaient donc plusieurs épouses. Mais les plus importantes étaient de leur sang. Souvent leurs sœurs. Les autres étaient secondaires et moins bien traitées. » (Yann, égyptologue, dans l’épisode 71). Ouf ! Tout va bien, alors !
Joséphine croit vraiment en l’immortalité des dieux mais aussi des monarques égyptiens. Elle s’adresse par exemple à la statue du dieu Anubis : « J’ai beau la connaître, cette statue, elle me fout les jetons. » La civilisation égyptienne, fondée sur l’héliocentrisme (le culte du Soleil), fait l’objet d’une véritable vénération de la part de certains personnages de Joséphine ange gardien. Par exemple, toujours dans l’épisode 71, Amon-Rê (divinité solaire), le dieu le plus important de la mythologie égyptienne, est défini comme « le Dieu des Dieux » par le jeune Hugo. Il y a en filigrane dans cette série une forte publicité de la religion solaire de type égyptianiste. Les personnages et Joséphine elle-même s’imaginent être ce que John Dee appelait une « monade hiéroglyphique », c’est-à-dire une parcelle d’or stellaire, une pierre philosophale. Très clairement, le culte joséphinien à la religion solaire judéo-égyptienne est de nature satanique. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est Joséphine en personne : « Et si cette momie était maudite ? Avec ce qui s’est passé cette nuit, y’a de quoi se poser des questions. […] Et Toutânkhamon, j’ai rien inventé. C’était vraiment une momie maléfique. » À ce propos, il est probable que le titre de l’épisode (« Le Sourire de la Momie ») renvoie à une figure monstrueuse de malignité (c.f. le dessin-animé Le Sourire du Dragon)… d’autant plus que dans celui-ci, on ne voit jamais Néféret sourire. Et la voix du Pharaon dans l’épisode 71 est celle de la Bête de l’Apocalypse : grave, animalo-robotique et menaçante. Je rappelle que les pratiques occultes et sataniques de la religion judéo-égyptienne (oiseaux morts, incantations et langage symbolique, culte des morts, possessions, envoûtements, excisions, vénération des extraterrestres et des inframondes, etc.) ne sont un secret pour personne. Et ça perdure encore aujourd’hui. L’Égypte actuelle, où il n’y a que 10 % de catholiques, est un pays à nos portes et toujours totalitaire (par exemple, 80 à 85 % des jeunes filles y sont excisées : on leur ôte le clitoris). Mondialement, la religion égyptienne se refait un lifting, surtout en lien avec les nouvelles technologiques (beaucoup d’articles de journaux internationaux nous rapportent des découvertes inédites de tombeaux et de momies égyptiennes : il y a même la photo-montage d’un passeport numérique à l’effigie de Ramsès II qui circulait récemment sur Internet… ce qui veut dire qu’il serait de retooouuur !! Le Messie égyptien !!) et en lien avec la Franc-Maçonnerie mondiale. D’ailleurs, pour revenir à Joséphine, celle-ci s’interroge sur le port d’un bandeau d’or au front de la princesse (et momie) égyptienne Néféret pendant qu’elle l’a vue danser devant Pharaon : « Qu’est-ce que tu me fais, toi ? Et c’est quoi, ce bandeau doré ? Et pourquoi tu pleurais ? » Elle finit par découvrir que ce textile aurique était une chaîne symbolique de soumission à un mariage forcé. Et le bandeau est évidemment, pour ceux qui s’y connaissent un peu en Franc-Maçonnerie, un accessoire maçonnique ultra rebattu.
Dans l’épisode 71, au départ, Joséphine a du mal à réaliser qu’elle est l’envoyée d’une momie en décomposition et morte depuis des siècles : « C’est quand même pas elle ma cliente ? » Elle pète également un câble à cause de ses visions (« C’est pas vrai. J’vois des momies partout !! […] J’ai l’impression de voir un fantôme ! »). Une fois qu’elle finit par admettre son existence, elle se met à lui parler « en off » comme à un double invisible (« Ça y est ? Tu t’es calmée ? […] Je ne comprends pas ce que tu veux me dire. »)… non sans peur (« Si tu crois que tu me fais peur, eh bien… oui, tu me fais quand même un peu peur. Et je te trouve même carrément effrayante. »). Elle reçoit même son ordre de mission – un papyrus – des mains du cadavre momique (on voit la main en putréfaction à l’écran lui glisser un papier). Ce n’est pas la seule manière par laquelle la sépulture s’adresse à notre ange gardien. La princesse décédée vient la visiter jusque dans ses rêves, pour la faire voyager dans le temps, dans l’Égypte des Pharaons, et lui dévoiler les circonstances exactes de sa mort. C’est ainsi que Joséphine découvre que la momie était une très belle danseuse qu’on a mariée de force à Pharaon, et qui a été tuée d’épuisement par ce dernier quand ses sentiments pour un autre homme – le musicien Sobek – ont été découverts ; c’est la raison pour laquelle Néféret revient se venger de ce cruel coup du sort dans le monde contemporain en possédant le corps d’une mortelle, Louise, en empêchant celle-ci de tomber amoureuse tant que elle, Néféret, ne retrouve pas dans le présent son amoureux musicien et tant que leurs noces posthumes ne sont pas célébrées en réparation. On assiste carrément à un cas de possession démoniaque puisque les sévices physiques infligés à la momie sont ressentis par Louise : « Si Néféret apparaît dans mes rêves, ça a forcément un lien avec ma cliente. […] Ce qui est valable pour Néféret, c’est aussi valable pour Louise. » en déduit Joséphine par rapport à sa cliente officielle. Par exemple, Joséphine renverse accidentellement de l’eau chaude sur le bras de la momie, et cela brûle à distance la jeune femme au même endroit corporel. Néféret entraîne Louise dans sa chute : son corps, à l’instar d’un cadavre encore vivant et sensible, se détériore, et cela provoque des malaises chez la jeune chercheuse. L’état – physique et moral – de Néféret est à l’image de celui de sa jumelle humaine Louise, comme si la mort et l’unicité des vies humaines n’existaient pas, que les Humains n’étaient pas libres et reproduisaient les mêmes erreurs que leurs aïeux, et que le passé téléguidait le présent sous forme de destin fatal, d’héritage chargé négativement, et d’éternelle répétition tant que le Dieu « Connaissance » reste bafoué. La momie agit comme une poupée vaudou : « Maintenant, c’est sûr. Néféret entraîne Louise dans sa perte. Et si on veut que ça s’arrête, il faut qu’on retrouve l’homme qu’elle aime. […] Néféret essaie de nous dire quelque chose. » (Joséphine s’adressant à Mathis, le futur compagnon de Louise). Elle s’en prend également à Joséphine, qui lui parle comme à un double maléfique : « Non mais je rêve… T’es quand même pas en train d’entraîner Louise dans ta perte ? » Et l’esprit de la momie informe notre héroïne que tant qu’elle ne retrouvera pas son amoureux défunt Sobek, et tant que Louise ne tombera pas amoureuse de Matthis, elle continuera de persécuter le Musée d’Anthropologie et de saboter la vie de Louise.
Néféret a tous les attributs – même physiques – de la femme possédée, de la poupée vaudou satanique : son corps se décompose, est fracturé de partout (notamment aux pieds… contrairement au corps sacré du Christ qui, bien que martyrisé, n’a vu aucun de ses os brisés) : « Rien n’explique toutes ces fractures. Elle en a un nombre hallucinant. » constate Yann, un des chercheurs de l’Institut. On apprend que la princesse égyptienne est morte d’épuisement car Pharaon, pour se venger d’elle et des sentiments qu’elle éprouvait pour un autre homme, l’a fait danser : ses pieds de la grande prostituée n’ont pas tenu. C’est Frankenstein. Ou plutôt c’est Satan en personne ! La salle de l’Institut de Recherches d’Anthropologie où repose la dépouille de la momie est le théâtre d’incendies et de court-circuits spectaculaires qui laissent croire que c’est l’esprit de la princesse égyptienne qui fait des siennes pour se venger des mortels qui l’ont maltraitée de son vivant. Néféret la princesse égyptienne se volatilise brutalement dans le Palais de Pharaon et ressurgit sous la forme d’une momie encore vivante ainsi que dans les visions de Joséphine, pour informer cette dernière sur les circonstances de sa mort. Dans cet épisode, la momie a tout de la Bête technologique : à la fois animale, humaine, spirituelle et digitale. Elle fait d’ailleurs l’objet d’une reconstitution faciale par ordinateur. Joséphine, qui avait vu surnaturellement Néféret en songe, la reconnaît à travers cette dernière : « C’est bien elle. J’ai l’impression de voir un fantôme. » Elle est à ce point diabolique qu’elle apparaît aussi sous la forme animalisée du serpent. En effet, un colis avec un serpent vénéneux à l’intérieur est livré chez Louise, l’archéologue. Et déjà, au moment de la découverte de son sarcophage dans les couloirs d’une pyramide d’Égypte, les explorateurs tombent nez à nez sur un serpent. La momie de cet épisode a donc toutes les caractéristiques de Satan. Joséphine l’appelle « la momo », ou bien la « mamie ». Au moment de prononcer le prénom de cette dernière, elle dit aussi « Néfernénette » ou « Néphrétique » au lieu de « Néféret » (ça donne l’effet Scoubidou, le chien du dessin animé qui bafouille de peur, le peu de fois qu’il parle). Joséphine n’arrive pas non plus à prononcer le mot « égyptologie », ni celui de « hiéroglyphes » qu’elle déforme en « hiérogriffes ».
La momie n’est pas la seule statue à effrayer et à posséder Joséphine. Notre ange gardien est également hypnotisée par la représentation géante du dieu égyptien des morts, Anubis, exposé au Muséum, et qu’elle croit vivante : « Anubis, arrête de me regarder comme ça ! C’est pas à moi qu’il faut faire peur. C’est aux autres ! […] J’vais pas bien, moi… Je parle à un chien… » Joséphine évoque par ailleurs l’esprit immortel et mortifère qui habiterait le sarcophage du fameux pharaon Toutankhamon : « Et Toutankhamon, je n’ai rien inventé, c’était vraiment une momie maléfique ! Les archéologues pouvaient lire sur lui : ‘Ceux qui rentrent dans ce tombeau sacré seront visités par les ailes de la mort.’ » Dans cet épisode 71, la symbiose entre monde mortel et monde vivant est rendue parfaite : « Tu es liée au sort de la momie. » affirme Joséphine à Louise. La cerise sur le gâteau du culte sataniste défendu par la série Joséphine ange gardien, c’est bien sûr la scène finale du vernissage de la réunion des deux sarcophages de Néféret et Sobek (des noces 3000 ans plus tard), et surtout la célébration implicite du « mariage » entre les couples du présent et les couples du passé. Les liens enserrant la Terre et le Monde des morts sont scellés, dans l’indifférence générale et les bulles de champagne. Sidérant.
Enfin, je terminerai mon exploration de l’influence de la mythologie égyptienne antique dans la série Joséphine ange gardien par la mention de l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton », où de nombreux phénomènes naturels et surnaturels collectifs ressemblent aux dix plaies d’Égypte et également aux fléaux annoncés par les trompettes apocalyptiques : la pollution de l’air (« L’air est vraiment devenu toxique par ici. » remarque Loren), les troupeaux de bestiaux décimés mystérieusement (leur sang devient noir), etc. Dans l’épisode 19 « Nadia », Joséphine va jusqu’à faire mention de l’Armageddon (autrement appelé la plaine de Josaphat, au-dessus de Jérusalem), lieu du Proche-Orient où se jouera, selon les prophéties bibliques, la Bataille finale au moment de l’arrivée glorieuse de Jésus : « Ce sourire… On dirait Bruce Willis dans ‘Armageddon’. » (Joséphine taquinant Monsieur Nono). Certains trouveront peut-être mes déductions capillotractées parce qu’elles mélangent des éléments fictionnels, spirituels, inconscients et de croyances à des éléments rationnels renvoyant à une réalité future totalement incertaine et projective. Mais je pose ça là, pour info, et vous en faites ce que vous voulez.
Ce qui est assez frappant dans les œuvres de fiction contemporaines s’inspirant de la civilisation égyptienne antique, c’est que leur dénominateur commun est la magie noire. En effet, si on regarde par exemple la bande dessinée Les Cigares du Pharaon (1934), le film d’animation « Les 12 travaux d’Astérix » (1975) d’Uderzo et Goscinny, le film d’animation « Le Prince d’Égypte » (1998) de Brenda Chapman, le vidéo-clip de la chanson « Remember the Time » (1992) de Michael Jackson, le film « La Momie » (2017) d’Alex Kurtzman, le film d’animation « Aladdin » (1992) de Walt Disney, le dessin animé Scooby-Doo : Mystères associés (2014) (avec les Anunakis égyptiens), on peut constater que toutes ces fictions associent l’Égypte Ancienne aux sorciers, à l’occultisme et aussi à l’enfer, à des entités « divines » démoniaques, à un dialogue d’outre-tombe avec les âmes des morts. C’est particulièrement clair dans l’épisode 23 du dessin animé Clémentine intitulé « Clémentine en Égypte : Voyage au Pays des Morts » ainsi que dans le film d’horreur « The Jane Doe Identity » (2017) d’André Ovredal (racontant l’histoire d’un cadavre d’une sorcière de l’Ancienne Égypte qui va mettre une morgue à feu et à sang). Donc au final, je ne suis pas sûr que la civilisation égyptienne, aussi puissante et hégémonique (mais surtout mégalomaniaque esclavagiste !) fût-elle, soit un modèle positif à imiter/réveiller mondialement… a fortiori quand on voit comment elle a fini…
Je rappelle enfin que beaucoup de chanteuses internationales (Katy Perry, Beyoncé, Rihanna, Dalida…) se sont amusées à incarner les reines égyptiennes. Alicia Keys a même appelé son fils « Egypt »…
Le Cardinal Sarah a un petit côté pharaonique, vous ne trouvez pas ?
Et Monseigneur Aupetit aussi ?
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