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Moment

SIGNIFICATION SOCIALE, MONDIALE ET ESCHATOLOGIQUE DU CODE

 
 

LE CULTE MONDIAL ET ANTÉCHRISTIQUE DU MOMENT
 

On entend souvent, dans notre Monde matérialiste, libertin et relativiste, ayant placé le bonheur, le bien-être personnel et les plaisirs bien avant la joie grave et contraignante de la Croix de Jésus, une idéalisation du Moment. « C’est le (bon) moment. », nous dit-Il. « Il faut profiter de chaque moment comme si c’était le dernier : on n’a qu’une vie ! » « C’est pas le moment. J’ai pas envie. Je le sens pas… ». En plus de sentir l’alibi de mauvaise foi à plein nez, cette invocation du Moment nous enjoint à suivre le baromètre de nos envies, de nos humeurs, qu’on sera encouragés à rebaptiser, pour redorer leur blason et ne pas passer pour d’égoïstes hédonistes instinctifs et bestiaux, « Instant présent », « petits plaisirs », « déclic », « coup de cœur », « inspiration »… Il y a par exemple dans la bouche de certains dirigeants politiques carriéristes une connotation de conquête dans leur usage du mot « Moment » : par exemple, « C’est le moment ou jamais. ». Ils passent à l’offensive, à l’action, présentent le « moment » comme la chance unique qui ne se représentera jamais. Ils confèrent donc à ce dernier un caractère fatal, inéluctable, puissant autant que fugace et impitoyable. Un saut de l’ange.
 

En fait, l’insistance mondiale sur le dieu « Moment », si celui-ci est déconnecté de l’éternité de Jésus-Dieu dans laquelle il devrait idéalement s’inscrire (auquel cas ce moment s’appellerait « Kaïros » ou « Apocalypse »), se convertit en un appel à l’hédonisme (jouissance des plaisirs), à l’orgueil (qui érige la volonté personnelle de l’instant, la soi-disant « intuition », sur un piédestal, comme s’il s’agissait d’une révélation impérieuse), et à l’abandon à ses pulsions. Ce « moment » là n’est pas bon ni à idéaliser/cautionner. Même s’il est annoncé comme « propice », « grand », « fort », « énergisant », « unique » ou « historique ». Nous, en tant que catholiques, nous n’idéalisons pas tous les instants. Nous ne sommes pas obsédés ou dépendants de tous les moments comme s’ils étaient des dieux totalitaires auxquels nous soumettre. Non. Nous, nous n’attendons que le Moment du Règne éternel de Dieu.
 

 

DANS LA SÉRIE JOSÉPHINE ANGE GARDIEN

 

Épisode 78 – « Carpe Diem »

LE MOMENT : ALIBI DE LA SINCÉRITÉ ET DE LA FRANCHISE
 

Dans mon adolescence, j’ai eu la chance d’être initié à cette Momentolâtrie, d’être assez tôt alerté sur les dangers de cette « idéologie du Moment » : à chaque fois que mon frère jumeau allait sortir une connerie, ou être de mauvaise foi, qu’il devenait intransigeant, obsessionnel ou péremptoire, il utilisait de manière automatique le mot « moment » comme un mantra. Quand sa phrase commençait pas « Y’a un moment donné… » ou « c’est pas le moment », c’est que son cœur s’enfermait dans une certitude radicalisée, une auto-persuasion verrouillée et verrouillante.
 

C’est pareil avec Joséphine. Cet ange gardien passe pour l’ange providentiel, tombant toujours à pic : « Comment tu fais pour être toujours là au bon moment ? » s’interroge Nicolas, dans l’épisode 46 « Police Blues ». Au mieux, le « moment » qu’évoquent les personnages est synonyme d’« actualité », de « circonstance », d’« événement ». Mais il arrive qu’il se réfère à la « mode », à la « tendance » : « On n’y pense pas assez mais la famille, c’est à la mode en ce moment. » (c.f. l’épisode 26 « Enfin des vacances ! ») ; « La famille, en ce moment, c’est tellement tendance. » (Jean-Claude, idem). Et d’aucun savent que la « mode », c’est neutre (ça dépend qui elle sert) et bien souvent elle n’est pas bon signe et s’oriente plutôt vers une soumission au paraître, à la masse, au politiquement correct, aux intentions, plus qu’à la Réalité-Confiance.
 

La série Joséphine ange gardien est un hymne à la franchise, base intentionnelle et idéologique de la Franc-Maçonnerie (dans « Franc-Maçonnerie », il y a « franc »…). Et le mot « moment » sert beaucoup cette franchise : « La sincérité, ça paye, à un moment ! » (Mimie Mathy commentant le succès lucratif de son personnage de Joséphine, dans l’émission 7 à 8 sur TF1 diffusée le dimanche 12 août 2018) ; « Même moi, à un moment, j’ai cru que vous étiez sincère. » (Joséphine s’adressant à Charles, dans l’épisode 38) ; etc. Et j’irais même plus loin : dans l’imaginaire collectif, le moment est inconsciemment associé à une illumination d’illuminati maçonniques et carriéristes : « C’est une copine, la Belle au bois dormant. Ça fait un moment que je n’ai pas eu de nouvelles d’elle. » (c.f. l’épisode 20 « Le Stagiaire ») ; « Parfois, il suffit d’une bonne idée. » (Roger) « C’est ça : la bonne idée au bon moment. C’est le secret de la réussite ! » (Gilles, dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur ») ; « Ça fait un moment qu’on s’est pas vus. On travaille trop. » (Joséphine en parlant de Bill Francker, son boss factice de Montréal, dans l’épisode 62 « Yasmina ») ; « On travaille beaucoup en ce moment. On est débordés de boulot. » (Joséphine gérant la comptabilité de la société de vente en ligne Atlante.com, dans l’épisode 78 « Carpe Diem ») ; « Maintenant, à chaque fois que t’auras un instant de panique, repense à ce moment. » (Joséphine s’adressant à Chloé après l’avoir replongée dans sa bulle d’enfance pour lui redonner la passion de la cuisine et gagner son concours, dans l’épisode 89 « Graines de chef ») ; « Alors Boss, j’suis admis ? Y’a même un moment où j’ai frôlé l’excellence ! » (Gabriel, ange-stagiaire de Joséphine, dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent »).
 

Quand le mot « moment » sort de la bouche de Joséphine, en général, ça pue : « Je tombe toujours au mauvais moment. Ça doit être une vocation. » (c.f. l’épisode 3 « Le Tableau noir ») ; « C’est pas le moment d’être fragile. » (Joséphine s’adressant à Charles, dans l’épisode 13 « La Tête dans les étoiles ») ; « Un moment de honte, ça se digère vite. » (c.f. l’épisode 14 « La Fautive ») ; « C’est pas le moment de se décourager. » (c.f. l’épisode 34 « Un Passé pour l’avenir ») ; « Avec l’autre névropathe qu’ils m’ont collé sur le dos, c’est pas le moment de déraper ! » (Joséphine en parlant de l’Archange Matthias, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire ») ; « Je ne prends que ça parce que je fais un petit peu attention en ce moment. » (Joséphine devant des petits fours, dans l’épisode 50 « Le Frère que je n’ai jamais eu ») ; « Il ne faut pas que je fasse trop de sport, parce qu’à un moment, je vais tellement maigrir qu’on ne va pas me reconnaître. » (c.f. l’épisode 51 « Ennemis jurés ») ; « Oh non, c’est pas le moment de faire des erreurs d’atterrissages ! » (idem) ; « On a cru qu’il était mort, à un moment, parce qu’il était très ahjaja… mais maintenant, il va beaucoup mieux. » (Joséphine évoquant l’état critique de Victor, dans l’épisode 66 « De père en fille ») ; « En ce moment, t’es un tout petit peu chéiiiin… » (Joséphine s’adressant à Bastien qu’elle trouve « bizarre », dans l’épisode « Restons zen ») ; « Je comprends que vous voyiez un peu tout en noir en ce moment. » (Joséphine s’adressant à François, dans l’épisode 78 « Carpe Diem ») ; « En tout cas, merci d’accueillir Sandra. Elle a vraiment besoin d’un coup de main en ce moment. » (Joséphine s’adressant à Clémence, dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée ») ; « Y’a des moments pas faciles dans la vie. » (c.f. l’épisode 88 « Trois campeurs et un mariage ») ; « Tu crois vraiment que c’est le moment de lire ses textos ? » (Joséphine paniquant en voyant Chloé se déconcentrer lors de son concours de cuisine parce que cette dernière reçoit des messages de son amant-dealer Alexis, dans l’épisode 89 « Graines de chef ») ; « Elle n’a pas besoin de ça en ce moment. » (Joséphine volant puis jetant les anti-dépresseurs et les somnifères de sa cliente Suzanne, dans l’épisode 97 « Mon Fils de la Lune ») ; etc. Par exemple, dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », c’est lorsque l’ange gardien Ismaël prend en selfie le jeune Maxime avec lui (« Et là, c’est le moment important. » signale-t-il à Joséphine) et l’immortalise sur son téléphone portable (« Eh bien souris ! ») que le garçon de 12 ans se désagrège sous ses yeux. Le moment est donc en général associé dans Joséphine à une catastrophe.
 

Si Joséphine parle du « moment », c’est presque systématiquement parce qu’elle est sur le point de justifier l’injustifiable. Par exemple, dans l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants », elle s’invente un faux amant : « J’ai un fiancé-ange, mais je ne le vois pas très souvent en ce moment car il est en Afrique. ». Dans l’épisode 35 « Coupée du Monde », dans un centre d’accueil de sans-logis, Joséphine fait apparaître son nom et celui de Geneviève sur un écran d’ordinateur indiquant une liste d’attente pour des hébergements d’urgence (« Ma collègue et moi sommes inscrites depuis un bon moment. Regardez. » dit-elle à la réceptionniste), passant ainsi devant des gens plus nécessiteux qu’elle. Dans l’épisode 69 « Double Foyer », pour justifier le divorce, notre héroïne s’appuie sur le « moment » en soutenant que l’amitié serait un substitut marital. En effet, Julie quitte son mari Franck. Zoé, une de leur filles, regrette la séparation de ses parents. Et Joséphine se met à plaider auprès d’elle la nécessité du divorce : « Eh ben voilà. Tu vois, les histoires d’amour, c’est un peu comme les histoires d’amitié : au début, on partage tout, on est d’accord sur tout… et puis à un moment, eh beh voilà, y’en a un qui part dans une direction, et puis l’autre qui part dans l’autre. C’est ce qui se passe pour vos parents en ce moment. ». Dans l’épisode 58 « Liouba », quand Joséphine parle de « moment », c’est pour justifier la GPA (Gestation Pour Autrui) : « C’est peut-être ça, ma mission : aider Anna à passer ce moment douloureux… » déclare-t-elle face à sa cliente mère porteuse. Dans l’épisode 68 « Restons zen », c’est lorsque l’ange gardien va forcer au outing qu’elle emploie le mot « moment » : « Maintenant, c’est le moment de dire la Vérité. » dit-elle à la jeune Romane pour qu’elle fasse son coming out. Dans l’épisode cross-over avec Camping Paradis intitulé « Un Ange au camping », Joséphine se drape derrière l’excuse du moment pour picoler : « Hey dis donc, j’espère qu’à un moment, on a le droit de boire un coup ! ». Dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », l’héroïne et son ange gardien stagiaire Ismaël forcent le couple Stan/Nina à se former : « Allez, vas-y, Stan, dis-lui que tu l’aimes et embrasse-la ! » (Joséphine) « Allez ! C’est le moment ! Faut y aller, là ! » (Ismaël). Dans l’épisode 95 « Disparition au lycée », les deux anges gardiens espionnent cette fois la soirée d’Océane en mode flicage-camouflage : « Bon eh bien c’est le moment de devenir invisibles. » (Joséphine).
 

Quand Joséphine parle du « moment », c’est aussi dans le sens de « Moment de Vérité ». Autrement dit, c’est pour inciter aux aveux, menacer, ou foutre la pression aux gens, solenniser un chantage qu’elle leur impose : « Faites gaffe, parce qu’à un moment donné, tout se paye ! » (Joséphine s’adressant à Renaud le harceleur, idem) ; « Qu’est-ce qui vous mine ? Quel est votre secret ? […] Vous ne pensez pas que c’est le moment de parler ? » (Joséphine s’adressant à Lucie, dans l’épisode 27 « Sauver Princesse ») ; « Justement, c’est pas le moment de baisser les bras ! » (Joséphine s’adressant à Manon, dans l’épisode 63 « Le Cirque Borelli ») ; « Tu penses pas que ce serait le moment de dire tout ce que tu as sur le cœur ? » (Joséphine s’adressant à Camille, dans l’épisode 65 « Pour la vie ») ; « À un moment donné, il faudra que tu lui dises. » (Joséphine s’adressant à Yann à propos des sentiments qu’il éprouve pour Jeanne, dans l’épisode 72 « Les Boloss ») ; « Ça, c’est l’effet cocotte minute : on garde tout, on garde tout, et après, ça explose. À un moment donné, faut se jeter à l’eau. Bon, je sais que c’est pas la bonne expression. » (c.f. l’épisode 88 « Trois anges et un campeurs ») ; « Mesdemoiselles, si vous savez quelque chose, c’est le moment de le dire, là ! » (Joséphine s’adressant aux trois filles Maëva, Lou et Amel, dans l’épisode 95 « Disparition au lycée ») ; etc. Il y a même dans l’usage du mot « moment » en bouche des personnages joséphiniens un côté couperet fatidique, explosif et impitoyable du Justicier : « La vérité va forcément éclater. C’est comme une cocotte minute sous-pression. À un moment, ça explose ! » (Joséphine s’adressant à Pauline, dans l’épisode 23 « Sens dessus dessous ») ; « C’est normal que tu sois agressive. Tu gardes tout pour toi. Tu veux tout contrôler. […] C’est normal. À un moment, t’es comme une cocotte-minute, y’a trop de pression, et pchhh ! » (Joséphine s’adressant à Charline, dans l’épisode 83 « Sur le cœur ») ; « Ça, c’est l’effet cocotte-minute : on garde tout, on garde tout, et après, ça explose ! À un moment donner, faut se jeter à l’eau ! Bon, je sais que c’est pas la bonne expression. » (Joséphine s’adressant à Tom, dans l’épisode 88 « Trois campeurs et un mariage ») ; « C’est le moment de vérité, messieurs ! » (Joséphine autour d’une table de poker de saloon, dans l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton »).
 

Dans Joséphine (et ça risque de vous surprendre), la dialectique du Moment, c’est la Bête (de l’Apocalypse). Par l’entremise du « Moment », l’héroïne veut (se) rendre pulsionnel(-le), instinctif(/-ve), bestial(-e) et démoniaque : « Oui, à un moment, j’ai fait partie des Paradise Angels, c’est un groupe dissident des Hell’s Angels. » (c.f. l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur »). Par exemple, dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », elle fait tout pour caser Anne avec Cyril, et emploie une métaphore animalière explicite : « À un moment faut que tu remontes à cheval… Non, c’est pas ce que je veux dire. C’est une image. ». La béquille du « Moment » sert à faire du forcing. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », idem : Gabriel, l’ange-stagiaire de Joséphine, s’inquiète d’avoir mal maîtrisé son tour de magie sur deux adolescents Max et Louison : « Tu me rassures ! J’ai cru que je les avais fait disparaître. À un moment, je me suis même demandé si je les avais pas transformés en rongeurs ! » avoue-t-il à sa maîtresse. Dans la série Joséphine ange gardien, c’est la Bête elle-même qui parle du moment. Par exemple, dans l’épisode 52 « L’Homme invisible », pendant toute l’intrigue, un boa constrictor nommé « Oscar », installé dans un grand bocal fermé à l’intérieur de la chambre de Joséphine, s’adresse à notre ange gardien avec une mystérieuse voix électrique. Cette Bête a l’air démoniaque. Mais très vite, Joséphine s’y habitue et s’en fait un ami… sans doute parce que tous les deux se reconnaissent comme des jumeaux, mais aussi parce qu’Oscar semble être la petite voix de la conscience de Joséphine. Et Oscar le boa expose sa philosophie du Moment : « Le Sage utilise son savoir quand le moment est venu. » (Oscar) ; « Je parie que c’est un proverbe inca. T’as raison. Je vais le mettre en pratique. » (Joséphine). Voilà voilà : le « Moment », c’est la Bête apocalyptique.
 
 

DANS D’AUTRES ŒUVRES DE FICTION

 

Dans les fictions, l’acception du mot « moment » va dans les extrêmes : soit ce « moment » annonce quelque chose d’impératif (comme si c’était grave, brutal, accidentel, solennel, émotionnellement intense et/ou spectaculaire : je pense à toutes les émissions qui proposent leurs « meilleurs moments », mais aussi à la chanson romantique « In a Moment like this » de Chanée et N’Evergreen, ou encore à la chanson insurrectionnelle « À tout moment la rue » du groupe Eiffel), soit au contraire il annonce quelque chose d’aléatoire (comme si rien n’était grave et que tout était relatif : c.f. la chanson bobo « Ça dépend [des moments] » de Claire Keim). Mais dans les 2 cas, ce moment n’est pas du tout aimant ni éternel.
 
 

LE CATHO-CON (progressiste ou conservateur) FAIT PAREIL…

 

Le « Moment » est un mot que l’on peut retrouver dans la Bible. D’où l’importance de ne pas le diaboliser non plus. C’est une certaine instrumentalisation du terme que je condamne. « En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. Car il dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. » (2 Cor 6, 1-2). Nous, en tant que catholiques, nous croyons aussi au moment dès lors que c’est « le Moment de Dieu », donné par Lui, et non pas le moment que nous Lui attribuons parce que ça nous arrange ou nous sécurise (en mode « Cardinal Sarah » qui ritualise et codifie les moments consacrés à Dieu : « Les grands moments d’une vie, ce sont les heures de prière et d’adoration. » écrit-il dans son livre Dieu ou rien, publié en 2015) ! Il nous faut faire très attention à ne pas instantanéiser Dieu, à ne pas le figer sous forme d’événement furtif, trop ritualisé, circonscrit à nos lois humaines, révélateur, miraculeux, pour mieux Le posséder, ou à ne pas choisir nos occasions/événements fondateurs à sa place. J’ai entendu assez fréquemment des amis juifs parler du concept de « Kaïros » comme le climax de l’arrivée du Messie… alors même qu’ils sont précisément passés à côté du vrai Messie, Jésus. C’est dire s’il faut faire très attention à ne pas privilégier/sacraliser le Moment/l’Événement au détriment de la Personne qui le crée ! Par ailleurs, dans la pensée mondialiste d’inspiration juive, le « Kaïros » à savoir le « Moment » est entendu comme une chance à saisir, une action à poser, une rencontre à provoquer, le signe d’un accomplissement voire même de l’arrivée soudaine d’un dieu. Mais ce dieu a tout l’air d’être luciférien. En effet, le concept de Kaïros apparaît chez les Grecs sous les traits d’un petit dieu ailé de l’opportunité, qu’il faut saisir quand il passe.
 

Pour nous catholiques, le Règne de Dieu à la fois s’inscrit dans une chronologie, à un instant T, à la fois n’a pas de moment privilégié puisque il est éternel : Dieu règne ici et maintenant ; c’est à tout moment le bon moment, le moment favorable, et chaque instant et événement que nous vivons, du fait d’être au mieux voulu au pire permis par Lui, est idéal et parfait. Il n’y a pas de « Kaïros » particulier, si ce n’est que toute fraction de seconde et tout événement (même rasoir, même peccamineux) est occasion d’expérience de la rencontre avec Jésus, est manifestation de Sa Présence et de Sa Gloire. Le fait de « choisir Ses Moments », au gré de ses humeurs ou de son excitation, ce n’est pas catholique. Ce qui est catholique, c’est d’accueillir tout moment comme le Règne de Jésus-Dieu. Et c’est d’ailleurs cette vérité qui a fait sortir les pharisiens et les Juifs de leurs gonds : lorsque Jésus, dans la synagogue, après avoir refermé le livre sacré de la Torah (c.f. à 1h41 du « Jésus de Nazareth » de Zeffirelli) , a dit qu’il était Le Moment en personne, l’accomplissement entier et présent du Règne de Dieu : « Cette Parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » (Lc 4, 21). Autrement dit, Jésus a osé se définir lui-même comme le Moment. Tout ce que les prophètes ont annoncé se réalise concrètement et présentement en sa Personne. Je ne sais pas si nous imaginons le scandale que ça a réveillé ! Bref, tout ça pour dire que, même s’il y aura un Moment où tous les Hommes le connaîtront, seul le Père le connaît ; et nous, catholiques, de notre côté, savons que tout instant est le Moment de Jésus, et que le Temps appartient à Dieu.
 
 

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Mouvement

SIGNIFICATION SOCIALE, MONDIALE ET ESCHATOLOGIQUE DU CODE

 

LE MOUVEMENT SERAIT « LA VIE »
 

De même que l’Humain pense (à tort, et aussi par manque de Foi en Dieu) que ce qui est inerte et immobile est forcément mort, il va se mettre à croire que tout ce qui bouge (et qui maintenant peut être mû par l’électricité, l’Intelligence Artificielle, les ondes, des forces surnaturelles et même par les esprits démoniaques : je pense par exemple aux séances de spiritisme qui animent les objets) est vivant, forcément « bon », voire divin.
 

C’est très nettement ce qui transparaît dans les nouvelles publicités MichelinMotion for Life »), où le mouvement est décrit comme « la Vie ». Et pour la banque CIC (dont le slogan est « Construisons dans un Monde qui bouge »), il serait aussi nécessairement constructif.
 

 

Euh… Comment vous dire ? Moi, en regardant la vraie vie, même si j’observe des choses qui bougent qui sont positives, je vois aussi des mouvements qui sont parfois négatifs (mouvements brusques et violents, tremblements de terre, mouvements de foule incontrôlés, mouvements de grève, courses effrénées qui conduisent droit au mur, flux et mouvements migratoires…). Et par ailleurs, il est difficile de construire un monde ou un édifice solide sans un minimum de paix, de stabilité, de concentration, et de statisme/d’immobilité. L’idéologie dynamique du « tout mouvement » marque non seulement une précipitation mais aussi un élan aveugle qui viole des libertés (être en perpétuel mouvement, c’est être un électron « libre » pas du tout libre !), et qui place l’économie des moyens ou des intentions avant les personnes qu’il est censé servir.
 

 
 

EN RÉALITÉ, LE « MOUVEMENT » VANTÉ PAR LE GOUVERNEMENT MONDIAL EST VIRTUEL, SCHIZOÏDE (CE SONT LES IDÉES PLUS QUE LES DÉPLACEMENTS EFFECTIFS QUI SONT DÉFENDUES) ET EST UN ENCHAÎNEMENT À L’ÉLECTRICITÉ ET AU BUSINESS DE LA « MOBILITÉ »
 

La dictature que le Gouvernement Mondial antéchristique et le Monde entendent imposer à tous n’a pas d’identité claire : elle est parfois appelé « la Marche », « la Voix/Voie », « le Processus », « le Réveil », « le Jeu », « le Mouvement »…
 

Dit comme ça, le concept de « mouvement » a l’air dynamique, élancé, motivant, engageant, collectif. En fait, il est la nouvelle chaîne qui musèle l’Humanité, comme le démontre le récent discours d’Emmanuel Macron (le fondateur du fameux « mouvement du Mouvement » à savoir En Marche !) au One Planet Summit qui entendait instaurer la « Grande Muraille verte » de la biodiversité aux pays du Sahel, muraille qu’il a baptisé justement « mouvement ». Le « mouvement » en question n’est autre que la Nouvelle Gouvernance mondiale, en fait.
 

 

Le plan civilisationnel du Gouvernement Mondial, parfaitement illustré par Joséphine, est de mettre les êtres humains en mouvement, de les faire bouger tout en les traçant, pour leur donner l’impression que leurs déplacements les font vivre. Comme les voitures qui s’auto-énergisent rien qu’en roulant (les modèles existent déjà : plus besoin d’essence), les Hommes s’auto-gèreront et s’auto-alimenteront par le dégagement de leur propre énergie corporelle intérieure et par leur corps physique en déplacement : « Le Toyota CH-R Hybride se recharge en roulant. Pas besoin de le brancher. » (c.f. la publicité Toyota de 2018). En ce moment, les publicités n’arrêtent pas justement de nous inciter à « être mobiles »… comme les téléphones ! Anne Hidalgo, la maire de Paris, a déjà programmé la gratuité des transports (avec circuits bien balisés, en fait) comme un formidable élan de solidarité et de liberté. On nous assure que nous allons créer de l’or (blanc) et de l’électricité rien que par nos déplacements et nos mouvements. On retrouve dans Joséphine ange gardien cette idée de la mobilité qui vaut de l’or, qui est cotée en Bourse… ou plutôt en Bitcoin et en Blockchain. Nous, êtres humains, prendrions de la valeur par l’enregistrement numérique de notre mouvement/activité, et donc par notre croissance de réactualisations/rafraîchissements voltaïques. Nous serions des séries de concaténations informatives de nos déplacements. « Vous allez créer de la monnaie en circulant. » ai-je entendu sérieusement de la bouche d’un entrepreneur, William O’Rorke, précisément lors d’une conférence « Mobilité et Blockchain » organisée au Square à Paris le 4 décembre 2017. Le Gouvernement Mondial veut faire de chaque Homme une étoile filante électrique en mouvement, laissant derrière lui une traînée lumineuse, continue et ineffaçable, d’informations, de traces numériques monnayables (il est question d’« idées »), comme dans les images nocturnes urbaines de bolides filmés en time-lapse (mélange d’accélération et de ralenti) dans les clips. Il veut également que nous nous rechargions nous-mêmes, que nous soyons notre propre créateur. Et pour cela, il suffirait de circuler. Alors certes, la période de paralysie mondiale et de limitation de nos mouvements imposée par la crise sanitaire de la COVID-19 agit comme un trompe-l’œil du traçage humain par le mouvement qui est en train de se mettre en place massivement. Mais à long terme, nous allons être piégés à échelle internationale par nos déplacements enregistrés qui nous donneront l’impression de nous nourrir, de nous assurer vie, argent et liberté.
 

 
 

DANS LA SÉRIE JOSÉPHINE ANGE GARDIEN

 

LE MOUVEMENT SERAIT FORCÉMENT POSITIF
 

Épisode 78 – « Carpe Diem »

À l’instar du Gouvernement Mondial, Joséphine valorise aussi l’activité, la rapidité, le dynamisme, figurés par le mouvement. « Il faut un peu de temps et un tout petit peu de patience… mais rien n’empêche d’accélérer le mouvement. » (c.f. l’épisode 34 « Un Passé pour l’avenir ») ; « Regardez cette légèreté… Le mouvement ! La transparence ! » (Cecilia la couturière en extase face au faiseur de bulles de savon à Montmartre, dans l’épisode 98 « Haute Couture ») ; « Bon : on va accélérer le mouvement. » (Joséphine forçant les urgences hospitalières à prendre Cecilia en opération oculaire, idem). Mais il apparaît clairement que sa bougeotte marque son impatience ainsi que sa volonté de tout régenter, tout contrôler, d’être partout et au bon moment, pour sauver toutes les situations.
 

Même s’il est clairement valorisé, et qu’il sert de ressort comique autant que d’accélérateur rythmique de l’action, le mouvement dans Joséphine indique au fond un esclavage à l’esthétisme, à la mécanique des réalités visibles, ainsi qu’une soumission aux intentions (Dans Danse avec les stars, l’émission de danse de TF1, la chorégraphe Marie-Claude Pietragalla nous rabâche suffisamment les oreilles avec sa théorie selon laquelle « la réussite de chaque mouvement est conditionnée et dictée par l’intention »). On le constate par exemple à travers le discours d’Alice, la prof de danse classique de l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », qui fait faire des exercices de « respiration » à ses élèves petits rats de l’Opéra en basant toute sa pédagogie sur la charge émotionnelle et intentionnelle du mouvement : « Maintenant, criez ! Lâchez-vous ! Laissez aller votre imagination. Soyez des fauves. Allez, on crie ! Allez chercher les émotions ! Être danseuse, c’est aller chercher des émotions, c’est transporter des émotions à travers des mouvements ! ». En fait, la dialectique du mouvement est celle de la Bête.
 
 

LE MOUVEMENT JOSÉPHINIEN : CONCRÈTEMENT UN ANTI-MOUVEMENT, PUISQU’IL EST ÉLECTRIQUE, THÉORIQUE ET FANTASMÉ
 

Techniquement, comment Joséphine se déplace-t-elle ? Quand on lui demande comment elle a fait, elle esquive en général la question des moyens (de transport) : « Mais comment t’as fait ? » (Nicolas, abasourdi par la présence impromptue de l’ange gardien) « Ah ça c’est ma petite cuisine perso… » (Joséphine, dans l’épisode 46 « Police blues »).
 

On pourrait se dire logiquement qu’elle utilise ses ailes d’ange. Mais visiblement, ces dernières sont du simple accessoire de carnaval, de la déco, et non des membres opérationnels. « Règle n°4 : Les anges ne peuvent pas voler ni faire usage de leurs ailes. » (c.f. l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent »). Apparemment, sur le papier, les ailes ne servent qu’aux autres anges… et encore, dans les faits, ça reste à prouver, car la téléportation est la caractéristique angélique de Joséphine mais pas de tous les anges (exception avec l’Archange Matthias, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire »). Par exemple, dans l’épisode 86 précédemment cité, Gabriel, l’ange-stagiaire de Joséphine, aimerait bien « se téléporter » comme sa maîtresse, mais ne peut pas. Il semblerait que seule Joséphine possède le droit de délivrer des ailes de téléportation aux autres anges, même si, par ailleurs, elles sont invisibles sur elle et on ne la voit jamais les activer (sauf peut-être dans l’épisode 42 « Le Secret des Templiers », où elle se transforme en ange volant) : « Alors boss, j’suis admis ? Y’a même un moment où j’ai frôlé l’excellence. » (Gabriel) « Mais si, tu les as bien méritées, tes ailes d’ange. » (Joséphine). En tout cas, la téléportation ne paraît être le privilège que des anges confirmés, et finalement, de Joséphine. Et pourtant, elle n’en use quand même pas. Je n’ai vu qu’une seule exception à la règle : dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur », pour la seule et unique fois, l’héroïne bat des ailes avec ses bras en descendant du ciel.
 

Épisode 49 – « Joséphine fait de la résistance »

Alors comment fait Joséphine pour se mouvoir d’un endroit à un autre ? Si elle se déplace en marchant, les rares fois où elle le fait (il faut savoir que l’actrice Mimie Mathy, suite à une opération délicate de la colonne vertébrale en 2017, a cru qu’elle ne remarcherait plus), c’est juste pour sauver les apparences et maquiller ses tours de magie téléportatifs, ou bien par devoir moral et nécessité d’entretien de sa santé. Par exemple, dans l’épisode 46 « Police blues », elle s’apprête à partir au supermarché d’un claquement de doigts et sans faire le trajet (« Allez, on va faire quelques courses ! »), mais se rétracte, pas pour des raisons éthiques mais pour des raisons esthétiques (« Non. Il faut que je marche un peu. Pense à ta ligne, Josie, pense à ta ligne, pense à ta ligne, pense à ta ligne ! »). Idem dans l’épisode 48 « Les Majorettes », où elle est sur le point de choisir la solution de commodité du claquement de doigts, pour finalement laisser tomber : « Non. Faut que je marche un peu. ». Elle se motive comme elle peut : « Les escaliers, ça forme la jeunesse. » (c.f. l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée »). Elle peine de plus en plus à effectuer des distances à pied : « Bon ben j’y vais à pied. Pfff… j’en ai marre de marcher ! » (c.f. l’épisode 73 « Légendes d’Armor ») ; « Qu’est-ce qu’il se passe, là ? Y’a une panne ? Rhhho… je déteste marcher ! » (Joséphine râlant parce que son claquement de doigts est défectueux et va l’obliger à marcher, idem) ; « Ismaël, tu veux me faire encore marcher longtemps ? » (c.f. l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur »).
 

La moindre distance de marche lui semble un marathon : « Moi, je cours pas. » (c.f. l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne ») ; « L’escalade, ça suffit pour aujourd’hui. […] J’parie que y’a pas d’ascenseur. Pourquoi j’ai dit que je voulais faire du sport ? » (c.f. l’épisode 18 « La plus haute marche ») ; « Ah non… moi, je ne monte rien du tout. Même pas les pieds. » (c.f. l’épisode 55 « Un Bébé tombé du ciel »). Dans l’épisode 18, justement, Joséphine monte jusqu’au troisième étage d’un immeuble et pense qu’elle a perdu 10 kg. Dans l’épisode 38 « Ticket gagnant », comme postière, elle monte avec peine les escaliers d’un immeuble. Dans l’épisode 51 « Ennemis jurés », Julie et elle reviennent à pied à la ferme d’Antoine. Elles marchent 2 kilomètres mais Joséphine est persuadée que c’est 20 km. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », elle a besoin de cannes de randonneuse car elle s’est foulée la cheville. En général, notre ange gardien se téléporte pour s’éviter la fatigue des escaliers ou des côtes pentues, et même, tout simplement de la marche. « Alors moi, la grimpette, c’est pas du tout mon truc. » (c.f. l’épisode 86, op. cit.). Par exemple, dans l’épisode 19 « Nadia », elle gravit les escaliers de l’immeuble parisien par magie, pour s’économiser la montée. Dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », elle monte magiquement sur les remparts du château des McAlister.
 

Épisode 3 – « Le Tableau noir »

Dès que c’est un peu risqué ou coûteux, Joséphine ne bougera pas le petit doigt ou le petit pied. Elle dit avoir le vertige quand elle est un peu surélevée (exemple : le monte-charge dans l’épisode 13 « La Tête dans les étoiles », la corniche d’un immeuble dans l’épisode 18 « La plus haute marche », le deuxième étage de la Tour Eiffel dans l’épisode 59 « Suivez le guide », la poutre de voltige d’un cirque dans l’épisode 63 « Le Cirque Borelli », le décor scénique de l’Opéra de Paris dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille ») : bizarre pour un ange… « Oh non, c’est pas possible ! J’en ai marre d’être si haut ! » (c.f. l’épisode 75) ; « Déjà, sur une chaise j’ai le vertige… et je me trouve en train d’escalader une corniche ! » (c.f. l’épisode 18) ; « J’peux pas avancer. J’ai trop le vertige. » (c.f. l’épisode 86). Les fois où Joséphine tolérera la hauteur, il faudra vraiment qu’elle soit en position statique ou confortable, 100 % secure : la gargouille de la basilique du Sacré-Cœur (c.f. l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants), la colonne Morris (c.f. l’épisode 11 « Pour l’amour d’un ange »), le toit du cabaret du Moulin Rouge (c.f. l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne »), les toits de Paris (c.f. l’épisode 19 « Nadia »), le haut d’un arbre (c.f. l’épisode 22 « Belle à tout prix »), le gratte-ciel surplombant Paris (c.f. l’épisode 36 « Remue-Ménage »), les échafaudages d’une église (c.f. l’épisode 25 « Tous en chœur » et l’épisode 44 « Le Festin d’Alain »), le toit d’un immeuble (c.f. l’épisode 53 « Marie-Antoinette »), la tour d’un donjon (c.f. l’épisode 54 « Chasse aux fantômes »), etc. Joséphine déclare également avoir le mal de mer (c.f. l’épisode 4 « La Part du doute », l’épisode 35 « Coupée du Monde », l’épisode 38 « Ticket gagnant », l’épisode 52 « L’Homme invisible » et l’épisode 73 « Légendes d’Armor ») et exprime une aversion sans nom pour le transport maritime. On ne la verra jamais sur un bateau en mouvement, et encore moins en hélicoptère ! « En fait, j’ai le mal de mer. Même quand le bateau est à terre, j’imagine qu’il y a une tempête ! » (c.f. l’épisode 38 « Ticket gagnant »).
 

Épisode 21 – « Le Compteur à zéro »

Quand elle parle de moyens de transport traditionnels humains, on se rend compte que c’est juste une velléité chez elle d’en prendre, ou bien des décors de manège d’enfants ou de films des années 1950. « Faut vraiment que je m’achète un scooter, moi. » (c.f. l’épisode 70 « Tango ») ; « Ah beh ça roulait bien, c’matin. » (Joséphine feignant d’avoir roulé pour justifier/occulter la rapidité de sa téléportation, dans l’épisode 72 « Les Boloss ») ; « Je vais aller faire mes bagages parce que demain, c’est très tôt le train. » (c.f. l’épisode cross-over avec Camping Paradis intitulé « Un Ange au camping »). Joséphine se fait même apparaître ou livrer magiquement des véhicules tombant du ciel : une voiture dans l’épisode 56 « Tout pour la musique », la caravane dans l’épisode 39 « Profession menteur », le pick-up dans l’épisode 83 « Sur le cœur ». Mais elle ne peut rien en faire. Il lui arrive souvent de prendre la voiture (c.f. les épisodes 5, 9, 27, 31, 32, 45, 46, 49, 53, 62, 64, 68, 73, 78, 79, 82, 88, cross-over, 89, 91) ou le taxi (c.f. les épisodes 8, 19, 20, 23, 24, 35, 41, 50, 59, 64, 68) en tant que passagère. Mais on la voit très peu conduire ou posséder sa propre voiture, excepté dans l’épisode 21 « Le Compteur à zéro » où elle exerce le métier de chauffeur de taxi, dans l’épisode 33 « De toute urgence ! » où elle prétend avoir sa propre voiture et propose à Bertrand de l’amener au match de tennis de son fils (mais on n’en verra pas la couleur), ou bien encore dans l’épisode 56 « Tout pour la musique » quand elle se crée une voiture en un claquement de doigts mais que c’est la doublure de Mimie Mathy qui prend le volant. Elle fait une seule fois du vélo (c.f. l’épisode 4 « La Part du doute »). Cette impossibilité et sa place d’éternelle passagère ou de conductrice de bagnole à l’arrêt la frustrent, fatalement : « Vous voulez que je conduise ? » (c.f. épisode 78 « Carpe Diem ») ; « J’aurai le droit de la conduire quand même à un moment, la voiturette ? » (c.f. l’épisode cross-over avec Camping Paradis intitulé « Un Ange au camping »).
 

Épisode 67 – « Les Anges »

Le fait que Joséphine ne conduise jamais semble avoir une explication pratique toute trouvée (à moins d’avoir un véhicule aménagé, elle ne peut pas atteindre les pédales)… mais pas que ! En réalité, la voiture de Joséphine n’existe pas. Le mot « voiture » lui sert juste de caution d’humanité, et de couverture à ses téléportations et, au fond, à sa nature « divine » : « C’est bon, je vais me débrouiller toute seule. » (Joséphine parlant d’aller à l’aéroport) « Et tu vas faire comment ? Tu vas te téléporter ? » (Fred) « Ben oui !… euh… ben non ! Où est ta voiture ? » (Joséphine, dans l’épisode 40 « Paris-Broadway »). Quand Joséphine évoque sa « voiture », il faut l’entendre comme une fusée de décollage. Et bien sûr, toujours avec cette idée d’hermétisme maçonnique, de cabine pressurisée. « On va juste fermer la voiture. » (Joséphine demandant en filigrane à Ismaël, son ange gardien stagiaire, de se préparer doucement mais sûrement à leur imminent départ téléportatif, dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur »). En effet, Joséphine a tout de la fusée incorporée qui n’en a pas l’air puisqu’elle a forme humaine. C’est manifeste dans l’épisode 67 « Les Anges », qui démarre précisément au Musée d’aérospatiale du Bourget, et où l’héroïne, face aux sondes spatiales, déclare qu’elle n’a pas besoin de fusées pour se déplacer puisqu’elle en est une invisible : « Eh ben heureusement que j’ai pas besoin de tous ces engins pour me déplacer, moi ! ». Et à la fin de l’épisode, ma thèse se vérifie, étant donné qu’au moment du compte à rebours et du départ de la fusée Ariane à Kourou (en Guyane), l’ange gardien fait simultanément un mouvement ascensionnel, pile quand l’ordre « Décollage ! » est énoncé par la tour de contrôle. De même, dans l’épisode 77 « Dans la tête d’Antoine », Joséphine fait exploser les fusées de détresse devant les flics venus arrêter les voyous qui les avaient allumées sur la plage, et disparaît d’un claquement de doigts sous leurs yeux : les agents croient qu’elle a « explosé » avec elles. Bien plus qu’un ange ou un être humain, l’héroïne est véritablement une fusée, du point de vue symbolique. Néanmoins, elle s’estime encore plus efficace qu’une fusée matérielle. Par exemple, dans l’épisode 10 « Des Cultures différentes », elle se pointe dans la ferme de François pour lui proposer ses services d’aide-ménagère, offerts par la mairie, ce qui étonne l’agriculteur qui se demande comment la mairie a été au courant de ses besoins. Joséphine lui répond, en s’appuyant sur le jeune assistant agricole africain Omar : « Eh bien Radio Tam-Tam. Comme dans tous les villages. Pas vrai, Omar ? ». Et ce dernier d’acquiescer : « Le Tam-Tam va toujours plus vite que la fusée Ariane. » (Omar).
 

Au final, le moyen de transport le plus utilisé par Joséphine est sans conteste la main (connectée au cerveau, puisque notre ange gardien ferme les yeux et fournit un effort de concentration). Ça s’appelle tout bonnement de l’expansion de conscience… digitale ! Par exemple, dans l’épisode 77 « Dans la tête d’Antoine », elle engage Antoine à lui donner la main (« Vous me faites confiance ? »). Leurs mains unies s’illuminent, comme dans une Chaîne d’Union maçonnique, et ils changent de lieu. Ils migrent dans la tête et les souvenirs de l’homme plongé dans le coma. Joséphine joue la guide (spirituelle) et commande les déplacements de son client, en se servant de sa main comme d’un joystick : « Bon allez, on continue la visite. ». C’est un peu le fil d’Ariane. Dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », Joséphine et Ismaël, tous deux anges gardiens, se téléportent aussi grâce à Joséphine, parce qu’ils se tiennent la main et que c’est elle qui dirige les opérations de déplacements, comme une bonne mère avec son petit. Il arrive que l’héroïne disparaisse et fasse disparaître simultanément avec elle une autre personne à l’insu de celle-ci. Comme un enlèvement. Toujours dans l’épisode 90, à un moment, Ismaël se volatilise en même temps qu’elle, alors qu’il n’a rien demandé. Joséphine demande rarement l’avis des personnes qu’elle déménage. Mais ça peut arriver. Dans l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants », elle assure la téléportation de la jeune Alice en haut de la basilique du Sacré-Cœur de Paris en la tenant par la main, avec son consentement. Dans l’épisode 6 « Une Nouvelle Vie », elle déplace magiquement le jeune Thomas du Muséum du Jardin des Plantes jusqu’au domicile de sa mère, en lui faisant croire que c’est Peter Pan qui a opéré ce prodige de téléportation.
 

Joséphine a tendance à ne téléporter que des êtres vivants qui ont pour particularité de ne pas avoir de volonté, donc qui, du coup, vont se laisser soumettre. En premier lieu, les animaux. Par exemple, dans l’épisode 32 « La Couleur de l’Amour », en un claquement de doigts, elle déplace un troupeau de vaches où elle veut, d’un pré à l’autre. Dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », elle entraîne avec elle Sam-Sam le chameau : « Alors, le champion, qu’est-ce que tu dirais d’une petite téléportation ? ». Joséphine ironise même sur l’incapacité des animaux à se téléporter tout seuls sans elle. Notamment, dans l’épisode 74 « Tous au zoo », Clara, la directrice d’un zoo, essaie de comprendre comment le lion Spartacus a pu s’échapper de son enclos : « Si c’est pas la clôture, c’est que quelqu’un a laissé l’enclos ouvert… Y’a bien une explication. Il s’est pas téléporté. » (Clara) « Oh ben non. C’est sûr qu’un lion, il peut pas claquer des pattes. » (Joséphine).
 

Mais en second lieu, Joséphine téléporte les Humains quand ils ne sont pas conscients, ou qu’ils deviennent des témoins gênants faisant obstacle à ses manigances : les personnes dans un état de sommeil profond (par exemple, dans l’épisode 72 « Les Boloss », elle déplace Jeanne du canapé du salon à son lit, par téléportation), les personnes fortement alcoolisées (dans l’épisode 20 « Le Stagiaire », elle fait carrément disparaître un mec bourré dans une fête improvisée du foyer de Nina), les témoins oculaires potentiellement dangereux (dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », notre héroïne et ses amis occupent une maison abandonnée sans autorisation de leurs propriétaires, et lorsqu’un voisin fourre son nez sur cette occupation illicite et est sur le point de donner l’alerte, Joséphine claque des doigts pour s’en débarrasser, et le pauvre voisin disparaît instantanément : « Mince. Où je l’ai envoyé ? ».
 

Les déplacements de l’ange gardien obéissent à un plan extrêmement méthodique (le scénario) et chirurgicalement précis. Je dirais même « automatique ». Joséphine avoue d’ailleurs qu’elle est sur pilote automatique : « C’est un peu comme si j’étais en mission commandée. » (c.f. l’épisode cross-over avec Camping Paradis intitulé « Un Ange au camping »). Aussi bien dans les arrivées que dans les départs, elle se déplace immédiatement et sans prévenir. Elle se pointe toujours au bon endroit et à point nommé : « Bon, il est où, mon François Spontini ? Normalement, j’arrive à l’endroit où sont mes clients ! » (c.f. l’épisode 78 « Carpe Diem »). Cela étonne tout le monde : « Joséphine, t’es toujours quand il faut et où il faut. Comment t’as su ? » (Thierry par rapport à sa tentative de suicide au gaz dans sa cuisine, dans l’épisode 3 « Le Tableau noir ») ; « Joséphine ? Qu’est-ce que tu fais là ? Comment tu m’as trouvée ? » (Jessica dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi »). Les apparitions joséphiniennes, bien qu’impromptues voire gênantes pour les protagonistes, ne sont jamais hasardeuses ou inutiles. Elles sont en général guidées par l’utilité, la captation d’informations et de données capitales pour le bon déroulement de l’intrigue.
 

Parfois, Joséphine décide d’apparaître pile à l’endroit où elle veut. Elle peut à priori se diriger partout. Mais elle marque une nette préférence pour les territoires francophones, car c’est principalement la langue qui dicte la loi de gravité de Joséphine. Et plus on avance dans les épisodes, plus ses déplacements aboutissent au lieu précis de sa volonté et à proximité de la personne qu’elle désire retrouver. Elle n’a même pas besoin de le chercher : elle s’économise et l’effort du trajet et l’effort de recherche des personnes. La précision de ces téléportations s’opère dans deux cas de figure : soit l’extrême nécessité ou danger de mort, soit pour prendre les gens en faute et se servir de la preuve en présence pour les faire chanter. Par exemple, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », le claquement de doigts conduit directement Joséphine près d’Alice sur le point de se suicider en se jetant d’un pont parisien. Dans l’épisode 66 « De père en fille », elle se téléporte directement dans le hangar de Jacquelin où les œuvres d’art qu’il a volées sont entreposées Les claquements de doigts n’approchent pas non plus trop directement Joséphine de sa cible. Juste assez pour lui laisser une petite marge de manœuvre de difficulté et de déduction, un simulacre de prise de risque, de liberté et d’action. Dans l’épisode 68 « Restons zen », elle se téléporte sur une pirogue non loin de Bastien, son client menacé pour une maladie évolutive invisible. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », elle part récupérer Chanelle, une adolescente rebelle, sur son lieu d’auto-stop, pour qu’elle ne coure pas de risque et ne tombe pas sur un automobiliste malveillant.
 

Vous serez peut-être étonnés de me l’entendre dire mais au bout du compte, les trajets de Joséphine sont inexistants. Elle se contente d’apparaître et de disparaître. C’est tout. Ses moyens de transports ne la mènent nulle part. Et le pire, c’est qu’elle se convainc elle-même qu’en affichant sa fatigue, donc les effets du déplacement, elle se déplace vraiment : « C’est pas marrant tous les jours d’être ange gardien. En plus, on est tout le temps tout seul. On change de ville, de pays, de siècle, toutes les cinq minutes. C’est très fatigant ! » (c.f. l’épisode 2 « L’Enfant oublié »). En fait, elle ne parcourt pas les distances qu’elle prétend faire, ni même parfois le voyage des lieux ou pays où elle prétend être. Les rares fois où, selon toute vraisemblance, Joséphine s’est vraiment rendue sur place, et a effectué un déplacement un peu coûteux et hors studios, c’est la Réunion (c.f. l’épisode 26 « Enfin des vacances… ! »), la Thaïlande (c.f. l’épisode 43 « Sur les traces de Yen » et l’épisode 68 « Restons zen ») et le Maroc (c.f. l’épisode 57 « Un petit coin de paradis »)… et encore… uniquement des destinations de rêve ! Même dans ces cas-là, pour s’y rendre, l’avion est un moyen de transport qui – pire que le train – abolit les distances et les frontières transnationales, spacio-temporelles. Sinon, en temps normal, grosse mémère s’évite tout déplacement « inutile et dangereux », le moindre effort. « J’ai un fiancé-ange, mais je ne le vois pas très souvent en ce moment car il est en Afrique. Et là-bas, y’a du boulot. » (c.f. l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants »).
 

Lorsque Joséphine arrive d’un pays étranger, ça sent l’intox ou le prétexte missionnaire à plein nez : « Apparemment, je suis pas en Hollande. Parce qu’en bas, c’est pas les tulipes. » (Joséphine parlant depuis le toit du Moulin Rouge à Paris, dans l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne ») ; « Aaah ! Je viens de Montréal. C’est pour ça qu’ils m’ont habillée comme un ours polaire. » (c.f. l’épisode 62 « Yasmina »). Il est indéniable qu’elle n’est pas allée là d’où elle prétend venir. Et même quand elle est placée quelque part en début d’épisode, dans un cadre précis qui fait référence à une topographie connue mondialement et dont l’existence ne peut pas être remise en cause tellement il est unique et irremplaçable (la Belgique dans l’épisode 5 « Une Mauvaise Passe », la Bretagne dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », le désert saharien dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », la Martinique dans l’épisode 93 « Enfin libres ! », etc.), on peut se poser la question de l’authenticité des lieux de tournage de Joséphine ange gardien. Par exemple, je me demande même si l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », se déroulant théoriquement en Écosse, a bien été tourné là-bas… mais j’ai des doutes (Quand on sait que les scènes british et oxfordiennes du film « Guillaume et les garçons à table ! » de Guillaume Gallienne ont été tournées à la Cité Universitaire de Paris, il faut s’attendre à tous les artifices avec les réalisateurs d’aujourd’hui !). En revanche, je mets ma main à couper que l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton » n’a pas été tourné in situ, donc aux États-Unis, mais bien dans une reconstitution locale de Far-West, en Andalousie (Espagne). Et il est évident que l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie » au pays des pharaons n’a pas été réalisé en Égypte.
 

Joséphine, c’est un peu le nain d’Amélie Poulain, avec les diapositives exotiques qui défilent derrière. Le cortège de déplacements vers l’étranger qu’elle déroule n’est qu’un écran de fumée, qu’un éventail derrière lequel elle cache son immobilisme. On en a la preuve dans l’épisode 5 « Une Mauvaise Passe », quand elle montre fièrement sa collection de passeports (elle a le passeport diplomatique, en gros !). Elle se la joue Citoyenne du Monde. Mais elle ne part pas concrètement à la rencontre des autres (en particulier des plus pauvres) ni dans tous les pays où elle feint d’aller. Elle y séjourne comme une Ambassadrice du Gouvernement Mondial : d’un clic, comme on feuillette un catalogue, derrière un mur d’écrans télévisés, ou dans des réserves de riches, entourée d’un décor en carton-pâte, de figurants habillés en couleur locale et de gardes du corps très rapprochés. Elle se déplace davantage vers les clichés folkloriques d’un pays – et construits de toute pièce par la subculture mondialiste – que vers les pays en question : notamment par la gastronomie (exemples : le restaurant japonais dans l’épisode 39 « Profession menteur », la chaleur d’un foyer de Russes expatriés dans l’épisode 58 « Liouba »), par personnes – et globe-trotters franchouillards – interposés (exemples : Yann et Ariane partis en voyage en Amérique du Sud dans l’épisode 52 « L’Homme invisible », Gaspard et Camille qui se sont rencontrés lors d’un voyage en Bolivie dans l’épisode 65 « Pour la vie », Anne partie en Thaïlande dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », Zoé la baroudeuse en Asie dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi », la mère de Jules au Cambodge dans l’épisode 87 « Un pour tous », Stéphane au Tibet et au Kenya dans l’épisode cross-over « Un Ange au camping »), par les exilés en France (exemples : les gamins des rues polonais dans l’épisode 24 « Un Frère pour Ben », les visiteurs étrangers brésiliens dans l’épisode 50 « Le Frère que je n’ai jamais eu », les immigrés maghrébins vivant en cité HLM parisienne dans les épisodes 12 « Romain et Jamila », 19 « Nadia » et 62 « Yasmina », les sans-papiers africains dans l’épisode 32 « La Couleur de l’Amour »), par les reconstitutions exotiques (exemples : le jardin oriental dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », le moulin hollandais de l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne »), par les mots et les imitations parodiques (exemples : dans l’épisode 33 « De toute urgence ! », elle feint d’entretenir une discussion avec Camila, une amie anglaise fictive ; dans l’épisode 37 « L’Ange des casernes », elle se fait passer pour la prof d’anglais de Camille, native d’Angleterre ; dans l’épisode 39 « Profession menteur », elle imite une touriste allemande perdue dans Paris ; dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », elle se fait passer pour une étudiante québécoise en architecture…), par les écrans et la chanson (exemple : le karaoké dans un resto chinois dans l’épisode 23 « Sens dessus dessous », le karaoké dans un resto italien dans l’épisode 33 « De toute urgence ! »), par la danse et les musiques nationales (exemples : les cours de tango argentin à Paris dans l’épisode 70 « Tango », la sérénade au balcon en mode mariachi mexicain dans l’épisode 78 « Carpe Diem »), par les businessmen et investisseurs étrangers (exemple : Monsieur Takata l’homme d’affaires japonais dans l’épisode 24 « Un Frère pour Ben », Rose souhaitant faire carrière au Québec dans l’épisode 64 « Yasmina », le comte russe Ivan Smilenkov qui a fait fortune dans le pétrole dans l’épisode 66 « De père en fille »), par la mention approximative d’un souvenir lointain ou d’un vague désir de voyage futur (exemple : dans l’épisode 58 « Liouba », elle dit qu’elle est allée en Russie il y a plusieurs siècles ; et à la toute fin, elle exprime une forte envie de partir en Espagne : « Une p’tite mission à Séville, ce serait trop top ! »), etc. Par exemple, dans l’épisode 10 « Des Cultures différentes », Joséphine imite l’accent paysan, et se fait démasquer ironiquement par Omar : « Pourquoi t’as inventé que tu parles comme une carte postale ? Nous, on va deviner que t’arrives de Paris et que t’as même jamais vu une vache. » Dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », elle débarque dans un jardin oriental parisien, mais se croit en Asie (« Ça c’est sympa. Une mission au Japon. Par contre, j’fais pas très couleur locale… »). Elle se déguise en geisha, baragouine quelques mots en japonais à des visiteurs aux yeux bridés mais qui se révèlent français car ils ne la comprennent pas, et veut déguster un repas asiatique (« J’mangerais bien un p’tit sushi, moi. »).
 

Au bout du compte, Joséphine ne connaît ni le travail ni le voyage : « En fait, je suis venue par mes propres moyens : un p’tit peu de train, un p’tit peu de bateau, un p’tit peu de… [elle mine l’auto-stop]. Et puis j’ai terminé en chameau. » (Joséphine s’adressant à Éric, le directeur du village-vacances qui s’étonne qu’elle ne soit pas arrivée avec le même convoi que les autres membres du personnel, dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis »). Les trajets, elle ne sait pas ce que ça veut dire. Son corps a l’air de se mouvoir dans l’espace, mais il ne se meut pas. Elle est partout et nulle part. « Ah beh dis donc, t’es partout, toi… » (Maxime s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 36 « Remue-Ménage ») ; « Je suis partie très très longtemps. Loin loin loin. J’étais complètement à l’ouest. » (c.f. l’épisode 63 « Le Cirque Borelli »). Joséphine est un globe-trotter statique, un hologramme qui donne l’illusion d’ubiquité et de déplacement. Elle illustre ce que je pourrais appeler le « nomadisme dans l’immobilité » contemporain, ou le « sédentarisme mobile », concrètement permis par les écrans audiovisuels et par les drogues qui effacent l’espace-temps et qui permettent aux personnes qui s’y soumettent de « s’absenter sur place » (celles-ci diront « planer », « voyager »), d’offrir une présence absente, un déplacement virtuel mais qui a l’air réel. Le corps, ou plutôt l’image du corps, se déplace… mais pas le cœur… et finalement, pas le corps.
 

Le plus dingue, c’est que, même quand factuellement Joséphine ne s’est pas rendue dans le pays où elle prétendait s’orienter ou revenir, elle se persuade elle-même et persuade les téléspectateurs qu’elle y a été, ou bien qu’elle est une grande voyageuse. « Dis donc, vous avez la bougeotte ! » (Catherine) « Si vous saviez… » (Joséphine, dans l’épisode 48 « Les Majorettes »). Par exemple, dans l’épisode 70 « Tango », dont l’action se déroule de bout en bout à Paris, mais pendant un cours de danse argentine (le tango) où résonne le bandonéon, Joséphine confond la réalité et la fiction : « Génial, je suis en Argentine ! ». L’atmosphère nationale, pour elle, équivaut à la nation. Et comme intellectuellement, elle se rend quand même compte qu’elle n’est pas au pays qu’elle ressent, elle resitue les choses dans leur contexte… mais tout en persistant à se bercer de l’illusion d’avoir couru le Monde : « J’en ai un peu marre de voyager, et j’ai décidé de me fixer en France. ». On croit rêver… Ces états de sidération et d’illusion de déplacements, qu’on peut observer chez les consommateurs de cinémas dynamiques avec lunettes 3D, ou chez les illuminés, n’est pas l’apanage de Joséphine. D’autres personnages de la série croient aussi réussir l’exploit improbable de revêtir la couronne de l’homme d’action héroïque ou bien du voyageur transnational (et même cosmique) sans se lever de leur canapé : « Grâce à elle, j’ai découvert le monde sans bouger d’ici. » (Camille parlant de son arrière-grand-mère Garance Martin, archéologue, qui a parcouru le monde et notamment l’Égypte, dans l’épisode 85 « La Femme aux gardénias »).
 

En fait, Joséphine est pleine de paradoxes concernant l’espace-temps… parce qu’au fond elle ne fait pas ce qu’elle dit. C’est une voyageuse apatride. Ou une mythomane paresseuse et caractérielle. Je ne sais pas ce qu’il faut dire. Elle croit se balader quand en réalité elle ne bouge pas, elle croit être patiente quand en réalité elle ne supporte pas le contretemps, elle croit faire œuvre de mémoire en « voyageant » dans le temps quand en réalité elle fuit et défigure l’Histoire.
 

À l’inverse d’une électricité statique, l’électricité qui anime Joséphine est mobile, circulante. C’est avec cette dernière qu’elle fait ses claquements de doigts de déplacements (qui ne l’entraînent pas toujours où elle veut, d’ailleurs). Comme la foudre, elle s’abat de manière assez imprévisible et aléatoire. Déjà, Joséphine est réceptable de la foudre électrique céleste : « Ça, je te l’ai dit : j’suis un vrai paratonnerre. » (c.f. l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur »). Les déplacements joséphiniens sont caractérisés par la fulgurance. Comme si elle se déplaçait à la vitesse de la lumière ou de l’éclair. « Comment t’es arrivée là ? » (Gabriel, ange gardien de 10 ans) « Y’a pas que toi qui coures vite. » (Joséphine, dans l’épisode 20 « Le Stagiaire »). Pourtant, elle dit détester la vélocité humaine : « Oh non… moi qui déteste la vitesse… » (c.f. l’épisode 78 « Carpe Diem »). Mais la vitesse luciférienne ne la gêne pas le moins du monde, car elle ne nécessite, quant à elle, aucun effort. Il s’agit d’un déclic électrique ou d’une douche lumineuse. Par exemple, dans l’épisode 18 « La plus haute marche », notre ange gardien se propulse magiquement et directement au cinquième étage… et cette accélération a l’effet d’un passage dans un tube ou un vortex énergisant : elle en ressort toute décoiffée, les cheveux ébouriffés.
 

Les déplacements/mouvements de Joséphine la divinisent autant qu’ils l’enrichissent matériellement. Comme je l’expliquais en intro par rapport au lien entre or et mobilité, notre ange gardien télévisuel crée de la richesse et de l’énergie aurique en « se déplaçant ». Par exemple, dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », Hadley, une sorte de Sherlock Holmes des temps modernes, propose à Joséphine de se rendre dans une municipalité écossaise appelée Dundee et qui se situe à 100 miles du château où ils se trouvent. Joséphine blague et demande « combien ça fait en euros ». Son comparse répond : « En kilomètres, vous voulez dire ? 160. ». Selon la logique de la Blockchain, pour acquérir une liberté et une valeur, il faudrait être toujours en activité, s’éclater, s’activer, se réaliser dans le mouvement (même ralenti et en « pause » de temps en temps), être toujours en vadrouille, voyager dans le temps et l’espace, se téléporter partout. À l’instar de Joséphine, véritable électron « libre » lumineux, perpétuelle fusée humaine. D’ailleurs, on nous présente les personnages fuyants et insaisissables de la série comme d’incorrigibles héros : « Elle n’a jamais été capable de tenir en place plus de dix minutes. » (Alain par rapport à Romane, sa fille lesbienne, dans l’épisode 68 « Restons zen »). Même les personnes âgées rentrent dans la course à la mobilité, et se transforment en vrais bolides sur leur fauteur roulant électrique : « Clémence ! Tu te prends pour Lewis Hamilton ? » (Olivier s’adressant à sa vieille amie, dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée »).
 

Le personnage de Joséphine est l’exemple même de cette auto-création et auto-gestion générées par le déplacement corporel. L’électricité, c’est la mobilité (les dynamos – dynamiques par définition – le disent bien !). Notre ange gardien promeut les voyages et incite les autres à bouger. Pour elle, le mouvement, c’est sacré : « Attends, c’est pas rien, t’as fait des sacrés voyages, quand même ! » (Joséphine s’adressant à Anne pour lui remonter le moral et lui démontrer l’utilité de sa vie, dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais ») ; « Allez les fifilles, faut reprendre des forces. Parce que demain, vous avez une sacrée journée qui vous attend. » (Joséphine s’adressant aux rênes du Père Noël, dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé ») ; « C’est pô gagné. J’suis pas encore sur les pistes. » (Joséphine parlant des pistes de ski, idem). Et on la voit en apparence bouger de tous côtés, courir à droite à gauche. Le mouvement tel qu’il est figuré dans le téléfilm tue le vrai mouvement, ou du moins le limite.
 
 

DANS D’AUTRES ŒUVRES DE FICTION

 

À mon sens, le film pro-mouvement par excellence – « World War Z » (2013) de Marc Forster (avec la fameuse réplique de Brad Peet « Movement is Life » – démontre à son insu que d’une part l’idéologie mouvement-lâtre est anti-mouvement (bouger revient à attirer l’attention des zombies et à les exciter : pour avoir la vie sauve, il faut donc se cloîtrer chez soi en mode « confinement », ou bien cesser de bouger face à eux) et d’autre part que le mouvement mondialisé qui meut le Monde actuel est mauvais, viral et zombiesque. Suivre le mouvement (ou – ce qui revient au même puisque ce mouvement est contre lui-même – s’y opposer trop frontalement), cela revient à se condamner soi-même et à faire un pacte avec le diable.
 

 
 

LE CATHO-CON (progressiste ou conservateur) FAIT PAREIL…

 

Je pense que le concept même de « mouvement » ne se marie pas avec le catholicisme. Car il étouffe l’individualité des personnes et entrave les risques encourus pour Jésus. Il abolit toute Vérité (qui, par définition, DEMEURE et ne varie pas). Dans le milieu catholique, le « mouvement » (synonyme d’« association » ou de « communauté » ou de « fraternité ») est en général une prison qui n’en porte pas le nom, prison dorée terrible parce que ça fait « collectif et engagé » mais en réalité le « mouvement » en question n’engage ni la personne individuelle ni le combat pour la Vérité qu’est Jésus. Tous les fidèles catholiques que j’ai entendus invoquer « le mouvement » (exemples : le « mouvement pro-Vie », le « mouvement Civitas », etc.) en réalité se planquent derrière un groupe pour ne pas avoir à affirmer une pensée personnelle ou le don personnel de leur vie. Et dès que vient le risque de l’engagement et des persécutions, ils disent qu’ils ne veulent pas mettre en péril (l’image de) leur « mouvement », ou bien ils font mine de nous faire patienter en prétextant qu’ils vont « consulter » et « obéir » aux supérieurs de leur « mouvement »… pour retarder leur réponse négative (les rares fois où ils se donnent la peine de la verbaliser).
 

Et les plus hypocrites dans le domaine du mouvement, ce sont les catholiques conservateurs, qui n’en sont pas moins soumis à la mode du mouvement, mais qui, pour prendre le contrepied du progressisme moderniste en perpétuel mouvement et bruit (« Nous sommes constamment en mouvement. » déplore le Cardinal Sarah : stress, pollution, votre cuir chevelu est agressé…), vont soutenir que « le vrai mouvement c’est l’immobilisme, le retour en arrière, la Tradition et le conservatisme ». Ils rentrent dans une posture figée d’hommes priants en plein mouvement intérieur de piété. Mais leur rétropédalage passéiste, civilisationniste, patrimonialiste et ritualiste, tout christocentré et mémoriel (« historique ») qu’il soit, reste aussi un mouvement volontariste et orgueilleux.
 

En résumé, je crois qu’il n’y a pas à idéaliser ni à diaboliser le mouvement ou le mot « mouvement ». Tout dépend de ce qui l’a motivé, et de sa finalité. Tout dépend de ce qui nous meut. Et personnellement, j’essaie d’être à l’écoute des mouvements de l’Esprit Saint, qui restent difficiles à identifier car on ne sait ni d’où Il vient ni où Il va ni nous entraîne. La seule chose que je sais, c’est qu’Il ne viole pas notre liberté, qu’Il ne génère pas un mouvement de foule brutal, ne gomme pas notre individualité, et qu’Il est fondamentalement joyeux. Et c’est un mouvement qui nous permet de demeurer (éternellement dans le cœur de Dieu).
 
 

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