Je viens de regarder en entier ce live du frère Paul Adrien, frère dominicain très actif sur les réseaux sociaux, interviewant un ex franc-maçon, Christophe Flipo, converti au catholicisme après 20 ans en Franc-Maçonnerie. Et même s’il y a des choses intéressantes et pertinentes (techniquement parlant), je suis peiné et inquiet de la trajectoire bien-pensante et extériorisée que les débats sur le sujet abordé ENFIN par les catholiques prend.
Ça me fait penser exactement au sentiment fallacieux d’auto-contentement et d’impunité-immunité de certains cathos qui m’invitaient en conférence juste pour le symbole que ça leur procurait de me recevoir en tant que témoin homo catho ( = parler du sujet de l’homosexualité, ne soi-disant pas être homophobe, ou bien le fait que ça les confortait dans l’idée que l’homosexualité était un mal et que la seule voie de sainteté d’une personne homo était la continence et qu’elle était possible), mais sans approfondir la question de leur responsabilité dans l’homosexualité, de la pertinence de leur manière de s’opposer à la pratique homo ou au mariage gay, la question de leur compréhension profonde du « pourquoi c’est un mal/péché », la remise en question de leur manière de nous accueillir aussi. Leur démarche reste en surface, et ça ne règle finalement pas le problème, même si ça donne l’impression de l’inverse.
Je constate, concernant l’interview des ex-francs-maçons par les catholiques, le même enlisement, le même immobilisme, le même auto-contentement, dans la posture du rejet du mal et de l’énonciation d’une incompatibilité de principe entre catholicisme et Franc-Maçonnerie, ou entre prêtrise et Franc-Maçonnerie, d’une part, et dans la posture du christocentrisme intégral, d’autre part, qui nous prémunirait de tomber en Franc-Maçonnerie… alors que dans mon futur livre sur l’infiltration de la Franc-Maçonnerie dans l’Eglise Catholique, je prouve que l’appartenance au catholicisme ne prémunit de rien, la dénonciation de la Franc-Maçonnerie non plus, l’énonciation de l’incompatibilité entre catholicisme et Franc-Maçonnerie non plus, l’invocation de la charité et de la divinité de Jésus non plus. C’est justement quand on se croit à l’abri de la Franc-Maçonnerie et dans le « bon camp » (celui des adorateurs et suiveurs de Jésus), quand on s’imagine que le franc-maçon c’est forcément l’autre (et pas soi), ou quand on se sert du christianisme comme paratonnerre de la Franc-Maçonnerie, qu’on commence précisément à rentrer sans s’en rendre compte en Franc-Maçonnerie ! Ce genre de live est donc contre-productif.
Je ne commencerai à croire le témoignage des « ex-francs-maçons » que lorsque j’entendrai l’un d’entre eux confesser et comprendre que, même s’il est sorti officiellement de la Franc-Maçonnerie (parce qu’il a rendu son badge), il est officieusement et concrètement encore loin d’en être sorti. Et je ne commencerai à accorder du crédit aux interviewers et prêtres-journalistes cathos traitant du sujet que lorsque je lirai en eux un véritable effroi-honte d’être potentiellement les pires francs-maçons que l’Eglise ait portés. Or, à l’issue de ce live, trop d’assurance et d’auto-contentement d’être du « bon côté » et de ne pas/plus être franc-maçon, pour ne pas, finalement, en être.
P.S. 1 : Quand je vois la fin, avec le frère Paul Hadrien prier le Notre-Père pour la conversion des francs-maçons et pour qu’ils puissent connaître la Vérité, je me dis : quelle horreur. L’inversion totale de la prière… Et le pire, c’est qu’il se croit très « fraternel (en Christ) ».
P.S. 2 : Pour lire un autre article sur le frère Paul-Adrien, c’est ici.