Archives de catégorie : Phil de l’Araignée

Le film « Deadpool 2 » de David Leitch : nouvelle missive gay friendly de la Fin des Temps


 

C’est incroyable comme en ce moment, la Bête s’excite, et toujours en lien avec l’homosexualité, la puce électronique, la Franc-Maçonnerie mondiale et la Fin des Temps (cf. mon article sur la « Bête-Hétérosexualité » et mon livre Homo-Bobo-Apo). On en trouve un parfait exemple avec le film « Deadpool 2 » (2018) de David Leitch, où l’homosexualité se trouve à tous les carrefours :
 

Wade et Cable


 

Le héros, Wade (« Deadpool »), présenté comme hétérosexuel, tripote pourtant (accidentellement ?) le cul de son ami Colossus, se voit porté un peu plus tard par lui comme une mariée dans ses bras. Leurs rapprochements corporels sont tellement équivoques que même Vanessa, la compagne officielle de Wade, demeurant dans l’Au-delà, lui conseille ironiquement « de ne pas coucher avec Colossus » (« Don’t Fuck Colossus »).
 

 

Il n’y a pas que le super-héros principal de ce Marveil Film qui est concerné par une homosexualité latente (cf. le code « Super-héros » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : on retrouve aussi le personnage de Weasel (le jeune Indien hyper-sensible qui s’identifie à l’actrice Kirsten Dunst : Wade lui caresse d’ailleurs langoureusement les cheveux pendant que Weasel conduit son taxi), le personnage de Cable (d’abord ennemi de Wade, puis qui finalement vire sa cuti et fait carrément sa déclaration à Wade : « Tu me rappelles ma femme. » ; c’est tellement le grand amour entre eux qu’il le traite de « beau gosse »), le personnage de Negasonic Teenage Warhead (la baby Butch garçon manqué, officiellement en « couple » avec une autre super-héroïne, sa copine asiatique Yukio : Wade renchérit en les félicitant toutes les deux « Vous formez un très joli couple »). En clair, on a vraiment l’impression que tout le monde est bisexuel dans ce film pourtant ouvertement hétérosexuel et destiné à un public beauf hétéro.
 

 

Les références homosexuelles prédominent dans les dialogues : par exemple, Wade se fait le chantre de toutes les transgressions qui heurtent la morale, à commencer par la transgression de la différence des sexes (il déclare à plusieurs reprises que « Les règles sont là pour qu’on les viole ») ; à un autre moment, il se targue de « maîtriser les câlins » ; enfin, il mentionne le site de rencontres homosexuelles Grindr comme corollaire à Tinder, deux applis que Cable consulterait.
 

 

Concernant cette fois l’équipe du film, les scénaristes – en particulier Rhett Reese – ne brillent pas par leur masculinité. C’est plutôt voix haut perchée et gestuelle très maniérée. Je ne me lancerai pas dans des spéculations hasardeuses. Mais je n’en pense pas moins. Ils avouent eux-mêmes leurs sympathies LGBT et qu’ils ont tenu à inclure dans « Deadpool 2 » des clins d’oeil ouvertement gays.
 

 

La thématique homosexuelle n’est bien sûr pas traitée, mais juste affichée et diluée dans un panel de diversités appelé « altruisme » (le mot apparaît) ou « variétés ». Comme dans le film Ready Player One de Steven Spielberg, « Deadpool 2 » nous offre des séquences Nostalgie saupoudrées de références gays-kitsch des années 1980, comme A-ha. Et il est fascinant de voir encore une fois l’homosexualité associée à la fois à la puce électronique (il est question des X – le gang carnavalesque de Wade s’appelle « X-Force » -, des cubes – « Moi Tupac, toi le Cube » déclare Russell à Juggernaut, des énergies cosmiques – Domino suit ses « étoiles cosmiques » -, etc.), à la fois à l’Apocalypse (il est question de la Bête ; Cable dit qu’il voit « Le monde se chier dessus avant l’Apocalypse » ; quant au directeur du pensionnant de Russell, il joue les prophètes de malheur juste avant d’être écrasé par le taxi de Weasel : « L’heure du jugement est arrivée ! »).
 

 

La Fin des Temps et l’arrivée de Jésus sont vraiment imminentes. Beaucoup de films actuels l’annoncent à leur insu.

Décryptage du livre Bâtir un Pont du jésuite James Martin : Maman vous attend sur son pont


 

On m’a souvent parlé du père James Martin, prêtre jésuite nord-américain, et de ses propos gays friendly (= pro-gays). Mais à vrai dire, je ne m’étais pas encore trop penché sur son cas, car je trouvais la chasse aux sorcières « progressistes et réformatrices » lancée contre lui par la Réacosphère excessive, mal argumentée et mimétique de ce qu’elle attaque. En plus, à mon avis, il y a une urgence beaucoup plus grande à dénoncer le danger venant du côté des évêques et des cardinaux traditionalistes tels que le cardinal Sarah (car jamais l’Église Catholique du haut ne validera les thèses de James Martin ; en revanche, l’Église risque beaucoup plus fortement de se soumettre à des types dangereux et ecclésialement corrects comme le cardinal Sarah). Le père James Martin fait diversion sur la véritable source du schisme, et arrange finalement tout le monde en incarnant le « Danger progressiste ». Je voulais éviter de nourrir la haine et la diabolisation facile autour de James Martin. Donc je ne m’attaque à son discours, et à son livre Bâtir un Pont (titre initial : Building a Bridge) que maintenant. Et je vais essayer d’en montrer non pas toute l’horreur et la laideur, mais au contraire toute la brillance, la beauté, la franchise, la séduction, le côté rose-bonbon, l’hypocrisie aussi. Ce sera une manière de reconnaître les bonnes intentions et la sincérité de l’ouvrage Bâtir un pont, qui se veut vraiment « constructif », qui prétend nous accueillir, nous, personnes homosexuelles, telles que nous sommes, et tel que l’Église Catholique et Jésus le demanderaient. N’enlevons pas à James Martin sa bonne intention. Même si au final, tout concourt à comprendre qu’il fait partie de ce que j’appellerais la « Génération de prêtres Big Mother » (pour reprendre le titre de l’excellent essai de Michel Schneider écrit en 2002), c’est-à-dire des prêtres pervers narcissiques (et je pourrais rajouter « homosexuel refoulé », donc « homophobe gays friendly »)..
 

Pourquoi je féminise James Martin ? Non par misogynie ou homophobie primaires, ni par mauvaise foi gratuitement méprisante pour le ridiculiser. Mais parce que c’est tout simplement lui qui le fait inconsciemment. Il se présente souvent lui-même au féminin, et comme la bonne mère compréhensive (… face au patriarcat ecclésial qui ne comprendrait rien et accueillerait mal les « personnes LGBT » comme il dit). Il cite particulièrement les mères : « une mère m’a dit » (p. 104), « Récemment, j’ai reçu le message d’une femme… » (p. 32) ; « La délicatesse commence par entendre ce que dit cette maman. » (pp. 104-105) ; etc. Sur Twitter, il met les femmes à l’honneur, bien plus encore que les hommes. Et dans son livre, il nous fait à plusieurs moments des plaidoyers féministes en se servant des récits bibliques (la rencontre entre Jésus et la Samaritaine, ou encore avec Marie-Madeleine) : « D’abord, c’est une femme. » (p. 193) ; « Jésus ressuscité se manifeste en premier à une femme. » (p. 201) ; etc. À son insu, James Martin nous montre qu’il veut nous faire accompagner par le diable, cet ange asexué dont on n’identifie pas le sexe : « Des biblistes ont fait remarquer que le sexe du deuxième disciple d’Emmaüs (l’ami de Cléophas) n’est pas mentionné. Cet autre disciple pourrait donc bien être une femme. Qui vous a accompagné dans vos phases de désespoir ? » (p. 210) Et il fait passer cette démagogie pour de la galanterie, de la justice et de la lutte contre le machisme…
 

1 – LES CADEAUX DE MAMAN MARTIN : QU’Y A-T-IL DANS LE PETIT PAQUET… ?


 

Comme toute gentille mère qui se respecte, Maman Martin a décidé de mettre le paquet pour nous faire plaisir, à nous personnes homosexuelles. Pour quelle occasion ? Aucune. C’est l’occasion qui fait la daronne, comme dit le dicton. C’est soi-disant de manière désintéressée de sa part.
 

Alors voyons voir ce qu’il y a dans le joli paquet enrubanné de Maman Martin. Oh ! Un pont arc-en-ciel Playmobil à construire !! Mais c’est génial ! Exactement celui qu’on voudrait ! Et il nous conduit vers où, ce pont ? Vers un château enchanté qui ressemble à une cathédrale. Et c’est une cathédrale ! Vraiment charmant. On va pouvoir faire des beaux pâtés de sable.
 

Mais c’est qu’on dirait qu’il y a d’autres cadeaux personnalisés dans ce paquet… Maman Martin est trop choute. Elle a pensé à plein de détails. Elle nous offre une robe de princesse, un costume de prince, une layette rose cousue main. Dans son livre, on retrouve de temps à autre le lexique de la lumière-textile : « leurs vêtements » (p. 111) ; « C’est toi qui m’as tissé au ventre de ma mère. […]merveille que je suis. » (Psaume 139 cité) ; « l’image de Dieu nous ‘tissant’ » (p. 177) ; « effilochement du tissu social » (pp. 33-34) ; « alliés » (p. 39, synonyme de « gays friendly ») ; « sont venues se serrer dans l’Église » (p. 25) ; « se sentir plus en lien avec l’Église » (p. 51) ; « les filets » (p. 191) ; « votre filet » (p. 191) ; etc. Et en plus de la layette, Maman Martin a rajouté une jolie lampe de chevet et un mobile lumineux pour que nous n’ayons pas peur du noir, et histoire de resserrer les liens avec nous (au sens de cordages ligotants) : « jeter une lumière nouvelle » (p. 28) ; « une intensité » (p. 33), « intensité » (p. 22) ; « tension » (p. 45) ; « enrichie » (p. 60) ; « soleil brille » (p. 63) ; « l’énergie des catholiques LGBT » (p. 89) ; « transformé » (p. 94) ; « expérience transformante » (p. 173) ; « mettre leur énergie et leurs ressources » (p. 101) ; etc. D’ailleurs, le marquage de fin de chapitre sont des étoiles… C’est magique.
 

Mais l’élan de générosité de Maman Martin ne s’arrête pas aux cadeaux matériels. Elle nous offre surtout des cadeaux symboliques (c’est-à-dire verbaux, légaux, de croyance, sacramentaux). Maman Martin veut satisfaire tous nos désirs (mot qui revient souvent) : « Quels sont vos désirs, vos espoirs ? » (p. 76) et toutes les attentes de ses chers protégés que nous, personnes homos, serions. Elle emploie beaucoup le terme « espoir » : « les espoirs » (p. 13), « vos espoirs » (p. 77), « espoirs » (p. 88) ; « espérer » (p. 131) ; etc. Elle ne veut surtout pas nous frustrer, être castratrice. La bonne mère prétend répondre à tous nos fantasmes identitaires et amoureux, à partir du moment où ils sont homosexuels. Et elle invite tout le monde, et en particulier les pasteurs catholiques, à faire preuve du même laxisme totalitaire : « partager leurs vies comme un tout » (p. 89) Il ne faudrait rien nous céder.
 

Le premier de ses cadeaux symboliques, c’est évidemment la reconnaissance de notre soi-disant volonté d’être reconnues telles que nous sommes (« homosexuels ») et d’« aimer » (homosexuellement, entre autres). Le père James Martin défend l’« identité homo » et l’« amour » homo, et même la transidentité et la transsexualité. À de nombreuses reprises dans son livre, il substantise l’adjectif « homosexuel » : « une lesbienne » (p. 59) ; « une lesbienne » (p. 61) ; « les homosexuel-le-s » (p. 45) ; « les gays et lesbiennes » (p. 125) ; « assumer cette identité » (p. 36) ; « accepter leur propre identité » (p. 185) ; etc. Il croit en l’« identité » homo et la juge « naturelle », « essentielle » : « Ce jeune homme m’a spontanément dit qu’il était gay, et la manière très naturelle avec laquelle il a fait cela m’indiquait qu’il était tout à fait à l’aise avec sa sexualité. » (p. 36). L’idée en filigrane, c’est que l’homosexualité n’est pas un problème et n’a pas à l’être. Être bien avec son homosexualité, c’est, selon James Martin, ne pas en faire un problème, c’est d’intégrer, d’« assumer » (p. 36) son « identité » LGBT.
 

 

Maman Martin croit également en « l’amour » homo : elle défend le sentiment amoureux, le fait de « connaître les sentiments » (p. 91) « comprendre les sentiments » (p. 91) ; « L’un de mes plus vieux amis est un homme gay appelé Mark, autrefois membre d’une congrégation religieuse catholique. Il y a environ vingt ans, Mark a quitté sa congrégation après avoir annoncé qu’il était gay et a refait sa vie avec son partenaire, avec qui il est désormais marié civilement. Ce dernier souffre d’une maladie grave et Mark s’est dévoué de longues années à son service avec beaucoup de tendresse et d’affection. Qu’est-ce que l’histoire de Mark nous dit de l’amour ? » (p. 78) ; etc. Sa croyance au « couple homo chaste » ou en « l’amour homo chaste » ressort dans ses paroles : « Qualifier le sexualité d’une personne d’‘objectivement désordonnée’ est une manière de lui dire que tout son amour, même le plus chaste, est désordonné, ce qui est manifestement un jugement inutilement cruel. » (p. 104) Et encore, à l’écrit, le père James Martin ronge son frein. Il est beaucoup plus cash et permissif à l’oral, où là il sait que ses propos sont moins attaquables et plus insaisissables (comme on l’a vu dans son entretien avec Brandon Ambrosino à l’Université de Villanova le 29 août 2017, où le jésuite ne voyait aucune objection à ce que le jeune homme homo embrasse son compagnon pendant le baiser de paix à la messe…).
 

Maman Martin est très « cool » comme prêtre. Très « ouverte ». Elle croit en la « famille homoparentale » (elle parle de « familles » au pluriel). Étant donné qu’elle voue un culte aux Différences, à l’Altérité (James Martin prononce beaucoup de fois l’expression « l’autre » en tant que personne indéfinie : deux fois p. 19, une fois p. 20, trois fois p. 21, une fois p. 87, deux fois p. 94, une fois p. 102, une fois p. 145, une autre p. 210… et je rappelle que « l’Autre » est un des noms du diable dans la Bible, en plus de « l’Étranger » : « C’est l’étranger que Jésus désigne comme héros. » p. 166), il était logique qu’il confonde la différence des sexes avec l’hétérosexualité (hétérosexualité qui est l’idolâtrie pour toutes les altérités au niveau amoureux et sexuel, le diable déguisé en différence des sexes). Et ça ne loupe pas. Le diable sort dès l’introduction de Bâtir un pont : « de nombreux hétérosexuels » (p. 15). Et ça continue de plus belle après : « personnes hétérosexuelles » (p. 40) ; « les diocèses et les paroisses doivent être cohérents : licencie-t-on un homme ou une femme hétérosexuelle qui divorce puis se remarie civilement sans obtenir un jugement de nullité pour son premier mariage ? » (p. 69) ; « hétérosexuels » (p. 72) ; « les hommes et les femmes hétérosexuels » (p. 72) ; « hétéros » (p. 72) ; « Les hétérosexuels » (p. 72) ; « les jeunes hétéros » (p. 84) « les jeunes hétéros » (encore p. 84) ; « leurs homologues hétéros » (p. 125) ; « homos comme hétéros » (p. 127) ; etc. Toute la pensée martinienne sur l’homosexualité est faussée car basée sur l’hétérosexualité, c’est-à-dire une fausse humanité définie par la pratique génitale, la volonté individuelle et les sentiments amoureux.
 

Maman Martin tient tellement à nous maintenir dans une enfance angélique qu’elle se refuse à nous voir grandir et à devenir hommes ou femmes. Elle veut nous débarrasser de notre sexuation. Le sexe, elle n’aime pas. Elle trouve ça sale, animal, dégradant : « L’expression ‘attraction pour les personnes de même sexe’ s’appuie sur le mot ‘sexe’. C’est donc loin d’être l’idéal. » (p. 56). Par exemple, elle préfère dire « cisgenre » qu’« hétérosexuel » (p. 81)… parce que dans « hétérosexuel », il y a le suffixe « sexuel ». Beurk ! Elle réduit la sexualité à la génitalité : « Il n’est pas nécessaire de toujours tout ramener à la sexualité. » (pp. 16-17). James Martin valide carrément la transsexualité (alors que la transsexualité est un mythe : on ne change pas de sexe, même après opération). « Voilà une femme manifestement hétérosexuelle qui avait épousé un homme désormais devenu femme. » (p. 81) Il justifie également la transidentité (dysphorie de genre), en promouvant discrètement l’idéologie du Gender, dont la caractéristique formelle est le remplacement (ou l’absorption du mot) « sexe » par le mot « genre », et qui est concrètement une promotion de toutes les « identités sexuelles » : « un spectre qui va de l’un à l’autre » (p. 21) ; « un sexe (genre) ou l’autre » (p. 21) ; « identité de genre » (p. 76) ; « la femme cisgenre » (p. 81) ; « Voilà un mariage [entre une femme et une femme trans F to M] que la plupart des clercs qualifieraient d’irrégulier. Et pourtant, un modèle de fidélité et de loyauté. Même après que l’un des membres du couple eut fait sa ‘transition’, le mariage était toujours là, intact. Qu’est-ce que ce couple nous dit de la fidélité ? » (p. 81) ; « votre identité de genre » (p. 159) ; etc.
 

 

Deuxième cadeau symbolique que Maman Martine désire nous offrir : un nom. Celui qu’on veut (ou « voudrait ») : « personnes LGBT », « catholiques LGBT » (et puis ensuite « un homosexuel », « un gay », « une lesbienne », « un bisexuel », « un transsexuel/transgenre »). James Martin développe tout un chapitre sur « comment doivent être appelées les personnes homos ? ». Il instaure la logique de la méritocratie alliée au faire plaisir et à l’affirmation de soi. En gros, il entend négocier auprès des autorités ecclésiales et de l’ensemble des catholiques un « droit à l’auto-détermination » des personnes homos. Exactement comme la mère d’élève qui arriverait à l’école primaire de son fils trans pour imposer à la maîtresse de sa « fille née garçon » et à tout l’établissement le changement de prénom de « sa fille »… et tout ça bien sûr au nom du bien-être existentiel de son enfant, de la prévention anti-harcèlement, et du respect des « diversités » : « Le respect implique d’appeler un groupe de la manière dont il veut être appelé. Au niveau interpersonnel, si quelqu’un vous dit : ‘Je préfère qu’on m’appelle Jim, plutôt que James’, vous feriez très naturellement attention à l’appeler par le nom qu’il préfère. C’est de la courtoisie élémentaire. C’est la même chose à l’échelle des groupes. » (p. 53) ; « Le respect signifie au minimum offrir à la communauté LGBT la même reconnaissance que toute communauté désire et mérite. » (p. 49) ; « Il est plus respectueux d’appeler les personnes par le nom qu’elles préfèrent. Toutes personnes par le nom qu’elles préfèrent. Toute personne a le droit d’être appelée par le nom dont elle veut qu’on use pour elle. » (p. 53) ; « Je ne suis pas le seul à soutenir qu’il faut appeler les personnes par le nom qu’elles préfèrent. » (p. 56) ; « les gens ont le droit de choisir leur appellation. Utiliser ensuite ces termes fait partie d’une relation respectueuse. » (p. 57) ; « le mariage de couples de même sexe » (p. 111). On a l’impression d’entendre le même discours idéologique féministe et individualiste du « Mon corps m’appartient ! », sauf que cette fois, c’est « Leur nom leur appartient ! ».
 

C’est de la cosmétique et du pur nominalisme sentimental, nominalisme que James Martin dénonce chez les autres, en reprochant aux catholiques leur hypocrisie de ne pas nommer les choses… (« Oublions donc les expressions telles que ‘personne attirée par les personnes de même sexe’ qu’aucune personne LGBT que je connais n’emploie, ou même ‘personne homosexuelle’ qui semble trop clinique à beaucoup. Comment la communauté LGBT pourrait écouter l’Église si cette dernière persiste à user d’un langage qui est offensant pour elle ? » p. 55)… mais lui, qu’est-il en train de faire avec l’homosexualité ? avec le « mariage gay » (expression qu’il ne prononce jamais) ? avec le péché d’homosexualité ? avec sa probable homosexualité à lui ? La même chose ! Il cautionne le mensonge identitaire du coming out, le mensonge amoureux du « couple » homo, il cache sa propre tendance sexuelle, et il ne dit rien sur le péché qu’est la pratique homosexuelle.
 

Maman Martin dévoile beaucoup plus loin le noir dessein de son nominalisme gay friendly (et vraiment, ça fait froid dans le dos…) : c’est pour avoir le pouvoir sur nous, ses chers enfants LGBT : « Connaître le nom de quelqu’un, dans le monde de la Bible, c’est déjà connaître un peu la personne, partager une certaine intimité avec elle, voire posséder un certain pouvoir sur elle. » (p. 157) ; « Connaître le nom de quelqu’un revient, en un sens, à connaître cette personne, à rentrer dans son intimité, voire à exercer un pouvoir sur elle. » (p. 54). Je rappelle que James Martin dédie tout un chapitre de son livre sur la façon de nous nommer. C’est bien qu’il cherche à nous posséder, à avoir un ascendant sur nous, et qu’il se prend pour Dieu : « Dieu donne un nouveau nom à Abram » (p. 158). Il se justifie de la distorsion nominaliste autour des personnes homosexuelles, et plus largement autour de la sexualité, de l’Amour, de l’homosexualité et de Dieu, en citant la Bible : « Dieu donne à Adam le pouvoir de nommer les créatures » (p. 158) Dieu ordonne aussi à Adam de nommer le mal… mais bon, ça, visiblement, James a zappé…
 

Troisième cadeau symbolique en lien avec la dénomination homosexuelle : pour nous gâter et flatter l’ensemble des personnes homosexuelles, Maman Martin nous décerne des titres honorifiques : par exemple le titre d’« Ambassadeurs », en nous attribuant ensuite le mérite de cette trouvaille (il cite par exemple « une lesbienne » qui s’investit du « rôle d’ambassadeur catholique », p. 62). James Martin se fait le défenseur de la « sainteté pour tous », et développe le mythe du « Saint homosexuel » (p. 64) (et je dis « mythe » car Là-haut, nous ne serons plus homosexuels). Il distribue des diplômes de « prophète » ou de « saint » à ceux qui passent la douane de son pont, parce que lui-même se prend pour un grand prophète. « Les prophètes ont toujours eu l’amour comme moteur. L’amour non seulement de leur semblable, mais aussi l’amour de l’institution » (p. 143). Il se risque à lancer d’hasardeux pronostics de sainteté LGBT… : « Il est vraisemblable que parmi les prêtres, religieux et religieuses canonisés, un certain nombre d’entre eux a éprouvé cette attirance, tout en vivant fidèlement leur promesse de célibat ou leur vœu de chasteté. » (p. 65) Qu’en sait-il ? Rien du tout. Et ce n’est pas à lui de décider.
 

Maman Martin ne délivre pas que des « patronymes » qui font bien et parfait. Pour leur donner une touche d’irrévérence, d’intensité et de liberté, elle les salit au passage. Elle nous offre le titre de « constataires », de « révoltés », de « rebelles » rainbow. Comme Lucifer, il appelle à la plainte, à la révolte, à la vengeance matinée de respectabilité et de révérence du statut ecclésiastique : « Faites-vous suffisamment confiance à Dieu pour vous plaindre, comme le fait le psalmiste, de ceux qui vous ont ‘maudit’ ? » (p. 183) Je ne saurais que trop lui recommander de méditer cette maxime très inspirée (par l’Esprit Saint) de saint François de Sales : « Qui se plaint, pèche ».
 

 

Quatrième cadeau symbolique offert gracieusement par Maman Martin : elle nous reconnaît énormément de qualités, de dons, de talents. Nous serions merveilleuses, et elle est teeellement fière de nous… Comme Céline Dion, elle ne tarit pas d’éloges à notre sujet. Nous, catholiques LGBT, aurions des talents à foison, serions des surdoués, des exemples d’engagement ! : « talents » (p. 32) ; « talents » (p. 33) ; « les catholiques LGBT ont des talents uniques à déployer dans l’Église » (p. 58) ; « Ces dons aident à bâtir l’Église. » (p. 58) ; « leurs dons » (p. 59) ; « nombreux dons apportés » (p. 59) ; « apporté » (p. 59) ; « leur engagement » (p. 35) ; « engagement » (p. 63) ; « engagement » (p. 164) ; « engagé » (p. 233) ; « engagement » (p. 234) ; « ce que ces hommes et femmes LGBT apportent à l’Église » (p. 89) ; « talentueux » (p. 59) ; « son talent » (p. 59) ; « talents » (p. 61) ; « talents » (p. 88) ; « de nombreux talents » (p. 89) ; « exercer les talents » (p. 143) ; « un talent » (p. 161) ; « exercé ces talents » (p. 163) ; « exercer ces talents » (p. 163) ; « les talents » (p. 223) « ces talents » (encore p. 223) ; « ces dons » (p. 60) ; « un don » (p. 62) ; « donnés » (p. 63) ; « Repérer, nommer et honorer ces dons. » (p. 63) ; « dons » (p. 88) ; « célébrer et chérir les dons des catholiques LGBT » (p. 89) ; « leur don » (p. 157) ; « différents dons » (p. 163) ; « dons » (p. 163) ; « dons » (p. 164) ; « dons » (encore p. 164) ; « apporter leurs dons » (p. 164) ; etc. C’est presque « Il a un rêve » dans « Raiponce » de Pixar-Disney, sauf que là, ce sera « Les LGBT ont un (incroyable) talent ». Il a un talent. Elle a un talent. Et toi, c’est quoi, ton talent ? C’est quoi les dons rainbow que tu apportes à l’Église ? Viens mélanger tes couleurs ! Spot publicitaire minable mais flatteur et apparemment interactif.
 

À l’instar d’Emmanuel Macron qui a demandé trois dons aux responsables catholiques aux Bernardingues (et qui en réalité se prend pour l’enfant Jésus entouré des rois mages), Maman Martin nous « propose » à nous personnes homosexuelles de lui redonner les trois baballes qu’il nous a données et attribuées : « Cette compassion est un don. Cette persévérance est un don. Ce pardon est un don. […] Compassion, persévérance et pardon sont des dons. » (pp. 60-61) ; « Chacun de nous apporte des dons variés » (p. 161). C’est un technique bien connue des francs-maçons actuels : attribuer puis demander à ceux qu’on veut flatter et manipuler des DONS, en général au nombre de trois. James Martin fait de même avec les personnes homos et les clercs. Comme ça, il envoie en mission, tout en responsabilisant ses éclaireurs, ses architectes, ses ouvriers, et en les maintenant dans son giron. Comme par hasard, James Martin fait peu référence au Donateur (Jésus), puisqu’elle nous identifie aux trois dons : « Ils sont eux-mêmes le don. » (p. 63). Il fait également très peu référence au don de la Croix qui accompagne obligatoirement la réception des talents.
 

Dernier cadeau symbolico-concret que Maman Martin a réussi à négocier avec nous (dans le secret du confessionnal cette fois) si jamais nous sommes vraiment sages et coopératives, méritantes et émouvantes dans notre pratique amoureuse et spirituelle pédésexuelle : il nous offre des sacrements. Oh la la… Même quand notre état de vie (pratique homo, « couple » homo, etc.) ne nous permet pas de les recevoir : il évoque par exemple la distribution du « sacrement de réconciliation » (p. 29). Et sans doute fait-il aussi les bénédictions de « couples » (même si là, je n’ai rien pour le prouver). Il offre cela au nom de toute la communauté ecclésiastique et de l’Église-Institution (cadeau de la Maison !). Mais chuuut ! Pour éviter le scandale et les incompréhensions en interne, ce « cadeau-bonus », ces passe-droits sacramentaux, il nous demande de les taire pour le moment (On planque les bonbecs dans la poche, et on dit rien aux autres ! C’est notre petit secret…). Et pour ne pas avoir à demander l’autorisation de sa hiérarchie pour de telles pratiques « sacerdotales », il la remercie d’avance ! Comme ça, aucun n’osera riposter : qui peut rejeter un « merci » ? En effet, nous ne sommes pas les seules, nous personnes homos, à recevoir des cadeaux de Maman Martin. Elle offre aussi ses complimentations à certains chefs de l’Église-Institution, soigneusement sélectionnés comme « sortants du lot », et délivre des autorisations, des bons points, à qui voudra bien de sa pommade lubrifiante : « Il y a bien des évêques, et de plus en plus, qui savent accueillir. […] On trouve aussi de nombreuses paroisses, et de plus en plus, qui savent accueillir. » (p. 131). Elle attribue le label « Paroisse qui sait accueillir », « évêque friendly ou homos-compatible », aux communautés méritantes et aux chefs d’Église qui ont suivi ses conseils et l’ont reçue chez eux. Les critères tacites de cette attribution, c’est de valider l’« identité » homo ainsi que « l’amour homo ». Of course !
 
 

2 – COMMENT MAMAN MARTIN S’Y PREND POUR QUE NOUS ACCEPTIONS SES CADEAUX SANS RÉSISTER?

Maman Martin serait très très contrariée si nous, personnes homosexuelles, et puis ensuite plus largement les catholiques, refusions ses présents. Très contrariée. Comment quelqu’un oserait lui faire l’affront de douter de son amour pour les personnes homos et pour l’Église ?? d’écarter ses cadeaux d’un revers de main ?! Elle ne peut le concevoir ! Elle élabore donc toute une stratégie comportementale et verbale de diva pour éviter à tout prix cette suspicion, ce « Cataclysme ».
 

D’abord, Jocaste nous couve/dévore des yeux, nous fait les yeux doux : « un regard neuf » (p. 38) ; « regard » (p. 94) ; « Comment avez-vous réussi à le ‘voir’ dans votre vie ? » (p. 174) ; « Dieu a fait vos ‘reins’, et toutes vos entrailles. Cela change le regard qu’on a sur soi… » (p. 179) ; « Quel regard portez-vous maintenant sur cette époque ? » (p. 210) ; etc. Un peu comme en hypnose. Aies confianccce.
 

Ensuite, pour clouer le bec à Baby LGBT qui parfois peut régurgiter devant tant de gourmandises avalées (les bébés cathos, surtout homos, c’est parfois étonnamment récalcitrants et ascètes…), Maman Martin nous fait parler un maximum, témoigner, raconter notre histoire. Exactement comme les entrepreneurs de la Tech actuelle, qui nous lancent dans le story-telling (en particulier quand on n’a rien à dire) pour faire marcher leur propre business du témoignage émotionnel. Vas-y ! Accompagne-moi sur les scènes des églises et des télés, et je partagerai avec toi le micro et le magot des honneurs en te laissant raconter ton « vécu » homosexuel. Cette offre a l’air alléchante sur le papier puisqu’elle semble inverser les rôles habituels : ce n’est plus Baby LGBT qui se tourne vers Maman Martin pour qu’elle lui raconte une histoire, mais Maman Martin elle-même qui demande, d’un air énamouré, à sa créature, de le faire. Wahou! Trop d’honneurs ! En réalité, c’est un cadeau empoisonné, car en général, côté personnes homosexuelles prêtes à s’afficher dans les médias, ça ne se bouscule pas au portillon. Donc James Martin ne partage pas tant que ça sa place médiatique. Pas folle (ou plutôt très folle) la guêpe !
 

 

Ensuite, pour que nous acceptions ses « cadeaux » sans broncher, Maman Martin joue à fond sur l’émotion : elle se donne le rôle maternant de la Mère-Courage (ou de Père-Courage) qui « comprend » tout, qui « voit » tout, qui « endure » tout, qui « entend » et « accueille » tout, avec patience et empathie. C’est un peu Jacques Pradel. Et quand ses poulains n’ont pas la force de raconter leur struggle of gay life eux-mêmes, elle raconte à leur place des anecdotes où eux se retrouvent mis en scène avec elle, ou bien des retrouvailles émouvantes entre « homoparents » et « enfant gay », pour tirer les larmes à un public médusé, justement. Sortez les Kleenex : « L’une des choses les plus émouvantes […] : un jeune homme de seize ans qui venait juste de faire son coming out au sein de son lycée catholique et son père, approchant la cinquantaine, qui avait alors avec le reste de la famille accueilli son fils à bras ouverts et avec un cœur gros comme ça. » (p. 36) Maman Martin est fière de susciter autant d’émotion et d’intérêt autour de sa personne. Pardon… autour des « catholiques LGBT ». Elle est accueillie littéralement comme une rock (roc ?) star, une princesse. Lady Di. Elle nous raconte les effusions d’émotions fortes et les étreintes corporelles qu’elle a connues pendant ses conférences : « De jeunes personnes LGBT m’ont serré dans leurs bras, des parents ont pleuré, de nombreuses personnes m’ont remercié, en des termes bien plus forts que j’aurais pu imaginer. » (p. 23) It was… It was… amaaazing ! Elle fait devant nous et ses lecteurs l’inventaire numérique de sa moisson d’auditeurs émus venus en masse l’écouter : « l’église Sainte-Cécile, à Boston […]sept cents personnes » (p. 22) ; « la taille de l’auditoire m’a impressionné. » (p. 23) ; « Là aussi, la foule était telle que tout le monde avait dû rester debout » (p. 25) ; « Une nouvelle fois, c’est plus de sept cents personnes. » (p. 25) ; « Des gens ont attendu parfois deux heures pour pouvoir me parler et me partager leur histoire, souvent dans l’émotion. » (p. 25) ; etc. Les églises pleines à craquer, ça galvanise Maman Martin (même si elle se garde bien de trop exhiber son excitation, pour ne pas passer pour une orgueilleuse arriviste) ! Ça lui donne un sentiment de puissance, cette mystérieuse attraction des foules pour l’homosexualité. Maman Martin ne se sent plus pisser ! Entre les lignes de Bâtir un Pont transparaît un véritable attrait narcissique pour la gloire et l’audience : « Voir une église aussi remplie m’a fait comprendre ce que mon discours pouvait avoir de neuf pour tant de personnes. » (p. 23) Je me suis ému moi-même, tiens !
 

Autre technique mise en place par ce faux-cul de James Martin pour nous amadouer : Bonne Maman Martin soigne la forme et focalise sur celle-ci (… pour occulter précisément l’absence de fond). Une femme du monde (= les mignons de James) se doit de connaître les bonnes manières et l’art de la présentation, de la bienséance : « s’adresser la parole poliment » (p. 33) « une courtoisie tranquille » (p. 33) ; « de la même manière » (p. 60) ; « Je voudrais réfléchir tant à la manière dont l’Église s’adresse à la communauté LGBT qu’à la manière dont la communauté LGBT s’adresse à l’Église. » (p. 45) ; « Ce mot magnifique qu’est la délicatesse » (p. 135) ; « avec respect » (citant le Pape François, p. 138) ; « avec dignité » (citant encore le Pape, p. 138) ; « avec la compassion nécessaire » (p. 213) ; etc.
 

Pour justifier ce formalisme caricatural poussé à l’extrême, Maman Martin s’abrite derrière le Catéchisme de l’Église Catholique. Mais c’est toujours le même extrait repris : celui où il est question de « traiter les personnes homosexuelles avec respect, compassion et délicatesse ». Évidemment, les autres paragraphes de doctrine, non-centrés sur la forme, elle ne les aborde jamais. Elle les effleure, tout au plus. Et cette crispation sur la « manière » doucereuse d’accompagner les personnes homos vire au lavage de cerveau et à l’obsession. Je n’ai jamais vu ça ailleurs, j’avoue. Maman Martin a répété rien moins que 17 fois le trio dans tout le livre (et encore… je ne compte même pas les mentions des termes pris isolément) ! Notre Mémère ne s’est pas foulée : le triptyque respect/compassion/délicatesse, elle nous en donne à bouffer matin midi et soir ! Elle s’en est même servi comme plan de livre : comme ça, pas besoin de se casser la tête à élaborer une pensée personnelle (C’est vous dire si Bâtir un Pont est un livre creux) ! Allez, on lance le disque ! : « renforcer un esprit de ‘respect, compassion et délicatesse’ » (p. 26) ; « ‘respect, compassion et délicatesse’ » (p. 31) ; « Mais tout cela doit être fait avec ‘respect, compassion et délicatesse’. » (p. 32) ; « respect, compassion et délicatesse sont des talents sous-estimés » (encore p. 32) ; « dans le respect, la compassion et la délicatesse » (p. 37) ; « avec ‘respect, compassion et délicatesse’ » (p. 45) ; « ‘respect, compassion et délicatesse’ » (p. 46) ; « avec ‘respect, compassion et délicatesse’ » (p. 47) ; « avec ‘respect, compassion et délicatesse’ » (p. 107) ; « avec ‘respect, compassion et délicatesse’ » (p. 108) ; « respect, compassion, délicatesse » (encore p. 108) ; « Je vous ai invités à parcourir avec moi ce pont construits sur les trois piliers que nous donne le Catéchisme dans son approche du ministère auprès des personnes LGBT : le respect, la compassion et la délicatesse. » (p. 145) ; « ‘respect, compassion, délicatesse’, ces trois vertus mentionnées par le Catéchisme de l’Église » (p. 221) ; « avec respect, compassion, et délicatesse » (éditeurs, p. 226) ; « Au-delà du respect, de la compassion, et de la délicatesse, quelles autres vertus l’Église devrait-elle incarner quand elle s’adresse à la communauté LGBT ? » (éditeurs, p. 225). Le tabac c’est tabou, on en viendra tous à bout ! On n’est pas devant autre chose qu’un martèlement infantilisant d’une formule quasi incantatoire. À un moment donné, James Martin va même jusqu’à citer dans son livre un père de famille (ayant un enfant gay) qui, en bonne élève, le cite ! : « Les personnes gays doivent être accueillies avec respect, compassion et délicatesse. J’ai dit à ma femme : ‘Je devrais traiter l’évêque avec ce respect, cette compassion, et cette délicatesse que j’attends de sa part envers notre fils.’ » (p. 116) Le rendu « gourou et adepte-perroquet » est immédiat !
 

Alors oui, vous l’aurez compris, Maman Martin voudrait que chacun puisse, sur les questions LGBT, « témoigner de sa compassion » (p. 75) : « ‘Je t’aimerai toujours, peu importe ce que tu vas me dire.’ Qu’est-ce que ce grand-père nous dit de la compassion ? » (p. 78) ; « Il m’a semblé que c’était une faute, un manque de compassion, une absence de ‘souffrir avec’. » (p. 86). Le « souffrir avec », visiblement, c’est un peu le « vivre-ensemble » ou le « Je suis Charlie » du Petit James Martin illustré : un concept langagier lénifiant et hypocrite. En plus, James Martin développe l’idée (totalement erronée) que la compassion serait l’amour inconditionnel et aveugle : « ‘Jésus t’aime. Et ton Église te reçoit comme tu es.’ Qu’est-ce que ce prêtre nous dit de l’accueil ? » (p. 79). Or, cette idée de l’Amour inconditionnel de Dieu est une pure mythologie (crue malheureusement vraie par beaucoup de catholiques). L’Amour de Dieu a trois conditions (et non des moindres !) : la préservation de notre liberté (à L’accueillir ou à Le refuser), la préservation de la Vérité (et donc notre obéissance), et surtout l’acceptation de la Croix de Jésus. Le « Comment on est aimé de Dieu » et ce que ça implique comme renoncements (notamment le renoncement à la pratique homo), ça, comme par hasard, James n’y répond pas. Par ailleurs, comme le développe Fabrice Hadjadj, qui distingue très finement « compassion » et « empathie », la compassion est le péché d’Ève : celle-ci a tellement voulu « souffrir avec » Adam qu’elle s’est damnée en tombant dans le même trou que son mari, par compassion et respect de l’« unité », justement. Ce n’est par conséquent certainement pas une « vertu » à présenter comme modèle de comportement. Ensuite, la définition par James Martin de la délicatesse comme « une conscience aiguë de ce qui pourrait blesser ou offenser l’autre. » (p. 102) démontre également qu’il nous prend, nous personnes homosexuelles, pour des petites choses fragiles, devant être nécessairement couvées par une mère-poule (lui, en l’occurrence !). Or le refus de blesser l’autre, ça s’appelle parfois la lâcheté, la peur, la compromission, la démagogie ou la séduction, la surprotection, l’empêchement de vivre ! Si j’avais Maman Martin en face de moi, je n’aurais envie de lui dire qu’une chose : « Fous-nous la paix ! Arrête de nous ‘aimer’ comme ça ! ».
 

Pour finir sur le triptyque respect/compassion/délicatesse, je signalerais que les trois « piliers » répétés comme une ritournelle par James Martin ne sont pas des « vertus » spirituelles ou théologales (contrairement à ce que prétendent les éditeurs en fin de livre p. 232, en pensant sans doute au trio « Foi-Espérance-Charité »), ni des Vérités dogmatique, mais juste des attitudes formelles, des qualités humaines et mondaines, des manières, de surcroît plutôt attribuables aux femmes et aux mères qu’aux hommes (et sans tomber dans un essentialisme de la différence des sexes, je dirais plutôt « attribuables aux personnes toxiquement maternantes tout court : qu’elles soient hommes ou femmes »). Le discours de l’Église sur l’homosexualité dit bien autre chose qu’une manière de se conduire, d’accompagner ou d’aimer. Réduire son enseignement sur l’homosexualité à ces trois mots « respect/compassion/délicatesse », à des attitudes, à des conduites, c’est juste sidérant de niaiserie et spectaculairement réducteur… Les aspérités du Catéchisme et l’exigence de la Croix pour les personnes homosexuelles, le père James Martin les a complètement gommées. Il veut de l’héroïsme LGBT sans la Croix. Et ça, ce n’est pas nous rendre service.
 

Maman Martin a trouvé une technique imparable pour imposer sa propagande d’accompagnement (et de garderie !) des personnes homosexuelles à l’Église : précisément en ne l’imposant pas ! Ou plutôt, en présentant cette imposition comme une suggestion, une option, un service, une initiative étrangère à elle et émanant des personnes qu’elle asservit. James Martin joue l’hôtesse d’accueil qui « invite » et « propose » à tour de bras : « J’invitais à la discussion » (p. 17) « ce livre n’est ni une controverse ni une polémique ni un débat, mais une invitation à prendre part à la conversation » (p. 26) ; « inviter les paroisses à la prière en commun » (p. 39) ; « les catholiques sont invités à traiter les homosexuel-le-s » (p. 45) ; « Commençons donc par emprunter le pont » (p. 47) ; « Les pasteurs de l’Église sont invités à être attentifs » (p. 54) ; « J’invite les pasteurs à admettre que » (p. 57) ; « invitée à méditer sur la façon » (p. 60) ; « l’Église est invitée à… » (p. 64) ; « Permettez-moi de vous partager six anecdotes qui invitent à l’écoute. » (p. 77) ; « étaient invités à réagir » (p. 80) ; « inviter le lecteur à méditer des passages » (p. 80) ; « nous invite tous à y réfléchir » (p. 86) ; « Mais j’invite les personnes LGBT à réfléchir à cette question : est-ce compatible avec notre vie de chrétiens ? » (p. 112) ; « le pont que je vous invite à franchir » (p. 146) ; « Pour continuer la réflexion » (p. 217) ; « ce guide lecture et de discussion » (p. 219) ; « cette invitation » (p. 219) ; « propose » (p. 222) ; etc. Ce lèche-botte professionnel s’étend en salamalecs mielleux ridicules, en formules à rallonge fleuries qui confinent à l’obséquiosité : « Permettez-moi » (p. 46) ; « il peut donc sembler étrange de se demander comment… » (p. 46) ; « la distinction que je propose » (p. 46) ; etc. Quand on le complimente, il esquisse une fausse modestie : « C’est probablement vrai. » (p. 24) Même quand il doit hausser le ton, il se contient dans une politesse excessive : surtout, il ne faut pas nommer les choses, il faut ne rien interdire ni condamner, ne pas paraître strict ! « C’est un argument intéressant, qui mérite attention. » (p. 73) ; « Le Catéchisme dit bien que ‘toute manifestation d’injuste discrimination’ doit être évitée. » (p. 83) ; « chose que nous devrions éviter de pratiquer » (p. 71) : toute personne normalement constituée aurait usé dans ces deux dernières phrases de l’adjectif « proscrite » ou « condamnée ». Mais non ! La bonne mère doucereuse, même quand elle condamne, le fait avec mollesse, sophistication et préciosité. Elle évite le conflit, et surtout la Vérité tranchante du Christ !
 

Avec Maman Martin, on se croirait revenus à l’École des Fans. À l’ouverture des « cadeaux », elle simule l’étonnement émerveillé avec son enfant : « À ma plus grande surprise » (p. 80) « Quelle surprise ! » (p. 80) ; « Et voici peut-être une surprise plus grande encore » (p. 80) ; « ce qui me laissa interloqué » (p. 81) ; « Elle perçut mon étonnement. » (p. 81) ; « J’étais déconcerté et seul mon mutisme était capable de rendre compte de ma sidération. » (p. 81) ; « La taille de l’auditoire m’a impressionné » (p. 23) ; etc. Comme la star pas naturelle (les célébrités américanisées style Céline Dion, ou encore Lenni Kim nous en livrent toujours des parfaits exemples), James Martin surjoue sur lui-même les effets qu’il attend des gens qu’il manipule. C’est une technique bien connue du monde publicitaire, dont le but est d’assommer les téléspectateurs de positivité et de flatterie. Et il y a fort à penser qu’il y a autant de calcul que de sincérité dans le comportement de James Martin quand il affiche une joie de ravi de la crèche ou au contraire une mine défaite et émue. Pour nous attraper et pour s’attraper lui-même, il jouera beaucoup sur l’affect, et ne va quasiment s’axer que sur l’émotion forte positive pour s’adresser à un auditoire : « Nombre de ces rencontres m’ont profondément touché. » (p. 11) La bonne mère s’extasie, à l’instar de la bourgeoise, pour susciter l’extasie autour d’elle : « N’est-ce pas là une phrase magnifique ? » (p. 87) ; « ‘Délicatesse’. C’est un mot magnifique utilisé par le Catéchisme. » (p. 91) ; « trésors de spiritualité que recèlent les Écritures » (p. 151) ; etc. Maman Martin se penche sur notre berceau, pour que chacun admire en lui-même (ou en elle !) « la merveille qu’il est » (p. 177). Elle simule qu’elle nous prend pour Dieu en personne, pour Jésus en culotte de velours, qu’elle voit à travers nous la Vision béatifique, ou encore la Vierge ! Elle nous renvoie en enfance, et plus que ça, au stade prénatal, aux sensations intra-utérines. Elle veut nous entraîner aux tréfonds de nous-mêmes, dans l’introspection, nous faire fermer les yeux pour que nous entrevoyions « l’image de Dieu nous ‘tissant’ » (p. 177).
 

 

Afin que nous acceptions ses cadeaux et ses paroles doucereuses sans riposter, Maman Martin ne nous dit que des choses gentilles et agréables. C’est ce qu’on appelle, dans le jargon de la manipulation, le Positive Wording (traduction : la « formulation positive »). En quoi consiste le Positive Wording ? C’est très simple. C’est ce que certains appellent le Monde des Bisounours. Il s’agit, dans les discours, d’une censure systématique des mauvaises réactions, des critiques, des oppositions, des mots négatifs qui blessent ou qui pourraient blesser et donner une mauvaise image. Le Positive Wording est d’une part un outil d’évitement des conflits et d’autre part un dispositif de conquête par l’indifférence souriante et muette. Il dit toujours « oui » (ou « peut-être » quand il veut dire « non »), évite les « ne… pas », « respecte tout » (tout en n’écoutant ce qui l’arrange), et félicite au lieu de dénoncer. Il multiplie les flatteries, les formules de nuance ou les concepts vides (du genre les adjectifs « différent », « intéressant », « fort », « nouveau », « cohérent », « lumineux », etc.) afin d’étouffer toute résistance. Il fuit la polémique et les sujets qui fâchent (ces sujets seront dits « inappropriés », « clivants » ou « excessifs »). Il est mielleux, caressant. Il pense que la Paix du Christ n’est pas une épée qui divise mais au contraire une parole humaniste et altruiste forcément douce, intense, fédératrice et unissante. Il fait d’ailleurs une fixette sur les concepts d’UNITÉ et de DIALOGUE. Il prétend ne rien imposer et ne pas être sectaire (il « invite » à tour de bras). La formulation positive est une cosmétique rhétorique redoutable, dont les dictatures (en particulier communistes et stalinistes) ont jadis abusée, et qui est désormais très utilisée par les politiciens actuels (Macron, Hollande, ceux qui se présentent comme « socialistes », etc.), par les scientifiques et les mentalistes. Elle fait partie des techniques d’hypnose (la programmation neuro-linguistique : PNL) et de communication non-violente (CNV) les plus courues pour manipuler un auditoire en lui donnant l’illusion d’être acteur de son propre raisonnement, de sa propre révolte, et … surtout de son propre endormissement !
 

Le Positive Wording, c’est exactement ce que met en place notre Big Mother nord-américaine, qui insiste beaucoup sur la communication, l’écoute, la nécessité : « un dialogue serein » (p. 142) ; « Je me désole du manque de compréhension et de dialogue entre les catholiques LGBT et l’Église institutionnelle. » (p. 30) ; « dialogue » (p. 17) ; « l’essence même du dialogue » (p. 18) ; « dialogue » (p. 22) ; « résulte d’un manque de communication et de confiance » (p. 45) ; « dialogue » (p. 56) ; « dialoguer » (p. 56) ; « dialogue empreint de respect » (p. 118) ; « modèle au dialogue » (éditeurs, p. 226) ; etc. Surtout concernant l’homosexualité, Maman Martin nous martèle qu’il faut se parler, « en parler », COMMUNIQUER, écouter (Mais l’écoute de quoi et de qui, au juste ?). C’est l’oralité pour l’oralité. Avec Maman Martin, on s’enlise dans le formalisme de la Vérité ou le fanatisme de la Parole, dans la posture écoutante ou communicante (mais qui ne communique et n’écoute rien, au final). James Martin multiplie les phrases à la con, les sophismes langagiers moralisants ou Walt Disney qui font joli mais qui ne signifient rien du tout : « Pour apprendre, il nous faut écouter. » (p. 82) ; « La première chose, et la plus importante, est l’écoute. » (p. 76) ; « Souvent, on a du mal à comprendre ou à accepter certaines choses. Cela nous arrive à tous, à différents stades de notre vie. » (p. 207) ; « La Résurrection montre que l’amour triomphe toujours de la haine, la vie de la mort, et l’espérance sur le désespoir. » (p. 201) ; etc. Par exemple, il défend cette idée fausse que l’amour, ce serait « vouloir le bien de l’autre ». Ça sort d’où, cette connerie ? Certains cardinaux tiennent également ce discours à la noix : « ‘Ces deux hommes partagent la vie l’un de l’autre, avec toutes les joies et douleurs qui vont avec, et chacun aide l’autre. Il nous faut reconnaître que cette personne a pris une décision importante pour son propre bien et pour le bien d’autrui.’ » (le cardinal Christoph Schönborn, cité par James Martin p. 94). On va aller loin, avec ça…
 

Maman Martin emploie également des métaphores poétiques très bucoliques pour fleurir son discours indigent et le muscler un peu. Elle adore notamment l’image « dynamique » du chemin. Ce n’est plus « en marche avec Macron » ni « le changement c’est maintenant avec Hollande », mais « en chemin » avec James Martin : « cheminement spirituel » (p. 38) ; « cheminement spirituel » (encore p. 38) ; « Je voudrais vous inviter à marcher avec moi » (p. 45) ; « votre cheminement » (p. 164) ; « Maintenant, changeons de côté sur le pont et parcourons le chemin » (p. 107) ; « le chemin parcouru » (p. 118) ; « Nous sommes tous des pèlerins en chemin. » (p. 147) ; « Si vous deviez raconter votre propre ‘chemin d’Emmaüs’, que serait cette histoire ? » (p. 210) ; « Dieu d’amour, tu peux m’ouvrir un chemin d’amour. » (p. 214) ; « De quelle manière l’Esprit Saint vous met-il en route ? » (éditeurs, p. 232) ; « processus » (p. 34) ; « le processus » (p. 35) ; etc. Et ne vous moquez pas : en France, les « Marches spirituelles » (très bébés) à destination des « personnes concernées par l’homosexualité » commencent à être en vogue dans plusieurs diocèses
 

Globalement, les idées défendues par Maman Martin sont des concepts sentimentaux et solidaires qui brillent par leur vacuité, leur imprécision et leurs bons sentiments : « la reconnaissance », « la sainteté », « l’ouverture », « l’accueil », « être soi-même et accepté tel que l’on est », « l’amour », « l’égalité », « l’aide », « la nouveauté », « le changement », etc. : « reconnaître l’existence de la communauté LGBT » ; « reconnaissance » (p. 49) ; « reconnaître » (p. 58) ; « Jésus reconnaît chacun. » (p. 49) ; « reconnu » (p. 49) ; « reconnaître » (p. 50) ; « accueillis » « aimés » (p. 50) ; « aimés de Dieu » (p. 64) ; « sainteté » (p. 64) ; « d’abord l’accueil, pas la condamnation » (p. 213) ; « Dieu d’amour, tu m’as fait tel que je suis. » (p. 214) ; « Dieu d’amour, aide-moi à me souvenir que je peux vivre d’amour. » (p. 214) ; « Dieu d’amour, tu peux m’ouvrir un chemin d’amour. » (p. 214) ; « Dieu d’amour, aide-moi à trouver des amis qui m’aiment pour ce que je suis. » (p. 214) ; « aider les autres » (p. 87) ; etc. Elle nous fait méditer sur des concepts généralistes irréfutables du point de vue de l’intention (« fidélité », « sexualité », « accueil », « amour »… pp. 76-81) pour qu’on ne parle pas d’homosexualité ni d’hétérosexualité, et pour qu’on associe inconsciemment ces concepts sucrés aux situations précédemment citées : cela s’appelle tout simplement de la manipulation. Maman Martin insiste aussi beaucoup sur les notions de nouveauté (p. 18, p. 23, p. 28, p. 30, p. 38) et d’unité : « Prions pour la paix et l’unité. » (p. 131) ; « unité » (p. 33) ; « L’Église devrait être signe d’unité » (p. 34) ; « la réconciliation » (p. 37) ; « en vue du bien commun » (p. 33) ; « inviter les paroisses à la prière en commun » (p. 39) ; « Ensemble sur le pont » (p. 145) ; « Nous sommes tous ensemble sur ce pont. Car ce pont, c’est l’Église. » (p. 146) ; « rassembler tout le monde dans la grande famille des enfants de Dieu » (p. 88) ; etc. Elle défend un universalisme et un humanisme intégral christisé : « des êtres humains » (p. 65) ; « notre humanité » (p. 65) ; « condition humaine » (p. 88) ; « monde entier » (p. 228) ; « cet aspect de l’universalité » (p. 228) ; « s’adresse à un groupe bien plus large » (p. 12) ; etc. Elle instaure en quelque sorte un néo-communisme, où bien entendu elle fusionne les inconciliables (elle défend la soi-disant « compatibilité » entre pratique homo et pratique religieuse), prône l’unité dans la diversité (et dans ce totalitarisme ecclésial, la pluralité a plus d’importance que l’unité, d’ailleurs !) en détournant la métaphore paulinienne du Corps mystique christique indivisible (1 Co 12, 12-27) : « leur pluralité » (il parle des membres de l’Église, p. 162) ; « tous » (p. 55) ; « toutes » (p. 60) ; « concerne l’Église tout entière » (p. 13) ; « pour l’ensemble de l’Église » (p. 34) ; « Chaque membre, chaque organe est important. » (p. 58) ; « l’Église comme un corps dont les membres contribuent au bon fonctionnement de l’ensemble » (p. 161) ; « Tous nous faisons partie de ce ‘Corps du Christ’ qu’est l’Église. » (p. 161) ; « La Bible est à tout le monde. » (p. 39) ; « L’Église, en tant qu’elle est un tout » (p. 60) ; « tout catholique » (p. 75) ; « le Peuple de Dieu dans son ensemble » (p. 46) ; « nous invite tous à y réfléchir » (p. 86) ; « le corps entier » (p. 143) ; etc. Et si quelqu’un ose s’opposer à son rouleau compresseur du « rassemblement » et de la « réconciliation », Maman Martin agite devant lui le spectre hideux de la « division » et de la « désunion » (p. 34), bref, de la « trahison » et de l’« apostasie ». Comme si accepter l’Unité du Christ revenait à tout accepter à partir du moment où les idées ajoutées au Magistère et au Corps ecclésial sont humanisées/personnifiées et homosexualisées… Sa conception de l’Église est tellement communiste que James Martin présente même le protestantisme comme un meilleur modèle de cohésion que le catholicisme : « Imaginez ce qui aurait pu se passer si les attaques avaient eu lieu contre une église méthodiste. Beaucoup d’évêques auraient déclaré ‘Nous nous tenons aux côtés de nos frères et sœurs méthodistes.’ » (p. 86)
 

Enfin, j’ai remarqué que la technique qu’use Maman Martin pour nous enfumer et pour que nous souriions à ses gouzi-gouzi est la simulation de concertation. En effet, notre chère mère nous bombarde de questions et prend régulièrement une posture questionnante. Comme face à des bébés privés encore du don de la parole et sur qui on souhaite projeter pleins d’idées, d’intentions, de pensées personnelles, d’interrogations d’adultes. Pour commencer, Maman Martin conseille à toute personne qui veut être amie et proche du « catholique LGBT » de « l’écouter et de lui poser des questions » (p. 76). Le programme est clair ! Ensuite, elle lui montre comment faire, en se tournant vers nous. Démonstration ! : « Qu’est-ce que l’histoire de Mark nous dit de l’amour ? » (p. 78) ; « ‘Je t’aimerai toujours, peu importe ce que tu vas me dire.’ Qu’est-ce que ce grand-père nous dit de la compassion ? » (p. 78) ; « ‘Jésus t’aime. Et ton Église te reçoit comme tu es.’ Qu’est-ce que ce prêtre nous dit de l’accueil ? » (p. 79) ; « Qu’est-ce que cette grand-mère nous dit de la foi ? » (p. 79) ; « Qu’est-ce que Maggie nous dit de la sexualité ? » (p. 80) ; « Qu’est-ce que ce couple [entre une femme et une femme trans F to M] nous dit de la fidélité ? » (p. 81) ; « Vous sentez-vous, vous-mêmes, bienvenus dans l’Église ? » (p. 77) ; « Quelle est votre propre expérience de Dieu ? » (p. 77) « Comment le vivez-vous ? » (p. 77)
 

»Détendez-vous… Je vous sens crispé… » James Martin nous masse les épaules verbalement et spirituellement : « Quel effet cela vous a fait de faire votre coming out, ou bien de parler pour la première fois de votre sexualité ou de votre identité ? Qu’est-ce que cela vous a fait, que de prononcer ces mots ? » (p. 160) « Comment vous sentiriez-vous, au moment où Dieu vous parle ? Que lui auriez-vous dit ou demandé, si vous aviez été à la place de Moïse ? » (p. 160) ; etc. Le livre Bâtir un Pont, c’est ni plus ni moins un salon zen de massages tantriques masturbatoires. James Martin ne fait référence qu’à des émotions agréables (gratitude, réconfort, consolation, paix, etc.) en nous posant des questions sur notre ressenti. Il fait vraiment en sorte que le lecteur se touche : « Comment vous êtes-vous sentis lorsque vous avez entendu votre proche ou ami(e) ‘nommer’ pour la première fois sa sexualité ou son identité de genre ? » (p. 160) ; « Arrivez-vous à exprimer à Dieu ce que vous avez alors ressenti ? » (p. 163) ; « Sentez-vous » (p. 164) ; « vous sentir » (p. 164) ; « Quand vous êtes-vous senti faire partie de l’Église avec le plus d’intensité ou d’acuité ? » (p. 164) ; « Qu’avez-vous ressenti ? » (p. 199) ; « Qu’est-ce que cela vous fait d’imaginer Dieu vous connaissant de manière très intime ? » (p. 179) ; « Comment vous sentez-vous à l’égard de celui ou celle qui vous a fait confiance ? Et à l’égard de Dieu ? » (p. 171) ; « Dieu a fait vos ‘reins’, et toutes vos entrailles. Cela change le regard qu’on a sur soi… comment vous sentez-vous ? Pouvez-vous le dire à Dieu ? » (p. 179) ; etc. Et le plus dingue, c’est qu’il fait passer cette séance d’anesthésie pour de l’application 100 % catholique et agréée de la méthode de discernement et de retraite spirituelle traditionnelle ignacienne (pauvre saint Ignace de Loyola !). Ce type est un grand malade, en fait.
 

 

Et pour couronner le tout, James Martin joue la maîtresse d’école. En effet, dans le dernier tiers de son livre, il nous laisse des exercices pratiques d’oraison, des travaux dirigés (à faire en groupe ou seul dans sa chapelle), des cahiers de devoirs de vacances gay friendly, si vous préférez. Par son ouvrage, il prétend proposer un guide de « méditation » (p. 34), un kit d’organisation de veillées, de conférences, de fondation de groupes de parole, d’animation de retraites spirituelles, de marches-pèlerinages, autour de l’homosexualité. Un peu sur le modèle des manuels sensibleristes et cliniques des Témoins de Jéhovah et de la Scientologie, qui, à chaque situation décrite ou problématique d’évangélisation donnée, attribuent un comportement à appliquer, un questionnaire (appris) à formuler (sans apparemment imposer les réponses). De surcroît, cet appel à méditer sous le prétexte LGBT, en mettant en place un pastiche sincère de lectio divina, induit l’idée que les situations gays friendly seraient Paroles d’Évangile, seraient bibliques (Dans l’idée, je n’y mettrais aucune objection, à la condition que soit défendue et vécue la continence homosexuelle… sauf que là, ce n’est pas du tout le cas). Le but caché de cette manigance est de faire de l’« identité gay » et de « l’amour » homo des créations divines, des lieux de bonheur, des dons de Dieu. Dieu nous aurait voulu homos et nous aurait donné notre homosexualité. Notre homosexualité serait Prière ! Il la met sur le même plan qu’une révélation divine, qu’une vérité éternelle, que la différence des sexes : « Pensez-vous qu’il était difficile à Jésus d’annoncer son identité au milieu de personnes qui le connaissaient si bien ? » (p. 187) ; « Selon vous, qu’est-ce qui a rendu Jésus capable de le faire ? Qu’est-ce qui vous rend capable de vous accepter tel que vous êtes ? Avez-vous déjà parlé de votre sexualité ou de votre identité à quelqu’un ? » (p. 188).
 

 

Et Mécresse Martin a pensé à tout le monde : les enfants mais aussi les parents et les prêtres sont « invités » à se questionner et à répondre aux questionnaires de la dame ! James Martin ouvre l’interrogation aux dimensions de l’Église et du monde, à l’ensemble des accompagnateurs des personnes homos : « Qu’est-ce que cela vous fait d’avoir un enfant LGBT ? » (p. 76) ; « Qu’avez-vous ressenti la première fois que votre proche ou ami(e) vous a parlé de sa sexualité ? Quelle a été votre réaction ? » (p. 188) ; « De quelle manière manifestez-vous de la délicatesse envers les personnes LGBT ? » (éditeurs, p. 225) ; « De quelle manière la prophétie pourrait-elle aider la communauté LGBT à être plus délicate avec l’Église ? » (éditeurs, p. 228) ; etc. De plus, Maman Martin termine souvent ses paragraphes par des questions soulevées dont elle ne fournit pas de réponse. Juste comme une préciosité rhétorique qui fait ouvert mais qui en réalité est une démission, une projection narcissique : « Ne sommes-nous pas tous un peu dans cette situation ? » (p. 87) Sa pensée se suspend (et se dilue !) en esthétisme du point d’interrogation, en posture philosophique du Penseur de Rodin… C’est du dressage infantilisant pur et simple.
 

Maman Martin pose des fausses questions (… dont les réponses sont évidentes ; exemple : « Croyez-vous que tous sont bienvenus dans l’Église de Dieu ? » p. 230), pour occulter la seule vraie question qui est celle du COMMENT nous sommes les bienvenues. On n’arrête pas de nous demander notre avis, dans ce bouquin. Tous ces simulacres d’interrogations, c’est une manière de nous faire parler la bouche pleine, de ne pas avoir à défendre quoi que ce soit, et de donner l’impression à l’auditeur ou au lecteur d’être libre et acteur. « Le père Martin relate six histoires au sujet de personnes LGBT. Laquelle de ces histoires vous touche le plus ? » (éditeurs, p. 223) Ah bon ? Parce que c’est censé nous toucher ?? En réalité, sous forme de question, James Martin projette sur nous ce que nous penserions ou ce que nous devons penser. Il nous fait également du chantage aux sentiments, nous enferme dans la réaction et l’émotion, pour nous éviter de réfléchir ou de remettre en cause ses dossiers soi-disant « scientifiques », ses propos soi-disant « bibliques », et pour briser toute résistance : « Dans les statistiques sur les suicides de jeunes LGBT et le harcèlement dont ils sont la cible, le père Martin note qu’un(e) jeune gay, lesbienne ou bisexuel-le a cinq fois plus de chance d’essayer de se suicider qu’un(e) jeune hétéro. Ce chiffre vous surprend-il ? Comment cela peut-il amener à considérer l’inclusion des personnes LGBT comme une question de vie ou de mort ? » (éditeurs, p. 224). Quand je dis que Maman Martin tente de nous enfermer dans la réaction, je ne mens pas. Il ne parle justement que des réactions que ses propos suscite(raie)nt, pour faire diversion sur ces derniers : « déclencher des émotions et des réactions bouleversantes » (p. 23), « réactions si puissantes » (p. 23), « ces réactions » (p. 24), « réaction » (p. 38), « une réaction » (p. 61), « je lui demandai comment il avait réagi » (p. 78) « étaient invités à réagir » (p. 80). Et après, il a le culot d’étriller « la vague réactionnaire et intolérante qui s’abat sur les chrétiens » (4e de couverture)… Il allume le chauffe-eau de la réaction, pour feindre ensuite de ne pas prendre la douche, et la proposer hypocritement aux autres. Voyez-vous la doucereuse !
 

3 – QUE CACHE CONCRÈTEMENT LA GENTILLESSE GAY FRIENDLY MATERNELLE DE JAMES MARTIN ?

D’abord, on peut voir que derrière le sourire et la bonne intention de Maman Martin se cache un rabaissement des personnes dans l’infantilisation et l’épanchement émotionnel. C’est tout le discours du pervers narcissique, qui va fouiller dans les tréfonds de votre intimité et de votre psychisme, au nom de Dieu et de l’homosexualité, pour y débusquer la faille autant que la tendresse (la souffrance sublimée). « Raconte-nous comment tu souffres. » Tacitement, James Martin attend l’aveu de défaillance, le débordement émotionnel, veut que l’Enfant de Dieu (homosexuel ou gay friendly) craque, pour s’épancher ensuite avec fausse pudeur sur sa peine : « Avez-vous déjà été complètement rejeté ? Pouvez-vous parler à Jésus de cette souffrance ? Pouvez-vous partager cela avec lui dans la prière ? » (p. 188) ; « Pouvez-vous faire mémoire d’un moment où vous étiez désespéré ? » (p. 204) ; « Avez-vous jamais connu un désespoir semblable à celui des disciples d’Emmaüs ? » (p. 210) ; « Qui vous a accompagné dans vos phases de désespoir ? » (p. 210) ; « Une prière pour quand je me sens rejeté » (p. 211) ; « Cette histoire vous remplit-elle d’espoir, de désespoir, ou vous laisse-t-elle avec des sentiments contradictoires ? » (éditeurs, p. 226) ; etc. Maman Martin demande aux témoins qu’elle sollicite de pleurer/s’émouvoir sur eux-mêmes. Elle met le focus sur l’intimité souffrante, à l’américaine : « Qu’avez-vous eu à souffrir en raison de votre orientation sexuelle ou de votre identité de genre ? » (p. 76) Et c’est d’autant plus malhonnête que nous, personnes homos, sommes des proies faciles, car nous souffrons réellement, nos proches aussi, et nous avons peu d’occasions de l’exprimer en public et en Église.
 

Maman est là : « Vous n’êtes pas seuls. » (p. 147… You are not alone… en balançant la tête…). James Martin aime à flatter notre narcissisme, notre ressenti. Il se contrefiche de la réalité, du traumatisme de la pratique homo ou de l’étiquetage identitaire homo, il se fout de ce que nous vivons, de l’accueil vrai des personnes homosexuelles dans l’Église (et ses conditions exigeantes !). Il ne veut pas que nous soyons accueillies concrètement : il veut juste que nous nous sentions accueillies. La nuance est de taille ! Tout son discours nous concernant est centré sur le ressenti, en général négatif : « se sentir blessés, rejetés, exclus ou insultés par l’Église institutionnelle » (p. 30) ; « le sentiment de désespoir » (p. 34) ; « se sentir exclues » (p. 36) ; « ce sentiment de marginalisation chez les catholiques LGBT » (p. 37) ; « se sente reconnu et valorisé » (p. 49) ; « se sentir plus en lien avec l’Église » (p. 51) ; « se sont senties » (p. 58) ; « se sont sentis exclus » (p. 59) ; « comment il avait réagi » (p. 78) ; « se sente accueillie dans l’Église » (p. 79) ; « Ils sont vus comme ‘autres’. » (p. 95) ; « se sentir marginalisées » (p. 95) ; « ceux qui se sentent exclus » (p. 98) ; « se sent-il rejeté par l’Église ? » (p. 117) ; « senties accueillies » (p. 131) ; « catholiques LGBT perçoivent de l’hostilité » (p. 132) ; « perçoivent de l’hostilité » (p. 133) ; « se sentent appréciés » (p. 213) ; « se sentent exclus, rejetés, marginalisés » (p. 213) ; etc. Tout ce qui l’intéresse, c’est que nous, personnes homosexuelles, nous sentions « nous-mêmes », que nous nous sentions aimées ou haïes. Pas que nous soyons aimées !
 

Au fond, James Martin veut nous enfermer dans la victimisation et le misérabilisme. Il parle sans arrêt du sentiment d’exclusion : pas de l’exclusion elle-même. Pour manipuler le monde, soit il idéalise le tableau de l’homosexualité, soit il le noircit en jetant la faute sur l’extérieur et sur ceux qui refusent de rentrer dans sa croyance en « l’identité homo » et en l’« amour homo ». En lisant Bâtir un Pont, c’est flagrant comme James Martin ne s’axe que sur l’émotion forte ultra négative : « exprimé tant leur chagrin que leur effroi » (p. 27) ; « Quelques larmes au coin de l’œil d’un catholique LGBT » (p. 18). Il la guette au microscope ! Et quand elle ne vient pas des autres, il la surjoue sur lui. La bonne mère veut montrer qu’elle comprend tout, plaint tout le monde. En réalité, elle croit tout ce que lui disent les médias catastrophistes (en particulier étiquetés « alternatifs ») : « Une part de mon ministère en tant que jésuite a consisté à construire des ponts entre ces groupes. Après la fusillade d’Orlando, mon désir de le faire a grandi. » (pp. 30-31) ; « Je comprends les difficultés » (p. 31) ; « discrimination » (p. 71) « discrimination » (p. 72) « particulièrement dans les situations de persécution » (p. 82) ; « La vie semble parfois vide d’espoir. » (p. 201) ; « Dans de nombreux endroits dans le monde, les personnes LGBT sont sujettes à des traitements épouvantables. » (p. 82) ; « personnes persécutées » (p. 165) ; « L’épidémie de suicides parmi les jeunes LGBT ne peut pas laisser le cœur des chrétiens insensible. » (p. 213) ; etc. Quelles sont ses sources ? Aucune. A-t-il compris que la véritable homophobie était précisément la croyance en « l’identité » homo et la pratique homo, qu’il promeut ? Visiblement, non. En vérité, il s’en bat les steaks, de la réelle homophobie. Il ne fait qu’imposer une sensiblerie à la Yolande du Fayet de la Tour ou à la Nathalie de Williencourt. En plus, James Martin se sert du Catéchisme pour diaboliser le mot « discrimination » (or ce terme est neutre et signifie beaucoup plus positivement « distinction » : par exemple, « discriminer des phonèmes » dans l’apprentissage de la lecture, c’est distinguer les syllabes différentes) : « Le Catéchisme dit bien que ‘toute manifestation d’injuste discrimination’ doit être évitée. » (p. 83).
 

James Martin préfère se donner le beau rôle de la pleureuse et jouer la Mère Teresa qui irait seule aux « périphéries » : en vrai bobo (bourgeoise-bohème), il sublime l’altérité, la marginalité (ou plutôt ce qu’il se représente comme tel), la dissidence : « Encore une fois, il s’agit de quelqu’un vivant aux marges. » (par rapport à Zachée, p. 96). La bonne mère se présente hypocritement comme une humble servante, et voit sa sollicitude oppressante comme un merveilleux service aux déshérités, aux étrangers, aux laissés-pour-compte : « au service » (p. 101) ; « J’ai rencontré et servi de nombreuses personnes » (p. 40) ; Ayant moi-même travaillé avec des réfugiés… » (p. 83) ; etc. Et au cas où on la suspecterait d’arrivisme, elle bat sa coulpe et se frappe la poitrine en devançant ses accusateurs : « Je présente par avance mes excuses à ceux qui pourraient trouver que je minimise leur souffrance, méconnais leur situation. » (p. 40) On voit chez lui la dérive gnostique : il laisse entendre que Lui, en tant qu’interlocuteur privilégié, connaît et comprend mieux que quiconque les personnes homos : « Je commence à avoir une bonne perception de l’immense souffrance que les personnes LGBT peuvent éprouver dans leur relation avec des ministres de l’Église. » (p. 32) James serait la voix des sans-voix.
 

Au bout du compte, il parle de nous à notre place. L’apostolat de l’homosexualité par le père James Martin n’est pas autre chose qu’une usurpation d’identité(s). En effet, Maman Martine a une forte tendance à faire parler les gens à sa place, ou à s’exprimer en leur nom, ou bien encore à changer sa propre identité (en disant « ils », « lui », « nous », « les catholiques LGBT », « on », « mes amis ») pour ne pas avoir à dire dire « je ». En particulier quand il a un avis qui n’obéit pas au Magistère de l’Église, tel un caméléon, il endosse son masque d’Homme invisible. Par exemple, au moment de dénoncer le passage du Catéchisme de l’Église Catholique qualifiant les actes homosexuels d’« intrinsèquement désordonnés », et d’exiger son retrait, tout d’un coup, la première personne du singulier passe au « ils » dans la même phrase : « Pour ma part, tous les évêques que je connais sont sincères dans leur volonté de rejoindre pastoralement cette communauté » (p. 30).
 

Mais si James Martin tente de cacher son « je » dans les autres pronoms personnels, la plupart du temps, il préfère prendre moins de risque, en nous faisant parler à sa place, en nous citant, en recopiant fidèlement des passages (parfois spectaculairement tronqués et rabotés !) des autres. Et dans ce cas-là, la première personne du singulier ressort du bois, mais cette fois en tant que rapporteuse d’un événement ou d’un propos l’impliquant elle mais où elle accompagne une tierce personne. En gros, Maman Martin envoie quelqu’un dire à sa place ce qu’elle pense, pour ne pas porter la responsabilité des propos qu’elle écrit. Elle nous fait parler. Son livre n’est d’ailleurs composé quasiment que de témoignages reçus, comme en atteste la dédicace : « À toutes les personnes LGBT, leurs familles et leurs amis, qui m’ont partagé leurs joies, leurs espoirs, leurs chagrins et leurs angoisses. » (p. 7) ; Bâtir un Pont ressemble aux ouvrages-bidon d’Erwann Binet (La Bataille du mariage pour tous), de Jean-Pier Delaume-Myard (Homosexuel : contre le mariage pour tous), de Frigide Barjot (Qui suis-je pour juger ?), dans lesquels la florilège de témoignages est censé masquer l’absence d’analyse. Pour grossir le nombre de pages et en faire un bouquin publiable, James Martin a réuni et exhibe sa collection de lettres, de confidences, d’épisodes publics dans lesquels une personne homosexuelle (ou « affiliée ») s’exprime : « j’ai rencontré » (p. 119) ; « m’ont témoigné avec émotion leur gratitude pour ce livre » (p. 17) ; « déclencher des émotions et des réactions bouleversantes » (p. 23) ; « accueilli leur fils avec affection et à bras ouverts » (p. 114) ; « Elles m’ont partagé des récits personnels. » (pp. 31-32) ; « Un jeune homme gay m’a partagé » (p. 72) ; « j’ai écouté » (p. 13) ; « l’accompagnement » (p. 91), etc. James Martin se met lui-même en scène en tant qu’écoutant privilégié. Il se prend pour une psy (sans sa casquette de psy), un présentateur de talk show ou un modérateur de débat brûlant modestement en retrait.
 

En outre, j’ai remarqué que James Martin fait souvent parler les personnes homosexuelles à la troisième personne de l’indéfini (« tout le monde comprend que… », p. 50), ou bien à la première personne du singulier (« je »), en nous faisant répéter une phrase qu’il a préécrite sous forme de prière pour nous : « On me fait me sentir moins que rien. » (cf. la prière finale, p. 214). Il lui arrive aussi d’imposer une pensée en la glissant dans une tournure interrogative : « Pourquoi pensez-vous que l’écoute est essentielle ? » (éditeurs, p. 223) : Ah bon ? On pense ça, nous ?? Il use par ailleurs de la tournure passive, pour uniformiser la communauté homo catho et nous prêter sa propre perception de celle-ci : « Cet enseignement de l’Église n’a pas été ‘reçu’ par la communauté LGBT, à laquelle il s’adresse. » (p. 16) Ah bon ?? Parle pour toi, James ! Not in my name ! ; « Les personnes LGBT s’entendent souvent dire qu’elles n’ont pas leur place dans l’Église. » (p. 52) ; « Même si l’expression ‘actes intrinsèquement désordonnés’ s’applique à l’orientation et non à la personne, elle demeure inutilement blessante, comme me l’a dit un nombre incalculable de personnes LGBT. » (p. 102) ; etc. Je ne sais pas le nombre de personnes homos que James Martin connaît, qu’il représente, mais je prétends en connaître autant, voire plus que lui. Il obéit – et sans doute crée – une susceptibilité chez nous, personnes homosexuelles, qui fait le lit de notre douilletterie. Mais qu’il se détrompe : certaines personnes homos, sans être masos, sont très contentes et même rassurées de la dureté et de la radicalité de l’expression « actes intrinsèquement désordonnés ». Donc son discours « Nous sommes légion » (Mc 5, 9) ou « Je connais un nombre incalculable de personnes LGBT [blessées par le discours de l’Église institutionnelle] » (p. 102) ne tient pas. Je croise plus de catholiques homosexuels qui sont blessés du silence assourdissant des gens d’Église gays friendly de son espèce par rapport à la gravité des actes homos, que par les paroles claires du Catéchisme.
 

James Martin ne fait pas que se planquer derrière les personnes homosexuelles et leurs proches ou se servir de notre témoignage pour nous voler notre apostolat. Il parle également à la place des évêques, même si c’est moins fréquent : « Ce livre a été applaudi par plusieurs cardinaux, archevêques et évêques. » (p. 20) James Martin feint l’obéissance et l’humilité, l’obéissance à ses supérieurs. Il montre patte blanche, c’est-à-dire ses mots signés, ses sous-imprimaturCensor Librorum » et « Imprimi Potest » p. 20), ses certificats de bon disciple : « Ce livre a reçu l’approbation formelle de mon supérieur. » (p. 20). Il cite également la liste des évêques qui l’appuient (au nombre de cinq, p. 27), et rapporte les propos de prélats haut placés : « Le cardinal Christoph Schönborn a évoqué un couple d’amis gay qui avait transformé sa vision des personnes LGBT. Il s’est même publiquement félicité de leur union. » (p. 94). Comble de l’hypocrisie : James Martin applaudit même les groupes chrétiens d’accompagnement à l’adresse des personnes homos, qui défendent la continence, alors que lui-même ne la prescrit pas. Par exemple, il fait la promotion du groupe Courage International (que je surnomme Mourage International), en laissant un père de famille prôner à sa place ce mouvement (p. 118). Comme ça, il fait plaisir à tout le monde, et cloue le bec à ceux qui le suspecteraient de ne pas vanter la continence homosexuelle. Quel faux cul professionnel !
 

Vous vous en serez doutés, James Martin fait également parler le Pape François à sa place : « l’appel du Pape François » (p. 91) ; « Le pape François » (p. 101) ; etc. Il n’est pas le seul. Pape François par-ci, Pape François par-là… un vrai pantin, l’Argentin ! Solidarité et familiarité jésuite obligent ! Au dos du livre, James Martin prend bien soin de signaler que c’est le Pape qui l’a officiellement nommé en 2017 « consulteur au Secrétariat pour la communication du Saint-Siège et du Vatican. Entre parenthèses, je suis toujours à me demander aujourd’hui pourquoi le vrai Pape François ne dit rien contre la propagande actuelle du père James Martin (qui s’exprime pourtant en son nom et au nom du Vatican). Pourquoi ce silence ? Voilà pour moi un mystère…
 

 

James Martin fait la même récupération éhontée du Catéchisme de l’Église Catholique. Il n’a retenu de ce dernier qu’une seule phrase : celle sur « le respect, la compassion, la délicatesse ». Le reste du Catéchisme, centré sur la continence homosexuelle, l’exigence du célibat, le Salut de l’âme, l’accueil de la Croix de Jésus, et l’apostolat de l’analyse de l’homosexualité en direction du monde : à la poubelle ! Il ne présente la continence (autrement dit le célibat consacré) que comme une « option » ou une cohérence spécifique aux vœux religieux : pas du tout comme un appel universel à toute personne qui ressent une tendance durablement homosexuelle. C’est ce qui s’appelle un véritable travail de sape de la Bonne Nouvelle délivrée par l’Église à la communauté gay ! Et comme James Martin est un hypocrite de première catégorie, il se vaut de quelques citations vraiment tirées du Catéchisme, pour les applaudir comme des paroles divines, comme le ferait une groupie. « ‘Délicatesse’. C’est un mot magnifique utilisé par le Catéchisme. » (p. 91) Ainsi, il rassure et flatte son auditoire catholique, tout en maintenant discrètement sa censure. Ou alors il se cache sous les jupons de certains évêques ou cardinaux fantômes, pour ne pas assumer sa demande honteuse : « Quelques évêques ont déjà appelé l’Église à abandonner l’expression ‘objectivement désordonnée’ lorsqu’il est question de l’attirance homosexuelle (comme c’est le cas dans le Catéchisme, au n° 2358). » (p. 102) C’est bien joué. Pour les bons catholiques peu sourcilleux, ou qui ont du mal à digérer l’amertume des paroles du Catéchisme, ça passe très bien.
 

Plus embêtant encore : James Martin parle très souvent à la place du Christ. Et le pire, c’est qu’il est persuadé de délivrer Son message et de lui rendre humblement service ! : « Ce livre s’appuie sur les Évangiles et est parfaitement en phase avec l’enseignement de l’Église. » (p. 20) En fait, c’est du gros mytho. Le prêtre jésuite prête à la Bible des idées qu’elle ne diffuse pas. Il l’utilise en la citant abondamment pour en détourner le propos et justifier ses propres fantasmes amoureux, solidaires ou expansionnistes : « Lisez la parabole du Bon Samaritain. (Lc 10, 25-37) » (p. 83) ; « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour. (Mt 10, 27) » (p. 24) ; etc. À en voir l’usage détourné qu’il en fait, la Bible se réduit manifestement à une Bible-prétexte (ou à un album-photos racontant des histoires légendaires) pour illustrer des valeurs humanistes, des sentiments ou des défauts purement humains. En effet, dans Bâtir un Pont, tous les textes tirés du Nouveau Testament sont présentés comme des tableaux idylliques dédiés chacun à une émotion (les personnages se métamorphosent en allégories de sentiments humains, si vous préférez) : par exemple, les compagnons d’Emmaüs représentent = la désespérance ; Marie-Madeleine = la fierté ; les disciples = la peur ; la Samaritaine = la honte ; Pierre = le remord ; Jésus dans la synagogue = la différence ; le psalmiste = la combattivité ; Zachée = le sentiment de rejet ; le centurion = la compassion ; etc. Ils deviennent des prétextes narcissiques à s’émouvoir et de regarder le nombril, des images d’Épinal, des personnages iconiques d’un film de Mel Gibson. Avec James Martin, on rentre en plein dans le délire mystique et béat de l’illuminisme protestant. Dans la cosmovision martinienne, tout est ramené à l’expérience et à la sensation personnelles. Il nous enjoint à une lecture introspective sentimentale de la Bible : « Si vous deviez raconter votre propre ‘chemin d’Emmaüs’, que serait cette histoire ? » (p. 210) James Martin s’étend en explications de technique et en conseils de prière, de méditation. Le texte biblique est transformé en support pour s’admirer narcissiquement en train de prier : « Lequel de ces passages bibliques vous parle le plus ? » (éditeurs, p. 230) (Navré mais un texte biblique ne « nous parle » pas : il parle, tout court !) ; « Avez-vous été capable de prier avec cette prière ? Que s’est-il passé quand vous l’avez fait ? » (éditeurs, p. 231). James Martin nous interviewe comme des gens allongés sur un divan et qui vivraient en direct l’expérience sensorielle extraordinaire que serait la prière. Il nous demande même de raconter nos sensations pendant l’oraison et post-oraison ! Il envisage la prière comme une technique d’hypnose ou une projection imaginaire, plus que comme une relation concrète, secrète (et parfois aride, il faut le reconnaître !) : « Cette façon de prier » (p. 153) ; « Souvent, cette technique » (p. 153) ; « cette technique » (p. 153) ; « cette lecture ignacienne où l’imagination joue un rôle important » (p. 154) ; « Essayez de vous imaginer dans la scène, et voyez quel genre de sentiments » (p. 154) ; « Passages bibliques pour réfléchir et méditer » (p. 149) ; « une méditation plus calme » (p. 153) ; « Vous pouvez essayer de vous imaginer dans une scène biblique. » (p. 153) ; etc. Faites gaffe, il est à deux doigts de nous demander de fermer les yeux pour de vrai ! Par des questions inquisitrices, il s’immisce mine de rien dans la relation intime entre le croyant et Dieu pendant la prière : « De quels fardeaux voudriez-vous vous décharger auprès de Jésus ? Et quels sont vos besoins, que voudriez-vous lui demander ? » (p. 198) ; « Pouvez-vous parler à Jésus de vos expériences en la matière ? » (p. 199) ; etc. Ce sont des phrases que j’ai pu entendre dans d’autres contextes (égrégores, hypnose de foule, séance collective de méditation pleine conscience, etc.). Et bien sûr, ces citations martiniennes tirées de la Bible ou d’un lexique spiritualiste familier aux croyants flattent beaucoup de catholiques par la projection narcissique individuelle qu’elles permettent, a fortiori en faisant mention d’un référentiel religieux qui les tranquillisent.
 

 

Par voie de conséquence, James Martin a une fâcheuse tendance à se mettre à la place du Christ et à lui prêter un regard et des intentions qu’il n’a pas. Par exemple, il se sert de l’épisode biblique du centurion pour asseoir sa propre conception (erronée) de l’Amour. Jésus devient alors le prétexte de la promotion d’un humanisme intégral et d’une lecture néo-marxiste de la Bible (= transgression des clivages de classes sociales) : « Jésus a vu en lui un homme dans le besoin, il a écouté son histoire et répondu à son besoin. » Non. Jésus ne répond pas aux besoins et aux désirs de tout un chacun (le mot « désir » revient souvent en bouche de James Martin). Sa Volonté, qui est la Volonté de son Père, est reine. Les pensées du Seigneur ne sont pas nos pensées. À certains moments, James Martin parle très clairement à la place de Jésus : « Ce que Jésus désirait, c’était créer un ‘nous’. Car pour lui, il n’y a pas ‘nous’ et ‘eux’. Mais seulement ‘nous’. » (p. 98) ; « Dieu désire la réconciliation et l’unité. » (p. 145) C’est faux : Jésus s’est toujours annoncé comme un séparateur et un Signe de contradiction. Certainement pas comme un Rassembleur. James Martin ne tarie pas d’éloges sur l’adaptation de Jésus à tous, sur son « amour inconditionnel » qui ne ferait pas de différence entre les Hommes : « Pour Jésus, il n’y avait pas d’‘autres’. Jésus voyait au-delà des catégories, il rencontrait des personnes là où elles étaient et les accompagnait. » (p. 95) ; « Quand Jésus rencontre une personne marginalisée, il ne voit pas des catégories mais des personnes. » (p. 95) ; etc. Euh… Qui fait des catégories de personnes à l’intérieur de l’Église, entre les personnes gays friendly et celles qui « ne savent/sauraient pas les accueillir », si ce n’est James Martin ? De plus, désolé de le dire, mais Jésus fait des différences entre les personnes. Il sépare, distingue, partage. Déjà au niveau des préférences : entre Jean et ses autres disciples, par exemple. Et même au niveau des classes sociales : je vous rappelle qu’il traite les Cananéens de « chiens » (Mt 15, 21), quand même. Excusez du peu… Les scribes, les pharisiens, les chefs des prêtres, les gens destinés à l’enfer, eux aussi, Jésus les distingue(ra) bien des « élus » de son Cœur. Même si incontestablement Jésus aime tout le monde, son adaptation aux gens est limitée, et son traitement est inégalitaire (mais juste !) puisque chacun est unique et libre.
 

 

J’ai bien peur que, sur ce coup-là, James Martin fasse preuve d’un christo-centrisme franc-maçon à la cardinal Sarah, qui fige Jésus en (top) modèle, en schéma, en patron (au sens architectural du terme), en puissant colosse de pierre : « Nous pouvons prendre Jésus comme modèle. » (p. 55) ; « Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver un modèle à suivre. Dieu l’a donné en la personne de Jésus. » (p. 87) ; « Il a planté sa tente au milieu de nous. » (p. 87) ; « Dieu a planté sa tente chez nous » (p. 87) ; « En cela comme en toute chose, Jésus est notre modèle. » (p. 95) ; « Quelle image vous plaît le plus dans ce psaume 62 : Dieu comme salut, rocher, citadelle ou abri ? » (p. 183) ; « De quelle manière Dieu a-t-il été votre ‘rocher’ ? Comment Dieu peut-il être pour vous un ‘rocher’ à l’avenir ? » (p. 184) ; « Nous devons nous conduire de la même manière que Jésus. » (p. 213) ; « modèle au dialogue » (éditeurs, p. 226) ; etc. Dans la tête de James Martin, Jésus, c’est vraiment le « Dieu matière première », le roi solide comme un roc. Alors certes, James Martin parodie le discours franc-maçon (« Jésus ne leur parle pas en employant les mots du charpentier qu’il était, qui aurait pu dire, par exemple, ‘Allons construire la maison de Dieu’ ou ‘Venez, allons creuser les fondations du Royaume de Dieu.’ », p. 55) … mais pour mieux le copier en douce après (« Il ne faut donc pas prendre cet essai comme un plan d’assemblage du pont avec ses instructions de montage ni comme une étude rivet par rivet de sa structure, mais plutôt comme une esquisse, comme un point de départ, une opportunité de réflexion et de conversation. » p. 41 ; « Dieu est à la fois l’architecte, le bâtisseur et la fondation de ce pont. », p. 147). Car c’est bien James Martin en personne qui, en début de son ouvrage, accepte de recevoir le titre de « Bâtisseur de ponts » : « Lorsque New Ways Ministry (un groupe qui s’occupe des catholiques LGBT et les représente) m’a demandé quelques semaines après la tragédie d’Orlando si j’acceptais de recevoir leur ‘Prix du Bâtisseur de Ponts’ (Bridge Building Award) et de donner une conférence à l’occasion de la réception, j’ai accepté. » (p. 31) Par conséquent, on peut en déduire aisément que James Martin se prend pour le Christ. Nous reviendrons un peu plus tard sur le profil carriériste et PONTifical du personnage.
 

Plus grave encore, James Martin parle à la place de l’Esprit Saint. Certes, au détour d’une page de Bâtir un Pont, il Lui réserve une vibrante et brève révérence (« le Saint-Esprit », p. 146). Mais en y regardant de plus près, on voit que l’Esprit Saint, version James Martin, se fige en attitude, en posture esthétique CitroënInspired by you ») : « Quand nous écoutons, nous apprenons, nous sommes provoqués et inspirés. » (p. 77). En fait, James Martin ne s’intéresse pas à l’Esprit Saint en tant que tel mais à « un » esprit (« renforcer un esprit de ‘respect, compassion et délicatesse’ », p. 26). Lequel, me direz-vous ? Sans doute l’esprit du monde.
 

Par son essai Building a Bridge, James Martin instaure une véritable censure de la Vérité. N’en déplaisent à ceux qui sont charmés par son discours émotionnel ou à ceux qui ont eu l’impression d’apprendre, grâce à lui, à connaître la réalité homosexuelle. Dès le départ, en introduction du livre, il se justifie d’être superficiel, de survoler le sujet de l’homosexualité, voire même carrément de faire l’impasse dessus. Il annonce solennellement qu’il ne traitera pas de l’homosexualité en tant que telle, mais uniquement du « comment elle est perçue et vécue ». Et il pense que sa franchise – il parle beaucoup de « clarté » – fera illusion : « L’omission de considérations sur les relations homosexuelles était tout aussi intentionnelle » (p. 15) ; « J’ai ainsi décidé de ne pas évoquer cette question en profondeur puisque c’est une thématique sur laquelle les deux parties sont trop éloignées. » (p. 15) (Je croyais que tu voulais construire un pont… mais juste avant, tu clives, tu sépares de manière définitive, radicale, irrévocable et irréconciliable, les deux « mondes » que tu prétends ensuite unir : n’y a-t-il pas là, James, une véritable hypocrisie ? un méga foutage de gueule ??) ; « La même chose peut-être dite du mariage homosexuel : c’est un sujet sur lequel l’Église institutionnelle et la grande majorité de la communauté LGBT sont trop éloignées. […] Je n’entre pas dans le débat, préférant me concentrer sur les points de convergence. Ce livre n’est ni un traité de théologie morale ni une réflexion sur la moralité de la sexualité LGBT. Je ne suis pas spécialisé en théologie morale. Et surtout, il n’est pas nécessaire de toujours tout ramener à la sexualité. » (pp. 16-17). James Martin me fait penser à ces baigneurs qui dissertent sur la qualité de l’eau de la mer, sur les plaisirs de la baignade, pour inciter les autres à se baigner à leur place, pour vivre les délices de la baignade par procuration, … et surtout pour ne pas se mouiller (et mater les gens à poil) ! Nous voilà prévenus. Zéro réflexion dans le livre de James Martin sur le fait homosexuel, l’homosexualité, la réalité désirante homo-érotique, les lois pro-gays, la communauté gay et les comportements à l’intérieur du « milieu » homo, l’homophobie, la culture homosexuelle ! Aucun élément d’interprétation ni de sens ! Il restera sur le registre de la pure pleurniche béate. Et effectivement, pour ceux qui ont lu Bâtir un Pont en entier ou qui ont assisté à une de ses conférences, James Martin ne parle jamais d’homosexualité : il ne fait que citer des anecdotes où sont impliquées des personnes homosexuelles, et les émotions qu’elles ont suscitées. Ça s’arrête là. « Le livre ne traite pas la question des relations sexuelles entre personnes de même sexe ni celle du mariage homosexuel car l’Église institutionnelle et la plupart des catholiques LGBT sont trop éloignés sur ces sujets et il souhaite plutôt se concentrer sur les lieux de ‘possible convergence de vues’. » (p. 220)
 

Pourtant, il connaît l’urgence de l’éclairage sur ces sujets, il sait l’enjeu mondial et ecclésial dissimulé derrière l’homosexualité, il devine la gravité de la pratique homo puisqu’il prend soin de souligner l’importance (aux yeux de certains mais pas à ses propres yeux) de la fidélité à la promesse de célibat continent pour les prêtres à tendance homo (« célibat des prêtres qui sont gays et des membres d’ordres religieux féminins et masculins qui sont gays ou lesbiens et qui vivent dans la chasteté continente. » p. 62) ; « prêtre gay célibataire » p. 66). Mais rien à faire : il n’en parle pas. Il se cache derrière la loi ou la norme pour justifier par défaut la pratique homo. Comment s’y prend-il rhétoriquement ? En fuyant la morale par l’emploi d’adjectifs ou de mots qui sont de l’ordre de la neutralité sociologique et scientifique, de la logique, tels que « régularité/irrégularité » (« régulier/irrégulier ») ou encore « cohérence/incohérence » (cohérent/incohérence) : « irrégulières » (p. 71) ; « Voilà un mariage [entre une femme et une femme trans F to M] que la plupart des clercs qualifieraient d’irrégulier. Et pourtant, un modèle de fidélité et de loyauté. » (p. 81) ; « ‘Ce n’est pas là une situation que l’Église peut considérer comme régulière.’ » (le cardinal Christoph Schönborn, cité p. 94) ; « parfaitement cohérente » (p. 21) ; « rester cohérents » (p. 70) ; etc. Avec son légalisme chelou de la « régularité »/l’« irrégularité », qui autorise finalement des arrangements, des compromis, des tolérances, des aménagements, des accommodations, un « régime spécial », avec ce qui est considéré socialement comme des « exceptions » à cette loi, des « anormativités », du « hors norme », de l’« extraordinaire », de l’« exceptionnel », du « non-commun », des « minorités ne pouvant pas faire office d’exemple général », des « irrégularités », mais certainement pas des péchés, des interdits ou des maux, James Martin s’arrange habilement pour présenter la pratique homosexuelle ou transsexuelle comme une simple « anormativité », une différence qui est neutralisée et relativisée par l’existence de la règle, de la norme générale, mais non assimilable à un mal objectif ou à un signe de péché. Et les rares fois où James Martin concède que les personnes homos pratiquant leur homosexualité puissent être pécheresses, ce ne sera pas au titre de leurs actes amoureux (qu’il ne reconnaîtra toujours pas comme objectivement peccamineux) mais au nom de leur condition humaine pécheresse communément partagée avec l’ensemble des Humains (… donc au nom d’un communisme/universalisme du péché) : « Nous sommes tous pécheurs. » (p. 19) ; « La conversion est pour tous. » (p. 40) ; « Parfois, nous doutons d’être ‘dignes’ de suivre Jésus ou d’être aimés par Dieu. Tous autant que nous sommes, hétéros, gays, lesbiennes, bisexuel-le-s, transgenres, nous sommes imparfaits. Nous avons tous nos défauts. Nous sommes tous pécheurs. » (p. 189) ; « tous imparfaits » (p. 192) ; « les gens qui composent notre Église ne sont pas parfaits. Nous ne l’avons jamais été. Nous ne le serons jamais. » (p. 146 : ah bon ? Et l’éternité, alors ?) ; etc. Au bout du compte, James Martin nie le péché et la faute homosexuels, notamment en remplaçant le mot « repentance » par celui de « conversion » (p. 40). À l’entendre, les personnes homos pratiquant leur homosexualité ne seraient pas des pécheurs spécifiques, ni « plus pécheurs que d’autres » : « Je ne cherche pas ici à dire que les personnes LGBT devraient être traitées comme des pécheurs, c’est-à-dire de la même manière que toutes ces catégories de personnes de cette époque, car nous sommes des pécheurs. » (p. 97) ; « les gens qui composent notre Église ne sont pas parfaits. Nous ne l’avons jamais été. Nous ne le serons jamais. » (p. 146) ; « Nous sommes tous des pèlerins en chemin. » (p. 147) Par voie légale, ou par une logique humaniste numéraire, il désobjective et relativise la pratique homosexuelle, il exonère les personnes homosexuelles du péché. Et ça, c’est très grave car c’est un profond manque d’amour à notre encontre. C’est un déni de notre liberté et de notre responsabilité, en plus d’un mépris pour le Salut éternel de notre âme.
 

Je resterai pour ma part toujours estomaqué par l’aplomb et l’assurance des censeurs type James Martin, qui arrivent à blablater (sur des sujets pourtant aussi lourds que l’homosexualité et l’homophobie) en se donnant l’air de dire quelque chose d’hyper profond et de sauver l’Humanité, qui parviennent à mépriser chez les autres ce qu’ils prétendent détenir eux seuls, à savoir l’intelligence. Car dans le discours martinien, il faut voir comment il appelle à la démission intellectuelle, à la haine du jugement et de la raison humains. Par exemple, en promouvant la « conversion » (« metanoüs » en grec), il incite son auditoire à ne plus réfléchir : « ‘Méta’ signifie en grec ‘après’ ou ‘au-delà’, et ‘noüs’ signifie ‘esprit, intellect’. » (p. 40). Et tout au long de son écrit, il diabolise le jugement : « dépourvue de tout jugement » (p. 61) ; « libérées de ce besoin de juger » (p. 61) ; « un jugement inutilement cruel » (p. 104) ; « combattre les préjugés » (p. 164) ; etc. Or, si nous pensons et sentons, forcément nous jugeons et nous pré-jugeons ! C’est le propre de l’Humain !
 

Cette recherche de neutralisation de la raison et de la Vérité par la séduction, elle est tout à fait lisible dans l’attitude de James Martin et dans les propos qu’il rapporte du père de famille (papa d’un enfant homosexuel) venu rendre visite à son évêque pour le convaincre d’accepter/de justifier l’« identité et l’amour homosexuels » : « ‘Je tâchais de l’émouvoir et de ne pas m’engager dans un débat intellectuel.’ » (p. 117). Difficile d’être plus clair. James Martin nous incite d’ailleurs à draguer nos évêques. Le respect et l’émotion sont clairement définis comme des tactiques nécessaires à « la prise de conscience » (éditeurs, p. 226). James Martin est loin de faire figure d’exception parmi les clercs dans cette quête de gloire à travers l’homosexualité et à travers nous personnes homosexuelles. J’ai déjà observé à moultes reprises la complaisance et la gratification que trouvent certains prêtres à nous citer, à raconter dans un livre (en veillant à notre anonymat) un épisode de confessionnal qu’ils ont vécus avec nous, ou plusieurs échanges et amitiés qu’ils vivent à nos côtés dans « l’accompagnement » qu’ils nous « proposent ». Ils nous affichent comme autant de trophées et de preuves vivantes de leur incroyable ouverture et capacité à écouter, à s’approcher des « périphéries » et à aller là où beaucoup de leurs confrères prêtres n’iraient pas (par homophobie). Il y a autour de nous un enjeu mondial deviné mais souvent exploité sans vergogne par de plus en plus de prêtres qui rêvent en secret de nous ACCOMPAGNER (genre le père Louis-Marie Guitton à Mourage) comme un business, un apostolat ou un groupe de parole, un faire-valoir, un rôle indispensable dans le C.V. et la carrière du prêtre 2.0 ! Un attachement pour le moins suspect parce que ces prêtres ou évêques gays friendly ne veulent surtout pas que nous parlions d’homosexualité et d’homophobie. Ils nous l’interdisent, même, car nous leur piquerions la vedette et prouverions leur illégitimité à nous seconder. Leur carriérisme aussi.
 

Chez James Martin, cette obsession de devenir notre meilleure amie, notre confidente, notre maman-copine, est très forte. C’est Frigide Barjot, mais au masculin… et avec un col romain ! Quasiment à toutes les pages de Bâtir un Pont, on peut lire ce cri d’affamé d’« amitiés homo-sensibles » (comme dirait Jean-Michel Dunand). James Martin insiste beaucoup sur les amitiés particulières qu’il a tissées avec nous : « Un ami gay me l’a écrit… » (p. 23) ; « J’ai écouté leurs joies et leurs espoirs, leurs chagrins et leurs angoisses, accompagnés parfois de larmes, parfois de rires. Cela m’a amené à me lier d’amitié avec nombre d’entre eux. » (p. 29) ; « Je suis devenu ami avec nombre d’entre eux. » (p. 30) ; « Mon expérience avec les personnes LGBT est longue. » (p. 41) ; « L’un de mes plus vieux amis est un homme gay appelé Mark. » (p. 78) ; « entrer en amitié avec eux » (p. 92) ; « Un de mes amis, un homme gay nommé Brian » (p. 92) ; « l’importance de la familiarité et de l’amitié » (p. 93) ; « entrer en amitié » (p. 96) ; « un de mes amis gays » (p. 126) ; « amitié (p. 234) ; etc. On le voit gros comme une maison défendre en filigrane la notion très ambiguë d’« amour d’amitié » : « Dieu d’amour, aide-moi à trouver des amis qui m’aiment pour ce que je suis. » (cf. la prière finale rédigée par James Martin, p. 214). Le pire dans l’histoire, c’est que James Martin est plus occupé à se justifier de bien nous connaître, à montrer ses diplômes d’amitié avec nous, qu’à s’occuper vraiment de notre situation et à prendre le risque (comme le prennent les vrais amis) de nous dire parfois des vérités qui contrarient nos plans et nos rêves sentimentaux. Cette inquiétude démesurée à prouver sa légitimité (amicale) démontre au contraire que sa démarche n’est pas juste, n’a pas de légitimité ni de substrat de réalité d’amitié. Car sachez bien une chose, les gays friendly : nos vrais amis ne disent pas et ne se présentent jamais comme nos « amis ». Ça se voit tout naturellement, et ils n’ont même pas besoin d’étaler nos photos ensemble ou nos diplômes d’amitié pour qu’elle se voie. Nos vrais amis sont aussi ceux qui ne justifient ni la pseudo « identité » homo ni le pseudo « amour » homo. Le contraire de ce que fait James Martin. Lui, il désire tellement se rapprocher de nous, « entrer en amitié » avec les « catholiques LGBT », et prouver à travers nous l’existence et le bien-fondé de « l’identité-amour homo », qu’on a vraiment l’impression qu’il en est aussi et qu’il veut nous serrer. En plus, il nous présente comme des personnes très « affectueuses » (p. 60). Désolé James, mais on n’a pas gardé les cochonnes ensemble. « Je suis ton frère. » (p. 130) (Ça y est… il se prend pour Dark Wador maintenant !) Alors non. On va se calmer tout de suite.
 

De surcroît, James Martin semble s’être savamment composé toute une cour homosexuelle autour de lui. Depuis un moment déjà. « L’un de mes conseillers spirituels était un homme gay. » (p. 59) ; « les animateurs liturgiques les plus talentueux que j’ai connus durant mes presque trente ans comme jésuite sont des hommes gays. » (p. 59) ; etc. On dirait qu’il considère l’Église Catholique comme son garde-manger LGBT secret, son vivier perso d’amis-amants, d’autant plus qu’il évoque ouvertement dans son livre l’existence (numériquement importante) des curés gays (p. 124). Donc non seulement il réussit son coup médiatique en brisant un vrai tabou, en créant le Buzz du Siècle par l’annonce du Talon d’Achille de l’Église Catholique (à savoir l’homosexualité, bien plus encore que la pédophilie) sans régler le scandale (ça impressionne tout le monde, et ça intimide/fragilise l’ensemble des pasteurs). Mais en plus, c’est l’hypocrisie totale sur son cas personnel, puisqu’il réclame aux autres le coming out qu’il est incapable de faire lui-même. Récemment, un journaliste télé a cherché à savoir si James Martin était directement concerné par le sujet, ce à quoi il a répondu, en bon élève soumis et obéissant : « Mon supérieur, le Provincial des jésuites, m’a demandé de ne pas faire de déclaration concernant mon orientation sexuelle. » Tout le monde a compris. Son homosexualité est donc un secret de Polichinelle bien (mal) gardé ! En revanche, dans une autre vidéo, James Martin encourage carrément les prêtres à faire leur coming out. Il connaît pertinemment l’importance – et même la prévalence – de la continence (célibat consacré) pour vivre en conformité avec le Magistère de l’Église et pour une vie en sainteté et en Vérité avec Jésus. Mais il ne la défend pas. Et ce, à dessein. Et il ne la vit pas, je crois, ne serait-ce qu’en ne l’exigeant pas des autres. Ceci est vrai également pour les prêtres et les gens qui soutiennent le discours de James Martin. À commencer par le traducteur français de Bâtir un Pont, le dominicain ultra bobo (et surtout ultra gay refoulé) Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond – qui comme par hasard me conchie sur Twitter (pseudo : OBrother_op), et n’hésite pas à défendre sa croyance en l’« amour » homo, y compris dans les sphères tradis, sans en assumer les conséquences et sans craindre les poursuites. Ces défenseurs sacerdotaux de la pratique homosexuelle courent en liberté, sévissent de manière à la fois suffisamment publique et ambiguë pour passer entre les mailles du filet de la censure ecclésiale. Leur fourberie, difficile à prouver (à moins de les prendre sur le vif), n’en est que plus écœurante. Mais un jour, ils récolteront les fruits de leur désobéissance, de leur arrivisme et de leur duplicité. Ça, c’est sûr.
 

 

En parlant d’arrivisme, le livre de James Martin, mais aussi ses interventions publiques, transpirent le désir de carrière. Même dans les remerciements de la fin, on a le bonheur d’apprendre que la rock-star jésuite a un agent ! : « Merci à Donald Cutler, mon agent si extraordinaire et si extraordinairement enthousiaste. » (p. 234) Quel prêtre ou religieuse digne de cette charge a un « agent », sans déconner ?!? De plus, il suffit d’entendre James Martin parler de l’Église-Institution pour voir qu’il la conçoit comme un appareil étatique, un instrument pour accéder au pouvoir, une forteresse ou entreprise, un projet architectural, et non d’abord comme le Christ en personne, pauvre et en Croix : « L’Église fonctionne » (p. 34) ; « à l’église Saint-Paul-Apôtre de New York » (p. 24) ; « l’université Villanova, proche de Philadelphie » (p. 25) ; « l’appartenance à l’Église » (p. 38) ; « la marche de l’Église » (p. 46) ; « le porche » (p. 51) ; « participent à l’édification de l’Église » (p. 60) ; « participent à l’édification d’une paroisse ou d’un diocèse » (p. 60) ; « participent à l’édification de l’Église » (p. 63) ; « L’Église institutionnelle doit se tenir avec les catholiques LGBT. » (p. 75) ; « établissements catholiques » (p. 75) ; « l’Église institutionnelle » (p. 107) ; etc.
 

Dans Bâtir un Pont, James Martin évoque sans arrêt le travail : « agents pastoraux » (p. 13) ; « le travail de l’Évangile » (p. 28) ; « j’ai exercé » (p. 28) ; « J’ai travaillé avec elles. » (p. 28) ; « travail » (p. 28) ; « travaillé » (p. 29) ; « travailler » (p. 29) ; « travaillé » (p. 33) ; « la quantité de travail » (p. 35) ; « travailler avec plus d’ardeur » (p. 37) ; « travail » (p. 41) ; « un poste officiel » (p. 46) ; « la fonction » (p. 46) ; « travaillant » (p. 59) ; « j’ai travaillé » (p. 59) ; « meilleurs employés » (p. 61) ; « travailleur » (p. 61) ; « travaillant » (p. 61) ; « travaillent » (p. 63) ; « travail » (p. 67) « travail » (encore p. 67) ; « employeur » (p. 68) ; « emploi » (p. 68) ; « emploi » (encore p. 68) ; « poste » (p. 68) ; « employés » (p. 68) ; « embauche » (p. 69) ; « salariés » (p. 69) ; « travaillent » (p. 69) ; « employés » (p. 70) ; « activité professionnelle » (p. 71) ; « employés » (p. 71) ; « poste officiel » (p. 75) ; « employés » (p. 85) ; « travaillait » (p. 92) « travaillait dur » (p. 93) ; « un poste » (p. 93) ; « patron » (p. 93) ; « travaillait » (p. 93) ; « son poste » (p. 100) ; « leur emploi » (p. 100) ; « son activité » (p. 100) ; « Ayant moi-même travaillé avec des réfugiés… » (p. 83) ; « travaille » (p. 85) ; « poste » (p. 122) ; « travaillant » (p. 143) ; « Pierre dit qu’il a travaillé dur » (p. 191) ; etc.
 

La métaphore du pont ou du viaduc à construire pour accéder à l’Église-Institution, est omniprésente dans le livre de James Martin, et est typiquement franc-maçonne : « tracent des frontières » (p. 34) ; « Où voyez-vous des chrétiens tracer de telles frontières ? » (p. 221) ; « traces de l’action » (éditeurs, p. 232) ; « l’action » (p. 39) ; « des pierres » (p. 146) ; « C’est en construisant ce genre de ponts qu’on arrivera aux plus beaux résultats. » (p. 118) ; « l’essentiel des critiques s’est avéré constructif » (p. 18) ; « constructive » (p. 18) ; « construit » (p. 45) ; « construction » (p. 64) ; « construire la confiance » (p. 56) ; « l’édification de toute la communauté des croyants » (p. 108) ; « construire » (p. 222) ; « la construction du pont » (éditeurs, p. 227) ; « construction du pont » (éditeurs, p. 232) ; « continuer à progresser dans la construction de ce pont » (éditeurs, p. 232) ; « deux tours du World Trade Center » (p. 66) ; « tour » (p. 111) ; « tours » (p. 111) ; « édifiante » (p. 13) ; « La responsabilité de bâtir ce pont » (p. 14) ; « tout projet de ‘pont’ » (p. 19) ; « pont » (p. 20) ; « un profond désir de ponts dans notre Église » (p. 25) ; « construire des ponts » (p. 26) ; « jeter un pont » (p. 28) ; « un pont » (p. 45) ; « meilleurs ponts » (p. 45) ; « ce pont » (p. 45) ; « le pont » (p. 47) ; « en se tenant sur le pont » (p. 18) ; « construire un pont » (p. 142) ; « Ensemble sur le pont » (p. 145) ; « Il parla du respect comme d’un outil pour bâtir un pont. » (p. 114) ; « Je lisais la Règle de saint Benoît […]La Règle » (p. 115) ; « le fondement » (p. 51) ; « fondamental » (p. 70) ; « fondamentaux » (p. 70) ; « constituer une barrière » (p. 56) ; « la barrière à l’entrée du pont » (p. 142) ; etc. Je rajouterais que James Martin développe le concept (très franc-maçon) de la quête : « continuer à soutenir les catholiques LGBT dans leur quête d’une place au sein de l’Église » (p. 22) ; « quête » (p. 33) ; « requêtes » (p. 122) Il insiste aussi sur un autre leitmotiv dynamique de la Franc-Maçonnerie : l’amélioration et la transformation : « meilleurs ponts » (p. 45) ; « meilleurs employés » (p. 61) ; « les meilleurs évangélisateurs » (p. 61) ; « Nous nous efforçons de faire de notre mieux. » (p. 192) ; etc.
 

À vrai dire, James Martin semble fasciné par le pouvoir (cf. « pouvoir » p. 54 ; deux fois le mot « pouvoir » pp. 157-158) : « Dans l’Église catholique, c’est la hiérarchie qui possède le pouvoir institutionnel. Les membres de la hiérarchie peuvent autoriser les fidèles à recevoir les sacrements, autoriser ou empêcher les prêtres de célébrer les sacrements, ils peuvent fermer ou ouvrir des paroisses ou des aumôneries diocésaines, autoriser les gens à conserver leur poste dans une institution catholique, et ainsi de suite. Mais les catholiques LGBT ont eux aussi du pouvoir. » (p. 107) ; « Dans l’Église institutionnelle, c’est toujours la hiérarchie qui détient le pouvoir. » (p.108) C’est simple. Il voit les évêques comme des gestionnaires. Bref, des pièces maîtresses : « les évêques doivent : trouver… […] gérer… […] décider… […] trouver de l’argent frais… […] accompagner la croissance… […] répondre aux plaintes » (p. 122). C’est pour ça qu’il prétend bichonner l’Église. À ses yeux, elle est un outil précieux pour son ascension : « utiles » (p. 12) ; « utile » (p. 18) ; « utiles » (p. 38) ; « utile » (p. 41) ; « utile » (p. 46), « utile » (p. 113) ; etc. C’est pour ça aussi qu’il insiste beaucoup sur la nécessité de la respecter et de respecter ses fonctionnaires, afin d’atteindre ses objectifs et réaliser ses projets : « respecter la hiérarchie » (p. 114) « Leur enseignement mérite notre respect. » (p. 109). Il appelle même de ses vœux à prier pour les dirigeants de l’Église (« une vraie compréhension de la vie de ceux qui détiennent le pouvoir dans l’Église institutionnelle. » p. 119 ; « Qu’est-ce que cela pourrait vouloir dire que de manifester de la compassion à l’égard de la hiérarchie ? » p. 119 ; « prier pour eux » p. 133 ; « une prière sincère » p. 133 ; « Les catholiques LGBT sont invités à la compassion et à la prière pour nos ‘frères religieux qui luttent’[contre leurs propres penchants homosexuels refoulés], même lorsque leur comportement les a parfois identifiés aux ennemis de la communauté LGBT. » p. 126) ; etc.), non pas dans un vrai élan du cœur, mais pour habiller sa condescendance anticléricale de piété et de bonté sacrificielle, pour acheter le silence et la paix de ses chefs, par pure stratégie et intérêt. D’ailleurs, James Martin conseille à ses frères catholiques LGBT d’imiter sa ruse et de faire profil bas avec les évêques : « Ne serait-ce que d’un point de vue strictement humain, c’est une stratégie qui peut se révéler payante : si vous voulez vraiment avoir de l’influence sur la façon dont l’Église traite les questions LGBT, il peut être utile de gagner la confiance des membres de sa hiérarchie. » (p. 113)
 

Mais je crois que plus profondément, derrière toute cette manigance carriériste de James Martin se cache un plan de vengeance et de destruction contre l’Église-Institution, dont son commanditaire, aveuglé par ses bonnes intentions cléricalistes, n’a peut-être pas encore pris toute la mesure. Ce qui est certain, c’est que James Martin considère les gens d’Église comme fautifs et entend bien leur faire payer la facture de cette « faute » : « La seule évocation de la possibilité d’accueillir des personnes LGBT pouvait susciter les commentaires les plus homophobes et haineux qu’on puisse imaginer. » (p. 17) ; « La quasi-totalité des licenciements dans des institutions catholiques invoquait comme motif des questions LGBT. » (p. 68) ; etc. James Martin se sert de l’homosexualité et de la caricature sincère qu’il se fait des souffrances réellement vécues par les personnes homosexuelles (et peut-être aussi de la révolte qui émane de son propre refoulement d’homosexualité) pour faire culpabiliser les chefs de l’Église-Institution, leur faire porter le chapeau, les traîner en procès devant les tribunaux médiatiques de la planète, et régler ses comptes (ou un vieux contentieux que j’ignore encore : en tout cas, je devine juste que c’est du lourd). Il parle en effet du « rejet dont sont victimes les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres » (4e de couverture), de « la vague réactionnaire et intolérante qui s’abat sur les chrétiens » homos (idem), d’« un déferlement de haine » (p. 17) de la part des catholiques conservateurs à son encontre et à l’encontre de ses protégés homosexuels qui « ont été blessés par leur Église » (p. 213). Il va jusqu’à imputer des vagues de suicides et de dépressions de jeunes aux rédacteurs des paragraphes sur l’homosexualité dans le Catéchisme de l’Église Catholique : « ‘Les gens comprennent-ils l’effet d’un tel langage sur un garçon gay de 14 ans ? Cela peut le détruire.’ » (James Martin à propos de la qualification des actes homos en tant qu’« intrinsèquement désordonnés », pp. 104-105). Il déplore aussi l’existence de prêtres homophobes, « haineux et blessants par manque d’éducation » (p. 126), et entend justement les éduquer, les corriger : à un moment du livre, il énonce carrément une ligne de conduite épiscopale (il a rédigé une sorte de « Déclaration des droits et des devoirs des évêques » pp. 126-127). Il ne rigole pas, le James Martin. Je pense même qu’il veut éclater l’Église (même si, par ailleurs, il ne jure que par son unité). La preuve de cela, c’est qu’il met le terme au pluriel : « les chrétiens et leurs Églises » (p. 13).
 

Pour faire passer subtilement la pilule de sa vengeance à ses adversaires épiscopaux et cardinalices, il use premièrement de la menace amène de la délation. Et Dieu sait si en ce moment, elle est efficace, cette menace, étant donné que l’homosexualité est devenue le fer de lance invisible principal de l’anticléricalisme mondial (le fer de lance visible, c’est la pédophilie, et dans une moindre mesure, le sexisme). Le père James Martin, en s’avançant officieusement comme « homo non pratiquant » et officiellement comme « prêtre accompagnateur des LGBT », et en mettant l’homosexualité sur la table des négociations entre l’Église et le monde, s’est mis à l’abri, y compris dans son exposition médiatique ; et surtout, il a posé un ultimatum très dissuasif à sa hiérarchie ecclésiale pour obtenir ce qu’il veut : « J’accepte votre statut de supérieurs hiérarchiques, et mon statut de sous-ministre, mais vous, en contrepartie, vous arrondissez les angles du Catéchisme sur l’homosexualité. Sinon, je vous dénonce pour homophobie ou pour pratique homosexuelle sacerdotale massive cachée… Et là, c’est le pavé dans la mare! »
 

Dans un second temps, pour mener à bien son plan de vengeance contre l’Église, James Martin use de la métaphore – apparemment fédératrice, et séduisante intellectuellement et visuellement parlant – du « pont à double sens » (p. 31), qui ressemble à un trait d’union équilibré, neutre et impartial, suspendu entre la communauté LGBT et l’Église institutionnelle… mais dans les faits, il fait l’inverse de les unir puisqu’il considère que c’est à l’Église-Institution de faire le premier pas, de s’adapter, et que c’est elle seule la fautive de l’histoire : « Une grande responsabilité dans ce travail de dialogue incombe à l’Église institutionnelle : c’est elle qui a causé chez les personnes LGBT ce sentiment de mise à l’écart, et non l’inverse. […] c’est le clergé et les pasteurs de l’Église qui sont responsables de la marginalisation. » (p. 14) ; « Comme je l’ai dit, c’est bien l’Église institutionnelle qui a causé ce sentiment de marginalisation chez les catholiques LGBT, et non l’inverse. » (p. 37) ; « La responsabilité de la construction du pont incombe plus à l’Église institutionnelle qu’aux catholiques LGBT » (p. 219) Au bout du compte, le « double sens » en question n’est pas synonyme de circulation bilatérale, mais plutôt d’« ambiguïté ». « Entre ces deux groupes que sont la communauté LGBT et l’Église institutionnelle, un fossé s’est creusé, une séparation qui réclame qu’un pont soit jeté. » (p. 28) Mais qui les a « éloignés » (il utilise ce même adjectif quatre fois, p. 15, 16, 17 et 220) si ce n’est James Martin lui-même ?? En réalité, par le symbole du pont, l’auteur adopte une vision très manichéenne et binaire du dialogue entre les personnes homosexuelles et les chefs de l’Église. Comme par hasard, dans le tableau qu’il a théorisé, il place les opposants « homophobes » dans les eaux sombres en dessous du pont (« Et combien les eaux qui coulent sous le pont sont dangereuses » p. 18 ; « eaux sombres » p. 146)… et lui au-dessus !
 

James Martin, hypocritement, ne se croit ni faire partie de l’Église-Institution ni de la communauté LGBT, et tacitement, il laisse pourtant entendre qu’il les représente toutes les deux. En endossant le rôle de modérateur, d’intermédiaire, de médiateur, d’arbitre fixant les règles, en s’attribuant le rôle de soi-disant « juste » milieu ou de douanier, il se prend pour le pont, et donc pour le Pape (l’adjectif « pontifical » ou « pontif » vient précisément du mot « pont »). Il est galvanisé par son statut d’exception sacerdotale. Il cite même un témoin homosexuel lui décernant ce titre : « Entendre un prêtre dire les choses que tu dis est un contre-exemple frappant. Entendre un membre du clergé dire des choses positives sur les personnes LGBT est tout à la fois nouveau et bouleversant. » (p. 24)
 

À travers l’image (très simpliste) du pont, James Martin plante le décor d’un nouveau paradis où il est le roi (« Faire confiance à ce pont, c’est croire que les gens finiront par l’emprunter. » p. 145), le maître d’un monde intermédiaire, d’un sas vers le Paradis de Jésus et de l’Église-Institution, avec des péages et des barrières : « Sur le pont, il y a des péages » (p. 145). Ce qu’il se garde bien de dévoiler, c’est que « ce voyage sur le pont » (p. 147) sera pour beaucoup sans retour, et que son douanier ne laissera pas passer sur l’autre rive (l’Église-Institution) ceux qui l’emprunteront : « Vivre dans le respect, la compassion et la délicatesse, cela a un prix. » (p. 145) Ce prix, c’est l’acceptation du péché et le renoncement à la Vérité et au Salut. C’est la reddition de Jésus et de son âme. C’est l’équivalent de trente piécettes d’argent.
 

Je me trouvais il y a quelques jours à une réunion Pôle Emploi en collaboration avec des travailleurs sociaux, pour inciter ceux qui demandent à percevoir le RSA (Revenu de Solidarité Active) à mériter ce dernier et à trouver un emploi (je n’ai pas dit « un travail »). Même s’ils veulent au final nous faire rentrer dans leur Système de salariat, il s’agit pour ces agents de la Mairie de Paris d’insister sur la notion de partenariat à double sens (précisément), de contrat de confiance, afin d’éviter tout assistanat ou impression d’assistanat. Ils parlent de « Contrat d’Engagement Réciproque », de « travail de co-construction », nous jurent que « rien n’est obligé », qu’ils sont là pour « nous donner des outils pour creuser nos projets et non les leurs ». C’est exactement le même dispositif de smart contract que propose James Martin avec son pont à double entrée et double sens, sauf que dans son cas, son contrat donnant-donnant mériterait de s’appeler « Gay Spirit Contract », et que le système dans lequel il veut nous faire rentrer est la croyance en « l’identité » et en « l’amour » homo (voire la pratique homo et la bénédiction religieuse des « couples » homos). Il met en scène, de manière puante (il faut le dire) et forcée, une singerie de réconciliation. Car comment parvenir à une véritable réconciliation sans Vérité ? James Martin s’annonce comme le Grand Réconciliateur, le Pont humain, l’entre-deux entre des factions décrétées préalablement « opposées » à qui il permettrait de « faire la paix » : « De la même manière que l’Église institutionnelle est appelée à voir des frères et des sœurs dans la communauté LGBT, la communauté LGBT est invitée à voir les pasteurs de l’Église comme ses frères. » (p. 121). Il parle d’instaurer l’« égalité du cœur » (p. 123).
 

En fait, malgré ses dires, son pont est à sens unique : c’est à nous d’aller le rejoindre dessus, et plus fondamentalement, de passer sur lui. Venez vers moi. J’ai trouvé la « voie du pont » (p. 145) : « Par-dessus tout, j’aimerais offrir à tous ce pont et le soutenir. » (p. 38) ; « Je vous invite maintenant à me rejoindre sur ce pont » (p. 41) ; « Je voudrais vous inviter à marcher avec moi » (p. 45) ; « le pont que je vous invite à franchir » (p. 146) ; etc. James Martin n’appelle pas à aller vers l’Église-Institution ni à s’adapter pleinement à Elle. Le lien (= le pont) pour aller vers l’Église-Institution semble plus important à ses yeux que l’Église-Institution. Et la direction de son pont penche largement plus vers la communauté LGBT que vers une réception plénière du contenu du Catéchisme à propos de l’homosexualité. Il propose davantage un mouvement unilatéral (c’est-à-dire celui qui va dans son sens et vers lui) qu’un mouvement vers ceux qui ne pensent pas comme lui : « Je vous ai invités à parcourir avec moi ce pont. » (p. 145)
 

James Martin est un stratège machiavélique (au sens historique de l’adjectif, et non d’abord manichéen et moral). À son avis, la fin justifie les moyens. Il aime à s’apitoyer sur ses préférés – en l’occurrence nous catholiques LGBT – et à rentrer dans le jeu de notre sentiment d’être des victimes de notre propre Église : « Ooooh mes pauvres… Les chefs de notre Église ont été crès crès méchants avec vous. Ils ne vous/nous comprennent pas. Ils se trompent sur vous. Je sais. Mes collègues me font parfois secrètement honte… Excusez-les… » James flatte en nous une victimisation, nous drague de manière à la fois maternante et paternante – donc apparemment « chaste » – tout en temporisant nos supposées « attentes irrépressibles » et en négociant avec nous un échéancier basé sur une singerie de pardon, de patience et de prière : « Vous ne serez pas aussi méchants que les chefs de l’Église institutionnelle l’ont été avec vous ; car vous êtes plus intelligents et plus Grands Seigneurs qu’eux, plus rusés et magnanimes. Plus catholiques, au final. Priez pour vos ennemis, faites mine de les écouter, conquérez leur cœur… et bientôt, ils vous mangeront dans la main, vous verrez. Ils sont durs à cuire, mais ce ne sont pas des mauvais bougres. Ils ne mordent pas. En plus, c’est maintenant qu’il faut croire à notre lente offensive car ils sont influençables et extrêmement affaiblis en ce moment. Alors armez-vous de patience. Souriez-leur comme si de rien n’était. Leur ralliement à notre cause universelle LGBT est proche. Nous les amadouerons et les aurons à l’usure. C’est juste une question de temps, d’attitude, de présentation, de changement. » : « changement » (p. 40) ; « Les temps changent, lentement. » (p. 128) ; « L’Église change petit à petit. » (p. 129) ; « ce changement » (p. 129) ; « faire changer les choses » (p. 143) ; « changer » (p. 213) ; « changer » (p. 221) ; « progresser » (éditeurs, p. 232) ; etc. Toutefois, James Martin la joue fine et devance la critique de sa rhétorique du changement et de la réforme, en ne laissant pas transparaître de grands désirs de révolution spectaculaire. Comme il dit lui-même, le pont est la métaphore du « changement progressif » et non du changement brutal : il se dédouane d’une « promotion d’un changement radical dans l’enseignement de l’Église institutionnelle » (p. 20). Le pont se présente comme la gentille passerelle d’une innocente promenade… même si factuellement, c’est plutôt un pont-levis d’assaut en douceur des idées gays friendly dans l’Église.
 

La démarche de James Martin est d’autant plus perverse qu’elle est caressante, sincère, bien-intentionnée, franche, donc (inconsciemment ?) franc-maçonne. La franchise (ou la sincérité, les bonnes intentions non suivies des actes d’humilité) est la signature de la Franc-Maçonnerie par excellence : « le souhait d’aborder ces questions de manière franche » (p. 24) ; « pour ma part, tous les évêques que je connais sont sincères dans leur volonté de rejoindre pastoralement cette communauté » (p. 30) ; « de manière honnête » (p. 56) ; « sincèrement » (p. 117) ; « en toute franchise » (p. 120) ; « une prière sincère » (p. 133) ; « Vous avez pu parler franchement de votre sexualité » (p. 198). Je pense que Jésus, face la puanteur d’obséquiosité de James Martin, dirait à ce dernier, s’il pouvait s’adresser à lui distinctement : « Arrière Satan ! », comme il l’avait fait avec saint Pierre. Ou mieux : « Judas, c’est par un baiser que tu me livres ? ».
 

James Martin a l’air très fan du protestantisme. Comme je l’ai signalé plus haut, il chante la cohésion des Églises méthodistes (p. 86). Et sur son mur Twitter ; il partage énormément de photos qui font partie de l’imagerie traditionnelle des sectes issues du protestantisme comme par exemple les Témoins de Jéhovah ; et il s’attarde beaucoup en hommages sur les grandes figures du protestantisme évangéliste mondial, telles que Billy Graham ou encore le pasteur Martin Luther King. S’il est cohérent, ce qu’on pourrait lui demander, c’est de se positionner plus clairement, voire de changer carrément de crèmerie, plutôt que de faire semblant d’être encore catholique. Si l’enseignement catholique sur l’homosexualité ne lui plaît pas, et qu’il le distord continuellement en public, eh bien qu’il le laisse tomber une bonne fois pour toutes, au lieu d’entraîner mes frères prêtres ou/et homosexuels catholiques dans ses erreurs et sa révolte. Dans ma bouche, ce n’est même pas une proposition. C’est un conseil insistant. Pour le bien de l’Église et son bien à lui.
 

 

J’arrive à la fin de ma critique de Bâtir un Pont de James Martin (qui m’a pris une semaine entière de travail !). Alors merci doublement de l’avoir lue jusqu’au bout. En conclusion, il apparaît que le profil du bonhomme, et le phénomène réformiste qu’il incarne, ont de quoi nous inquiéter fortement. Et néanmoins, comme je l’ai signalé plus haut, plus urgente me semble l’identification de déviance chez le cardinal Sarah (car celle-là, peu la voient) que chez James Martin (celle-ci, tout le monde la voit et s’en sert même pour faire diversion par rapport au cardinal Sarah). Et vu la bêtise et le manque de finesse des médias de la Réacosphère d’extrême droite (Médias Presse Infos, le blog de Jeanne Smits, Riposte Catholique, Réinformation TV, Le Salon Beige, L’Incorrect, etc.), on est encore loin de la clairvoyance collective. Si James Martin est la bonne mère, le cardinal Sarah est le bon père (qui, en ce moment, parraine les « homos mais pas gays » comme Daniel C. Mattson). S’acharner sur le père James Martin, cela revient presque à tirer sur une ambulance. Plus courageux et subtil est celui qui dénoncera la traîtrise du cardinal Sarah et le dévoiement de l’association Mourage. Car là, c’est l’aveuglement général. Force et humilité de Jésus à nous tous !
 

Le cardinal Sarah est bien franc-maçon et obéit à un christo-centrisme luciférien


 

Deux ans après sa visite à Chartres, le cardinal Sarah récidive. Il a à nouveau servi la même soupe aux catholiques traditionalistes et aux scouts d’Europe, qui ont avalé comme du petit lait son discours radical et guerrier inconsistant. C’était il y a 3 jours au pèlerinage de Chartres, lors de la messe de la Pentecôte. Les catholiques n’y voient que du feu puisque le cardinal parle de tout ce qui a l’air catholique : la Croix, l’Eucharistie, Jésus, la Vierge, les prêtres, l’Esprit Saint. Il salue même le Pape François à la fin de son homélie. Discours très bien huilé.
 

Oui. Il y a un vrai problème dans son homélie, et plus largement dans sa conception du Christ : il fait de Jésus une ampoule, une lumière (lui dira « LA Lumière »). Or, ceci ne sera vrai que dans l’ordre de l’éternité et de la Parousie. Avant, le Christ est mêlé aux ténèbres, au point de s’y identifier. D’un point de vue chronologique, temporel, Jésus n’apparaît pas encore dans l’éclat lumineux de sa Gloire. Il est même mélangé à la boue, au péché, à l’obscurité, à l’ignominie de la Croix des coupables : « Dieu l’a fait péché pour nous. » (2 Co 5, 21) La Lumière de Jésus n’a donc rien à voir avec l’évidence spirituelle et éblouissante que beaucoup d’éclaireurs lancés sur les routes du Martyre Catholique par le cardinal rouge voient en elle avec des étoiles jansénistes et conquérantes dans les yeux. La dialectique lumière/ténèbres du cardinal Sarah, même si elle rassure car elle a l’air clinquante, dynamique, vigoureuse et christocentrée, est en réalité très simpliste, binaire, manichéenne, luciférienne. À l’entendre, il y a ceux qui appartiennent à la Lumière (Jésus), c’est-à-dire lui et ceux qui l’écoutent, et puis les autres, ceux qui sont enténébrés dans l’obscurantisme post-moderne occidental, et qu’il faut d’urgence aller convertir et éclairer. L’égaré, à ses yeux, c’est toujours l’autre. Jamais lui ! Au fond, le cardinal Sarah déteste le monde, notre époque, et nos contemporains, sous le prétexte pourtant très johannique que nous sommes dans le monde mais pas DU monde : « N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde ! » ; « Nous vivons dans ce monde de tumulte, de laideur, de tristesse ».
 

Le cardinal Sarah déroule dans son homélie la plupart des 12 obsessions de la Réacosphère que j’ai développées dans mon article sur le sujet. Par exemple l’obsession pour la lucidité, la Vérité et la Réalité (« Il faut être lucide et réaliste. », « Chemin de la Vérité). On retrouve aussi chez lui l’obsession millénariste et civilisationniste aussi pour « la Force » (mot qu’il répète plusieurs fois : « Vous, les jeunes, vous êtes FORTS ! La Parole de Dieu demeure en vous ! »), autrement dit pour l’énergie et la puissance.
 

De plus, le cardinal Sarah reprend à son compte les trois champs lexicaux les plus courants de la Franc-Maçonnerie (lumière-textile, architecture, et humanisme/spiritualisme intégral) contre laquelle il croit pourtant s’opposer : « Chers pèlerins de France : regardez cette cathédrale. Vos ancêtres l’ont construite pour proclamer leur Foi. Tout, dans son architecture, sa structure, ses vitraux, proclament la joie d’être sauvé et aimé par Dieu. » ; « Toi, Peuple de France, réveille-toi, choisis la Lumière, renonce aux ténèbres ! » ; « La liturgie ne doit pas être une occasion de déchirement. » ; « Le Christ est notre Orient, notre Tout, notre unique horizon. » ; « Laïcs engagés dans la vie de la Cité », « Cher Peuple de France, ce sont les monastères qui ont fait la civilisation de ton pays. Ce sont les personnes – les hommes et les femmes – qui ont accepté de suivre Jésus jusqu’au bout, radicalement, qui ont construit l’Europe chrétienne. Parce qu’ils ont cherché Dieu seul. Ils ont construit une civilisation belle et paisible, comme cette cathédrale. », « Peuple d’Occident, retournez à vos racines ! Retournez à la Source ! Retournez au Monastère ! », etc. On a la totale !
 

Là où j’identifie le plus la Franc-Maçonnerie dans le discours du cardinal Sarah, c’est dans sa révolte et son esprit conquérant. En effet, le catholicisme est fondé sur le renoncement (à soi, au mal). Or le cardinal appelle beaucoup, à l’instar du monde, au non-renoncement, à la désobéissance, à la rébellion, à l’opposition : « N’ayez pas peur ! Ne renoncez pas ! » ; « Soyez de ceux qui prennent la direction opposée ! Osez aller à contre-courant ! ». Il glorifie également la franchise, l’entièreté (« Dites à Dieu un ‘Fiat’ sans condition. » ; « Quand Dieu appelle, Il est radical. Il nous appelle tout entiers, jusqu’au don total ! »), ainsi que la sagesse, l’intelligence (sagesse divine en apparence… mais d’une manière si humaine et zélée qu’elle finit par ressembler à la sagesse humaine défendue par Lucifer, ange qui brille par son intelligence, et qui a voulu précisément remplacer l’Amour par l’intelligence) : « Vous, parents, Dieu nous a fait gardiens intelligents de l’ordre naturel ! » Par ailleurs, la Franc-Maçonnerie vénère la nature. C’est exactement ce que fait le cardinal, même si lui le fera au nom d’une « nature-création de Dieu », d’un familialisme anti-idéologies (Gender) : « Nous devons rejeter ce monde des idéologies qui nient la Nature humaine et détruisent les familles ! » ; « Vous avez vaincu le Mauvais. Combattez toute loi contre-nature que l’on voudrait vous imposer ! Opposez-vous à toute loi contre la Vie et contre la Famille !.
 

Au bout du compte, le cardinal Sarah ne voit pas Jésus comme le crucifié, le faible, mais comme un monument humain victorieusement lumineux à ériger et à célébrer par ses propres actions de vénération muette et « humble » en son honneur. Il en parle comme d’une force énergétique dont il veut souligner, par son exhortation et sa poigne, toute la magnificence et la hauteur (« le souci premier de la Gloire de Dieu »), il en parle comme d’un bâtiment, comme d’un objet et comme d’un esprit tout-puissant. Il évoque « la Grandeur de Dieu », souligne la supériorité du statut sacerdotal, salue plus le cérémonial matérialiste et cultuel de vénération de la Divinité que la Divinité elle-même (« Frères, aimons ces liturgies qui nous font goûter la présence silencieuse et transcendante de Dieu. » ; « La liturgie est le lieu où l’Homme rencontre Dieu face à face. La liturgie est le moment le plus sublime où Dieu nous apprend à reproduire en nous l’image de son fils Jésus-Christ. »). Par exemple, il insiste beaucoup sur la sobriété et la codification du culte (« avec noble simplicité, sans surcharge, sans esthétique factice et théâtrale »), réclame « une célébration liturgique recueillie, pleine de respect, de silence, et empreinte de sacralité », dans le droit fil de la « la Tradition apostolique ».
 

Judas faisait exactement pareil : il était maladivement attaché à la forme, à la mise en scène (y compris une mise en scène de la sobriété) et au matériel, plus qu’au fond. Il était plus soucieux du (je cite le cardinal) « Sens du sacré » (autrement dit, de la sacralité, du cérémoniel) que du Sacré en lui-même (Jésus) : je vous renvoie à l’onction de Béthanie (Jn 12, 5). Le cardinal Sarah est, à mon sens, un nouveau Judas. Il emploie de jolies formules, qui font christiques, évangéliques et sacrificielles, mais derrière se tapit une vénération maçonnique et luciférienne de l’Altérité absolue, autrement dit de l’hétérosexualité, de l’Autre (qui est un des noms bibliques du diable) : « Aimer vraiment, c’est mourir pour l’Autre. ». Jésus n’a jamais dit ça.
 

La lumière que le cardinal Sarah défend avec une froideur et une intransigeance qui lui sont maintenant coutumières, n’est pas le Christ. C’est plutôt la luminescence du frigo. L’électricité ou l’électrochoc injonctif du pharisien ou du chef des prêtres qui harangue leur foule de soldats. La lumière aussi luciférienne, prométhéenne, puisque dans son homélie de Chartres, il est obsédé par l’idée de « porter » la Lumière à « ceux qui l’attendent » (« Toi, laïc, n’aies pas peur de porter à ce monde la Lumière du Christ ! » ; « Vos patries ont soif du Christ ! » ; « Demandons à la Vierge Marie un cœur ardent à annoncer aux Hommes la Bonne Nouvelle ! » ; etc.). Or, le vrai disciple du Christ n’a pas la prétention d’apporter la lumière aux autres pour les éclairer : il attend que ce soit les autres, et Jésus en eux, qui l’éclairent. Le sens de l’illumination et de l’Annonce est complètement inversé ! Donc je vous demande avec insistance de vous méfier du discours et des propos antéchristiques du cardinal Sarah. Je me fous d’être le seul à le dire. Ma conscience et mon amour de l’Amour-Vérité qu’est Jésus m’y obligent. L’Esprit Saint aussi !
 

La Nuit des Musées à Paris, et autres événements récents : ça y est, les démons sont lâchés

La période est propice à toutes les craintes (… mais aussi à l’Espérance puisque Jésus va bientôt se montrer à tous) tant les manifestations démoniaques, les rituels satanistes, l’occultisme, ont pignon sur rue, débarquent à la télé, et sont plébiscités par une large part de la population désormais.
 

Pour éviter les procès en exagération ou en complotisme paranoïaque, je vais prendre 6 événements récents, qui montrent l’ampleur de l’infiltration de la Franc-Maçonnerie et des démons dans nos structures politiques, culturelles, artistiques, et même ecclésiales : le mariage de Meghan et Harry, la diffusion du téléfilm en 3 parties Au-delà des murs sur ARTE, et mes visites dans 4 musées parisiens (le Musée Grévin, le Quai Branly, le Musée de la Franc-Maçonnerie, et enfin la Fondation Louis Vuitton), Je vous encourage bien sûr à compléter ce descriptif par la lecture ou l’écoute de mon livre Homo-Bobo-Apo et d’autres articles.
 

1) Le mariage de Meghan et du mari de Meghan (Harry) :


 

C’était le samedi 19 mai 2018. Meghan Markle a refusé d’obéir à son mari le prince Harry… et le monde a applaudi cet affront comme un merveilleux sacre, un beau serment.
 

 

Notre époque associe de plus en plus l’obéissance à la soumission. Et à tort. Ou alors à tort quand le mot « soumission » est lui-même connoté négativement comme une destruction ou un rapport de force dominant-dominé. La preuve : Meghan Markle refuse d’« obéir » à son mari. Elle se contente de répondre « I will », en contournant la formule requise. Et ça fait sourire tout le monde, tout en se donnant des airs de défi, de conquête, de militance féministe, de pied-de-nez aux conventions « patriarcales », de modernité et d’émancipation. Alors qu’il n’y a pas, pour une femme, de réelle liberté sans soumission, sans consentement à appartenir, sans obéissance (à Dieu, à travers notamment son mari). Avec Meghan, nous avons affaire à une sorte de Princesse Disney, rebelle, effrontée, faussement impertinente, presqu’à une louve déguisée en brebis.
 

2) Le téléfilm Au-delà des murs (2016) de Marc Herpoux :

La Bête ne se cache plus…


 

Jeudi 17 mai 2018 a été rediffusé un téléfilm du genre « fantastique », sur la chaîne ARTE. Tous les ingrédients des rituels satanistes s’y trouvaient (la maison labyrinthique habitée par « les autres », les personnages masqués et cornus, les oiseaux morts, les tatouages 666, les morts vivants, les portes rouges, le détournement de la Bible, les revenants dans les placards, les colonnes noires, la Veuve, les fillettes vierges, le Minotaure, les bougies, la tête de la Bête sur la tapisserie du mur, etc.) sans être dénoncés (évidemment !) puisque ces abysses infernales où se retrouvent les âmes des mortels avec les âmes des défunts du passé (un soldat de la Première Guerre mondiale, Julien) sont présentées comme le lieu de prédilection de l’expérience de l’Amour véritable : Julien et Lisa – femme du présent – vont connaître ensemble leur unique amour existentiel en enfer. « Je veux que tu restes ici avec moi jusqu’à la Fin des Temps » déclare à la fin de cette mini-série Sophie, la jeune sœur de Lisa, que cette dernière n’a pas été capable de sauver de la noyade narcissique mise en scène par les réalisateurs bobos d’ARTE, fascinés par la mort et la damnation. Oui : ces téléfilms sont bien des signes démoniaques inconscients de Fin des Temps.
 

 

 

 

3) Musée Grévin :


 

Je me suis rendu récemment au fameux Musée Grévin de Paris, situé sur les Grands Boulevards. À la base, c’était uniquement pour me faire estampiller avec la statue de Mimie Mathy (pour la couverture de mon prochain livre sur Joséphine Ange gardien). Eh puis finalement, ça a fini en mitraillage photographique de tous les indices de Franc-Maçonnerie et d’anticatholicisme observables dans ce musée : promotion ouverte de la magie noire, du chamanisme (avec le « Palais des Mirages », de forme circulaire, avec des mises en scène et des éclairages mettant en relief le spiritisme animiste vaudou), de la médiumnité (Nostradamus trône en bonne place), reprise des codes maçonniques traditionnels (la « Salle des Colonnes » avec le fameux pavé mosaïque, les enluminures, les dorures et les jeux lumineux partout, les loges de toutes sortes, etc.), cultes des libertaires (par exemple, Jean de la Fontaine ou Victor Hugo sont célébrés comme des grands défenseurs de la « Liberté » ; la Déclaration des Droits de l’Homme et l’abolition de l’esclavage sont placés au centre de la visite du musée), vénération non-voilée des Lumières et des Illuminati (les écriteaux placés à côté des statues de Voltaire et de Diderot nous indiquent que « c’est dans les salons littéraires du XVIIIe siècle que l’on rencontre les plus beaux noms de la pensée française. »). Et comme par hasard, qui sont les seuls à s’en prendre plein la gueule ? Les catholiques ! Le roi saint Louis n’est plus appelé « saint » et est dépeint ironiquement comme un faux humble et un ignoble monarque idéalisé par les obscurantistes chrétiens : « La légende le montre administrant la justice sous un chêne à Vincennes. Incarnant la modération, la droiture et la paix, il a l’image du souverain ‘idéal’. Économe jusqu’à la privation, il dépensa pourtant des fortunes en reliques et en vaines croisades (il succombera d’ailleurs lors du siège de Tunis). D’une piété fervente, il mena une vie d’ascète mais se montra intraitable envers les ennemis de la religion : joueurs, duellistes, prostituées… »). Jeanne d’Arc, quant à elle, perd aussi son titre de « sainte ». Il est même indiqué que c’est le méchant « évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, qui a présidé son procès ». Des tableaux sinistres du Moyen-Âge sont représentés à Grévin (salles de tortures peu éclairées), comme si cette période n’avait été qu’obscurantisme et persécutions orchestrées par l’Église. Bien sûr, personne ne sera étonné de voir la diabolisation de l’Inquisition, présentée comme une Gestapo à la sauce médiévale : « Du XIIIe au XIVe siècle en France, l’Inquisition, institution judiciaire ecclésiastique, pourchasse les hérétiques et veut les contraindre à abjurer leur foi. Les inquisiteurs, des religieux impitoyables, ne reculent devant rien : emprisonnement, privation de nourriture, tortures… tous les moyens sont bons pour faire avouer les suspects. » Aux antipodes de ce qu’était la véritable inquisition, un tribunal créé pour que le peuple se soit pas livré à une auto-tyrannie sans loi et ait accès à une procédure légale de jugement en cas de délits. Le Musée Grévin, en gros, c’est le laboratoire alchimique des créateurs francs-maçons de Frankensteins post-modernes. J’attends avec impatience l’arrivée des chimères et les cyborgs.
 

 

 

 

 

 

4) Expo Enfers et Fantômes d’Asie au Musée du Quai Branly :


 

Pour débuter mon circuit de visites de la Nuit des Musées le 19 mai 2018 (j’en avais prévu 3 : le Quai Branly, la Franc-Maçonnerie et la Fondation Vuitton), je me suis rendu dès 18h à l’exposition sur la monstruosité et l’enfer vu par les Asiatiques. Plusieurs choses m’ont sidéré : d’abord, la totale absence de représentativité de la vision de l’enfer adoptée par les grandes religions monothéistes en Asie (or, c’est un continent qui, face à la vacuité du bouddhisme et des cultes sataniques animistes, connaît une énorme vague de conversions à l’Islam et au catholicisme, justement : le parti pris de cette expo était donc implicitement anticlérical et antichristique) ; ensuite, la totale décomplexion de ce musée à promouvoir ouvertement des pratiques diaboliques auprès du grand public (on nous explique – je cite – « Comment devenir un monstre ? », de quelle manière rentrer en lien avec les défunts et les entités démoniaques, on nous montre des amulettes, des poupées ligotées, les accessoires d’emprise démoniaque… et tout ça, sous l’excuse du « culturel », du ludique, du zen, du folklorique, du rigolo, du plaisir de se faire peur, etc.) ; enfin, l’affluence massive de visiteurs à cet événement (la queue d’attente pour rentrer n’en finissait pas). Ce succès, cet engouement pour la laideur et le mal folklorisé, cet attrait général pour les enfers et l’au-delà vidé du Christ, montrent combien nos contemporains sont complètement naïfs et paumés dans leur spiritualité, et qu’ils sont prêts à vivre des rituels satanistes et des expériences paranormales puisque la sorcellerie a désormais pignon sur rue.
 

 

 

 

 

 

 

5) Musée de la Franc-Maçonnerie au Grand Orient de France :


 

J’ai poursuivi ma Nuit des Musées avec une visite qui me tenait à cœur : le Musée de la Franc-Maçonnerie, rue Cadet à Paris. J’ai encore appris beaucoup de choses sur le mode de pensée des francs-maçons. Déjà, la visite guidée a commencé fort : notre sympathique conférencière a arrêté mon petit groupe de 30 personnes devant l’écriteau d’une phrase attribuée à Antoine de saint Exupéry : « Si tu diffères de moi, frère, loin de me léser, tu m’enrichis. », et m’a fait un plaisir immense puisqu’elle a démarré en disant clairement ce que je me tue à expliquer dans tous mes écrits, et notamment dans mon livre Homo-Bobo-Apo, sur la Franc-Maçonnerie : que la Franc-Maçonnerie repose sur l’hétérosexualité, c’est-à-dire sur un culte de l’altérité absolue, une idolâtrie pour les différences en elles-mêmes (au détriment de la différence des sexes couronnée par le mariage religieux et de la différence Créateur-créatures à savoir Jésus et l’Église Catholique). En effet, la conférencière a déclaré (et je l’ai enregistrée sur mon téléphone portable) : « C’est un peu un de nos fondamentaux en Franc-Maçonnerie : nous allons à la recherche de la Différence de l’Autre/l’autre. » CQFD. « La différence de l’autre est essentielle. » a-t-elle insisté un peu plus tard. À noter que « l’Autre », dans la Bible, est un des noms du diable. Cette passion des francs-maçons pour l’hétérosexualité, la diversité, la différence, cache donc un culte satanique.
 

Par ailleurs, plusieurs réflexions et découvertes me sont venues pendant la visite. J’ai relevé diverses réalités de la Franc-Maçonnerie : notamment la contradiction dans le discours franc-maçon entre les intentions et les actes (la conférencière nous a soutenu mordicus que l’infiltration de la Franc-Maçonnerie dans les médias et les partis politiques était un mythe complotiste – « On ne discute pas de politique en loge. »… alors que dans les couloirs du GODF étaient placardées les affiches de la prochaine « Tenue blanche » privée de la ministre Marlène Schiappa programmée le 2 juin prochain) ; le déni de la structure hiérarchique pyramidale (Pour les francs-maçons, leurs 33 grades ou degrés n’existent pas, la distinction entre maîtres/compagnons/apprentis n’est pas verticale et n’est qu’une affaire d’approches et d’« expériences différentes ») ; l’antifascisme fasciste (Les francs-maçons sont antifascistes et sont persuadés, comme l’a affirmé ma conférencière, que « les fascistes veulent casser du maçon »… sans réaliser qu’eux-mêmes sont fascistes, même dans le sens historique et intentionnel du mouvement : ils défendent les faisceaux de lumière, les processus et les marches, les confréries libertaires, à l’instar des fascismes historiques. D’ailleurs, dans un des temples que nous avons visités, j’ai même vu plein de faisceaux de licteurs, sachant que les licteurs romains étaient des Hommes dits « libres ») ; l’anticléricalisme franc-maçon, qui passe par l’auto-victimisation (les maçons soutiennent que c’est l’Église Catholique qui seule leur en veut, alors qu’eux pensent la « respecter » : notre conférencière nous a soutenu que « les francs-maçons n’étaient pas des bouffeurs de curés » et que « la seule religion qui est contre eux, c’était l’Église Catholique. Les autres religions, non. ») ; l’intérêt des francs-maçons pour les thématiques de la Nouvelle Religion énergétique mondiales (le boboïsme – une soirée « Jazz et maçonnerie » va avoir lieu prochainement – ; les pierres vivantes – « Chacun d’entre nous est une pierre brute, pour construire cette Humanité meilleure et éclairée. » nous a sorti la conférencière ; le dithéisme – « J’ai mes côtés noirs et mes côtés blancs… comme en loge… et j’essaie de m’améliorer. » a déclaré la conférencière en se référant au Pavé Mosaïque ; le culte des sens – dans un des temples que mon groupe a visité, j’ai vu dans un des frontons un triangle de verre où était inscrit le mot « les Sens » – ; le handicap – une soirée « Société civile et Handicap » consacrée justement au handicap aura bientôt lieu le 31 mai 2018 – ; l’écologie – un colloque public au CNAM sur « Transition énergétique et Humanisme » se déroulera le 9 juin prochain – ; le revenu universel – notre conférencière nous a dit qu’un groupe de travail de sa loge planchait en ce moment sur la création du « Revenu Universel Inconditionnel » – ; le féminisme – notre conférencière, à diverse reprise, n’a pas caché son militantisme féministe… ainsi que sa passion pour les chats ! – ; l’égalité hommes-femmes ; le transhumanisme, etc. Notre conférencière nous a d’ailleurs avoué qu’elle était en faveur de l’euthanasie et qu’elle faisait partie du collectif Mourir dans la dignité…) ; l’intellectualisme élitiste et la déconnexion avec le Réel chez les francs-maçons (par exemple, j’ai appris qu’au Grand Orient, qui est l’obédience la plus importante numériquement en France, et qui se targue de favoriser le brassage socio-professionnel et le non-classement des personnes sur la base de leur salaire ou de leur métier… en réalité, il y a très peu d’ouvriers, et la moyenne d’âge est de 59 ans, donc très élevée).
 

Ce qui me marque dans la Franc-Maçonnerie, c’est également la dépersonnalisation des membres des loges : ils ont beaucoup de mal à dire « je » ou à parler en leur propre nom dès qu’il s’agit d’aborder les questions intimes et collectives (sexualité, religion, politique, opinions personnelles, etc.) ; entre eux, ils ne se demandent pas quel métier ils font, ni leur nom entier, mais uniquement à quelle loge ils appartiennent. Le processus d’identification s’arrête là. Et ils font passer cette destruction ou cet effacement de l’identité pour une procédure ou un protocole associatif « égalitaire » et « fraternel ». Preuve de ce lavage de cerveau, de ce déni de la personne, de cette dépersonnalisation, en Franc-Maçonnerie : les organisateurs qui nous accueillaient et assuraient les visites de La Nuit des Musées ne portaient pas de badge nominatif. Ils étaient réduits à leur fonction : « Accueil », « Conférencier », « Sécurité » (d’ailleurs, dans le staff de surveillance, il n’y avait que des Noirs : pour un mouvement anti-colonialiste et anti-racisme comme la Franc-Maçonnerie, ça fait plutôt sourire…). Ils diront que c’est par manque de moyens, ou pour l’aspect pratique, qu’ils n’affichent pas leur nom et prénom sur leur badge… mais en réalité, ça dit plus profondément une négation de la personne au sein des obédiences maçonniques.
 

Enfin, une chose m’a frappé en visitant les locaux du Grand Orient de France : c’est la manière dont les francs-maçons arrivent à convaincre leur auditoire du bien fondé de leur œuvre/association (même s’ils prétendent « ne vouloir convaincre personne » et « ne pas faire de zèle »). Ils arrivent à rallier à leur cause en particulier les jeunes (il y avait ce soir-là beaucoup de trentenaires, de geeks, et même des familles avec des jeunes enfants), les personnes homosexuelles, (j’ai vu plusieurs « couples » gays parmi les visiteurs), et – plus surprenant – les catholiques (soixante-huitards comme tradis). Dans mon groupe, je me suis effectivement retrouvé nez à nez avec un couple (homme-femme) de paroissiens de l’église saint-Éloi à Paris, très séduit par la Franc-Maçonnerie, qui m’a reconnu, et qui m’a dit qu’il était en faveur du « mariage gay » (preuve que la porte d’entrée dans la Franc-Maçonnerie est bien l’hétérosexualité, au sens bisexuel et gay friendly du terme, et non l’initiation officielle). La moisson des âmes, dans ce genre d’événements, est donc abondante ! Les francs-maçons ne se gênent pas, et séduisent à fond !
 

 

La corniche triangulaire avec « les sens »…


 

 

 

6) Fondation Vuitton :

J’ai fini mon « marathon de musées » avec la Fondation Louis Vuitton, en plein cœur du Bois de Boulogne, car elle fermait à 1h du matin (plus tard que les autres). Il y avait une file d’attente monstrueuse, et un certain nombre de personnes homos dans le public de visiteurs, dont un « couple » tendrement enlacé et complice juste devant moi. Bref, c’était Boboland (je me serais cru à Lyon). Pour ce qui est de la visite en elle-même, pas grand-chose à en dire, si ce n’est que c’était très planant, très New Age, très Nouvelle Religion mondiale, très franc-mac : les œuvres exposées (dont certaines me faisaient penser aux parodies de la vacuité de l’art contemporain par les Inconnus) avaient pour thème « le Vivant », l’énergie, l’or, la lumière (et ses dérivés : il était question de luminescences, d’« irradiances »), l’écologie, les migrants, l’architecture, l’animisme et l’animalisme, etc. Yves Klein a par exemple signé une toile qui représente exactement la Bête de l’Apocalypse. La Fondation Louis Vuitton : un beau miroir américanisé de la Fin des Temps.
 

L’Oiseau bestial de Klein


 

Plénitude amnésique…


 

L’or dans la main


 

 

 

El despido de los 34 obispos chilenos : ¿ un resbalón del Papa Francisco ?


 

La reciente decisión del Papa Francisco de despedir a los 34 obispos chilenos me preocupa mucho. Porque parece un golpe de ira injusto de un jefe en pánico. Como cuando un profesor sin autoridad, tan desbordado por una clase, decide arbitrariamente de castigar a todos, incluso a los alumnos que no han hecho nada, en lugar de tomar sanciones más moderadas y más adaptadas al caso por caso y de arremeterse contra los verdaderos alborotadores. En el caso episcopal chileno, es probable que seamos testigos de un verdadero resbalón del Papa, de una redada punitiva excesiva y altamente ambigua.
 

De hecho, acabo de leer el artículo completo de El PAÍS donde Juan Carlos Cruz, hombre homosexual, y antigua víctima del cura pedófilo chileno Fernando Karadima, cuenta la acogida excesivamente complaciente que recibió del Papa Francisco : « En Santa Marta, El Papa nos trató como reyes en Santa Marta y a los obispos como niños. […] Con respecto a mi homosexualidad, me dijo ‘Juan Carlos, que tú seas gay no importa. Dios te hizo así y te quiere así y a mí no me importa. El Papa te quiere así, tú tienes que estar feliz con quien tú eres.’ » Si estas palabras han sido realmente pronunciadas, y si no son el resultado de una extrapolación del testigo o del periódico izquierdista EL PAÍS, estamos de mierda hasta el cuello. Os lo digo sin tapujos.
 

Ya pensaba escribir algo sobre el asunto chileno. Pero la conclusión del artículo (la justificación papal de la homosexualidad) me horroriza. La situación es mucho más grave de lo que pensaba. ¿ Cómo puede el Papa decir tales cosas ? El hecho de que una persona no haya sido escuchada, de que se haya puesto injustamente en duda su palabra, de que ella haya sido la víctima de un fallo eclesial objetivo en un momento dado, de que hubo una falta de apreciación y de juicio papal, de que ella sea homosexual, etc., no implica necesariamente después que se deba aflojar con ella ni justificar su conducta homosexual. Parece ser que el Papa Francisco esté seriamente equivocado acerca de la homosexualidad ; y su excesiva complacencia hacia las víctimas, su intransigencia hacia los culpables, no me parecen acertadas.
 

Yo sabía desde hace mucho tiempo que la presunción de pedofilia sacerdotal era la nariz postiza de la justificación de la homosexualidad (cf. el capítulo 1 de mi libro Homo-Bobo-Apo), y que un mea culpa que se alarga, se exagera o se radicaliza en rechazo despiadado de los « verdugos » para comprarse una bondad y una imagen de padre comprensivo con las « víctimas » (la característica del reino del Anticristo es que se centrará en las víctimas y se apartará del perdón hacia los verdugos) amenazaba algún día con conducir a una justificación de la pseudo « identidad homo » o incluso del « amor » homosexual. Pero tan rápido, y en tan altas instancias, no me lo esperaba.
 

Esta foto ni siquiera es un fake…


 

N.B. : He aquí la traducción de este artículo en francés.
 

N.B. 2 : A los que me tratan de mentiroso o de desinformador, el documento de los obispos chilenos demuestra que la decisión tomada fue iniciativa del Papa, y no de los propios obispos : « siguiendo sus indicaciones » ; « Siguiendo la recomendación del Santo Padre ».

Limogeage des 34 évêques chiliens : un dérapage du Pape François ?


 

La récente décision du Pape François de limoger les 34 évêques chiliens me préoccupe beaucoup. Car ça ressemble à un coup de sang injuste d’un chef paniqué. Comme lorsqu’un prof sans autorité, tellement débordé par une classe, décide arbitrairement de punir l’ensemble de la classe, même les élèves qui n’ont rien fait, plutôt que de prendre des sanctions plus mesurées et plus adaptées au cas par cas, et de s’en prendre aux réels fauteurs de trouble. Dans le cas épiscopal chilien, on vient vraisemblablement d’assister à un vrai dérapage, à une rafle punitive démesurée et très ambiguë.
 

En effet, je viens de lire en entier l’article en espagnol de EL PAÍS, où Juan-Carlos Cruz, homme homosexuel, et jadis victime du prêtre pédophile chilien Fernando Karadima, raconte l’accueil démesurément complaisant qu’il a reçu du Pape François : « À Santa Marta, le Pape nous a traités comme des rois, et les évêques comme des enfants. […] Concernant mon homosexualité, il m’a dit : ‘Juan-Carlos, le fait que tu sois gay n’importe pas. Dieu t’a fait comme ça et t’aime ainsi, et personnellement je m’en moque. Le Pape t’aime tel que tu es, tu dois être heureux tel que tu es.’ » Si ces propos ont bien été prononcés, et s’ils ne sont pas le fruit d’une extrapolation du témoin ou du journal gauchiste EL PAÍS, on est dans une merde monstre. Je vous le dis.
 

Je pensais déjà écrire quelque chose sur l’affaire du Chili. Mais la conclusion de l’article (la justification papale de l’homosexualité) m’horrifie. La situation est bien plus grave que je ne le croyais. Comment le Pape peut-il dire des choses pareilles? Ce n’est pas parce qu’une personne n’a pas été écoutée, que sa parole a été injustement remise en doute, qu’elle a été victime à un moment donné d’une faute ecclésiale, qu’il y a eu une erreur d’appréciation et de jugement papale, qu’elle est homosexuelle, etc., qu’ensuite il faut tout lui passer et justifier sa conduite homo. Le Pape François se trompe gravement sur l’homosexualité ; et sa trop grande complaisance envers les victimes, son intransigeance envers les coupables, ne me semblent pas justes.
 

Je savais depuis longtemps que la présomption de pédophilie sacerdotale était le faux nez de la justification de l’homosexualité (cf. le chapitre 1 de mon livre Homo-Bobo-Apo), et qu’un mea culpa qui s’éternise, s’exagère ou se radicalise en rejet des « bourreaux » pour se racheter une bonté et une image de père compatissant auprès des « victimes » (la caractéristique du règne de l’Antéchrist, c’est qu’il fera la part belle aux victimes et s’écartera du pardon des bourreaux) risquait tôt ou tard d’aboutir à une justification de la pseudo « identité homo » voire de « l’amour » homo. Mais aussi vite, et en aussi haute instance, je ne m’y attendais pas.
 

Je précise que cette photo n’est même pas un « fake »…


 

N.B. : Ici la traduction de cet article en espagnol.
 

N.B. 2 : Concernant l’authenticité des propos du Pape cités dans le journal espagnol, on peut la remettre en doute. Mais il faut regarder la réalité en face : le Pape n’est pour l’instant pas ajusté ni formé ni bien positionné par rapport à l’homosexualité (cf. mon article). On peut jeter le soupçon sur l’extérieur, sur les progressistes (genre le père James Martin)… mais à un moment donné, il va falloir admettre que le Pape se plante. Car l’accueil papal récent de Marin pour avoir secouru un « couple » homo, les propos papaux sur l’homosexualité qui ne constituerait pas un problème en elle-même mais uniquement quand elle se lobbyiserait, le « Qui suis-je pour juger? » sans rappel de la Vérité, tout ça, ce n’est pas James Martin ni « les autres »…
 

N.B. 3 : À ceux qui me traitent de menteur ou d’affabulateur (parce que je dis que l’initiative est papale : le pape François n’a pas fait que ratifier une décision extérieure à lui : il l’a prise et fortement conseillée), lisez le document officiel des évêques chiliens qui démontre que la décision fut prise par le Pape, et non par les évêques eux-mêmes : « en suivant ses indications » ; « en suivant les recommandation du Saint Père ».

Film « Paul, l’Apôtre du Christ » : MERCI SEIGNEUR de m’avoir fait naître en France (et pas aux États-Unis) et épargne-moi de devenir protestant !


 

Je reviens juste d’aller voir le film « Paul, Apostle Of Christ » (« Paul, Apôtre du Christ ») d’Andrew Hyatt, avec une amie. Une seule louange m’est montée aux lèvres à la bande-annonce finale : MERCI SEIGNEUR d’être né en France (et pas aux États-Unis) et MERCI SEIGNEUR de ne pas être protestant (…et garde-moi de le devenir jusqu’à la fin de mes jours!) !

 

Il paraît pourtant que ce film est moins cata que « Marie-Madeleine ». Mais en deux mots : que le traitement de l’histoire biblique par les évangéliques n’est pas subtil ! Il faut toujours qu’ils sur-esthétisent tout, cloisonnent Dieu dans la pleurniche, la sensation (exemple : le baptême de saint Paul et son ressenti aquatique d’immersion = ridicule), l’efficacité (exemple : le miracle physique effectif), le support papier (le « Sola Scriptura »= l’insistance qui est faite sur les manuscrits et les impressions est flagrante), la Foi et la Grâce (et leurs effets sensibles), le manichéisme (les méchants Romains et l’ignoble Néron, les clairs-obscurs), la bonne intention (le pardon, l’amour, le sacrifice de sa vie), etc. Tout est extériorisé, folklorisé (même la personne de Paul devient un folklore nostalgique), désincarné. Il n’y a quasiment pas d’intériorité spirituelle (même si on nous en montre tous les signes extérieurs). Quelle misère. Quelle beaufitude, même. Isaline, l’amie avec qui j’étais, a bien synthétisé ma pensée : « Ils ont un problème avec la simplicité. »

 

En plus, « Paul Apôtre du Christ » est le film bobo dans toute sa splendeur (il y a du blanc, des bougies, des torches, des rayons de soleil, de la verdure, du slow-motion, à toutes les scènes : sérieux, les gars, arrêtez deux secondes, grandissez dans votre Foi).

 

Je le dis comme je le pense : le protestantisme (pas les protestants en tant que personnes, bien évidemment) est une véritable maladie. Une maladie spirituelle. Et elle s’appelle l’illuminisme. Ses adeptes ne se voient pas idolâtres ni fétichistes, alors qu’en réalité, ils sont hyper matérialistes et attachés au paraître, à l’esthétisme, à l’émotionnel, aux images. D’ailleurs, dans le film, il y a du sang, mais très peu de chair, très peu d’Incarnation (j’en tiens pour preuve que Jésus n’y a pas de corps ni de visage). Il n’y a pas davantage de sainteté : comme les protestants ne reconnaissent pas la Communion des saints, saint Paul est transformé en simple grand prophète, en messager, en secrétaire, en scribe (et saint Luc en attaché de presse de saint Paul), et à l’extrême inverse en gourou-témoin (et saint Luc en mini-Jésus) ; même dans le titre du film, on voit leur mauvaise foi jusqu’au bout et leur peur/haine de la sainteté puisqu’ils enlèvent à saint Paul son titre de « saint ». Bref, un immense gâchis, car saint Paul a tellement de choses à nous dire aujourd’hui sur notre péché à l’intérieur de l’Église et de notre coeur !
 

Et ne comptez pas sur nos médiocres médias « catholiques » français pour vous le transmettre, ou pour nous offrir un regard critique digne de ce nom (Aleteia, par exemple, a adoré le film : c’est normal, ses « journalistes » sont tellement protestantisés et boboïsés dès le départ qu’ils ne pouvaient que manger le foin « christique » qui leur est distribué par Hollywood…). Dans quelle époque de fou nous rentrons, où même les chrétiens perdent la boule…

La stupidité hystérique des pro-Vie (le cas d’Alfie Evans)


 

En ce moment, l’affaire du petit Alfie Evans agite la cathosphère et les pro-Vie. Même le Pape s’en mêle. Ils s’y prennent comme des pieds puisqu’ils pratiquent ce qu’ils dénoncent. Comme une auto-punition, en fait. En diabolisant les pro-gays… pour en réalité se dispenser de parler d’homosexualité, homosexualité qui est l’alibi affectif principal de toutes les lois transhumanistes, et se permettre d’être discrètement homophobes, nous sortent-ils de la situation ? Non. Au contraire. Leur attitude rajoute de la colère, de l’accusation et de la confusion, mais ne résout rien. Tant que les pro-Vie ne laissent pas les personnes homosexuelles parler d’homosexualité, et qu’ils ne reconnaissent pas la primauté du traitement de l’homosexualité sur l’échiquier des débats de bio-éthique, pas la peine qu’ils se plaignent, qu’ils hurlent à la « dictature » d’État, qu’ils se valent du Pape François, qu’ils se placent en victimes et qu’ils désignent les autres comme des « agents du diable ». Les censeurs, ce sont eux. Ceux qui regardent mourir et étouffer les personnes (homosexuelles), ce sont eux. Car il faut être aveugle pour ne pas voir que le « mariage gay », la GPA, l’euthanasie, sont défendus au nom de « l’amour » (homo) par des personnes gays friendly voire homos, et même si ces dernières se disent catholiques et de droite (Jean-Luc Romero, Caroline Mécary, Anthony Hayden, Erwann Binet, Emmanuel Macron, etc.).
 

 

 

 

Rien ne sert de parler de « dictature », et encore moins d’une dictature de la laïcité. La laïcité n’est pas le problème, étant donné que la vraie laïcité, c’est Jésus en personne. Le vrai problème, c’est d’une part le laïcisme, et d’autre part le silence complaisant des catholiques et des pro-Vie par rapport à l’homosexualité, puisque les promoteurs de l’euthanasie sont tous pro-gays voire homos. Les passionarias du petit Alfie sont invitées à pleurnicher/prier ailleurs que dans ma liste de contacts. Je leur conseille de pleurer sur elles-mêmes plutôt que sur lui, et plutôt que de battre leur coulpe sur la dictature « Idéologie », dictature qu’elles ne nomment pas autrement, parce qu’en réalité elles la cautionnent sans même s’en rendre compte.
 

 

 

 

Tout comme pour l’affaire Charlie Gard, je trouve la parole des parents du petit Alfie Evans douteuse et fausse : le père de ce dernier le transforme en « gladiateur ailé » angélique. Euh… On va se calmer deux secondes. Alfie, même s’il est sous doute au Ciel (et je le lui souhaite) reste un Homme, et non un ange, et est encore moins un demi-dieu de la mythologie grecque. On retrouve cette héroïcisation cinéma et angélisation hystériques chez bon nombre de pro-Vie qui soit disent que « le Ciel a gagné un nouvel ange » (Derrière ce poétique angélisme « chrétien » se cache en réalité une diabolisation non moins idiote du juge Anthony Hayden et plus largement du « Système-Idéologie » ou « Dictature de mort ») soit font de Alfie un « héros » (un saint, à la rigueur, why not?… mais un héros ? Depuis quand être une victime nous transformerait en héros ?). Allô! Les pseudo « catholiques » descendent tellement bas en ce moment qu’ils sont prêts à suivre n’importe quel courant émotionnel médiatique qui les victimisera, sans même prendre le temps de prudence de connaître les tenants et aboutissants du dossier qu’ils défendent, et le profil psychologique des plaignants (car les parents de ces enfants-martyrs semblent loin d’être des saints aux intentions pures : il suffit de regarder les réactions glaçantes de défi chez le père de Charlie Gard), au nom en plus d’une raison juste : la dénonciation de l’euthanasie des enfants et des personnes fragiles. Je renouvelle donc mes soupçons à propos de la justesse de ce combat. Nous ignorons les trois-quarts des pièces du dossier, et n’entendons qu’un seul son de cloche.
 

P.S. 1 : Ah eh puis je vire aussi de ma liste ceux qui croient que c’est courageux de partager l’indignation de la journaliste Charlotte d’Ornellas. Pas loin de 400 partages sur Facebook : c’est vendeur, la pleurnicherie.
 

 

P.S. 2 : Le délire des « catholiques » ne s’arrête pas là. Après avoir angélisé Alfie, maintenant, Virginie Tellenne – alias Frigide Barjot – le transforme (sérieusement : je précise) en… elfe ! haha. D’ailleurs, on a tous compris que ce bébé nous demande de voter pour l’Union Civile et d’adhérer à l’Avenir Pour Tous. Il en dit, des choses, cet Alfie Evans, depuis le Ciel. Il a plein de messages et de demandes à nous faire. Preuve qu' »il » est vivant! C’est pas « Jacques a dit », c’est « Alfie a dit ».
 

Définition concise de la bisexualité

 

Je n’aurai ni le temps ni le loisir de retranscrire la prochaine et dernière vidéo « Définition de la bisexualité ». En revanche, je peux vous faire le condensé suivant. La bisexualité, c’est à mon avis l’expression érotique d’une angoisse survenue à cause de la confusion entre Amour et tendresse, ou entre Amour et sentiment amoureux, ou encore entre Amour et plaisir (notamment génital, en particulier face au porno). La bisexualité n’est donc pas une identité mais un comportement, un appel au secours dans un moment de construction et de confusion souvent expérimenté pendant l’adolescence. Rien de « cool » ni d’ « ouvert » en elle, bien au contraire !
 
 

Cet article bénéficiera bientôt d’une vidéo sur Youtube, intégrant une série de 15 entretiens tournés en avril 2018 à Lourdes avec la journaliste Nathalie Cardon, et dans le droit fil de mon livre Homo-Bobo-Apo. Voici les articles de chacun d’eux :
 

1 – « Les 11 messages subliminaux diffusés dans l’émission ‘The Voice’ »

2 – « Le Synode des jeunes : la cata »

3 – « Le raz-de-marée de la transidentité » (transsexualité)

4 – « Le Boom des pastorales d’accompagnement des personnes homosexuelles dans l’Église »

5 – « Mylène Farmer, Grande Architecte de la Franc-Maçonnerie gay friendly »

6 – « Pourquoi La Manif Pour Tous est un vrai désastre »

7 – « Pourquoi parler d’homosexualité dans les établissements scolaires est Mission Impossible »

8 – « L’homosexualité dans la série de TF1 Demain Nous Appartient »

9 – « Je me suis ridiculisé publiquement : Comment vivre avec cette honte ? »

10 – « L’Hétérosexualité est la Bête de l’Apocalypse »

11 – « Les 4 armées de la Bataille finale d’Armageddon »

12 – « Visite maçonnique de Macron aux Bernardingues »

13 – « Les 12 obsessions des cathos bobos de la Réacosphère »

14 – « Homosexualité, la priorité niée dans l’Église » »>priorité niée dans l’Église »

15 – « Définition de la bisexualité »

Plan du script sur « Homosexualité, la priorité niée dans l’Église »

Je publie ici juste le plan de l’article Homosexualité : la priorité niée dans l’Église, sans le développement ni les exemples qui ont été intercalés dans la vidéo.
 

1) POURQUOI EST-CE UNE PRIORITÉ ? PARCE QUE L’HOMOSEXUALITÉ EST LE PRINCIPAL SUJET SUR LEQUEL LES ANTICLÉRICAUX ATTAQUENT L’ÉGLISE (ILS ONT COMPRIS LES AUTRES OPPOSITIONS ECCLÉSIALES).
 

 

 

2) POURQUOI EST-CE UNE PRIORITÉ ? PARCE QUE BEAUCOUP DE CHOSES ESSENTIELLES, INCARNÉES, DÉMONTRÉES ET POSITIVES SUR LE SUJET, N’ONT PAS ÉTÉ DITES PAR LES GENS D’ÉGLISE.
 

 

3) POURQUOI EST-CE UNE PRIORITÉ ? PARCE QUE L’HOMOSEXUALITÉ N’EST PAS COMPRISE : C’EST LE SEUL SUJET SUR LEQUEL LES GENS BUTENT PAR RAPPORT À L’ÉGLISE ET NE LA COMPRENNENT PAS.
 

 

 

4) POURQUOI EST-CE UNE PRIORITÉ ? PARCE QUE C’EST LE SEUL SUJET SUR LEQUEL NOS COMMUNAUTÉS SE DIVISENT.
 

 

5) POURQUOI EST-CE UNE PRIORITÉ ? PARCE QUE LES PERSONNES HOMOS NE SONT PAS ACCUEILLIES OU SONT MAL ACCUEILLIES DANS L’ÉGLISE, ET C’EST SUR ÇA QUE SE BRAQUENT LES CAMÉRAS DE LA PLANÈTE.
 

 

 

6) POURQUOI EST-CE UNE PRIORITÉ ? PARCE QUE L’ÉGLISE DE DEMAIN SERA MAJORITAIREMENT GAY FRIENDLY ET HOMOPHOBE.
 

 

7) POURQUOI EST-CE UNE PRIORITÉ ? PARCE QUE NOS MÉDIAS CATHOLIQUES SONT ENVAHIS PAR LES PERSONNES GAYS FRIENDLY VOIRE HOMOS PRATIQUANTES.
 

8) POURQUOI EST-CE UNE PRIORITÉ ? PARCE QUE NOTRE CLERGÉ ACTUEL ET FUTUR EST ENVAHI PAR LES PERSONNES GAYS FRIENDLY VOIRE HOMOS PRATIQUANTES.
 

 

9) C’EST UNE PRIORITÉ, PARCE QUE LA FRANC-MAÇONNERIE A INFILTRÉ MASSIVEMENT L’ÉGLISE CATHOLIQUE PAR LE BIAIS DE LA BIPOLARITÉ HÉTÉROSEXUALITÉ-HOMOSEXUALITÉ.
 

 

 

 

10) C’EST UNE PRIORITÉ (L’HOMOSEXUALITÉ EST LE PRINCIPAL ALIBI AFFECTIF DE TOUTES LES LOIS TRANSHUMANISTES DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE BIO-ÉTHIQUE), ET POURTANT, AVEUGLEMENT ÉPISCOPAL GÉNÉRAL.
 

 
 

Cet article bénéficiera bientôt d’une vidéo sur Youtube, intégrant une série de 15 entretiens tournés en avril 2018 à Lourdes avec la journaliste Nathalie Cardon, et dans le droit fil de mon livre Homo-Bobo-Apo. Voici les articles de chacun d’eux :
 

1 – « Les 11 messages subliminaux diffusés dans l’émission ‘The Voice’ »

2 – « Le Synode des jeunes : la cata »

3 – « Le raz-de-marée de la transidentité » (transsexualité)

4 – « Le Boom des pastorales d’accompagnement des personnes homosexuelles dans l’Église »

5 – « Mylène Farmer, Grande Architecte de la Franc-Maçonnerie gay friendly »

6 – « Pourquoi La Manif Pour Tous est un vrai désastre »

7 – « Pourquoi parler d’homosexualité dans les établissements scolaires est Mission Impossible »

8 – « L’homosexualité dans la série de TF1 Demain Nous Appartient »

9 – « Je me suis ridiculisé publiquement : Comment vivre avec cette honte ? »

10 – « L’Hétérosexualité est la Bête de l’Apocalypse »

11 – « Les 4 armées de la Bataille finale d’Armageddon »

12 – « Visite maçonnique de Macron aux Bernardingues »

13 – « Les 12 obsessions des cathos bobos de la Réacosphère »

14 – « Homosexualité, la priorité niée dans l’Église »

15 – « Définition de la bisexualité »