Catholiques : cannibales, non ; anthropophages, oui

Nous, catholiques, sommes anthropophages (à savoir que nous mangeons de la chair humaine). Et nous devons l’assumer, non sans une certaine crainte et sentiment d’étrangeté, mais sans honte ni déni non plus. Cette anthropophagie est un aspect des plus complexes et déconcertants (c’est d’ailleurs à cause de celle-ci que Jésus, en son temps, a perdu les trois-quarts de ses disciples : Jn 6, 61) de la Foi chrétienne. Mais sans la prendre en compte, nous passons à côté de ce qui se passe à chaque messe.
 

1) Il faut distinguer cannibalisme et anthropophagie :
 

Le cannibalisme, c’est le fait qu’un être humain mette à mort un autre être humain encore vivant pour le dévorer, l’ingérer et le consommer. Alors que l’anthropophagie, c’est l’ingestion humaine d’un être humain qu’on n’a pas tué, qui a trouvé la mort accidentellement ou par une tierce personne, ou bien, dans le cas de Jésus, qui est mort et ressuscité et se donne volontairement à manger par Amour, pour que nous vivions et pour que nous devenions Lui (Jn 6, 56). Donc la seconde n’a quasiment rien à voir avec le premier (même si, par nos péchés, nous, Humains, avons contribué et contribuons encore à la mise à mort de Jésus Corps-mystique). Je pense par exemple au cas très exceptionnel d’anthropophagie qui a eu lieu en décembre 1972 (le crash de l’avion de l’équipe des rugbymen uruguayens dans la Cordillère des Andes), qui a été dicté par la survie et la vie (et non la cruauté ou la volonté homicide), et qui donc n’est pas du cannibalisme.
 

 

2) Quand nous communions à l’Eucharistie, nous ne mangeons pas que le Corps mystique de Jésus :
 

Quand nous communions à l’Eucharistie à chaque messe, nous ne mangeons pas que le Corps mystique de Jésus : nous mangeons également sa chair humaine réelle. Donc nous posons un acte anthropophage. Jésus, pendant la transsubtantiation (changement du pain et du vin en la substance du corps du Christ), devient 3 choses : vraie chair (Fils), vrai pain (Père) et vrai Corps mystique (Esprit Saint). J’en tiens pour preuve les miracles eucharistiques (hosties tombées lors de la distribution, traces de sang ou de bouts de chair décelées après analyses…) qui ont jalonné l’Histoire de l’Église post-christique, et qui montrent que l’Eucharistie n’est pas qu’un symbole ou une entité angélique. C’est bien Jésus en chair humaine, un Jésus ressuscité ET mort, qui se donne. Ce n’est pas que le « Corps spirituel » (1 Cor 15, 44) dont parle saint Paul.
 
 

Je tenais à le dire, d’une part pour que nous puissions répondre aux accusations de cannibalisme dont nous pouvons faire l’objet, et d’autre part pour que nous prenions conscience de ce qui se passe à chaque messe et quand nous communions.