Fresques historiques
NOTICE EXPLICATIVE :
L’espace-temps sentimentalisé et déréalisé
Quand on ne s’aime pas assez soi-même, qu’on s’éloigne de sa réalité sexuée et de la différence des sexes qui nous fonde, il n’est pas étonnant que l’on fuie dans le même mouvement la différence des espaces… et celle qui lui est concomitante : la différence des temps (passé, présent, futur) ! Ce code « Fresques historiques » se propose justement d’analyser le curieux rapport des personnes homosexuelles au temps (je dis « curieux » car il est de type idolâtre, c’est-à-dire d’adoration-répulsion-déni). Elles ont tendance à remplacer le trio (de l’Éternité !) passé-présent-futur par leur caricature passéisme-instant-futurisme (passéisme qui prendra souvent la forme du conservatisme de l’antiquaire : nous étudierons d’ailleurs la figure de l’antiquaire homosexuel). Autrement dit elles tendent à s’enfermer dans un passé mythique imaginaire pour mieux nier leurs véritables racines et histoires ; à se noyer dans la consommation pour mieux nier leur réalité quotidienne – au nom pourtant d’un hédonisme qui paradoxalement met la dégustation de « l’instant présent » au centre, le fameux Carpe Diem du bobo… – ; à s’annuler toutes perspectives d’avenir durable et heureux par une promotion pourtant obsessionnelle du progrès et par une fuite constante en avant (= « ça ira mieux demain, on ne sait pas de quoi demain sera fait, je suis en perpétuelles déconstruction et reconstruction, j’ai toute la vie devant moi pour m’éclater. »). Les époques convoitées par le public homosexuel ont souvent trait avec les civilisations héliocentriques (culte solaire), telles que la Grèce Antique, les Incas ou l’Égypte Ancienne.
Le déni homosexuel concernant le Réel et Ses limites est particulièrement observable à travers le traitement de la mémoire opéré par la communauté homosexuelle. Beaucoup de ses membres refusent catégoriquement de poser un regard sur leur passé. Ils réécrivent souvent leur histoire personnelle sous forme de légende noire, comme si leur jeunesse « hétérosexuelle » n’avait été que mensonge, ou au contraire idyllique. Le passé qu’ils ressuscitent est prioritairement mythique, sentimental, impersonnel et folklorique. J’en tiens pour preuve la passion qu’énormément d’artistes homos développent pour les grandes fresques historiques kitsch (la Rome et la Grèce antiques, la Guerre de Sécession nord-américaine avec Scarlett O’Hara, la Révolution française, le règne de Sissi Impératrice, etc.). La reconstitution des temps dits « anciens » sert en général à la contemplation narcissique et à la fuite de la Réalité. La majorité des personnes homosexuelles partent, comme Marcel Proust, « à la recherche du temps perdu », mais en réalité pour ne pas affronter ce qu’elles ont à vivre dans le présent. Le travail de réactivation de la mémoire tel qu’elles le conçoivent n’est pas un acte volontaire et libre : le passage de la dégustation de la madeleine de Proust le montre parfaitement. Il est principalement impulsé par le culte de l’instant, la tristesse nostalgico-anachronique, et le désir d’isolement social. Il a donc peu à voir avec la vraie mémoire, celle qui fait aimer l’Humanité, qui est partiellement intelligible et contrôlée par le Désir. Pour beaucoup d’entre elles, « l’histoire officielle est une hallucination » (le poète argentin Néstor Perlongher, dans l’article « Néstor Perlongher : La Parodia Diluyente » de Miguel Ángel Zapata) et la tradition se confond avec le « détritus » (idem).
Il n’y a que l’instant, le ressenti sensoriel immédiat et l’imaginaire qui, en théorie, sont capables d’abolir le Temps. Mais ceci n’est vrai que si ceux-ci ne tiennent pas compte de l’Incarnation concrète du Temps dans laquelle ils s’inscrivent pourtant nécessairement.
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Déni », « Faux intellectuels », « Artiste raté », « Peinture », « Pygmalion », « Wagner », « Parricide la bonne soupe », « Télévore et Cinévore », « Chevauchement de la fiction sur la Réalité », « Oubli et Amnésie », « Parodies de Mômes », « Fan de feuilletons », « Collectionneur homo », « Faux Révolutionnaires », « Jardins synthétiques », « Se prendre pour Dieu », « Animaux empaillés », « Poupées », « Planeur », « Entre-deux-guerres », « Reine », « Voyage », « Femme au balcon », « Bobo », « Grand-Mère », « Éternelle jeunesse », « Bovarysme », « Médecin tué », « Différences culturelles », « Conteur homo », « Voyante extra-lucide », à la partie « Cuculand » du code « Milieu homosexuel paradisiaque », à la partie « Stars vieillissantes » du code « Actrice-Traîtresse », à la partie « Extra-terrestre » du code « « Plus que naturel » », à la partie « Décorateur homo » du code « Maquillage », à la partie « Fixette sur un amant perdu et déifié » du code « Clonage », à la partie « Grands Hommes » du code « Défense du tyran », et à la partie « Travestissement » du code « Substitut d’identité » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.
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FICTION
a) Le passé désincarné, idéalisé ET méprisé :
Dans la fantasmagorie homosexuelle, le personnage homosexuel adopte souvent une conception mythologique, hachée et sentimentaliste du Temps. Il rentre (ou s’imagine rentrer) dans un espace-temps totalement littéraire et folklorique, comme s’il était dans la Machine à remonter le Temps : cf. le roman Le Parcours du rêve au souvenir (1895) de Robert de Montesquiou, le film « Le Nom de la Rose » (1986) de Jean-Jacques Annaud, le vidéo-clip de la chanson « It’s A Sin » du groupe Pet Shop Boys, la chanson « Sadness » du groupe Enigma, la comédie musicale Graal de Catherine Lara, le vidéo-clip de la chanson « Vogue » de Madonna façon « Cour sous Louis XIV » dans le MTV Show en 1990, la chanson « Le Boulevard des rêves » de Stéphane Corbin, la publicité Pepsi (2002) de Britney Spears, la tournée Aphrodite (2011) de Kylie Minogue, le vidéo-clip des chansons « Remember The Time » et « Black Or White » de Michael Jackson, le recueil Poèmes saturniens (1866) de Paul Verlaine, Les Chevaliers de la Table ronde (1933) de Jean Cocteau, les chansons « Libertine », « Pourvu qu’elles soient douces », et « Jardin de Vienne » de Mylène Farmer, le roman L’Amant de mon père (2000) d’Albert Russo (avec l’attirance pour la culture gréco-latine), les tableaux et les textes modernistes du XIXe siècle, le vidéo-clip de la chanson « Sobreviveré » de Mónica Naranjo, le film « Le Roi et le Clown » (2005) de Lee Jun-ik, le film « Games That Lovers Play » (1971) de Malcolm Leigh, le film « The Greatest Showman » (2017) de Michael Gracey (avec l’Égyptien efféminé), le film « Claude et Greta » (1969) de Max Pécas, le film « Le Grand Blond avec une chaussure noire » (1972) d’Yves Robert, les tableaux Les Hardlanders de Thierry Brunello, les photos Statue Series (1983) et Athena (1988) de Robert Mapplethorpe, le one-woman-show La Folle Parenthèse (2008) de Liane Foly (avec le décor gréco-romain de la boîte gay Le Guet-Apens de Pedro), le film « Maurice » (1987) de James Ivory (avec Clive, le fan de Grèce antique), les films « In & Out » (1997) et « Joyeuses funérailles » (2007) de Frank Oz, le roman Le Chant d’Achille (2014) de Madeline Miller (revisitant l’Iliade et la Guerre de Troie en se concentrant sur une histoire d’amour entre Achille et Patrocle), la pièce La Star des oublis (2009) d’Ivane Daoudi (sur fond de nostalgie rétro années 1930 à Paris), le roman Les Nouveaux nouveaux Mystères de Paris (2011) de Cécile Vargaftig (qui est un voyage dans une machine à remonter le temps), le roman Reise In Die Vergangenheit (Le Voyage dans le passé, 1929) de Stefan Sweig, etc.
Beaucoup de personnages homosexuels sont en quête non pas de la véritable histoire mais d’un super-primitivisme (une préhistoire forcée et construite par la panmythologie) qui va leur permettre de se rendre créateurs de leur propre existence (cf. le noachisme antéchristique). Par exemple, dans la pièce Commentaire d’amour (2016) de Jean-Marie Besset, Guillaume, le héros homosexuel, voit la préhistoire comme une « multitude d’accouplements » bisexuels. Dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino Oliver, le personnage homo, est expert en Grèce Antique et en archéologie. Dans le film « Vita et Virginia » (2019) de Chanya Button, Virginia Woolf écrit en 1929 une autobiographie, Orlando, où elle se met dans la peau d’un homme du XVIe siècle qui change de sexe.
Quand le héros homosexuel se tourne vers le passé, ce n’est pas tant pour l’honorer dans sa réalité que pour l’édulcorer, le noyer dans la nostalgie, le passéisme, les larmes, la reconstitution folklorique en carton-pâte ou bas-relief, la culpabilité, l’orgueil narcissique : « J’aimerais pouvoir remonter le temps. » (Delphine, l’héroïne lesbienne, dans le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini) ; « Je réalise que ce n’est pas la vie qui est importante – mais les souvenirs. » (Chris, le héros homosexuel du roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 194) ; « Pourquoi cette attirance pour les musées ? Il ne l’a jamais su. » (la voix-off de la mère de Bertrand, parlant de son fils, dans le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud) ; « Mon frère est un sentimental, il s’accroche aux souvenirs comme le caramel à la casserole ! » (un des héros de la pièce L’Héritage de la Femme-Araignée (2007) de Christophe et Stéphane Botti, p. 15) ; « Toi Sodome, moi, Gomorrhe. Hein, Sodomette ? » (Jézabel, l’héroïne bisexuelle s’adressant à son pote gay Greg, dans le film « La Mante religieuse » (2014) de Natalie Saracco) ; « Mon émerveillement ne faisait que commencer. Les salles, ornées de fresques grandioses, auraient mérité la visite à elles seules. » (Éric, le narrateur homo parlant de la Villa Borghese, dans le roman L’Amant de mon père (2000) d’Albert Russo, p. 20) ; « Après le repas, Ethan reste seul à la table du Samothrace. Il laisse son regard se perdre dans les fresques. Tout doucement, il s’imagine à la grande époque grecque, lorsque le sanctuaire des Grands Dieux était en activité sur l’île de Samothrace. Il se demande quelle place il aurait occupé dans cette société. Comme beaucoup de gens, il ne s’imagine pas en simple paysan travaillant la terre. Il aurait plutôt été de ceux qui gravitaient dans les hautes sphères du pouvoir. Sans doute aurait-il tenu le rôle de grand prêtre. […] Il s’imagine habillé comme dans les péplums, d’un minimum de tissu, tous muscles dehors et il serait entouré par des femmes aussi belles que les représentations d’Athéna. » (Jean-Philippe Vest, Le Musée des amours lointaines (2008), p. 64) ; « La fresque la plus imposante du lieu [le café Samothrace] représente la Grand-Mère. Elle est mise en scène de la manière la plus traditionnelle qui soit : assise, avec un lion à ses côtés. Son nom secret, dévoilé uniquement aux initiés, est Axieros et elle est la maîtresse toute puissante du monde sauvage. » (idem, p. 54) ; « Ahmed tourne le regard vers la Seine et l’île de la Cité, avec la Cathédrale Notre-Dame. Il se demande s’il y a encore un Quasimodo qui y vit, prêt à tout par amour pour lui. Il s’imagine en un grand Tzigane ténébreux et sensuel, dansant sur le parvis, mais en pleurs parce que son beau Phébus l’a laissé pour épouser un autre garçon, Fleur-de-Lys, alors qu’il est lui-même poursuivi par Frollo, un prêtre déterminé à en faire son amant secret. Dans ses fantasmes, l’Algérien adapte sans gêne les grands classiques français à sa guise ! » (Ahmed, le héros homosexuel du roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot, p. 52) ; « Les débris avaient été poussés dans les coins, quelques cartes postales et des photographies de magazines avaient été punaisées sur les murs. Une fresque d’amateur s’épanouissait sur l’un d’eux. » (Jane, l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 239) ; « Si j’avais une machine à remonter le temps, j’irais nulle part. » (Shirley Souagnon disant qu’à toutes les époques elle aurait été persécutée, dans son concert Free : The One Woman Funky Show, 2014) ; « Il y a trop de personnes appartenant à mon passé que je n’ai plus jamais envie de voir pour que j’aie un compte Facebook. » (Jane, l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 191) ; etc. Par exemple, dans son one-woman-show La Lesbienne invisible (2009), Océane Rose-Marie décrit la déco mérovingienne chez Chrysanthème, une de ses amies lesbiennes. Dans la série Ainsi soient-ils (2014) de David Elkaïm (dans l’épisode 3 de la saison 1), Emmanuel, l’un des séminaristes, noir et homosexuel, a dirigé des fouilles archéologiques à Carthage pour le musée du Louvre… et c’est là-bas qu’il a connu sa première expérience homosexuelle. Dans le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs, Ted, l’un des héros homos, est scotché à sa télé devant Games Of Thrones, et se dit fan de Daenerys Targaryen, « la princesse exilée » : « Je l’adore ». Il se déguise même avec des costumes péplum chez lui.
En bonne Drama Queen qui se respecte, le personnage homosexuel s’identifie parfois à la Scarlett O’Hara du film « Gone With The Wind » (« Autant en emporte le vent », 1939) de Victor Flemming et à l’époque de la Guerre de Sécession nord-américaine : cf. le film « Mambo Italiano » (2003) d’Émile Gaudreault, le film « Saved By The Belles » (2003) de Ziad Touma, le film « Sylvia Scarlett » (1935) de George Cukor, la chanson « Scarlet Woman » du groupe Taxi Girl, le roman Les Dix Gros Blancs (2005) d’Emmanuel Pierrat, le vidéo-clip de la chanson « Un point c’est toi » de Zazie, le film « Huit Femmes » (2002) de François Ozon, le roman Tiempos Mejores (1972) d’Eduardo Mendicutti, le film « Scarlet Diva » (2000) d’Asia Argento, le film « A Bit Of Scarlet » (1996) d’Andrea Weiss, la chanson « It’s All Coming Back To Me » de Céline Dion, le film « Les Chansons d’amour » (2007) de Christophe Honoré (avec « Scarlett », la chienne de Julie), la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen (avec le Petit Chaperon Rouge en Scarlett), le one-(wo)man-show Charlène Duval… entre copines (2011) de Charlène Duval (où Patrick Laviosa joue au piano « Autant en emporte le vent »), le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki (avec Madeleine O’Hara, la femme rousse violée), etc. « J’ai regardé ‘Gone With The Wind’ à 7 heures du matin. » (Jean-Marc, le narrateur homosexuel du roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, p. 204) Par exemple, dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, Émilie, l’amante secrète de Gabrielle, compare la résidence (« Bois-Rouge ») de cette dernière à « Tara, la propriété de Scarlett O’Hara, dans ‘Autant en emporte le vent’. Cela ne lui avait pas déplu, à elle [Gabrielle], d’être comparée à Scarlett de façon indirecte… » (p. 50) Dans le one-man-show Au sol et en vol (2014) de Jean-Philippe Janssens, Jeanfi, le steward homo, propose à Mme Schmidt, une passagère à mobilité réduite, une occupation : « Tu verras, c’est génial, y’a le film ‘Autant en emporte le vent’. » Dans son one-man-show Bon à marier (2015), Jérémy Lorca rentre dans la peau d’une actrice vieillissante qui fait des publicités, Marie-Astrid : « Dans ‘Autant en emporte le vent’, en 1939, c’est moi qui faisais le vent. »
Le protagoniste a tendance à se réfugier dans un monde de dînettes digne des petites filles modèles de la Comtesse de Ségur. On retrouve la passion pour l’époque de l’impératrice Sissi chez le personnage de JP dans la série Clara Sheller (2005) de Renaud Bertrand, ainsi que le goût pour la mythologie bavaroise « à la Heïdi » à travers l’intérêt de beaucoup de personnes homosexuelles pour le film « The Sounds Of Music » (« La Mélodie du bonheur », 1965) de Robert Wise (cf. la chanson « So Lang’ Man Traüme Noch Leben Kann » du groupe Münchener Freiheit, le film « Cabaret » (1972) de Bob Fosse, le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus, etc.). « Moi, j’étais de plain-pied avec les héroïnes de la comtesse de Ségur. » (Suzanne, l’héroïne lesbienne du roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 39) ; « Bonsoir, Fairwell, Aufwiedersehen, goodbye… » (le diable et l’ange chantant la « Mélodie du bonheur » à Maxence dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot) ; etc.
Dans son one-man-show Elle est pas belle ma vie ? (2012), Samuel Laroque célèbre les chanteuses de son enfance (Dorothée, Chantal Goya, Mylène farmer, etc.) et les dessins animés (Candy, les Schtroumpfs). Dans la pièce Dernier coup de ciseaux (2011) de Marilyn Abrams et Bruce Jordan, Romain Canard, le coiffeur homosexuel, organise des soirées revival années 1980, et débarque déguisé en Princesse Sarah.
Notre héros homosexuel se met en mode « J’écris mes mémoires, à la lumière de la bougie (… à 19 ans, au XXIe siècle) », et s’imagine à des époques qu’il n’a même pas connues : « Je suis né à Paris à la fin du siècle dernier… Curieuse phrase et cette impression d’ancien combattant qui va raconter sa guerre ! Finalement, ça me va bien. Je ne l’ai pas toujours été. Je n’en avais pas très envie. Combattant. Je le suis devenu contraint et forcé le jour où j’ai décidé que je ne me laisserai plus faire, ni influencer ni modeler comme je ne voulais pas, comme je ne pouvais pas. » (le jeune Bryan, 16 ans, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 18)
C’est l’attrait passéiste qui semble le moteur de la formation du couple homosexuel fictionnel. Par exemple, à la toute fin du film « Hoje Eu Quero Voltar Sozinho » (« Au premier regard », 2014) de Daniel Ribeiro, Léo et Gabriel, une fois en couple, font un exposé en classe sur l’Histoire de Spartes et la relation entre soldats. Dans le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent, Sarah demande une aide aux devoirs d’histoire à sa future amante Charlène.
C’est un peu ridicule, ce jeu de rôle sincère. Certains héros homosexuels finissent par s’en rendre compte. Par exemple, dans le film « Week-end » (2012) d’Andrew Haigh, Glen, pour se moquer du mobilier archaïque de l’appartement de son amant Russell, ironise : « T’as braqué un vide-grenier ? »
b) L’antiquaire homosexuel :
Cet enfermement immature et irréaliste dans des passés picturaux ou cinématographique ressort et est rappelé par un personnage bien connu de l’inconscient collectif au sujet de l’homosexualité : dans beaucoup d’œuvres homo-érotiques apparaît la figure de l’antiquaire homosexuel : cf. le film « Les Arnaud » (1967) de Léon Joannon (avec Josseron l’antiquaire homo), la chanson « La Grande Zoa » de Régine, le film « L’Innocent » (1976) de Luchino Visconti, le film « Il y a des jours… et des lunes » (1989) de Claude Lelouch (avec Francis Huster en prêtre en couple avec un antiquaire), le film « Le Troisième Sexe » (1959) de Veit Harlan (avec le personnage de Boris), le film « Bas fond » (1957) de Palle Kjoerulff-Schmidt, le film « Blacula » (1972) de William Crain, le film « Cent francs l’amour » (1985) de Jacques Richard, le film « Paradis perdu » (1939) d’Abel Gance, le film « Die Bitteren Tränen Der Petra Von Kant » (« Les Larmes amères de Petra von Kant », 1972) de Rainer Werner Fassbinder, le film « Via Margutta » (1959) de Mario Camerini, le film « Professeur » (1972) de Valerio Zurlini, le film « L’Oiseau au plumage de cristal » (1968) de Dario Argento, le film « Diaboliquement vôtre » (1967) de Julien Duvivier (avec l’antiquaire joué par Claude Piéplu), le film « Gang Anderson » (1971) de Sidney Lumet (avec Martin Balsam), le film « Spéciale Première » (1974) de Billy Wilder, le film « Minuit dans le jardin du bien et du mal » (1997) de Clint Eastwood, le film « J’en suis » (1996) de Claude Fournier, le film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne (avec la mention d’un antiquaire homo), le film « Mon meilleur ami » (2006) de Patrice Leconte (avec le marchand d’art joué par Daniel Auteuil), le film « Faustrecht Der Freiheit » (« Le Droit du plus fort », 1975) de Rainer Werner Fassbinder (avec l’antiquaire homo Max), le roman Oh ! Boy ! (2000) de Marie-Aude Murail, le roman La Ligne de beauté (2008) d’Alan Hollinghurst (où Nick, le héros gay, est fils d’un antiquaire), le roman Le Malfaiteur (1948) de Julien Green, etc.
« C’est des enculés antiquaires ! » (Fifi en parlant des homos, dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; « Elle doit me prendre pour un antiquaire, elle me dit que les seules folles qu’elle a comme clientes sont plus ou moins brocanteuses Porte-Clignancourt. » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des Folles (1977) de Copi, p. 87) ; « Moi, je voulais être antiquaire. Avec rien que de l’ancien. » (l’un des héros homosexuels de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Je suis devenu antiquaire. Nous sommes, avec mon compagnon Raymond, spécialisés dans le Charles X. » (Laurent Spielvogel imitant André, dans son one-man-show Les Bijoux de famille, 2015) ; « On peut la retrouver rue des saint pères. Décorateur et antiquaire. » (cf. la chanson « La Grande Zoa » de Régine) ; etc.
S’il n’est pas antiquaire, le héros homosexuel en a au moins l’ambition : cf. la pièce Copains navrants (2011) de Patrick Hernandez (avec Vivi qui fait les brocantes), le film « Une Femme un jour » (1977) de Léonard Keigel (avec la brocanteuse Nicky), le film « Musée haut, Musée bas » (2007) de Jean-Michel Ribes (avec le duo d’experts artistiques Sulky et Sulku), etc. « J’adore les antiquités. » (Thomas dans la pièce L’Anniversaire (2007) de Jules Vallauri) ; « J’adore les antiquités. » (un des personnages homos de la comédie musicale À voix et à vapeur (2011) de Christian Dupouy) ; etc.
Dans le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin, Emory, l’un des héros homosexuels – le plus maniéré –, est antiquaire… mais il a apparemment un problème avec la différence des temps : « Le dernier bouquin que j’ai commencé à lire, c’était en 1912.»
c) Le Présent réduit à la pulsion de l’instant :
Le héros homosexuel ne vit pas davantage au présent, qu’il délaisse au profit de l’instant, de la sensation immédiate, de la pulsion : cf. le ballet Alas (2008) de Nacho Duato (avec l’insistance sur l’instant), la chanson « L’Instant X » de Mylène Farmer, la chanson « Vertige » de Mylène Farmer, le roman Un Instant d’éternité (1988) d’Edgar Morgan Forster, etc. « J’avais de la difficulté à vivre le moment présent […]. Vivre rétrospectivement a toujours été l’un de mes plus graves défauts. […] Déjà, enfant, ma mère me reprochait d’être trop impatient. » (Jean-Marc, le narrateur homosexuel du roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, p. 59) ; « Instant présent, tu es l’essence du voyage. » (cf. la chanson « Vertige » de Mylène Farmer) ; « Lorsqu’on s’y attend le moins, traverser Paris en courant, sur la seule magie d’un instant, du message clair de tes yeux. » (cf. la chanson « au Jack au mois d’avril » d’Étienne Daho) ; « Je choisissais les plus beaux et vivais une intense aventure de dix secondes avec chacun. » (le narrateur homo parlant du jeu des regards à l’opéra, dans le roman La Nuit des princes charmants (1995) de Michel Tremblay, p. 44) ; « Il faut profiter de l’instant présent. » (Evelyn, la veuve gay friendly du film « Indian Palace » (2012) de de John Madden) ; etc.
Par exemple, dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, Johnny et Romeo, en sortant ensemble, sont, selon la définition du premier, rentrés dans un rêve (« Il n’y a pas de notion de temps dans les rêves. ») puisque Roméo lui dira peu après : « On a perdu la notion du temps. »
Derrière l’éloge de l’instant, qui a l’air positif et enchanteur, se profile la croyance désenchantée en la vacuité de l’existence, en l’impermanence de l’amour : « Pas de passé, pas d’avenir. Pas de passé, pas d’avenir. » (cf. Johnny Rockfort dans la chanson « Banlieue Nord » de l’opéra-rock Starmania) ; « L’agitation du café retombe un peu, étrangement. On dirait, tout à coup, que la pudeur reprend ses droits dans une sorte d’assourdissement des conversations. […] Mon regard s’évade. Vous demandez : à quoi pensez-vous ? Je réponds : précisément, à rien. Je regarde ce monde autour de nous, ce monde singulier des gens dans les cafés, ce monde qui est un instant, une réunion du hasard. Je pense que nous n’aurons plus jamais la compagnie qui est la nôtre en ce moment, que ceux qui sont ici, dans ce lieu, ne se connaissent pas entre eux, qu’ils se trouvent ensemble par coïncidence, qu’ils se disperseront sans éprouver un sentiment de perte, qu’ils ne se reverront pas, que cette assistance n’existe que le temps de boire un café, lire un journal, rédiger du courrier, raconter une enfance. Et c’est une idée qui m’intéresse, sans que je sache expliquer pourquoi. » (Vincent s’adressant à son amant Marcel Proust dans le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, p. 59)
Souvent, le héros homosexuel individualise le temps en propriété privée, en possession individualiste fugace, en mixture confuse entre passé/présent/futur célébrant l’éclat de l’Instant et de la Sensation immédiate : « De l’art dans chaque souvenir. […] Tout s’est rassemblé. Comme un musée de mon histoire, un art contemporain. » (le comédien dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier) ; « J’ai eu un rêve. Le passé et le présent se confondaient. » (Maria, l’héroïne lesbienne dans le film « Sils Maria » (2014) d’Olivier Assayas) ; etc. Par exemple, dans le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, Vincent, le héros homosexuel établit son propre calendrier et se croit « en l’an 17 de son temps » (p. 63). Dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus fusionnent le monde de la Seconde Guerre mondiale et l’ère du numérique internet.
d) Le Futur réduit à une projection fantasmatique :
L’accueil que réserve le héros homosexuel au futur n’est pas meilleur que celui offert au passé et au présent… car sa fuite en avant se vit dans la rupture avec un passé diabolisé ou dans l’absence de conscience du Réel : « Je tuerai le passé. Lorsqu’il sera mort, je serai libre. » (Dorian dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « Je ne crois pas que le passé compte, murmure Simon, après on va rentrer dans des trucs psychologiques, le gourou Freud, tout ça, c’est une secte pour moi. » (Mike Nietomertz, Des chiens (2011), p. 33) ; « Dans l’rétro ma vie qui s’anamorphose. » (cf. la chanson « California » de Mylène Farmer) ; « Ma mémoire aux portes condamnées, j’ai tout enfoui les trésors du passé. Les années blessées. Comprends-tu qu’il me faudra cesser… » (cf. la chanson « L’Innamoramento » de Mylène Farmer) ; « La robe rouge du passé t’enserre, t’étouffe. » (l’actrice jouant Dalida dans le spectacle musical Dalida, du soleil au sommeil (2011) de Joseph Agostini) ; « Qu’est-ce que je vous ai fait ? Parce que j’ai dû vous infliger quelque humiliation dans le passé dont je ne me souviens pas ou qui m’a échappé. » (la Comédienne s’adressant à sa sœur Vicky dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; etc. Par exemple, dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, la narratrice transgenre F to M noircit le tableau de son passé, évoque « le souvenir de l’enfermement dans lequel elle a passé son enfance ».
Le héros homosexuel désire tout simplement l’abolition du Temps : « Peut-être nous nous trouvions dans un temps passé ou futur que jamais mémoire d’homme n’avait enregistré (c’était là mon souhait secret). » (Gouri, le narrateur homosexuel du roman La Cité des Rats (1979) de Copi, p. 125) ; « It’s too late. I’m in love. » (Charlène s’adressant à son amante Sarah au moment de l’embrasser, dans le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent) ; etc.
On entend souvent dans les chansons homo-érotiques qu’« il est trop tard » (cf. les chansons « La Veuve noire », « L’Horloge », « Allan » et « City Of Love » de Mylène Farmer ; « C’est trop tard » d’Alizée), parce que bon nombre de personnages homosexuels voient le Temps comme un ennemi (cf. Je vous renvoie à la partie sur la peur-panique de vieillir dans le code « Éternelle jeunesse » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels).
Beaucoup de films et de romans à thématique homo-érotique choisissent un cadre futuriste pour traiter d’homosexualité : cf. le film « Bug » (2003) d’Arnault Labaronne, la trilogie « Dead Or Live » (1999-2002) de Takashi Miike, le film « Œdipe (N + 1) » (2001) d’Éric Rognard, le film « The Rocky Horror Picture Show » (1975) de Jim Sharman, le film « Metropolis » (1927) de Fritz Lang, le film « Le Cinquième Élément » (1997) de Luc Besson, le film « Papa, il faut que j’te parle… » (2000) de Philippe Becq et Jacques Descomps, le film « Amidonnée » (2001) de Cath Le Couteur, le film « L’Attaque de la Moussaka géante » (1999) de P. H. Koutras, la B.D. Anarcoma (1983) de Nazario, le film « Fresh Kill » (1994) de Shu Lea Cheang, le film « Clandestino Destino » (1987) de Jaime Humberto Hermosillo, le film « Dandy Dust » (1998) d’Hans A. Scheirl, le film « Tigerstreifenbaby Warter Auf Tarzan » (1998) de Rudolf Thome, le film « Hey, Happy ! » [2001) de Noam Gunick, le film « Priscilla, folle du désert » (1994) de Stephan Elliott, le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, le roman Joyeux animaux de la misère (2014) de Pierre Guyotat, le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, etc. Par exemple, dans le film « Sils Maria » (2014) d’Olivier Assayas, Maria va voir au cinéma un film de science-fiction dans lequel Jo-Ann, sa jeune et future partenaire de théâtre (avec qui elle jouera un couple lesbien), interprète une super-héroïne aux pouvoirs destructeurs.
Ce n’est pas hasard si les œuvres de science-fiction abordent souvent le sujet de l’homosexualité : cf. la pièce La Revolución (1972) d’Isaac Chocrón, le film « G.O.R.A. » (2003) d’Omer Faruk Sorak, le roman Venus Plus X (1960) de Theodore Sturgeon, le roman The Crooked Man (1955) de Charles Beaumont, la nouvelle The Crime And Glory Of Commander Suzdal (1964) de Cordwainer Smith, le roman La Main gauche de la nuit (1969) d’Ursula K. LeGuin, le roman When It Changed (1969) de Joanna Russ, le roman Dhalgren (1976) de Samuel R. Delany, les romans 334 (1976) et On Wings Of Songs (1979) de Thomas M. Disch, le film « Barbarella » (1968) de Roger Vadim, le film « Space Thing » (1968) de B. Ron Elliott, le film « Nowhere » (1997) de Gregg Araki, « (T) Raumschiff Surprise-Periode 1 » (2004) de Michael Herbig, etc.
Le déni de la réalité temporelle passé/présent/futur se résout presque systématiquement dans l’idéologie progressiste de la post-modernité transhumaniste, et concrètement dans la violence, avec toujours la fausse dichotomie « passé/futur » orchestrée par bons nombres de personnages homosexuels ou gays friendly. Par exemple, dans la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener s’opposent le progressisme « amoureux » (avec le couple Claire/Suzanne) et le conservatisme un peu caricatural du père de Claire (qualifié de « vieux schnock » par ses adversaires féminines lesbiennes : il s’écrit avec force face à l’homosexualité et toutes les lois qui l’accompagnent « Cette société du futur, je n’en veux pas ! »).
Les amants homos fictionnels effacent le passé de l’un et de l’autre, et regrettent de s’être précipités dans l’acte homosexuel, acte qui les extrait du Réel, et donc du Temps, en leur donnant l’impression d’être allés trop vite ou trop lentement, d’avoir été catapultés dans le passé ou le futur. « À chaque fois c’est pareil, ça marche et j’ai l’impression que je serais heureuse jusqu’à la fin de ma vie, et au bout de six mois, ça y est, on s’engueule pour un rien, on se parle mal, et surtout on se fait la gueule comme ça, tssss. […] J’ai perdu du temps, j’ai perdu du temps. » (Polly par rapport à son amante Claude, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, pp. 76-77) Par exemple, dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz, Howard, le héros homosexuel, sent que depuis son coming out, le temps (= sa liberté, finalement) s’est accélérée et a été annulée : « Je veux ma vie d’avant !! » proteste-t-il contre son futur amant, Peter, qui s’amuse de l’irréversibilité de la situation de son copain qui dessert ses propres intérêt : « Ça, autant y renoncer. »
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
a) Le passé désincarné, idéalisé ET méprisé :
Parmi les personnes homosexuelles, il y a pléthore de passéistes, de nostalgiques et d’amoureux des civilisations passées. Je vous renvoie à l’essai Pier Paolo Pasolini et l’Antiquité (1997) d’Olivier Bohler, à l’essai Corydon (1924) d’André Gide, à la fascination pour l’hellénisme et l’Égypte chez Terenci Moix, à la passion de Yukio Mishima pour le Japon impérialiste des samouraïs, etc. « Je suis employée pour les Musées nationaux au service de restauration des œuvres anciennes. » (cf. l’article « À trois brasses du bonheur » de Sophie Courtial-Destembert, dans l’essai Attirances : Lesbiennes fems, Lesbiennes butchs (2001) de Christine Lemoine et Ingrid Renard, p. 57) ; « J’aimais les looks avec les catogans en cheveux blancs. » (Karl Lagerfeld dans le documentaire « Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld : une guerre en dentelles » (2015) de Stéphan Kopecky, pour l’émission Duels sur France 5) ; etc.
Énormément de films homo-érotiques sont construits sur la nostalgie musicale bobo-kitsch ou la reconstitution « historique » : cf. le film « Les Amours imaginaires » (2010) de Xavier Dolan, le film « Priscilla folle du désert » (1994) de Stephan Elliott, le film « Muriel » (1994) de P.J. Hogan, le film « C.R.A.Z.Y » (2005) de Jean-Marc Vallée (avec les chansons d’Aznavour), le film « Homme au bain » (2010) de Christophe Honoré (avec Aznavour en musique de fond), le film « Après lui » (2006) de Gaël Morel, le film « Tacones Lejanos » (« Talons Aiguilles », 1991) de Pedro Almodóvar, le film « Lili Marleen » (1981) de Rainer Werner Fassbinder, le film « Les Mille et une nuits » (1974) de Pier Paolo Pasolini, le film « La Belle et la Bête » (1946) de Jean Cocteau, la comédie musicale Hairspray (2011) de John Waters, le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, etc.
Par exemple, dans le documentaire « L’Atelier d’écriture de Renaud Camus » (1997) de Pascal Bouhénic, Renaud Camus avoue son « amour du désuet », du kitsch littéraire vieillot. Beaucoup de personnes homosexuelles sont attirées par les cultures gréco-latines : Olivier Delorme, Raúl Gómez Jattin, Jean Cocteau, Oscar Wilde, Marguerite Yourcenar, Julien Green, Benjamin Britten, Friedrich Hölderlin, Pierre de Coubertin, Gustav Wyneken, John Addington Symonds, Jacques de Ricaumont, Siméon Solomon, Joan Joachim Winckelmann, Érik Satie, Sappho, Pier Paolo Pasolini, etc. En bouche d’un certain nombre de théoriciens queer ou d’esthètes bourgeois, la Grèce Antique est encore la terre-symbole d’un idéal pédérastique chantée par Jean Lorrain, Fersen, André Gide, et bien d’autres. Christian Isermayer, un historien d’art, était homo. Dans le film « Les Crevettes pailletées » (2019) de Cédric le Gallo et Maxime Govare, l’équipe historique de water-polo gay des Crevettes pailletées s’est déguisée en Égyptiens antiques.
Dans son autobiographie L’Amant pur (2013), David Plante raconte qu’il est un jeune écrivain américain amoureux d’une Grèce de chimères classico-érotiques. Dans son spectacle musical Luca, l’évangile d’un homo (2013), Alexandre Vallès chante son amour impossible en effleurant des bas-reliefs égyptiens : « Tu es la beauté incarnée, partie à tout jamais. »
Il est étonnant de voir toutes les personnes homosexuelles qui sont soit profs d’histoire-géo, soit grands collectionneurs, soit fanas des grandes épopées et des personnages qui ont marqué l’historiographie mondiale. Par exemple, dans le documentaire « Ma Vie (séro)positive » de Florence Reynel (diffusée le 2 avril 2012 sur la chaîne France 4), Vincent, homme homosexuel de 28 ans, rêve d’être archéologue et prof d’histoire.
L’anachronisme an-historique et la fuite vers les contrées lointaines est le propre du romantisme échevelé et, à notre époque si bisexuelle, de la boboïtude, particulièrement branchée vers l’esthétique seventies chavirée (cf. les films avec Julianne Moore tels que « Far From Heaven », « Loin du Paradis » (2002) de Todd Haynes, ou encore « A Single Man » (2010) de Tom Ford). Le plus grave, c’est que cet anachronisme a souvent une prétention commémorative et réaliste. Par exemple, dans le docu-fiction « Christine de Suède : une reine libre » (2013) de Wilfried Hauke, la Reine Christine, pseudo « lesbienne », est catapultée à l’époque moderne, dans laquelle elle marche dans une fête foraine. Les historiens menteurs nous annoncent avec aplomb et sincérité que la biographie qu’ils ont tordue est fidèle aux faits.
En bonnes Drama Queen qui se respectent, certaines personnes homosexuelles s’identifient parfois à la Scarlett O’Hara du film « Gone With The Wind » (« Autant en emporte le vent », 1939) de Victor Flemming et à l’époque de la Guerre de Sécession nord-américaine. Par exemple, le réalisateur homosexuel Georg Cukor a créé de toute pièce le personnage de Scarlett. On retrouve la passion pour l’époque de l’impératrice Sissi dans le film autobiographique « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne (inutile de souligner qu’aux États-Unis, l’un des qualificatifs signifiant « pédé » est « sissy »…), ainsi que le goût pour la mythologie bavaroise « à la Heïdi » à travers l’intérêt de beaucoup de personnes homosexuelles pour le film « The Sounds Of Music » (« La Mélodie du bonheur », 1965) de Robert Wise : cf. le documentaire « Les Refrains du nazisme » (2003) d’Olivier Axer et Suzanne Benze, la pièce autobiographique Ébauche d’un portrait (2008) de Jean-Luc Lagarce, les goûts du chanteur Jean-Sébastien Lavoie dans l’émission À la recherche de la Nouvelle Star en 2003, etc. Je suis moi-même grand fan du film « La Mélodie du bonheur ».
Quand l’individu homosexuel se tourne vers le passé, ce n’est pas tant pour l’honorer dans sa réalité que pour l’édulcorer, le noyer dans la nostalgie, le passéisme, les larmes, la reconstitution folklorique en carton-pâte ou bas-relief, la culpabilité, l’orgueil narcissique : « Tu aimais aller à la mosquée de temps en temps. Tu disais que tu aimais la gymnastique de la prière, être au milieu des inconnus en prière, dans la parole simple et directe avec Dieu. Dès qu’on s’est rencontrés, tu as arrêté de le faire. Tu n’osais plus. Notre lien est sacrilège aux yeux de l’islam. Tu n’arrivais pas à te débarrasser de ce sentiment. Je n’ai pas essayé de te faire changer d’avis. Moi-même je vivais dans cette contradiction. Moi-même j’avais besoin de croire. Je voulais croire. On a fini par trouver une solution. Je t’ai emmené à l’église Saint-Bernard et on a regardé les autres prier. Les églises, ce n’était pas nous à l’origine, cela ne représentait rien dans notre mémoire spirituelle. Rien ne nous attachait à elles et, pourtant, nous y sommes retournés plusieurs fois et nous avons fini par y découvrir une nouvelle spiritualité. Nous l’avons inventée ensemble, cette religion, cette foi, cette chapelle, ce coin sombre et lumineux, ce temps en dehors du temps. Ce christianisme non loin de Barbès. » (Abdellah Taïa par rapport à son amant Slimane, dans l’autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), p. 118) ; « La première fois que je me suis intéressé aux vampires, ça a été à 14 ans. Toutes les minorités se retrouvent dans le personnage du vampire. C’est le symbole du marginal de toutes les époques. Je crois que je suis né au siècle dernier. » (le romancier homosexuel Tony Mark, lors de la Soirée spéciale « Vampirisme et Homosexualité » au Centre LGBT de Paris, le 12 mars 2012) ; « Je vivais partout sauf à Montréal, à toutes les époques sauf à la mienne, dans toutes les couches de la société sauf dans celle où j’étais né (les imprimeurs sont une denrée plus que rare à l’opéra) ; je hurlais à m’en péter les cordes vocales mes amours malheureuses et je suppose que ça me consolait de mes amours inexistantes. » (Michel Tremblay évoquant son arrivée dans la vie adulte à 18 ans et sa passion pour l’opéra, dans son roman autobiographique La Nuit des princes charmants (1995), p. 38) ; etc.
Par exemple, lors de la conférence « Différences et Médisances » autour de la sortie de son roman L’Hystéricon, à la Mairie du IIIe arrondissement le 18 novembre 2010, le romancier Christophe Bigot s’identifie à la Révolution française et à la figure très ambiguë de Camille Desmoulins. Autre exemple : le chanteur Stéphane Corbin dit que son album Les Murmures du temps (2011) a été « créé pour la nuit, dans l’esprit amoureux, à écouter des chansons nostalgiques », pour « faire revivre chacune des personnes, chacun des instants » ; il s’imagine dans la peau d’un centenaire. Adolf Brandt fonde en 1903 la Gemeinschaft Der Eigenen que l’on peut traduire par Communauté des propriétaires de soi. Laquelle se réclame ouvertement de l’idéal de la Grèce antique. Il ne s’agit pas tant, pour les personnes LGBT pratiquant leur homosexualité, d’allier le temps à l’Éternité (Celle qui reconnaît la finitude des choses humaines, Celle qui reconnaît la mort et la victoire de la vie sur celle-ci) mais plutôt de la réduire à l’immortalité (celle qui nie le Réel et les contingences humaines) : cf. le documentaire « Act-Up – On ne tue pas que le temps » (1996) de Christian Poveda.
Ça plane bien, en apparence… Mais qui s’éloigne du Temps et du Réel s’éloigne aussi des autres et de sa propre Humanité : « Pendant quelques années, cependant, je me suis sentie un peu en marge. Ni homme, ni femme, la figure de l’androgyne me fascinait mais je ne voyais pas comment concilier ma soi-disant virilité avec ce qui faisait de moi une femme, d’autant que j’étais censée être hétérosexuelle. Un jour, je me suis découverte lesbienne, et rétrospectivement je crois que l’union s’est faite en moi. […] Pour autant, je ne suis rien d’autre qu’une fille, une vraie, et qui en a dans le bonnet. Finalement, à travers toutes ces figures de mon passé, je vois le désir d’être avant tout une femme solide et indépendante, comme Elisabeth Première, mais en moins vierge, ou Margaret Thatcher, mais en moins idiote, et en moins laide aussi j’espère. » (cf. l’article « De la virilité des lesbiennes » posté par la journaliste lesbienne Septembre dans www.yagg.com 16 janvier 2010)
Les personnes homosexuelles pratiquant leur homosexualité, même si elles se vantent de ressusciter l’Histoire, sont au contraire Ses fossoyeurs. Elles vénèrent un passé qui n’existe que dans les livres et dans ce que l’époque platonicienne irréaliste a forgé avec la complicité de l’ère rationnaliste, sentimentaliste et individualiste des Lumières : « Le goût du Camp pour le passé est devenu sentimental à l’extrême. » (cf. l’article « Le Style Camp » de Susan Sontag, L’Œuvre parle (1968), p. 430) ; « J’ai toujours préféré la mythologie à l’Histoire parce que l’Histoire est faite de vérités qui deviennent à la longue du mensonge, et que la mythologie est faite de mensonges qui deviennent à la longue des vérités. » (Jean Cocteau dans le documentaire « Jean Cocteau, autoportrait d’un inconnu » (1983) d’Edgardo Cozarinsky) ; etc.
b) L’antiquaire homosexuel :
Cet enfermement immature et irréaliste dans des passés picturaux ou cinématographique ressort et est rappelé par un métier bien connu de l’inconscient collectif au sujet de l’homosexualité. On trouve dans la communauté homosexuelle un certain nombre d’antiquaires : Robert Ness, Jacques-Kléber Aubier, Jean-Nérée Ronfort (retrouvé chez lui par son compagnon en 2012, et assassiné par trois prostitués roumains), etc. Par exemple, « Mademoiselle Az » est une antiquaire connue d’Évelyne Rochedereux (Évelyne Rochedereux, « Hommage aux camionneuses », citée dans l’essai Attirances : Lesbiennes fems, Lesbiennes butchs (2001) de Christine Lemoine et Ingrid Renard, p. 49). Yvonne Brémond d’Ars était également antiquaire. Jean-Luc Lagarce, dans sa pièce autobiographique Ébauche d’un portrait (2008), raconte sa liaison avec un antiquaire collectionneur. Les diverses résidences de Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent sont des salons des antiquaires. Pour ma part, j’ai rencontré pas mal d’antiquaires homosexuels, beaucoup exerçant à Paris ; et même des antiquaires lesbiennes vendant des libres sur les quais de Seine… ou en rase campagne !
L’antiquaire homosexuel a en effet un côté snob ou bobo qui l’oblige à se penser « hors milieu gay » et à migrer vers des bourgades provinciales pittoresques s’il n’a pas les moyens de vivre dans les beaux quartiers citadins tel que Montmartre. Je pense par exemple au petit village Percheron de La Perrière (Normandie, France), investi depuis les années 1990 par de nombreux antiquaires du Marais arrivés sur les lieux dans le sillage de la styliste Chantal Thomas.
« Les seuls homos qu’il y avait, c’était l’antiquaire du coin. » (Yann, un des témoins homos parlant de sa difficulté à trouver des référents ouvertement homosexuels à son époque, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Passée l’École Nationale des Beaux-Arts, Jean-Luc, devenu antiquaire, s’était installé à Clermont-Ferrand et avait ouvert, rue du Chevalier-Français, la classique boutique vert-noir à la devanture soigneusement vernissée : Antiquités-Décoration. […] Présentations, car le jeune antiquaire n’est pas seul : comme chaque soir, vers les six heures, un cénacle charmant se forme, par affinités, dans l’arrière-boutique de la rue du Chevalier-Français. L’élite intellectuelle de Clermont est là : un sculpteur célèbre, un tailleur, un fils de magistrat, un autre antiquaire. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, décrit dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 73) ; « Pendant l’Occupation, je fus, bien entendu, l’ami de nombreux officiers allemands. J’évitais ainsi la déportation et pus, grâce à mes relations, ouvrir mon premier magasin d’antiquités. Ces quatre années furent, quoique comparativement plus calmes, une longue suite d’aventures sentimentales, fort compliquées, selon ‘notre tradition’. Très vite, grâce au premier argent si généreusement laissé par mon attaché d’ambassade, je me fis un nom dans la hiérarchie des antiquaires. […] Beaucoup d’hommes de tous âges venaient chez moi, par goût des objets d’art ou dans l’espoir d’une aventure. » (Jean-Luc, op. cit., pp. 86-88) ; etc.
c) Le Présent réduit à la pulsion de l’instant :
Les personnes homosexuelles pratiquant leur homosexualité ne vivent pas davantage au présent, qu’elles délaissent au profit de l’instant, de la sensation immédiate, de la pulsion. Derrière l’éloge de l’instant, qui a l’air positif et enchanteur, se profile la croyance désenchantée en la vacuité de l’existence, en l’impermanence de l’amour : « J’aurais pu naître à n’importe quelle époque, j’aurais été bien nulle part. » (Shirley Souagnon, humoriste lesbienne, dans l’émission Bref à Montreux (Suisse), sur la chaîne Comédie +, diffusée en décembre 2012)
Notre réalité corporelle spatio-temporelle est noyée par beaucoup de créateurs homosexuels dans l’art, le sentiment et le progrès, comme l’explique parfaitement la philosophe Susan Sontag : « Le Happening touche le spectateur en l’entourant d’une trame d’éléments de surprise, asymétriques, sans péripétie et sans dénouement ; il s’agit là de l’irrationalité du rêve, plutôt que de la logique habituelle de l’art. Les Happenings, comme les rêves, ignorent la notions du temps. N’utilisant ni l’intrigue, ni la chaine rationnelle du discours, ils ne connaissent pas le passé. Comme l’indique leur dénomination – Happenings (Choses qui arrivent) – tout s’y passe dans le présent. » (cf. l’article « Les Happenings : Art des confrontations radicales » de Susan Sontag, L’Œuvre parle (1968), p. 406)
d) Le Futur réduit à une projection fantasmatique :
L’accueil que réservent certains individus homosexuels au futur n’est pas meilleur que celui offert au passé et au présent… car leur fuite en avant se vit dans la rupture avec un passé diabolisé ou dans l’absence de conscience du Réel : « Dans le grand parc solitaire et glacé, deux spectres ont évoqué le passé… » (Paul Verlaine s’adressant à son amant Arthur Rimbaud, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 30) ; « Vous savez, cher Marcel, je dois les excuser, ces Argentins. Malgré tout, ils m’ont donné un foyer. Loin, très loin de ce passé horrible. Grâce à ces Indiens, j’ai pu survivre. C’est pour cette raison profonde que je suis prête à leur pardonner leur exubérance, leur exotisme. À dire vrai, ils ont quand même un peu de charme. » (Madeleine s’adressant à la photo de Marcel Proust dans l’autobiographie Folies-Fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 247) ; « La philosophie de Michel Foucault, son scepticisme, son relativisme ont pour point de départ un constat historique : le passé de l’humanité est un gigantesque cimetière de vérités mortes, d’attitudes et de normes changeantes, différentes d’une époque à l’autre, toujours dépassées à l’époque suivante. » (Paul Veyne, Et dans l’éternité, je ne m’ennuierai pas (2014), p. 210) ; etc.
Pourtant, les apparences sont trompeuses car ils semblent chanter l’avenir et le progrès à tue-tête dans leurs créations et leurs discours. Je vous renvoie au journal mensuel homosexuel Futur (1952-1955). Par exemple Louis II de Bavière est connu pour avoir des projets grandiloquentes et mégalomaniaques : il fait construire des châteaux futuristes. Michael Jackson, Thierry Mugler, Andy Warhol, Yves Saint-Laurent se sont essayés au futurisme. « J’ai toujours rêvé de visiter les châteaux de Louis II de Bavière. » (Guillaume, le héros bisexuel du film « Les Garçons et Guillaume, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne)
Il est assez symptomatique qu’une chanteuse comme Mylène Farmer (l’icône gay française par excellence) célèbre le futur (jusque dans ses concerts High Tech et ses clips) tout en disant à chaque fois qu’il n’existe pas et qu’il vient toujours à manquer (cf. le titre de sa tournée 2013, « Timeless », ainsi que ses messages millénaristes). D’ailleurs, toutes les icônes gays jouent à être des prêtresses de l’espace : Jane Fonda, les Spice Girls, Björk, Mylène Farmer, Lady Gaga, Britney Spears, Madonna, etc.
De plus en plus avec les nouvelles législations mondiales fondées sur les « identités » sexuelles et les sentiments amoureux (« Union civile », « mariage pour tous », adoption, etc.), les personnes homosexuelles se font les chantres du progressisme égalitariste (qu’elles incarneraient, bien évidemment, par leur désir homosexuel et l’affichage de ce dernier). Elles – et leurs suiveurs politiques qui les instrumentalisent – font ainsi du passé table rase, justifiant leur démarche iconoclaste et mémoricide par l’idéologie de la modernité : « Nous ne sommes plus au XVe siècle. » (Nicolas Gougain par rapport à sa défense du « mariage gay », dans l’émission Mots croisés d’Yves Calvi, sur le thème « Homos, mariés et parents ? », diffusée sur la chaîne France 2, le 17 septembre 2012) ; « On n’est plus au XIXe siècle. » (une manifestante pro-mariage-gay et pro-égalité, dans le documentaire « Les lendemains tristes du mariage gay » (2013) de Matthias Barbier) ; « C’est un progrès indéniable. » (cf. le discours d’Erwann Binet, rapporteur officiel de la loi du « mariage pour tous » en France, à l’Assemblée Nationale, en avril 2013) ; etc.
Le déni de la réalité temporelle passé/présent/futur se résout presque systématiquement dans l’idéologie progressiste de la post-modernité transhumaniste, et concrètement dans la violence, avec toujours la fausse dichotomie « passé/futur » orchestrée par bons nombres de personnes homosexuelles ou gays friendly : « Ne nous y trompons pas : le postmodernisme n’a pas de grand dessein : son unique but est de déconstruire ce qui fut construit avant lui ; de fragmenter, d’éparpiller, d’émietter en une infinité d’individus qui ne sont plus guère en relations, mais seulement en communication. » (le Père Verlinde, « Les Attaques du démon provenant de l’extérieur de l’Église », dans les Attaques du démon contre l’Église (2009), p.189)
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