Témoin silencieux d’un crime
NOTICE EXPLICATIVE :
Dans les œuvres homosexuelles, il arrive beaucoup plus souvent qu’on ne le croit que le héros homosexuel soit le témoin accidentel d’un vol, d’un meurtre, d’une agression homophobe, ou d’un viol, qu’il n’a pas commis, mais dont il est le complice, au moins oculaire, et qu’il ne dénonce pas. Le doute entre sa lâcheté de spectateur et son impuissance objective porte un nom : le désir homosexuel, celui-ci étant à la fois un désir d’amour lâche et violent par nature, et un désir de viol non-actualisé, qui s’imposerait à celui qui le ressent sans qu’il n’y puisse rien. Le fait que ce personnage ne vienne pas en aide à un de ces compagnons (en général homosexuel comme lui) montre bien la dualité homophobe du désir homosexuel, qui est à la fois pour et contre lui-même (puisque c’est un désir idolâtre). Ces exemples fictionnels de non-assistance à personne en danger, tout irréels qu’ils soient, montrent que l’homophobie intériorisée est une étape récurrente dans l’affirmation d’une homosexualité.
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Homosexuel homophobe », « Déni », « Défense du tyran », « Adeptes des pratiques SM », « Personnage homosexuel empêchant l’union femme-homme », « Regard féminin », « Femme au balcon », « Amour ambigu de l’étranger », « Passion pour les catastrophes », « Voleurs », « Violeur homosexuel », « Emma Bovary ‘J’ai un amant !’ », « Main coupée », « Voyeur vu », « Espion », « Hitler gay », « Tout », « Couple criminel », « Milieu homosexuel infernal », « Prostitution », à la partie « Peur de la sexualité » du code « Symboles phalliques », à la partie « Désir de viol » du code « Viol », à la partie « Apocalyse » du code « Entre-deux-guerres », à la partie « L’homo combatif face à l’homo lâche » du code « Faux Révolutionnaires » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
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FICTION
Dans certaines fictions traitant d’homosexualité, le héros homosexuel est témoin d’un meurtre, d’un viol ou d’un vol, qu’en général il ne dénonce pas : cf. le vidéo-clip de la chanson « Take Me To Church » d’Hozier, la chanson « J’étais là » de Zazie, le film « Témoin » (1978) de Jean-Pierre Mocky, le film « Merci… Dr Rey ! » (2003) d’Andrew Litvack (avec le personnage de Thomas), le film « Adored Diary Of A Porn Star » (2004) de Marco Filiberti (avec Federico et son frère Riki), le film « Cahier volé » (1991) de Christine Lipinska, le film « Je veux seulement qu’on m’aime » (1976) de Rainer Werner Fassbinder, le film « Mort à Venise » (1971) de Luchino Visconti (avec Aschenbach, spectateur d’une peste urbaine), la pièce Doubles (2007) de Christophe et Stéphane Botti (avec le personnage de Robert), le film « Le Faucon maltais » (1941) de John Huston (avec le personnage d’Avril), le film « Quai des Orfèvres » (1947) d’Henri-Georges Clouzot (avec le personnage de Dora Meunier), le film « Les Désarrois de l’élève Törless » (1966) de Volker Schlöndorff, le film « Fremde Freundin » (1999) d’Anne Hoegh Krohn, le film « Wonderland » (1988) de Philip Saveville, les films « Huit Femmes » (2001) et « Swimming-pool » (2003) de François Ozon, etc. « Madame Pignou entendit les pleurs d’un bébé dans l’arrière-boutique, essaya d’alerter la boulangère, mais pas un mot ne sortait de sa bouche, elle était devenue muette. » (Copi, « Madame Pignou » (1978), p. 49) ; « Le perroquet vert, témoin d’un meurtre d’une princesse russe, et qui perdait les plumes. » (Copi, La Cité des Rats (1979), p. 75) ; « C’est la première fois que je perds. » (Donato, le héros homo secouriste de mer qui a laissé se noyer l’amant de son futur partenaire, dans le film « Praia Do Futuro » (2014) de Karim Aïnouz) ; etc.
Par exemple, dans le film « Saint » (1996) de Bavo Defurne, un adolescent, caché dans une forêt, assiste, impuissant, à l’exécution d’un homme homosexuel par une bande de soldat. Dans le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1959) de Joseph Mankiewicz, Catherine (Elizabeth Taylor), pendant tout le film, garde le silence sur la scène du meurtre homophobe collectif qu’a subi son cousin homosexuel Sébastien. Dans le film « Dressed To Kill » (« Pulsions », 1980) de Brian de Palma, une call-girl qui a surpris un meurtre dans un ascenseur devient la proie de la meurtrière, une mystérieuse blonde transsexuelle M to F. Dans le film « Dinero Fácil » (2010) de Carlos Montero, Jaime le prostitué est témoin d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Dans le film « Les Enfants du Paradis » (1945) de Marcel Carné, Avril, le complice et l’amant de Lacenaire, devient voyeur d’un meurtre. Dans le film « Ossessione » (« Les Amants diaboliques », 1944) de Luchino Visconti, Gino est témoin du meurtre que Giovanna opère sur son mari, et s’affaire à le camoufler. Dans le film « J’embrasse pas » (1991) d’André Téchiné, Manuel Blanc se fait violer par un mec sous les yeux d’Ingrid. Dans le film « La source ou la fontaine de la jeune fille » (1960) d’Ingmar Bergman, Ingeri assiste au viol de Karin. Cachée derrière un buisson, alors qu’elle tient une pierre dans sa main pour lui venir en aide, elle n’intervient pas. Dans le roman Les Faux-Monnayeurs (1925) d’André Gide, Édouard est témoin du vol de livre d’Eudolfe qu’il garde secret. Dans le film « Rear Window » (« Fenêtre sur cour », 1955) d’Alfred Hitchcock, Jeff, au départ, veut faire justice lui-même et ne veut pas prévenir la police pour le meurtre qu’il a vu depuis sa fenêtre. Dans le film « Je t’aime toi » (2004) d’Olga Stolpovskay et Dmitry Troitsky, Timofei, le héros homo, aperçoit un vol de portefeuilles mais il ne fait rien pour arrêter le voleur. Dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis, Jean-Jacques regarde passivement le viol de Jean-Marc, son copain, par ses camarades de « Mission ». Dans le film « Fried Green Tomatoes » (« Beignets de tomates vertes », 1991) de John Avnet, Idgie et Ruth maquillent le meurtre du mari de la seconde, Bennett.
Le plus étonnant, c’est la passivité et la complicité du héros homosexuel vis à vis du meurtrier qu’il a surpris ou du violeur qu’il adore secrètement. « Je ne vous dénoncerai pas. » (Robbie s’adressant au couple criminel dans le film « Dérive » (1983) d’Amos Gutmann) ; « Je l’ai regardé tuer plusieurs mecs. » (Wayne concernant les meurtres de Dean, dans la pièce Jerk (2008) de Dennis Cooper) ; « Ze zont des zhomophobes qui m’ont attaqué, i’ zont voulu me tuer. I’ zont crié zale pédé, z’étaient des zhomophobes, et i’ m’ont buté. » (Willie, pourtant agressé par un homosexuel, son « ex » Doumé, dans le roman La meilleure part des hommes (2008) de Tristan Garcia, p. 195) ; « La peinture qu’elle avait achetée se trouvait encore devant sa porte, mais Jane avait rechigné à se mettre au travail. Les mots seraient encore là même si elle appliquait une nouvelle couche de laque ; elle voulait que leur laideur reste gravée au fer rouge dans les souvenirs des Mann comme ils l’étaient dans les siens. La colère qu’elle avait pu ressentir vis-à-vis de la fille en rapport avec le graffiti avait disparu. Si c’était Anna qui avait dégradé sa porte, elle l’avait fait par désespoir et par peur de ce que les soupçons de Jane pourraient entrainer pour son père. Si c’était Mann, alors lui aussi était désespéré et effrayé. Cette idée la travaillait. » (Jane, l’héroïne lesbienne qui ne se décide pas à effacer le graffiti homophobe « Lesben Raus ! » qui figure à la peinture rouge sur le mur d’entrée de l’appartement qu’elle partage avec sa compagne Petra, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 155) ; etc.
Par exemple, dans le film « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie, tous les personnages homos sont témoins d’un meurtre (celui que Michel a opéré sur Pascal ; Henri, de son propre meurtre par Michel), mais tous protègent par leur silence et par leur attachement à leurs pulsions sexuelles le meurtrier. Que ce soit Henri ou Franck, ils se jettent dans la gueule du loup. Le cas de Franck, le héros, est particulièrement fascinant. Il a vu pendant la nuit, caché dans les fourrés, son amant Michel noyer Pascal. Et le lendemain, il ment à l’un de ses camarades nudistes (« Je suis rentré me coucher… »), ment également au commissaire (quand ce dernier lui tend une photo de la victime, Franck fait mine de ne pas la connaître : « J’étais dans le bois… Je n’ai rien remarqué… »). On découvre que ce sont principalement les sentiments qui servent d’ultime rempart au déni du viol : quand Michel constate que Franck ne le dénonce pas et le couvre, il lui dit « Je crois que tu m’aimes toujours un peu… »
Dans le film « L’Homme blessé » (1983) de Patrice Chéreau, le jeune Henri, par amour pour Jean, un homme criminel plus mûr que lui, se replie dans le silence et la prostitution. Au départ, dans les toilettes où Jean a laissé pour mort un type qu’il a tabassé, Henri se voit forcé au silence par un baiser forcé et cannibale que lui donne Jean. Et ensuite, c’est de son propre chef qu’Henri, hypnotisé par la nudité de Jean, couvre ce dernier et pratique les mêmes larcins.
Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, Jonas, le héros homo, ne porte pas secours à son amant Nathan qui se fait assassiner sous ses yeux par un prédateur sexuel dans une bagnole de laquelle il est le seul à descendre. Ce souvenir le hante jusque dans ses rêves puisque il voit Nathan frapper en vain à la fenêtre de la vitre de la voiture où il s’est enfermé, près d’une station de service où il attend son père : « Ouvre-moi Jonas ! Pourquoi tu fais ça ?!? Il arrive, Jonas ! S’te plaît, ouvre !!! » (Nathan). Dix-huit ans après, lorsque Jonas passe aux aveux et raconte les circonstances réelles de la disparition énigmatique de Nathan, la maman de ce dernier s’étonne encore de la passivité du jeune homme : « Y’a juste un truc que je comprends pas. Pourquoi tu l’as pas dit ? » Jonas ne sait pas quoi répondre, et son mutisme semble s’expliquer par un complexe de culpabilité, voire une homophobie intériorisée : « Je sais pas. J’y arrivais pas. J’avais honte. ». La mère de Nathan persiste : « Mais honte de quoi ? T’avais 15 ans… ». La question restera sans réponse. Néanmoins, Jonas se voit dédouané de toute faute par le petit frère de Nathan, Léonard : « Si tu l’avais pas abandonné au final, tu serais sans doute mort avec lui. »
Dans le film « À trois on y va ! » (2015) de Jérôme Bonnell, Mélodie, l’héroïne bisexuelle, est avocate… mais au lieu de défendre la justice, elle se sert de son pouvoir de magistrat pour couvrir le délit ou le crime. Par exemple, face à un contrôle de police où son ami Michel manque de souffler dans un ballon alors qu’il est alcoolisé au volant, elle fait preuve de persuasion avec un policier pour échapper in extremis au retrait de permis… et ça marche. Plus tard, Mélodie a en charge un pervers qu’elle prend en pitié, qu’elle parvient à défendre en plaidoirie, en faisant passer les attouchements sexuels qu’il a fait sur une femme pour un dérapage : « Il s’agit d’un geste d’amour qui a mal tourné. » Mais à la fin du film, elle se retrouve face à une récidive beaucoup plus grave du même violeur, puisque cette fois, il est passé au viol. Elle a donc couvert et laisser courir en liberté un agresseur multi-récidiviste. Face à ses amis qui s’étonnent qu’elle ait défendu l’injustifiable, elle joue d’abord l’indifférence professionnaliste (« Bien sûr que je vais le défendre. C’est mon métier. ») avant de fondre carrément en larmes, surprise par une culpabilité inconsciente qui déborde en elle (« Je n’en peux plus de toute cette merde. Je ne sais plus à quoi m’accrocher ! ») Tout le film montre que, au même moment qu’elle vit son homosexualité, Mélodie défend à plusieurs reprises le viol : il y a une corrélation constante entre plaidoirie du viol et justification de la banalité/beauté de l’amour bisexuel/asexué.
Dans le film « Bayaw » (2009) de Monti Parungao, Rhennan est témoin de la mort accidentelle de Pia, tuée par Nilo, son amant qu’il défendra jusqu’au bout. Dans le film « Les Enfants terribles » (1949) de Jean-Pierre Melville, Paul, on ne sait pourquoi, protège son agresseur Dargelos qui lui a jeté volontairement une pierre à la poitrine. Dans le film « Le Planeur » (1999) d’Yves Cantraine, Bruno voit Fabrice voler des cierges à l’église : non seulement il ne dénonce pas le délit, mais il tombe amoureux du larron ! Dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret, Clara a laissé son amante Sonia se faire insulter et maltraiter par un groupe de garçons lesbophobes, et vient ensuite lui demander pardon : « J’suis vraiment désolée. J’arrivais à rien dire… » Dans le film « Indian Palace » (2011) de John Madden, Graham a une liaison homosexuelle avec un domestique indien, Manadj, qui finit mal puisque le père de Manadj perd son travail et toute la famille de ce dernier est renvoyée suite à ce « déshonneur ». Graham ne fait rien pour défendre son amour de jeunesse : « Au lieu de ça, j’ai laissé faire. Je n’ai pas émis la moindre protestation. » Dans le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs, en même temps qu’ils entament une relation amicale renforcée qui les fait passer pour homos, les deux adolescents Vlad et Joey se font comme par hasard suspecter de vol de livres en français dans leur bahut. On découvrira qu’en réalité, c’est Ben le grand-oncle homo de Joey, qui est l’auteur du larcin. Il se dénonce bien tard, après que le pauvre Joey se soit fait engueuler sévèrement par son père et presque suspecter d’homosexualité, le temps d’un dîner tendu. Dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, la jeune Anna défendra jusqu’à la mort son père qui la viole.
Dans le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent, Charlène se fait maltraiter psychologiquement par son amante Sarah… mais par « amour », elle l’excuse : « T’es pas vraiment méchante, en fait. C’est à cause de ta mère. Je l’ai vue. T’es juste paumée. J’ai compris pourquoi t’es comme ça. » Victoire, la meilleure amie de Charlène, essaie de la raisonner : « J’comprends pas comment t’acceptes. Elle te traite comme une merde. » Charlène lui rétorque : « Je ne te demande pas de comprendre. » Finalement, Charlène ne fait que reproduire la soumission de sa mère vis-à-vis de son père : « Pourquoi tu lui pardonnes à chaque fois ? » lui demande-t-elle ; « Parce que je ne peux pas faire autrement… » lui répond sa maman.
Dans la série Ainsi soient-ils (2014) de David Elkaïm (épisode 1 de la saison 2), Emmanuel, le séminariste homosexuel noir, n’a pas aidé son camarade Christian qui s’est fait agresser puis voler de l’argent par une mendiante au foyer du Bon Secours où ils tenaient une permanence d’accueil (il s’est caché sous les tables pour prier un « Je vous salue Marie » sans bouger). Plus tard, toujours par faiblesse, mais aussi par dette de sa première lâcheté, il couvre Christian (qui a décapité une statue) et garde le silence sur son méfait.
Dans le film « Stand » (2015) de Jonathan Taïeb, à Moscou, Anton et Vlad, un jeune couple homosexuel est par hasard le témoin passif d’une agression de rue. Vlad déconseille à Anton d’aller secourir le jeune Nikolay : « Tu vas jouer au héros ? » Plus tard, ils apprendront que la victime a succombé aux coups et qu’il s’agissait d’un crime homophobe. Vlad refuse qu’Anton mène l’enquête, pas simplement pour le risque qu’elle revêt, mais surtout par peur que sa culpabilité de non-assistance à personne en danger soit révélée au grand jour. Sous l’effet de l’alcool, Anton finit par intégrer à cette croyance qu’en effet, la complicité de son compagnon vaille meurtre : « Tu as tué un homme, Vlad ! Tu as tué un homme ! » Vlad lui met un poing dans la gueule et le quitte définitivement. À la fin, Anton découvre que le meurtrier de Nikolay n’est autre que de ses proches amis, Audrey, qui, lui aussi, va le regarder passivement se faire rouer de coups par ses potes homophobes dans une forêt enneigée de Russie.
Dans le film « Rafiki » (2018) de Wanuri Kahiu, l’idylle entre Kena et Ziki, les deux héroïnes lesbiennes, commence bizarrement. Les deux femmes ont des pères qui sont rivaux aux élections municipales d’un lotissement de Nairobi (Kenya)… et Kena voit Ziki arracher et vandaliser les affiches électorales de son propre père. Elle lui court après… et tombe sous le charme de la canaille.
Chez le héros homosexuel, le déni de la connaissance d’un meurtre ou d’un viol peut traduire aussi une haine de soi, un manque de confiance, un mal-être identitaire, ou l’intériorisation inconsciente d’un opprobre, intériorisation qui sera interprétée comme un signe d’homosexualité. Par exemple, dans le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Félix, le héros homo, est témoin d’un meurtre dont il n’est à l’origine pas responsable, … seulement voilà, il finit par s’en rendre un peu responsable en niant les faits. Le défense du violeur sera finalement expliquée par la haine secrète de soi, le racisme (ou l’homophobie) intériorisé : « J’avais peur de ces mecs, de ces flics, de tout. Je sais pas comment t’expliquer ça… J’arrivais pas à leur expliquer qu’un type m’avait frappé parce que j’avais une tête d’Arabe… J’avais honte. » Dans le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, le père Adam est témoin du viol par sodomie que Adrian exerce sur le jeune Rudy (héros qui s’était jadis confessé à lui). Au lieu de dénoncer ce qu’il a vu, Adam l’incorpore comme une confirmation qu’il est lui-même bien homosexuel. Par la suite, Adrian s’amuse du chantage au silence qu’il impose à ce prêtre homosexuel refoulé, et en profite pour l’« outer » : « LE PRÊTRE EST UNE PÉDALE ! » fait-il inscrire en rouge sur un mur.
Le violé a vu le plaisir de son violeur au moment du coït et y a cru tellement qu’il l’a pris pour une preuve d’amour à maintenir cachée. Je vous renvoie à la partie sur le « Désir de viol » dans le code « Viol » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
Dans le téléfilm « La Bête curieuse » (2017) de Laurent Perreau, Céline (jouée par Laura Smet) surprend sa collègue hôtelière Élodie en plein ébat amoureux lesbien avec une femme dans les vestiaires. Mais pour ne pas que son plus grand crime (Céline a tué son violeur puis se retrouve en liberté conditionnelle avec un bracelet électronique) soit dévoilé, elle décide de couvrir Élodie et son amante auprès de leur grand chef en l’empêchant de les surprendre dans la situation embarrassante. Il faut rappeler qu’Élodie, avant ce service rendue par Céline, se montrait particulièrement cruelle, jalouse, envers elle.
Également, le silence du héros homosexuel face au meurtre peut indiquer la dualité homophobe de son désir homosexuel, sa complicité avec l’homophobie. Par exemple, l’opéra Billy Bud (1951) de Benjamin Britten raconte l’histoire d’un marin persécuté pour ses opinions politiques supposées et qui tue son persécuteur sans que l’officier qui est amoureux de lui n’ose intervenir. Dans le film « Camionero » (2013) de Sebastián Miló, Raidel est témoin du viol punitif que son camarade Randy subit de la part de ses camarades cadets dans les dortoirs et les douches du lycée militaire où ils sont tous deux inscrits. Il le voit se faire pisser dessus, sans intervenir. Dans le film « Forty Deuce » (« Quarante partout », 1982) de Paul Morrissey, un prostitué (interprété par Kevin Bacon) essaie de couvrir la mort par surdose d’un autre gamin. Dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, Mourad, l’un des héros homosexuels, raconte comment, lors de son adolescence au lycée, il a non seulement été témoin du tabassage d’Esteban, un camarade suspecté d’être homo, dans les vestiaires, mais en plus, pour camoufler sa propre homosexualité, il y a participé. Dans la pièce Fixing Frank (2011) de Kenneth Hanes, même scénario. Frank, le héros homo, avant de faire à l’âge adulte son coming out, a vu et pris part au passage à tabac d’un homme homosexuel efféminé de son village, Jonathan, que les « casseurs de pédés » dont il faisait partie, n’ont pas épargné. Et depuis, dès qu’il « croise un homme balafré » dans la rue, il repense avec angoisse au visage coupé en deux de son jumeau d’orientation sexuelle. Dans le film « Le Bal de nuit » (1959) de Maurice Cloche, un gay dévalisé n’ose pas porter plainte. Dans le film « Ô Belle Amérique ! » (2002) d’Alan Brown, Andy a vu son amant Brad se faire tabasser par les garçons de sa bande. Il avoue en pleurs qu’il est resté regarder la scène sans venir le secourir. Dans le roman Pompes funèbres (1947) de Jean Genet, les Allemands violent Riton sous les yeux d’Érik Seiler, sans que celui-ci fasse un geste pour le défendre.
Dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, Bryan, le héros homo, parle de son camarade de classe efféminé, Julien, qui s’est suicidé parce que ses camarades le rejetaient, et que lui n’a rien fait non plus pour lui venir en aide : « C’était mon frère de cœur. Nous avions la même faiblesse – si c’en est une – mais je ne me reconnaissais pas en lui. Je l’avais toujours ignoré. Finalement, j’étais peut-être pire que ceux qui se moquaient de lui. […] « Personne n’était là quand Julien en avait besoin, quand il était bien vivant, quand il désespérait. Personne pour l’écouter, pour le comprendre et lui tendre la main… alors, il est parti. […] En réalité, je déprimais complètement. On mit cela sur le compte de la mort de Julien. C’était en partie vrai, mais la vraie raison de ma déprime venait du fait que je pensais à celui [Kévin] qui n’était pas là, comme d’hab, et qui pleurait avec moi tout à l’heure, quand nos épaules s’étaient touchées. Les filles et ma mère avaient raison, je n’étais pas là, j’étais encore au cimetière. Pas avec Julien, j’y étais avec mon amoureux. » (pp. 49-52) ; « Un jour, un copain s’en est pris à Julien, il trouvait qu’il avait une démarche et des gestes efféminés. […] Nous sommes tous restés là, impassibles, immobiles, personne n’a osé prendre sa défense. Je m’en voudrai toute ma vie. Je suis jeune mais je traîne déjà mes fantômes derrière moi. C’était mon frère, il l’ignorait. Moi, je le savais, je l’ai toujours su. Je l’ai renié plus fort que les autres. Je l’ai ignoré, abandonné, laissé souffrir en solitaire. » (idem, pp. 388-389) ; etc. À la fin de l’histoire, quand Kévin se fait tabasser à mort par un groupe d’homophobes, après un dîner au resto en amoureux avec Bryan, ce dernier reste totalement passif, à regarder son amant se faire tuer. Il ne veut pas être suspecté d’être homo, et de souffrir les mêmes représailles : « Je n’étais pas fier de moi, je n’avais rien fait pour aider mon ami. » (idem, p. 264)
Parfois, le viol ou le meurtre que le personnage homosexuel a vu ou a cru voir – et qu’il tait, en gardant son amertume pour lui – est fantasmatique (même s’il peut reposer sur un substrat de réel) : le héros a considéré la sexualité (entre un homme et une femme ; ou bien entre deux personnes de même sexe) comme sale, odieuse, violente, et a eu un contact prématuré avec l’intimité génitale des adultes. Il interprètera son silence vis à vis du « viol » (et vis à vis de son fantasme de viol surtout !) comme une confirmation secrète de son homosexualité. « Stephen [l’héroïne lesbienne, amoureuse de sa gouvernante Collins] avait erré jusqu’à un vieux hangar où l’on rangeait les outils de jardinage et y vit Collins et le valet de pied qui semblaient se parler avec véhémence, avec tant de véhémence qu’ils ne l’entendirent point. Puis une véritable catastrophe survint, car Henry prit rudement Collins par les poignets, l’attira à lui, puis, la maintenant toujours rudement, l’embrassa à pleines lèvres. Stephen se sentit soudain la tête chaude et comme si elle était prise de vertige, puis une aveugle et incompréhensible rage l’envahit, elle voulut crier, mais la voix lui manqua complètement et elle ne put que bredouiller. Une seconde après, elle saisissait un pot de fleurs cassé et le lançait avec force dans la direction d’Henry. Il l’atteignit en plein figure, lui ouvrant la joue d’où le sang se mit à dégoutter lentement. Il était étourdi, essayant doucement la blessure, tandis que Collins regardait fixement Stephen sans parler. Aucun d’eux ne prononça une parole ; ils se sentaient trop coupables. Ils étaient aussi très étonnés. […] Stephen s’enfuit sauvagement, plus loin, toujours plus loin, n’importe comment, n’importe où, pourvu qu’elle cessât de les voir. Elle sanglota et courut en se couvrant les yeux, déchirant ses vêtements aux arbustes, déchirant ses bas et ses jambes quand elle s’accrochait aux branches qui l’arrêtaient. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), pp. 38-39) Par exemple, dans le film « Les Garçons et Guillaume, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, Guillaume est témoin que son meilleur ami Jérémy baise sous la pluie Lisa, et il qualifie par jalousie cette dernière de pute : « C’est vraiment une espèce de… »
Enfin, à plus grande échelle, le silence du héros homosexuel face aux crimes qu’il voit (dans la vraie vie comme sur ses écrans de télé) peut dire chez lui une misanthropie, une indifférence désinvolte à l’horreur et à la souffrance des autres, un égoïsme. « Il n’y a pas de mal à ça. » (Julia, une des héroïnes lesbiennes s’adressant à Lisa qui vient de se faire avorter, dans le film « Como Esquecer », « Comment t’oublier ? », 2010) de Malu de Martino)
On retrouve les personnages homos dilettantes qui soufflent sur la mousse de leur bain d’actrices pendant que le monde entier s’écroule autour d’elles dans la chanson « J’en ai marre » d’Alizée, le vidéo-clip « XXL » de Mylène Farmer, le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1960) de Joseph Mankiewicz, le poème « La Almena, Los Caballos » de Néstor Perlongher, etc. « Tout est chaos à côté. » (cf. la chanson « Désenchantée » de Mylène Farmer) ; « C’est dans l’air, c’est nucléaire. On s’en fout. […] On finira au fond du trou. Et… moi je chante. Moi je… m’invente une vie. » (cf. la chanson « C’est dans l’air » de Mylène Farmer) ; « J’ai la peau douce, dans mon bain de mousse. Je bulle à l’ombre des bombes. » (cf. la chanson « J’en ai marre » d’Alizée) ; « J’étais à la manif avec tous mes copains. […] J’étais là pour aider pour le Sida les sans papiers. J’ai chanté, chanté. Sûr que j’étais là pour faire la fête ! Et j’ai levé mon verre à ceux qui n’ont plus rien. […] J’étais là et je n’ai rien fait. » (cf. la chanson « J’étais là » de Zazie) ; « Encore quelques jours à Singapour à rechercher l’amour du haut d’un réverbère. Je regarde la terre. Je n’y vois rien à faire. Alors je resterai réfugié à l’intérieur de mon bunker. » (cf. la chanson « Punker » du groupe Indochine) ; « Tu devras faire entrer en toi cette insensibilité à l’égard du monde. » (le narrateur de la pièce Le Funambule (1958) de Jean Genet) ; « C’était la première fois que cousin Sébastien avait des velléités de modifier une conjoncture terrestre. » (Leonora à propos de son cousin homosexuel, dans le film « Suddenly Last Summer », « Soudain l’été dernier » (1960) de Joseph Mankiewicz), etc.
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
Un certain nombre (non négligeable) d’individus homosexuels ont été témoins de meurtres ou de viols qu’ils taisent (cf. je vous renvoie aux codes « Déni » et « Viol » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Ils sont les premiers à ne pas être capables de s’expliquer le pourquoi de leur silence. « Je n’en ai jamais parlé à personne, je n’ai pas porté plainte, et j’ai encore honte de m’être laissé faire. » (Brahim Naït-Balk évoquant la succession de viols qu’il a subis de la part du groupe de jeunes hommes qu’il encadrait, dans son autobiographie Un Homo dans la cité (2009), p. 8) ; « Je ne me suis jamais dit : ‘Il est dégueulasse celui qui m’a contaminé. ’ J’ai pris mes responsabilités. » (Romain, homosexuel et séropositif, dans le documentaire « Vivant ! » (2014) de Vincent Boujon) ; etc.
Le plus étonnant, c’est la passivité et la complicité de certaines personnes homosexuelles vis à vis du meurtrier qu’elles ont surpris ou du violeur qu’elles adorent secrètement. Par exemple, Truman Capote a pris la défense du prisonnier et criminel Perry Smith dont il raconte l’histoire dans son roman-réalité A Cold Blood (De sang-froid, 1966). Dans le documentaire « Stefan Sweig, histoire d’un Européen » (2015) de François Busnel, il est démontré que l’écrivain Stefan Sweig n’a pas dénoncé ouvertement le nazisme et « suit sa pente dominante qui est celle du compromis ».
Quelquefois (étrange syndrome de Stockholm, par lequel la victime défend son agresseur ou bien celui qu’elle a vu agresser), le violé homosexuel a observé le plaisir de son violeur au moment du coït et y a cru tellement qu’il l’a pris pour une preuve d’amour à maintenir cachée. « Ils [les deux collégiens violeurs] sont revenus. Ils appréciaient la quiétude du lieu où ils étaient assurés de me trouver sans prendre le risque d’être surpris par la surveillante. Ils m’y attendaient chaque jour. Chaque jour je revenais, comme un rendez-vous que nous aurions fixé, un contrat silencieux. […] Uniquement cette idée : ici, personne ne nous verrait, personne ne saurait. […] Je ne sais pas si les garçons du couloir auraient qualifié leur comportement de violent. » (Eddy Bellegueule dans son autobiographie En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, pp. 38-42) ; « J’étais un efféminé qui méritait les coups. Je ne voulais pas que la surveillante me retrouve dans le même couloir, recroquevillé, le regard implorant – même si, je l’ai dit, la plupart du temps j’essayais, sans toujours y parvenir, de garder le sourire quand ils me frappaient. » (idem, p. 88) ; « Cette expérience m’était à tel point incroyable que, je préférais me taire, craignant sans doute de passer pour un être anormal et déséquilibré. Mais rien ne pouvait jamais m’ôter l’absolue certitude, que je n’avais pas rêvé ni été victime d’une hallucination. J’étais la victime et le témoin, c’est sûr, la cible d’un amour impossible. » (Berthrand Nguyen Matoko parlant du viol qu’il a subi, dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), p. 70) ; etc.
Beaucoup d’affaires criminelles impliquent les personnes homosexuelles (cf. je vous renvoie aux codes « Violeur homosexuel », « Viol », « Voleurs », « Milieu homosexuel infernal », « Homosexuel homophobe » et « Prostitution » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Mais comme en général, ces dernières ont collaboré de près ou de loin – par une pratique sexuelle, par un jeu de séduction ou par les sentiments – avec le bourreau qui a mal agit devant elles, elles préfèrent garder le silence : cf. je vous renvoie à deux articles : « Les homos taisent leurs agressions » et « Ils détroussaient des gays parce qu’ils portent moins plainte« . « Outre la mauvaise réputation qu’avait la Savane la nuit, je lui rapportais en détail certaines agressions dont j’avais été témoin. Sur la place, je rencontrais toutes sortes d’individus ; les ‘branchés’ étaient une population très hétéroclite. On était du même bord, mais on ne se fréquentait pas. Sans doute par manque de confiance, beaucoup se méfiaient de leur propre clan et jouaient à cache-cache en permanence, se dénigrant et se méprisant mutuellement. Impensable pour un groupe déjà victime du malheur de sa propre différence ! C’est quand même surprenant et regrettable d’en arriver là. » (Ednar parlant des lieux de drague antillais à sa mère, dans le roman autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, pp. 188-189) Par exemple, dans son essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), Jean-Louis Chardans décrit précisément la succession des « générations de maîtres-chanteurs » (p. 39) qui se succèdent dans le cadre de la prostitution homosexuelle masculine : « Le grand point faible de l’homosexualité, c’est sa lâcheté : surpris en flagrant délit ‘d’outrage aux mœurs dans un lieu dit public’, le pédéraste ne peut chercher aucun secours chez son partenaire de rencontre ; il est seul. Personne n’est jamais homosexuel… sauf celui qui se fait pincer. Une ignoble loi de la jungle régit notre existence et nous vivons dans la perpétuelle attente de la catastrophe. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, idem, p. 103) Dans son autobiographie Retour à Reims (2010), Didier Éribon raconte (sans raconter vraiment) les « cassages de pédés » sur les lieux de drague homo : « Je dois mentionner aussi les innombrables agressions dont je fus, au fil des années, le témoin impuissant, réduit à ressasser ensuite pendant des jours, des semaines, le lâche soulagement d’avoir été épargné […]. Plus d’une fois il m’arriva de quitter précipitamment un de ces endroits, échappant de justesse au sort qui s’abattait sur d’autres. » (p. 220)
Le silence des personnes homosexuelles à propos du viol ou des actes d’homophobie indique la dualité homophobe de leur désir homosexuel, leur complicité avec l’homophobie à travers la pratique homosexuelle. « La question du chantage a été centrale dans toute l’histoire de l’homosexualité. Des hommes, pris au piège, étaient livrés à des voyous qui les tenaient à leur merci, et une seule rencontre malencontreuse pouvait briser une vie. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 69) Selon Himmler, « l’homosexuel » est « un objet idéal de pression, d’abord parce qu’il est lui-même passible de sanctions, deuxièmement parce que c’est un type malléable, et troisièmement parce qu’il est veule et dépourvu de toute volonté » (Himmler, cité dans l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot, p. 258)
Parfois, le viol ou le meurtre que la personne homosexuelle a vu ou a cru voir – et qu’elle tait, en gardant son amertume pour elle – est fantasmatique (même s’il peut reposer sur un substrat de réel) : elle a considéré la sexualité (entre un homme et une femme ; ou bien entre deux personnes de même sexe) comme sale, odieuse, violente, et a eu un contact prématuré avec l’intimité génitale des adultes. Elle interprètera son silence vis à vis du « viol » (et vis à vis de son fantasme de viol surtout !) comme une confirmation secrète de son homosexualité. « Une autre fois, ma mère dut s’absenter quelques jours pour se rendre au chevet de sa mère malade. J’ignorais tout à cette époque de la vie que pouvait mener mon père. Un soir, entrant dans la chambre de mes parents, que je croyais vide, j’eus la surprise d’y trouver mon père tenant dans ses bras notre cuisinière à demi dévêtue… Mon père m’administra un soufflet, pour me punir d’être entré sans frapper ; c’était la première fois qu’il me giflait… » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 79)
Enfin, à plus grande échelle, le silence des personnes homos face aux crimes qu’elles voient (dans la vraie vie comme sur ses écrans de télé) peut dire chez elles une misanthropie désinvolte, une indifférence à l’horreur et aux souffrances des autres, un égoïsme. Par exemple, dans le documentaire « Chandelier » (2002) de Steven Cohen, le performer transgenre M to F, se balade dans les bidonvilles de Johannesburg où il regarde narcissiquement et passivement la destruction autour de lui, contemple les dégâts des « méchants humains » sans bouger le petit doigt. Certains critiques disent de Marcel Proust qu’il était un « auteur asthmatique et salonnard, décadent, narcissique, fermé aux dures réalités de la lutte des classes, ignorant tout de la dialectique et des problèmes économiques. » (cf. l’article « La France de Saint-André-des-Champs » de Jean Plumyène, dans le Magazine littéraire, n°350, janvier 1997, p. 51)
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