Douceur-poignard
NOTICE EXPLICATIVE :
De « pédale douce »… à « pédale dure » (comme l’a filmé Gabriel Aghion)
« Qui veut faire l’ange fait la bête » dit l’adage pascalien. Et ses plumes se transforment en griffes…
La faiblesse doucereuse, contrairement à la fragilité, à la vulnérabilité ou à l’humilité, est le terrain propice à l’émergence de la brutalité, est là où se niche la violence. Seule la force est douceur, finalement. La séduction, quant à elle, est une fausse douceur.
Cela se vérifie également sur le terrain de l’identité et de l’amour humains. Le boulet d’un couple (homo ou hétéro, peu importe) qui reste ensemble sans s’aimer véritablement, qui n’a pas la force de se quitter ni de rester ensemble, c’est bien la douceur/tendresse. Rien de pire que cette arme dégoulinante et mielleuse qui s’appuie sur la défaillance humaine et la misère affective pour asservir et conserver l’autre (dans le sens de l’enfermement de la boîte de conserve, ou de la réconciliation sur l’oreiller) quand plus rien d’autre que les sens et le contact des corps ne peut sauver la relation. La tendresse est le signe extérieur de richesse le plus communément employé dans la communauté homosexuelle/hétérosexuelle, soit pour faciliter le passage à l’acte sexuel d’un couple nouvellement formé (les câlins sont la bonne conscience de ceux qui ne veulent pas assumer de « draguer » ni de « coucher »), soit pour anesthésier pour un temps les problèmes d’une union homo qui essaie de tenir sur la durée. Mais cette douceur, comme elle ne s’appuie pas sur un amour plein et solide, et qu’elle ne se fonde pas sur la Réalité (et notamment sur le roc le plus puissant du Réel qu’est la différence des sexes), finit par se renverser en violence avec le temps. Le rose se change en noir. D’ailleurs, il n’est pas anodin de remarquer que ce sont les héros homosexuels qui se présentent dans les fictions comme les plus fragiles/sensibles qui se révèlent au final les plus brutaux.
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Éternelle jeunesse », « Couple homosexuel enfermé dans un cinéma », « Dilettante homo », « Adeptes des pratiques SM », « Parodies de mômes », « Amoureux », « Femme-Araignée », « Liaisons dangereuses », « Conteur homo », « Musique comme instrument de torture », « Chat », « Milieu homosexuel paradisiaque », « Déni », « Différences physiques », « Bergère », « Première fois », « Coït homo = viol », « Innocence », « Se prendre pour Dieu », « Androgynie bouffon/tyran », « Humour-poignard », « Vierge », à la partie « Femme-Paon » du code « Homosexuels psychorigides », à la partie « Polysémie de l’adverbe ‘contre’ » du code « Fusion », et surtout à la partie « Tendresse » du code « Drogues », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
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FICTION
a) Je suis sensible, doux, et ne ferais pas de mal à une mouche…
Dans les œuvres homo-érotiques, le héros homosexuel se présente ou est présenté comme la gentillesse et la fragilité incarnées : « J’essaie de pas faire mal à qui que ce soit. » (Roy, le héros homosexuel du roman Dream Boy (1995) de Jim Grimsley, p. 73) ; « Je suis délicat, moi, tu sais ! » (le prisonnier efféminé du film « L’Homme aux nerfs d’acier » (1973) de Michele Lupo) ; « Un rien ne me blesse. […] Je suis comme ça : sentimental. » (Molina, le héros homosexuel du roman El Beso De La Mujer-Araña, Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, p. 32) ; « Je suis née caressante. » (la religieuse lesbienne dans le roman Sur les femmes (1760) de Denis Diderot, p. 186) ; « Aujourd’hui, je veux vraiment que tous m’aiment. Doux pour ceux qui désirent la douceur ; modeste parmi ceux qui se vantent ; sévère pour ceux qui cherchent auprès de moi un appui. Désaccordé d’avec moi-même, je partage vite l’avis de ceux qui ne sont pas du mien. » (Jean-Louis Bory, La Peau des Zèbres (1969), p. 34) ; « Tu es si sensible. » (Bernard s’adressant ironiquement à son ami homo Emory dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « J’ai les poignets fragiles. » (Tex, le cowboy prostitué, idem) ; « Il est si fragile. » (Didier par rapport à son amant Bernard, dans la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Céglia) ; « Pourtant sommeille en moi une princesse toute en délicatesse. » (Didier Bénureau dans son spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons, 2012) ; « Laissez-moi vivre comme je l’entends, dans le rose et dans la soie. » (Zaza, le héros homosexuel de la pièce La Cage aux Folles (1975) de Jean Poiret) ; « Je suis un garçon très sensible et attentionné… attiré seulement par les garçons très sensibles et attentionnés. » (Max, le héros homo essayant de faire comprendre à Sophie – qui le drague – qu’il est homo et qu’elle n’a aucune chance avec lui, de la pièce Une heure que de nous (2014) de Maxime Daniel et Muriel Renaud) ; « J’viens d’un p’tit village du Nord. Pédophilie, ça vous dit quelque chose ? Moi, au milieu de tout ça, j’ai compris que j’étais très sensible. Trop sensible. » (Jeanfi, le steward homo dans le one-man-show Au sol et en vol (2014) de Jean-Philippe Janssens) ; « Je découvris la douceur des regards complices de ces androgynes que sont parfois les adolescents. » (le narrateur homosexuel parlant de ses années collège, dans la nouvelle « La Chaudière » (2010) d’Essobal Lenoir, pp. 18-19) ; « J’avais oublié combien elle était fragile. Sur le moment, j’ai été incapable de penser à autre chose ; appuyée contre moi, elle reposait entre mes bras et sur ma poitrine, et je la sentais à peine tant elle était légère. » (Ronit, l’héroïne lesbienne par rapport à son amie Esti, dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 142) ; « J’ai besoin qu’on me tienne la main. Je suis fatiguée. » (Charlène Duval, le travesti M to F, dans son one-(w)man-show Charlène Duval… entre copines, 2011) ; « Je ne suis pas un monstre mais une fille douce que le désir des hommes jamais n’intéressa. » (c.f. la chanson « Monsieur Vénus » de Juliette) ; etc. Par exemple, dans la comédie musicale Chantons dans le placard (2011) de Michel Heim, Gérard, l’un des héros homos, chante « son côté fragile ». Dans la pièce 1h00 que de nous (2014) de Max et Mumu, Marie-Muriel, la grande bourgeoise homophobe, se réjouit que son fils aîné, homosexuel, soit « si sensible ». Dans le film « Imitation Game » (2014) de Mortem Tyldum, Joan, la fiancée répudiée par Alan Turing, homosexuel, le baptise de « fragile Narcisse ».
Cette pseudo fragilité peut agir comme une bombe à retardement car elle est le discours typique emprunté à la femme libérée, incarnée partiellement par la femme frigide, lesbienne ou transsexuelle (cf. la dangerosité d’Irena, la femme-tigresse qui joue toujours la vierge effarouchée, dans le film « La Féline » (1942) de Jacques Tourneur) : « Elle est si fragile, être une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile… » (cf. la chanson « Femme libérée » de Cookie Dingler) ; « Je je suis si fragile qu’on me tienne la main. » (cf. la chanson « Libertine » de Mylène Farmer) ; « Pardonnez-moi… J’aurais pas dû vous inviter… Je ne suis pas prête… » (la femme de 59 ans réagissant comme une vierge effarouchée au lit avec un jeune homme de 19 ans, dans le film « Madame » (1997) de François Ozon) ; « Je suis trop fragile et beaucoup trop désirable. » (Octavia, le transsexuel M to F de la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphane Druet) ; « Oh, je suis si fragile… » (Lucie, la psychopathe dans la pièce Les Sex Friends de Quentin (2013) de Cyrille Étourneau) ; « Être un héros, voler dans les plumes, défier d’un regard… J’ai le chapeau, j’ai le costume. Après ça je m’égare. Tout doux comme un homme. Bourru comme un saule en somme… J’ai tout fait pour me croire plus fort que fort. J’ai 200 fois perdu le nord. Face à la vie mon corps se défile, je me sens fragile… » (cf. la chanson « Fragile » de Christophe Wilhem) ; « Le gay est délicat et distingué. Le gay est courtois… ou hypocrite. » (le narrateur homosexuel se moquant d’un cliché gay, dans le one-man-show Les Gays pour les nuls (2016) d’Arnaud Chandeclair) ; etc.
Plus que sensible, le héros homosexuel verse dans la sensiblerie, dans la sensibilité exacerbée, dans la douilletterie. C’est la poule mouillée qui s’exprime : « On s’assied sur le lit, on se caresse, on s’embrasse avec fureur ou grande tendresse, alternativement. Il s’allonge et je le caresse doucement, je découvre son corps avec mes doigts devenus beaucoup plus sensibles. J’arrive à son visage, il murmure ‘J’ai envie de pleurer. C’est comme un rêve, un truc trop beau pour être vrai. Je me demande quand la tuile va nous tomber dessus.’ » (Vianney s’adressant à Mike, son « plan cul », dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 85)
b) La douceur du personnage homosexuel finit par être le reflet de sa violence intérieure mal contenue :
Aussi inattendu que cela puisse paraître, dans les fictions homo-érotiques, la violence est souvent associée à la douceur : cf. le roman L’Agneau carnivore (1975) d’Agustín Gómez Arcos, le roman La Colère de l’agneau (1985) de Guy Hocquenghem, le film « Pédale douce » (1996) suivi de « Pédale dure » (2004) de Gabriel Aghion, le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot, l’album Le Noir et le Rose de Jean Guidoni, le film « Fresa Y Chocolate » (« Fraise et chocolat », 1992) de Tomás Gutiérrez Alea, le roman Requins et coquins (2003) d’Hervé Claude, l’album Hard Candy de Madonna, le film « La Tendresse des Loups » (1973) d’Ulli Lommel, le film « Si douces… si perverses » (1969) d’Umberto Lenzi, le film « Le Mouton enragé » (1973) de Michel Deville, le film « Flower And Snake » (1974) de Masaru Konuma, le film « No Skin Off My Ass » (1990) de Bruce LaBruce, le film « Rosatigre » (2000) de Tonino De Bernardi, le film « Csokkal Es Körömmel » (« Baisers et égratignures », 1995) de György Szomjas, le film « Araignée de satin » (1985) de Jacques Baratier, le vidéo-clip de la chanson « It’s Ok To Be Gay » de Tomboy, le tableau Les Griffes du dormeur (1995) de Michel Giliberti, le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin (avec le personnage de peste joué par Emory, le héros gay le plus efféminé et délicat du groupe), le roman Le doux venin des abeilles (2013) de Lisa O’Donnell, etc.
Il y a dans certains personnages homosexuels comme une schizophrénie de Jean-qui-est-gentil/Jean-qui-est-méchant, un mélange inopiné de douceur et de violence. Par exemple, dans le film « Femmes en cage » (1950) de John Cromwell, Evelyn Harper incarne une femme à la fois romantique et butch. Dans le film « Ding Dong » (1995) de Todd Hughes, des vendeurs de produits de beauté se transforment en serial killers. Dans le film « L’Invité de la onzième heure » (1945) de Maurice Cloche, Serge est un psychopathe pourtant présenté par sa mère comme « une nature délicate ». Dans le roman Tirano Banderas (1978) de Ramón del Valle-Inclán, le baron de Benicarlés est un mélange de colombe et de vipère. Dans le one-man-show Comme son nom l’indique (2008) de Laurent Lafitte, le chorégraphe Michael est l’incarnation de la grâce et du totalitarisme le plus impitoyable. Dans le film « Zodiac » (2012) de Konstantina Kotzamani, Giota, homme transsexuel M to F, est la femme au « serpent à plumes ». Dans le film « Cruising » (« La Chasse », 1980) de William Friedkin, Stuart, l’artiste aérien, pianiste et fan raffiné de théâtre, pratique le sadomasochisme. Dans la pièce Y a comme un X (2012) de David Sauvage, Jean-Charles, le héros transsexuel M to F, est à double face : « Tu connais mon côté midinette… » dit-il à son meilleur ami Jean-Louis, qui lui répond : « Là, j’ai affaire à ton côté garce ! » Dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, le couple homosexuel de Greg et Mike possède une galerie d’art appelée Cactus Flower. Dans la pièce Chroniques des temps de Sida (2009) de Bruno Dairou, le fouet dans le dos succède aux caresses ; et il est question de la violence des sourires. Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Dany, le héros homosexuel très efféminé, rachitique, post-pubère, et a priori hyper sensible, est celui qui fait des crises d’hystérie disproportionnées, manie le révolver avec une facilité déconcertante, tire sur ses ennemis, fait des hold-up privés dignes des plus mauvaises sitcoms nord-américaines. Dans la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez, Kanojo et Juna, les deux amantes lesbiennes, jouent aux jeux vidéo ensemble tout pendant qu’elles se draguent : « Tu vois que tu es violente toi aussi. » s’en amuse Juna ; Kanojo riposte : « Non, je suis naturellement douce. » Dans le film « Pédale dure » (2004) de Gabriel Aghion, Darling, le héros travesti M to F, incarne la douceur violente : il presse les couilles du médecin hétéro qui vient à domicile chez Marie.
Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, Jonas, le héros homosexuel, qui pourtant était un adolescent doux et coincé, une fois arrivé à l’âge adulte, a déclenché une baston dans un club gay The Boys qu’il fréquente habituellement. Il est arrêté par les flics. L’un d’eux, Caroline, est une ancienne camarade de classe. Son collègue homme, en l’apprenant, glisse une remarque sarcastique dans la voiture qui amène Jonas au poste : « Et tu foutais déjà le bordel comme ça à l’époque ? ». Caroline prend sa défense : « Laisse-le tranquille. Y’a pas plus gentil que Jonas. » Le garçon sage du collège s’est transformé avec le temps en caïd. Plus tard, Jonas pénètre dans un hôtel de luxe, L’Arthémis, et le standardiste, Léonard, le prend pour un faux doux, un criminel armé, et préfère lui fouiller son sac : « Je sais pas. Je vérifie que t’aies pas d’arme, de couteau. J’en sais rien. » Jonas n’est pas le seul homo du film à se montrer violent alors qu’il a l’air d’être inoffensif. Par exemple, l’assassin homosexuel de Nathan (le petit copain de Jonas), un prédateur de sortie de boîte, a entraîné il y a 18 ans de cela les deux jeunes hommes dans sa voiture, les a forcés à écouter à fond une chanson de midinette (« T’en va pas » d’Elsa), et a frappé Nathan à mort…
« Ma douceur n’est qu’une grimace.» (Lacenaire dans la pièce éponyme (2014) d’Yvon Bregeon et Franck Desmedt) ; « C’est vrai que la musique adoucit les mœurs. » (Rodolphe Sand, tout en racontant des horreurs, dans son one-man-show Tout en finesse , 2014) ; « Alors que les hommes acceptent petit à petit d’être de petites chattes, nous ne revendiquons pas encore d’être de vrais loups… Qui voit le loup en elle ? Hein, qui a vu le loup ? » (l’un des comédiens de la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier) ; « Je sais que la gentillesse des pédés est à double tranchant. » (Senel Paz, Fresa Y Chocolate, Fraise et chocolat (1991), p. 25) ; « Y’a un truc dur qui se dégage des lesbiennes. » (Florence, l’héroïne lesbienne dans la pièce Confidences (2008) de Florence Azémar) ; « Le jour on est tranquilles, on passe incognito, le soir on change de peau, et on frappe au hasard. » (cf. la chanson « Quand on arrive en ville » de Johnny Rockfort et Sadia dans la comédie musicale Starmania de Michel Berger) ; « Prends ma douce main dans ta face, toi le businessman qui décide à notre place. » (cf. la chanson « La Zizanie » de Zazie) ; « Attention au pédé agressif. Sobre, il est dangereux… Saoul, il est mortel. » (Harold, le doucereux et cynique homosexuel, dans le film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « Michael est le charme… désincarné. » (Harold parlant de son colocataire, homo comme lui, idem) ; « Contrairement à ce que l’on enseigne, la brutalité ou la douceur sont des moyens équivalents pour atteindre son objectif. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 105) ; « Comme dit votre grand-père, je suis une main de fer dans un gant de crin. » (Laurent, le héros homo, imitant sa mère Mamita, dans le one-man-show Gérard comme le prénom (2011) de Laurent Gérard) ; « Mary pensait à toutes ces choses qu’elle trouvait si profondément attrayantes en Stephen [l’héroïne lesbienne] : la cicatrice sur sa joue, l’expression de ses yeux, sa force et sa bizarre et timide douceur… sa force qui, à certains moments, ne parvenait pas à être douce. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), pp. 447-448) ; « Ma vieille technique reste toujours efficace. Un coup de séduction, un coup de griffe. » (Cyrille, le héros homosexuel de la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi) ; « Douleur, douceur : vous êtes les deux à la fois. Tant pis pour moi. » (Émilie s’adressant à son amante Gabrielle, dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, p. 170) ; « Cette capacité à passer de l’hystérie à la douceur maternelle… » (Elliot, le héros homo s’adressant à Preciosa dans la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen) ; « Les mecs passifs et menteurs, ça existe. » (Davide, un des potes gays de Tommaso, dans le film « Mine Vaganti » (« Le Premier qui l’a dit », 2010) de Ferzan Ozpetek) ; « La rose et le ring » (c.f. la chanson « Monocle et col dur » de Juliette) ; etc.
Louise – « Merde.
Jeanne – Tu es fâchée ?
Louise – Je n’ai pas dit que je suis fâchée. J’ai dit un gros mot gentiment, c’est tout. »
(Copi, La Journée d’une Rêveuse, 1968)
En général, dans les films ou les romans parlant d’homosexualité, les créateurs homos poussent le cynisme jusqu’à nous parler de grands drames (guerre, maladie, viol, etc.) à travers un traitement rose bonbon ou cabaret. « À la surprise générale, Lola sort de son sac à main un petit revolver et descend le chef de la bande. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 253) Par exemple, dans le roman La Douceur (1999) de Christophe Honoré, Steven a 11 ans lorsque, envoûté par Jeremy, un des camarades de colonie de vacances, il se laisse entraîner dans la complicité d’un crime d’une barbarie insoutenable sur un autre enfant du camp. Dans le film « Love, Valour And Compassion » (1997) de Joe Mantello, la scène en tutu finale singe l’hécatombe du Sida qui va emporter la majorité des protagonistes homosexuels. Le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (dont le sujet principal – le Sida et la recherche du père – est pourtant grave) commence par une chanson jazzy anesthésiante très calme : « Tout doux, tout doux, tout doucement… en flânant gentiment. » La violence du vidéo-clip « Relax » du groupe britannique Frankie Goes To Hollywood contraste totalement avec le titre de la chanson.
c) En amour, le désir homosexuel, malgré son apparence angélique, est à double tranchant… :
La violence de l’identité homosexuelle se retrouve aussi dans l’apparente douceur du couple homo. Pourtant, tout semblait rose au départ (cf. je vous renvoie aux codes « Amoureux » et « Milieu homosexuel paradisiaque » dans mon Dictionnaire des codes homosexuels). Dans les fictions, l’attraction homosexuelle paraissait reposer essentiellement sur la recherche de tendresse plus que dans l’énonciation explicite de l’assouvissement d’une pulsion. « Je veux de la tendresse. » (Mimi Mathy s’adressant à Liane Foly, au moment où elle va simuler qu’elle veut vivre une relation lesbienne, dans le « Medley La Lampe magique » des Enfoirés font leur cinéma, en 2009)
Mais très vite, sans réel, sans différence des sexes, la violence de la fusion, la vanité de la similarité, l’overdose de tendresse se profilent dans le couple homo fictionnel. « Cette douceur mêlée de tristesse, c’est bien le goût de notre amour. » (Inès de Castro s’adressant à Don Diego, dans la pièce La Reine morte (1942) d’Henry de Montherlant) Très souvent, les personnages homosexuels se sentent trahis par l’amour et la sensualité homosexuels : « Quand je la touche, cette carte, elle est plus froide que les autres ; pourtant, c’est la carte des baisers, des caresses, l’amour à demi fou, ce doit être celle qui te trahit, je n’y comprends plus rien. » (la voyante s’adressant à Juan-Carlos, dans le roman Boquitas Pintadas, Le plus beau tango du monde (1972), p. 97) ; « Je souffre de tes yeux, de tes mains, de tes lèvres… qui savent si bien mentir… et je demande à mon ombre, sans trêve… si ce baiser sacré… peut me trahir. » (cf. les paroles d’un boléro citées dans le roman El Beso De La Mujer-Araña, Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, p. 215) ; « la violence douce de tes mains » (le narrateur du spectacle musical de la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro) ; « Avant que ses baisers ne deviennent couteaux, que ses bouquets de fleurs de ne fassent la peau, désadorer l’Adoré. » (cf. la chanson « L’adorer » d’Étienne Daho) ; « Chez toi la faiblesse c’est inséparable de la brutalité. » (Rimbaud s’adressant à son amant Verlaine, dans le film « Rimbaud Verlaine » (1995) d’Agnieszka Holland) ; « Il se le répétait mentalement. Pierre Gravepierre. Pierre Gravepierre. Ça sonnait agréable, rauque et doux à la fois. Pierre Gravepierre. Un curieux nom. » (le narrateur homosexuel du roman Le Garçon sur la colline (1980) de Claude Brami, p. 56) ; « Son âme était moins tendre que sa chair, moins douce que les caresses de ses mains de jeune garçon. » (Laura en parlant de son amante Sylvia, dans le roman Deux femmes (1975) d’Harry Muslisch, p. 63) ; « Au fait, qu’aimait-elle en moi ? Je perçois bien la sincérité, sinon de sa tendresse, au moins de son désir, et je crains – oui, déjà, je crains – que ce désir seul l’anime. » (Colette, Claudine en ménage (1946), pp. 147-149) ; etc. Dans beaucoup de films, l’amour homosexuel est présenté comme une prison, un cocon étouffant et enfermant : cf. « Sexual Dependency » (2002) de Rodrigo Bellott.
L’insatisfaction, la frustration de vivre un « relation » qui a du mal à s’incarner (même si, extérieurement, avec le sexe et la tendresse, elle semble avoir toutes les apparences de l’Amour vrai), aboutit à un agacement croissant, à des violences et des infidélités (cf. je vous renvoie au code « Manège » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). « Je repensai à l’après-midi passé avec Rani. Jusque-là nous avions été très douces l’une avec l’autre, mais aujourd’hui j’étais devenue violente et elle avait paru apprécier. » (Anamika, l’héroïne lesbienne parlant de l’un de ses amantes, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 112)
Par exemple, dans son roman Sur les femmes (1760), Denis Diderot évoque la violence du coït homosexuel avec son cortège de « caresses empoisonnées » (p. 186). Dans « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie, Michel est l’amant homosexuel tout doucereux, alors que c’est lui le dangereux assassin.
Pour finir avec le thème de la douceur-poignard homosexuelle fictionnelle, il est étonnant, dans un certain nombre de films homo-érotiques, de voir la scène où la carte d’un roi de coeur est confondue avec (ou se retourne en) un roi de pique : cf. Le film « Les Amoureux » (1992) de Catherine Corsini, le film « L’Homme de sa vie » (2006) de Zabou Breitman, le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot (avec « Pique », le Roi de Cœur), le livre Le Cœur de Pic (1937) de Lise Deharme (illustré par 20 photographies de Claude Cahun), etc. C’est de la part des personnes homosexuelles elles-mêmes que vient la description de l’ambiguïté destructrice des unions amoureuses qu’elles vivent. « C’est drôle… Je ne tombe avec vous que sur du pique et du carreau. » (Adèle, la cartomancienne de bazar, s’adressant de manière piquante à Georges, l’amant de son jeune frère William, dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier) ; « Valet de cœur et 7 de pique. » (Félicité, la « femme-à-barbe » cartomancienne, dans le film « Marguerite » (2015) de Xavier Giannoli)
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
a) Je suis sensible, doux, et ne ferais pas de mal à une mouche…
Dans le langage courant, on a l’habitude, pour cultiver l’euphémisme et la pudeur avec une certaine ironie, de qualifier les individus homosexuels de « garçons sensibles ». Souvent, les personnes transsexuelles M to F se choisissent des pseudonymes caressants et ingénus, de doux prénoms : on peut penser à Divine, à Bambi ou encore à Coccinelle. La réalité de la construction de leur identité et de leur passé est beaucoup moins douce…
« Nous, les pédés… nous minaudons. » (Edmund White, La Tendresse sur la peau (1984), p. 175) ; « Si j’ai pu faire du mal, c’est tout à fait inconsciemment. » (Denis Daniel, Mon théâtre à corps perdu (2006), p. 9) ; « On les dit racistes, conservateurs, ils affirment faire de l’art pour tous, antiformaliste et antiélitiste. » (cf. l’article « Gilbert and George » d’Élisabeth Lebovici, dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 222) ; « Ah la la ! Vous n’êtes vraiment pas galant avec les dames, vous ! Faut-il que vous soyez lâche, pour maltraiter une faible fille comme moi !… » (un travesti M to F s’adressant au gardien d’un dancing, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 37) ; « Il paraît que j’ai les mains très douces. On m’en a dit monts et merveilles. » (le journaliste homo dans le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud) ; « J’ai vécu dans du coton, dans du capitonnage douillet. Je baigne dans le miel. » (Jean-Louis Bory au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 6 mai 1976) ; etc.
Nous voyons certaines personnes homosexuelles (surtout les plus efféminés, mais aussi les plus bobos) jouer la comédie de la fragilité perturbée et caressante, sans contenu : « Moi en fait ce qui me gêne, c’est que moi je suis traversée d’homosexualité… mais j’ai l’impression… je ne me sens pas du tout concernée tout d’un coup ici. Bizarrement. Je n’entends jamais le mot ‘amour’, ‘solidarité’, ‘aventure humaine’, et finalement je me rends compte que l’homosexualité, y’a une violence autour de ça… mais je ne peux pas parler d’homosexualité de manière polémique. Moi, ce n’est pas ma nature, ce n’est pas ce que je suis. Moi, j’ai toujours été du côté des fragilités, du côté de la douceur, du côté des gens différents, et il y a des choses que je ne peux pas entendre, que je ne peux pas comprendre. » (la romancière lesbienne Nina Bouraoui plombant le débat sur le « mariage gay » dans l’émission Culture et dépendances, diffusée sur la chaîne France 3 le 9 juin 2004, par un numéro ahurissant de drama queen bobo)
Et beaucoup de personnes – qui se présentent démagogiquement comme « hétéros » pour s’assurer une étiquette de personnes ouvertes et gay friendly – sont prêtes à soutenir cette image de douceur des personnes homosexuelles (qui, en effet, individuellement, sont souvent des crèmes d’hommes et de femmes ; c’est en couple qu’elles se métamorphosent) : « Est-ce que le bon sens ce n’est pas l’homosexualité ? Qui ne fait mal à personne, qui est physiquement inoffensive, moralement innocente, alors que l’hétérosexualité est physiquement dangereuse et moralement criminelle ! » (le romancier Michel Tournier dans la revue Masques, n°23, automne 1984)
Par exemple, certaines psychanalystes féministes actuelles qui annoncent que l’arrivée des personnes homosexuelles et des femmes aux commandes du monde audiovisuel et professionnel va « préserver l’image de douceur de la femme » (Loïs Bonner dans le documentaire « Pin Up Obsession » (2004) d’Olivier Megaton) se voilent complètement la face ! Surtout quand on prend conscience que la plupart des membres de la communauté homosexuelle, en collaboration avec des individus machistes et hétérosexuels (Russ Meyer, John Waters, et bien d’autres), ont contribué à construire et à intérioriser des images insultantes ou déréalisées de la gente féminine. Les personnes homosexuelles sont héritières, et parfois conceptrices, de la culture de l’image violente de la femme née après la Seconde Guerre mondiale (cf. je vous renvoie à l’important documentaire d’Olivier Megaton, « Pin Up Obsession », diffusé sur ARTE le 21 novembre 2004, et qui retrace l’inquiétante histoire de la vision de la femme dans nos médias, ainsi qu’au code « Destruction des femmes » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels).
b) La douceur de certaines personnes homosexuelles finit par être le reflet de leur violence intérieure mal contenue :
Par excès de gentillesse et de fragilité, paradoxalement, certaines personnes homosexuelles deviennent ces « dames de fer » que décrit Yongyooth Thongkonthun, qui nous font bien rire sur le moment alors qu’elles devraient plutôt nous inquiéter sur la durée. « Mais derrière cette façade glamour se cache sans doute une part d’ombre. » (Peter Gehardt, ironique, dans son documentaire « Homo et alors ?!? », 2015) Dans son essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), Jean-Louis Chardans dépeint la communauté interlope comme « une faune étrange, cancanière, chipoteuse, plus féminine que n’importe quelle assemblée de femmes » (p. 34) Je vous renvoie également au titre signifiant de l’essai Le Rose et le Noir (1996) de Frédéric Martel, portraiturant le « milieu homosexuel » comme un panier de crabes… roses.
La romancière Marguerite Duras n’avait pas tort de dire qu’elle voyait « dans l’apparente douceur de l’homosexualité une provocation à la violence » (cf. l’article « Marguerite Duras », dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 137). Dans le documentaire « Let’s Dance – Part I » (diffusé le 20 octobre 2014 sur la chaîne Arte), il est question de danser de manière « férocement glamour ».
L’excès de fragilité, le sur-jeu sincère de la vulnérabilité, peuvent en effet attirer les ennuis, et même le viol homophobe, car ils aimantent/exacerbent les personnalités violentes, agressées par le mal-être perceptif des êtres fragiles (qui les renvoie à leur propre fragilité qu’elles ne veulent pas voir). « Si véritablement je n’étais pas leur star, à coup sûr, je devins par la suite une célébrité parmi eux [les garçons]. Ma féminité les rendait impulsifs les uns les autres. Ils m’aimaient, me parlaient avec douceur en me caressant la nuque ou le dos, comme il était permis ici pour démontrer une certaine affection. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 58) Par exemple, dans l’essai Le Viol au masculin (1988) de Daniel Welzer-Lang, les paroles de Richard, homme homosexuel violé, montrent que le viol peut être suscité par une douceur superficielle ou une absence de force : « L’autre jour, il y avait une femme à la gare. […] J’ai pensé qu’elle allait se faire violer. Elle n’était pas provocante. C’est sentir la faiblesse des gens… Quand une nana paraît ou peut paraître faibles, les gens… » (p. 187) L’effet-miroir de la faiblesse crée parfois des violences incontrôlées, des réveils compulsifs terribles. Dans son autobiographie La Mauvaise Vie (2005), Frédéric Mitterrand explique clairement les mécanismes de l’homophobie et de l’amour-vache au sein du couple homosexuel, qui peuvent prendre le chemin de l’excès de douceur et de gentillesse : « Les plus graves menaces surgissent quand on est trop gentil ; le garçon est troublé, il s’expose à éprouver de la sympathie, il ne peut plus mépriser commodément. Si sa nature est franchement mauvaise, il peut prendre peur, s’enrager et devenir incontrôlable avec des pulsions de meurtre pour se débarrasser du gêneur qui a bousculé son équilibre et ses habitudes. […] Des Pelosi la grenouille, j’en ai croisé pas mal dans des endroits glauques à Paris. » (p. 163)
Il n’est pas rare de constater dans les faits que derrière la mauviette homosexuelle se cache quelqu’un d’extrêmement apeuré, orgueilleux, narquois et parfois effrayant. Elle exorcise sa peur et sa haine d’elle-même par un mépris qu’elle trouvera « délicieusement esthétique et raffiné ». Il n’est pas anodin d’observer au théâtre qu’une des astuces pour incarner au plus près un rôle de délicieux méchant est de cultiver une préciosité masculine, donc une homosexualité. Iconographiquement, l’homme-paon caressant, le versant masculin de la femme-paon – personnage de cabaret très présent dans la fantasmagorie homosexuelle – symbolise parfois le dictateur (cf. je vous renvoie au code « Homosexuels psychorigides » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Sur scène et au cinéma, les artistes homosexuels interprètent souvent des rôles de dictateurs ou de méchants crapuleux.
« Ces tapettes peuvent se montrer étonnamment dures. » (James Agee, cité dans l’autobiographie Palimpseste – Mémoires (1995) de Gore Vidal, p. 177) ; « Tu sais, je ne suis pas si gentil… » (Yves Saint-Laurent s’adressant à son amant Pierre Biergé, dans la biopic « Yves Saint-Laurent » (2014) de Jalil Lespert) ; « Charmant ou cassant. Tout comme moi. » (Pascal Sevran à propos de Bertrand D., dans son autobiographie Le Privilège des jonquilles (2006), p. 125) ; « Ça tire un peu mais c’est doux, mes bisous. » (Nicolas Bacchus lors de son concert Chansons bleues ou à poing, en juillet 2009 à Avignon) ; « La femme en noir était petite de taille, sans âge et portait des habits noirs. Elle était sans doute une mendiante et elle avait hérité d’un certain pouvoir. Elle savait faire. Elle savait toucher. […] Elle était entrée en moi, dans mon esprit, mon âme lui appartenait, elle la regardait avec douceur, avec brutalité. » (Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), pp. 93-94) ; etc.
Par exemple, l’entourage de Truman Capote le décrit comme un « vautour à l’apparence de colombe » (Carlos Yusti dans le site Isla de la Ternura, consulté en janvier 2003). On nous parle du « mélange étrange d’immaturité et d’agressivité » chez James Dean (Schary cité dans la biographie James Dean (1995) de Ronald Martinetti, p. 219). Le plasticien chilien Pedro Lemebel dit qu’il écrit avec « un rugueux gant en velours » (1997). Dans le catalogue du 19e Festival Chéries-Chéris du Forum des Images de Paris, en octobre 2013, Jenny Bel’Air, le fameux travesti M to F qui a animé les excentriques nuits du Palace, est décrit dans toute sa dualité comportementale : « Transgenre, ni Blanche ni noire, une violence à faire peur et une douceur attendrissante, Jenny a le port d’une reine et l’âme d’une clocharde à moins que ce ne soit l’inverse. » (p. 80) Dans le journal Le Figaro (cf. l’article « Marilú Marini retrouve Copi » d’Armelle Héliot, daté du 7 janvier 1999), la comédienne Marilú Marini décrit Copi comme « quelqu’un d’hyper-sensible et de timide » mais aussi de violent : « Copi a toujours eu la violence d’un poète. »
« Visconti était à la fois un homme délicieux et un despote absolu. » (Jean-Claude Brialy, Le Ruisseau des singes (2000), p. 279) ; « J’espère que dans ses biographies elle ne sera pas dépeinte par la postérité toute de blanc vêtue ou avec une auréole. C’était une garce, et je ne veux pas qu’elle apparaisse comme un ange. » (Robert Walden à propos de Carson McCullers, dans la biographie Carson McCullers (1995) de Josiane Savigneau, p. 317) ; « Il n’y a rien que je puisse dire d’elle qui ne pourrait être contredit par quelqu’un d’autre, et cela serait également vrai. Carson était l’être le plus angélique qui soit au monde, et en même temps le plus infernal, le plus odieux des démons. […] C’était un papillon, mais un papillon d’acier. » (Arnold Saint Subber, op. cit., p. 332) ; « Marcel est génial, mais c’est un insecte atroce, vous le comprendrez un jour. » (Lucien Daudet à propos de Marcel Proust, cité dans Le Passé défini (1953) de Jean Cocteau) ; « Il avait beau être un tyran, on finissait par l’aimer pour cela, quand on en connaissait les raisons. » (Céleste, la nourrice de Marcel Proust, citée dans l’article « Sainte Céleste » de Diane de Margerie, sur le Magazine littéraire, n°350, janvier 1997, p. 44) ; « J’accuse les hommes de croire des hypocrites, moitié pédés, moitié hermaphrodites, qui jouent les durs pour enfoncer du beurre, et s’agenouillent sitôt qu’ils ont peur. » (cf. la chanson « J’accuse » de Michel Sardou) ; « La morale de cette histoire c’est que, chez les gays, les apparences sont trompeuses. Oui, mesdames, ‘vos lions superbes et généreux’ sont parfois des… ‘lionnes’ ! » (Denis Daniel, Mon théâtre à corps perdu (2006), p. 111) ; « Ce qu’il a de merveilleux, c’est cette ambivalence entre son côté doux, tendre et féminin, et une frustration violente qui peut être dangereuse. » (Élia Kazan en parlant de Marlon Brando, dans le documentaire « Marlon Brando » (2000) de Toby Beach et Peter Yost) ; « C’est quelqu’un qui m’a toujours fait peur par son extrémisme et sa violence. Mais il surprenait aussi par son élégance et sa douceur. C’était un personnage contradictoire. D’une impertinence telle qu’elle aboutissait à la violence. La plupart du temps, il était très silencieux. Il se tenait toujours dans un coin, d’où il observait les choses avec un rire de dédain. » (Alfredo Arias à propos de Copi, cité sur l’article « Copi, ma part obscure » d’Hugues Le Tanneur, dans le journal Eden du 12 janvier 1999) ; etc.
c) En amour, le désir homosexuel, malgré son apparence angélique, est à double tranchant… :
La violence de l’identité homosexuelle se retrouve aussi dans l’apparente douceur du couple homo. Pourtant, tout semblait rose au départ (cf. je vous renvoie aux codes « Amoureux » et « Milieu homosexuel paradisiaque » dans mon Dictionnaire des codes homosexuels). La tendresse paraît être la monnaie privilégiée des « libres » échanges amoureux dans la communauté homosexuelle. Par exemple, aux Universités d’Été de Marseille (UEH), on trouve un « Coin Câlins » où ceux qui le désirent peuvent chercher caresses et réconfort…
Mais très vite, sans réel, sans différence des sexes, la violence de la fusion, la vanité de la similarité, l’overdose de tendresse se profilent dans le couple homo. « On s’est éclatés. L’amour j’adore, j’adore un peu trop. » (Kamel s’adressant à Christian Giudicelli, dans l’autobiographie de ce dernier, Parloir (2002), p. 15) ; « La tendresse, c’est terrible. Elle nous fait nous abandonner. » (Jean-Luc Lagarce dans son Journal, 2002) ; « J’ai beaucoup pensé à Tomski. Je pense toujours à lui – plein de tristesse, plein de tendresse… » (Klaus Mann, Journal (1989-1991), p. 209) ; « Je devins distant avec mes camarades, de même qu’avec le père Basile, nos rapports s’orientèrent sur la voie des remises en question. Je lui reprochais de s’être épris de moi d’une manière excessive, et pensais que c’était une faute de m’avoir fait découvrir ses pulsions sexuelles ; je lui reprochais également l’initiative, qu’il avait prise de me combler de petits cadeaux, de me parler souvent avec douceur par rapport aux autres élèves, et de s’appliquer à m’expliquer que j’étais beau et tout rose, comme un bébé qui vient de naître. […] Cet amour était devenu une abjection qui m’étouffait à la manière d’une proie exposée aux griffes de son prédateur. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), pp. 40-41) ; « Mon ancien camarade de classe me met sous les yeux deux photos de Janson, cinquième et quatrième, toute la classe. […] Moi, mince, l’air silencieux, innocent d’une innocence évidente. Cela m’a ému, car depuis… Et tout à coup, le visage de Durieu que j’avais oublié et qui m’a arraché un cri : un visage d’ange résolu. Silencieux aussi celui-là, on ne le voyait pas, il disparaissait, je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir sa beauté comme une brûlure, une brûlure incompréhensible. Un jour, alors que l’heure avait sonné et que la classe était vide, nous nous sommes trouvés seuls l’un devant l’autre, moi sur l’estrade, lui devant vers moi ce visage sérieux qui me hantait, et tout à coup, avec une douceur qui me fait encore battre le cœur, il prit ma main et y posa ses lèvres. Je la lui laissai tant qu’il voulut et, au bout d’un instant, il la laissa tomber lentement, prit sa gibecière et s’en alla. Pas un mot n’avait été dit dont je me souvienne, mais pendant ce court moment il y eut entre nous une sorte d’adoration l’un pour l’autre, muette et déchirante. Ce fut mon tout premier amour, le plus brûlant peut-être, celui qui me ravagea le cœur pour la première fois, et hier je l’ai ressenti de nouveau devant cette image, j’ai eu de nouveau treize ans, en proie à l’atroce amour dont je ne pouvais rien savoir de ce qu’il voulait dire. » (Julien Green, L’Arc-en-ciel, Journal 1981-1984, avril 1981, pp. 23-24) ; etc.
L’insatisfaction, la frustration de vivre un « relation » qui a du mal à s’incarner (même si, extérieurement, avec le sexe et la tendresse, elle semble avoir toutes les apparences de l’Amour vrai), aboutit à un agacement croissant, à des violences et des infidélités (cf. je vous renvoie au code « Manège » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « J’étais jeune alors, j’ignorais que trop de soins et de tendresse peuvent asservir un homme. » (Denis Daniel à propos de ses amours masculines, dans son autobiographie Mon théâtre à corps perdu (2006), p. 104) ; « Les Dieux sont étranges. Ce n’est pas uniquement de nos vices qu’ils font des instruments pour nous châtier. Ils nous mènent à la ruine par ce qu’il y a en nous de bonté, de douceur, d’humanité, d’amour. » (Oscar Wilde, De Profundis, 1897) ; « Un jour, le démon de midi ou de onze heures entre en jeu, un gamin parle et c’est le scandale, plus ou moins vite étouffé : ‘M. Un-Tel, le coiffeur (ou l’antiquaire) de la Place-aux-Huiles… Qui aurait cru ça ? … Si gentil… si doux… Surpris avec un petit garçon de douze ans !’ … et papati… et patata… » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dont l’acte pédophile sur mineur est dénoncé, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 103) ; etc.
Certaines personnes gay friendly ou homosexuelles, en mal d’arguments, et surtout pour dédouaner et excuser les individus homosexuels et leur métamorphose en brutes épaisses dès qu’ils se mettent à pratiquer leur homosexualité, se mettent comme par enchantement à avancer l’existence de la différence des sexes entre hommes et femmes (alors qu’elles la nient en temps normal), et notamment du soi-disant fossé qui existerait entre les « couples » d’hommes et les « couples » de femmes, pour laisser croire que la violence de la pratique homosexuelle ne viendrait que de la masculinité, et non de la féminité. Or, qu’on soit homme ou femme, la violence de la pratique homosexuelle est universelle, car expulser la différence des sexes, c’est toujours violent. Ce n’est pas parce que cette violence se traduira différemment selon qu’on est deux hommes ou selon qu’on est deux femmes, qu’elle disparaît pour autant. Bien au contraire. Les témoignages de femmes lesbiennes abondent pour mettre à bas le cliché de la « douceur des femmes lesbiennes en couple » et ces allégations sur la soi-disant « douceur exceptionnelle des femmes entre elles »… : « Tu ne vas pas me dire qu’une femme homosexuelle est douce ! Ou alors je n’ai pas rencontrées les bonnes… Elles sont tout, sauf douces. » (Laura, femme lesbienne citée dans l’essai L’Homosexualité dans tous ses états (2007) de Pierre Verdrager, p. 201)
Si l’on regarde – au-delà du couple homosexuel – comment la violence de la pratique homosexuelle se traduit au niveau social (dans la communauté homosexuelle ainsi que dans la société), on peut voir aussi comment l’argument de « l’amour » ou bien les gestes de l’amour sont instrumentalisés par les militants LGBT ou hétéros gay friendly, puis renversés en armes. L’exemple des kissing montrent bien ce retournement agressif de la douceur : des couples homos s’embrassent à pleine bouche sur des places publiques, pas d’abord pour s’aimer, mais surtout pour provoquer et choquer. La douceur est détournée en violence. Bluffante contradiction entre intentions et actes.
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