Ce n’est pas parce que certains de mes amis homosexuels et moi nous positionnons apparemment contre le projet de loi du « mariage pour tous » que nous le faisons pour les mêmes raisons (je pense à mes compagnons d’« Homovox », notamment). À les entendre, je vois qu’ils sont « contre » pour des raisons d’images (Ils ne critiquent pas du tout la pratique homosexuelle mais uniquement la visibilité de celle-ci, comme s’il y avait une « bonne pratique homosexuelle » et une « pratique marchande, débauchée et maraisienne » de l’homosexualité ; ils ne critiquent pas le mariage en tant qu’il remettrait en cause leur croyance en l’amour homosexuel et au couple homosexuel, mais uniquement les conséquences anthropologiques du « mariage pour tous » par rapport à la filiation). Pour ma part, si je m’oppose au « mariage pour tous », ce n’est pas pour des raisons d’image, ni pour soutenir un « droit à l’indifférence », ni pour défendre une pratique homosexuelle à partir du moment où elle resterait discrète, marginale, subversive, asociale et singulière dans l’invisibilité. Je m’oppose au « mariage gay » parce que déjà en actes, le couple homosexuel n’est pas à justifier, ni socialement ni à titre privé, et que l’enjeu du projet de loi se trouve non seulement dans la filiation, mais d’abord dans la survie de la différence des sexes et de l’amour incarné. C’est le couple homosexuel, bien avant le « couple homosexuel + enfant », que questionne et justifie le « mariage pour tous ». C’est la pratique homosexuelle et un « amour » où la différence des sexes est jugée « annexe » socialement, qui sont en jeu et qui constituent toute la gravité de cette loi.