Certains individus gay ou lesbiens, de plus en plus nombreux (et de plus en plus bobos aussi…) tentent de sauvegarder leur utopie d’amour homosexuel et leur croyance en la beauté de l’homosexualité en valorisant les « exceptions d’amour » que leurs couples seraient, en n’attribuant les travers du désir homosexuel qu’aux êtres soi-disant débauchés du « ghetto gay », qu’à Internet, qu’au « milieu », en diabolisant la génitalité et « le sexe homo » (comme ils disent) au profit de la beauté de « l’homophilie » et de « l’homo-sensibilité » (ils n’aiment pas, d’ailleurs, le terme « homosexuel », car il y a « sexuel » dedans, ni le terme « gay » parce qu’il y a l’idée de « foire aux bestiaux contemporaine » derrière : ils tiennent à se définir comme « homo-sensibles », « homophiles »), en fustigeant toutes les manifestations de visibilité homosexuelle (Gay Pride, médiatisation, lois sociales sur l’homosexualité, tout type de débat collectif sur le désir homosexuel, etc.). Selon eux, l’invisibilité, la pudeur, la gratuité, la discrétion, la sincérité, l’intimité, l’amitié amoureuse, le spirituel, rachèteraient in extremis le désir homosexuel et lui redonneraient ses lettres de noblesse. La mise en pratique des actes homosexuels et du couple homosexuel se justifierait dans la poésie angéliste, dans la mise en scène de désintéressement et d’amour platonique, limite religieux (« Si j’aime mon copain, c’est pas que pour le cul : c’est pour sa personne, c’est parce que c’est lui. On ne couche pas nécessairement ensemble, vous savez ? Le sexe prend une part mineure dans notre relation. Nous sommes homo-sensibles, mais nous ne nous réduisons pas à notre tendance sexuelle ni à nos ébats sexuels, sensuels. C’est bien plus chaste que ça… C’est bien plus silencieux, plus sobre, plus sacré… »). Ça semble beau, dit comme ça. Mais quelle bande d’hypocrites !