Dimanche 8 juillet 2012 : Je reviens d’aller voir le one-man-show de Sellig, un humoriste français que je connaissais par Rire & Chansons. J’ai rigolé quasiment pendant tout le spectacle, au point d’en avoir mal aux joues. D’un rire très mécanique, presque nerveux et d’accumulation, comme dans les fous-rires d’adolescence, en sachant que c’était un rire pas compliqué, pas graveleux ni beauf, mais gentillet. Et pourtant, je suis ressorti de là en ayant l’impression d’un manque. J’ai trouvé dans ce spectacle très peu de sens, de matière à réfléchir sur le monde, de contenu, de psychologie des personnages, d’analyse de leur relation et de leurs sentiments. Bien sûr, j’aime rire pour le plaisir et j’apprécie l’absurde, l’humour populaire. Je ne pense pas avoir le rire snob. Les spectacles torturées, élitistes, trop didactiques ou « masturbation intellectuelle », m’emmerdent. Mais j’ai besoin d’un minimum de relief, de militance, d’expression d’un regard et d’avis personnel, d’un récit de combat sur la violence et sur la mort, d’une approche de l’humain, même quand je viens à un show prétendument drôle. J’aime rire pour quelque chose. Et là, on a consommé collectivement une drogue, simple et conviviale, objectivement bien calibrée et efficace… mais néanmoins peu comblante. En marchant dans la rue avec le pote avec qui j’étais allé voir cette pièce, j’essayais de trouver les mots pour lui dire que ça m’avait plu, sans pour autant m’emballer. Je me suis fait en moi-même la réflexion: L’efficacité n’est pas la qualité, n’est pas la satiété, même si elle peut en faire partie, et qu’elle en donne, sur le coup, l’illusion. Et c’est exactement ce que je pense du désir homosexuel et de l’acte homosexuel: ils sont efficaces, sans être authentiques, comblants.