Je crois que l’Amour de Jésus va jusqu’à dire qu’il comprend les pécheurs quand ils pèchent, sans pour autant justifier leurs péchés, au risque de passer pour un justificateur du péché et pour un cultivateur de confusion. Les pharisiens veulent de la « clarté », rêvent d’une frontière nette et radicale entre pécheur et péché. Mais l’Amour ne fonctionne pas ainsi. Car Il n’impose pas sa Vérité. Il laisse libre et surtout Il tolère que dans un temps humain l’Humanité et même les saints soient divisés entre le bien qu’ils voudraient faire et le mal qu’ils font, coincés entre le bon grain et l’ivraie, paradoxe qu’ils ne doivent pas alimenter ni cautionner mais qui existe énigmatiquement et temporairement tout au long de leur vie. Nous ne serons vraiment purifiés que dans la Vie éternelle, même si dans notre existence terrestre nous devons nous efforcer à être purs comme Jésus et ne pas rentrer dans la concupiscence avec le mal. Au moment du jugement de la femme adultère, Jésus dessine des traits sur le sol. Il refuse de rentrer dans le jeu des pharisiens qui attribuent plus d’importance au péché et à leur idée de pureté qu’au pécheur. Tout simplement parce qu’Il aime et qu’Il privilégie scandaleusement la Charité à la Vérité, sans rejeter la seconde. Oui, cette hiérarchie préférentielle est un scandale, une « ambiguïté inadmissible et incompréhensible » aux yeux des docteurs de la Loi divine. Mais elle est la condition de son Amour.