Festival Jésus ma Joie au Liban
« Ça plaît aux jeunes » ? Pas sûr. Moi, j’ai été jeune il y a 20 ans, et je peux vous assurer que ça m’aurait bien vite gavé et fait fuir de l’Église, ces ker-messes « chrétiennes » ! Et pourtant, j’aime danser, j’aime la musique, j’aime louer. Ce n’est pas le problème. Je sais aussi apprécier les prouesses artistiques quand elles existent. Je me suis déjà retrouvé à des concerts techniquement bien plus clinquants et élaborés que ça (Stade de France et tout), même s’il n’y avait pas Dieu en argument. Et j’en suis pourtant ressorti la tête et le cœur vides. Alors qu’émotionnellement et techniquement, tout semblait parfait (l’éternel paradoxe vertigineux du boboïsme : le faire pour cacher l’être). Malgré tout, il manquait l’Essentiel : la Croix.
Les concerts de la « Nouvelle Scène Chrétienne » me font le même effet que les concerts profanes et ésotériques des rocks-stars du star system consumériste actuel (ce n’est d’ailleurs pas un hasard que les deux univers fusionnent en ce moment : par exemple, sur KTO, les « concerts intimes » n’invitent que des artistes sortis de The Voice…). Concrètement, les chanteurs chrétiens se font plaisir plus qu’ils ne font plaisir, se remplissent les poches et l’égo au nom de Dieu, de « l’engagement », et sous prétexte que ce qu’ils jouent « plairaient aux jeunes ». Au fond, ils ne sont pas au service de la Vérité et du risque de l’impopularité qu’Elle induit forcément. Ils touchent déjà à leur récompense. J’ai l’intime conviction que seule la Vérité-Jésus (ou mieux dit « la Vérité-Jésus-Combat-Humilité ») plaît aux jeunes : pas un Jésus-Divertissement-Bien-être-bobo. Pas leurs sincères, gentils et hypocrites amuseurs « chrétiens ». Pas les cymbales retentissantes.
Je suis plutôt content de ne pas être un jeune catholique aujourd’hui. Même si, quand j’étais jeune, j’avais sœur Marielle, bonne sœur en civil, qui m’amenait à Taizé… mais là au moins, c’était tellement pas sexy qu’il n’y avait pas de risques que je sois saoulé de fiesta « évangélique » et de techniques paillettes, pas de risques (comme maintenant) que je sois incapable d’identifier mon malaise et mon insatisfaction tant mon cœur balancerait entre émotions fortes et raison face à une quelconque débauche de moyens, pas de risques que je choisisse Jésus pour son image « fun ». Et puis surtout, qu’est-ce qu’on pouvait se marrer de cet amateurisme ! Par le passé (encore récent), il y avait moins de moyens pour DIVERTIR et pervertir notre foi. Rester à l’aumônerie et dans l’Église relevait de l’exploit. Mais quand on y restait, c’était pour de bon. Aujourd’hui, bien ancrée doit être la foi du jeune catholique pour ne pas succomber aux sirènes de la technique (relayées par les « like », les images, les selfies d’Instagram, les « vues » de Youtube, les compteurs d’Internet, les pulsations des beats, les jeunes prêtres médiatiques complaisants…). L’amateurisme de jadis a été remplacé par le divertissement de masse et la prière-consommation sur un air de piano dégoulinant insupportable (le « piano de l’Emmanuel » ou « de Glorious »). On te chante droit dans les yeux « Je crois en toi comme Jésus croit en toi. #Engagetoi. », et pourtant ça sonne faux alors que tout semble sonner juste. Vraiment, bon courage !
À tous les jeunes cathos qui me lisent, et qui n’ont ni basculé du côté obscur de la Force de la « coolitude bobo catho » (cf. mes chapitres 38 et 39 de mon livre Les Bobos en Vérité), ni encore rejoint par contre-réaction excédée (que je peux comprendre !) l’ascèse radicale des rangs du catholicisme tradi (tout aussi bobo, souvent), à tous les jeunes qui comprennent ce que j’écris et savent qu’il n’y a pas un gramme de jalousie de ma part (malgré les apparences, car moi aussi j’ai prétendu au titre de chanteur, mais catho) et qui ne s’y retrouvent pas dans ce « rap-reggae-louange-pop chrétiens » frelaté – et Dieu sait s’il y en a beaucoup parmi vous ! – je vous dis : ne vous inquiétez pas. L’Église n’est pas (que) ça. La vraie Église, Elle est avec Jésus crucifié dans ton cœur, au cœur d’une chapelle ou de ta chambre, Elle est dans la Bible et l’Eucharistie et les sacrements, Elle est dans les prêtres, Elle est dans le combat pour la Vérité, Elle est dans ton martyr prochain. Donc sois sans crainte. Reste-y. Ne t’énerve pas trop de ta prise en otage par les « chanteurs chrétiens » et, si tu peux, rigoles-en avec des amis qui comprennent ton juste malaise, ta juste prise de distance, ou (mieux !) rigoles-en avec Jésus ! De toute façon, le « supplice » musical ne devrait pas trop durer. Les persécutions anti-chrétiennes vont balayer tout ça et t’aider assez vite à incarner/éprouver ta Foi. Bientôt viennent les occasions de combat de sainteté où tu vas largement plus « t’éclater ». Et ces tribulations sont imminentes, vu la prolifération actuelle de faux prophètes musicaux, techniquement irréprochables, mais spirituellement et théologiquement si loin.