Le pape François, haï comme jamais

Je me rends compte à quel point inimaginable le pape François est aujourd’hui haï par beaucoup. J’ai entendu un de mes amis homos me déclarer très sincèrement et avec rage sa « haine du pape », au motif que « lui nous hait », nous homos : « Regarde comme il a parlé de nous dernièrement, et comment il rejette les séminaristes homos! Il nous hait! »). Je dis « détestation inimaginable » car du côté de la sphère catholique, le pape François est haï précisément pour le motif contraire : il lui est reproché sincèrement de « trop nous aimés » et d’être trop « laxiste/gay friendly » à notre encontre ! Prodigieuse inversion du procès ! C’est donc un gros bordel, un quiproquo monumental et multilatéral, et un malentendu (procès d’intention) erroné DES DEUX CÔTÉS. Et désormais, le Saint-Père commence à être détesté de toutes parts. On ne lui accorde même plus le bénéfice de l’ignorance, de la maladresse, de l’erreur accidentelle, de l’imprécision, de la lâcheté. C’est fini! Maintenant, ça ne suffit plus à beaucoup qu’il nous dise, à nous homos, qu’il nous « aime/accueille/ne nous juge pas »: il va falloir qu’il nous prouve concrètement qu’il « ne nous déteste pas »! C’est ouf…
 

Et moi, de mon côté, pris en sandwich entre les deux camps (parce que je comprends les deux points de vue : il nous aime maladroitement, en étant persuadé qu’il nous aime bien et courageusement. Il est loin de s’imaginer la vague de haine venir de ceux qu’il prétend « aimer » et défendre !), je dis juste : « Non, ce n’est pas vrai : il ne nous déteste pas. Et ne hais pas mon grand-père spirituel, s’il-te-plaît, même si je comprends ta haine et j’aurais pu la partager. » Impuissance presque totale.