J’ai remarqué que certains saints – connus pour leur entièreté, leur radicalité, leur intransigeance et leur refus des compromissions – sont actuellement beaucoup utilisés comme martinets ou épouvantails à cathos, par des catholiques sans cœur et sans Miséricorde, pour effrayer les esprits faibles en leur rappelant que « le Salut c’est pas gagné… voire c’est même compromis » y compris pour les catholiques pratiquants qui sont baptisés, qui vont régulièrement à la messe, vont se confesser, sont parfois religieuses ou prêtres, et se croient prémunis contre l’enfer ou abrités par les sacrements.
En général, pour instaurer leur terrorisme, ces catholiques pharisiens jouant les « lanceurs d’alerte » menaçants (car ils sont eux-mêmes pris de panique par la situation mondiale, par l’imminence de l’arrivée du Christ en Gloire, et surtout par leur propre sécheresse de cœur) nous offrent sur les réseaux sociaux par exemple des récits d’apparitions d’âmes damnées de religieuses venant prévenir qu’elles ont été prises au dépourvu ; ou bien ils reprennent à leur compte des citations (généralement très romancées et dramatisées) des paroles du Padre Pio ou de la Bienheureuse Conchita Cabrera de Armida (cette dernière étant convertie en une sorte de matraque hystérique tapant sur les prêtres en prétendant soi-disant « les aider à être aussi purs que le Christ qu’ils ont revêtu » et à les sauver !!) ; ils se plaisent aussi à nous rapporter des récits de personnes ayant connu une expérience de mort imminente où elles étaient aux portes de l’enfer ; ils s’appuient également sur les suppliques de la Vierge Marie (à Lourdes, à Medjugordje, à Fatima, etc.) appelant avec insistance à la repentance et à la conversion des cœurs à la veille du Retour de son Fils.
La perversion de ces avertissements concernant la vie après la mort et le Salut des âmes, c’est qu’à la fois ils sont par certains côtés avisés et nécessaires pour notre humilité ou pour créer l’électrochoc d’un retour radical au Christ (oui, il ne suffit pas d’être baptisé, d’aller à la messe, d’aller se confesser, de recevoir l’extrême-onction, pour avoir son ticket pour le Paradis : et c’est toujours bon de garder l’humilité, d’être jusqu’à l’heure de notre mort assaillis par le doute et par ce vertige d’être pécheurs voire damnés, c’est important de ne pas avoir un rapport magique ou intéressé aux sacrements, de ne pas les transformer en passeports V.I.P., de garder la crainte de Dieu et de douter de son Salut, d’entendre qu’il est urgent que nous rejetions clairement le mal dans notre vie), et à la fois ils sont une atteinte à la Foi de cœur et à la Bonne Nouvelle du Salut offert par Dieu car ils décrètent l’invalidité ou l’inefficacité des sacrements (les pharisiens sont très forts pour décider si un sacrement est « valide » ou pas ! ou bien, si une âme ira en enfer ou pas !), dévoilent que le « Ta Foi t’a sauvé » de Jésus ne serait qu’une superstition ou un abus de croyance ou une « promesse à risque », témoignent d’un scepticisme à l’égard du Salut et de l’Amour de Dieu, dépeignent Jésus comme un Juge impitoyable et sans pardon, instillent la défiance plutôt que la confiance. Bref, ils ne stimulent pas la Foi à force de faire peur, de faire croire que c’est par nos actes que nous hériterons du Paradis et que nous le « mériterons », de marteler une pourtant vérité qui est celle que l’enfer existe, que des âmes sont damnées pour toujours, que des catholiques et des prêtres iront en enfer, que le Salut n’est assuré pour personne d’autre que les gens que Jésus a cités nommément dans les Évangiles.
Je pense que Là-Haut, le saint Padre Pio, la Vierge (de Fatima ou d’Akita ou de la Salette), et d’autres saints qui ont parlé de la vie après la mort et du risque de l’enfer, doivent être furax de se voir ainsi transformés en prophètes de malheur, en terroristes ou en martinets séparant les boucs des brebis. Et je garde dans mon cœur ce conseil que m’a donné un prêtre en confession au Sacré-Cœur de Paris, qui m’a dit : « Le plus important, quand nous tombons, c’est à chaque fois de s’adresser à Jésus en implorant son pardon, en lui disant tout simplement : ‘Prends pitié Seigneur du pauvre pécheur que je suis ! Prends pitié de moi.’ » Et c’est la pitié du Seigneur qui sauve, en même temps que notre foi personnelle (… et de cœur !) en cette pitié. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Et bien sûr, nos actes comptent dans l’œuvre de Salut de Jésus pour notre âme. Mais ce ne sont pas eux qui nous sauvent. Ni notre peur (de l’enfer ou de l’« invalidité » des sacrements) !