Maintenant, ça devient de plus en plus clair. À moins de me cacher ou d’accepter un job ingrat et anonyme, je ne trouverai pas de travail dans l’Eglise. Car même les catholiques et les prêtres applaudissant en privé mon « courage » et connaissant mon combat ont peur de moi, voire me plantent un couteau dans le dos :
J’avais postulé pour un job de responsable d’aumônerie dans une paroisse à Paris dont je tairai le nom. Mon « cas » était connu du vicaire (il avait lu un de mes livres, en plus). Mon profil correspondait en tous points au poste proposé. Même au niveau artistique et relationnel, au niveau des qualités d’animation. J’ai passé deux entretiens d’embauche (avec 3 interlocuteurs différents à chaque fois : un véritable tribunal pastoral, avec des gens qui se font des nœuds au cerveau sur mon « cas »), dont une prolongation d’entretien imprévue où ils se sont montrés beaucoup plus incisifs, agressifs, m’ont passé sur le grill, et m’ont soumis des situations qui n’avaient absolument rien à voir avec une aumônerie « normale » (cas d’agression collective, addiction aux drogues, prostitution, harcèlement parental…). J’avais plus l’impression d’avoir affaire à des gens non-cathos recherchant un surveillant de prison, un éducateur spécialisé dans un centre de délinquants, un psychiatre en HP, qu’un simple responsable d’aumônerie dynamique, aimant et joyeux. Ils s’auto-caricaturaient en aumônerie de junkies et de parents barges, qui a perdu la Foi et la bonté de Jésus. Ce fut un entretien d’embauche maltraitant et d’une mauvaise foi indigne d’un organisme catholique. Désolé de parler d’homophobie – car ça fait victimisation facile, et que l’homophobie, à l’instar de la jalousie, ni ne se nomme ni ne peut vraiment se prouver – mais tout semble pointer vers cette direction. En plus de l’hypothèse d’une « publicophobie » (le fait d’être public, partisan et militant, donc d’avoir une parole dans la sphère publique : selon eux, c’est mal. Il faut être neutre et n’avoir aucun engagement ou prise de parole publique, sinon on est « prosélyte », « activiste », « clivant » ou « polémiste », et ça ne peut pas se marier avec une pastorale de jeunes. Ils ne cherchent que des gens tièdes et discrets qui privatisent leurs pensées ou les gardent pour eux, et observent le sacro-saint « devoir de réserve »). Et ça fait de la peine pour les jeunes, pour l’Eglise et Jésus.
Mais ça va passer. Tout ce qui arrive, même en apparence injuste, est juste (car justifié par Jésus).