Les distorsions les plus courantes et hallucinantes de la Bible (pour faire dire à celle-ci ce qu’elle ne dit pas)

Ça n’étonnera pas grand monde : citer la Bible n’est pas un gage de vérité ni de divinité, comme le croient certains littéralistes ou protestants. Même le diable, lors des tentations de Jésus au désert, cite la Bible contre Jésus. Et le Deuxième Commandement du Décalogue (les fameux 10 Commandements) dénonce précisément les instrumentalisations fallacieuses du nom de Dieu et de la Bible : « Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain. » C’est dire, par conséquent, si on peut tomber dans le panneau du pseudo « biblique » ! Y compris quand on est de parfaits catholiques, et fins connaisseurs de la Bible ! Exégètes et théologiens !
 

Je vais vous faire une liste faite-maison de tous les détournements « bibliques » que j’entends (trop souvent), d’abord dans le monde profane, et ensuite dans le monde soi-disant « catholique » :
 
 
 

TÉLÉPHONE ARABE « BIBLIQUE » DANS LE MONDE PROFANE :
 
 

« Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés. » = « Je ne dois pas penser. » ou « Il ne faut pas penser/critiquer/dénoncer/dire du mal de quoi que ce soit. » = « Ferme ta gueule » ou « Mêle-toi de tes oignons. »
 

Jésus dénonce et interdit le jugement des personnes. Pas du tout le jugement des actes et des discours, a fortiori si ces derniers sont injustes et à dénoncer. Juger, c’est penser, évaluer. Pas nécessairement condamner et rejeter les personnes. Et il est un devoir quand le mal s’impose. La jugementphobie actuelle est une manière de contourner le Jugement Dernier.
 
 
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« le Fils prodigue » = « le Fils prodige »
 

En français, « prodigue » veut dire « gaspilleur » ou « dilapideur ». Rien à voir avec le prodige. Inconsciemment, en disant « le fils prodige », nos contemporains transforment la dilapidation ou le gaspillage en « magie », en « miracle ». C’est juste ouf !
 
 
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Judas = le traître, le méchant, bête et stupide
 

Judas était le meilleur des disciples (en termes de compétences et de promesses) : polyglotte, traducteur, très intelligent et réglo (il était tellement digne de confiance qu’il fut élu trésorier du groupe !), en dehors de toutes partisaneries (y compris celle des zélotes), très solidaire et caritatif (c’était le Coluche des disciples : il pensait aux pauvres), il voulait « aider » Jésus à devenir le roi divin terrestre qu’il est. Rien à voir, donc, avec un crétin mal-intentionné et cupide.
 
 
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« Laissez venir à moi les petits enfants. » = « Jésus (et tout prêtre, par la même occasion) est un pédophile – au sens de « pédéraste » – et un prédateur sexuel en puissance. »
 

L’Amour christique des enfants est chaste. Il est de la vraie pédophilie, au sens noble et propre du terme.
 
 
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« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » (Thomas à Jésus, dans Jn 20, 25) = « Moi, je suis comme saint Thomas : je ne crois que ce que je vois ! » = « La Foi est une fuite du réel, incompatible avec la science, le bon sens, le pragmatisme ; elle est une superstition pour illuminés refusant le réel et la matière ! » = « L’athéisme est une sagesse. »
 

Je voudrais réhabiliter et rendre justice à un saint si mal compris par notre temps : saint Thomas. Vous savez ? Celui qui, lorsque Jésus apparaît sous sa forme ressuscitée, a besoin de voir la marque des clous sur les mains et les pieds de son ami pour vraiment s’assurer qu’il ne se trouve pas face à quelqu’un d’autre. Or, au long des siècles, et encore plus aujourd’hui, dans le langage populaire, on fait passer ce pauvre saint Thomas pour l’exemple même de l’incroyant. Il est allé jusqu’à devenir avec le temps la caution des sceptiques, des suspicieux, des pragmatiques, des anticléricaux, des ennemis de Dieu et de l’Église : « Moi, je suis comme saint Thomas : je ne crois que ce que je vois ! » En gros, c’est parce que je suis comme saint Thomas que je ne crois pas ! Mais quelle injustice et quelle distorsion biblique ! Saint Thomas est le seul des disciples de Jésus à avoir appelé ce dernier « Dieu » (et pas seulement « Fils de Dieu » ou « Messie », comme l’avait osé saint Pierre, ou encore plus péniblement saint Philippe : « Philippe, ça fait si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas ?! Qui m’a vu a vu le Père. »). Saint Thomas a fait plus fort que tout le monde, en s’exclamant face à Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Si c’est pas la plus grande profession de Foi jamais prononcée, qu’est-ce que c’est ?? Saint Thomas n’est pas le maître des incroyants. Il est le Maître des Croyants !

 
 
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« Rien n’est impossible à Dieu. » (Lc 1, 37) = « Tout est possible à qui croit. » ou « Tout m’est possible puisque je suis croyant ! » = « Dieu se permet tout. »
 

Ça va avec l’idée (sortie de nulle part, mais qui a la dent très dure en ce moment) de « l’Amour inconditionnel » ou bien l’Amour tout-puissant ou le Dieu Super-héros, vendu dans les films. Or, la limite de Dieu, c’est d’une part le respect de notre libre arbitre, d’autre part son incarnation (il a refusé de s’incarner dans un arbre, un oiseau ou un ciel), et enfin son consentement à la souffrance et à la mort humiliante (la Croix). Ce n’est pas parce que Dieu peut tout qu’Il se permet tout : la potentialité n’est pas la réalité ni la factualité.
 
 
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« Beaucoup de derniers seront premiers, beaucoup de premiers seront derniers. » (Mc 10, 31) ou encore « Il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. » (Lc 13, 30) = Les derniers seront les premiers, les premiers seront les derniers. » = « Le Paradis est l’inversion totale de la Terre. »
 

Ce réductionnisme chiasmique est un manichéisme justicier très binaire et extrémiste. En gros, arrêtez de croire Céline Dion. Certains « publicains nous précèdent au Royaume de Dieu » (Mt 21, 31).
 
 
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« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 13, 34) et « Aimer son prochain comme soi-même. » (Mt 22, 37) = « Aimez-vous les uns les autres. » et « Soyez solidaires tout en restant égoïstes et tout en prenant soin de vous-même. » = « Aimer qui on veut, et sans règles. » ou « Pratiquez le Charity Business. » ou « Prenez soin de votre prochain, construisez la paix, luttez en faveur du Bien commun » = « Faites-vous vacciner. » ou « Faut pas penser, pas critiquer, pas dire du mal, car ce n’est pas de l’Amour et ça contriste/contrarie les gens, le prochain. »
 

Ce sont les valeurs du Christ sans le Christ. Un communisme ou pacifisme extrêmement dangereux (car bien-intentionnés). Nous ne devons pas la Et le « comme je vous ai aimés » passe à la trappe.
 
 
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« Dieu est Amour. » (1 Jean 4, 16) = « Jésus est tout amour, donc il ne peut pas nous heurter, nous éprouver, nous contrarier. »
 

Or l’Amour vrai n’est pas confortable, n’est pas dans l’équilibre, et ne fait pas l’économie de la Vérité (et donc parfois de la rupture avec le mensonge, de la séparation nette avec le mal), ne fait pas l’économie de la division non plus. Des parents, par exemple, aiment leurs enfants en les confrontant à la vie, au risque, en les corrigeant quand c’est nécessaire. Le catholique ne défend pas la paix en soi, mais uniquement la paix de Jésus : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. » (Jn 14, 27).
 
 
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« Heureux les pauvres de cœur. » (Mt 5, 1) = « Heureux les simples d’esprit ou les imbéciles heureux. » = « Je fais ce que je veux » voire « J’ai le droit d’être stupide et paresseux. »
 

La pauvreté de cœur renvoie ici à l’humilité, au renoncement à l’orgueil, à l’arrogance, à la vengeance et à la violence. Ce n’est pas du tout l’éloge de l’ignorance, de la naïveté, de la candeur. Elle a plus à voir avec la nudité, l’innocence, la bonté, la pureté et la pauvreté d’un bébé.
 
 
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« La Bonne Nouvelle » (Mc 1, 1), « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » (Jn 14, 6), « Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées, les voies tortueuses deviendront droites… » (Luc 3, 4-6) = « le droit chemin », « la bonne parole », « les ouailles », « Mes bien chers frères mes bien chères sœurs ».
 

Les athées, à propos du catholicisme, font souvent un mix de tout ça, et usent d’expressions cinématographiques que les vrais prêtres ne disent jamais. Par ailleurs, quand ils parlent de « Vérité », en fait, il faut entendre « réalité » ou soi-disant « factualité des choses », et non « Vérité aimante, divine et parfois invisible ».
 
 
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« Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » (Gen 2, 18) = « Il faut absolument que je me case, ou que tout le monde se mette en couple, le célibat est un échec existentiel. »
 

Les paroles de saint Paul sur la supériorité du célibat consacré sont sans équivoque. « Au sujet du célibat, je n’ai pas un ordre du Seigneur, mais je donne mon avis, moi qui suis devenu digne de confiance grâce à la miséricorde du Seigneur. Je pense que le célibat est une chose bonne, étant donné les nécessités présentes ; oui, c’est une chose bonne de vivre ainsi. Tu es marié ? ne cherche pas à te séparer de ta femme. Tu n’as pas de femme ? ne cherche pas à te marier. Si cependant tu te maries, ce n’est pas un péché ; et si une jeune fille se marie, ce n’est pas un péché. Mais ceux qui font ce choix y trouveront les épreuves correspondantes, et c’est cela que moi, je voudrais vous éviter. » (1 Cor 7, 24-28).
 
 
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« Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre. » (Lc 6,29) = « Les cathos sont des chiffes molles, des couards, des faibles, des pervers masochistes, qui se laissent soumettre, qui subissent passivement les choses, et ne savent pas se défendre ni défendre leurs proches. »
 

Alors qu’il s’agit pour le catholique non pas de chercher la souffrance ou l’outrage, mais uniquement, si et seulement si ce dernier se présente, non seulement de ne pas le rejeter, mais d’en faire activement un don entier, aimant et volontaire de toute sa personne.
 
 
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« En lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la Terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. » (Col 1, 16) = « Je suis une créature de Dieu comme les autres. » = « Je ne suis pas mieux qu’un ange, un animal, un paysage, voire je suis pire ! » = « Je suis un ange, un animal, une étoile, une planète, mais pas/plus un Homme. »
 

Grâce à l’incarnation de Dieu en tout Homme par Jésus, on n’est plus seulement créatures de Dieu, mais enfants de Dieu ! Il y a un ordre dans la Création. Et les Humains ont un statut spécial, qui ne les rend pas meilleurs, mais plus responsables et garants des autres créatures et créations. Comme les jardiniers. Dieu ne s’est pas incarné dans un arbre, un animal, un objet ou un paysage !
 
 
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« L’homme ne voit que ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur. » (1 Sam 16, 7) = « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. » (Le Petit Prince de Saint-Exupéry) ou bien « L’Amour voit au-delà des apparences. » ou bien « L’important c’est la beauté intérieure, pas extérieure. » = « L’habit ne fait pas le moine. » ou bien « Les apparences sont (toujours) trompeuses » = « L’Amour est là où on ne le cherche pas, où on ne le voit pas, Il est dans l’improbable voire dans le bestial et l’anti-Amour. »
 

Là où Dieu met une hiérarchie non-excluante entre beauté du cœur (intérieure) et beauté du corps (extérieure), tout en les unifiant en Jésus et Marie, la pensée binaire mondaine les oppose, niant ainsi l’importance des regards ou de l’incarnation (encore partielle) de Dieu dans le Monde, dans une iconoclastie et une destruction qui se méfie du visible, du paraître, des images, des miroirs, des regards, de la beauté physique, des corps, des représentations et des symboles, et qui glorifie le laid ou le mal.
 
 
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« Aime et fais ce que tu veux. » (c.f. aphorisme latin tiré d’un sermon d’Augustin d’Hippone, « Dilige, et quod vis fac. ») = « Je fais ce qui me plaît physiquement et sexuellement, à partir du moment que c’est librement consenti avec mes partenaires » ou « Je peux faire n’importe quoi au nom de l’amour, ou avec la personne aimée ».
 

Saint Augustin, par cette phrase, ne sous-entendait pas que tout est permis au nom de l’Amour, ni que « Tout est possible mais pas avec n’importe qui ». Son « Aime et fais ce que tu veux » pourrait se traduire par « Conforme-toi aux lois et aux commandements de l’Amour, aux limites de la rivière, et à partir de là, tu nageras comme un poisson dans l’eau, et véritablement libre ».
 
 
 

TÉLÉPHONE ARABE « BIBLIQUE » DANS LE MONDE CATHOLIQUE :
 
 

« Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 34) = « Je suis une victime et un saint qui pardonne à ces ignorants de méchants… » = « J’ai raison et je suis un martyr. » = « Je suis le Christ crucifié. »
 
 
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« Tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église; et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre Elle. » (Mt 16, 18) = « L’Église-Institution humaine est une citadelle imprenable. On passera à côté des Tribulations. Tout tournera à notre avantage car Dieu est avec nous. On évitera le pire, la Croix, la Passion. Dieu nous épargnera. » = « Tu es pessimiste, défaitiste, alarmiste, et tu n’es pas dans l’Espérance chrétienne. » ou « Le risque de damnation est réduit ou quasiment nul pour les catholiques. »
 

Ils oublient un peu vite l’incroyable « Il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. » (Mt 24, 2) annoncé par Jésus à ses disciples face au Temple de Jérusalem, ou encore que le millénarisme est la croyance en un règne de Dieu (et de son Église) sur Terre.
 
 
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Épisode de l’aveugle-né guéri par Jésus dans Jean 9, ou bien « Ils ont des yeux et ne voient pas, ils ont des oreilles mais n’entendent pas. » (Jérémie 5, 21) = « Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. » = « Je suis lucide et j’ai raison. » ou « Tu as tort, tu es de mauvaise foi, et refuses de reconnaître la Vérité/l’Évidence que je possède et que je cherche à t’imposer. »
 
 
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« Que votre oui soit Oui, que votre non soit non. » (Mt 5, 37) = « J’ai le droit d’être radical, intégriste, fondamentaliste, intransigeant, extrême ou excessif, non-aimant, puisque c’est Dieu qui me le demande, qui veut que je me positionne sans compromission ni concession, et puisque je veux être saint ! »
 
 
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Jésus chasse les marchands du Temple (Mt 21, 12-13) = « Il y a de saintes colères. » = « J’ai le droit d’être violent, de me mettre en colère : c’est saint ! » ou « La Fin justifie les moyens. »
 

Il faut relire surtout les passages de non-violence dont fait preuve Jésus, notamment lors de son arrestation.
 
 
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« Un bon arbre ne produit pas de mauvais fruits, ni un arbre malade de bons fruits. Chaque arbre se reconnaît à ses fruits. » (Luc 6, 43) = « On n’a que ce qu’on mérite ! » ou « Aide-toi et le Ciel t’aidera ! » ou « Si ça tourne mal pour toi, c’est que ta mission n’est pas de Dieu » ou « Les piètres résultats de tes actions et discours, ou la réaction des gens et les attaques à ton encontre, sont à l’image de tes actes ou de ton pouvoir de nuisance : tu l’as bien cherché. On ne doute pas de tes bonnes intentions, mais c’est ta communication qui est mauvaise, c’est la forme qui ne va pas, c’est le fond qui ne va pas. Il n’y a pas de fumée sans feu… » ou « Tu es inutile, malfaisant, destructeur. » ou « Qui sème le vent récolte la tempête. Il faudrait peut-être que tu te remettes en cause, que tu regardes la réalité en face ou que tu acceptes la critique et que tu revoies ta méthode. Tu as mérité ton triste sort. Ton échec ou ton insuccès illustre que tu es sur la mauvaise voie, ce n’est pas l’Esprit Saint qui te guide, voire même que c’est le Seigneur qui te punit et te montre son désaccord. » ou « Tu es impossible. »
 

Cette vision du Salut, ou du Bien, du commerce avec Dieu (basée sur la parabole des talents, ou bien sur le récit du Jugement Dernier, ou bien sur un amalgame entre richesse du Ciel et richesse matérielle), est particulièrement protestante : C’est le mythe du self-made-man soutenu/confirmé par son patron divin. Ou c’est la volonté d’accéder à la gloire de Dieu et à la Résurrection sans en passer par la case « Passion, mort, descente aux enfers ». Dieu me récompense de mes bonnes actions en m’offrant le centuple ou en me couvrant de grâces et de prospérité ! Il m’épargne (au sens lucratif et économique du terme). Il m’aime et me le prouve concrètement. Celui qui réussit matériellement est concrètement et financièrement béni par Dieu, gâté ! Et concernant le Salut, tu seras jugé à tes résultats, à ton comportement et à tes actes, au rendement, aux chiffres. C’est la méritocratie : le Paradis se mériterait, la Foi est visible et se démontre extérieurement. Tout se paye ! En revanche, s’il ne t’arrive que des merdes ou que tu es pauvre, c’est que tu n’as pas été un bon gestionnaire ni un bon croyant, c’est que tu es un paresseux, un pécheur, quelqu’un qui n’a pas écouté Dieu, voire que Dieu désapprouve. Ces croyants matérialistes, calculateurs, superstitieux et carriéristes, feraient bien de lire le livre de Job, ou encore le passage d’Isaïe : « Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié ! » (Isaïe 53, 3-4). La pensée et la logique de Dieu ne sont pas celles des Hommes.
 
 
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« Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : ‘Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.’ » (Lc 17, 10) = « Je suis un serviteur inutile. » (le discours indirect est complètement gommé de la version originale) ou « Je ne sers à rien, c’est Dieu qui fait tout, je ne suis pas co-créateur avec lui ni son ami ou son fils. Je suis la marionnette de Dieu. Il ne sollicite pas ma liberté ni ma petite contribution.  » = « Dieu est un despote. » ou « Tu te la pètes, tu as la grosse tête, tu n’acceptes jamais d’avoir tort ou la contradiction. Tu joues le prophète et tu te prends pour Dieu. »
 

La citation biblique est spectaculairement tronquée, et ça lui fait presque dire l’inverse de son propos. Ça devient une parodie orgueilleuse d’humilité. Et une surévaluation hypocrite et fallacieuse de qui est Dieu. Dieu, certes, fait le gros du taf, mais, comme un père, il ne fait pas à notre place (il nous laisse participer à notre mesure), et par amour, il nous fait croire que c’est finalement nous qui avons tout fait.
 
 
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« Marie méditait ces choses dans son cœur. » (Lc 2, 51) = « Marie ne parlait quasiment jamais, était une potiche dévote, qui intériorisait tout, dans un pieux silence. » = « Rentre à l’école de la vierge Marie, sois soumis et tais-toi : ferme ta gueule, tu parles trop. »
 

Or, dans les faits, Marie parle beaucoup (on le voit lors de ses apparitions)… et heureusement ! Une mère prévient, avertit, conseille. Et par ailleurs, jamais Dieu ou Jésus ne nous demande de fermer notre gueule. Les prophètes sont justement appelés à clamer la Bonne Nouvelle contre vents et marées. Élie et Jean-Baptiste, en particulier, sont des hommes à la langue de feu. Et quand certains pharisiens essayaient de censurer les disciples de Jésus, ce dernier leur rétorquait : « Si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes crieront. » (Lc 19, 40). La dénonciation du mal est un commandement divin (rien moins que ça!)… et celui qui ne le suit pas, sous couvert de conserver un silence d’humilité/obéissance et de ne pas créer de conflit ou de polémique, se rend complice par omission du mal : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile. » (1 Co 9,16) ; « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. » (2 Tim 4, 2) ; « Ne prenez point part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. » (Éphésiens 5, 11). Donc le personnage cucul de passive silencieuse attribué à Marie, muette au pied de la croix, Mater Dolorosa : non, on ne nous la fait pas.
 
 
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« Tandis que les grands prêtres et les anciens accusaient Jésus, il ne répondit rien. » (Mt 27, 12) = « Fais comme Jésus : Ferme ta gueule, tu parles trop. » Autre argument du même acabit : « Jésus n’a commencé sa vie publique qu’à 30 ans. » = « Sois discret et ferme ta gueule. »
 

Je rappelle à toutes fins utiles que Jésus n’a pas commencé à parler à ses 30 ans. Dès l’âge de 12 ans, il enseignait publiquement au Temple, et donc ne brillait pas par sa discrétion ni son silence. Tout simplement parce qu’il se donne entièrement. Il n’y a pas à diaboliser la vie publique comme une starisation, ou un orgueil, ou une mise en avant exhibitionniste et narcissique, ou un prosélytisme fallacieux. Elle peut être un service, un combat, un don, une consécration.
 
 
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Par rapport à tout ce qui est négatif dans la Bible (les démons, les exorcismes, l’enfer, le péché, les querelles politiques et confessionnelles, les prophéties sur les Fins dernières, etc.), beaucoup de catholiques tièdes disent qu’il ne faut pas en parler aux enfants, que « C’est pas de leur âge. » Et la Vierge Marie en 1917, qui a montré l’enfer aux trois petits bergers de Fatima (Jacinta 7 ans, Francisco 9 ans, et Lucia 12 ans), vous croyez qu’elle s’est dit : « C’est pas de leur âge » ?!? Heureusement que non !
 
 
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« Il y eut un tremblement de terre… mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre. Et après un feu… mais le Seigneur n’était pas dans le feu. Et après ce feu, le murmure d’une brise légère. » (1 Rois 19) = « Tu parles trop, tu fais trop de bruit : ferme ta gueule. »
 

En se basant sur l’expérience d’Élie, beaucoup de catholiques pensent que Dieu ne peut pas être dans la violence, la véhémence, la force. Ils font de l’Esprit Saint une colombe, un symbole bien mou et bien mièvre, une pluie Tahiti Douche ou Golden Buzzer. Or, l’Esprit Saint peut être aussi un « violent coup de vent » (Actes 2, 2-4), comme à la Pentecôte.
 
 
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« Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l’injustice ne recevront pas le royaume de Dieu en héritage ? Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, les idolâtres, les adultères, ni les dépravés et les sodomites, ni les voleurs et les profiteurs, ni les ivrognes, les diffamateurs et les escrocs, aucun de ceux-là ne recevra le royaume de Dieu en héritage. Voilà ce qu’étaient certains d’entre vous. Mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous êtes devenus des justes, au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu. » (1 Co 6, 9-11) = « Les sodomites n’hériteront pas le Royaume de Dieu. » = « On n’est pas homophobes. On répète juste littéralement la Bible ! »
 

La deuxième partie du discours de saint Paul, contenant la Bonne Nouvelle du Salut, est spectaculairement zappée.
 
 
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« Soyez Un comme moi-même je suis Un avec toi Père. » (Jn 17, 21) = « Fais pas chier et marche au pas. » ou « Ne me contredis pas. » ou bien « Pense comme nous et ne crée pas la polémique ni la division. Satan est le Diviseur !!! »
 

Jésus parle de l’unité entre lui et son Père, et non de l’unité en soi, qu’il n’a jamais recherchée d’ailleurs ni auréolée. Il s’annonce même comme facteur de division plus que d’unité : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la Terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère… » (Mt 10, 34). « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive. » (Syméon à Marie à propos de son fils Jésus, dans Lc 2, 34).
 
 
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« Malheur à celui par qui les scandales arrivent ! » (Lc 17, 1) = « Ne dénonce pas le mal. », « Ne te révolte pas. », « Ne fais pas de vagues. », « Ferme ta gueule. » = « Ne crée pas le mal » ou « Tu crées le mal que tu dénonces. » ou « Tu fous la merde. ».
 
 
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« Croissez et multipliez. » (Gen 1, 28) = « Mariez-vous, copulez et faites des gosses ! », ou bien « Mettez-vous nécessairement en couple, mariez-vous. »
 

L’Église insiste pour défendre le célibat consacré comme une autre voie de Salut pour l’Humanité. Saint Paul en fait même une voie supérieure : « Frères, au sujet du célibat, je n’ai pas un ordre du Seigneur, mais je donne mon avis, moi qui suis devenu digne de confiance grâce à la miséricorde du Seigneur. Je pense que le célibat est une chose bonne, étant données les nécessités présentes ; oui, c’est une chose bonne de vivre ainsi. Tu es marié ? Ne cherche pas à te séparer de ta femme. Tu n’as pas de femme ? ne cherche pas à te marier. Si cependant tu te maries, ce n’est pas un péché ; et si une jeune fille se marie, ce n’est pas un péché. Mais ceux qui font ce choix y trouveront les épreuves correspondantes, et c’est cela que moi, je voudrais vous éviter. » (1 Co 7, 25-31)
 
 
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« Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6, 53-54) = « L’Eucharistie c’est ma vie ! », « La messe est la source et le centre de ma vie !! » = « Je suis Jésus ! » ou « L’Eucharistie est plus importante que les Humains ! »
 

L’Église nous appelle à ne pas tomber dans un sacramentalisme eucharistocentré qui fétichiserait Jésus.
 
 
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« Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Mt 25, 40) = « Je suis une victime. » ou « Je suis toujours du côté des victimes. » = « Je suis la plus grande des victimes. »
 

L’Antéchrist se met toujours du côté et à la place des supposées « victimes ».
 
 
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« Le Ciel et la Terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » (Mt 24, 35) ou bien « Je suis avec vous jusqu’à la fin du Monde. » (Mt 28, 20) = « C’est pas vraiment la Fin du Monde mais la fin d’un Monde. » ou « L’Apocalypse, c’est une image : l’image d’une naissance et d’une renaissance. »
 

Il est plus facile de diluer la finitude de la Terre dans un processus cyclique sempiternel de mort et de renaissance. Or, il n’y a pas de Vérité sans Justice. Et le mal finit un jour, et de manière définitive.