Les catholiques, dans leur très très grande majorité, ne savent pas comment nous prendre, nous personnes homosexuelles. Ils sont nuls pour nous parler. Mais vraiment ! Zéro pédagogie. À l’instar des parents dépassés par leurs ados rebelles, vu qu’avec nous ils se rendent compte que ça ne sert strictement à rien de menacer, d’interdire quoi que ce soit ou de verser dans le strictement biblique/théologique, ils se réfugient soit dans l’énonciation de vérités anthropologiques à la sauce Théologie du Corps de Jean-Paul II qu’ils croient empathiques et charitables (« Tu n’es pas que ça. » ; « Ne te réduis pas à ta tendance sexuelle. Tu peux changer. » ; « La sexualité, c’est beau. », etc. : ils font d’ailleurs des contorsions linguistiques de malade pour ne pas avoir à prononcer le mot fatidique « HOMOSEXUALITÉ »), soit plutôt dans la démission misérabiliste, condescendante et pathologisante, et dans une indifférence muette. À les entendre, nous, personnes homosexuelles, serions des personnes trop « blessées », « fragiles », « instables », « immatures affectivement », « inaptes au mariage ou à la prêtrise », « progressistes », « trop idéologisées », pour pouvoir instaurer un quelconque dialogue avec nous, pour que nous soyons dignes de confiance ou capables d’assumer un mariage ou un sacerdoce. Ils se murent dans un silence et une ignorance par rapport à l’homosexualité qui font frémir.
Là, en ce moment, partout en France, des petits groupuscules pro-Vie font des manifs anti-PMA-sans-père. Ils voient bien le trafic d’enfants qui se met concrètement en place dans la législation nationale, et au nom des personnes homosexuelles. Mais ils font comme si « tout ça n’avait rien à voir avec l’homosexualité », pour se défendre de la présomption d’homophobie manifeste qui pèse (à raison !) sur eux. À ce niveau-là, leur déni confine au grotesque.
Je terminerai mon court billet par la citation d’un mail que m’a envoyé un ami homo catholique habitant dans une ville du Sud de la France. Et mis à part sa très regrettable confusion entre différence des sexes et hétérosexualité, il a décrit assez bien ce que je pense de l’attitude inadmissible et inappropriée des manifestants pro-Vie. Il faut que vous arrêtiez, les gars. STOP ! :
« J’ai observé hier la manifestation anti-PMA des catholiques. C’était le retour de la Manif Pour Tous. Il y avait les gaillards d’Action Française, les ‘Camelots du roi’, le curé de la cathédrale et une flopée de séminaristes. Tous blancs hétéros et homophobes, ils s’opposent à l’homosexualité et aux lois de sa normalisation au nom d’une loi naturelle dont ils ne savent pas la signification. Ils ne réfléchissent pas beaucoup, ils sont simplement dégoûtés par ces ‘dégénérés d’homosexuels’, comme en 2013.
Une contre-manifestation de militants LGBT d’extrême-gauche sur le même cours donnait à voir deux mondes radicalement opposés. De l’autre côté c’était l’anarchisme libertaire.
J’ai pu faire entendre raison seulement à un séminariste. Bien qu’étant le mieux formé (ingénieur diplômé de l’École Polytechnique) et le plus scientifique d’esprit, il m’a dit que l’homosexualité est un mal intrinsèque, une ‘blessure’, sans distinguer l’être des actes, que c’est une maladie, la comparant avec la trisomie 21. Il a reconnu qu’il pouvait y avoir parmi les séminaristes et les prêtres des homos cachés ou refoulés, il m’a dit que tout le monde s’en rendait compte plus ou moins. J’ai répondu qu’on ne peut pas deviner l’orientation sexuelle des gens seulement à partir de leur apparence, que le procédé est soviétique ; il existe des hommes hétérosexuels un peu efféminés et des femmes hétérosexuelles un peu masculines, comme il existe des hommes homosexuels très virils et des femmes homosexuelles très féminines. À bout d’arguments, il a dit s’en remettre aveuglément à l’autorité de l’Église, sans vouloir accepter l’idée que la morale et le droit soient du ressort exclusif de la raison, car lui renonce à penser les questions morales et juridiques, il suivra tout ce que lui disent ses supérieurs hiérarchiques dans l’Église. Bref, il s’agit du séminariste le plus instruit (ingénieur polytechnicien), et il s’abandonne à l’autorité plutôt que de penser par lui-même.
J’ai averti les catholiques qu’ils continueront à perdre tous leurs combats contre la franc-maçonnerie socialiste à cause de leur ignorance et de leur paresse intellectuelle et morale. Ils sont incapables d’argumenter leurs positions, et cette incapacité prouve qu’ils sont mus par des affects violents seulement, par de la haine et du mépris. Ils agitent l’argument de la loi naturelle sans même savoir ce que signifie le mot nature dans ‘loi naturelle’, le confondant avec la matière. Usant et abusant de la loi naturelle, ils sont réduits à des arguments naturalistes qui rappellent le darwinisme. C’est en fait l’affirmation de la force brute et aveugle contre l’esprit. Du pur matérialisme !
Les catholiques se défendent de toute homophobie et se croient justes avec les personnes homosexuelles. C’est ce qu’ils aiment croire. Dans les faits, il y a ostracisme et discrimination. Quoi que nous pensions ou fassions, nous restons pour eux des parias, des dégénérés et des malades. Aux personnes LGBT, ils disent non au mariage, non à l’Union civile, non à l’ordination, non à l’entrée dans la vie religieuse. Ils veulent en fait que les personnes LGBT restent laïques, continentes et célibataires, et aussi loin que possible d’eux, de leurs familles et de leurs enfants (parce qu’elles sont à haut risque pédophile, bien sûr, depuis que Ratzinger a fait l’amalgame entre pédophilie et homosexualité dans sa lettre de 1986). Tant pis pour leur solitude et leur tristesse, on ne veut rien savoir. On s’étonne ensuite que ces personnes LGBT, vengeresses, se défendent contre l’oppression homophobe dans les rangs de la gauche et de la franc-maçonnerie libérale. »