Voilà le mail que je viens de recevoir d’une jeune femme qui s’appelle Julie (prénom modifié). Et ensuite, ma réponse.
Bonjour Philippe,
Je me présente, je suis une jeune catho homosexuelle prof de biologie qui hésite à passer le concours… Je suis rentrée cette année en discernement avec une communauté et me suis pris mon homosexualité en pleine figure, elles ne peuvent pas « prendre de risque » avec moi. Bref, je dois revoir mon orientation, jusqu’ici je pensais que l’abstinence suffirait, que de voir que je suis pieuse (j’essaye) et chaste serait convaincant, il semblerait que non. Je suis à nouveau confrontée à mon homosexualité en tant que donnée à prendre en compte dans mon orientation.
Assez contente ceci dit que les sœurs ne m’essentialisent pas à mes attirances, elles pensent que l’on peut en « guérir » ; j’entreprends ce chemin vers la découverte de ma vocation plus profonde.
Je me pose beaucoup de questions sur la place des homos dans l’Eglise. Si je ne peux être sœur ni marier, alors que faire ? D’ailleurs, une certaine colère monte en moi, j’ai l’impression, vous me direz ce que vous en pensez, qu’on ne parle pas des lesbiennes dans l’Eglise ou tout du moins qu’elles sont jugées sur le même mode que les gays ce qui est une aberration. C’est nier les profondes différences entre homme et femme…..
Quoi qu’il en soit je suis en recherche de documentation sur le sujet, vous semblez être la bonne personne pour me répondre. Me conseilleriez-vous un livre, même un de vos bouquins ? Je cherche aussi des contacts de femmes qui pourraient être dans la même situation que moi, si vous en avez je suis preneuse.
Merci d’avance et merci pour votre blog qui est très éclairant,
Julie
Merci infiniment Julie pour ton mail que j’aimerais montrer à la Terre entière et à l’Église, pour que les catholiques et nos chefs se rendent enfin compte ET du gâchis vocationnel que nous incarnons (comme tu dis, en tant que personnes durablement homos, on ne peut pas se marier et on nous éjecte du célibat consacré, du sacerdoce, des séminaires, des monastères et des couvents : que nous reste-t-il ?) ET du manque d’accueil criant (homophobie) et du vide de proposition (grande et enthousiasmante) qui dépasserait l’horizon du couple et de la pratique homos. Car oui, je le confirme, et j’en fais suffisamment les frais depuis des années : dans leur immense majorité, le clergé et les cathos nous craignent comme des pestiférés autant qu’ils se contrefichent de nous (mais vraiment ! alors qu’ils sont persuadés du contraire)… et de surcroît, cette omission est de leur part une erreur stratégique qui leur sera bientôt fatale car le Gouvernement Mondial va les persécuter officiellement sur la pédophilie et officieusement sur l’homosexualité. Et là, ils vont pleurer leur Mère de ne pas nous avoir accueillis correctement !
Je te mettrais bien en contact avec Perrine (voici son mail), la témoin lesbienne des « Folles de Dieu » (mon documentaire en 25 parties – dont seulement les deux premières parties sont sorties sur YouTube). Mais j’ai peut-être mieux : si tu es au Puy-en-Velay le 27 novembre de ce mois, je suis invité (ça fait hyper longtemps que je n’ai pas fait de conférence : je présenterai mon livre sur les thérapies de conversion, qui n’ fait l’objet d’aucune invitation) à une librairie pour une conférence. Si tu veux, je partage volontiers mon temps de parole avec toi. Ce sera enregistré, filmé (et pas besoin d’être « vacciné » anti-COVID : je ne le suis pas, et ne le serai jamais). Et je pourrais te laisser entière carte blanche. À ta convenance ! Et si l’apostolat (de l’homosexualité continente) peut te donner de la consolation, de la joie, un nouveau souffle, et t’éviter d’être en couple lesbien, welcome parmi les « Folles de Dieu » ! Tu me diras ce que l’Esprit Saint t’inspire. Et puis si tu ne peux/veux pas, je te souhaite en tout cas bon courage et bonne route sur les chemins du professorat.
Fraternellement.
Philippe Ariño