SIGNIFICATION SOCIALE, MONDIALE ET ESCHATOLOGIQUE DU CODE
« Maggi Maggi, et vos idées ont du génie. » (c.f. la publicité pour les soupes).
La magie est devenue en l’espace de quelques décennies de matraquage audiovisuel et cinématographique la nouvelle Reine de notre Monde. Et les petits princes antéchristiques qui occupent actuellement les postes de présidents des Nations lui sont soumis, visiblement. Je pense par exemple à Emmanuel Macron qui n’hésite pas à dire sa fascination pour le pouvoir en se référant à l’occultisme : « La politique, c’est une magie, un style. ». D’ailleurs, je mettrais ma main à couper que notre président français la pratique en secret. Je pense également au bien-nommé groupe ivoirien Magic System, tellement dans l’air du temps, et qui a été utilisé comme principale vitrine de diversité lors de l’investiture de Macron. On a bien compris que la France était devenue depuis un certain temps déjà le « Système de la Magie ».
Comme pour trouver une échappatoire à son ennui abyssal ou son désespoir (généré par un matérialiste pragmatique, logique, scientiste, libertin et prétendument « athée »), à la vacuité douloureuse de ses actions (fussent-elles solidaires, parfois bénéfiques et fécondes), à son manque de Foi en Dieu (Jésus), notre Monde pourtant sceptique et incrédule (il prétend ne valider que ce qu’il voit ou que ce qui est attesté par la Science ! voire même que la magie ou les miracles n’existent pas : l’unique chose qui existerait, c’est l’interaction explicable – bien qu’étonnante – entre plusieurs facteurs/phénomènes qui se rencontrent à un instant T) va se mettre à croire, contre toute attente, et au nom de son culte à la probabilité, en la magie. Et pas qu’en l’« illusion de magie », je précise, c’est-à-dire celle que les magiciens simulent pour nous faire rire et nous divertir en nous donnant, par la surprise que leurs tours génèrent, ou par leurs prises de risques mortels, l’impression de « réalité de l’extraordinaire », d’« existence de l’impensable ». Non. J’ai bien dit « en la magie » ! Et quand je parle de « magie », c’est vraiment la croyance qu’il existerait des forces invisibles qui dépasseraient la rationalité humaine (donc des forces paranormales surnaturelles) et qui surtout rendraient l’impossible « possible ». Des forces qui auraient donc la puissance et la capacité de Dieu. Par conséquent, contrairement à l’idée reçue, le matérialisme/l’athéisme anti-superstitions et anti-invisibilité produit la pensée magique. La magie EST scientiste. C’est d’ailleurs pourquoi elle s’appuie principalement sur la maîtrise des énergies physiques (électricité, or/pierres, soleil, végétaux et animaux, intelligence humaine, chimie, forces telluriques, électromagnétiques et spirituelles, 4 éléments).
N’en déplaisent aux rationalistes laïcards, tout être humain étant par nature réflexif (donc capable de « se penser pensant »), sensible et désirant, est croyant : il a conscience, au pire, de l’existence d’une transcendance qui le dépasse (ne serait-ce qu’en devinant la grandeur démesurée du Cosmos, ou en se confrontant à la réalité de la mort), au mieux, d’être créé par un Créateur plus grand que Lui (mais qui s’est abaissé à sa condition pour se faire le plus petit de tous : Jésus). Le problème n’est donc pas les croyances – qui font partie intrinsèque de notre condition humaine – mais bien sur qui nous les faisons reposer. Sur quelles entités. Et en l’occurrence, quand nous misons notre foi/confiance sur des « énergies » et des « entités » angéliques qui ne sont pas au service de Dieu (Jésus), nous basculons alors dans l’occultisme magique luciférien. Pour le meilleur (car ces puissances ont parfois des pouvoirs et des effets qui dépassent nos capacités et nos limites humaines) mais surtout pour le pire (car nous ne les maîtrisons pas et elles entravent en général notre liberté, grignotent notre humilité).
Il existe trois grandes familles de magie. La magie blanche (celle qui scintille et qui vise aux « bonnes » actions), la rouge (celle qui concerne les sentiments amoureux et les filtres d’« amour ») et la noire (celle qui vise la vengeance et la destruction). Et je le dis d’emblée avec insistance : elles sont toutes mauvaises. Toutes les trois, sans exception ! Y compris la magie blanche, qui a pourtant des bonnes intentions et qui donne des résultats apparemment bénéfiques. Ces trois sortes de magie imitent les sacrements et les rites de l’Église Catholique, vont même quelquefois jusqu’à solliciter des saints, Marie, des anges/archanges de Dieu, Jésus et même l’Esprit Saint. Mais elles ne sont pas de Dieu. Seuls les sacrements de l’Église délivrés par des prêtres sont valides et bons. Seuls les laïcs ayant reçu les sacrements – prioritairement le baptême catholique – ont une autorité sur les démons et les principautés célestes. Quand aux miracles opérés par des personnes non-catholiques, ils peuvent être valides et efficaces à la condition que ces dernières n’en tirent aucune gloire, mérite ni argent, et que ces miracles soient reconnus comme venant exclusivement de Jésus et qu’ils soient dictés par l’Amour humble. J’en tiens pour preuve le questionnement légitime de saint Jean à son Maître Jésus à propos des exorcistes non-agréés : « Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : ‘Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent.’ Jésus répondit : ‘Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.’ » (Mc 9, 38-41). Pour le reste des événements ou prodiges extraordinaires réalisés par des faiseurs de miracles et autres guérisseurs-chamans, grande prudence ! Dieu n’est pas un magicien. Tout simplement parce qu’Il ne veut pas jouer de sa puissance pour nous acheter et s’imposer à nous ! Il nous veut libres. Il n’est pas un magicien ni simplement notre Sauveur. Il est bien plus que ça : Il est notre Salut même. Et Il est tellement humble et pas dans la performance qu’avant de partir de ce Monde, Il nous a même annoncé : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. » (Jn 14, 12-14).
Donc que les choses soient bien claires : même les devins qui ont des dons réels de médiumnité, même les magnétiseurs/radiesthésistes/maîtres reïki/marabouts/sorciers qui possèdent apparemment des dons de guérison, ne font pas de bien, ne guérissent personne : ils ne font que déplacer un mal. C’est pas pareil ! Sauf que dans l’instant, on a parfois l’impression du contraire. Je connais des personnes qui, par défiance vis à vis de la médecine traditionnelle et des hôpitaux ou vis-à-vis des prêtres de l’Église Catholique, par manque de réponses ou de solutions données par la science à leur mal-être, par désespoir de voir une maladie ou un drame dans leur vie les miner, ont consulté des guérisseurs charlatans en désespoir de cause, qui certes les ont soulagées sur le moment, mais pas du tout guéries. Pire que ça : ils n’ont fait que déplacer voire grossir leur problème, en plus de s’être rempli les poches ! Pour prendre une image simple et parlante, la magie blanche, c’est comme la neige : c’est beau sur le moment, mais après, bonjour les dégâts ! Idem concernant la magie rouge, très utilisée par les médiums, les voyants et rédacteurs d’horoscope : beaucoup de personnes esseulées, dépressives ou brisées après une peine de cœur et/ou un deuil, cherchant désespérément l’âme-sœur ou l’être cher disparu, vont consulter des astrologues ou des devins en entendant des prédictions flatteuses qui les rassureront autant qu’elles les effraieront. Et la carte bancaire va chauffer ! Et par rapport à la magie noire, beaucoup moins connue (excepté par les services de police et les prêtres exorcistes), elle est en pleine expansion aujourd’hui (messes noires, égrégores et orgies sadiennes mêlant drogues et sacrifices, rituels satanistes, viols de vierges et d’enfants, possessions démoniaques, pratiques magiques occultes et pactes avec Satan en personne, profanation de Jésus-hostie, etc.), même si on n’en voit que les effets à travers certains faits-divers prétendument « isolés » (maisons hantées, profanations de cimetières ou d’églises, disparitions et rapts d’enfants, vols d’hosties consacrées, meurtres ou suicides de prêtres et de religieuses, internements psychiatriques ou emprisonnements abusifs, cas de possessions démoniaques impressionnants, promotion médiatique féministe des sorcières, etc.). La magie, c’est pas du tout « magique » (au sens de « merveilleux »), en fait !
DANS LA SÉRIE JOSÉPHINE ANGE GARDIEN
Comme je viens de l’expliquer, il existe trois sortes de magies traditionnellement répertoriées par les sciences occultes : la magie blanche, la magie rouge et la magie noire. Même si ceux qui les pratiquent parleront davantage d’« énergies », de « dons ». À grands traits, la magie blanche s’oriente vers des fins dites « positives » ou préventives : résolution de problèmes, réussite matérielle, alignement des planètes, chance, guérisons, désenvoûtement, lutte contre les forces néfastes, etc. La magie rouge, quant à elle, concerne le domaine affectif et amoureux : amitiés, famille, amour(s), sentiments, filtres d’amour, facilitation des histoires amoureuses, etc. La magie noire est une magie motivée par des fins de vengeance, et vise la déroute d’un bourreau ou d’un monstre (la Bête) aux traits angéliques et spirituels. Les adeptes de la magie noire passent pour être nuisibles à la société (sorciers), tandis que les adeptes de la magie blanche (mages) sont censés rectifier ces troubles, ou les empêcher. Nous allons voir ces trois catégories de magie dans Joséphine, en sachant qu’il y a des sous-catégories (la magie verte, puisée dans la Nature, les végétaux et les animaux ; et la magie grise, puisée dans le cerveau, la force de la volonté et de la conscience, la matière grise et le Cosmos).
JOSÉPHINE EST DITE « MAGIQUE »
La série Joséphine ange gardien a pour objectif de réenchanter le quotidien des téléspectateurs et de leur faire oublier pendant 1h30 leurs soucis en leur offrant un peu de magie, de légèreté. C’est ça l’idée. Et Joséphine serait l’incarnation de cette légèreté facétieuse et innocente à la fois. Par exemple, dans l’épisode 69 « Double Foyer », en tant que vendeuse de lunettes chez un opticien, elle donne à un client, Victor, des lunettes magiques roses qui lui font voir la vie de la même couleur, et transforme sa femme désagréable en femme aimable. Ce rôle d’enchanteresse que se donne Joséphine lui vaut d’ailleurs quelques railleries voire réprimandes : « Et là, la Madame Tout-va-bien, elle sort sa baguette magique ? » (Stéphane) « Et pourquoi pas ? » (Joséphine, dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange »). Même si, la plupart du temps, il est quand même bien accueilli.
Les personnages de Joséphine qualifient les œuvres de notre ange gardien non de « divines », de « saintes », ou de « providentielles », mais de « magiques ». Souvent sous la forme interrogative : « Y’a pas d’autres mots. C’est magique. » (Alain en parlant du soufflé que Joséphine a élaboré en cuisine, dans l’épisode 44 « Le Festin d’Alain ») ; « Joséphine, vous êtes une magicienne. Je vous ai vu voler. » (le jeune écolier Augustin s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 60 « Une Prof ») ; « Vous êtes magicienne, c’est ça ? » (Germain s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 65 « Pour la vie ») ; « C’était magique. » (Bastien dans l’épisode 68 « Restons zen ») ; « T’es trop magique ! » (la petite Zoé dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée »). Sous couvert de leur demander leur rêve ou leurs désirs profonds, Joséphine enjoint même tous ses personnages à pratiquer la magie : « Si t’avais une baguette magique, tu voudrais faire quoi ? » (Joséphine questionnant Sandra, dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée ») ; « La magie, c’est comme le vélo. Ça s’oublie pas ! » (c.f. l’épisode 44 « Le Festin d’Alain »).
En règle générale, en plus de la « rêverie », la magie est synonyme, dans la bouche des personnages de la série, de volonté personnelle, de détermination. Il suffirait, pour qu’elle « marche », de croire fort en ses rêves et de garder son âme d’enfant : « Tout ce qui est cassé peut se réparer. Il faut simplement en avoir très envie. » (c.f. l’épisode 2 « L’Enfant oublié ») ; « Parfois ça existe les choses magiques. » (Stéphane) « Il faut juste y croire pour que ça marche. » (Marianne, dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange »). La magie va de pair également avec le concept de « plaisir-savoir-faire » : « Elle est banale, cette sauce. Sans magie. Sans imagination. En un mot, elle n’est pas digne de toi. » (Stéphane, l’associer du restaurateur étoilé Alain Rougier, dans l’épisode 44 « Le Festin d’Alain ») ; « J’crois que j’ai perdu ma magie, Joséphine. La touche ‘Rougier’. Ce petit truc miraculeux qui faisait toute la différence entre ma cuisine et celle des autres chefs. » (le cuisinier Alain Rougier, idem) ; « Bravo. Le savoir-faire, l’audace, le cœur. Tout y était. Et même davantage : une touche de folie, un rien de magie, un petit supplément d’âme. Merci Alain. Merci ! » (c.f. l’appréciation dithyrambique finale sur les plats cuisinés d’Alain, par Yves Chatel, le critique gastronomique à la plume habituellement acerbe, idem) ; « Tu vois, la musique, c’est un peu comme de la potion magique. Ça te rend invincible. » (Stan s’adressant à Fleur, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi »).
Depuis le départ, la série Joséphine ange gardien s’est placée sous le signe du merveilleux. Par exemple, l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants » est un enchaînement quasi continu de tours de magie. La magie a pris une telle place dans ce téléfilm qu’elle a même son espace topographique propre. Par exemple, dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », Joséphine et Sandra doivent retrouver l’« Escalier magique » du château imaginaire de la petite Zoé qui a fait une fugue. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », on trouve des lieux-dits de la chasse au trésor lancée par Joséphine en lien avec la magie : par exemple « Le Puits du Magicien ». En gros, parallèlement aux téléphones portables, la magie est le fil rouge des intrigues.
JOSÉPHINE, UNE PÂLE COPIE DES MAGICIENS CONNUS
Les tours et méthodes de Joséphine sont des emprunts à des magiciens connus mondialement. Joséphine est principalement le fac-similé français de la gouvernante magicienne londonienne Mary Poppins. Pourquoi ? Parce qu’elle s’occupe d’enfants – en particulier dans les premiers épisodes – et exerce souvent le métier de nounou (Au passage, le téléfilm qui est à l’origine de la série Joséphine ange gardien est « Une Nounou pas comme les autres », sorti en 1994) : « Je suis une gouvernante pas comme les autres. » (c.f. l’épisode 93 « Enfin libres ! »). À l’instar de Mary Poppins, en particulier dans les épisodes du début, Joséphine se ballade toujours avec un gros sac de voyage contenant beaucoup d’objets insolites qu’elle sort d’un espace sans fond. Comme la gouvernante britannique, elle pratique également la lévitation, communique avec les animaux, range des objets par télékinésie, voyage dans les airs, etc. Par exemple, dans l’épisode 4 « La Part du doute », elle boit une fiole contenant une potion magique qui lui fait décoller les pieds du bateau pour léviter et éviter le mal de mer. Dans l’épisode 60 « Une Prof », elle se met en lévitation pour regarder ce qui se passe dans la salle de classe de Fanny. Elle refait le même coup dans l’épisode 82 « Une Parenthèse enchantée » pour espionner par le hublot d’une porte qui n’est pas à sa taille. Bref, Joséphine a tout de la gouvernante proche des enfants et apportant la paix des ménages et des familles bourgeoises.
En plus de Mary Poppins, elle pastiche aussi d’autres magiciens télévisuels très célèbres : Samantha la sorcière bien-aimée, Merlin l’Enchanteur, l’Inspecteur Gadgets, Astérix, le Père Noël, un peu Zorro le justicier masqué. Par exemple, dans l’épisode 26 « Enfin des vacances… ! », quand Gaspard lui demande par où elle est entrée, elle lui répond « ben par la cheminée ». Dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur », elle se déguise en Père Noël. Dans l’épisode 58 « Liouba », elle se la joue chef d’orchestre lorsqu’elle travaille et commande aux ustensiles, comme dans « Merlin l’Enchanteur ». Dans l’épisode 67 « Les Anges », elle vante les vertus de la potion magique d’Astérix. Dans l’épisode 73 « Légende d’Armor », elle porte un foulard bleu avec des étoiles blanches, à l’identique de Merlin l’Enchanteur. Joséphine tape dans les clichés les plus rebattus de la magie télévisuelle. Par exemple, dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange », elle fait des tours de magie avec des cartes. On a même droit au tour du lapin blanc dans le chapeau noir, dans l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne » ! Dans l’épisode 98 « Haute Couture », elle se fait passer pour Bernardo dans Zorro.
Étant à la fois magicienne et de petite taille, elle s’identifie (ou est inconsciemment identifiée par les scénaristes de la série) parfois à la fée Clochette, au Génie d’Aladin (c.f. l’épisode 57 « Un petit coin de Paradis »), à Jiminy Cricket (quand elle devient miniature : c.f. l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », l’épisode 87 « Un pour tous », l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton »). Elle se prend tellement pour la fée Clochette que dans l’épisode 6 « Une Nouvelle Vie », elle déplace magiquement le jeune Thomas du Muséum du Jardin des Plantes jusqu’au domicile de sa mère, en lui faisant croire que c’est Peter Pan qui a opéré ce prodige de téléportation. On la voit d’ailleurs parfois enfermée dans des flacons (c.f. l’épisode 93 « Enfin libres ! »), ou bien figurée/décrite comme une petite libellule lumineuse et carillonnante volant dans les airs (c.f. l’épisode 77 « Dans la tête d’Antoine », l’épisode 87 « Tous pour un ») : « J’ai fait des rêves chelous. J’étais dans un tunnel de lumière, et y’avait Joséphine qui volait. » (Max, dans l’épisode 86 « Papa est un chippendale »).
Beaucoup de personnages de la série voient en Joséphine une bonne fée : « Prodigieux, tes massages. T’as vraiment des doigts de fée. » (Pierre s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 47 « Les Braves ») ; « J’y retourne. Parce que moi, ma baguette magique, elle est en panne. » (Élodie s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 64 « En roue libre »). Par exemple, dans l’épisode 34 « Un Passé pour l’avenir », Nina promet à Joséphine qu’elle sera la marraine de son futur enfant : « Toi, tu seras sa marraine… et son ange gardien ! ». Dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur », Jeanne offre une oursonne en peluche – qu’elle a baptisée « la Fée Joséphine » – à l’intéressée. Dans l’épisode 89 « Graines de chef », Joséphine est marraine d’un concours de cuisine et coache des élèves en gastronomie étoilée.
Pourtant, Joséphine n’aime pas être considérée comme une fée… même si, concrètement, elle se comporte comme telle : « Je suis votre marraine, alors je fais attention à vous. » (Joséphine s’adressant à Yasmina, dans l’épisode 62 « Yasmina ») ; « Je dois vous avouer que j’ai des doigts de fée. Au niveau couture. » (c.f. l’épisode 76 « Papa est un chippendale ») ; « Oh non, ça, c’est rien : c’est mon côté fée du logis ! » (Joséphine qui a tout rangé et nettoyé chez Zoé, en n’assumant pas d’avoir usé de la magie, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi »). Pourquoi un tel désaveu ? Elle veut juste que sa paresse – qu’elle appelle pompeusement « magie » – ne soit pas démasquée, ni être cataloguée comme une vestale ailée de contes pour enfants (la nunuche de service ou la vieille marraine) soumise aux codes naïfs et traditionnels de l’imagerie kitsch de la fée : « Et ces chaussons, j’en fais quoi ? Si c’est ceux de Cendrillon, c’est le boulot des fées. Moi, je suis pas fée, je suis ange gardien ! Pfff… » (c.f. l’épisode 18 « La plus haute marche ») ; « Transformer un citrouille en carrosse, c’est pas dans mes compétences ! » (c.f. l’épisode 28 « Robe noire pour un ange ») ; « J’y crois pas, moi, aux contes de fée ! » (c.f. l’épisode 38 « Ticket gagnant ») ; « C’est qui, Morgane ? C’est une fée ? » (c.f. l’épisode 73 « Légendes d’Armor ») ; etc. Elle préfère apparaître comme une fée Clochette non agréée, invisible, originale, rebelle, affranchie de tout modèle pré-établi (y compris celui de « la fée » !), auto-créée. Il arrive même que dans certains épisodes (c’est le cas dans le n° 51 « Ennemis jurés »), elle se présente sous la forme d’un angelot miniature volant, d’une luciole conseillère, d’une conscience lumineuse. Au fond, Joséphine, dans sa schizophrénie, veut être fée et agir comme une fée sans en porter le nom, la réputation ni la responsabilité des actes.
LE RAPPORT DE JOSÉPHINE À LA CONCURRENCE « MAGIQUE »
Joséphine ne supporte pas la concurrence sur le terrain de sa spécificité, la magie, et plus précisément concernant le pouvoir sur la matière. Dans un premier temps, elle prétend faire mieux que les savants de laboratoire, en supplantant la magie à la science. La science, aussi auréolée soit-elle par la série, finit quand même par être mise bien au-dessous de la magie. Et les experts de la médecine traditionnelle s’avouent vaincus : « Moi, je suis chercheur. Pas magicien ! » (Pierre Schaeffer, directeur d’un grand laboratoire pharmaceutique, dans l’épisode 52 « L’Homme invisible »).
Et dans un second temps, Joséphine s’en prend aux magiciens auto-proclamés. Alors bien sûr, pas aux petits magiciens d’opérette, car eux ne risquent pas de lui faire de l’ombre. Je pense par exemple dans l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne » au jeune magicien en herbes, Sébastien, le petit-fils d’Alfredo, qui fait des petits tours de magie tout mignons pour des spectacles de cabaret. En revanche, concernant les magiciens possédant de vrais dons surnaturels, là, elle réagit tout autrement ! Soit elle les tient à distance, comme c’est le cas avec le fameux Père Noël (« C’est vrai que t’es magique tout seul. Tu n’as pas besoin de moi. » lui avoue-t-elle, au moment du démarrage du traîneau, dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé »), soit elle les provoque en duel : « Je me demande si je ne suis pas en train de dérayer, moi aussi. Ou alors c’est ce magicien qui est vraiment très fort. Comment il fait pour provoquer un mini tremblement de terre ? Même moi, j’y arrive pas. » (Joséphine face au magicien Wallace, dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes »). Par exemple, dans l’épisode 69 « Double Foyer », Franck embarque un flacon de parfum pendant que Mélanie, sa maîtresse, a le dos tourné. De retour à la maison, il l’offre à Julie, sa femme, en se faisant passer pour « Francky le Magicien ». Et Joséphine fulmine contre cette contrefaçon !
Elle s’en prend aussi aux voyantes extralucides, comme Ariana dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur » : « Je suis comme vous, Ariana. Moi aussi, j’ai des pouvoirs. Simplement, ils sont peut-être un petit peu plus forts. ». Et finalement, tous les magiciens ou médiums de la série finissent par s’incliner devant l’omnipotence de Joséphine : « La vérité, c’est que vous êtes plus forte que moi. » (Ariana). Et bien sûr, au moment de leurs aveux d’impuissance, Joséphine jubile : « Un peu de lucidité, pour une voyante, ça peut pas faire de mal ! ». Dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », c’est au tour de la sorcière rousse Nolwen de menacer Joséphine par rapport aux forces invisibles surnaturelles pouvant la dépasser… ce qui ne suffira pas à déstabiliser l’assurance de notre ange gardien : « Il y a en Bretagne des mystères qui nous dépassent, et vous auriez tort d’ignorer la force de son histoire. […] La volonté des morts est parfois surprenante. Nous sommes soumis à des forces qui nous dépassent. Il ne faut pas négliger leur puissance. » (Nolwen) « Oui, mais moi je crois quand même beaucoup plus en la puissance de l’amour. » (Joséphine). Néanmoins, cette guérisseuse pique la jalousie et la susceptibilité de Joséphine qui la surnomme ironiquement « Madame Panoramix » (encore une référence à Astérix) tout en coupant court à la fascination que celle-ci exerce sur la naïve Marie : « Elle soigne les bobos de tout le monde. […] Comme sa mère, comme sa grand-mère. Elle a un don. » (Marie) « Oui… Un don pour semer la terreur. » (Joséphine, acerbe).
Joséphine s’en prend même à ses « collègues » anges gardiens qui la concurrencent dans le domaine de la magie et des faits extraordinaires (car ils n’ont pas les mêmes pouvoirs). Par exemple, dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », elle s’arroge l’exclusivité des tours de magie digitaux, et en interdit la pratique à Ismaël, son ange gardien stagiaire : « Je te préviens. Tu ne claques plus des doigts sans me prévenir ! […] Moi, j’ai le droit. J’suis la Cheffe ! ». Et quand il ne le fait pas, elle a le culot de le lui reprocher : « Pourquoi t’as pas claqué des doigts ? » (Joséphine) « T’as dit que c’était interdit. » (Ismaël). La magicienne en chef, c’est elle !
QUELS SONT LES TOURS DE JOSÉPHINE ?
En quoi consiste la magie de Joséphine ? Wikipédia a répertorié une bonne partie de ses actions : « Ses pouvoirs magiques sont déclenchés en claquant des doigts et lui permettent essentiellement : de se téléporter (elle-même ou autre) rapidement d’un endroit à un autre ; de ranger ou de laver les affaires ou les pièces les plus sales en quelques secondes ; de faire apparaître ou disparaître des objets ; de parler aux animaux et aux fantômes ; d’entendre des conversations à distance ; de faire de la télékinésie ; de faire de la télépathie ; de remonter le temps (mais elle ne peut pas changer l’avenir si elle retourne dans le passé – épisode 80 ‘Le Secret de Gabrielle’) ou de prédire l’avenir ; de faire sortir toutes sortes d’objets de son sac, un peu comme Mary Poppins ; de faire changer d’apparence un être vivant ; d’empêcher une voiture de démarrer ; d’effacer la mémoire d’un ou de plusieurs personnages ; de générer du feu ou de faire brûler des objets ; de voler à grande vitesse ou de s’élever dans les airs ; de créer des incidents cocasses ou malicieux, par exemple faire tomber dans l’eau un individu indésirable ou encore endormir quelqu’un. Presque tous les épisodes comportent un élément de ce genre. Toutefois, Joséphine n’est pas toute-puissante et ses capacités sont limitées ; elle dit elle-même par exemple ne pas être capable de déclencher un tremblement de terre (épisode 54 ‘Chasse aux fantômes’). » C’est une liste relativement exhaustive des actions surnaturelles menées par l’ange gardien.
La plupart du temps, en apparence, Joséphine emploie la magie blanche, c’est-à-dire une magie bénéfique accompagnée d’une lumière blanche, jaune ou bleue, et d’un signal sonore (le carillon bien caractéristique). De plus, l’héroïne s’habille souvent de blanc, surtout dans les premiers épisodes. Elle arrive même parfois recouverte de neige (c.f. l’épisode 62 « Yasmina », l’épisode 91 « Un Noël recomposé ») ou de plumes blanches (c.f. l’épisode 75 « Belle mère, belle fille »). Elle se décrit comme un bonhomme de neige dans l’épisode 14 « La Fautive ».
Il est quelquefois fait référence dans Joséphine à la couleur blanche dans un contexte métaphysique, comme s’il s’agissait d’un flash électrique foudroyant, d’une illumination blafarde, onirique et fantomatique : je pense par exemple au paparazzi Max Leblanc dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette », à la comparaison ironique du proviseur de l’épisode 60 « Une Prof » au « chevalier blanc », à l’éclair blanchâtre du cauchemar moyenâgeux de Joséphine menacée par un chevalier en armure dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », aux deux étoiles blanches de Coupe du Monde de foot gagnées par les Français et survolant les nuages blancs dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », aux courriers blancs des lettres du Père Noël volant comme des colombes vers le Ciel dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », etc.
La magie blanche est l’invocation d’esprits pour obtenir un bien. Sauf que ces esprits sont en fait des démons ; et que lorsqu’un démon réalise un bien, il l’accompagne d’un mal pire que le bien apporté… Voilà pourquoi la présence du blanc dans la série n’est en général pas bon signe : « T’es blanche comme un cul. T’as vu un fantôme ou quoi ? » (Amélie s’adressant à Jeanne, dans l’épisode 72 « Les Boloss ») ; « T’es toute blanche Joséphine. On dirait un ange. » (Cecilia qui a des problèmes de vision, dans l’épisode 98 « Haute Couture » ). Le blanc renvoie à la mort ou à la chute, au revers de la couleur noire. On le constate au tout début de l’épisode 75 « Belle mère, belle fille » où Joséphine, telle une Dame Blanche ou un ange déchu, atterrit « accidentellement » dans un lit de plumes immaculées, en pleine représentation dramatique du Lac des Cygnes à l’Opéra. On peut penser également à la prédominance chromatique du blanc dans l’univers architectural guindé du handicap dû à un accident dans l’épisode 64 « En roue libre », au coma blanc dans l’épisode 77 « Dans la tête d’Antoine », à la blancheur chirurgicale du concours de cuisine et de la cocaïne dans l’épisode 89 « Graines de chef ». Dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », le jeune Maxime, 12 ans, se désagrège dans un nuage de fumée magique blanche sous les yeux impuissants de l’ange gardien Ismaël.
Il y a aussi, dans la magie blanche, une dimension clairement technologique. Ce n’est pas un hasard si le lithium, qui compose les téléphones portables et les batteries, est baptisé « l’or blanc ». La « magie » de Joséphine ange gardien repose davantage sur le courant électrique et les connexions Internet/solaires que sur la sainteté. On ne peut que constater qu’elle est dépendante d’un réseau électrique, d’un champ électromagnétique, d’une couverture satellite. Dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », par exemple, notre héroïne ne doit sa magie qu’à l’électricité : « Ah beh voilà ! J’espère que je vais avoir du réseau, ici. ». Avant, Joséphine pouvait faire de la magie même à l’intérieur des maisons, et pas qu’à l’extérieur. Visiblement, dans cet épisode, elle ne peut agir qu’à l’extérieur, dans des lieux où « ça capte » : « Ça capte pas, ici, ou quoi ? Ça va capter dehors ! ».
Mieux qu’Engie, notre ange gardien peut, à distance et d’un claquement de doigts, allumer tout objet lumineux : par exemple un phare maritime (c.f. l’épisode 4 « La Part du doute »), les réverbères (c.f. l’épisode 11 « Pour l’amour d’un ange »), les éclairages d’un musée (c.f. l’épisode 66 « De père en fille »), les sabres-laser de Star Wars (c.f. l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais » et l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée »), les télévisions (c.f. épisode 81 « Enfants, mode d’emploi »), etc. Joséphine se sert de la magie comme d’une enceinte connectée Google Home à qui elle donne des ordres. Par exemple, dans l’épisode 48 « Les Majorettes », elle éteint la lumière de sa lampe de chevet d’un claquement de doigts, alors qu’elle a l’interrupteur juste à côté d’elle. Dans l’épisode 50 « Le Frère que je n’ai jamais eu », elle commande aux éclairages façon régisseur-plateau : « Lumière ! » lance-t-elle, en faisant tomber sur César au piano un faisceau de lumière-douche bleutée sur lui. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », elle se munit d’une lampe électrique torche d’un claquement de doigts. Dans l’épisode 89 « Graines de chef », elle allume les guirlandes électriques dans un kiosque. Dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », elle branche magiquement les guirlandes électriques du jardin de la maison de Florence en un claquement de doigts. Ça me fait penser au déluminateur de Dumbledor dans Harry Potter, qui éclaire à distance (« Harry Potter et les reliques de la mort »).
Avec Joséphine, les doigts claqués ensemble produisent de l’électricité magique. On le remarque surtout lorsque ça ne marche pas : « Qu’est-ce qu’il se passe ? Y’a un faux contact ? » (c.f. l’épisode 28 « Robe noire pour un ange ») ; « À mon avis, je dois avoir un faux contact. » (c.f. l’épisode 39 « Profession menteur ») ; « Pourquoi ça marche pas ? J’aime pas ça du tout !! » (Joséphine aux prises avec un orage qui a coupé l’électricité d’un hôpital perdu en pleine jungle thaïlandaise, dans l’épisode 68 « Restons zen ! ») ; etc. L’efficacité du claquement de doigts joséphinien est assez aléatoire. Parfois, Joséphine doit s’y prendre à plusieurs fois et ça ne fonctionne pas du premier coup (c.f. l’épisode 31 « Noble Cause », l’épisode 66 « De père en fille »). Elle se plaint à plusieurs reprises d’« arthrose doigtale » (c.f. l’épisode 64 « En roue libre ») ou de « crampes aux doigts » (c.f. l’épisode 58 « Liouba ») quand son claquement de doigts déconne. Habituellement, Joséphine a le contrôle de l’électricité et des groupes électrogènes. Mais elle pique une crise dès que ça ne lui obéit plus : « Opération Pétard mouillé. » (c.f. l’épisode cross-over avec Camping Paradis « Un Ange au camping »). L’automatisme des pouvoirs (électriques) des anges gardiens peuvent les rendre hystériques et impatients : « Allez ! Mais allez, Bon Dieu ! » (l’ange-stagiaire Gabriel jure parce que son claquement de doigt de téléportation ne fonctionne pas du premier coup, dans l’épisode 20 « Le Stagiaire ») ; « Qu’est-ce qu’il se passe, là ? Y’a une panne ? Rhhho… je déteste marcher ! » (Joséphine qui claque des doigts et ça ne marche pas, dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor ») ; « Je n’en peux plus, moi. Comment ils font, ceux qui ne claquent pas des doigts ? » (Joséphine au moment de poursuivre Morgane qui s’enfuie vers un phare trop éloigné pour elle, idem).
Selon moi, l’usage le plus représentatif de la magie blanche joséphinienne, c’est celui qui paralyse/met en pause les personnes, les actions et les événements, comme s’ils étaient durcis par de la glace invisible lancée par Joséphine, ou bien comme si la vie était un vidéo sur laquelle elle pouvait faire « ON/OFF ». Il arrive en effet que Joséphine immobilise les gens ou fige une action potentiellement catastrophique pour éviter un accident fatal ou une engueulade interminable : François sautant du pont en tentant de se suicider et mis magiquement en suspension dans l’air (c.f. l’épisode 78 « Carpe Diem »), les adolescents turbulents de la colonie de vacances (c.f. l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent »), la foire d’empoigne entre invités d’un mariage dans un hôtel (c.f. l’épisode 88 « Trois campeurs et un mariage »), le footballeur Christian Karembeu faisant de la pêche (c.f. l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur »), etc.
TÉLÉKINÉSIE : LES OBJETS SOUMIS
Joséphine fait de la télékinésie, c’est-à-dire qu’elle commande aux objets par la pensée et à distance, tantôt en les faisant planer dans les airs, tantôt en les animant. Sa magie téléguide en particulier les objets connectés : téléphones portables, ordinateurs, drones, voitures ou camions, qu’elle allume, dirige, arrête, redémarre, répare, fait disparaître, à sa guise. Les exemples sont si nombreux que je n’en dresserai pas la liste ici.
Parfois, elle aménage et décore au grand complet un lieu (c.f. l’épisode 5 « Une Mauvaise Passe », l’épisode 22 « Belle à tout prix », l’épisode 28 « Robe noire pour un ange », l’épisode 35 « Coupée du Monde », l’épisode 58 « Liouba », l’épisode 67 « Les Anges », l’épisode cross-over avec Camping Paradis « Un Ange au camping », l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton »).
Avec Joséphine, c’est le claquement de doigts du dictateur : c’est tout, tout de suite. Elle ne supporte pas le différé. Par exemple, dans l’épisode 83, elle dresse magiquement la table du petit déjeuner. Pour avoir de la nourriture, elle n’a qu’à claquer des doigts, et elle obtient une assiette garnie (c.f. l’épisode 55 « Un Bébé tombé du ciel »). Elle ne manque de rien. Dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », en un claquement de doigts, elle se donne son sac de voyage sans avoir à le chercher ni à le faire. Son maillot de bain, également. Dans l’épisode 77 « Dans la tête d’Antoine », elle se fait apparaître un immense sandwich d’un claquement de doigts : « Je rêve d’un p’tit sandwich. ». Joséphine dicte, commande, et obtient souvent le résultat exact de sa recherche. Par exemple, dans l’épisode 19 « Nadia », elle change en un clin d’œil le parfum des poubelles : « ’Odeur de rose’ ! Eh ben voilà : c’est mieux ! ». Elle a un rapport magique et totalitaire au Réel qui est celui d’un utilisateur de Google Home, c’est-à-dire d’un consommateur-commandeur, d’un chef d’orchestre. Je veux = J’ai ! Elle commande aux éléments et aux êtres avec une télécommande invisible. Elle augmente le volume vocal des gens, dose la luminosité et les conditions climatiques. C’est limite si elle ne règle pas la température ambiante (thermostat) ! Par exemple, dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », d’un claquement de doigts, elle augmente le volume de la voix du jeune Mathis, souffleur, pour que son grand-père Gaston l’entende et n’oublie pas son texte lors d’un spectacle médiéval. Comme Lady Million de Paco Rabanne, Joséphine obtient ce qu’elle veut. Ses désirs sont des ordres. Par exemple, dans l’épisode 50 « Le Frère que je n’ai jamais eu », elle fait apparaître son caddie de courses d’un claquement de doigts, sans les avoir faites. Dans l’épisode 32 « La Couleur de l’Amour », pour rester au lit, elle use de la magie et fait traire mécaniquement les vaches à distance. Dans l’épisode 51 « Ennemis jurés », Antoine menace Mareuil avec son fusil. D’un claquement de doigts, Joséphine empêche le drame et enraye le fusil. Dans l’épisode 56 « Tout pour la musique », Juliette jette son violon dans la Seine, mais magiquement, Joséphine l’empêche de tomber à l’eau et le transforme en violon volant qui revient docilement dans les mains de sa maîtresse : « C’est toi qu’as fait ça ? » (Juliette) « Non mais ça va pas. Tu crois que je peux faire déplacer des objets en claquant des doigts ? » (Joséphine).
Elle a aussi le pouvoir d’inventer des objets jamais créés. Par exemple, dans l’épisode 85 « La Femme aux gardénias », en pleines années 1920, elle fait venir du haut du ciel deux sphères d’aspirateurs-robots circulaires nouvelle génération : « Bon allez. J’invente l’aspirateur. Bonjour les copains ! ». Dans l’épisode 93 « Enfin libres ! », Joséphine fait apparaître en 1861 une machine à café hight-tech et lui parle : « Alors ? Comment tu marches, toi ? ».
Les tours magiques de Joséphine sont parfois liés au changement de costumes, comme dans la série Wonder Woman : « L’habit fait pas le moine, mais il peut faire le job. » (c.f. l’épisode 14 « La Fautive ») ; « Vous permettez que j’aille me changer ? » (c.f. l’épisode 89 « Graines de chef »). Le Ciel, c’est le coffre à déguisements, le dressing : c.f. l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », 17 « Paillettes, claquettes et champagne », 79 « Je ne vous oublierai jamais », 81 « Enfants, mode d’emploi » et 84 « T’es ki toi ? ».
Mais Joséphine pousse la fusion matérialiste jusqu’à s’incorporer carrément à l’intérieur des objets, tel un Homme Invisible narcissique et caméléon, et devenir objet elle-même. Par exemple, dans l’épisode 59 « Suivez le guide ! », elle s’insère dans un tableau de Michelle exposé à la Place du Tertre, pour surveiller et écouter le dialogue entre l’artiste peintre et son ex-mari François. Dans l’épisode 85 « La Femme aux gardénias », dans l’atelier d’Henri où sont exposées toutes ses peintures, Joséphine s’est introduite carrément dans un tableau pour passer incognito et y surveiller Hippolyte. Dans l’épisode 87 « Tous pour un », elle se transforme en femme invisible espionne qui se fond dans un décor street art, une fresque taguée, pour écouter la conversation entre Cédric et Jules. Plus tard, elle se matérialise aussi en vitre pour entendre la discussion entre l’Inspecteur et Jules.
En règle générale, Joséphine se sert de la magie pour espionner (c.f. l’épisode 18 « La plus haute marche »). Par exemple, dans l’épisode 31 « Noble Cause », elle épie magiquement les conversations. Dans épisode 82 « La Parenthèse enchantée », pour regarder à travers le hublot d’une porte qui n’est pas à sa taille, elle fait comme Mary Poppins : elle défie la loi de l’apesanteur et se met en lévitation. Dans les derniers épisodes, elle a même le pouvoir d’espionner à proximité des personnes qu’elle veut écouter en apparaissant en mode invisible juste à côté d’eux : par exemple, dans l’épisode 89 « Graines de chef », elle s’installe sur la plage arrière de la voiture où se trouvent enfermés Chloé et Alexis. Dans l’épisode 87 « Tous pour un », elle apparaît sur un écran d’interphone de porte d’entrée d’un immeuble où Jules et ses frères refusent de lui ouvrir. Par magie, elle claque des doigts et retourne la caméra pour écouter à travers l’interphone la discussion à l’intérieur de la maison. Elle emploie aussi une autre technique pour voir ce qui se passe chez la curieuse fratrie : elle utilise la fenêtre d’une voiture comme miroir et caméra diffusant en direct les images de l’intérieur de l’appartement.
Mieux que les Pages jaunes et blanches, la magie de Joséphine lui permet de connaître le numéro de téléphone portable des gens sans même avoir à le leur demander : par exemple, celui du jeune Mathis dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », celui du patron de Jérémie qu’elle note sur un post-it dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé » (« Ça tombe bien : j’ai son numéro sur moi ! »). Joséphine, c’est un annuaire téléphonique sur pattes. « T’es sûre que c’est le bon numéro ? » (Gaspard) « Sûre. » (Joséphine). Elle sait l’intégralité des données informatiques que les utilisateurs du portable ont laissées lors de leur navigation sur la toile et le réseau de téléphonie mobile. Par exemple, dans l’épisode 84 « T’es ki toi ? », elle a accès, d’un claquement de doigts, à l’historique Facebook du portable de Mélanie. Mais le numéro magique humanisé qui dépasse tous les autres en importance, c’est sans conteste Joséphine en personne : « T’es un sacré numéro, toi. » (Mario s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 63 « Le Cirque Borelli ») ; « J’suis tombé sur le bon numéro, là, tiens ! » (Jean-Pierre se désolant de Joséphine, dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé »).
LA MAGIE C’EST LE CODE
En plus de réparer les objets, Joséphine use également de la magie comme une clé ou un code (mot de passe) pour forcer/ouvrir les portes, les ordinateurs et les coffres forts : c.f. l’épisode 18 « La plus haute marche », l’épisode 19 « Nadia », l’épisode 25 « Tous en chœur », l’épisode 41 « Les deux font la paire », l’épisode 44 « Le Festin d’Alain », l’épisode 49 « Joséphine fait de la résistance », l’épisode 50 « Le Frère que je n’ai jamais eu », l’épisode 53 « Marie-Antoinette », l’épisode 52 « L’Homme invisible », l’épisode 55 « Un Bébé tombé du ciel », l’épouse 56 « Tout pour la musique », l’épisode 58 « Liouba », l’épisode 60 « Une Prof », l’épisode 61 « Un Monde de douceur », l’épisode 70 « Tango », l’épisode 67 « Les Anges », l’épisode 68 « Restons zen », l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie », l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle », l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », l’épisode cross-over avec Camping Paradis « Un Ange au camping », etc.
La magie, grosso modo, c’est le Code. Et Joséphine, c’est Passe-Partout dans Fort Boyard (sans rire). Presque aussi minus qu’une clé. Et c’est aussi Clé-Minute. Elle se prend pour saint Pierre ! « Tiens : je sais que c’est affreusement classique. Mais c’est pratique pour ouvrir une porte. » (Joséphine qui, en un claquement de doigts, fait un double de la clé du portail du pensionnat, et le donne à Gabrielle) « Comment t’as fait ? » (Gabrielle) « Ben y’a pas que toi qui collectionnes les clés… » (Joséphine, dans l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle »). L’ange gardien semble être la seule détentrice du saint Code secret. C’est son fameux claquement de doigts qui le compose. Sa magie, c’est le Code. Ses doigts sont des clés. Par exemple, dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur », pour trouver le dossier Marsac, elle entre par effraction dans la chambre d’hôtel d’Aurélia, met la main sur l’ordinateur portable de cette dernière, et « lance un code » pour trouver le mot de passe. Dans l’épisode 69 « Double Foyer », elle s’introduit dans l’ordinateur du Docteur Letellier pour y consulter le dossier médical de Franck. Elle est confrontée au barrage du code inconnu : « Ah mince… y’a un mot de passe. Comment je fais, moi ? Ben comme d’habitude ! ». Là encore, d’un claquement de doigts, elle trouve le bon code et viole toutes les règles de confidentialité des données médicales. Dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », elle pénètre dans la chambre de Morgane, y ouvre l’ordi portable de la jeune fille et se réjouit de ne pas avoir à fournir de clé (« Super, y’a pas de code ! »). Dans l’épisode 76 « Papa est un chippendale », elle saute l’étape d’identification et de déverrouillage d’un téléphone portable. Dans l’épisode 78 « Carpe Diem », pour son usage immédiat, elle s’introduit dans un ordinateur qui n’est pas le sien, en le déverrouillant d’un claquement de doigts : « Bonjour, mon p’tit ordinateur. Alors… mince, y’a un mot de passe. Tu crois p’têt que ça va m’arrêter ? Eh ben non ! […] Eh ben voilà, c’est ce que je cherchais ! Merci. ».
Joséphine ne fait pas comme Jésus qui traverse les portes et les murs (Jn 20, 19) : « Je traverse pas encore les murs. » dit-elle par exemple à Christophe qui se demande comment elle est entrée chez lui, alors que c’était fermé, dans l’épisode 64 « En roue libre ». Elle, elle « résout » les serrures (il n’y a que dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes » où elle casse/fait fondre les cadenas !) ou bien se téléporte directement à l’intérieur des lieux qu’elle souhaite pénétrer. Elle ne traverse rien, contrairement à ce que croient certains personnages : « Joséphine peut passer à travers les murs. » (Alice dans l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants »). Elle ne détruit même pas les portes : elle les déjoue, comme une barrière de jeu vidéo, une énigme de cambrioleur, un passage secret, une caverne d’Ali Baba. Par exemple, dans l’épisode 35 « Coupée du Monde », Joséphine soulève d’un claquement de doigts les persiennes mécaniques de l’entrée d’un magasin de literie, en pleine nuit : « Comment t’as fait ? » (Geneviève) « C’est un copain cambrioleur. Il m’a tout expliqué. » (Joséphine). Dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », elle trouve le passage secret du château écossais où un illusionniste fait croire à l’existence de fantômes par des effets spéciaux.
Quand la barrière portale ne peut pas être franchie corporellement, Joséphine s’arrange pour la franchir autrement. Elle revient sous forme de regard (d’un ange en lévitation ou d’image-caméra), et même sous forme de liquide et de gaz. Par exemple dans l’épisode 87 « Un pour tous », Joséphine se fait fermer la porte au nez du domicile de Jules. Elle revient à la charge en apparaissant sur l’écran de caméra d’interphone de porte. Pour contourner les portes officielles, Joséphine utilise toutes les entrées possibles inimaginables. Des entrées qui la rendent liquide voire aérienne : « T’es venue par la cheminée ? » (Alice) « Ah non. Ça, c’est le Père Noël. J’vais pas lui piquer son boulot. Disons que je suis venue par l’aération. » (Joséphine, dans l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants »). On retrouve cette idée qu’elle se prend pour un Génie de la lampe, un souffle immatériel, une particule de poussière miniature, un liquide circulant dans un cylindre ou un conduit étroit. Par exemple, dans l’épisode 18 « La plus haute marche », notre ange gardien se propulse magiquement et directement au cinquième étage… et cette accélération a l’effet d’un passage dans un tube, dans un toboggan défrisant ou dans un vortex énergisant qu’elle traverse : elle en ressort toute décoiffée, les cheveux tout ébouriffés. Joséphine compare parfois les portes avec des tuyaux dans lesquels s’engouffrer : « Par où êtes-vous rentrée dans mon taxi ? » (le chauffeur) « Ben par la portière. Je ne vais pas passer par le pot d’échappement ! » (Joséphine, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire »). Ce contournement résonne comme une menace (une sorte de défi « Rien ne me fera barrage et vous ne m’échapperez pas ! ») : « Je pars par la porte mais je reviendrai par la fenêtre ! » (c.f. l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur »). Dans l’épisode 83 « Sur le cœur », notre héroïne force la porte de la caravane obstruée par Justine à s’ouvrir brutalement sous l’effet de son claquement de doigts. « Qu’est-ce qui se passe ? » demande Charline, la mère de la jeune fille, choquée du revirement incompréhensible de situation. Joséphine, pour cacher son tour, sort l’alibi du coup de vent : « Courant d’air, j’vois qu’ça. »
Parfois, ce forçage de portes passe pour une libération : Joséphine aide les gens à sortir de leur cage et à ouvrir la porte de leur « prison ». Par exemple, dans l’épisode 24 « Un Frère pour Ben », le jeune Lazlo parvient à s’enfuir du poste de police car l’ange gardien ramollit les barreaux des fenêtres de sa cellule. Mais la plupart du temps, l’ouverture de portes joséphinienne est une violation de liberté ou d’intimité. Joséphine fait fi des espaces clos, a fortiori quand leur(s) occupant(s) a voulu s’y cloîtrer (il s’agit d’ailleurs très souvent d’adolescents). Par exemple, dans l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne », elle déverrouille la porte des toilettes scolaires où le jeune Sébastien s’était planqué. Dans l’épisode 18 « La plus haute marche », elle rentre de force dans la chambre fermée à clé de la jeune Aurélie. Dans l’épisode 53, elle trafique la porte de la loge d’Aldo, et l’ouvre alors que l’intéressé est en train de s’y droguer. Et plus tard, dans une chambre d’hôtel de luxe parisien, elle force d’un claquement de doigts la serrure de la salle de bain où s’est enfermée la jeune Amélie. Dans l’épisode 67 « Les Anges », d’un claquement de doigts, elle force la serrure de la porte de la chambre de Simon fermée à clé, et rentre alors qu’il s’était barricadé.
Le forçage de porte annonce une activité joséphinienne délictueuse, ou au moins illégale. Par exemple, dans l’épisode 35 « Coupée du Monde », Joséphine déverrouille la porte du garage d’une maison champêtre inhabitée où elle et Geneviève décident de squatter. Dans l’épisode 43 « Sur les traces de Yen », elle rentre par effraction dans un temple bouddhiste fermé. Dans l’épisode 44 « Le Festin d’Alain », d’un claquement de doigts, elle entrouvre la porte du bureau d’Alain où ce dernier est en pleine réunion. Dans l’épisode 52 « L’Homme invisible », elle ouvre la porte verrouillée du bureau de Pierre Schaeffer. Plus tard, elle rentre de force dans le bureau d’un DRH alors que la secrétaire de ce dernier s’y oppose. Dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », elle ouvre la porte verrouillée de la chambre de Rebecca où la jeune femme a vu le spectre de son père lui apparaître et provoquer un incendie. Dans l’épisode 57 « Un petit coin de Paradis », elle ouvre la porte pourtant fermée à clé d’une salle du club où Éric et Florence s’embrassent, et met hypocritement en doute la solidité du verrou : « Il faut que tu vérifies ta serrure, elle doit être cassée. ». Dans épisode 63 « Le Cirque Borelli », elle ouvre magiquement la porte la caravane de Charlie pour fouiller et y chercher des preuves compromettantes contre lui. En fait, Joséphine s’arrange toujours pour prendre les gens en faute (ou en plus grande faute qu’elle) afin de justifier ses infractions, ses perquisitions, ses violations de domicile ou d’intimité peu orthodoxes.
LA MAGIE COMME MOYEN DE TRANSPORT
Joséphine utilise aussi la magie pour ses déplacements et pour se téléporter. Par exemple, dans l’épisode 19 « Nadia », elle gravit les escaliers de l’immeuble parisien par magie, pour s’économiser la montée. Dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », elle monte magiquement sur les remparts du château des McAlister. Elle se fait même livrer « miraculeusement » des véhicules tombant du Ciel : une voiture dans l’épisode 56 « Tout pour la musique », une caravane dans l’épisode 39 « Profession menteur », un pick-up dans l’épisode 83 « Sur le cœur », etc. Parfois, elle téléporte d’autres personnes qu’elle (il suffit de lui donner la main et faire avec elle une belle Chaîne d’Union maçonnique…) : le jeune Thomas dans l’épisode 6 « Une Nouvelle Vie », Sandra en plein sommeil dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », Jeanne endormie dans l’épisode 72 « Les Boloss », Antoine l’homme dans le coma dans l’épisode 77 « Dans la tête d’Antoine », François en plein rêve dans l’épisode 78 « Carpe Diem », etc.
Notre ange gardien ne téléporte que des êtres vivants qui ont pour particularité de ne pas avoir de volonté, donc qui, du coup, vont se laisser soumettre. En premier lieu, les animaux. Par exemple, dans épisode 32 « La Couleur de l’Amour », en un claquement de doigts, Joséphine déplace un troupeau de vaches où elle veut, d’un pré à l’autre. Dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », elle entraîne avec elle Sam-Sam le chameau : « Alors, le champion, qu’est-ce que tu dirais d’une petite téléportation ? ». Elle ironise même sur l’incapacité des animaux à se téléporter tout seuls sans elle. Notamment, dans l’épisode 74 « Tous au zoo », Clara, la directrice d’un zoo, essaie de comprendre comment le lion Spartacus a pu s’échapper de son enclos : « Si c’est pas la clôture, c’est que quelqu’un a laissé l’enclos ouvert… Y’a bien une explication. Il s’est pas téléporté. » (Clara) « Oh ben non. C’est sûr qu’un lion, il peut pas claquer des pattes. » (Joséphine).
Mais en second lieu, Joséphine téléporte les Humains, soit quand ils ne sont pas conscients, soit quand ils deviennent des témoins gênants faisant obstacle à ses manigances : les personnes dans un état de sommeil profond (par exemple, dans l’épisode 72 « Les Boloss », elle déplace Jeanne du canapé du salon à son lit, par téléportation), les personnes fortement alcoolisées (dans l’épisode 20 « le Stagiaire », elle fait carrément disparaître un mec bourré dans une fête improvisée du foyer de Nina), les témoins oculaires potentiellement dangereux (dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », Joséphine et ses amis occupent une maison abandonnée sans autorisation de leurs propriétaires, et lorsqu’un voisin fourre son nez sur cette occupation illicite et est sur le point de donner l’alerte, notre héroïne claque des doigts pour s’en débarrasser, et le pauvre voisin disparaît instantanément : « Mince. Où je l’ai envoyé ? »).
MAGIE ROUGE
Les anges ne peuvent pas forcer les Humains à tomber amoureux. C’est écrit dans leur déontologie. « Boss, tu sais très bien que la magie, ça marche pas sur les sentiments. » (Ismaël, l’ange gardien stagiaire de Joséphine, s’adressant à celle-ci, dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur »). Splendide hypocrisie de la nuance apportée par Joséphine : les anges gardiens n’agissent pas à la place des gens : ils « créent les conditions » LOL. Ouf ! Ça change tout ! Cet interventionnisme limité et cette interdiction de création d’Amour semblent être le propre des magiciens cinématographiques du Monde entier. Par exemple, la gouvernante-magicienne british Nanny McPhee le dit explicitement dans le film « Nanny McPhee II » (2005) de Kirk Jones : « Je ne peux pas me mêler des histoires de cœur. ». Et le Génie de la lampe dans le dessin-animé « Aladdin » (1992) de Walt Disney s’impose la même prohibition : « Je ne peux malheureusement pas obliger les gens à tomber amoureux. »). En fait, la règle sous-jacente de cet interdit, c’est l’inviolabilité de la liberté humaine donnée à tout Homme par le Dieu-Créateur distinct de Lui.
Néanmoins, Joséphine enfreint cette règle basique. Elle fait tout, visiblement, pour éradiquer les célibataires de la surface de la Terre : « C’est pas humain de ne pas avoir d’amour. » (c.f. l’épisode 7 « Une Santé d’enfer ») ; « C’est important d’avoir quelqu’un dans sa vie. » (Elena dans l’épisode 66 « De père en fille »). Les missions de Joséphine se limitent souvent à composer/rabibocher des couples. Il y a même certains épisodes où tout le monde finit en couple : jeunes et adultes ! On dirait que c’est l’unique but et obsession de la série : la couplisation ! Le célibat est vu comme une anomalie. Par exemple, dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie », tous les personnages finissent par se caser. Même Sylvie, l’irréductible déçue des hommes, sort avec Cassel : « Je commence à croire que la solitude n’est pas une fatalité dans notre famille. ». Dans l’épisode cross-over avec Camping Paradis « Un Ange au camping », les G.O. du camping, dont Joséphine fait partie, est un staff-agence-matrimoniale (seul l’insupportable Christian Parisot est bon pour rester un célibataire endurci). Joséphine veut absolument que le couple Olivier/Mathilde se reforme (« Oui, ils vont bien… mais ils sont pas amoureux ! Je serais pas là autrement. »), et harcèle son complice Tom, en lui martelant ses intuitions… comme si finalement la seule répétition de l’intention personnelle verbalisée avait le pouvoir – comme dans les incantations répétées – de créer l’Amour à distance : « Olivier, je suis sûre qu’il est toujours amoureux de Mathilde ! […] Tu vas pas me dire qu’ils ne sont pas faits l’un pour l’autre ?! […] Je suis sûre que ça peut encore marcher entre Mathilde et Olivier !! ». Bon, ça va… j’crois qu’on a compris…
Au départ, Joséphine s’annonce comme une simple facilitateuse de couples. Elle exerce même une fois le métier officiel de « marieuse ». C’est pour vous dire ! Par exemple, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi », d’un claquement de doigts, elle s’offre une fausse interview télévisée d’elle vantant ses mérites de Weading Planner Internationale, où elle dit avoir organisé les mariages d’une pléiade de stars : « C’est grâce à vous, tout ça ? » s’enthousiasme le présentateur de TF1 Christophe Beaugrand. Pour lui répondre, elle joue la fausse modeste et celle qui n’a apporté qu’une contribution dérisoire à un amour déjà présent sans sa participation : « Oui… enfin… non. Ces personnes s’aimaient avant de se rencontrer. Mais disons qu’en toute modestie, j’ai contribué à faire de ces événements un moment inoubliaaable ! »
Joséphine prétend connaître la recette de l’Amour et de la séduction, et se place en experte : « J’me suis quand même pas trompée ? J’étais persuadée qu’il craquait pour Sandra ! » (Joséphine croyant à tort qu’Olivier a une conversation téléphonique avec une certaine « Clémence », et chiffonnée que cette découverte déjoue ses plans amoureux d’union entre Sandra et Olivier, dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée ») ; « Quand des cœurs purs comme les nôtres se rencontrent, le ciel si gris prend une couleur de braise ardente. L’amour pour nous était d’une douceur étrange. J’ai soudain senti dans mon corps un feu ardent. Et j’ai dit oui. Je t’ai voulu. » (c.f. la chanson chantée par Joséphine dans le générique final de l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton »). Par exemple, dans l’épisode 67 « Les Anges », elle se permet de noter les bons et les mauvais points des autres personnages (Franck Garcia) « au niveau technique de drague ». En parfaite entremetteuse, elle s’amuse à former les couples. Dans un premier temps, elle se contente de donner un léger « coup de pouce » (comme elle dit) : « Nous, on a juste donné un coup de pouce. Maintenant, c’est à eux de choisir ce qu’ils ont envie de faire. » (c.f. l’épisode 66 « De père en fille ») ; « La machine est lancée. Maintenant, je ne peux plus rien faire pour eux. » (c.f. l’épisode 52 « L’Homme invisible »). Dans l’épisode 6 « Une Nouvelle Vie », par exemple, elle compose le couple Samy/Solange. Dans l’épisode 12 « Romain et Jamila », à la dernière minute, elle se propose comme témoin à la mairie du mariage entre Romain et Jamila. Dans l’épisode 31 « Noble Cause », Axel consulte Joséphine pour savoir si lui et Juliette ça peut coller amoureusement. Dans l’épisode 38 « Ticket gagnant », Joséphine essaie de démontrer à Amélie qu’elle a des sentiments pour Antoine. Dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », JP parvient à conquérir le cœur de Suzanne sur les bons conseils de Joséphine, qui l’a encouragé à plus de sobriété et à l’arrêt des blagues lourdes. Dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », elle « donne un coup de pouce » à Antoine c’est-à-dire qu’elle met en panne la voiture d’Alice pour qu’Alice loge chez lui. Dans l’épisode 78 « Carpe Diem », elle aide Ève et Jérôme – qui repeignent les murs du nouveau salon de coiffure de leur ami François – à s’accoupler : « J’devrais peut-être leur filer un p’tit coup de pouce, moi… » murmure-t-elle en les surveillant de loin. Pour ce faire, elle inverse magiquement les pots de peinture entre bleu (utilisé par Ève) et jaune (utilisé par Jérôme) pour que les deux apprentis peintres en bâtiment s’adressent la parole et échangent confusément leurs rouleaux. Et le charme agit ! Dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », Joséphine fait miroiter à la jeune Sandra les sentiments d’Olivier à son égard : « Je suis sûre qu’il craque pour toi. ». Dans l’épisode 88 « Trois campeurs et un mariage », elle est la confidente amoureuse de Tom et la gestionnaire de ses émotions sentimentales. Dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », elle fait tout pour caser Florence, femme divorcée, avec Maxime, le commis de celle-ci dans la chocolaterie : « Dis donc.. t’essaies pas de me caser, là ? » (Florence) « Oh ben non, pas du tout ! » (Joséphine). Quitte à embarrasser Florence, elle demande tout haut à Maxime s’il est célibataire, et parle ensuite au nom de Florence : « Maxime, tu fais quoi, ce soir, pour le réveillon ? […] C’est génial. Parce que nous aussi, on est célibataires ! ».
Il arrive assez fréquemment que la magie rouge joséphinienne fonctionne comme une soudure électro-magnétique – que l’intéressée appellera parfois « coup de foudre » – entre deux personnes qu’elle souhaite unir et fusionner énergétiquement/sentimentalement/corporellement. Et en général, elle mime ces deux personnes par deux doigts à elle ou ses deux poings qu’elle colle comme des aimants : « C’est évident que le courant passe pas entre Éric et Sophie. Ça va pas être simple comme mission. » (c.f. l’épisode 57 « Un petit coin de paradis ») ; « J’m’y connais p’têt pas en momies maléfiques, mais en touc-touc-touc, si ! » (Joséphine simulant la loi digitale d’attraction des forces magnétiques amoureuses entre Mathis et Louise, dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie ») ; « Je suis sûre que ça peut encore marcher entre Mathilde et Olivier. » (Joséphine avec ses doigts collés, dans l’épisode crosse-over de Camping Paradis « Un Ange au camping ») ; « Comment je peux faire pour que tous les deux tchouc tchouc tchouc ? » (Joséphine mimant Nina et Stan avec ses deux index rentrant en contact comme deux aimants, dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur »). Par exemple, dans l’épisode 96 « Trois anges valent mieux qu’un ! », notre ange gardien joint ses 2 index pour humaniser Paul et Margaux qu’elle veut mettre en couple. Au fond, Joséphine fait de l’Amour une affaire d’électricité et de chimie plutôt qu’une affaire humano-divine libre.
Dans la série transparaît très fortement l’idée que l’Amour serait (al-)chimique, physique, naturel, matériel, et que donc il s’imposerait comme les lois de la nature (pesanteur, magnétisme, gravitation, etc.) et même défierait ces dernières par les lois (apparemment surnaturelles mais niées en tant que surnaturelles) de la physique invisible à l’œil nu. En clair, nos comportements amoureux seraient régis par la loi de « l’attraction universelle ». Par exemple, dans l’épisode 87 « Tous pour un », la jeune surdouée Jeanne nous donne un cours sur les phéromones, ces molécules chimiques que dégagent chaque être humain et qui composeraient/expliqueraient les attractions et les désirs érotiques : « Je sais ce que c’est que d’être amoureux. Les phéromones, c’est des réactions chimiques. C’est pas bien grave. ». L’association de l’Amour à la physique est le propre de la Franc-Maçonnerie. Je rappelle que Les Noces chimiques de Christian Rosenkreutz est l’un des textes fondateurs de la Rose-Croix, paru en allemand à Strasbourg en 1616. Plus on arrive aux derniers épisodes, plus on constate que les personnages de Joséphine sont prêts à avoir recours à la magie et à la sorcellerie pour trouver l’Amour. Par exemple, dans l’épisode 95 « L’esprit d’Halloween », la jeune Marguerite demande sincèrement à la vieille sorcière Simone des conseils pour tomber amoureuse de Zackary : « T’aurais pas des livres sur l’amour ? ».
La magie rouge ne provenant pas de Joséphine, mais mise en place par des apprentis sorciers, n’est en revanche pas valorisée par l’héroïne… ni franchement pénalisée non plus. Par exemple, dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », le jeune Noé sabote les bûches en chocolat de la chocolaterie de sa mère, Florence, en mettant du sel à la place du sucre, parce qu’il refuse qu’elle se mette en couple avec un autre homme que son papa biologique : « Je ne veux pas que tu sois amoureuse de Maxime ! ». En matière de magie amoureuse, Joséphine n’accepte pas les méthodes trop arbitraires et impérieuses, forçant les choses. Par exemple, dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », Ismaël, son ange gardien stagiaire, mathématise à l’excès le succès de la formation du couple Stan/Nina et, pris dans son enthousiasme calculateur, se casse le nez : il enferme à clé les tourtereaux dans un atelier d’architecture (« Ben bon voilà ! Ils vont apprendre à se connaître. Le tour est joué ! Il suffit de suivre la recette. Tu les laisses mariner dans une pièce toute la nuit. Et là… ») mais son forcing capote et aboutit au résultat inverse : Stan et Nina se haïssent encore plus. Joséphine préconise donc la prudence et la souplesse pour la formation réussie des couples. Et surtout, SA méthode !
L’ange gardien déploie des trésors d’astuces pour forger les couples sans qu’ils ne s’en rendent compte. Par exemple, dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange », elle donne rendez-vous à Stéphane et Marianne pour finalement leur poser un lapin et les laisser rien que tous les deux. Dans l’épisode 66 « De père en fille », elle s’arrange, avec la complicité de Victor, le père d’Elena, pour inviter Bastien et Elena à une fausse exposition au Musée des Arts asiatiques, les y enfermer en coupant l’électricité, et faire en sorte qu’ils s’embrassent dans ce troublant moment d’intimité. Dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », elle modifie magiquement la trajectoire de l’appel téléphonique qu’Alice adressait initialement à Claire pour la faire appeler « accidentellement » Antoine et qu’ils organisent ensemble un rendez-vous galant. Et ensuite, elle s’attendrit sur le résultat : « J’adore les tête-à-tête amoureux et les dîners romantiques… […] Je me demande si je ne suis pas trop romantique, moi ! ». Dans l’épisode 76 « Papa est un chippendale », elle s’invente une excuse et fait croire qu’elle a un cours de karaté, pour laisser Thomas et Sandrine seule. Dans l’épisode 87 « Un pour tous », Jules a reçu un texto qu’il croit d’Iris mais qui a été envoyé par Joséphine qui s’est fait passer pour lui afin de séduire la jeune femme. À ce stade, les initiatives joséphiniennes de rapprochement des partenaires restent encore mignonnettes et rigolotes…
Le problème, c’est que Joséphine sait se montrer carrément lourdingue et autoritaire quand elle veut absolument que deux êtres sortent ensemble. Par exemple, dans l’épisode 29 intitulé « Trouvez-moi le prince charmant ! », elle essaie de pousser Isabelle (femme veuve) dans les bras d’Antoine (homme divorcé : tout va bien…), sous l’impulsion de deux copines d’école primaire, Marion (la fille d’Isabelle) et Alice (la fille d’Antoine), qui rêvent de caser leurs parents respectifs pour devenir des demi-sœurs pour la vie. Même si, face aux fillettes, Joséphine feint la mesure et tente de calmer leurs ardeurs (« On peut tout faire pour que les gens se rencontrent mais on ne peut pas les forcer à s’aimer ! »), par derrière, elle se démène pour assurer quand même le forcing fusionnel : elle présente plusieurs hommes à Isabelle en allant sur des sites de rencontres pour elle, donne rendez-vous à Antoine pour qu’il vienne à l’hôtel où celle-ci travaille, etc. C’est du lourd et du bien insistant !
Dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », idem. Joséphine essaie de convaincre Anne de se mettre en couple avec Cyril, le père du jeune Mathis, alors qu’elle n’est pas disposée à ça et qu’elle le lui a bien fait savoir : « Tu sais qu’il élève tout seul son fils ? […] Il est beau, il sait planter des clous, construire un enclos, manier la perceuse. En plus, il est libre. Si c’est pas un signe du destin… […] Il te plaît pas ? ». Un peu plus tard, elle remet le couvert, parce qu’Anne, il faut quand même qu’elle se remette sexuellement en selle ! « À un moment faut que tu remontes à cheval… Non, c’est pas ce que je veux dire. C’est une image… ». Dès que le portable d’Anne sonne, Joséphine s’excite comme une adolescente qui a programmé le premier rencard de sa meilleure copine : « Oooh ! J’suis sûre que c’est lui !!!… Allô mon amooour ! ». Une fois en présence des deux soi-disant « intéressés », Joséphine organise leur dîner en amoureux (« Vous devriez prolonger cette conversation dans un endroit plus calme, en tête-à-tête. ») et les engueule par rapport à leur résistance, aveuglement et entêtement à déjouer son plan d’amour pour eux : « Vous le faites exprès tous les deux ?!? Cyril n’ose pas te le dire, mais ce soir, il t’invite à dîner. ». Elle répond même à la place d’Anne en mimant avec sa main une marionnette répondant à Cyril, avant de carrément s’identifier à Anne : « Oui. Eh ben super, je serai prête ! […] Elle a dit ‘oui’ mais on l’a pas vu. ».
Dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie », Joséphine et la Momie sont toutes les deux faiseuses de couples, en particulier du binôme Louise/Mathis. Et elles y vont au forceps : la première, parce qu’elle a des intuitions qu’elle veut mener jusqu’à leur accomplissement (« Je suis sûre que Louise et Mathis sont faits pour être ensemble ! » ; « Je suis sûre que tu lui plais. Et je suis pratiquement sûre qu’il te plaît aussi. Alors y’a pas de mal à se faire du bien ! »), la seconde parce qu’elle transpose sur Louise et Mathis son amour passé impossible avec un musicien de l’Égypte Ancienne, Sobek, en se donnant par l’intermédiaire d’une jumelle mortelle (Louise) la possibilité de le retrouver post-mortem et de se venger de leur injuste séparation. Comme Joséphine voit que son plan de bonheur a du mal à s’actualiser, et que ses marionnettes d’amoureux résistent à sa magie rouge – en particulier Louise qui se réfugie dans le travail archéologique pour s’empêcher d’aimer et d’être déçue par les hommes –, elle s’énerve contre sa cliente (« Elle est aussi têtue qu’une momie, elle ! »), et son orgueil de grande experte d’amours humaines en prend un coup. Elle est tellement insistante que même Louise, à la fin de l’épisode, conclut que Joséphine « a tout fait pour la jeter dans les bras de Mathis » !
Dans l’épisode 72 « Les Boloss », tout le monde incite l’héroïne de 15 ans, Jeanne, a vivre ses expériences amoureuses : sa mère, Charlotte, vendeuse de lingerie féminine, la traite carrément comme une adulte et une copine (« Ça va, Jeanne ! T’as presque 15 ans. À ton âge, c’est normal d’être amoureuse ! D’ailleurs, je me disais qu’on pourrait p’têt prendre un rendez-vous avec ma gynéco, pour parler de tout ça, hein ? ») ; et même Joséphine s’y met, puisqu’elle oriente le rêve de Jeanne pour que celle-ci se voie enceinte et mariée avec Yann (son camarade de lycée) dans un songe futuriste, et qu’elle incite ce dernier à déclarer au plus vite sa flamme à Jeanne (« À un moment donné, il faudra que tu lui dises ! »).
Joséphine veut absolument caser tout le monde avec tout le monde. C’est une obsession. Dans l’épisode 76 « Papa est un chippendale », elle entend faire sauter l’interdit « No Kiss No Sex » (en gros, celui de tomber amoureux) pesant sur Thomas parce qu’il exerce le métier de chippendale, vu que pour elle, c’est une évidence qu’il a flashé sur la jolie Sandrine : « Ça ressemble à un coup de foudre entre eux ! ». Face à la rumeur qui dit que Thomas « ne craque jamais », Joséphine passe à l’offensive : « J’ai pas dit mon dernier mot… ». Elle fait du chantage à Thomas en lui soumettant un interrogatoire militaire pour décrédibiliser son célibat : « [Tu vis seul ? Ok…] Donc je suis tombé sur le seul chippendale qui a fait vœu de chasteté. […] Ah d’accord. À part ton fils, t’as décidé que tu vivrais dans un désert affectif ? ». Sidérant. Ne pas être amoureux ou ne pas être en couple devient, aux yeux de Joséphine, une anomalie à éradiquer au plus vite…
Joséphine, qui pourtant jurait ses grands dieux que jamais ô grand jamais elle ne forcerait des personnes à tomber amoureuses, déroge à sa propre règle non-interventionniste. Par exemple, dans l’épisode 21 « Le Compteur à zéro », deux clients – un homme et une femme – rentrent dans son taxi et se disputent la course. Ils s’engueulent tellement fort que Joséphine, pour avoir la paix, les fait magiquement tomber fous amoureux l’un de l’autre : « Hey ben voilà, c’est pas difficile de s’entendre ! … Je vais faire la même chose avec Sandrine et Marc ! ». Toujours dans le même épisode, d’un claquement de doigts, elle unit Alain et Françoise. Dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », notre héroïne, pour ne pas disparaître comme une voleuse et abandonner le pauvre Hugues qui est amoureux d’elle, fait apparaître magiquement sur la route de ce dernier une belle femme en coiffe bretonne comme lot de consolation à son propre départ.
Dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », Joséphine fait un saut dans le passé et doit absolument faire en sorte que Stanislas et Nina Gazovski – couple inexistant à l’époque contemporaine, et dont le fils Maxime n’existe plus, parce que l’ange gardien Ismaël, en retournant vers le passé avant elle, a déformé les événements au point de ne pas permettre la formation de leur couple ni de leur mariage – retombent amoureux vingt ans auparavant, en 1998, pendant l’année de la première victoire française de la Coupe du Monde. Le plan joséphinien de réparation/formation de l’amour est militaire, ne souffre pas le moindre contre-ordre : « Ça nous laisse 15 jours pour qu’ils tombent amoureux et pour rétablir le cours des choses ! […] D’après le discours de Stan, c’est aujourd’hui qu’ils vont se percuter et péter la maquette. […] Debout ! Leur premier baiser est dans 4 jours ! ». Quand Laurent, un camarade de promo draguant Nina, s’interfère, Joséphine pète un câble (« Il faudrait surtout pas qu’ils tombent amoureux tous les deux. »). Elle claque des doigts pour changer magiquement le joli bouquet de fleurs fraîches offert à Nina par Laurent en fleurs en plastique. Elle incite ensuite Stan à ouvrir les yeux, quitte à être un peu lourde et à forcer l’évidence : « Tu peux dire à Nina que tu l’aimes. J’veux pas me mêler. Mais c’est évident que tu l’aimes. ». Et au final, elle ne s’attribue même pas les honneurs, mais aux circonstances/événements rassembleurs qui ont « fait date » : « La Coupe du Monde, ça a changé la vie de plein de gens. J’ai même l’impression que ça a même déclenché plein d’histoires d’amour. ».
Les tours de magie rouge joséphiniens prennent parfois l’apparence de l’action du vent. Ce vent insufflé par Joséphine ne respecte pas les libertés. Par exemple, dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », pour pousser Florence dans les bras de Maxime, notre ange gardien chante « Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver, j’ai trouvé un p’tit tamis, j’ai trouvé un p’tit tamis », comme pour justifier son élan-forcing.
À l’entendre, Joséphine se croit indispensable à la création et à la perduration des couples (même mythiques !) : « César et Cléopâtre, si j’avais pas été là, Césarion, il serait pas né… » (c.f. l’épisode 58 « Liouba ») ; « J’aurais été là pour Roméo et Juliette, ils seraient toujours vivants. » (c.f. l’épisode 78 « Carpe Diem »). Elle n’en est pas encore arrivée à produire, en bonne alchimiste qui se respecte, un filtre d’amour (il n’y a que dans l’épisode 11 intitulé « Pour l’amour d’un ange » que, pour une fois, on le lui fera symboliquement boire, puisque le ténor dont elle tombe amoureuse, Jean-François Baltus, interprète l’opéra L’Élixir d’Amour de Donizetti !)… mais elle n’en est pas loin ! « Moi, je veux bien être votre solution. Enfin… votre témoin. Si ça peut vous dépanner. » (Joséphine s’adressant à Romain et Jamila se mariant à la mairie, et manquant d’un témoin, dans l’épisode 12 « Romain et Jamila »). D’ailleurs, certains personnages nous parlent d’alchimie amoureuse : « J’avais peur que l’alchimie entre nous ne soit plus là. » (Alexandre s’adressant à Séverine, dans l’épisode 59 « Suivez le guide ! »). Et Joséphine commence à annoncer une solution chimique aphrodisiaque dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », quand elle décrit l’amour comme un filtre maléfique mais néanmoins obligatoire : « Ça me rend malade. » (Antoine) « Aaaaah… Ça, ça s’appelle l’Amour. Et y’a qu’un remède pour ça : consommer sans modération ! » (Joséphine).
Même si elle ne proposera jamais concrètement un breuvage d’amour à ingérer, Joséphine lance, à la place, des décharges (qu’elle appelle « coups de foudre »), des flèches comme Cupidon, ou bien des mots doux : « Eh ben dis donc, si ça c’est pas un coup de foudre, moi je suis la Reine d’Angleterre ! » (Joséphine en voyant Garance et Henri se rencontrer, dans l’épisode 85 « La Femme aux gardénias »). « Moi, Messagère d’amour, j’adore ça ! » avoue-t-elle en recevant de Julien un billet doux à transmettre à Nadia, dans l’épisode 19 « Nadia ». Justement, dans ce même épisode, notre ange gardien rentre souvent dans la peau du dieu ailé de l’amour, avec son carquois et ses flèches, même si elle déteste se l’entendre dire, et veut que son entreprise de magie rouge reste discrète : « À un moment, ils m’ont demandé de remplacer Cupidon. Mais j’ai refusé. Parce que moi, toute nue, avec un arc et des flèches… ». Dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », quand elle se voit attribuer par le Ciel la mission de monitrice de tir à l’arc, elle râle un peu : « Non mais ils sont pas bien ! C’est Cupidon, le spécialiste. C’est pas moi ! ». De toute façon, comme elle n’est que créature, et non Créateur, Joséphine butera toujours contre son impuissance à trouver la recette de l’amour humain, et s’avoue dépassée : « Les histoires d’amour, c’est trop compliqué pour moi. » (c.f. l’épisode 39 « Profession menteur ») ; « J’ai du mal à m’y retrouver dans l’amour entre les humains… » (c.f. l’épisode 57 « Un petit coin de paradis »).
En plus des éclairs qui rendent amoureux et des flèches imbibées de filtre d’amour, Joséphine lance surtout des prédictions qui orientent fortement les sentiments des personnes qui croient en elle. Par exemple, dans l’épisode 7 « Une Santé d’enfer », elle veut absolument caser sa cliente Camille : « De toute façon, je ne m’inquiète pas. Tu auras bientôt un homme dans ta vie. ». Dans l’épisode 23 « Sens dessus dessous », elle pronostique à Olivia qu’elle va trouver l’homme de sa vie : « Je vous le garantis. J’ai des appuis, Là-haut ! ». Et il se trouve qu’elle tombe juste. Dans l’épisode 32 « La Couleur de l’Amour », elle prédit à Élodie, la serveuse du bar du village, qu’elle trouvera bientôt l’amour. Et effectivement, on voit venir gros comme une maison que Malick finira par lui plaire. Dans l’épisode 67 « Les Anges », c’est au tour d’Alex d’être averti de l’arrivée du grand Amour par l’oracle Joséphine : « Je peux te dire que tu vas rencontrer une jeune et jolie chanteuse dont tu vas tomber fou amoureux, et avec qui tu vas rester jusqu’à la fin de tes jours. Elle s’appelle Fleur. Elle a une voix magnifique. Et c’est ton producteur qui va t’appeler pour te la présenter. J’pense même que tu vas venir avec elle au concours de chorale la semaine prochaine. ». Dans ce même épisode, Joséphine se téléporte dans le dîner en amoureux au resto entre Marco et Claire qu’elle a orchestrée (« Bon… j’vais aller voir comment ça se passe entre Marco et Claire. »), et en les voyant s’embrasser, elle se félicite à distance de la formation de leur couple : « Eh ben voilà, j’étais sûre qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Faut vraiment que je monte une agence matrimoniale, moi ! ». Dans l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle », Joséphine, de retour dans les années 1960, s’appuie sur sa connaissance du futur pour enjoindre Mademoiselle Sanson à partir aux States se marier avec William son amoureux noir, en lui promettant la fin prochaine de la ségrégation raciale : « Ça va changer, tout ça. ». Notre héroïne a, comme ça, des certitudes « intuitives » sur les sentiments d’autrui et sur les couples à constituer, qui laissent pantois. Car s’il y a un domaine entaché d’inconstance et où on n’est pas sûr de grand-chose, c’est bien les sentiments amoureux ! Chez notre ange gardien, cela frôle la psychorigidité romantique et le viol, parfois…
Joséphine n’est pas l’unique ange gardien à franchir la ligne interdite de la magie rouge. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », l’ange gardien stagiaire de Joséphine, Gabriel, se déguise précisément en ange Cupidon lors du carnaval de la colo, et se vaut lui aussi de son « infaillible intuition » (« Je ressens les amours à des kilomètres. » confesse-t-il avec excitation) pour faire s’unir et s’embrasser les gens sans leur volonté ni consentement. Par exemple, les deux animateurs Fred et Johanna, il les fout ensemble d’un claquement de doigts. Il fait une démonstration de force de ses pouvoirs d’union à la jeune Louison (« Eh bien là, je sens de l’amour entre eux. Et je peux te dire que là, ils sont sur le point de s’embrasser. »), et dès que le charme agit à distance entre Fred et Johanna, irrésistiblement attirés l’un vers l’autre, un énorme cœur rouge scintillant entoure les deux nouveaux amoureux. « Je sais pas ce qui m’a pris. C’était comme si j’étais poussée par une force surnaturelle. […] J’étais pas en contrôle. » s’étonne Johanna le lendemain du forfait, toute gênée d’avoir embrassé Ben sans l’avoir désiré. Joséphine, très mécontente, devine que c’est son ange gardien stagiaire qui est l’auteur de cet abus (« Mon p’tit doigt me dit que c’est encore un coup de… »), et en privé, elle le réprimande sévèrement en lui rappelant le Code moral des anges gardiens auquel ils doivent se soumettre (« Règle n°5 : On n’intervient pas sur les sentiments des gens. On n’est pas des apprentis sorciers ! »)… même si elle est la première à le violer quand cela lui chante. Pour boucler la boucle du forcing des anges gardiens pour que les êtres humains se mettent en couple, on entend dans le discours de l’ange Gabriel que l’amour serait comme une expérience chimique à vivre obligatoirement et pour elle-même, pour l’enrichissement qu’elle procurerait, indépendamment du résultat : « Si tu réfléchis trop, tu fais jamais rien. Lance-toi. Laisse-toi aller. C’est comme en amour. L’important, c’est de se lancer. Il faut y croire, tu vois. Et après, tu vois ce qui se passe. » conseille-t-il à la jeune Louison pour l’inciter à passer de bras en bras. Et c’est ce qu’elle fera, pour son plus grand malheur : d’abord avec Léonard, ensuite avec Max, puis avec les femmes, étant donné qu’à la fin de l’histoire, elle se révèlera lesbienne…
Joséphine est l’exemple même de la propagande totalitaire de couplisation (en général anti-célibat) impulsée par notre Monde actuel. Par exemple, elle se réjouit que le célibat consacré explose : « Ah ! Oui ! Notre bonne sœur est amoureuse ! » s’enthousiasme-t-elle à propos de Séverine, la jeune religieuse quittant les ordres et tombant amoureuse d’un homme, dans l’épisode 59 « Suivez le guide ! ». Au fond, elle n’a que mépris pour les célibataires consacrés. Dans l’épisode 25 « Tous en chœur », les sœurs sont montrées comme des femmes austères, cuculs et hystériques. Quant au célibat sacerdotal, « il serait peut-être temps d’envisager une réforme, non ? Vous n’avez jamais été amoureux, Monseigneur ? » lance-t-elle sans ambages à l’évêque Mgr Girardin.
Cette propagande joséphinienne du « couple à tout prix » se trouve en général l’alibi de la réconciliation ou de l’évitement de la souffrance due à l’isolement, aux ruptures sentimentales douloureuses, aux divorces, pour s’imposer à tous sans discussion : « Les blessures d’amour, faut jamais les laisser saigner trop longtemps. » (c.f. l’épisode 10 « Des cultures différentes »). Très souvent, Joséphine joue les conseillères conjugales pour couples en crise, les réconciliatrices entre les deux parties fâchées : « Je suis la reine des rabibochages de couples. » (c.f. l’épisode 58 « Liouba ») ; « Qui c’est qui va les rabibocher ? C’est encore Josie ! » (Joséphine se parlant à elle-même à propos du couple Jules et de Manon, dans l’épisode 63 « Le Cirque Borelli ») ; « Je résume : Ma cliente a des problèmes de couples. Et qui est-ce qui va essayer de les rabibocher avec son mari ? C’est Josie ! » (c.f. l’épisode 69 « Double Foyer ») ; « Si je fais pas espionne pour la CIA, je ferai recolleuse d’histoires d’amour. » (c.f. l’épisode 72 « Les Boloss ») ; « Je suis trop forte ! I am the Princess of l’Amour !! The Queen of the Cœurs ! » (l’ange gardien Ludivine dans l’épisode 96 « Trois anges valent mieux qu’un ! »). Par exemple, dans l’épisode 6 « Une Nouvelle Vie », Joséphine sort Pierre et Claire de leur procédure de divorce. Dans l’épisode 64 « En roue libre », elle arrange la rencontre entre Rose et Christophe, jadis divorcés, au resto. Dans l’épisode 78 « Carpe Diem », elle fait en sorte de combler le passage à vide que traverse Amélie et François dans leur vie de couple. Dans l’épisode 4 « La Part du doute », l’épisode 32 « La Couleur de l’Amour », l’épisode 65 « Pour la vie », l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi » et l’épisode 88 « Trois campeurs et un mariage », elle sauve cinq cérémonies de mariage du naufrage. Je ne vais pas épiloguer sur les nombreux sauvetages de couples opérés par Joséphine dans la série, car c’est presque une histoire sans fin.
Si jamais il arrive que notre ange gardien défasse les couples, c’est uniquement dans l’optique d’en former ou d’en préserver d’autres et d’imposer des combinaisons différentes de celles qu’elle observe. Par exemple, dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », pour que Sandra ne se fasse pas draguer par un type louche sur la piste de danse d’une discothèque, et ne trompe pas son futur mari Yves, Joséphine fait tomber du cou de sa protégée son collier rouge, puis le fait se déplacer tout seul par terre. Dans l’épisode 52 « L’Homme invisible », elle fait chuter magiquement un branleur en rollers qui essayait d’impressionner Ariane, et qui concurrençait Yann, venu avec elle au jardin public. Dans l’épisode 59 « Suivez le guide ! », elle casse exprès un talon aiguille de la chaussure de Fabricia (la profiteuse d’hommes mariés richissimes) pour que son amant François puisse retrouver seul son ex-femme, Michèle, à la Place du Tertre à Montmartre. Dans l’épisode 67 « Les Anges », elle s’arrange pour débarrasser le couple Claire/Marco de tout parasite tentateur en trouvant in extremis à Alex, le chanteur à succès encore fou amoureux de Claire, une nouvelle compagne nommée Fleur et surgissant de nulle part, excepté d’une prophétie-maison de notre ange gardien.
L’ingérence de Joséphine dans la vie intime, amoureuse et sexuelle des gens, vous vous doutez bien, ne fait pas que des heureux (même si, malheureusement, dans la série, les seuls à s’en plaindre ne sont pas des modèles de vertu mais plutôt les maris volages et les femmes adultères…) : « Vous êtes au courant que je vous ai engagée comme conseillère en optique ? pas comme conseillère conjugale ?! » (Franck menaçant Joséphine, dans l’épisode 69 « Double Foyer »). En tout cas, cette intrusion abusive n’est jamais dénoncée, ni même je crois identifiée, par les personnages, et encore moins par la critique et les téléspectateurs. Joséphine est peut-être la seule à se mordre les doigts de l’orgueil – et des ratages ou dérapages incontrôlés qu’implique son usage immodéré de la magie rouge. « Quand je pense que c’est moi qui l’ai poussé à partir avec Iris… Ça dégénère complètement, là. » (Joséphine face à Jules qui collabore avec le gang de Cédric, dans l’épisode 87 « Tous pour un »). Mais ce sont des faux regrets et des fausses excuses car les happy end des épisodes de la série finissent toujours par lui donner raison.
MAGIE VERTE
La magie verte est une succursale de la magie blanche. Elle est pleine de bonnes intentions naturalistes, écologistes, cosmiques, solidaires, humanitaires… même si, au final, elle place la Nature bien au-dessus de l’Homme, donc est contre l’Homme.
En puisant dans les forces de la Nature, Joséphine met en place une magie verte, bio, végétale. Par exemple, dans l’épisode 51 « Ennemis jurés », d’un claquement de doigts, elle assainit l’étang d’Antoine, un agriculteur dont le voisin, Xavier Mareuil, a volontairement pollué le bassin pour le faire accuser de méthodes agricoles illicites. Joséphine, c’est Madame Propre ! D’ailleurs, si elle a ce don dépolluant et purificateur, on peut se demander à bon droit pourquoi elle n’en fait pas profiter toute la Planète… Dans l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur », quand l’ange gardien immobilise le footballeur Christian Karembeu, la teinte que prend l’énergie aurique qui entoure ce dernier et le paralyse est clairement verte-indigo. Il y a donc bien du vert dans la magie joséphinienne.
Selon les réalisateurs du téléfilm, visiblement, les végétaux auraient des vertus curatives et magiques. Par exemple, dans l’épisode 2 « L’Enfant oublié », Joséphine veut faire prononcer « myosotis » (nom d’une fleur) à Emma, une gamine devenue mystérieusement muette, pour lui faire retrouver l’usage de la parole. Et miraculeusement, ça finit par marcher. Dans l’épisode 74 « Tous au zoo », c’est l’arbre d’un parc zoologique qui indique à Joséphine par son écorce et des lettres dorées s’inscrivant dessus quel est le nom de sa cliente. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », Gabriel, l’ange-stagiaire de Joséphine, chante « la magie des arbres, de la forêt, des lieux ». Joséphine, par le symbolisme franc-maçon qu’elle déroule à son insu, fige la Nature en hiéroglyphes dont elle seule – et les voyants qu’elle s’est choisis – auraient les clés de lecture : « T’es capable de reconnaître dans la Nature plein de signes que personne n’a jamais trouvés ! » (Joséphine valorisant Léonard, le jeune explorateur, idem).
Au nom de la Nature, Joséphine emploie des méthodes agricoles parfois carrément sataniques qui sollicitent des entités spirituelles occultes. Par exemple, dans l’épisode 51 « Ennemis jurés », elle se présente comme « experte en biodynamique naturelle ». Elle n’est pas la seule à le faire. Dans la série jumelle de Joséphine ange gardien – Demain Nous Appartient – il est aussi fait ouvertement la promotion de la biodynamie (par le personnage de Bilel Beddiar, dans l’épisode 292). La magie verte biodynamique, on pourrait la définir comme la « magie blanche pour l’agriculture ». Cette magie fait appel à des démons, même si c’est pour une bonne action au départ. Le seul souci, c’est que ces derniers, quand ils acceptent de faire une bonne chose, opèrent en contrepartie un mal invisible plus grand que le mal réparé/déplacé. Par exemple, dans l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton », des épidémies emportent des troupeaux de bêtes dans des fermes sans qu’on sache pourquoi : « On sait de quoi elle provient cette épidémie ? » (Joséphine) « On sait juste que le sang des bestiaux devient noir. » (Rose) « Du sang noir… ça me dit quelque chose… » (Joséphine, seule). En réalité, la magie verte mise en place par Joséphine est un occultisme « vert », qui met la création (Humains, créatures, environnement, le « vivant ») au-dessus ou à la place du Créateur (Dieu, l’Esprit Saint et Jésus), et comme les deux sont distincts mais indissociables et vitaux l’un pour l’autre, l’Humain s’en trouve bien souvent attaqué. Par exemple, dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette », Joséphine terrorise le paparazzi Max Leblanc avec sa magie verte : « Ça vous suffit, ou vous voulez que je m’occupe de vous ? Parce que je peux vous transformer en platane… ! ».
Les minéraux aussi ont leur puissance magique propre qui rivalise avec les pouvoirs magiques de Joséphine. Par exemple, dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », l’héroïne est gênée pour faire ses tours de magie car elle sent des « interférences ». Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », il est question des « pierres qui donnent la Force de dépasser toutes ses peurs » et qui « ont un effet magique sur les gens ». À l’aide de sa lampe-torche, Joséphine montre aux enfants de la colo le toit de la caverne des pierres qui chantent. À la vue du spectacle, ils s’émerveillent : « C’est magique » (Léonard) « Toutes ces couleurs, c’est magique ! »
La magie, c’est aussi tout simplement la Bête (dont parle saint Jean dans le livre de l’Apocalypse). Par exemple, dans l’épisode 45 « Au feu, la famille ! », Sophie est illustratrice de livres pour enfants et peint les histoires de Marcus, un chien qui a des pouvoirs magiques. Dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », Wallace, le magicien, se produit au Spider Club de Dundee, pour un numéro d’illusionniste. Dans l’épisode 68 « Restons zen », le jeune Boon-Mee a perdu son jouet préféré, un petit fétiche porte-bonheur figurant une tortue. Joséphine le retrouve en le faisant magiquement apparaître. Dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée », notre héroïne s’occupe magiquement de la déco de la chambre de la petite Zoé, et y a installé un aquarium avec de vrais poissons dedans. Zoé prénomme l’un de ses poissons « Joséphine »… et à la toute fin de l’histoire, Joséphine apparaît carrément en miniature face à Zoé seule, avec un tuba, comme un Jiminy Grillon, dans l’aquarium.
Si Joséphine ne transforme pas (encore) les Humains en animaux, elle fait néanmoins déjà la conversion d’un animal en un autre. Par exemple, dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », en bonne magicienne-sorcière qui se respecte, elle change un serpent du désert en lapin. Il arrive même qu’elle se serve des animaux pour tromper son monde et faire des tours de magie en douce. Par exemple, dans l’épisode 70 « Tango », vu qu’elle ne peut pas rentrer dans une salle de spectacle car l’ouvreuse le lui interdit catégoriquement, elle va forcer le passage en faisant apparaître magiquement une souris qui fait fuir l’hôtesse. Dans l’épisode 65 « Pour la vie », au moment où Germain soupçonne Joséphine d’être une « magicienne » parce qu’il a identifié ses tours, elle fait diversion : « Oh ! Regardez là-bas ! Une biche ! »… pour pouvoir se volatiliser sans qu’il le voie. Dans l’épisode 78 « Carpe Diem », notre ange gardien place un poulpe bleu sur la tête de Madame Leprince pendant sa séance de coiffure. L’animalisation des Humains est souvent en lien avec un mauvais tour de Joséphine (ensorcellement, châtiment, menace), une misanthropie des anges gardiens qui veulent se débarrasser de l’Humanité : « Je la transforme en crapaud ? » (Joséphine à propos de l’odieuse bourgeoise Madame Leroy, dans l’épisode 19 « Nadia ») ; « Je vais transformer tous les élèves en ouistitis et les profs en crapauds ! » (l’ange-stagiaire Gabriel, agacé de jouer les élèves humains, dans l’épisode 20 « Le Stagiaire ») ; « Qu’est-ce que je fais ? Je lui pète un doigt de pied ? J’provoque une tornade ? J’le transforme en lion ? Faut que je trouve une idée… vite vite vite ! » (Joséphine à propos de Vincent, dans l’épisode 74 « T’es ki toi ? ») ; « Toi, arrête de me regarder où je te transforme en prince charmant. » (Joséphine s’adressant à une grenouille, dans l’épisode 93 « Enfin libres ! »).
Dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », on apprend que la charte des anges gardiens interdit à ces derniers de transformer les Humains en animaux, et vice-versa. Mais entre la règle et la réalité, la frontière est floue, d’autant plus que Joséphine s’amuse souvent à provoquer les limites de sa condition angélique et à déroger à sa propre déontologie. Ou du moins à menacer de le faire. Dans ce même épisode, on nous fait croire que l’Archange Matthias a transformé Serge en crapaud. En réalité, un crapaud est visible à la caméra, puis Serge est finalement dévoilé enfermé dans un placard. Mais il était moins une ! Sans trop m’avancer, je pense que les scénaristes de la série sont à deux doigts de permettre ce « prodige » spéciste à Joséphine dans de prochains épisodes. Ça les démange, en tout cas ! D’ailleurs, plus on avance dans la série, plus le tour de magie animaliste se profile et se concrétise. Par exemple, dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange », Joséphine s’en prend à une avocate, Maître Armelle Leroi, qu’elle surnomme « Godzilla », donc qu’elle transforme symboliquement en monstre. Dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette », elle est sur le point de transformer le journaliste-paparazzi Max Leblanc en « dog allemand, chat angora, lapin ». Dans l’épisode 58 « Liouba », notre ange gardien, employée comme femme de ménage dans un hôtel, tombe sur un jeune client qui laisse sa chambre dans un état lamentable. Pour se venger de la porcherie, elle transforme la voix du working-man négligent en celle d’un cochon, juste le temps d’une journée : « À force de se comporter comme un cochon, on en devient un ! ». Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », Joséphine craint que, parce que Gabriel (son ange-stagiaire) a endormi Max et Louison par magie, il les ait animalisés, tel un dieu grec : « Tu me rassures ! J’ai cru que je les avais fait disparaître. À un moment, je me suis même demandé si je les avais pas transformés en rongeurs ! ».
MAGIE GRISE
Une fois les trésors des animaux et des végétaux exploités, notre ange gardien voit plus grand encore et entend catalyser en sa personne la puissance du Ciel, des étoiles, des galaxies. Par exemple, dans l’épisode 66 « De père en fille », elle prône l’« énergie cosmique ». Clairement, dans Joséphine ange gardien, les scénaristes ont tout fait pour faire passer l’héroïne pour la plus grande médium de tous les temps. Et celle-ci assume sa réputation de digne héritière des astrologues aux prophéties connues mondialement : « Vous savez, Nostradamus disait que c’est dans le passé qu’on lit l’avenir. » (c.f. l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur »). D’ailleurs, elle a tout l’attirail des voyantes extra-lucides : boule de cristal, jeu de cartes, marc à café, statuettes et amulettes, photos, pendule, doigt magique, etc. Par exemple, dans l’épisode 26 « Enfin des vacances ! », depuis l’île de la Réunion, elle lit dans son café – comme dans un miroir ou le marc à café des voyantes – ce qui se passe pour sa cliente Carole en France. Elle joue à différentes reprises au jeu de cartes du tarot de la cartomancienne : c.f. l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », l’épisode 75 « Belle mère, belle fille ».
Il est difficile, quand on aborde le magie blanche de ne pas la rapprocher d’une de ses déclinaisons : la magie grise. Et quand je dis « magie grise », j’entends les forces occultes associées à l’électricité, aux métaux et à l’acier, et également liées ou prêtées à l’intelligence, c’est-à-dire à la bien-nommée « matière grise » du cerveau. Par exemple, dans l’épisode 21 « Le Compteur à zéro », Joséphine fait voler son taxi comme une soucoupe volante, en ordonnant à sa cliente assise derrière de fermer les yeux. Celle-ci s’exclame : « Mais c’est un miracle !! Merci ! ». Et notre ange gardien lui répond sèchement dans sa barbe : « Non, c’est pas un miracle. Et tu vas tout oublier ! ». En un claquement de doigts, elle lui impose une amnésie complète de son tour de magie. Et même quand Joséphine n’efface pas la mémoire, elle le fait croire, pour masquer ses tours de magie. « J’me souviens de rien. C’est comme si ça ne m’était jamais arrivé. » (François) « Vous souffrez peut-être d’une crise d’amnésie, mais je pense que c’est passager. » (Joséphine, dans l’épisode 78 « Carpe Diem ») ; « J’croyais qu’on n’avait pas le droit d’utiliser la magie devant les autres… » (Gabriel, ange-stagiaire) « Là, c’est un cas de force majeure. De toute façon, il ne se rappellera de rien. » (Joséphine désignant un mec bourré dans la chambre d’une des mères célibataires du foyer de Jennifer, dans l’épisode 20 « Le Stagiaire »).
En réalité, les contrôles des cerveaux par Joséphine ne sont pas du tout sympas. Il arrive que, d’un claquement de doigts, elle téléguide les gens à distance, leur ôte leur liberté, et introduit dans leur crâne ses propres désirs ou idées. Par exemple, dans l’épisode 35 « Coupée du Monde », pour que mère (Geneviève) et fille (Lise) tombent nez à nez l’une sur l’autre, elle donne mentalement envie à Lise de passer par le parc où se trouve Geneviève. Un nuage d’étoiles lancé par Joséphine entoure alors le front des deux protagonistes, comme un étourdissement, et effectivement, elles finissent par se rencontrer. Dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », l’héroïne embrume d’une nébuleuse étoilée l’esprit d’une juge carcérale, et la fait changer d’avis contre son gré : celle-ci accepte une sortie conditionnelle de prison pour Frédéric, alors qu’à la base, son refus du traitement de faveur et d’un allègement de peine était catégorique. Joséphine utilise la magie pour l’obliger à dire ce que elle elle veut : « Votre ami sera bientôt libre. Je vous fais entièrement confiance, Madame. Et je suis certaine que vous saurez le convaincre. J’ordonne immédiatement sa libération. ». C’est de l’envoûtement pur et simple ! Dans l’épisode 68 « Restons zen ! », Joséphine dirige sur la figure d’un lieutenant thaïlandais inflexible et refusant de libérer Louis de prison un nuage de poudre dorée qui le fait changer d’avis et le rend coopératif, complètement soumis.
Et si les êtres humains ne coopèrent pas et lui barrent l’accès à leur cerveau ou conscience ou volonté, Joséphine va plus loin : elle menace de défoncer leur porte cérébrale au forceps : « Pour vous, on va envisager l’aspirine. Si ça persiste, on fera IRM et scanner… et une ablation du cerveau ! » (Joséphine s’adressant méchamment à Corinne, la dame d’accueil du conservatoire de danse qui entend des sifflements à l’intérieur d’elle-même et ne jure que par ses maux de tête, dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille »). Tel un ange noir diabolique, Joséphine et ses personnages s’abattent sur les cervelles : « Et là, c’est quand Corbac, le Chef des Ombres, essaie de rentrer dans le cerveau de Maxou ! » (Max, 8 ans, présentant à Joséphine la B.D. dont il est le héros, dans l’épisode 76 « Papa est un chippendale »). L’héroïne est capable de percer avec un scalpel lumineux le cerveau d’une personne pour lui ôter et voler un souvenir, parce qu’elle veut soi-disant éviter une catastrophe. Par exemple, dans l’épisode 83 « Sur le cœur », Frédéric Maille, l’inspecteur du FISC, vient de se prendre un coup de boule de la part de Marc, geste impulsif qui pourrait se révéler fatal pour le projet de ferme pédagogique de ce dernier. Afin de réparer la bévue et le mauvais souvenir qu’elle engendre, ni une ni deux : Joséphine revêt des lunettes de soleil noires, et d’un claquement de doigts solaire, comme une soudure, elle crée l’amnésie magique (« Monsieur Maille, ne vous inquiétez pas, ça ne fait pas mal. Mais vous allez oublier tout ce qui vient de se passer. ») puis elle rassure Marc et Charline, choqués par cette scène chirurgicale sidérante (« C’est une amnésie temporaire. Ça n’affecte absolument pas le cerveau. »). Ouf ! Saint Cerveau sera préservé ! Voilà tout le plan luciférien dévoilé : le remplacement de l’Amour par l’intelligence.
Pour être précis, Joséphine possède trois types de pouvoirs médiumniques : la précognition (prédiction de l’avenir), la rétrocognition (connaissance du passé) et la télépathie (lecture dans les pensées). Par exemple, dans l’épisode 2 « L’Enfant oublié », la petite Emma perd inexplicablement le don de la parole. Et pour se faire comprendre des adultes, elle parle – de manière inaudible et télépathique – à Joséphine, qui du coup sert de traductrice. Elle entre en communication mystérieuse avec elle. Joséphine peut avoir à distance des flash prémonitoires ou qui la renvoient à des visions en direct de ce qui est en train de se passer de loin pour son « client ». Par exemple, dans l’épisode 31 « Noble Cause », elle voit Axel se jeter du haut d’un pont alors qu’il ne sait pas nager. Dans l’épisode 26 « Enfin des vacances ! », elle a des prémonitions anticipatoires en pleine jungle !
Joséphine utilise également le rêve, et parfois le cauchemar vraisemblable, pour forcer les gens à intégrer ce qu’elle veut leur faire comprendre : « J’pense que t’as surtout besoin de dormir. […] J’te promets que tu vas faire un beau rêve ! » (Joséphine plongeant Jeanne dans un profond sommeil pour la faire rêver, dans l’épisode 72 « Les Boloss ») ; « Je vous l’avais dit que vous n’étiez pas coiffeur. » (Joséphine s’adressant à François plongé dans un rêve, dans l’épisode 78 « Carpe Diem »). Comme les hypnotiseurs malhonnêtes et les marchands de sable, elle endort carrément les personnes d’un claquement de doigts, en les plongeant dans ce qu’on appelle un sommeil paradoxal : Julien dans l’épisode 19 « Nadia », Laetitia, Jennifer et Gabriel dans l’épisode 20 « Le Stagiaire », Julien dans l’épisode 30 « Le Secret de Julien », un policier dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », Laura dans l’épisode 48 « Les Majorettes », Ève dans l’épisode 78 « Carpe Diem », ses quatre clientes de la thalasso dans l’épisode 55 « Un Bébé tombé du ciel », le Colonel Legrix dans l’épisode 58 « Liouba », le vigile du Musée des Arts asiatiques dans l’épisode 66 « De père en fille », le garde du corps de la loge de Carlos dans l’épisode 70 « Tango », Manon dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », Max et Louison dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent » (endormis par l’ange-stagiaire Gabriel), Jeanne dans l’épisode 72 « Les Boloss », la méchante Hélène dans l’épisode 98 « Haute Couture », etc.
Dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur » (les rêves de Sandra), l’épisode 72 « Les Boloss » (le rêve de Jeanne), et l’épisode 78 « Carpe Diem » (le rêve de François), il n’est plus tant question d’un voyage dans le temps que d’une incursion dans la conscience, les désirs et la passion, les souvenirs, la mémoire, le subconscient. Par exemple, dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », Joséphine pénètre dans le rêve de Sandra pour y trouver la cause de son blocage par rapport au mariage : « Sandra, j’suis rentrée dans ton rêve. Viens avec moi. Donne-moi la main. Donne-moi la main. Viens. » Aie confiancccce… Le terrain privilégié du « génie » de notre héroïne, ce sont les songes, c’est-à-dire les lieux où la volonté, la conscience et la liberté humaines sont les plus proches du zéro… car au fond, les vœux de Joséphine asservissent. Elle prétend, comme un Génie, réaliser tous les rêves étoilés des gens au cœur d’enfant, en leur vendant promesse sur promesse. Par exemple, dans l’épisode 72 « Les Boloss », elle plonge Jeanne dans un profond sommeil (« J’te promets que tu vas faire un beau rêve. ») et dirige les opérations à l’intérieur de son rêve : elle oriente ce dernier pour que la jeune adolescente, qui n’a pas confiance en elle, puisse voir par anticipation tous ses vœux de carrière réalisés (elle est enceinte de Yann et mariée avec lui ; elle devient une auteure à succès en ayant écrit l’histoire de sa vie). Dans l’épisode 78 « Carpe Diem », même schéma : François s’étonne d’avoir été embarqué à son insu dans un rêve éveillé, par l’entremise de Joséphine, qui lui a démontré la vacuité de ses vœux de gloire. En sortant de son cauchemar, il se sent tout troublé, « comme si on avait exaucé tous ses vœux d’un coup de baguette magique ». Et Joséphine de rajouter malicieusement, pour tirer la couverture à elle en toute discrétion : « J’dirais plutôt d’un claquement de doigts… ». Ces films intérieurs anticipateurs se déroulent quelquefois pendant des cauchemars, surgissent dans les rêves de Joséphine : « J’ai fait un gros cauchemar. La sous-directrice nous appelait, nous disant qu’il y avait un gros problème. » (c.f. l’épisode 43 « Sur les traces de Yen »). À noter au passage que notre ange gardien n’est pas la seule à avoir des prémonitions dans la série. Par exemple, dans l’épisode 88 « Trois campeurs et un mariage », Tom fait un cauchemar qui finit par se réaliser tel qu’il lui est apparu mentalement. Les rêves humains sont quasiment pris pour des réalités.
Joséphine non seulement est visionnaire, mais elle est Maîtresse du Temps. Par exemple, dans l’épisode 9 « Le Combat de l’ange », elle fait apparaître les nouvelles du lendemain sur le journal que lit Armelle dans le bus. Étant donné qu’elle a un train d’avance sur les autres, notamment grâce à sa capacité à voyager dans le temps et à être immortelle, son art divinatoire est encore plus manifeste et se veut « comique », « innocent » dans les épisodes où elle se voit téléportée dans une époque antérieure à l’époque contemporaine (c.f. anachronismes, mélange rocambolesque entre références du passé et références du présent, connaissance privilégiée incomprise des gens qui l’entourent, etc.). Et alors là, notre ange gardien se lâche pour jouer les prophètes, sans le folklore grossier qui va avec l’imagerie traditionnelle des devins et qui la décrédibiliserait. Avec les épisodes transhistoriques (par exemple l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle » qui se déroule dans les années 1960, l’épisode 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur » qui se passe à la fin des années 1990, etc.), elle a tous les bons côtés de la voyante sans les inconvénients et sans la mauvaise réputation. Personne – pas même le téléspectateur – ne peut la suspecter de faire de l’occultisme divinatoire, de basculer dans l’orgueil de celui ou celle qui prédit l’avenir pour manipuler son monde… alors qu’au fond, c’est quand même ce qu’elle fait : les voyages dans le temps permettent à notre ange gardien de faire son intéressante, sa visionnaire gnostique menaçante qui nargue les (caricatures de) gens obtus du soi-disant « passé ».
Joséphine joue les voyantes extra-lucides mais ne veut juste pas que ça s’ébruite ni en porter la réputation, car pour elle, la voyance – quand elle ne vient pas d’elle – est du charlatanisme : « Je suis pas Madame Irma ! » (c.f. l’épisode 4 « La Part du doute »). Elle se contente de le suggérer entre les lignes : « J’l’ai lu dans ma boule de cristal. » (Joséphine ayant deviné le cadeau que voulait Valentin, dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange ») ; « Si j’avais une boule de cristal, j’te dirais que Christopher et toi allez rester ensemble jusqu’à la fin de votre vie. » (Joséphine) « Mais tu l’as pas, la boule de cristal… » (Margot) « Qui sait ?… » (Joséphine, dans l’épisode 40 « Paris-Broadway »). À de rares moments, elle crache quand même le morceau, lâche une confidence molle : « T’es médium, c’est ça ? » (Alex) « Hmm hmm… un p’tit peu. » (Joséphine, dans l’épisode 67 « Les Anges »). Dans l’épisode 67 justement, elle prédit à Alex, le célèbre compositeur, que sa comédie musicale sera un succès, et ensuite, qu’il trouvera l’amour : « Je peux même aussi te dire que tu vas rencontrer une jeune et jolie chanteuse dont tu vas tomber fou amoureux, et avec qui tu vas rester jusqu’à la fin de tes jours. Elle s’appelle Fleur. Elle a une voix magnifique. Et c’est ton producteur qui va t’appeler pour te la présenter. J’pense même que tu vas venir avec elle au concours de chorale la semaine prochaine. ». À la fin de l’épisode, comme la prophétie de Joséphine se révèle vraie, Alex vante avec enthousiasme à tout le monde le talent de médiumnité de notre ange gardien : « Joséphine est un vrai médium ! ».
Si Joséphine n’assume pas d’être, plus qu’un ange gardien, une devineresse, c’est parce qu’elle prétend appliquer une sorte de surmédiumnité, une « voyance de luxe » invisible qui viendrait invalider tout ce qui a pu exister avant elle dans ce domaine-là. Par exemple, dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », dans un bar, un robot déguisé en vieille voyante surnommé « Magic Horoscope » pour prédire « gloire et la beauté, argent, bonheur, amour », agace l’héroïne. En un claquement de doigts, elle met la machine hors-service : « Alors là, tu dis n’importe quoi, ma vieille ! ». La science divinatoire de Joséphine dépasse largement celle des médiums officiels (Vanessa dans l’épisode 14 « La Fautive », Ariana del Monte dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », Nolwen dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », la vieille Jacqueline dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », etc.). À tel point que les rôles s’inversent, et que Joséphine finit par les remplacer tous : au départ, elle demande à se faire tirer les cartes… et au bout du compte, c’est elle qui offre une consultation aux cartomanciennes ! « Jacqueline, vous avez vos tarots ? C’est très urgent pour moi. En fait, c’est vital. […] Vous savez quoi, c’est moi qui vais vous tirer les cartes ! »
Joséphine veut aussi occulter son don de médiumnité pour s’éviter les ennuis et ne pas être prise pour cible par les ennemis de la vérité, pour un témoin gênant à éliminer. Et bien entendu, le fait qu’elle ait un pouvoir de clairvoyance visionnaire ne fait pas plaisir à tout le monde, surtout à ceux qui ont des blessures, des délits ou des intentions mauvaises à cacher : « C’est Madame Soleil, maintenant ! Elle prédit l’avenir ! » (Christophe, sarcastique, dans l’épisode 64 « En roue libre »). Pourtant, pas de quoi fouetter un chat et de s’en alarmer, franchement. Les prédictions de Joséphine sont soit très factuelles, soit complètement insipides. Ce ne sont pas des vérités profondes mais des vérités d’horoscope. Par exemple, dans l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur », elle modifie d’un claquement de doigts l’horoscope – lu à voix haute – de Madame Bertier, une cliente du salon de coiffure où elle travaille… et les prévisions annoncées rasent les pâquerettes : « Quand le bonheur est là, il faut savoir le prendre au vol. ». Sans compter que la connaissance joséphinienne du futur soulève évidemment une des plus grosses incohérences de scénario de la série : si Joséphine connaît si bien l’avenir, alors pourquoi, parfois, a-t-elle peur de certains rebondissements, se trompe-t-elle ou bien ne trouve-t-elle pas les solutions à tout ? Pourquoi est-elle confrontée, au fil des épisodes, à des énigmes soi-disant insolubles et à des conflits inextricables ? Sur ce coup-là, vraiment, difficile de la suivre.
LA MAGIE NOIRE
Après la magie blanche, la magie rouge, la magie verte et la magie grise, passons à la magie noire ! Car même si Joséphine est principalement connue pour être un ange bienfaiteur qui n’use que de la magie blanche pour rendre heureux les Humains, vous serez étonnés de découvrir combien elle se comporte beaucoup plus comme un ange démoniaque et bestial que comme un ange gentil ! Dans la série Joséphine ange gardien, ce qui est qualifié de « magique », ce sont parfois carrément les esprits démoniaques : « Je suis sûr que la Momie est magique. » (le petit Hugo dans l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie »). Par exemple, dans l’épisode 10 « Des Cultures différentes », le jeune Omar est en contact avec sa grand-mère décédée par un rituel vaudou, et quand il voit Joséphine opérer des tours de magie, il croit qu’elle est une envoyée de celle-ci : « Je sais que c’est Grand’Ma qui t’envoie. ».
Beaucoup de personnages de la série suspectent Joséphine de faire de la magie noire, et l’identifient à une sorcière : Omar, justement, dans l’épisode 10, Awa dans l’épisode 12 « Romain et Jamila ». L’intéressée nie en bloc : « Moi, c’est pas de la sorcellerie : c’est du camouflage. » (c.f. l’épisode 10 « Des cultures différentes »). Par exemple, dans l’épisode 12, Awa, l’impétueuse mama africaine en boubou, découvre la surnaturalité des actions de notre ange gardien (« Joséphine qui fait de la magie noire ! ») et se demande comment celle-ci a réparé la vieille télé du local associatif : « Vous avez fait encore de la magie noire… ? ». Joséphine esquive le sujet : « C’est pas de la magie noire. C’est du tricotage. ». Notre héroïne n’est pas la seule à exercer de l’occultisme. D’autres personnages s’y mettent : le jeune Omar pratiquant le marabout avec son coffret de magie (c.f. l’épisode 10), l’Archange Matthias apparaissant au départ comme une figure diabolique (c.f. l’épisode 41 « Les deux font la paire »), Wallace l’illusionniste véreux (c.f. l’épisode 54 « Chasse aux fantômes »), Nolwen la sorcière bretonne manipulatrice (c.f. l’épisode 73 « Légendes d’Armor »), etc.
Il n’est pas rare que les personnages du téléfilm définissent Joséphine comme une sorcière démoniaque : « C’est vous ! Vous êtes une sorcière ! Vous me faites peur… » (François dans l’épisode 16 « La Vérité en face ») ; « Qu’est-ce que vous avez fait à ma moto, espèce de sorcière ?! » (Max Leblanc dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette »). Dans l’épisode 42 « Le Secret des Templiers », notamment, Joséphine est taxée de « sorcière » parce qu’elle fait voler l’épée du Duc d’Arcamboise dans les airs et fait des tours de magie qui dépassent la technologie audiovisuelle du Moyen-Âge. Mais l’héroïne se gausse de cette accusation et n’assume pas du tout de se comporter en sorcière puis d’être décrite comme telle : « C’est sûr. Et moi je suis arrivée sur un balai volant ! » rétorque-elle ironiquement à un dealer qu’elle mime en train de fumer de l’herbe parce que ce dernier la suspecte d’avoir opéré un tour de sorcellerie maléfique, dans l’épisode 46 « Police Blues ». D’ailleurs, dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », elle rentre ouvertement en conflit avec la sorcière officielle de l’histoire, la guérisseuse rousse bretonne nommée Nolwen, qui dirige une secte exploitant le malheur des gens, qui fait des prédictions de malheur et des (dés)envoûtements suspects, qui donne à boire des breuvages et des médicaments rendant ses patients encore plus malades : « Il faut arrêter avec les tisanes de cette sorcière ! » s’insurge Joséphine contre celle qui marche finalement sur ses plates-bandes. Notre héroïne tourne en dérision sa réputation de sorcière en l’attribuant aux autres, quitte à auto-parodier de manière cinématographique le cliché de la sorcière monstrueuse : « Nan mais attendez, là, Monsieur le principal, vous ne pensez quand même pas que je suis une sorcière ?!? […] Ksss… kssss… kssss… » (Joséphine ayant cassé à distance la montre du proviseur, et qui ensuite mime l’ensorceleuse jetant des sortilèges, dans l’épisode 60 « Une Prof »). Ce déni identitaire provient d’un lavage de cerveaux de la bien-pensance psychologisante actuelle qui martèle à tous qu’on ne peut pas être méchant, ni diabolique ni ennemi de soi-même et des autres, fut-ce en usant de la magie, sous prétexte qu’on serait tous gentils et qu’on ne voudrait que le bien d’autrui : « Je ne suis pas une marâtre. Je ne suis pas une sorcière. Je ne veux que ton bien. » (c.f. la phrase répétée collectivement par le cercle du club des belles-mères, dont Joséphine fait partie, dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille »).
Les rares fois où Joséphine s’aventure à révéler qu’elle est sorcière, ça ne viendra que d’elle-même, et uniquement par petites allusions discrètes : « J’ai failli être brûlée pour sorcellerie il y a 600 ans, mais je ne pense pas qu’ils aient gardé mon dossier. » (Joséphine s’adressant aux policiers qui la gardent au poste, dans l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants »). Et les tours qu’elle met en place sont ceux communément attribués aux sorcières : comme on l’a vu plus haut avec la magie verte, elle menace certaines personnes de les transformer en animaux (crapaud, ouistiti, etc.). Dans l’épisode 20 « Le Stagiaire », justement, elle traite son apprenti collègue angélique Gabriel comme un élève d’une école de sorciers : elle lui montre comment faire des tours de magie et elle lui délivre un carnet de notes, un certificat et des appréciations. Dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes », elle cherche un livre dans une vieille bibliothèque de château, comme une sorcière son grimoire. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », l’« Œil de la Sorcière » est le nom d’un des lieux-dits de la chasse au trésor qu’elle a organisée. En fait, les scénaristes de Joséphine confondent l’ange gardien avec un magicien ou un sorcier. Ce n’est plus du tout un saint. Ils donnent volontairement à Joséphine des mimiques et des pouvoirs empruntés à la série nord-américaine des années 1960-70 Ma Sorcière bien aimée. Je n’exagère même pas. Les signaux sonores de notifications de son téléphone portable font parfois le même bruitage que les tours de Samantha (Elizabeth Montgomery) lorsqu’elle remue le nez pour jeter un sort (c.f. l’épisode 75 « Belle mère, belle fille » et l’épisode 77 « Dans la tête d’Antoine »). Dans l’épisode 95 « L’esprit d’Halloween », le blason des sorcières est même redoré. L’équipe de chasseurs de fantômes dirigée par Joséphine va jusqu’à prendre sérieusement la défense d’une sorcière nommée « Erzsébet », « injustement accusée de sorcellerie comme des centaines d’autres à cette époque ». Pauvres femmes médiévales, pionnières du féminisme, et déjà « persécutées » par l’Église Catholique…
À ce propos, Joséphine parle beaucoup du feu en lien avec la cuisine ou une expérimentation d’ordre gastronomico-scientifico-occulto-alchimique. Comme une sorcière face à sa marmite et des alambics contenant ses potions bouillonnantes : « Les miracles, c’est comme un bon pot au feu : il faut que ça mijote. » (c.f. l’épisode 29 « Trouvez-moi le prince charmant ! ») ; « Maintenant, je vais allumer une petite mèche histoire de voir si ça prend… » (c.f. l’épisode 54 « Chasse aux fantômes ») ; « Tu restes pas avec nous ? Joséphine nous a préparé une ratatouille de la mort… » (Sonia s’adressant à Jules, dans l’épisode 87 « Un pour tous »). Par exemple, dans l’épisode 58 « Liouba », notre ange gardien cuisine un Stroganov, en donnant à son plat une dimension rituelle effrayante : « C’est une recette que je tiens de la mère d’Yvan le Terrible : Madame le Terrible ! ».
Joséphine s’annonce comme la maîtresse du Feu. D’un claquement de doigts, elle peut l’éteindre ou l’allumer (c.f. l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants », l’épisode 67 « Les Anges »). Par exemple, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », l’Archange Matthias et Joséphine, à l’instar des coupeurs/passeurs de feu (souvent associés aux magnétiseurs), ont le pouvoir de créer des murs de feu. Dans l’épisode 42 « Le Secret des Templiers », Joséphine dresse un mur de flammes devant le Duc d’Arcamboise. Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », Gabriel, l’ange-stagiaire, allume magiquement à distance le feu de camp de Léonard, en lui donnant un coup de pouce pour que le jeune homme puisse épater ses camarades de colo qui le dénigraient. Dans l’épisode 49 « Joséphine fait de la résistance », notre ange gardien crée un véritable festival d’explosions contre les bâtiments tenus par les Nazis, avec des cascades dignes des films américains. Ses doigts fonctionnent comme des allumettes activant une poudrière meurtrière. D’un frottement digital, elle met le feu à l’immense banderole nazie de la façade de la Kommandantur, et permet la réussite de l’attaque de ses amis résistants : « Pas la peine d’espérer rentrer là-dedans, même avec un char d’assaut. Quoique… On peut peut-être réchauffer un petit peu l’atmosphère. ». Joséphine exprime sa jouissance pyromane en faisant le show/chaud ! Dans l’épisode 96 « Trois anges valent mieux qu’un », l’ange gardien Rosine n’a pas besoin de briquet : son index à lui seul lui fournit du feu !
LES COUPS DE PUTE « MAGIQUES » DE JOSÉPHINE
La caractéristique de la magie noire, autant dans ses intentions que dans ses résultats, c’est la vengeance et la destruction, en collaboration bien sûr avec Satan et ses démons… ainsi qu’une certaine idée puriste de la « Justice ». En gros, la logique de Joséphine, c’est un peu celle de Machiavel : la fin justifie les moyens ! La Justice (et une certaine conception du « Bonheur ») prévaut sur l’Amour ou le pardon. Pour ce faire, notre héroïne met en place ses « bonnes vieilles méthodes ». En général, quand elle prononce le mot « méthode », c’est parce qu’elle s’apprête à outrepasser les limites de la règle de la morale humano-divine de Jésus, et donc à faire un coup de pute : « C’est pas très réglo. Mais j’ai envie de m’amuser un peu. » (Joséphine préparant sa vengeance contre Christine Leroy dans l’épisode 19 « Nadia »).
La comédienne Mimie Mathy a prévenu depuis quelques temps du virage malicieux et démoniaque qu’elle compte donner à son personnage de Joséphine, histoire de salir l’image trop sage et naïve qui lui est éternellement collée. Il n’y a pas si longtemps, le 10 septembre 2018, sur le site de Télé Star, elle s’est confiée sur ses projets à la journaliste Sandra Karas : « J’avoue avoir envie de me faire un peu peur et de ne plus me contenter de jouer uniquement la gentille Joséphine. ». Et on retrouve cette étrange corrélation entre peur et cruauté dans une réplique de Joséphine, justement : « Attention. Je peux être dangereuse. » (c.f. l’épisode 43 « Sur les traces de Yen »). Nous voilà prévenus !
Dans la liste des plus gros coups de pute « magiques » mis en place par Joséphine, il y a une gradation de gravité et de violence : ça va de la simple incivilité à l’acte de malveillance presque homicide.
On va commencer par les coups de pute joséphiniens les plus soft. Ceux qui ont trait au sans-gêne. C’est là que transparaissent – parfois accidentellement – les caprices de star de la comédie Mimie Mathy. Je pense par exemple à la scène de l’épisode 62 « Yasmina » où Joséphine change de lieu et décide de se volatiliser en laissant sur le canapé de Privela tous les déchets et couverts de son pique-nique, sans rien ramasser (on s’en fout, c’est la prod’ qui nettoiera…). Je pense à la scène (hallucinante) de l’épisode 24 « Un Frère pour Ben » où Joséphine veut régulariser la situation d’un jeune Roumain de 11 ans, Lazlo, qui vit dans la rue. Au guichet de la préfecture, le n°16 est demandé. Mais par impatience, Joséphine, qui a le n°61, fait inverser d’un claquement de doigts ses numéros, et refourgue son ticket d’attente à son voisin qui avait originellement le n°16 et qui se retrouve à attendre toute sa journée avec le 61 ! Cet irrespect des règles (elle passe devant tout le monde) et cet usage de la magie pour au final voler les autres passent pour de l’« humour », de la stratégie et de la « solidarité ». En fait, Joséphine est juste une grosse connasse. Pour « rendre service » et « aider les autres », elle est capable de tous les coups bas. Elle en aide certains pour en léser d’autres. Je pense aussi à la scène de l’épisode 35 « Coupée du Monde », où notre héroïne, dans un centre d’hébergement de sans-logis appelé « l’Envol », fait apparaître son nom et celui de Geneviève, amie SDF, sur l’écran d’ordinateur de la permanente d’accueil répertoriant une liste d’attente pour des hébergements d’urgence, et double ainsi tout le monde. Tranquilou-bilou. (C’est pas comme si on parlait de personnes en grande nécessité d’urgence…). Et pour ne pas donner à croire qu’elle prend la chambre de quelqu’un, elle transforme magiquement et in extremis une ancienne remise de l’établissement (sans doute utile aux employés du centre) en chambre coquette pour deux personnes, en poussant les meubles et en faisant passer la réceptionniste pour une menteuse. Je pense encore à la scène de l’épisode 76 « Les Boloss » où Joséphine se rend aux DEMD Éditions et force le tourniquet électrique puis l’ascenseur qu’elle finit par rendre hors-service… tout ça sans rien réparer.
On a aussi les coups de pute qui concernent des violations de liberté. Joséphine impose à des gens de faire quelque chose qu’ils n’ont pas envie de faire. Je pense par exemple à la scène de l’épisode 41 « Les deux font la paire » où elle force une voiture qui s’apprêtait à tracer son chemin à s’arrêter, et a le culot de dire ensuite au conducteur : « Bonjour monsieur. C’est gentil de vous être arrêté si spontanément ! ». Je pense à la scène de l’épisode 40 « Paris-Broadway » où elle force magiquement la main aux actionnaires et au banquier pour financer la tournée du music-hall aux États-Unis… et juste après, les remercie de leur « spontanéité » : « En même temps, faut pas vous sentir obligé. Mais ce serait formidable. ». Je pense également à la scène de l’épisode 48 « Les Majorettes » où elle use de la magie pour séquestrer les deux sœurs Chloé et Catherine pour qu’elles se parlent (elle bloque carrément les portes), ou encore à la fois où elle enferme à clé Anna dans l’épisode 58 « Liouba ». Je pense aussi à la scène de l’épisode 75 « Belle mère, belle fille » où elle englue magiquement Antoine dans le ciment de son chantier pour l’obliger à rester sur place et à lui obéir : « Bon ben tu vas m’écouter ! ». Je pense à la scène de l’épisode 76 « Papa est un chippendale » où Joséphine, pour décrocher un contrat de dessinateur à Thomas, force l’entrée du bureau puis la volonté de l’éditeur DEMD Éditions, Monsieur Legendre, alors qu’au départ, c’était un « non » catégorique de sa part. Par la magie, l’héroïne le colle littéralement à son siège (il est immobilisé et ne peut plus se relever) et l’oblige à regarder les dessins de Thomas. Et finalement, Thomas sera embauché sans même avoir présenté de maquette. Dans l’épisode 89 « Graines de chef », pour trouver le sac de cocaïne et la prendre en faute, Joséphine fait tomber magiquement et méchamment le sac de Chloé pendant que celle-ci téléphone sur son portable à sa mère, l’obligeant ainsi à avouer son addiction aux drogues.
Il y a aussi des coups de pute de Joséphine renvoyant à la fraude et donc au vol. Je pense à la scène de l’épisode 66 « De père en fille » où Victor vient chercher en catastrophe Joséphine pour quitter le Grand Hôtel qu’ils ont squatté sans payer. Notre ange gardien, en découvrant la roublardise de son acolyte, le fixe du regard, et fulmine contre lui. Je rappelle au passage qu’elle s’est également incrustée dans sa chambre d’hôtel sans payer… mais bon, on n’est pas à une contradiction près, avec elle ! Ils prennent la fuite et sont repérés un peu plus tard par la réceptionniste qui les menace d’appeler la police. Magiquement, Joséphine intercepte l’appel. Elle lui promet qu’en échange ils vont rembourser leurs nuits mais Victor et elle apprennent que le comte russe Smilenkoff, ayant lui aussi séjourné à l’œil dans l’hôtel de luxe, n’a lui non plus pas réglé sa note, et se trouvent donc une excuse pour l’imiter. Et le pire, c’est qu’elle conclue : « Je n’ai jamais trempé et je ne tremperai jamais dans des affaires louches. ». LOL. Je pense également à la scène de l’épisode 47 « Les Braves » où Joséphine aide Michael à voler un scooter (en faisant sauter le cadenas et en lui rajoutant les clés) pour qu’il puisse prêter main forte à son frère Éric pour un cambriolage. Elle n’est pas fière d’elle : « Michael, je te préviens : c’est exceptionnel. ». En aparté, elle se désole sur ce qu’elle est en train de faire : « Complicité de vol de scooter… Pffff. ». Une fois qu’Éric dépose à ses pieds la moisson de leur braquage, Joséphine ne va quand même pas jusqu’à l’accepter… mais c’est bien la seule étape qui manque pour que son vol soit complet : « Qu’est-ce que je fais de ce butin ? Je veux bien être complice… mais faut pas exagérer quand même ! ». Je pense aussi à la scène de l’épisode 9 « Le Combat de l’ange » où l’héroïne force le coffre-fort de Germain, le gourou de la secte pour lui voler des documents confidentiels et dénoncer son business : « Oui, j’ai volé le dossier. ». Elle le balance ensuite à la brigade des fraudes. Je pense encore à la scène de l’épisode 35 « Coupée du Monde », où, pour connaître les photos intimes de sa cliente, Joséphine déleste magiquement Geneviève de son portefeuille rangé dans la poche extérieure de son sac à dos, en le faisant planer dans les airs. L’intéressée s’en rend compte et veut le lui arracher des mains : « Moi qui te faisais confiance ! ». Notre ange gardien invente un bobard pour justifier sa violation d’intimité : « Calme-toi. Il est tombé de ton sac. Et je l’ai ramassé pour éviter qu’on te le pique. Y’a tout, j’ai vérifié. ». Dans l’épisode 98 « Haute Couture », Joséphine subtilise le portable de Saint-Brice le critique de mode pour lui pomper son carnet d’adresses : « J’en connais un qui va chercher son portable toute la journée. ».
On trouve dans le cortège des coups de pute de Joséphine ceux qui sont caractérisés par la violation de secret et le forçage d’aveu. Je pense par exemple à la scène de l’épisode 66 « De père en fille » où l’héroïne, d’un claquement de doigts, soutire l’aveu d’un antiquaire arnaqueur, voleur d’œuvres d’art, qui était pourtant récalcitrant à révéler son trafic : « Je vais aller faire un p’tit Jeu de la Vérité avec notre ami antiquaire… ». L’escroc passe du déni à l’aveu en une fraction de seconde, du « J’ai rien à vous raconter, je sais rien » à « J’vais tout vous dire ! ». Il ne parvient même plus à stopper son flot de confessions (« Ah oui, et en 64, le chat de ma grand-mère qui a disparu, eh beh c’est moi ! »), confessions qui n’en sont pas étant donné que la Vérité n’est pas associée à la liberté ni à la volonté ni à une prise de conscience, et encore moins à un repentir. C’est une propriété privée qui s’arrache. Je pense à la scène de l’épisode 32 « La Couleur de l’Amour » où Joséphine force magiquement Gilles à avouer devant un flic qui prend un pot dans son bar que c’est bien lui qui a agressé Aminata la veille au soir. En un claquement de doigts, elle lui fait dire la vérité devant les flics sans qu’il puisse se maîtriser. Le pire, c’est que même après avoir orchestré son coup de pute, Joséphine trouve le moyen de se donner le beau rôle en n’enfonçant pas complètement celui qu’elle a quand même balancé à la police, en prenant un peu sa défense pour que sa sanction soit allégée par la sincérité du spontané « aveu-qui-n’en-est-pas-un » : « Ce que j’aime chez vous, mon p’tit Gilles, c’est votre franchise. C’est rare, les gens honnêtes, à notre époque. » (Joséphine). Quelle connasse… Je pense enfin à la scène de l’épisode 34 « Un Passé pour l’avenir » où Joséphine ensorcelle la magistrate du C.N.A.O.P. (Centre National d’Accès aux Origines Personnelles), pourtant tenue au secret professionnel et à l’inviolabilité de l’identité des mères ayant accouché sous X à la condition de rester anonymes, pour lui faire lâcher à son insu un indice sur l’identité de la mère biologique de Nina : à savoir le nom de la clinique où la jeune femme a été abandonnée à la naissance. Notre ange gardien impose un droit-au-savoir absolu.
Une autre forme de coups de pute que Joséphine fait aux Humains : c’est leur faire changer d’avis. Je pense par exemple à la scène de l’épisode 5 « Une Mauvaise Passe », où elle ensorcelle un policier qui contrôlait ses papiers : elle embrume son esprit et ses yeux d’une lumière qui le rend tout aimable. Je pense à la scène de l’épisode 9 « Le Combat de l’ange » où elle parvient à hypnotiser Armelle du regard et à lui faire porter un faux témoignage contre le chauffeur de bus qui l’accusait de ne pas avoir traversé correctement le passage clouté et d’avoir quasiment provoqué un accident. Je pense à la scène de l’épisode 68 « Restons zen » où l’héroïne, d’un claquement de doigts, fait changer d’avis un lieutenant thaïlandais pourtant inflexible (« Vous pourriez être un tout petit peu plus compréhensif, non ? »), afin d’obtenir de lui une libération provisoire de prison pour Louis, et même de le forcer à signer un papier d’autorisation qu’il ne voulait absolument pas fournir. D’autoritaire, il devient doux et souriant comme un agneau, à cause d’un nuage de poudre dorée que Joséphine lui envoie à la figure. Je pense aussi à la scène de l’épisode 41 « Les deux font la paire » où notre ange gardien embrume d’une nébuleuse étoilée l’esprit d’une juge carcérale, et la fait changer d’avis contre son gré : celle-ci accepte une sortie conditionnelle de prison pour Frédéric, alors qu’à la base, son refus du traitement de faveur et d’un allègement de peine était catégorique. Joséphine utilise la magie pour l’obliger à dire ce que elle elle veut : « Votre ami sera bientôt libre. Je vous fais entièrement confiance, Madame. Et je suis certaine que vous saurez le convaincre. J’ordonne immédiatement sa libération. ». C’est de l’ensorcellement pur et simple. Au passage, la question qui se pose et qui montre l’incohérence/invraisemblance des scénari de la série, c’est « Pourquoi Joséphine n’opère pas ce ‘prodige’ de manipulation à tous les épisodes et avec tous ses clients, puisqu’elle en a le pouvoir ? ». Mais bref, passons. Cet usage malhonnête de la magie scandalise même le collègue Archange de Joséphine, Matthias, censé l’inspecter : « Tu triches au jeu. Tu utilises tes pouvoirs magiques pour ridiculiser un supérieur hiérarchique. Et maintenant, tu obliges le Juge à libérer ton client ?!? Mais ce n’est plus un rapport que je vais écrire sur toi, Joséphine. C’est une demande de licenciement pour faute grave et répétée ! ». Je pense encore à la scène de l’épisode 33 « De toute urgence ! » où, d’un claquement de doigts, Joséphine fait changer d’avis un châtelain pourtant motivé à vendre son domaine à Rébecca et Bertrand. Par la suite, elle décrira à deux reprises Rébecca comme une femme « redoutable »… alors qu’imposer son propre désir à distance à quelqu’un et violer sa liberté, ce n’est pas mieux ! Par la suite, elle décourage un couple de vieux retraités anglais – Mister John et Miss Mary Smith – d’acheter le château familial d’Axel. Elle leur fait vivre un véritable enfer de visite : chute de plâtre du plafond sur le pauvre John, menace d’effondrement du lustre du salon sur eux, mouvements de tapis qui font trébucher le vieillard… Un festival de vacheries, qui se révèlera en plus inefficace. Je pense enfin à la scène de l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton » où Joséphine claque des doigts pendant l’homélie du prêtre et rend les yeux de ce dernier doré pour lui faire dire ce qu’il veut, et il devient comme fou, possédé. Il devient sa marionnette. Elle lui fait tenir une prêche féministe, libertaire et anti-renoncement. Et le comble, c’est qu’après tous ses abus, Magic Josie va jouer auprès de ses anges gardiens celle qui est réglo ! : « Règle n°6 : On laisse les clients vivre leur vie. On peut les aider, mais sans interférer. » (Joséphine dictant à Gabriel, son ange-stagiaire, leur protocole de conduite, dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent »).
Dans la catégorie « coups de putes de Joséphine », on monte d’un cran dans l’échelle de la vengeance et on trouve tous ceux qui infligent une humiliation (donc le ridicule). Je pense à la scène de l’épisode 38 « Ticket gagnant » où Joséphine retourne « magiquement » l’arme du pistolet (à eau) contre le garçonnet qui lui tire dessus sur le palier d’un immeuble où elle vient livrer un colis. Je pense à la scène de l’épisode 63 « Le Cirque Borelli » où elle fait cracher le lama Zézette sur la veste de Damien Trochant. Je pense à la scène de l’épisode 95 « Disparition au lycée » où elle fait exploser à distance la canette du soda de Tristan, le macho, pour le ridiculiser aux yeux de tous ses camarades. Je pense à la scène de l’épisode 28 « Robe noire pour un ange » où l’héroïne, pour apporter la victoire à son client au tribunal, fait magiquement bégayer Maître Armelle Leroy, l’avocate de la partie adverse, et court-circuite sa plaidoirie, la couvrant ainsi de ridicule. Je pense à la scène de l’épisode 52 « L’Homme invisible » où Joséphine fait tomber magiquement un branleur en rollers qui essayait d’impressionner Ariane dans le jardin public, alors que cette dernière était accompagnée par Yann. L’incident fait rire le couple. Humilier les gens, ça, Joséphine sait bien faire. Idem dans l’épisode 8 « Une Famille pour Noël » où elle fait magiquement tomber la jeune Sandrine en rollers pour la punir de ne pas être « gay friendly ». Je pense aussi à la scène de l’épisode 84 « T’es ki toi ? », où elle claque des doigts et fait tomber de sa chaise le beau mec de la classe de Mélanie qui la provoquait. Je pense encore à la scène de l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais » où l’ange gardien, pour se débarrasser d’un acteur jouant le rôle du roi Thibault IV, et se venger de son amateurisme, claque des doigts et fait sonner son portable en plein travail afin de le faire licencier et de lui annonçant qu’il vient de décrocher le rôle d’un cadavre dans un futur film de Steeven Spielberg, et qu’il doit se rendre immédiatement aux États-Unis : « Eh ben… Il veut travailler avec des pros ? Il va être servi ! […] Eh ben voilà : un rôle de cadavre. Au moins, il saura son texte ! ». À la fin, Joséphine se réjouit de son coup auprès de Châtaigne, le cheval, même si elle esquisse un semblant de remord : « C’est moi qui ai envoyé l’autre ringard à Hollywood. Je sais ce que tu en penses. C’est de ma faute. ». Je pense également à la scène de l’épisode 36 « Remue-Ménage », où l’héroïne, rien qu’en claquant des doigts, manipule Malot le chef d’entreprise comme une marionnette, en lui faisant danser le rap de manière ridicule devant tous ses collègues, sans qu’il soit libre de ses mouvements, puis en le narguant : « Vous êtes trop nerveux. Ça, c’est quand on a des choses à se reprocher. ». Je pense à la scène de l’épisode 54 « Chasse aux fantômes » où Joséphine fait foirer tous les numéros du spectacle public d’illusionniste de Wallace au Spider Club.
Joséphine fait également des coups pendables à ceux qu’elle n’apprécie pas. Par exemple, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », elle empêche magiquement Matthias, son collègue Archange, de parler, car il la saoule. Elle lui coupe littéralement le son… ce qui, une fois la voix rétablie, le sidère : « C’est toi qui m’as coupé le sifflet ?!? Personne n’avait osé me faire ça avant toi !! ». Et parfois, ses clones angéliques le lui rendent bien. La vengeance n’est pas l’apanage de Joséphine. Les autres anges gardiens semblent exceller aussi dans cet exercice. Par exemple, Gabriel, l’ange-stagiaire de l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », utilise la magie pour animer une bombe de déodorant appartenant à Max et la retourner contre son propriétaire parce que ce dernier s’est montré cruel envers Léonard, son petit protégé. Et dans l’épisode 96 « Trois anges valent mieux qu’un ! », les anges gardiens Ludivine et Rosine se révoltent contre le dirigisme « dictatorial » de Joséphine et décide de l’immobiliser puis de la bâillonner dans une écurie, avant de finalement la libérer.
On continue la description des « coups de pute » que notre héroïne exerce par l’entremise de la magie, avec les coups bas impliquant une destruction matérielle (et qui sont nombreux ! C’est quasiment la marque de fabrique actionnelle de Joséphine). Je pense par exemple à la scène de l’épisode 93 « Enfin libres ! » où Joséphine, pour faire descendre cette peste de Lison qui est allée grimper sur un arbre, fait craquer la branche sur laquelle elle est juchée, en la menaçant malicieusement juste avant de claquer des doigts : « Tu l’auras voulu… ». Je pense aussi à la scène de l’épisode 24 « Un Frère pour Ben » où l’héroïne qui, contrariée de ne pas voir régularisée la situation de Lazlo, un délinquant roumain, et face au refus de la juge pour enfants qui prévoit d’envoyer le jeune en centre d’accueil, claquera des doigts pour faire tomber une pile de dossiers. Dans le même épisode, elle récidive, cette fois pour que Monsieur Pignon le gérant d’un magasin multimédias n’appelle pas la police pour le vol à l’étalage de Lazlo : elle lui fait du chantage (s’il balance Lazlo, elle dira aux flics qu’il « pille sans vergogne ses rayons en faisant passer ça en pertes et profits ») et fait trembler à distance le mur arrière du bureau du commerçant d’où tombent des montagnes de cassettes de jeux vidéo. Je pense encore à la scène de l’épisode 95 « Disparition au lycée » où Joséphine, d’un claquement de doigts, fait tomber tous les dossiers des armoires de Nadine, la CPE pourtant très ordonnée et maniaque du lycée. Je pense aussi à la scène de l’épisode 38 « Ticket gagnant » où Joséphine renverse tous les verres et les bouteilles de l’étalage d’un bar, d’un claquement de doigts… et il y a de la casse ! Dans l’épisode 60 « Une Prof », notre ange gardien passe son temps à faire des misères au principal du collège où elle travaille : d’un claquement de doigts, elle fait glisser la luxueuse montre de son poignet et la casse ; et même quand il la fait réparer, elle continue de la détruire, en dirigeant à distance une statue grecque qui vient dans sa chute s’écraser sur la pauvre horloge et la détruire pour de bon. Joséphine sort de son bureau, toute contente de son coup : « Et toc ! ». À la fin de l’épisode, elle parachève son travail de destruction, cette fois en s’arrangeant pour que le stylo du directeur lui pisse de l’encre dessus tout seul et bousille sa belle chemise-costard.
Plus ça avance dans les épisodes, plus notre ange gardien utilise le feu comme arme punitive façon lance-flammes. Tel un dragon humain justicier, elle claque des doigts et immole des objets (de valeur, en particulier sentimentale) à distance pour les calciner face à leurs propriétaires, médusés et affolés. Entre autres, dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette », elle fait carrément exploser l’écran d’ordinateur de Max Leblanc, le journaliste-paparazzi. Elle embrase aussi son bel appareil photos : « Un cyclone, j’ai jamais essayé. Mais en attendant, je peux toujours vous proposer ça. ». Même scénario dans l’épisode 62 « Yasmina » : pour intimider Michael et lui demander qu’il lâche les basques de Yasmina, Joséphine fout le feu à sa bécane. Et pour revenir à l’épisode 60 « Une Prof », elle fait sauter la belle montre que le proviseur porte au poignet, en feignant de l’admirer : « Oh, vous avez une nouvelle montre très jolie. ».
Joséphine, le robot bionique, entretient une relation de rivalité avec les machines, qu’elle voit comme des concurrentes ou des boîtes idiotes et sans intelligence. Elle détruit les robots. Par exemple, dans l’épisode 3 « Le Tableau noir », elle court-circuite le poste de radio portative de la bande à Jérôme. Dans l’épisode 4 « La Part du doute », elle bousille la télé du petit breton quand passent les infos. Dans l’épisode 24 « Un Frère pour Ben », elle fait exploser la bagnole des hommes de Petru. Dans l’épisode 6 « Une Nouvelle Vie », elle fait tomber les portières et le pare-choc d’une des voitures du garage de Raymond Mariano. Dans l’épisode 74 « Tous au zoo », comme Lucas ne veut pas aider Joséphine à mettre la table, elle lui arrête magiquement son jeu vidéo. Etc.
La grande spécialité de Joséphine, c’est de faire tomber en panne ou en rade les voitures en marche ou en mouvement. Tout ce qui roule (elle fait tomber ceux qui roulent : les skate-boards dans l’épisode 12 « Romain et Jamila », les rollers dans l’épisode 8 « Une Famille pour Noël » et dans l’épisode 52 « L’Homme invisible »). Elle possède le bouton « off » des moyens de transport… et ce bouton, c’est le frottement de ses doigts ! Par exemple, dans l’épisode 23 « Sens dessus dessous », elle met en panne la voiture de Renaud. Dans l’épisode 27 « Sauver Princesse », elle stoppe le van et fout des moteurs de voiture en l’air. Elle monte même dans un camion de l’abattoir qui l’a prise en stop, simplement parce qu’elle a prévu de le mettre en panne. Dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange », elle met en panne la voiture de Stéphane avec les deux enfants de ce dernier à bord. Dans l’épisode 29 « Trouvez-moi le prince charmant ! », elle fait arrêter le moteur de la voiture d’Antoine. Dans l’épisode 32 « La Couleur de l’Amour », Aminata fait du stop : Joséphine empêche à la voiture qui a décidé de la prendre de s’arrêter. Dans l’épisode 33 « De toute urgence ! », l’ange gardien met en panne la moto de Bertrand. Dans l’épisode 37 « L’Ange des casernes », elle noie le moteur du scooter de Camille. Dans l’épisode 40 « Paris-Broadway », elle fait fumer le moteur de la voiture de Fred. Dans l’épisode 44 « Le Festin d’Alain », Alain veut se barrer de chez sa sœur Valérie, ce qui contrarie Joséphine qui souhaitait d’heureuses retrouvailles (« Qu’est-ce que je fais moi ? Je vais quand même pas leur refaire le coup de la panne. Ils vont trouver ça louche… »). Alors elle fait en sorte que la voiture ne démarre pas. Dans l’épisode 46 « Police blues », elle apparaît devant le camion des dealers et l’arrête net (« Ouh… Il va trop vite, lui. Je vais lui réviser les freins. »), en manque de lui provoquer un accident, ce qui fout les délinquants en rogne : « Mais qui c’est, elle, là ? Elle se met devant, elle claque des doigts, et le moteur il lâche ! » (le dealer). Joséphine nie son interventionnisme magique mécanique : « C’est sûr. Et moi je suis arrivée sur un balai volant ! ». Dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette », Laura et Joséphine à bord d’un taxi sont suivies par un paparazzi : l’ange gardien d’un claquement de doigts, met sa moto hors course. Dans l’épisode 56 « Tout pour la musique », elle arrête le moteur de la camionnette d’Alain qui ne démarre pas : « Si j’ai réussi à réparer une camionnette, j’peux bien la faire tomber en panne ! ». Dans l’épisode 63 « Le Cirque Borelli », d’un claquement de doigts, elle crève une roue de la voiture de Luigi qui ne peut plus s’en aller. Dans l’épisode 65 « Pour la vie », elle met une première fois en panne la voiture de Camille. Mais au bout de la deuxième, elle se réfrène un peu : « Je vais peut-être m’arrêter là. Une épidémie de pannes de voiture, ça va paraître suspect. ». Dans l’épisode 68 « Restons zen », elle est sur le point d’arrêter le taxi de Bastien… mais comme Jeera va la voir faire, elle se retient. Dans l’épisode 73 « Légendes d’Armor », elle fait s’arrêter la deux-chevaux de Hugues qui lui propose de l’emmener. Dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », elle « donne un coup de pouce » à Antoine c’est-à-dire qu’elle met en panne la voiture d’Alice pour que celle-ci n’ait pas d’autre choix que d’héberger chez Antoine. Dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », elle met magiquement en panne la voiture de Florence pour qu’elle reste bloquée chez ses ex-beaux-parents à Noël. La panne ou le cran d’arrêt qu’applique Joséphine aux moyens de transport est parfois un acte de vengeance quand celle-ci essuie un refus ou une vexation. Par exemple, dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur », parce que Gilles lui a dit qu’elle était collante, elle place à la roue de la voiture de Gilles un bloque-roue jaune. Joséphine a tendance aussi à créer les problèmes mécaniques qu’elle prétend ensuite résoudre, pour freiner l’action et d’autre part se donner le beau rôle auprès des gens qu’elle a piégés. Par exemple, dans l’épisode 59 « Suivez le guide », elle empêche Laurent de partir en taxi car elle met magiquement le feu à son moteur (la fumée s’en dégage) : « Bon, eh ben on va réparer la voiture. » Et en un claquement de doigts, elle répare son sabotage.
En particulier dans les premiers épisodes, il arrive que Joséphine crée des accidents de voiture. Elle est vraiment l’incarnation de l’ange qui se transforme en démon, qui barre la route. Par exemple, dans l’épisode 2 « L’Enfant oublié », elle transforme un feu vert immédiatement en rouge et fait frôler le carambolage à une file de voitures. Dans l’épisode 7 « Une Santé d’enfer », Max est obligé de piler comme un malade et fait un dérapage dans la nuit en voiture car Joséphine apparaît face à lui sur la route. Dans l’épisode 9 « Le Combat de l’ange », l’ange gardien surgit de manière impromptue devant un bus parisien et manque de lui créer un accident. Dans l’épisode 16 « La Vérité en face », François a failli se faire écraser par un camion à cause de l’accident que Joséphine a provoqué (« Ce que je vais faire, c’est moche. Mais tant pis, j’ai pas le choix. »). Dans l’épisode 51 « Ennemis jurés », l’héroïne se met devant la moissonneuse batteuse de Mareuil. Genre Tien an Men. Dans l’épisode 68 « Restons zen », elle se place devant la voiture de Bastien, comme une apparition soudaine, et il freine très sec. Dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé », elle crée quasiment un accident en stoppant Gaspard sur son scooter et en arrêtant à distance le moteur. Et quand ce sont d’autres personnages qui créent les accidents – comme c’est le cas entre Clément et le livreur de pizzas dont les véhicules s’entrechoquent dans l’épisode 59 « Suivez le guide » –, l’héroïne peste : « Oh mince. Ben il me pique mon boulot, lui ! ».
Par ces dommages matériels, Joséphine annonce que la prochaine cible de ses actions « magiques », c’est l’intégrité des personnes, donc la maltraitance physique voire la mort. J’en tiens pour preuve le dialogue faussement corsé entre Michael, le « rebelle » des cités, et l’ange gardien qui joue la dure lui rabattant le caquet (vachement crédible…) juste après lui avoir flingué sa bécane, dans l’épisode 62 « Yasmina » : « Dégage. Tu me gaves. » (Michael) « Hey ! Hoho ! Toi aussi, tu commences à me gaver grave ! T’es un peu relou, comme keum. Et c’est pas avec ton discours caillera à deux balles que tu vas m’impressionner. » (Joséphine) « Mais t’es qui, toi ? » (Michael) « J’suis une amie de Yasmina. Alors tu la laisses tranquille. Sinon, je te mets un coup de tête bien placée. Et vu ma taille, ça va te faire très mal. » (Joséphine) « J’suis mort de peur. » (Michael, ironique) « Ben tu devrais quand même avoir un tout p’tit peu peur. Parce que la prochaine fois, c’est pas ta moto qui va avoir des ennuis. C’est toi ! ». Il arrive même que Joséphine profère des menaces de meurtre. Par exemple, dans l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle », en surprenant Mademoiselle Girard et le Docteur Lancel en train de fomenter un trafic de bébé dans la chapelle d’un établissement scolaire, elle murmure dans un confessionnal : « Je vais les pulvériser. ». Okay… Sympa, Joséphine… Et merci TF1.
Dans le genre « maltraitance physique soft » et « blagues potaches » à la Abracarambar, je pense à la scène de l’épisode 44 « Le Festin d’Alain », où Joséphine décide de se débarrasser des acheteurs américains dans le restaurant de luxe tenu par Alain, en rajoutant des piments dans leurs assiettes de tourteaux qu’elle leur sert. Ou bien à la scène de l’épisode 19 « Nadia » où l’héroïne donne une crème de beauté empoisonnée à la bourgeoise Christine Leroy qui la défigure et lui cause des boutons partout sur la figure. Et plus tard, Joséphine va plus loin dans le supplice infligé : elle lui donne temporairement une paralysie faciale à lui tordre la bouche. Je pense également à la scène de l’épisode 70 « Tango » où l’ange gardien fait « magiquement » en sorte qu’un serveur de l’hôtel renverse un café sur Alejandro. Mais ce n’est pas tout. Les coups bas de collégienne, chez Joséphine, c’est plus fort qu’elle : « Si j’me retenais pas… D’ailleurs, j’vais pas me retenir. » dit-elle juste avant d’user de sa magie pour déplacer un sac et faire trébucher le pauvre Alejandro. Je pense aussi à la scène de l’épisode 78 « Carpe Diem » où Joséphine, pour faire sortir François de sa piscine où il se la coule douce (« Mais il plane à 10 000. Je vais te le refroidir, moi, tu vas voir ça. »), fait carrément baisser d’un claquement de doigts la température de l’eau à zéro degré… provoquant un violent choc thermique qui fait bien sûr hurler d’effroi le pauvre homme. Je pense à la scène de l’épisode 52 « L’Homme invisible » où Joséphine passe en force le barrage de contrôle d’une secrétaire pour rencontrer un DRH (Directeur en Ressources Humaines) dans son bureau, et claque des doigts pour l’immobiliser comme une statue. Je pense à la scène de l’épisode 53 « Marie-Antoinette » où elle est vraiment odieuse et fait vivre à Max Leblanc, le journaliste paparazzi, une véritable séance de torture, pour qu’il fiche la paix à l’actrice Laura et à sa fille. Tout d’abord elle lui flingue sa moto en la mettant en panne puis plus tard en l’incendiant à distance, ensuite elle explose littéralement son ordinateur de bureau, et enfin elle le menace de tout un tas de métamorphoses plus effrayantes les unes que les autres : « Ça vous suffit, ou vous voulez que je m’occupe de vous ? Parce que je peux vous transformer en réverbère, en feu rouge, en platane… J’ai même des animaux. Alors dans ma collection, j’ai dogue allemand, chat angora, lapin… Lapin, ça vous irait bien, ça. Je suis sûr que ça vous irait bien. […] Oui, eh bien dégagez. Et si je vous reprends à nous espionner, je serai beaucoup moins gentille. ». Je pense à la scène de l’épisode 33 « De toute urgence ! » où Joséphine, d’un claquement de doigts, déclenche un horrible mal de dos à Vincent, qui le fait tomber et hurler de douleur sur le terrain de tennis. Dans sa grande bonté, elle le lui retire un peu après. Mais elle justifie son sadisme en soutenant qu’on n’a rien sans rien : « C’est p’têt pas très règlementaire, mais c’est efficace. ». Elle veut, par cette manœuvre, que Vincent soit soigné par son père, Bertrand, et qu’ils se réconcilient. Ça fait cher la réconciliation… Je pense aussi à la scène de l’épisode 47 « les Braves » où Joséphine, par magie, impose une crampe à Denis, le joueur de rugby. Je pense à la scène de l’épisode 67 « Les Anges » où l’héroïne immobilise le garde du corps noir du chanteur à succès Alex, qui l’a prise à bras le corps dans le jardin de la propriété où elle a fait irruption : elle lui bloque le dos, en le laissant pendant un bon bout de temps paralysée et plié en deux, et totalement conscient, histoire qu’il souffre bien de la position inconfortable et douloureuse dans laquelle elle l’a laissé. Lorsque Alex se retrouve nez à nez avec l’intruse, elle lui décrit avec aplomb ce qu’elle a commis (« Ah, il s’appelle Tony, votre garde du corps ? Je me demande s’il n’a pas un p’tit problème de dos, parce qu’il est complètement coincé. ») mais n’en reste pas là dans sa démonstration d’autorité « magique ». Alex décide de l’expulser lui-même (« Ah ouais ? C’est moi qui vais vous virer, alors ! »). « J’pense pas. » lui répond-elle, en projetant d’un claquement de doigts expéditif le pauvre Alex tout habillé dans sa piscine couverte. Je pense encore à la scène de l’épisode 12 « Romain et Jamila » où Joséphine met K.O. tous les membres de la bande à Bruno, en les empêchant de fuir les flics, de partir en voiture, en les maltraitant physiquement ou en les faisant glisser sur un skate-board : « Bien fait pour ta gueule ! […] Cadeau de la Maison Joséphine ! ». Je pense à la scène de l’épisode 24 « Un Frère pour Ben » où l’héroïne fait leur fête aux trois malfrats de la mafia roumaine de Petru, en les rouant de coups à distance et en faisant exploser leur bagnole. Je pense à la scène de l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton » où Joséphine transforme le revolver en argent gris d’Ulysse en fer rouge brûlant et lui tombe des mains, en faisant hurler ce dernier de douleur. Et le pire, c’est qu’après toutes ces vacheries, l’ange gardien a culot de dire qu’elle « n’a jamais fait pleurer personne. » (c.f. l’épisode 25 « Tous en chœur ») !
Comme une anguille, il arrive que Joséphine, pour se défendre ou attaquer un adversaire, lui envoie une sévère décharge électrique pour l’électrocuter (rien à voir avec les gentilles électrocutions de Claude Gensac à Louis de Funès dans la série des films du « Gendarme »). Par exemple, dans l’épisode 49 « Joséphine fait de la résistance », elle file une châtaigne mémorable à Louis au moment où il lui pointe son flingue sur la tempe, après l’avoir préalablement prévenu : « Ne me touche plus jamais, sinon je vais vraiment m’énerver. ». Dans l’épisode 63 « Le Cirque Borelli », elle recommence : quand Charlie lui enserre la gorge en l’empoignant, elle claque des doigts et lui envoie une brutale impulsion électrique. Comme si notre ange gardien était une ligne électrique à haute tension. Dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », face au barman trop tactile et entreprenant avec Alice, et qui la traite de « princesse » dès qu’elle lui résiste, Joséphine, d’un claquement de doigts, lui file une décharge électrique. Dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », elle crée un sabre-laser lumineux qui terrasse concrètement Kevin, un figurant déguisé en chevalier.
Il arrive même que Joséphine porte atteinte à la vie des personnes. Notamment dans l’épisode 37 « L’Ange des casernes », elle bat tous les records de violence pour punir cet « ignoble » macho d’adjuvant Müller. Par exemple, elle alourdit magiquement une charge qu’il était en train de porter ; d’un claquement de doigts, elle le fait aussi tomber dans l’étang d’un marécage (en feignant l’affliction : « Oh mince, vous avez trébuché… C’est dommage qu’on ne soit pas dans un champ de coquelicots. ») ; et elle l’achève en lui envoyant dans l’œil une boule de billard (« Vous voulez un coup de boule ? ») tirée initialement par un de ses camarades soldat de la salle de jeu de la caserne, et qui, par ricochet et par vol plané, lui heurte violemment le visage, en le laissant inanimé à terre. Juste après son coup de grâce, on entend une musique flamenco endiablée, et on voit Joséphine souffler sur ses mains et ses doigts qui ont terrassé l’Ennemi façon double flingue, comme dans les saloon des westerns spaghettis. Là, Joséphine montre son vrai visage d’Ange Exterminateur.
Parfois, l’héroïne supprime carrément les êtres humains. C’est le cas d’un des invités bourrés de la fête improvisée par Jennifer au foyer des mères célibataires (c.f. l’épisode 20 « Le Stagiaire »), que l’héroïne fait disparaître d’un claquement de doigts… et dont on n’aura plus jamais de nouvelles. La magie sert à se débarrasser des gens. (c.f. l’épisode 30 « Le Secret de Julien »). La série Joséphine ange gardien va super loin dans l’immoralité. Elle va jusqu’à justifier, sous couvert d’accident, d’amour et de liberté, les homicides et les meurtres d’Humains (c.f. le meurtre de Garance dans l’épisode 85 « La Femme aux gardénias »).
Et si pour l’instant Joséphine n’a encore tué personne, elle s’exerce au moins au terrorisme psychologique. Par exemple, dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis », lorsqu’un marchand de lampes magiques d’un souk tunisien l’accoste pour lui en vendre une en lui promettant qu’il y a un génie à l’intérieur qui réalisera tous ses souhaits, notre ange gardien le méprise, sort de ses gonds, invoque sa méthode (« J’ai déjà une méthode très personnelle pour exaucer mes vœux. ») et opère une démonstration de force en réveillant vraiment le Génie de la lampe endormi à l’intérieur pour prouver qu’il ne faut jamais se montrer insistant avec elle et surtout que c’est elle seule qui détient le pouvoir et l’autorité, même sur les génies. Ce Génie, tel un molosse bien soumis à sa maîtresse, menace de manière spectaculaire le pauvre marchand qui pensait vendre de la banale quincaillerie à une touriste lambda (« Laisse cet ange gardien tranquille ou ma vengeance sera terrible ! ») puis retourne sagement dans sa lampe, sous les yeux ébahis du vendeur.
En règle générale, la magie de Joséphine est mauvaise. Elle peut faire volontairement mal ou souffrir. Par exemple, l’ange gardien colle des maux de tête aux gens (c.f. l’épisode 14 « La Fautive ») ou les plonge dans le coma (c.f. l’épisode 7 « Une Santé d’enfer »). Si Joséphine n’a pas toujours la cruauté de rendre malades les autres ou de les faire souffrir, il lui arrive en tout cas d’en donner l’illusion, en faisant craindre aux témoins de ses tours qu’ils sont en train de défaillir, de devenir fous, malades, aveugles, saouls (c.f. l’épisode 19 « Nadia », l’épisode 41 « Les deux font la paire »), vieux, ou en les couvrant de ridicule aux yeux des esprits cartésiens (c.f. l’épisode 35 « Coupée du Monde »). Ce sont les facultés humaines qui sont remises en question (vue, intelligence, raison, mémoire…). Par exemple, dans l’épisode 19 « Nadia », un passant croit avoir bu après avoir vu le déplacement magique de poubelles opéré par Joséphine. Dans l’épisode 38 « Ticket gagnant », la magie de Joséphine fait tourner chèvre le pauvre Jean-Jacques : « Je crois que j’aurai besoin d’un petit congé, moi. ». Dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », le SDF qui a assisté au sauvetage miraculeux d’Alice qui s’était jetée du haut d’un pont dans la Seine et dont le corps a été soulevé des eaux par l’Archange Matthias, se demande s’il n’a pas encore forcé sur la bouteille : « Il faut que j’arrête le pinard, moi… ». Dans l’épisode 35 « Coupée du Monde », la responsable du centre d’accueil de SDF passe pour une folle auprès de sa collègue Véro parce qu’elle n’a vu personne dans la douche de Joséphine, alors que visiblement, cette dernière vient d’en sortir. Toujours dans ce même épisode, le lieutenant de police qui a interrogé Joséphine au commissariat et qui n’a pas voulu la croire quand elle lui a révélé son identité d’ange gardien, part demander du renfort quand celle-ci se volatilise sous ses yeux, et ses collègues flics ne le prennent bien évidemment pas au sérieux. Dans l’épisode 47 « Les Braves », Joséphine, par un tour de magie qui reconstitue les os cassés de Michael, fait mentir les observations du chirurgien de l’hôpital qui avait pourtant attesté sur les radios du bras du blessé qu’il y avait bien fracture : n’en croyant pas ses yeux, Joséphine lui sort la thèse du « surmenage et du stress ». Dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur », elle fait disparaître magiquement le bloc-roue de la voiture de Gilles qu’elle avait pourtant initialement placé, et fait passer cet effacement pour de la « fatigue » de la part de son propriétaire. Dans l’épisode 62 « Yasmina », elle modifie magiquement les dates des papiers de l’huissier venu saisir les biens de l’appartement HLM des parents de Yasmina, ce qui plonge le magistrat dans la circonspection : « Comment est-ce possible ? » s’indigne-t-il. « Peut-être les lunettes ?? » répond innocemment Joséphine. Dans l’épisode 63 « Le Cirque Borelli », quand Damien a du mal à avaler le tour de passe-passe que Joséphine vient d’opérer, celle-ci met en doute son état de santé : « Vous savez, parfois la fatigue… Et avec l’âge, des petits problèmes de vue… ». Dans l’épisode 75 « Belle mère, belle fille », lorsque l’héroïne fait disparaître en un clin d’œil le grain de beauté au bras dont se plaignait Corinne, la concierge de l’école de danse, cette dernière pense qu’elle perd la boule : « J’dois avoir un problème de vue. Ou alors je deviens folle. ». Dans l’épisode 78 « Carpe Diem », Joséphine disparaît dans le dos de François et ce dernier croit qu’il a bu. Dans l’épisode 87 « Tous pour un », elle invalide l’expertise de l’inspecteur de l’Aide à l’Enfance, en créant magiquement sur l’ordinateur de ce dernier un dossier d’obtention d’agrément d’adoption pour Gabriel et Cécile qui n’existait pas… ce qui préoccupe le fonctionnaire sur son état de santé : « Ça alors… J’ai aucun souvenirs d’eux. Je dois être fatigué. » « Ça arrive… » compatit Joséphine. Dans l’épisode 96 « Trois anges valent mieux qu’un ! », l’héroïne fait tourner la pauvre Charlotte, l’intendante de la ferme de Rémy, en bourrique : elle se croit fatigué, malade, folle puis dépressive après avoir vu Joséphine en triple : « Alors là, il ne me reste plus que le psy… ».
Pire, cette sensation d’étrangeté violente produite par les tours de Joséphine fait parfois faire à ses victimes des accidents ou des bêtises qui les trahissent et les enfoncent encore plus dans leur mal (-être). Par exemple, dans l’épisode 52 « L’Homme invisible », un cycliste roulant en bord de Seine, et voyant le tas d’ordures déplacé magiquement par Joséphine apparaître sur son chemin, s’imagine avoir un coup dans le nez : « Faut que je ralentisse sur le vin blanc, moi. ». Mais ce n’est que plus tard, quand Joséphine récidive en disparaissant carrément face à lui qu’il perd l’équilibre et fonce sur une table de jardin : « Maudite, cette péniche ! ». Dans l’épisode 49 « Joséphine fait de la résistance », l’ange gardien en fait voir de toutes les couleurs à l’intendant allemand de la Kommandantur chargé de vérifier les entrées et sorties des visiteurs : d’un claquement de doigts, elle modifie les données de son passeport périmé qui avait fait l’objet d’une suspicion, et le contrôleur, face à la version corrigée, s’imagine qu’il est sujet à des « hallucinations ». Et plus tard, lorsqu’il raconte au colonel Stadler la scène surréaliste de la disparition soudaine et inexpliquable de Joséphine à la gare, il passe pour un taré et se fait passer un savon : « À cause de vous, Stadler a dit que moi être folle ! ».
Pour exercer son pouvoir, Joséphine aime bien user de la magie pour terroriser les gens. Par exemple, dans l’épisode 51 « Ennemis jurés », Xavier Mareuil déverse des litres de produits toxiques et de pesticides dans l’étang de son voisin Antoine Blondel. Joséphine, pour le punir de son acte de sabotage, fait croire que Gaël, son fils, a fait une intoxication grave (à l’hôpital, elle modifie magiquement le dossier médical de ce dernier en remplaçant l’étiquette « état normal » par « empoisonnement du sang. État extrêmement alarmant. ». Face à des situations angoisses où les choses ne tournent pas dans le sens qu’elle veut, Joséphine se précipite sur les systèmes d’avertissement électrifiés : « Qu’est-ce que je fais, moi ? J’déclenche l’alarme d’incendie ? » (c.f. l’épisode 78 « Carpe Diem »). Dans l’ensemble, l’électricité de Joséphine a pour but de faire peur, d’affoler. Il n’est pas rare que notre ange gardien, pour se défendre, déclenche des alarmes. Par exemple, dans l’épisode 61 « Un Monde de douceur », elle est tellement contrariée de se voir refuser sa demande de renseignement auprès d’une bibliothécaire – elle veut obtenir l’adresse et les coordonnées de Gilles Marsac son client, et l’employée ne cède pas (« Vous pouvez donc pas m’aider ? » ) – qu’elle déclenche magiquement l’alarme incendie pour avoir le champ libre. Dans l’épisode 72 « Les Boloss », afin que les collégiens rentrent en cours à la sonnerie, elle envoie magiquement dans leurs walkmans des sons ultra douloureux, comme une décharge. Et c’est dissuasif : « Ça m’a défoncé les oreilles ! » sursautent certains élèves, sous le choc. Un peu plus tard, elle use du même stratagème, cette fois en mettant inopinément fin à la beuverie organisée chez Jeanne par une coupure de courant générale de tout le groupe électrogène de la baraque familiale. Dans l’épisode 84 « T’es ki toi ? », pour empêcher une dispute père-fille, elle met en marche par un claquement de doigts l’alarme assourdissante du lycée de Mélanie, à en faire crever les tympans de tous. Plus tard, elle déclenche l’alarme anti-cambriolages de la villa des parents d’Anthony, juste au moment où ce dernier allait poser amoureusement sa main sur sa demi-sœur Mélanie : « O.K. Alerte rouge ! ». Le terrorisme électrique de Joséphine se voit justifié par l’urgence, la solidarité ou l’évitement d’un catastrophe. L’a(la)rme électrique est un moyen pour elle d’appuyer sur « pause », d’arrêter le temps ou d’empêcher un drame sur le point de se produire. Par exemple, dans l’épisode 87 « Un pour tous », magiquement, Joséphine met en marche l’alarme incendie (détecteur de fumée) afin de court-circuiter le dangereux hold-up de Jules.
LA MAGIE BLANCHE SECRÈTE DONC VIRANT À LA MAGIE NOIRE OCCULTE
La preuve que la magie pratiquée par Joséphine est noire, c’est que notre ange gardien fait des tours de magie comme elle fait des conneries : elle a pour habitude d’agir quand les gens ont le dos tourné ou les yeux fermés, et de regarder tout autour d’elle pour s’assurer de ne pas être prise en faute ou démasquée dans ses pratiques peu orthodoxes (disparition, espionnage, intrusion, vol, transformation, empoisonnement…).
Ce n’est qu’à partir de l’épisode 7 « Une Santé d’enfer » que Joséphine commence à dissimuler ses tours de magie, et jusqu’à l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne » qu’elle fait encore connaître son identité d’ange. Après, c’est fini ! Ça restera secret. Néanmoins, par la suite, elle continue de montrer ses tours de magie ou de se révéler ange devant certaines personnes privilégiées, en général qui n’ont aucune mémoire, qui ne peuvent pas être crues parce qu’elles sont trop jeunes ou qu’elles se croient folles ou malvoyantes ou sous drogues ou trop fatiguées ou en train de rêver. Ces éclairs de reconnaissance passent pour des connivences poétiques : « Comment avez-vous fait ? » (Gaston, un vieil homme malade d’Alzheimer, face à son tourne-disques mis en marche magiquement par Joséphine) « Je suis un peu magicienne. Mais ça aussi c’est un secret. […] Ne vous inquiétez pas : ce sera vite oublié. » (Joséphine, dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais ») ; « J’ai dit à maman pour les étoiles filantes. Mais pas pour la magie. » (la petite Zoé) « Ah ben non. Parce que ça, c’est notre secret. […] Alors maintenant, tu fais ton vœu dans la tête, mais surtout tu ne le dis pas. Ça doit rester secret pour que ça marche. » (Joséphine, dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée »). Par exemple, dans l’épisode 82 justement, Joséphine fait ses tours de magie devant les gamins d’un magasin de jouets, notamment en faisant disparaître sous leurs yeux une voiture télécommandée. Mais ils s’en amusent et ne s’en révoltent pas parce que le prodige ne détonne pas avec l’atmosphère ludique et surréaliste plantée par les jeux actuels.
Très vite, à partir de l’épisode 20 « Le Stagiaire », la série prend le tournant de la confidentialité par rapport à l’identité des anges gardiens mais aussi de la dissimulation du « caractère » magique de leurs actions : « Règle n°2 : Ne pas oublier qu’on est en mission secrète, donc agir avec discrétion et doigté. » (Joséphine s’adressant à Gabriel, son ange-stagiaire de 10 ans) ; « J’croyais qu’on n’avait pas le droit d’utiliser la magie devant les autres… » (Gabriel, idem). Autrement dit, la magie blanche se mute mine de rien en magie occulte/noire. D’ailleurs, la fin traditionnelle de la série Joséphine sera désormais systématiquement marquée par la disparition « discrète » de Joséphine, qui se volatilise d’un claquement de doigts, en général à l’abri des regards, et sans même un au revoir aux gens qu’elle a aidés. Cette volatilisation passe pour un sain détachement, une humilité, et parfois même pour un petit pincement au cœur déchirant.
Comble de l’invraisemblance des scénari de Joséphine et surtout de l’envahissement progressif de l’occultisme dans le quotidien des gens : à mesure qu’on avance dans les épisodes de la série, les tours de magie joséphiniens ne sont plus identifiés comme magiques par l’entourage de l’héroïne ; et de surcroît leurs résultats incroyables passent complètement inaperçus, ne suscitent plus de contestation, de questionnement, d’étonnement, de curiosité ni d’émerveillement. Les personnages qui en sont témoins passent immédiatement à autre chose. Joséphine se voit même obligée de leur rappeler qu’ils pourraient être éventuellement surnaturels, au cas où personne ne l’aurait remarqué : « Par où t’es rentrée ? » (Zoé) « Par la porte. Ou peut-être que je suis un ange. » (Joséphine, dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée »). On observe chez les protagonistes – et même chez les téléspectateurs – une accoutumance complète à la magie, qui rend cette dernière aussi systématique qu’inexistante. Je parlerais d’envoûtement collectif.
Joséphine n’est pas étrangère à cette amnésie. Elle n’ose plus dire elle-même qu’elle est ange… alors que les vrais anges, quant à eux, n’ont pas honte de qui ils sont et déclinent ouvertement leur identité (exemples : l’ange du Portugal, l’ange Gabriel, saint Michel Archange, etc.) : ils ont même ordre divin de le faire. Joséphine déroge à la règle, tout simplement parce qu’elle est un ange déchu : « D’où tu viens, toi ? T’es une extra-terrestre ? » (Laura) « Euh… non… non. » (Joséphine, dans l’épisode 53 « Marie-Antoinette »). Elle fait ses tours de magie sans se justifier ni se revendiquer « céleste » ou « angélique », y compris quand les personnages lui demandent des explications : « Qu’est-ce que vous avez fait ? » (Duncan qui a été ligoté magiquement par elle) « Ce serait trop long à vous expliquer. » (Joséphine, dans l’épisode 54 « Chasse aux fantômes ») ; « Vous êtes magicienne, c’est ça ? » (Germain s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 65 « Pour la vie ») ; « Mais enfin, qui êtes-vous ? » (Monsieur Henry) « Ce serait un p’tit peu compliqué de vous expliquer tout ça. » (Joséphine, dans l’épisode 67 « Les Anges ») ; « Mon fils Boon-Bee veut savoir qui t’es vraiment : une magicienne qui sait retrouver les jouets ? ou une sorte d’ange gardien ? » (Jeera) ; « Dis-lui que je suis sa copine. » (Joséphine, dans l’épisode 68 « Restons zen ! »). Par exemple, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », elle et l’Archange Matthias sont à deux doigts de révéler à leur « client » Frédéric qu’ils sont des anges gardiens chargés de le protéger… et finalement, ils remplacent leur révélation par le fait qu’ils seraient magiciens. Joséphine emploie régulièrement la magie pour se cacher et se rendre invisible.
Au bout d’un moment, comme sa magie n’est absolument plus vue ou suspectée, mais que les résultats de celle-ci suscitent quand même toujours une petite stupéfaction furtive, Joséphine est obligée de « se trahir un peu sans se trahir vraiment », pour faire rigoler la galerie des spectateurs, pour que sa marque de fabrique angélique qui a fait sa célébrité ne tombe pas totalement en désuétude, en feignant de dévoiler de manière maladroite, grossière, cocasse, mais néanmoins non-suspecte et non-dangereuse pour elle, son identité de magicienne : « Vous êtes qui exactement ? » (Antoine) « Un ange envoyé pour claquer des doigts et vous aider… Non ! Mais non ! J’ai un peu bluffé. Je suis simplement là pour faire un stage dans une exploitation bio ! » (Joséphine, dans l’épisode 51 « Ennemis jurés ») ; « Comment vous faites pour ouvrir les portes comme ça ? » (Louis) « Eh ben en claquant des doigts ! » (Joséphine, dans l’épisode 68 « Restons zen ! ») ; « Comment t’as fait ça ? » (Anne) « D’un claquement de doigts ! Non, j’rigole ! » (Joséphine, dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais ») ; « Comment vous avez fait ? » (Olivier) « Eh ben j’ai claqué des doigts !… Enfin, j’veux dire, j’ai pris la colle à bois. » (Joséphine, dans l’épisode cross-over de Camping Paradis « Un Ange au camping ») ; « Comment t’as fait ça ? » (Rose) « J’ai cliqué des doigts. Non, j’rigole. » (Joséphine, dans l’épisode 92 « L’Incroyable Destin de Rose Clifton ») ; etc.
Joséphine fait des tours comme on fait une connerie d’adolescent : elle regarde toujours tout autour d’elle en craignant d’être repérée comme ange, mais surtout d’être prise en flagrant délit d’incompétence et de paresse : « Laisse-moi toute seule, ou alors je peux pas me concentrer, c’est impossible. » (Joséphine s’adressant à Fred, dans l’épisode 40 « Paris-Broadway »). Par exemple, dans l’épisode 78 « Carpe Diem », n’arrivant pas à faire le brushing d’une cliente dans son salon de coiffure, elle jette un œil alentour avant d’opérer le prodige. Son invocation du besoin impérieux hermétique de « concentration » couvre en général un coup fourré.
Dans Joséphine ange gardien, la magie sert systématiquement de béquille pour simplifier le scénario de la série, camoufler sa vacuité, accélérer la résolution de l’action, obtenir le résultat d’une action sans l’action qui y conduit. Les tours de magie de Joséphine sont axés sur les résultats immédiats, et font l’économie du processus (compréhension, effort, combat…) qui les engendre. Quoiqu’en dise sa protagoniste principale. Par exemple, dans l’épisode 44 « Le Festin d’Alain », elle se dit prête à fournir un effort d’attention (« Il suffit de m’apprendre. Je comprends vite. »), mais comme au bout d’un moment, elle ne comprend rien, elle s’impatiente et finit par choisir la facilité de la magie (« Comme ça, c’est beaucoup plus clair. »).
Quasi systématiquement, dans Joséphine, la magie est utilisée pour pallier l’absence de connaissance, et donc contourner l’effort humain (la Croix) qu’induit la réelle connaissance. Cette malhonnêteté finit par devenir tellement criante que même Joséphine est obligée de mettre le holà auprès de ses collègues anges gardiens dans leur usage immodéré de la magie pour que cette dernière n’apparaisse pas aux yeux du Monde comme l’indice de leur honte, de leur paresse, de leur incompétence et de leur ignorance généralisées. Par exemple, dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », au moment où Gabriel, ange-stagiaire, est sur le point de claquer des doigts pour dresser une tente de camping qu’il trouve trop compliquée à monter, Joséphine le stoppe net dans son élan et lui interdit fermement cette facilité : « Non ! Tu le fais pour de vrai ! ».
Finalement, le seul problème existentiel de Joséphine, ce n’est pas qu’elle ne puisse pas changer/améliorer le Monde : c’est qu’elle soit vue en train de le faire. Car sinon, concrètement, elle pourrait ôter intégralement le mal mondial et arranger tout. Elle en a en tout cas le pouvoir. Son unique frein, c’est le regard des autres et sa réputation, son attachement à son identité d’agent secret : « Te retourne pas, ou je vais être obligée de disparaître. » (Joséphine menaçant à distance Matthieu qu’elle suit en filature, dans l’épisode 72 « Les Boloss ») ; « Règle n°1 : Tu regardes toujours autour de toi avant de claquer des doigts. » (Joséphine conseillant son collègue ange gardien Gabriel, dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent »). Elle tient plus à son invisibilité qu’au bien des Hommes sur la Terre. Pire encore : l’enjeu des épisodes ne sera pas tant les tours de magie joséphiniens (leur objet et leur résultat) que leur occultation, et donc le maintien de l’identité de magicienne/d’ange gardien de Joséphine dans le secret absolu. Il se situera par conséquent dans la sauvegarde de sa couverture. Pourquoi ? Parce que ce secret est le gage de la connivence entre le personnage de Joséphine et son public de téléspectateurs ; le gage de la carrière de Mimie Mathy, aussi.
L’ANGE GARDIEN RÉDUIT AU MAGICIEN
Quelle est la différence basique entre un ange et un magicien ? C’est le secret. L’ange est porteur d’un message qu’il ne cache pas, tandis que le magicien fonde au contraire son pouvoir sur le secret bien gardé, non-révélé, sur des « trucs » qu’il ne peut divulguer sous peine de briser le charme ou l’illusion, et plus fondamentalement son commerce. Un magicien (contrairement à Dieu), ne dévoile jamais ses tours. Le rapport de Joséphine au secret est donc celui d’un magicien commercial et non d’un ange gardien annonciateur de la Personne du Christ. Il faut bien comprendre cela.
Au fil des épisodes, on peut juste constater que Joséphine, mine de rien, a changé discrètement de casquette, en passant d’ange gardien à magicienne : « Ne te fie pas aux apparences. J’ai peut-être des pouvoirs magiques… » (Joséphine s’adressant à Chloé, dans l’épisode 9 « Le Combat de l’ange ») ; « C’est toi qui as fait ça ? T’es une magicienne… » (Rémi s’adressant à Joséphine face à la mousse qui déborde du moteur de la voiture d’Alain) « Ça va pas. Qu’est-ce que tu vas imaginer ? » (Joséphine, dans l’épisode 44 « Le Festin d’Alain ») ; « Bon, d’accord, j’suis un tout p’tit peu magicienne. Mais tu m’promets que tu le dis à personne, hein ? » (Joséphine s’adressant à la jeune Marilou, dans l’épisode 74 « Tous au zoo »). Par exemple, dans l’épisode 19 « Nadia », l’héroïne fait s’endormir Julien d’un claquement de doigts, en présence du jeune Eliot qu’elle n’endort pas. Eliot est le seul à avoir compris que Joséphine était un ange. Mais celle-ci ne lui dit plus qu’elle est ange gardien : elle déguise son statut d’ange gardien en magicienne-marchande de sable.
Ce glissement d’ange gardien à magicienne est hautement significatif ! Dans la série Joséphine, le miracle – donc la dimension sacrée et transcendante des réalités invisibles – est spectaculairement réduit à la magie – à savoir un bluff de prestidigitateur, une illusion d’optique, un effet spécial cinématographique. Par exemple, dans l’épisode 25 « Tous en chœur », Joséphine décrit le passage du Peuple juif de L’Exode à pieds secs à travers la Mer Rouge comme un tour de magie (« Moïse, d’un claquement de doigts, il a ouvert, ouvert, ouvert… »). Quant à Jésus, elle le présente dans les autres épisodes comme un vulgaire copain qu’« on aime bien au village » parce qu’il fait des drôles de tours de magie qui font rire tout le monde : « J’ai un copain qui transforme l’eau en vin. » (c.f. l’épisode 8 « Une Famille pour Noël ») ; « Vous savez, même Dieu a eu des gros problèmes avec son fils. » (c.f. l’épisode 13 « La Tête dans les étoiles ») ; « J’ai déjà un copain qui a changé l’eau en vin. » (c.f. l’épisode 16 « La Vérité en face ») ; « Bon, y’en a un qui a transformé l’eau en vin. Je dois pouvoir transformer le diesel en essence ! » (c.f. l’épisode 21 « Le Compteur à zéro »).
Plus que des miracles, Joséphine sert des preuves. La grande différence entre les deux, c’est que le miracle ne s’impose pas à la personne qu’il libère et préserve sa confiance, la Foi. Tandis que la preuve tue la confiance, le doute. Car si elle est irréfutable et certaine, où est le risque d’y croire ? où est la confiance ? Dans Joséphine, la vérité – ou plutôt la véracité – a pris la place de l’Amour et l’a étouffé. On est face à une justice implacable. Dès le premier épisode, les miracles sont remplacés par les preuves. En effet, la jeune Alice met Joséphine au pied du mur et exige qu’elle lui donne les preuves de son identité d’ange gardien en faisant un miracle, sous peine de créer un scandale public en plein restaurant : « Joséphine, ça a des pouvoirs un peu bizarres, les anges gardiens ? » (Alice) « Pourquoi tu me dis ça puisque t’y crois pas ? » (Joséphine) « Il me faut des preuves. » (Alice) « Taratata. Ou t’y crois, ou t’y crois pas. » (Joséphine) « Fais-moi un miracle ou je me mets à hurler. » (Alice) « Non mais ho, ça va pas la tête ? Tu sais comment ça s’appelle, ce que tu me fais là ? Du chantage. Et c’est pas joli joli. » (Joséphine) « Et ben toi, ce que tu me fais là, ça s’appelle du baratin. Et c’est pas joli joli non plus. Bon beh tu l’auras voulu ! » (Alice) « Attends ! T’as gagné. J’ai horreur de faire ça. [Joséphine claque des doigts et fait apparaître des boules de glace à la fraise sur la coupelle d’Alice] Tu me crois maintenant ? » (Joséphine). Parfois, Joséphine fait de la magie devant les gens et de sorte qu’ils puissent reconnaître ses tours comme magiques. Par exemple, dans l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne », notre héroïne utilise la magie pour convaincre un investisseur de trouver un public et de vendre les places du spectacle d’Alfredo. Dans l’épisode 26 « Enfin des vacances ! », elle fait apparaître des bonbons et des gâteaux devant Gaspard. Dans l’épisode 63 « Le Cirque Borelli », pour démontrer au clown Mario qu’elle est bien magicienne et qu’elle peut être son assistance dans un numéro de cirque, Joséphine fait apparaître un bouquet de fleurs dans ses mains à lui : « T’as besoin d’autres preuves ou ça suffit ? »
On voit bien que Joséphine, quoiqu’en dise son titre et que veuillent en faire les scénaristes, n’est pas un véritable ange gardien et n’a pas les dons de celui-ci. Par exemple, elle ne pratique pas la bilocation (être présent simultanément à deux endroits différents) ; elle ne porte pas d’ailes ; elle se voit attribuer un âge (elle dit dans l’épisode 1 qu’elle « a 2000 ans » ; Gabriel, l’ange gardien de l’épisode 20 « Le Stagiaire », a 10 ans) ; elle ne chante pas aussi bien qu’un ange ; sa connaissance des choses humaines et célestes est partielle. Les anges gardiens réels partagent avec Dieu en partie son omniscience et peuvent lire dans les âmes. Joséphine le dit elle-même dans l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants » : « Les anges gardiens habitent à l’étage au-dessus » mais « ils entendent très bien ». Or, on voit bien que concrètement, elle ignore les pensées et intentions des gens. C’est une simple humaine angélisée, transformée – pour l’occasion télévisuelle – en magicienne. Son savoir se limite à ce qu’il y a de plus extérieur, superficiel, sensible et épidermique à la personne humaine : les goûts. « Je sais que t’adores les glaces à la fraise mais que tu détestes la pistache. » (Joséphine) « Comment tu sais ça ? » (Alice) « Ha ha… » (Joséphine, dans l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants »). Joséphine ignore ses missions, leur objectif, et semble parachutée sur Terre comme un oiseau innocent tombé du nid (en ce sens, elle est l’anti-ange) : elle ne sait pas qui l’envoie ni pour quoi faire. Sa traditionnelle phrase d’entrée, c’est « Ben chuis où ? ». Joséphine parle de ses « pouvoirs » : pas de ses « dons ». Elle adopte une conception actionnelle, performative et individualiste de la grâce divine.
LES LIMITES DE LA MAGIE DE JOSÉPHINE
Joséphine n’est jamais en mission pour des drames irréversibles (crime, maladie incurable, mort, folie…). C’est toujours des maux réparables (tentative de suicide, addiction aux drogues, vol, rupture amoureuse, secret de famille, réussite de carrière, etc.). Jamais les Missions Impossibles choisies par Jésus, qui risque et donne vraiment sa vie pour nous (création du monde, résurrection des morts, pardon des péchés, purification de la Terre, etc.). Joséphine, à côté, c’est une petite joueuse.
Au fond, si notre ange gardien télévisuel prend aussi mal le fait d’être considérée comme une faiseuse de miracles, c’est surtout par jalousie vis à vis de Dieu, et par peur que l’imposture de ses tours ne soit dévoilée : « Un miracle… un miracle… Moi, je m’appelle Joséphine. J’m’appelle pas sainte Thérèse ! » (c.f. l’épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne »). Joséphine voit sa prétention aux miracles comme une humiliation à cacher et à faire oublier au plus vite. « Mais c’est miraculeux. » (Sean, l’archiviste) « Mais non. Les miracles, ça n’existe pas. Le dossier, il est juste tombé… pchh… » (Joséphine, dans l’épisode 43 « Sur les traces de Yen ») ; « Par contre, j’peux pas faire des miracles. Enfin si… enfin non… » (c.f. l’épisode 75 « Belle mère, belle fille »).
Il arrive que Joséphine fasse ce qui s’apparente à des miracles divins. Joséphine semble avoir droit de vie et de mort sur les êtres humains. Par exemple, dans l’épisode 25 « Tous en chœur », face aux corps accidentés de Camille et de Jeanne dont la voiture a quitté la route, Joséphine décrète leur survie, comme un petit arrangement ou un contrat privé avec le Ciel. Elle stoppe leurs hémorragies et gomme leurs blessures. Dans l’épisode 1 « Le Miroir aux enfants », Joséphine guérit Paul, le grand-père d’Alice, en convalescence à l’hôpital, si bien qu’il sort prématurément du service où il était alité, et est intercepté par les médecins : « Alors, Monsieur Dupuis, on s’échappe ? Même si votre guérison est miraculeuse, c’est pas du tout raisonnable de partir comme ça. ». Dans l’épisode 5 « Une Mauvaise Passe », Joséphine guérit les plaies, et fait disparaître la coupure que Corinne porte sur sa joue. En réalité, ce n’est pas que Joséphine ne puisse pas, potentiellement, guérir comme Dieu. C’est a priori dans ses compétences. Si elle ne réalise pas les guérisons, ce serait juste qu’elle n’en aurait pas l’autorisation. Par exemple, dans l’épisode 47 « Les Braves », elle soigne Hadrien, le rugbyman blessé, d’un claquement de doigts. Il repart jouer le match comme si de rien n’était. Et plus tard, elle efface la fracture au bras de Michael en reconstituant ses os brisés, enfreignant ainsi la règle des anges gardiens : « Qu’est-ce que je fais, moi ? J’ai pas le droit de le guérir. D’un autre côté, si il peut plus jouer au rugby, sa vie est foutue. » Ensuite, le chirurgien voit la radio parfaite du bras et Joséphine lui fait croire que son erreur de diagnostique vient du « surmenage et du stress ». Ceci étant, l’action de vraiment guérir n’est pas à la portée de Joséphine. Pourquoi ? Parce qu’elle ne touche pas au cœur, mais s’en tient uniquement au corps. D’où sa grande frustration.
La magie de Joséphine a des limites. Il existe un protocole écrit et numéroté de la méthode des anges : ce règlement pseudo préétabli, contraignant, limitatif et codifié, apparaît dans les quatre seuls épisodes où Joséphine est confrontée à des collègues angéliques (les épisodes 11 « Pour l’amour d’un ange », 20 « Le Stagiaire », 41 « Les deux font la paire », 86 « Le Mystère des pierres qui chantent », 90 « 1998-2018 : Retour vers le futur » et 95 « Disparition au lycée »). Mais les téléspectateurs n’ont jamais le détail, car les règles sont partiellement énoncées (c’est juste pour le symbole), se contredisent parfois entre elles d’un épisode à l’autre (par exemple, en théorie, Joséphine n’a pas le droit de « faire changer quelqu’un d’avis » – elle le rappelle dans l’épisode 12 « Romain et Jamila » – mais elle outrepasse largement cet interdit par la suite ; autre exemple : théoriquement, les anges gardiens joséphiniens n’ont pas le droit de « changer le cours des événements. », comme il est dit dans l’épisode 41 « Les deux font la paire », alors qu’ils passent leur temps à transgresser cette règle), et les rares fois où on découvre une nouvelle loi de la déontologie des anges gardiens, c’est pour la voir transgressée immédiatement après avoir été énoncée par ceux-là mêmes qui sont censés l’observer. Donc la méthodologie des anges gardiens de la série, c’est du pipeau.
Il y a aussi des limites objectives qui s’imposent à Joséphine. Elle ne peut pas ressusciter des gens, ni les guérir d’une maladie. Cette limite soit la fait se draper derrière la prévention (« Vaut mieux prévenir que guérir. », c.f. l’épisode 15 « La Comédie du Bonheur » et l’épisode 71 « Le Sourire de la Momie ») soit la fait carrément pleurer (c.f. l’épisode 8 « Une Famille à Noël »). Elle ne peut pas non plus régler des situations moralement floues voire immorales, comme par exemple la pratique des mères porteuses à travers la GPA (Gestation Pour Autrui) : « Qu’est-ce que je peux faire ? C’est pas avec ma magie que je vais pouvoir aider Anna ! » (c.f. l’épisode 58 « Liouba »).
Son impuissance à guérir les malades la révolte et lui ferait « presque » quitter la série et la Planète Terre. Par exemple, dans l’épisode 8 « Une Famille pour Noël », Joséphine s’insurge en larmes contre le Ciel et contre son pauvre statut d’ange-magicien inutile et incapable d’éradiquer le Sida, sur un air de saxo : « Pourquoi j’ai pas le pouvoir de guérir ? Vous voulez quoi ? Qu’on croie que c’est une punition divine ? À quoi ça me sert de claquer des doigts si c’est juste pour faire apparaître des choses ? Autant travailler dans un cirque. » Dans l’épisode 11 « Pour l’amour d’un ange », même scénario. Joséphine bute contre son incapacité à retirer le mal chez les personnes, et en l’occurrence, le cancer des cordes vocales à son ami Jean-François : « Alors je fais quoi, moi ? J’ai pas le pouvoir de le guérir ! ». Dans l’épisode 79 « Je ne vous oublierai jamais », Joséphine s’excite contre Azheimer : « Alzheimer… Mais je peux rien faire contre cette maladie. C’est pas dans mes pouvoirs. ».
En fait, les miracles qu’elle ne peut pas opérer sur les Humains (guérisons, résurrection), elle les fait sur les animaux. Par exemple, dans l’épisode 10 « Des Cultures différentes », Joséphine parle à une poule (« Beh qu’est-ce qu’elle a, la cocotte ? Si tu ne ponds pas, tu vas passer à la casserole. ») et la fait pondre magiquement (… un œuf de Pâques !). Dans l’épisode 83 « Sur le cœur », elle fait disparaître la blessure de Célestin le zèbre : « Eh ben voilà : y’a plus bobo. » Dans l’épisode 52 « L’Homme invisible », elle ressuscite deux rats de laboratoire qu’elle avait d’abord laissés pour morts… ce qui éveille les soupçons de Yann, le chercheur rationaliste : « Si c’était pas complètement impossible, je crois que tu les as fait mourir pour ensuite pouvoir les ressusciter… ».
Et effectivement, Joséphine opère-t-elle vraiment des « miracles » à proprement parler ? Je crois qu’elle ne s’en tient en réalité qu’à des tours de magie électriques, des prodiges. Ils relèvent plus de la démonstration de force, de la performance matérialiste et de la magie, que de la bonté ou de l’autorité sur les démons. Elle mime le Christ, mais pour détourner ses miracles à Lui en monnaie d’échange, en commerce de services (un rendu pour un donné). Par exemple, dans l’épisode 48 « Les Majorettes », elle effectue un miracle (une pêche miraculeuse) pour Paul le pêcheur à la condition que celui-ci lui fournisse un précieux renseignement : « Je vous promets que si vous répondez à mes questions, vous allez faire la pêche la plus extraordinaire que vous avez faite dans votre vie. » (Joséphine) « Genre Pêche miraculeuse ? » (Paul) « On peut appeler ça comme ça. » (Joséphine). Notre ange gardien, une fois renseignée, s’apprête à partir sans tenir sa promesse, ce qui fait râler le vieux pêcheur : « Je vous ai raconté tout ce que je savais… et pourtant, ça mord toujours pas. » Joséphine rattrape son oubli (« Oh pardon ») et en un claquement de doigts, fait tirer à Paul de l’eau du lac une énorme prise. Le miracle est la carotte de Joséphine, une démonstration de force, le moyen de montrer son pouvoir. On est bien loin des miracles christiques, qui eux ne sont pas du tout impressionnants, en règle générale.
D’ailleurs, Joséphine emploie souvent le mot « magie » pour « miracle » : « Parfois ça existe les choses magiques. » (Stéphane) « Il faut juste y croire pour que ça marche. » (Marianne, dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange »). Le miracle, pour Joséphine, c’est une recette de grand-mère, voire de sorcière : « Les miracles, c’est comme un bon pot au feu : il faut que ça mijote. » (c.f. l’épisode 29 « Trouvez-moi le prince charmant ! »). Joséphine confond également « miracle » et « défi »… et se croit créatrice de miracles sur commande : « Olympe a vingt-quatre heures et pas une minute de plus. Et t’attends pas à un miracle. » (Margot s’adressant à Christopher) ; « Elle me connaît pas, Mémère. Vingt-quatre heures pour faire un miracle, c’est largement suffisant. » (Joséphine en coulisses, s’adressant à Margot par rapport à sa cliente Olympe, dans l’épisode 40 « Paris-Broadway »).
Ou bien il y a une confusion entre « miracle » et « prodige » : « Si vous réussissez ce prodige… » (Alice s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire ») ; « Je me demande si j’en fais pas un peu trop avec mes tirs prodigieux. » (Joséphine impressionnant la galerie avec ses tirs à l’arc improbablement réussis, dans l’épisode 57 « Un petit coin de paradis »). Fondamentalement, ce qui distingue les prodiges (faits extraordinaires) des miracles, c’est que les seconds génèrent la création de matière, alors que les premiers ne font que transformer ce qui existait déjà mais sous une autre forme. Le miracle, c’est la création ; le prodige, ce n’est que de la transformation. Seul Dieu (Père-Fils-Saint Esprit), qui est le Créateur par excellence, crée « à partir de rien » (§ 296 du Catéchisme de l’Église Catholique) et produit la matière. L’autre grande distinction entre les prodiges et les miracles, c’est que les prodiges ne convertissent pas les cœurs alors que les miracles, eux, convertissent (c’est d’ailleurs ce que l’Église Catholique regarde pour authentifier l’intervention de Dieu). Seul Dieu change les cœurs et a le pouvoir de remettre les péchés, de pardonner. Joséphine fait des « miracles » sans demander la volonté, l’avis ou la conversion des gens qu’elle « aide » : c’est le contraire de « ta foi t’a sauvé » exprimée par le Christ. Les supposés « miracles » de Joséphine imposent, car en réalité, ce sont des preuves irréfutables ou bien des coups fourrés faits par derrière et à l’insu des personnes. Ils ne sollicitent pas la liberté des personnes qu’ils « aident ».
Non seulement Joséphine n’opère aucun miracle, mais en plus, elle crée quelques simulacres de miracles pour ensuite se justifier d’appliquer en douce des malédictions. Par exemple, dans l’épisode cross-over avec Camping Paradis « Un Ange au camping », d’un claquement de doigts, elle guérit complètement le torticolis d’André. Enfin… en apparence. Car en réalité, elle n’a rien guéri du tout. Elle fait comme les magnétiseurs : elle n’a fait que déplacer le mal sans l’éradiquer. D’ailleurs, à peine André enlève sa minerve inutile que la douleur se transfère sur Xavier, qui finit par la lui réclamer : « J’ai une espèce de petite douleur au cou ! Tu me la passes, ta minerve ? ». Le miracle dans Joséphine apparaît comme l’opium qui permet temporairement de soulager un problème pour en créer un autre.
Joséphine ne résout pas les problèmes. Elle les efface et/ou les remplace par la substitution de la solution (matérielle) idéale. De plus, quand elle fait une connerie, elle « répare » par un autre bien censé l’effacer ou être le lot de consolation qui la fera oublier. Les « réparations » de Joséphine, c’est une manière pour elle de ne pas assumer ses actes et sa responsabilité. Par exemple, dans l’épisode 38 « Ticket gagnant », elle répare d’un claquement de doigts un bateau qu’elle a cassé. Dans l’épisode 70 « Tango », elle reconstitue la bouteille de lait qu’elle avait renversée en un claquement de doigts. Dans l’épisode 85 « La Femme aux gardénias », elle oublie le fer à repasser sur une robe, et la crame. Finalement, elle gomme par la magie sa bévue. Comme une gomme sur un papier. Les réparations magiques de Joséphine, c’est une manière aussi d’imposer sa volonté aux autres, en leur donnant l’impression d’agir pour leur bien, en se donnant le beau rôle. Par exemple, dans l’épisode 70, elle répare le ghetto-blaster (poste de musique) de Diego qu’elle avait secrètement mis hors service, pour gagner la confiance de l’ado rebelle.
La magie de Joséphine ne répare rien, en réalité. Elle refait du neuf, automatiquement, comme si le mal n’avait jamais été commis. Joséphine a le pouvoir d’effacer les conséquences des accidents. « Attendez, j’vais vous arranger ça. » (Joséphine qui claque des doigts pour réparer les dégâts de la tasse de café que Zoé a renversée sur ses dossiers, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi »). Par exemple, dans l’épisode 2 « L’Enfant oublié », elle fait casser un vase à Françoise par nervosité dans le cimetière ; et elle efface complètement la brisure. Dans l’épisode 6 « Une Nouvelle Vie », elle prétend avoir « réparé » la voiture de Pierre. En fait, il ne s’agit pas d’une réparation mais d’un remplacement immédiat. Dans l’épisode 19 « Nadia », Joséphine remplace d’un claquement de doigts la robe de Christine Leroy, mal « réparée » – c’est-à-dire rapiécée – par Julien, jeune employé d’un pressing, par sa réplique exacte. Ce renouvellement complet, notre ange gardien le surnomme « façon Joséphine ». Nadia, la copine de Julien, croit que c’est son amoureux qui a opéré ce prodige : « Incroyable comment il a réparé la robe… ». Dans l’épisode 23 « Sens dessus dessous », Joséphine reconstitue les dessins de Pauline comme s’ils n’avaient pas été détruits au broyeur à papier par Renaud. Dans l’épisode 24 « Un Frère pour Ben », Joséphine efface toutes les dégradations (vitre pétée, posters déchirés, jeu d’échecs renversé…) que font les deux garnements, Benji et Lazlo, qu’elle doit garder : elle reconstitue la vitre et les posters. Lazlo fait tomber une pièce d’un jeu d’échecs. « C’est pas grave. Je vais le réparer. » dit Joséphine. Comme si la bêtise n’avait pas eu lieu. À cause de la magie, l’indiscipline des mômes ne porte à aucune conséquence. Et le pire, c’est qu’elle trouve le moyen de leur faire quand même la morale lorsque Benji supprime le second joueur « Lazlo » de ses jeux vidéo, dans un moment de ressentiment à l’égard de son demi frère : « Ce serait bien si on pouvait tout effacer comme ça. » Dans l’épisode 64 « En roue libre », en visitant la maison de Caroline, Christophe, circulant en fauteuil roulant, fait plein de gaffes : il casse une lampe design, laisse des traces de roue sur un beau tapis. Joséphine s’empresse de passer derrière lui pour tout effacer magiquement avant que quelqu’un n’incrimine son client. Elle nomme ses réparations « repassage », en particulier quand elle rétablit un croquis de Christophe qu’il avait chiffonné et jeté à la poubelle. Dans l’épisode 76 « Papa est un chippendale », Joséphine récupère dans la corbeille à papier les croquis de Thomas et les « répare », les reconstitue. Dans l’épisode 87 « Un pour tous », Joséphine remplace magiquement le cadenas que Will a fracturé par un neuf, invalidant les accusations d’infraction d’un casier de casques dans la patinoire par l’entraîneur de hockey sur glace du jeune garçon. En privé, face à l’étonnement de Will de ne pas être sanctionné pour la faute qu’il a commise, Joséphine prend l’air de ne pas y toucher, et invoque la « réparation » : « Ben quoi ? T’as jamais réparé un cadenas, toi ? »
Dans ce processus de réparation, Joséphine ne fait pas complètement à la place des autres. Il lui arrive de solliciter un peu leur participation, leurs efforts et leur responsabilité. « Vous devez réparer les dégâts que vous avez causés » (Joséphine s’adressant au père de Marianne, dans l’épisode 28 « Robe noire pour un ange ») ; « Il faut que je répare le mal que j’ai fait. » (Olympe s’adressant à Joséphine, dans l’épisode 40 « Paris-Broadway ») ; « C’est tellement facile de dire que c’est de la faute des autres plutôt que de tout mettre en œuvre pour réussir. » (c.f. l’épisode 89 « Graines de chef »). Mais cela reste très symbolique.
La magie de Joséphine n’opère pas les cœurs mais uniquement les moteurs les écrans d’ordinateur et les feuilles de papiers. La conversion ne se fait pas par la Vérité du cœur ni le dialogue mais par le surnaturel : on est bien loin du travail d’éducateur et l’adversité de la patience dans l’accompagnement ! C’est plutôt de la poudre aux yeux et du feu de paille. Par exemple, dans l’épisode 24 « Un Frère pour Ben », Joséphine aide un délinquant roumain, Lazlo, à s’enfuir du commissariat. Au lieu de travailler son cœur à travers l’expression de la sagesse, elle l’impressionne en le confrontant à des tours de magie qui le laissent sans voix. Pour résumer, la magie joséphinienne, c’est l’anti-miracle. C’est l’anti-Foi.
DANS D’AUTRES ŒUVRES DE FICTION
On sera tous d’accord pour reconnaître que le Super-Empire mondial qui a réussi à nous faire croire que la magie était forcément géniale, réelle, bonne et innocente, c’est vraiment Walt Disney. À en croire les trois fées de « La Belle au bois dormant » (1959), par exemple, la magie serait la voie de la « raison ». Et la preuve que la plupart des êtres humains ont avalé cette connerie, c’est que beaucoup ont l’impression d’avoir passé une journée de rêve et « magique » rien qu’en se rendant dans un parc d’attractions Disneyland…
Depuis l’âge d’or de Walt Disney, il faut reconnaître que la magie s’est non seulement popularisée mais qu’elle a largement perdu de son innocence, de son humour et de sa douceur. Elle s’est « légèrement » noircie, glauquisée, franc-maçonnisée (avec gants blancs, chandeliers et tout l’attirail), brutalisée, homosexualisée (ex : Magus Utopia) et maléficisée. Joséphine ange gardien, Nanny McPhee, Merlin l’Enchanteur ou encore Mary Poppins, c’est un peu La Magie pour les nuls comparé à des séries comme Charmed, Buffy contre les Vampires, à toute l’industrie des dessins-animés actuels, des jeux vidéo, des films d’épouvante, de science-fiction et d’héroïc fantasy, ou à des blockbusters au succès phénoménal tels que « Harry Potter », « Star Wars » et « Le Seigneur des Anneaux » qui ont fortement contribué à démocratiser les pratiques occultes (Ouija, tables tournantes, séances de spiritisme avec invocation d’esprits de défunts, tirage du tarot, poupées vaudoues, pendules, reïki, etc.), à faire connaître des pouvoirs surnaturels (pouvoir de voyance, pouvoir de voler/léviter, la télékinésie – le pouvoir de déplacer les objets par la force de la pensée –, le pouvoir de ressusciter les morts, le don de figer le temps ou de le remonter, etc.) et même à créer de nouveaux sports (il existe désormais des championnats presque « sérieux » de quidditch – les matchs de foot harrypotteriens en balais volants, des réelles « chasses aux fantômes », des tournois geeks de Magic, de par le Monde !).
Et le pire, c’est que lorsque je vois la sélection de livres « jeunesse » choisis dans les bibliothèques des écoles primaires et des collèges soi-disant « hors contrat » et « privés catholiques », voire carrément inclus dans les programmes scolaires des cours de français (beh tiens donc !), je suis effrayé du laxisme et de la complaisance aveugle d’un certains nombre d’adultes, d’enseignants, de directeurs, de parents d’élèves, par rapport à la magie. Certes, on peut se réjouir que la propagande mondialiste pro-magie éloigne nos jeunes têtes blondes des écrans et les aide même à prendre goût à la lecture voire à l’écriture. Au moins, ils lisent des livres. Sur quoi ? On s’en fout ! Du moment qu’ils lisent ! Mais quand je jette, par curiosité et douce provocation, un œil par exemple sur les lectures de mes neveux les plus « intellos » (en général, ces derniers tiennent avec leurs petites mains des gros pavés ressemblant à des Bibles ou à des grimoires d’apprentis sorciers à collectionner, avec des épisodes à lire en série), et que j’y reconnais tous les codes maçonniques et antéchristiques répertoriés dans mon Dictionnaire des Codes Apocalyptiques, je souris jaune. Je panique même intérieurement pour cette jeune génération qui a perdu le sens de Dieu, qu’on éloigne de Jésus, des miracles et des saints, pour les transformer inconsciemment en adeptes du sensationnel, de la magie et du dieu « Énergie ». Et certains de mes frères et sœurs laissent faire le lavage de cerveaux exercé sur leurs mômes, sous prétexte que les mondes fantastiques et la lecture stimuleraient leur imaginaire et leur « culture ». Mais de quel imaginaire et de quel culture on parle, au juste ? Quelle pédagogie et quelles vérités délivrent les elfes, les farfadets, les super-héros (hobbits, jedi, etc.) ou les feux follets ? À part l’égocentrisme et l’illusion d’être sa propre Force, je ne vois pas…
LE CATHO-CON (progressiste ou conservateur) FAIT PAREIL…
Concernant la magie, l’Église Catholique tient un double discours (pas du tout ambigu), en réalité : à la fois Elle dit que la magie n’est pas catholique mais que « l’illusion/simulation de magie » (dont je parlais au début de cet article) peut l’être tout à fait, et peut même constituer un merveilleux outil d’évangélisation, une belle intro ludique pour donner à goûter la réalité invisible qu’est Dieu.
Alors bien sûr, les deux écueils dans lesquels peuvent tomber les fidèles catholiques, c’est – du côté progressiste et des croyants fragiles – de prendre Dieu pour un faiseur de miracles ou de combiner la pratique religieuse à des pratiques de voyance et occultes ; ou bien c’est – du côté traditionaliste et rigoriste – un sacramentalisme christocentré à la saint Jean (c.f. l’intro de cet article) ou à la Cardinal Sarah, anti-magie et anti-charlatanisme, qui va confondre (par manque d’humour, par ritualisme intégral et finalement par superstition aussi) la magie avec l’illusion/simulation de magie dont je parlais plus haut. Par exemple, les cathos intégristes sont assez cons pour penser que le Pape, en se laissant faire des tours de magie ou en acceptant publiquement d’accueillir des troupes de cirque ou d’indigènes, promotionnerait la magie (c.f. la fois où un « prêtridigitateur » mexicain lui a fait des tours de magie ; ou l’autre fois où le Pape a accepté les incantations magiques de statuettes de la Pachamama) ou serait aussi ridicule qu’un clown et qu’il transformerait l’Église en un Temple de la magie, en immense cour des miracles.
Dans le premier cas, les catholiques progressistes, désespérés et en mal de miracles concrets, tombent dans le panneau de croire d’une part que « tout serait possible à Dieu » (première connerie : pour comprendre, vous lirez le code « Possible » de ce même Dictionnaire), d’autre part que « toute demande à Dieu et en son nom est forcément exaucée de la manière qu’on la lui a exposée, et est forcément sensible » (deuxième connerie : comme le souligne avec beaucoup de pertinence le père Baudouin Ardillier lors de sa conférence sur les pratiques occultes, « l’efficacité absolue, c’est pas de Dieu » : si on nous dit par exemple « Tu vas faire cette prière jusqu’à tant que ça marche. », ça s’apparente à un conseil matérialiste de magie blanche ou protestant). Et en général, déçus de ne pas obtenir exactement ce qu’ils veulent, ces catholiques intéressés et exigeants, prenant Dieu pour un magicien devant leur donner des signes sensibles de sa puissance et des cadeaux à la hauteur de leur « Foi », ne restent pas longtemps dans l’Église et changent assez vite de crèmerie pour rejoindre des sectes.
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