Interrogez des gens qui m’ont connu en vrai pour dire du mal sur ma vie. Si vous voulez y trouver des failles, vous y arriverez toujours. Il y aura bien un de mes colocs qui dira que je suis crade, paresseux, trop ascétique, désordonné et radin ; un de mes frères qui dira que je suis un boulet, un cas social ou un malade mental ; un de mes élèves qui dira que j’ai été un prof incompétent et sans autorité ; un de mes anciens amis qui assurera que je suis invivable, orgueilleux, imbus de moi-même ; un de mes ex qui dira que je pue, que je suis un mauvais « coup » au lit et que j’ai un corps moche ; un de mes camarades comédiens qui dira que je n’ai aucun talent pour le théâtre ; un critique littéraire ou une personne qui m’a entendu en conférence qui dira que je suis choquant, excessif, arriviste, narcissique, incompétent, et qu’il faut se méfier de moi. Mais tout ça, ce ne sera pas foncièrement moi quand je suis habité par Dieu et regardé avec les yeux de l’Amour bienveillant. Oui, j’ai plein de défauts, et notamment celui d’être humain. Mais à mon tour, je pourrais demander à ces individus qui croient me connaître et qui médisent sur mon compte pourquoi ils n’ont pas eu assez d’amour pour pouvoir dépasser ce qu’ils me reprochent. Car le manque d’émerveillement est toujours injuste, injustifiable ; et le constat puriste des défauts d’une personne, sans la charité et le pardon qui aideraient à aimer celle-ci par-delà ses limites « objectives » et son caractère, restera toujours insuffisant, complice, minable.