SIGNIFICATION SOCIALE, MONDIALE ET ESCHATOLOGIQUE DU CODE
LE CULTE DE L’« IMPOSSIBLE QUI N’EXISTERAIT PAS » OU « QUI SERAIT LE VÉRITABLE POSSIBLE »
Dans les années 1980, nous étions encore capables d’en rigoler un peu, de ce culte de l’impossible rendu forcément possible, de la publicité mensongère du slogan de la carte Kiwi « C’est pas possible !?! Mais si c’est possible ! » ou du sketch « Le Jeu de la Vie » (où « Tout est possible, tout est réalisable : parce que j’y crois, c’est le Jeu de la Vie » de Laspalès et Chevallier. L’être humain avait encore conscience de sa prétention.
Mais comme les progrès techniques ont donné corps à ses fantasmes, le Monde a fini par se prendre de plus en plus au sérieux, en se victimisant : « On m’a fait croire que j’étais bon à rien, que je ne pourrais pas accéder à telle ou telle réalité… et finalement, par ma détermination, j’ai réussi à déjouer tous les pronostics, à faire mentir la pseudo impossibilité ou destin fatal qu’on me promettait, et j’ai atteint mes rêves ! ». Les États-Unis, la scientologie, un certain protestantisme (y compris dans le catholicisme) nous ont peu à peu encouragés à repousser les frontières du possible. Les « Missions Impossibles » de James Bond ou de l’équipe de Tom Cruise sont parvenues à nous prouver que l’impossible n’existait que dans notre tête et non dans les faits.
Dans la pensée du Gouvernement Mondial antéchristique, de la Nouvelle Religion mondiale, et finalement de beaucoup de nos contemporains, ressort fortement l’idée ahurissante autant que délirante que l’irréel ou le fantasme (individuel ou collectif), serait rendu, de par son impossibilité, son irrationalité mais aussi la force de sa sincérité et de son apparente « folie »/« faiblesse », quand même possible, voire « plus possible » et « plus puissante » que ce qui est défini communément comme « possible » socialement ! On nous ressort toujours le même adage chiasmique, gnostique et pseudo « humoristique » pour appuyer le délire : le « Ce sont vos faiblesses qui sont vos plus grandes forces » (autrement dit, « c’est parce que vous ne pouvez pas que vous pouvez »…) et surtout le fameux « Ils ne savaient pas que c’était impossible, et c’est pour ça qu’ils l’ont fait. » attribué à Mark Twain, mais qui est repris par beaucoup d’hommes politiques francs-maçons tels que Macron. En filigrane, la pensée et la connaissance humaine seraient nos principaux ennemis, car tout nous serait possible dès lors que nous ignorerions que ce serait impossible. La pensée maçonnique obéit à une conception (fausse car elle nie la finitude, le péché et la damnation possible de l’âme) de la vie humaine : c’est que « rien ne se perd et tout se transforme ». Fondamentalisme de l’optimisme oblige. Mais à force d’« ouvrir le champ des possibles », on finit… hors-champ !
L’Humanité (et celui qui commence à la diriger : l’Antéchrist) est arrivé à un tel degré de déni de réalité et des limites de l’incarnation humano-divine en Jésus, à un tel degré de mégalomanie (parce qu’excusez-moi : pour assurer que « tout est possible à partir du moment où on le veut et on y croit fort, et même à partir du moment où on n’y croit pas/plus », ça s’appelle de la mégalomanie !) que désormais, c’est le rêve qui est considéré comme plus vrai que la réalité même, le droit qui est considéré comme plus juste que les faits et les personnes qu’il est censé servir, c’est le potentiel ou l’intention qui est célébré comme un acquis et un résultat (vive ces « génies » que seraient les « HP » : « Hauts Potentiels » ! #JeSuisMonPotentiel #JeSuisZèbre #JeSuisCeQueJePeux #YesWeCan #JeNeSuisPasFouJeSuisJusteHautPotentiel), ce sont les désirs qui sont considérés comme des ordres et des réalités, c’est la dictature individualiste de masse qui passe pour la juste démocratie. Ça s’appelle marcher sur la tête.
Miser sur la potentialité ou la capacité ou la possibilité ou l’adversité pour obtenir quelque chose ou pour estimer que cette chose est réelle ou accomplie, c’est finalement se mentir à soi-même ou mentir aux autres en se/les prenant pour des surhommes. Ça me rappelle ces conseils de classe où, pour éviter de juger du niveau réel d’un élève ou bien pour forcer son passage à la classe supérieure alors que c’est l’envoyer au casse-pipe, les profs insistent sur sa « potentialité », ses « possibilités », ses « capacités ». Une démagogie à faire peur. Et une prétention souvent destructrice. Car nous ne pouvons pas tout. Et si beaucoup d’expériences nous sont possibles, toutes ne nous sont pas profitables et ne sont pas à vivre. Le possible n’est pas nécessairement bon, ni à être expérimenté, contrairement à ce qu’avancent les apprentis sorciers du Gouvernement Mondial glorifiant toute expérience ou possibilité. Nous devons, pour le Salut de l’Humanité, lutter contre cette terrible « Règle de Gabor » sans Foi ni loi, qui entend nous faire tout expérimenter du fait que beaucoup de choses sont expérimentables, et qui érige un culte à l’« Impossible possible » (Dennis Gabor, ce physicien hongrois qui fut prix Nobel de physique en 1971, disait que « tout ce qui est techniquement faisable doit être réalisé, que cette réalisation soit jugée moralement bonne ou condamnable ». Quel cauchemar…).
DANS LA SÉRIE JOSÉPHINE ANGE GARDIEN
Dans la série Joséphine ange gardien, on retrouve fréquemment cette idée que QUAND ON VEUT, ON PEUT !, que tout serait possible à partir du moment où on le voudrait. Y compris et surtout l’IMPOSSIBLE. « Quand on veut y arriver, on y arrive ! Quand on veut, on peut ! » (Joséphine engueulant Françoise, dans l’épisode 2 « L’Enfant oublié ») ; « Quand on veut, on peut ! » (c.f. épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne ») ; « Tu vois, quand on veut, on peut ! » (Joséphine s’adressant à Marc, dans l’épisode 21 « Le Compteur à zéro ») ; « Eh ben voilà : quand on veut, on peut ! […] Eh ben vous voyez, quand vous voulez ! » (c.f. épisode 64 « En roue libre ») ; « Germain, quand on veut, on peut ! » (c.f. épisode 65 « Pour la vie ») ; « Quand on veut, on peut ! On va y arriver. » (c.f. épisode 82 « La Parenthèse enchantée ») ; « Tu n’es pas incapable. Quand est-ce que tu vas comprendre que si tu voulais, tu pourrais ? Tous tes problèmes viennent de là ! Il ne tient qu’à toi que ça change ! » (Joséphine s’adressant à Sandra, dans l’épisode 82, idem) ; etc. Et si techniquement et humainement une chose se révèle quand même impossible, et que la volonté humaine ou angélique n’y peut rien, elle sera tout de même rendue parfois possible grâce à la magie.
À en croire Joséphine, l’impossible n’existerait pas : « Un jour Napoléon m’a dit ‘Des batailles se sont gagnées quand tout était perdu’. » (Joséphine s’adressant à la jeune Chloé, dans l’épisode 5 « Une Mauvaise passe ») ; « Avec Joséphine, tout est possible. » (Awa, la mama africaine, dans l’épisode 12 « Romain et Jamila ») ; « ‘Impossible’ ne fait pas partie de mon vocabulaire. » (c.f. épisode 24 « Un frère pour Ben ») ; « Vous avez fait l’impossible. Merci mille fois Vincent. » (Teresa s’adressant à Vincent, après l’opération de main de César, dans l’épisode 50 « Le frère que je n’ai jamais eu ») ; « Avec des ‘Je peux pas’, on ne ferait jamais rien. » (c.f. épisode 56 « Tout pour la musique ») ; « Déjà, ce serait bien que t’arrêtes de dire ‘C’est pas possible’ et qu’à la place, tu dises ‘C’est possible’. » (Joséphine s’adressant à Julie, dans l’épisode 69 « Double foyer ») ; « Ce que tu me demandes, c’est juste impossible. » (Maria-Sol) « Nan mais attends. Pourquoi c’est pas possible que tu parles à Carlos ? » (Joséphine, dans l’épisode 70 « Tango ») ; « Franchement, ton idée d’organiser un vin d’honneur sur la grande Muraille de Chine, ça a de la gueule. » (Joséphine) « Mais c’est juste impossible. » (Zoé) « Ben non mais t’es douée. » (Joséphine, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi ») ; « Laisse tomber. En deux heures, c’est impossible. » (Maxime) « NON ! Y’a rien d’impossible !! » (Joséphine, dans l’épisode 91 « Un Noël recomposé ») ; etc. Ça, c’est la grande marotte des francs-maçons : tout est possible, même l’impossible. Et ce, malgré les chutes, les difficultés ou les contretemps. Il ne faut jamais dire jamais. Ne jamais s’avouer vaincu. Ne jamais renoncer. Il faut être « déter’ ». Car tout est possible ! Même si tout n’est pas facile. « Depuis toute petite, elle a envie de faire de la cuisine. Mais elle n’a jamais osé en faire son métier. Et moi, je voulais lui montrer que c’était possible. » (Louise en parlant de sa fille Chloé, dans l’épisode 89 « Graines de chef ») ; « Tout est possible. » (Samuel Pasquier dans l’épisode 97 « Mon fils de la lune »).
Dans Joséphine, c’est la marotte du « potentiel » qui deviendrait « réel » grâce à la détermination et à la foi (confiance) : « C’est possible. Faut juste que tu me fasses confiance. » (Fred s’adressant à Eva, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire ») ; « Tu penses pas qu’il serait temps de tourner la page ? Tu peux le faire. » (Joséphine s’adressant à Chloé, dans l’épisode 48 « Les Majorettes ») ; « Je sais que tu peux. J’ai confiance en toi. » (César s’adressant à Vincent, par rapport à l’opération, dans l’épisode 50 « Le frère que je n’ai pas eu ») ; « Jeanne y arrivera. Elle a un énorme potentiel. » (c.f. épisode 72 « Les Boloss ») ; « C’est pas encore ça mais t’as du potentiel. Bravo Spartacus ! » (c.f. épisode 74 « Tous au zoo »). À en croire Joséphine, c’est la passion et la capacité de rêver qui rendrait l’impossible possible. Dans l’épisode 80 « Le Secret de Gabrielle » par exemple, notre ange gardien interroge sa classe 100 % féminine des années 1960 sur ses désirs (libertaires) d’avenir : « Ce que j’aimerais, c’est que vous me racontiez ce que vous aimeriez faire plus tard. […] Alors ce serait quoi, votre rêve à vous ? […] Être avocate, médecin, astronaute ? […] Justement, Gabrielle, si tout était possible, qu’est-ce que tu voudrais faire, toi, plus tard ? » (Joséphine) « C’est une très bonne réponse ! Allez, Mesdemoiselles, à vos feuilles et à vos crayons ! Et vous me racontez vos rêves en technicolor et en cinémascope ! » (Joséphine). Si tu rêves, tout devient possible…
Selon Joséphine, le « Quand on veut on peut » n’est de l’orgueil que lorsqu’il est énoncé par les autres : « Je n’ai qu’un adage : ‘Je sais tout, je peux tout.’ » (Monsieur Gérard) « ‘Je sais tout, je peux tout’… Ça au moins, c’est modeste ! » (Joséphine, ironique, dans l’épisode 59 « Suivez le guide »). Mais quand il vient d’elle, tout d’un coup, c’est brillant ! divin ! visionnaire ! « Tout est possible pour un ange, n’est-ce pas ? » (un moine bouddhiste qui reconnaît l’identité surnaturelle de Joséphine, dans l’épisode 43 « Sur les traces de Yen »).
Alors bien sûr, pour ne pas rendre ses missions trop faciles ni les vider de mérite/d’héroïsme, il arrive qu’à de rares occasions Joséphine fasse croire quand même un peu à l’impossible, ou feigne de prendre des risques et d’être au bout de sa vie : « Je sais que je prends un risque énorme. Mais j’ai pas le choix. » (c.f. épisode 6 « Une Nouvelle Vie ») ; « Prime de risques et tout ça, je crois qu’il va falloir que je demande une augmentation ! » (Joséphine juste avant de sauter en parachute, dans l’épisode 7 « Une Santé d’enfer ») ; « Transformer un citrouille en carrosse, c’est pas dans mes compétences. » (c.f. épisode 28 « Robe noire pour un ange ») ; « C’est pas une mission difficile. C’est une mission impossible ! » (c.f. épisode 33 « De toute urgence ! ») ; « On me colle des missions impossibles, et personne ne vient m’aider ! » (c.f. épisode 51 « Ennemis jurés ») ; « Je ne veux pas voir et je ne veux pas regarder, parce que si je regarde, je suis foutue ! » (Joséphine en hélicoptère, dans l’épisode 68 « Restons zen ») ; « Je vais demander une prime de risques. Ils ont intérêt à me l’accorder Là-haut ! » (c.f. épisode 71 « Le Sourire de la Momie ») ; « Ne paniquons pas, ne paniquons pas. » (c.f. épisode 78 « Carpe Diem ») ; « Je veux pas mourir ! Je veux pas mourir ! » (Joséphine, se signant d’un signe de croix qu’elle fait à l’envers, dans l’épisode 82 « La Parenthèse enchantée »). Cette place concédée par Joséphine à l’impossible rajoute un apparent bémol à sa folie des grandeurs, et lui permet tout de même de conserver le monopole de son hégémonie sur le réel par l’entremise de la magie : « Beaucoup de choses sont possibles, mais pas toutes. » (c.f. épisode 17 « Paillettes, claquettes et champagne »).
Mais au fond, elle ne fait aucune erreur qui ne soit pas réparable. La grande bourgeoise ne prend quasiment aucun risque, en réalité. Elle ne veut pas mettre les mains dans le cambouis ni retrousser ses manches : « Moi, je ne plonge pas. » (Joséphine face aux clés dans le bassin, dans l’épisode 65 « Pour la vie »). Et surtout, il n’y a que lorsqu’elle doit se donner, aimer vraiment et accepter d’être aimée que là, elle sort la pancarte « Impossible ! ». En résumé, pour Joséphine, tout est possible sauf l’Amour : « Je t’aime Baltus. […] Ce qu’on a vécu, c’était magnifique. Mais c’est impossible. » (c.f. épisode 11 « Pour l’amour d’un ange »). C’est aussi lorsqu’elle a le claquement de doigts méchant et qu’un événement ne prend pas la tournure qu’elle souhaiterait qu’elle se met à décréter l’impossible : « Ah ben non, ça, c’est pas possible ». (c.f. épisode 33 « De toute urgence ! »). À ce propos, je ne vais pas recenser toutes les fois où Joséphine utilise l’expression « C’est pas possible » tellement elles sont nombreuses… mais c’est impressionnant.
Le problème de Joséphine ange gardien, c’est qu’elle ne laisse pas de place à l’échec (durable, entier, définitif). Mais juste aux petits échecs (temporaires). Elle ne fait pas croire que tout est possible mais presque. Elle diffuse la culture du « succès pour tous » à partir du moment où on aurait un rêve ou une passion à accomplir. C’est le culte de la réussite, de la victoire finale traditionnellement appelée « happy end » : « Tout est bien qui finit bien. » (c.f. épisode 29 « Trouvez-moi le prince charmant ! ») ; « Là, j’ai bien réussi ! Tout est bien qui finit bien ! » (c.f. épisode 46 « Police blues ») ; « J’adore les histoires qui se terminent bien. » (c.f. épisode 52 « L’Homme invisible ») ; « Le plus important, c’est que tu réussisses tes championnats [de natation]. » (Zoé s’adressant à sa nièce Pauline, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi ») ; « T’es génial ! T’es le meilleur, Léonard ! » (l’ange Gabriel qui a mâché le travail à Léonard, son protégé, en lui mettant quasiment sous le nez l’inscription qu’il recherchait lors d’un jeu de piste, pour le valoriser auprès des jeunes de son groupe, dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent ») ; « J’aime bien quand ça finit bien. » (c.f. épisode 89 « Graines de chef »).
À noter que Joséphine n’est que très rarement en mission pour des drames irréversibles (crime, maladie incurable, mort, folie…). C’est presque toujours des maux réparables (tentative de suicide, addiction aux drogues, vol, rupture amoureuse, secret de famille, réussite de carrière, etc.). Jamais les Missions Impossibles choisies par Jésus, qui risque et donne vraiment sa vie pour nous (création du monde, résurrection des morts, pardon des péchés, purification de la Terre, lutte contre le diable et son armée de démons, etc.). Joséphine, à côté, c’est une petite joueuse.
On ne voit pas d’échec dans cette série. « Vous pouvez m’inspecter comme vous voulez. J’ai la conscience tranquille. J’crois que je n’ai jamais eu un échec. » (Joséphine s’adressant à l’Archange et inspecteur Matthias, dans l’épisode 41 « Les deux font la paire »). Joséphine ne rate jamais ses missions… même si, à certains moments, elle laisse planer le doute : « J’ai un méchant coup de blues. C’est la première fois que je ferais capoter une mission en mille ans de carrière. » (c.f. épisode 51 « Ennemis jurés ») ; « C’est la première fois que je me plante sur une mission. » (c.f. épisode 57 « Un petit coin de paradis »). Les rares fois où il est représenté, l’échec n’est qu’un effet comique de maladresse (Joséphine ne réussit pas tout : elle essaie par exemple de gober une cacahouète en se la lançant en hauteur dans la bouche, et ça tombe à côté, dans l’épisode 81 « Enfants, mode d’emploi »), que le faux suspens d’un succès assuré (le tragique/fatal est totalement évacué), que le marche pied transitoire vers une victoire finale obligatoire.
L’équation « impossible = possible » est vite résolue dans la série Joséphine ange gardien par l’entremise de la magie… même si, bien entendu, celle-ci a un pouvoir limité. Si elle était illimitée, il n’y aurait pas d’intrigue (déjà)… ni même de morale ! Car c’est bien la morale (la recherche du meilleur et de la justice pour tous les êtres humains) qui fait barrage à la boulimie de la potentialité et du déni de l’impossible. Et on le voit dans Joséphine dès que les possibles deviennent inhumains. Par exemple, l’épisode 58 « Liouba » choisit précisément comme thème central le trafic humain (de ventres, d’ovocytes, de mères, d’enfants, de pères, de personnes homosexuelles) qu’est la GPA (Gestation Pour Autrui), trafic qui va à l’encontre de ce que la série Joséphine ange gardien prône habituellement avec beaucoup d’enthousiasme, c’est-à-dire la « force » irréfutable du « désir d’être parent et de donner tout l’amour du Monde à un enfant ». Après l’euphorie, le conflit d’intérêts opposés ! C’est d’ailleurs le seul épisode – conjointement à celui sur l’homosexualité/homoparentalité (c.f. épisode 8 « Une Famille pour Noël ») – où l’on sent Joséphine, mais aussi l’actrice Mimie Mathy, vraiment partagée et ébranlée intérieurement, comme si elle n’était pas fière d’elle-même, ni sûre du message moral qu’elle diffuse à l’écran : « J’aimerais que tout le monde soit heureux mais c’est impossible. C’est comme pour le jugement de Salomon : il y a deux mères pour un seul enfant. […] Franchement, j’ai jamais vu une mission aussi difficile ! Y’a pas de bons, y’a pas de méchants ! Qu’est-ce que je peux faire ? C’est pas avec ma magie que je vais pouvoir aider Anna ! » Le principal barrage au culte de l’impossible et à la magie, c’est bien la Vérité et la morale.
DANS D’AUTRES OEUVRES DE FICTION
Dans les films, les séries, et même dans les discours politiques, le culte de « l’impossible qui deviendrait soudainement et miraculeusement possible » est soit teinté d’idéalisme/utopisme optimiste (que les mauvaises langues surnommeront ironiquement « gauchisme » – c.f. l’essai de Jean Rabaut – ou d’ « opportunisme publicitaire » : Jean-Marc Morandini et son ancienne émission Tout est possible, le spectacle Tout est possible de Kev Adams et Gad Elmaleh, le dessin animé Kim Possible, le documentaire « Tout est possible » (2018) de John Chester, le documentaire « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » (2008) de Sylvia Donis, etc.), soit de cynisme désabusé. « Dans mon métier, on comprend vite que tout est possible. » (Aurore, la flic dans l’épisode 527 de la série Demain Nous Appartient). Traduction : « Il faut envisager toutes les possibilités, même les plus improbables. Le plus irrationnel, impensable ou horrible peut se produire… ». C’est un appel à la sortie de la logique. Presque une invitation à la folie ou à la paranoïa… au nom du pragmatisme et de la lucidité, en plus ! Derrière ce « Tout est possible » se cache une misanthropie beaucoup plus qu’un émerveillement. Il faut y lire que l’Homme serait capable du meilleur et surtout du pire, et qu’avec lui, il faudrait s’attendre à tout ! On n’est plus tellement dans le factuel, mais au contraire dans l’imaginaire et la défiance. Puisque « tout serait possible », on serait surtout autorisé à « tout imaginer ».
LE CATHO-CON (progressiste ou conservateur) FAIT PAREIL…
Parfois, j’entends certains catholiques (protestantisés) dire qu’« avec la Foi en Dieu, tout devient possible ». Alors effectivement, il y a dans la Bible certaines affirmations de Jésus lui-même qui nous déroutent et qui vont dans ce sens de croire à l’impossible grâce à la Foi en Jésus : « Tout est possible pour celui qui croit. » (Mc 9, 23). Mais je me garde malgré tout de trop placer nos réalités humaines, a fortiori quand il s’agit de réalités qui semblent irréversibles (la mort d’un proche, une maladie ou un handicap, une situation bouchée, etc.) sous le sceau de la Foi, au nom précisément de la différence fondamentale entre ce que Dieu veut et fait et ce que Dieu permet et laisse faire (pour une raison encore mystérieuse). Nous ne sommes pas responsables de tous les maux qui nous accablent ; Dieu ne guérit pas (encore) tous les malades, Il permet par exemple que certaines personnes tombent malades ou naissent handicapées ou meurent d’un accident ; et je me vois mal dire à une personne paralytique qu’elle pourrait courir le 100 mètres « si elle croyait vraiment en Dieu ». Non. Tout n’est pas soumis à notre volonté ni même à notre Foi en Dieu. Tout simplement parce que nous ne sommes pas (encore) Dieu, et que Dieu est toute-puissance d’Amour mais pas toute-puissance de tout ni « tout court ».
Je me permets, à ce propos, de souligner quelques abus d’interprétation courants chez les catholiques concernant certains passages de la Bible. Par exemple, la phrase de Jésus « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15, 5) ne signifie pas qu’avec Dieu nous pourrions tout. Ça veut plutôt dire que sans Dieu nous ne pouvons rien. Nuance ! De même, le « rien n’est impossible à Dieu » énoncé par l’Ange Gabriel (Lc 1, 37) est souvent sur-interprété comme « Dieu peut tout faire et tout se permettre ». Or non. Il pourrait en théorie tout, mais par Amour, Il ne se permet pas tout : la limite de l’Amour (donc de Dieu), c’est précisément l’Amour même, le respect de la liberté (inviolable) de l’Homme, ce sont aussi les limites de l’incarnation corporelle humaine (par exemple, Dieu ne modifie pas le sexe d’une personne ; ou ne fait pas voler un homme comme un oiseau ; ou ne transforme pas l’être humain en animal ou en objet). Dieu, en théorie, pourrait tout. Et pourtant, ce n’est pas un magicien qui fait fi de la nature et de la surnature des choses, qui fait n’importe quoi. Et Il a consenti, par amour et respect de notre liberté, à ce que sa toute-puissance soit faiblesse voire anéantie.
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