Certaines personnes suivant de près mon travail (livres, émissions, conférences, vidéos, blog…), et souvent avec enthousiasme, me demandent tout naturellement si ma famille (mes parents, mes frères et soeurs) écoute ou lit ce que j’écris et fais depuis maintenant près de 20 ans. Je leur dis que je n’en ai aucune idée. Mais qu’en tout cas, je n’ai aucun retour – sauf de mon papa. Et malgré toutes les excuses que je peux leur trouver (chacun a sa vie ; lire est un exercice difficile, qui prend du temps, surtout dans un train de vie tambour battant : travail, famille, enfants, activités diverses et variées…), bien sûr que ça me fait quand même de la peine. Je n’ai pas d’enfants, mais des livres (le père Denis Sonet comparait ses livres à ses propres enfants), un combat de vie, une pensée dense à connaître et à partager. Cette indifférence me blesse, bien évidemment. Car elle traduit une indifférence à ma personne. Et je ne dis pas qu’elle sera éternelle. Mais quand on se voit, on parle de tout sauf de mon travail. Je pose des questions à tout le monde, mais jamais personne (sauf mon papa) en m’en pose et n’aborde LE sujet tabou. Comme si je n’avais pas de vie.