Je me retrouve à la soirée spéciale « Comment accueillir les musulmans de plus en plus nombreux dans nos paroisses ? » organisée à saint Nicolas des champs. Je me sens en décalage avec ce que j’entends. Parce que, même si je suis catholique et heureux de l’être, et que je sais que Jésus est Dieu, j’ai vu, à travers mes anciens élèves, des amis et à travers mon coloc, la beauté d’une certaine pratique de Islam. Ils m’évangélisent et me font parfois connaître Dieu bien plus que les catholiques.
J’ai trouvé ce soir une incapacité chez l’intervenant (le père Saadé, prêtre catholique converti mais d’origine musulmane) et les catholiques présents à reconnaître tout simplement qu’une certaine pratique islamique peut rendre heureux, purifie et remplit/nourrit l’âme, favorise le don de soi et le partage concret. L’objectif tacite de la soirée, c’était de décourager de l’islam et de trouver des stratégies discursives et argumentatives pour amener les musulmans dans l’Église Catholique. Parfois en usant de raccourcis, du style « Il ne faut pas leur dire qu’on a le même Dieu » (sous prétexte que pour eux, entendre qu’on a le même Dieu induirait qu’il ne faut pas s’intéresser à Jésus), ou bien « Les musulmans ne connaissent pas la joie du sacrement de réconciliation » (le père Saadé est parti dans une comparaison fumeuse avec une Ferrari, après que je lui ai dit que mon coloc musulman vivait la prière à la mosquée comme une confession, comme une purification libérante de ses péchés : c’était hors sujet). Et à l’issue de la soirée, quand des paroissiens de saint Nico sont venus me voir pour me dire qu’ils « prieraient pour mon coloc », j’ai presque souri et j’étais tenté de leur dire « Mais vous êtes complètement à côté de la plaque, mes pauvres… ».
N.B. : Et à l’aller, en passant devant l’église saint Nicolas du Chardonnay (dans mon quartier), j’ai vu un groupe d’une dizaine de personnes priant à genoux devant une statue de la Vierge Marie de Fatima sur le parvis de l’église, le dos tourné aux passants, fixant la Vierge. J’ai pensé à « ceux qui se donnent en spectacle » (dénoncés par Jésus dans la Bible) en ayant l’impression ainsi d’évangéliser ou de prier pour la Paix dans le Monde. Ridicule.