Fini de parler de la maniaco-dépression, de la schizophrénie, de la tristesse, du désespoir, de la fuite du Réel, des envies de suicide, des manques d’amour et d’attention. C’est à la mode en ce moment, parmi les psys de comptoirs, de qualifier quelqu’un de « pervers narcissique » ou de « bipolaire ». Très étonnant… En plus de « faire expert », ces nouvelles étiquettes « psychiatriques » enlèvent à la personne qu’on fige en personnage mythique toute volonté et liberté, l’enferme dans ses souffrances, dans ses actes, dans des mécanismes internes et comportementaux qu’on se refuse de reconnaître et d’approcher puisqu’on leur a mis un nom-écran pratique qui nous dispenserait de comprendre les choses, qui nous donnerait le droit de démissionner et de baisser les bras. « Tu comprends : Je suis tombé sur un mari pervers narcissique qui souffrait de troubles bipolaires. Y’avait plus rien à faire… j’ai pas eu de chance » Et si, au lieu de « jargonner psy » pour se justifier de s’éloigner de quelqu’un qui nous fait peur, nous allions vraiment à sa rencontre, en essayant de s’imaginer un peu plus ou tout autant malade psychiatriquement que lui ?