La récente décision du Pape François de limoger les 34 évêques chiliens me préoccupe beaucoup. Car ça ressemble à un coup de sang injuste d’un chef paniqué. Comme lorsqu’un prof sans autorité, tellement débordé par une classe, décide arbitrairement de punir l’ensemble de la classe, même les élèves qui n’ont rien fait, plutôt que de prendre des sanctions plus mesurées et plus adaptées au cas par cas, et de s’en prendre aux réels fauteurs de trouble. Dans le cas épiscopal chilien, on vient vraisemblablement d’assister à un vrai dérapage, à une rafle punitive démesurée et très ambiguë.
En effet, je viens de lire en entier l’article en espagnol de EL PAÍS, où Juan-Carlos Cruz, homme homosexuel, et jadis victime du prêtre pédophile chilien Fernando Karadima, raconte l’accueil démesurément complaisant qu’il a reçu du Pape François : « À Santa Marta, le Pape nous a traités comme des rois, et les évêques comme des enfants. […] Concernant mon homosexualité, il m’a dit : ‘Juan-Carlos, le fait que tu sois gay n’importe pas. Dieu t’a fait comme ça et t’aime ainsi, et personnellement je m’en moque. Le Pape t’aime tel que tu es, tu dois être heureux tel que tu es.’ » Si ces propos ont bien été prononcés, et s’ils ne sont pas le fruit d’une extrapolation du témoin ou du journal gauchiste EL PAÍS, on est dans une merde monstre. Je vous le dis.
Je pensais déjà écrire quelque chose sur l’affaire du Chili. Mais la conclusion de l’article (la justification papale de l’homosexualité) m’horrifie. La situation est bien plus grave que je ne le croyais. Comment le Pape peut-il dire des choses pareilles? Ce n’est pas parce qu’une personne n’a pas été écoutée, que sa parole a été injustement remise en doute, qu’elle a été victime à un moment donné d’une faute ecclésiale, qu’il y a eu une erreur d’appréciation et de jugement papale, qu’elle est homosexuelle, etc., qu’ensuite il faut tout lui passer et justifier sa conduite homo. Le Pape François se trompe gravement sur l’homosexualité ; et sa trop grande complaisance envers les victimes, son intransigeance envers les coupables, ne me semblent pas justes.
Je savais depuis longtemps que la présomption de pédophilie sacerdotale était le faux nez de la justification de l’homosexualité (cf. le chapitre 1 de mon livre Homo-Bobo-Apo), et qu’un mea culpa qui s’éternise, s’exagère ou se radicalise en rejet des « bourreaux » pour se racheter une bonté et une image de père compatissant auprès des « victimes » (la caractéristique du règne de l’Antéchrist, c’est qu’il fera la part belle aux victimes et s’écartera du pardon des bourreaux) risquait tôt ou tard d’aboutir à une justification de la pseudo « identité homo » voire de « l’amour » homo. Mais aussi vite, et en aussi haute instance, je ne m’y attendais pas.
N.B. : Ici la traduction de cet article en espagnol.
N.B. 2 : Concernant l’authenticité des propos du Pape cités dans le journal espagnol, on peut la remettre en doute. Mais il faut regarder la réalité en face : le Pape n’est pour l’instant pas ajusté ni formé ni bien positionné par rapport à l’homosexualité (cf. mon article). On peut jeter le soupçon sur l’extérieur, sur les progressistes (genre le père James Martin)… mais à un moment donné, il va falloir admettre que le Pape se plante. Car l’accueil papal récent de Marin pour avoir secouru un « couple » homo, les propos papaux sur l’homosexualité qui ne constituerait pas un problème en elle-même mais uniquement quand elle se lobbyiserait, le « Qui suis-je pour juger? » sans rappel de la Vérité, tout ça, ce n’est pas James Martin ni « les autres »…
N.B. 3 : À ceux qui me traitent de menteur ou d’affabulateur (parce que je dis que l’initiative est papale : le pape François n’a pas fait que ratifier une décision extérieure à lui : il l’a prise et fortement conseillée), lisez le document officiel des évêques chiliens qui démontre que la décision fut prise par le Pape, et non par les évêques eux-mêmes : « en suivant ses indications » ; « en suivant les recommandation du Saint Père ».