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Pour être honnête


 

J’avais dit publiquement que tant que je ne rencontrais pas de « couples » homos qui me fassent vraiment envie, qui me semblent équilibrés et qui me convainquent que l’Amour homo existe, je resterais sur la réserve et dirais que, au vu de mes impressions du moment, ce n’est pas de l’Amour ; et qu’en revanche, si je trouvais un contre-exemple qui bouscule mes observations, je reviendrais sur mon scepticisme et serais prêt à changer d’avis. Eh bien c’est en passe de se faire, puisque je côtoie amicalement en ce moment deux « couples » (uniquement d’hommes) qui s’entendent plus que « bien », qui m’interpellent par leur complicité, leur joie et leur profondeur. Je veux être impartial et honnête jusqu’au bout : je ne leur vois pour l’instant aucun défaut… ce qui est rare. Et par conséquent je leur dois bien cette reconnaissance, à eux comme à tous les « couples » homos que j’ai pu dévaluer involontairement, blesser ou simplement ébranler par le passé et par mes constats (même si j’ai toujours veillé à ne pas les universaliser ni à les rendre péremptoires). Même là, je parle toujours sous réserve de changement, à vue bassement humaine, et uniquement en mon nom. Il n’y a pas de justification de l’acte homo non plus dans mes paroles. Cette reconnaissance/perception intime n’a aucune valeur universelle ni générale (je ne suis pas Dieu pour dire où se trouve l’Amour vrai ou pas), demeure plus une question qu’une affirmation arrêtée ou parole d’Évangile, doit s’éprouver/se confirmer avec le temps, et ne vient pas contredire tout ce que j’ai pu observer chez les autres « couples » homos en général. Ce sont peut-être même les contre-exemples qui confirment la règle. En tout cas, ils sont là, vivants et bien vivants. Et donc je continue d’observer, de rencontrer, de profiter de leur présence, de m’émerveiller, de m’interroger ET sur ces deux « couples » ET sur la Parole de l’Église sur les unions homos que je sais inspirée. J’ai le droit de m’interroger.
 
 
 

N.B. : Article complémentaire : « Ma rencontre impromptue avec un envoyé du diable (?), hier, le soir de la saint Valentin ».

Les « couples » homos progressivement assimilés à l’assistance paroissiale : je me tais ou j’en dis quelque chose ?

Mains
 

Je remarque dans certaines paroisses catholiques parisiennes que je fréquente (et dont certaines sont excellentes) la présence – discrète mais suffisamment visible pour ne pas passer inaperçue – d’un ou deux « couples » d’hommes homosexuels, inséparables tout en se tenant savamment à distance. La mise en scène est très étudiée. Ils ne font pas étalage de leur statut de concubins. Cependant, ils ne s’en cachent pas non plus. L’œil un minimum averti les repère très bien dans l’assistance. Ils sont d’une discrétion et d’une « exemplarité » millimétriques : ils ne se tiennent même pas la main ; ils ne s’attardent pas en messes basses soufflées à l’oreille pendant l’office ni en regards appuyés et mielleux pendant le baiser de paix ; ils sont encore moins chaleureux entre eux que ne le seraient deux frères de sang. On comprend bien qu’ils ont compris que « malheur par qui le scandale arrive » et « malheur à celui qui choquerait un de ces petits qui sont les Enfants de Dieu ». En général, l’un des deux partenaires du duo, plus extraverti que l’autre, assure les relations publiques avec le reste des fidèles : il fait même quelquefois partie de l’EAP (Équipe d’Animation Paroissiale), sert d’enfant de chœur, lit les lectures, est sacristain ou organiste, fait la conversation ou des blagues aux petits vieux de la paroisse (qui l’« adorent »), jouit d’un capital sympathie et d’une place confortable dans la vie de la communauté.
 

Le plus étonnant, c’est de constater la complaisance des paroissiens à leur égard (parmi ceux qui comprennent… car beaucoup n’y voient que du feu : plus c’est gros, plus des fois ça passe). Elle ne me gênerait absolument pas si elle traduisait une amitié véritable et individuelle, si elle était le reflet d’un attachement à la Vérité et d’un courageux élan de Charité. Or, ce n’est pas le cas : en réalité, il y a beaucoup de mondanité, de non-dit, de peurs, d’hypocrisie et d’indifférence, derrière cet accueil gay friendly et cette intégration.
 

Les prêtres de la paroisse ont leur part de responsabilité dans l’intromission bien attentionnée de l’homosexualité actée dans l’Église. Pris entre deux feux, ils veulent accueillir tout le monde et considèrent que Jésus invite tout spécialement les pécheurs à sa table… donc ils croient bien faire en fermant les yeux. Mais ils oublient que Jésus condamne fermement le péché et qu’Il corrige les pécheurs. Il suffit de une ou deux unions homosexuelles dans une communauté ecclésiale, qui plus est investies et tenant des postes-clé dans les équipes paroissiales, pour que l’esprit de Vérité et de cohésion avec l’Église s’effrite, pour que 80% des paroissiens défendent l’Union Civile comme une nécessité et « l’amour homo » comme une « couple béni discrètement par Dieu ».
 

J’ai entendu pas mal de prêtres catholiques m’avouer que, sous la pression affective des « couples » homosexuels fréquentant leur assemblée et qu’ils n’osaient pas dénoncés, ils se sont retrouvés à taire leur opposition au « mariage gay », voire même à défendre ce « mariage ». Pour éviter, à leurs yeux, « la guerre civile » parmi leurs paroissiens, ils ont préféré ne pas me faire venir témoigner, alors même qu’ils étaient d’accord avec mes idées. Il était plus facile pour eux de me faire passer pour un cas isolé extrémiste que de prendre le risque de se mettre à dos les trois-quarts de leurs ouailles. « Tu sais, quand tu te retrouves, le jour de la rentrée paroissiale, devant cinq couples homos bien intégrés et engagés dans ta nouvelle communauté, tu changes de stratégie, tu rabats ton caquet, et tu caches ta présence aux Manif Pour Tous… ». Je comprends ces curés-là, mais je ne les justifie pas et ça me fait de la peine pour eux. Où se trouve leur courage de surmonter la mondanité et de défendre le discours de Jésus sur l’adultère, le concubinage et même l’homosexualité ? Où se trouve leur courage de défendre leur Église et Sa Vérité ?
 

Ce midi, je me suis retrouvé précisément dans une église parisienne où le parfait petit couple homo de la communauté siégeait au premier rang, toujours à la même place. Ces deux dandys bénéficient manifestement d’un passe-droit, d’un statut tacite de privilégiés dont la condition de vie est tolérée. Et ce privilège part toujours d’excellentes intentions : « Ce sont des exceptions. C’est la diversité du Peuple de Dieu. » ; « Du moment qu’ils ne s’affichent pas comme modèles… » ; « Ils sont très serviables et font du bien à la paroisse. » ; « La vie privée et sexuelle de mes paroissiens ne me regarde pas ! Je dois rester à ma place. » ; « C’est important de ne pas arrêter les gens à leur sexualité, à ce qu’ils font au lit. Seul Dieu sonde les cœurs. » ; « Ils ont accès à l’Amour de Dieu. De quel droit je les condamnerais et leur interdirais l’accès à l’église, aux messes, aux services liturgiques, à la présence de Jésus ? N’y a-t-il pas dans l’assemblée des personnes bien plus pécheresses qu’eux ? » ; « Qui suis-je pour juger ? » ; « Soyons discrets : l’amour de Dieu pour les Hommes est inconditionnel. » ; etc. C’est la sempiternelle confusion entre le jugement des personnes (indéfendable) et le jugement des actes (nécessaire et indispensable pour que la véritable Charité s’exerce), ou bien entre l’amour inconditionnel de Dieu pour les personnes et les conditions d’amour non-négociables que Dieu pose sur les actes humains.
 

Je disais donc que pendant la messe, je me trouvais juste derrière ce duo quarantenaire tiré à 4 épingles. Je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir de la tristesse à leur distant contact. Ce n’était pas de la jalousie chez moi, ni de la nostalgie enfouie, ni de la projection homophobe (même si, évidemment, c’est la première hypothèse, la plus criante, qui se présentera à nos esprits). Vraiment, c’était une tristesse saine et sainte. Tristesse pour l’Église catholique toute entière, tristesse pour ces deux hommes, tristesse pour les personnes homosexuelles, tristesse pour leur communauté paroissiale, tristesse pour ce non-dit et ce mensonge qui entourent ces deux hommes et l’homosexualité en général. Ce sont mes frères, et individuellement, je prie pour eux, sans bénir leur acte et leur « couple ». Mais je me suis fait la réflexion que de leur binôme se dégageait une plus grande tristesse, austérité, comédie, stérilité sociale et spirituelle, que la solitude d’une personne homosexuelle célibataire et catholique pratiquante. C’est mystérieux, cette distinction de rayonnements que je vois et que je n’invente pas. Mais elle est là et je ne peux pas faire comme si de rien n’était. L’union homosexuelle, même spiritualisée, même non-tactile, même intégrée culturellement, même bénéficiant d’une aura communautaire et solidaire, même serviable, même tacitement tamponnée et bénie par le curé de la paroisse, comporte son indélébile violence, tristesse, vacuité. Elle dit quelque chose de la corruption morale d’une paroisse.

Code n°38 – Couple criminel

couple criminel

Couple criminel

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 
 

Associés amoureusement pour le crime

 

Photo de Pierre et Gilles

Photo « Les Pistolets » de Pierre et Gilles


 

Certains ne voudraient voir dans le couple homo qu’amour, petits cœurs, convivialité, et normalité. C’est mal connaître les couples homosexuels fictionnels, davantage réunis pour le sexe pur et dur et dans le crime (… et le camouflage de ce crime) que pour une noble cause. Les duos homosexuels braqueurs de banque, organisateurs de hold-up, malfrats recherchés par la police tels des nouveaux Bonnie & Clyde, meurtriers machiavéliques complotant contre ceux qui empêcheraient leur amour, tueurs de bébés et de personnes âgées, sont légion dans les œuvres homosexuelles, et disent quelque chose de la force de la médisance et de destruction que certains couples homos réels déploient envers eux-mêmes et leur société.

 

En effet, les unions homosexuelles ne se contentent pas de se faire du mal en interne. Le rejet de la différence des sexes en leur sein a forcément des implications concrètes dans leur rapport aux autres, aux enfants, aux femmes et aux hommes. La différence des sexes concerne et permet toute vie sociale humaine. Le rejet, en amour, de la différence des sexes, aussi. Et comme le rejet de la différence des sexes équivaut au rejet de toute vie humaine, le couple homo en tant que pratique aboutit systématiquement, à plus ou moins long terme, à des violences que le fait de les faire à deux et amoureusement atténuera dans l’esprit des amants homosexuels.

 

Film "Les Diaboliques" d'Henri-Georges Clouzot

Film « Les Diaboliques » d’Henri-Georges Clouzot


 
 

N.B. : Je vous renvoie aux codes « Voleurs », « Amant diabolique », « Doubles schizophréniques », « Homosexualité noire et glorieuse », « Mort = Épouse », « Liaisons dangereuses », « Reine », « Solitude », « Adeptes des pratiques SM », « Témoin silencieux d’un crime », « Défense du tyran », « Homosexuel homophobe », « Homosexuels psychorigides », « Super-héros », « Violeur homosexuel », « Symboles phalliques », « Parricide la bonne soupe », « Tout », « Voyage », et à la partie « Cowboy » du code « Don Juan », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 
 

Film "La Corde" d'Alfred Hitchcock

Film « La Corde » d’Alfred Hitchcock


 

Le couple homosexuel fictionnel s’unit très souvent dans le crime : cf. le film « Ossessione » (« Les Amants diaboliques », 1942) de Luchino Visconti, le film « PuPu No Monogatari » (1998) de Kensaku Watanabe, les films « La Corde » (1948) et « L’Inconnu du Nord-Express » (1951) d’Alfred Hitchcock, le film « Guns 1748 » (1999) de Jake Scott, le film « Switchblade Sisters » (1975) de Jack Hill, le film « Frisk » (1995) de Todd Verow, le film « Jeff » (1968) de Jean Herman, le film « Reptile » (1970) de Joseph Mankiewicz, le film « The Maids » (1975) de Christopher Miles, le film « Les Abysses » (1962) de Nico Papatakis, le film « Piège mortel » (1982) de Sidney Lumet, le film « Friends And Family » (2001) de Kristen Coury, le film « Association criminelle » (1955) de Joseph H. Lewis, le film « Cent mille dollars au soleil » (1963) d’Henri Verneuil, le film « Swoon » (1992) de Tom Kalin, le film « J’ai pas sommeil » (1993) de Claire Denis, le film « Vies brûlées » (2000) de Marcelo Piñeyro, le film « Les Diaboliques » (1954) d’Henri Georges Clouzot, le film « La Mala Educación » (« La mauvaise éducation », 2003) de Pedro Almodóvar, le film « Thelma et Louise » (1991) de Ridley Scott, le film « Les Filles du botaniste » (2006) de Daï Sijie (avec le meurtre parricide), les films « Swimming Pool » (2002) et « Amants criminels » (1998) de François Ozon, le film « Collateral » (2004) de Michael Mann (avec Vincent et Max), le film « Le Roi et le Clown » (2005) de Lee Jun-ik, la pièce Doubles (2007) de Christophe et Stéphane Botti, le film « Appointment With Crime » (1946) de John Harlow, le film « Diabolique » (1995) de Jeremiah Chechick, le film « Le Génie du mal » (1959) de Richard Fleischer, le film « Week-end pour Helena » (1970) de Julio Diamante, le film « Tueurs fous » (1972) de Boris Szulzinger, le film « La Sentinelle des maudits » (1977) de Michael Winner, le film « By Hook Or By Crook » (2001) d’Harry Dodge et Silas Howard, le film « Fun » (1994) de Rafal Zielinski, le film « O Corpo » (1991) de José Antonio García, le film « Butterfly Kiss » (1995) de Michael Winterbottom, le film « Les Blessures assassines » (1999) de Jean-Pierre Denis, la pièce Les Fugueuses (2007) de Pierre Palmade et Christophe Duthuron, le roman Dix Petits Phoques (2003) de Jean-Paul Tapie (avec Steve et Rémi), la pièce Les Bonnes (1947) de Jean Genet, le vidéo-clip de la chanson « Addicted To Love » d’Avicii (avec le couples de lesbiennes-gangsters), le vidéo-clip de la chanson « California » de Mylène Farmer (avec les jumelles tueuses), le film « Baise-moi » (2000) de Virginie Despentes, le film « The Living End » (1992) de Gregg Araki, le film « La Cérémonie » (1995) de Claude Chabrol (avec Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert en meurtrières d’une famille de bourgeois), le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa (avec Omar et Khalid planifiant la mort du second), le film « Dérive » (1983) d’Amos Guttman (avec Ilan et son amant), le film « I Love You Phillip Morris » (2009) de Glenne Ficarra et John Requa (avec Steven et Phillip, les amants-gangsters), le film « Niño Pez » (2009) de Lucía Puenzo, le film « Dinero Fácil » (« Argent facile », 2010) de Carlos Montero Castiñera, le film « Una Noche » (2012) de Lucy Molloy (avec Elio et Raul, recherchés par la police), le film « Benzina » (« Gazoline », 2001) de Monica Stambrini (avec le couple lesbien enchaînant les meurtres), le film « Dirty Love » (2009) de Michael Tringe, le film « Boys Don’t Cry » (1999) de Kimberly Peirce, le film « Priscilla, folle du désert » (1992) de Stephan Elliott, le film « Tan De Repente » (2002) de Diego Lerman, le film « On ne choisit pas sa famille » (2011) de Christian clavier (avec le vol d’enfant dans un orphelinat), le film « La Virgen De Los Sicarios » (« La Vierge des tueurs », 2000) de Barbet Schroeder, le vidéo-clip de la chanson « All About Us » de Tatu, la chanson « Beautiful Killer » de Madonna, le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo » (« Une Femme iranienne », 2014) de Negar Azarbayjani (avec le voyage vers Kojoor en taxi entre Adineh l’héroïne transsexuelle F to M voleuse et Rana la femme mariée), le vidéo-clip de la chanson « Addicted to you » d’Avicii, etc.

 

 

Le couple homo meurtrier est d’abord une rumeur (de pédophilie, de trafic de drogues, de libertinage, d’assassinat, etc.) : « Je parie que toi et Peggy, vous faites des trucs aux gosses… » (Santiago s’adressant à Doris la lesbienne et sa compagne, dans la pièce Doris Darling (2012) de Ben Elton) ; « Je crois que vous êtes malades toutes les deux. » (Nina l’héroïne lesbienne se faisant manipuler par le couple lesbien Vera/Lola, dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio) ; « Un gay, c’est ennuyeux. Deux, c’est un appel au meurtre. » (Eytan, un des élèves gays du lycée, dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti) ; etc.

 

Mais bien souvent, la rumeur est avérée. Par exemple, dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1990) de Copi, Mime et Fifi, deux travelos clochards, étranglent un pédé dans une vespasienne. Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Ody et son frère Dany rentrent avec un flingue dans une villa bourgeoise pour y semer la terreur. Dans le film « Drool » (2008) de Nancy Kissam, le mari est tué par le couple de lesbiennes. Dans la pièce On vous rappellera (2010) de François Rimbau, pour une question d’argent, les deux lesbiennes Lucie et Léonore collaborent en cachant une escroquerie dans le milieu artistique. Dans le film « Bayaw » (2009) de Monti Parungao, Rhennan est témoin de la mort accidentelle de Pia, tuée par Nilo. Dans le film « Gun Hill Road » (2011) de Rashaad Ernesto Green, les vols et les crimes du père, Enrique, font miroir à la transsexualité de son fils M to F Michael. Dans le film « Notre Paradis » (2011) de Gaël Morel, Vassili, ancien escort boy sur le retour, et son jeune amant Angelo, jeune prostitué, s’aime et se servent l’un de l’autre comme appât pour agresser des vieux. C’est exactement le même fonctionnement de « couple » qu’on observe entre Henri et Jean dans le film « L’Homme blessé » (1983) de Patrice Chéreau : les deux amants vivent leur idylle sous forme de vengeance et de règlement de comptes. Dans le roman La Douceur (1999) de Christophe Honoré, Steven a 11 ans lorsque, envoûté par Jeremy, un des camarades de colonie de vacances, il se laisse entraîner dans la complicité d’un crime d’une barbarie insoutenable sur un autre enfant du camp. Dans le film « Joe + Belle » (2011) de Veronica Kedar, c’est l’escapade israélienne de deux amantes cherchant à échapper à la police et à se débarrasser d’un corps. Dans la pièce Doris Darling (2012) de Ben Elton, Peggy et Doris la lesbienne tuent le vieux Douglas à coups de marteau : « Mais qu’est-ce que j’ai fait ?!? Je l’ai tué !!! » s’écrit Peggy. Dans le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald, le « couple » des deux mamies Stella/Dotty prend la fuite de la maison de la retraite pour se marier clandestinement, en toute liberté. Dans le film « Monster » (2003) de Patty Jenkins, les amantes lesbiennes Selby et Aileen tuent des hommes pour se venger des violences qu’ils leur ont fait subir. Dans le one-man-show Au sol et en vol (2014) de Jean-Philippe Janssens, Jeanfi, le steward homo, raconte comment il est sorti avec un certain Fabrice, un « escroc qui l’a ruiné après lui avoir fait vivre une vie de « princesse » : « Il s’est tiré avec la caisse. Plus rien. Une princesse déchue. » Dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan, Steve, le héros homosexuel, fait équipe avec sa mère, pour chiper dans les magasins, agresser les autres, fumer ensemble, faire des conneries : « On va faire équipe, nous deux. » (Steve s’adressant à sa mère) Dans le film « Fried Green Tomatoes » (« Beignets de tomates vertes », 1991) de John Avnet, Idgie et Ruth maquillent le meurtre du mari de la seconde, Bennett. Dans son one-man-show Les Bijoux de famille (2015), Laurent Spielvogel joue aux Cours Florent le rôle de Lorenzaccio tuant son amant Alexandre. Dans le téléfilm « Just Like A Woman » (2015) de Rachid Bouchareb, les deux amantes lesbiennes, Marilyn et Mona, fuient ensemble l’homicide involontaire que Mona a commis sur sa belle-mère. Dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes, Carol et Thérèse partent en vadrouille, Carol avec un flingue dans son sac.

 

Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, Jonas et Nathan forment un couple dangereux. Nathan empoisonne ses clopes pour rendre malade un de ses camarades de classe homophobe. Et il flirte tellement avec le danger qu’il s’embarque dans une voiture d’un prédateur sexuel à la sortie d’une boîte, et personne ne le reverra plus jamais. À l’âge adulte, Jonas, pourtant le garçon sage à l’adolescence, est devenu un vrai junkie : il est amené au poste de police pour avoir déclenché une baston dans un club gay, The Boys. Il pénètre dans un hôtel de luxe, L’Arthémis, et le standardiste, Léonard, le prend pour un faux doux, un criminel armé, et préfère lui fouiller son sac : « Je sais pas. Je vérifie que t’aies pas d’arme, de couteau. J’en sais rien. Si je reviens et que tout le monde est mort, et que t’as buté tout le monde, on fait comment ? » Il enfreint toutes les règles et fume dans sa chambre d’hôtel. Les deux amants sont finalement devenus des bad boys au contact l’un de l’autre.
 

Les deux membres du couple homosexuel fictionnel semblent tirer de l’extériorisation criminelle de leur ennui « conjugal » une excitation, une jouissance quasi sexuelle qui les confortent dans l’idée qu’ils sont faits l’un pour l’autre, qu’ils constituent un duo de choc éternel, à la Bonnie & Clyde, qu’ils sont capables d’un grand sacrifice d’amour : « Nous avons été cruels et nous avons été splendides. » (Dorian Gray s’adressant à son amant Basile, suite à la mort de Sybil Vane qui s’est suicidée parce que Dorian l’a répudiée, dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « Et vous saurez d’emblée qu’il s’agit d’un roman policier, qu’il y a plusieurs crimes et deux coupables mais pas de police (je n’aime pas ça dans les romans policiers) donc, pas de châtiment. » (Copi, Le Bal des Folles (1977), p. 21) ; « Nous sommes unis comme un vieux couple. Pour le meilleur… après le pire. » (Lacenaire s’adressant à son acolyte Avril, associé dans le crime, dans la pièce Lacenaire (2014) de Franck Desmedt et Yvon Martin) ; « Mama, I’m in love with a criminal, and this type of love is irrational, is physical. » (cf. la chanson « Criminal » de Britney Spears) ; « Nous sommes des dieux, Scrotes, et ces deux jeunes hommes sont nos jouets. » (Anthony s’adressant à son amant, par rapport au jeune couple homo naissant Jim/Doyler, dans le roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; « C’est un genre de Bonnie & Clyde version Clyde & Clyde… » (Georges, le policier parlant du « Gang des Fleuristes » cambrioleurs qui n’est autre que le couple d’amants formé par Bart et Hugo, dans l’épisode 272 de la série Demain Nous Appartient diffusée sur TF1 le 20 août 2018) ; etc.

 

Film "Thelma et Louise" de Ridley Scott

Film « Thelma et Louise » de Ridley Scott

 

Et le pire, c’est que certains réalisateurs gays friendly ou homosexuels essaient de nous faire croire en la « beauté » du cynisme, du désespoir, de la folie meurtrière, de l’enchaînement tragique, de ce couple homosexuel uni dans la mort. Par exemple, dans le film « Marguerite » (2015) de Xavier Giannoli, Lucien et son amant Kyril (qu’il surnomme « mon poussin »), fomentent toute une entreprise de foutage de gueule autour de la fausse chanteuse Marguerite.

 

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 
 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

Film "Benzina" de Monica Stambrini

Film « Benzina » de Monica Stambrini


 

L’expulsion, en amour et en sexualité, de la différence des sexes porte en germe une réelle violence à l’intérieur des « couples » homosexuels et à l’extérieur d’eux. L’acte homosexuel louvoie avec l’homophobie et un engrenage parfois criminel qui semble dépasser les sincérités des deux personnes qui se sont mises d’accord pour le poser. « J’y suis allé pour avoir du sexe avec les hommes. C’est la première chose que j’ai faite. Donc ce gars avec qui j’avais chatté un temps sur Internet était de Flint, dans le Michigan. C’est là-bas que j’ai perdu ma virginité. La capitale mondiale des assassinats, c’est de notoriété publique [rires] [. [ » (Dan, homme homosexuel, dans le documentaire « Desire Of The Everlasting Hills » (2014) de Paul Check) Je vous renvoie par exemple à l’histoire vraie (qui a inspiré le film « Monster ») du « couple » lesbien Aileen Wuornos/Tyria Moore en 1987 aux États-Unis.

 


 

On retrouve quelques sombres affaires de crime dans lesquelles des amants homosexuels ont trempé. Par exemple, en 1924, le couple d’amants Nathan Leopold et Richard Loeb (qui inspira le film « La Corde » d’Alfred Hitchcock en 1948) assassina un jeune homme et justifia son crime par une théorie nietzschéenne sur l’Homme supérieur. En 1968, Ramón Novarro fut assassiné par deux frères (Bert et Daniel) qu’il connaissait déjà et qu’il avait payés pour venir chez lui avoir des relations sexuelles. En 1998, aux États-Unis, Aaron McKinney et Russell Henderson, les assassins de Matthew Shepard, prétendument « hétéros », se sont faits passer pour un « couple gay » dans les toilettes du bar Fireside auprès de Matthew, homosexuel déclaré, avant de l’embarquer dans leur camionnette pour le draguer et l’assassiner. Je pense également, en 2019, à ce crime passionnel entre amants dans le Val-de-Marne.

 

Ces faits divers pourraient être rangés dans le dossier des anecdotes, pourraient paraître isolés et peu représentatifs de l’ensemble des couples homosexuels qui, pour la plupart, n’aspirent à faire de mal à personne et ne sont pas impliqués dans des affaires de mœurs aussi grave. Mais je crois que ce code s’adresse précisément aux unions homos en apparence inoffensives, rangées, douces, fidèles, « intégrées » socialement, car même si « le couple homosexuel criminel » reste avant tout un cliché non-actualisé, il dit quelque chose de la violence et de la nuisance réelles qui se vivent dans tout « couple homo »… et cette violence ressurgit en agressivité, en infidélité, en prostitution, en vol, en humiliation, en militantisme agressif, en injures, en boulimie de « droits LGBT » et de lois qui pour le coup justifient des crimes réels. Ceci est d’autant plus vrai depuis l’approbation du « mariage pour tous » dans certains pays, car cette loi ouvre à la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et la GPA (Gestation Pour Autrui), donc au tri d’embryons surnuméraires, au meurtre d’enfant ou de parents, à la création d’orphelins.

 

Par exemple, lors de sa conférence sur « L’homoparentalité aux USA » à Sciences-Po Paris le 7 décembre 2011, l’avocat Darren Rosenblum raconte comment lui et son copain ont obtenu une enfant par GPA. En l’écoutant, on dénotait dans son discours la culpabilité d’être objectivement dans l’illégalité. Ils habitent actuellement dans le Marais, mais gardent le secret sur la GPA : « J’ai un peu peur d’être maltraité par les gens au moment où je suis avec ma fille. » Ils sont peu fiers du crime symbolique et réel qu’ils ont opéré sur la mère de « leur » petite fille.

 

Des lois comme le PaCS (Union civile) ou « le mariage pour tous », par la justification de l’expulsion de la différence des sexes qu’elles imposent à l’ensemble d’une société, diffusent une inhumanité qu’il convient de prendre très au sérieux.

 
 
 

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Code n°39 – Couple homosexuel enfermé dans un cinéma

couple enfermé

Couple homosexuel enfermé dans un cinéma

 

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

L’ « amour » reposant surtout sur un film

 

Pour se persuader que l’union homosexuelle est d’une incroyable force, certaines personnes homosexuelles construisent de belles romances sur pellicule ou sur papier, en filmant des couples homosexuels plus vrais que nature, faisant du cerf-volant ensemble au milieu d’une jolie prairie, s’aspergeant d’eau dans un ruisseau, et vivant heureux à l’intérieur de leur cuisine Mobalpa avec leur labrador. D’ailleurs, plus ça va, et plus les cinéastes actuels arrivent à rendre les histoires d’amour homosexuel particulièrement crédibles, parce que justement pudiques et pas toujours mièvres (le film « Le Secret de Brockeback Mountain » (2006) d’Ang Lee, « Week-End » (2012) d’Andrew Haigh, ainsi que le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure, pourraient obtenir à ce jour la palme de la vraisemblance bobo) … mais ils se tendent ainsi leurs propres pièges à eux-mêmes, donnant à croire qu’elles peuvent être transposées à l’identique dans la réalité concrète. Combien de personnes homosexuelles se laissent actuellement berner par leurs mises en scène policées et sympathiques de l’amour… et s’en mordent les doigts dans l’actualisation ratée ! Comme le souligne Wystan H. Auden par rapport à son propre ménage, « le problème dans cette affaire de l’amour est que l’un ou l’autre finit par se sentir mal à l’aise et coupable parce qu’il constate que les choses ne marchent pas telles qu’il les a lues » (cf. l’article « Entrevista A Wystan H. Auden » de Michael Newman, pour le journal Paris Review, 1974).

 

Beaucoup de sujets homosexuels finissent par réaliser inconsciemment que le cinéma ou la littérature les réunit davantage que la Réalité (constat de Roger Stéphane dans son autobiographie Parce que c’était lui (1952), pp. 85-86). Dans leurs créations artistiques, les amants fictionnels se font entre eux la remarque : « C’est comme si tous les films parlaient de nous. » (Berenguer à son amant Juan, dans le film « La Mala Educación », « La Mauvaise Éducation » (2003) de Pedro Almodóvar) Leurs histoires de cœur semblent reposer prioritairement sur la magie d’une carte postale ou d’un film : « C’est comme un film américain. Un putain de film américain… » déclare dans son dernier soupir le Jagger d’Eytan Fox à son amant Yossi (cf. le film « Yossi et Jagger », 2004). Nous retrouvons souvent dans l’iconographie homo-érotique le motif du couple homosexuel enfermé dans un cinéma, un supermarché, une expo, un concert, ou une cellule carcérale faisant office de salle obscure. Cette métaphore peut renvoyer à une certaine réalité fantasmée pas si rose que cela à vivre sur la durée. Un certain nombre de personnes homosexuelles abordent la souffrance que provoque chez elles le fossé d’incommunication existant entre deux spectateurs d’un même film, qui plus est quand ils sont liés par un désir homosexuel. Intellectuellement, elles ont tout à fait conscience de la vanité de ce rêve de communion exacte des perceptions, et se moquent de la naïveté de leur désir de substitution à l’être aimé. Mais l’ironie n’est pas que distance : elle est souffrance, et parfois justification de celle-ci, comme le traduit l’exaspération exprimée par Hervé Guibert dans son roman À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie face à la sensiblerie de son amant Bill lors de la projection du film « L’Empire du Soleil » (Hervé Guibert, A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990), pp. 193-194).

 

« Quand les lesbiennes se font leur cinéma » : c’est le slogan ô combien révélateur que s’est attribué le festival de cinéma lesbien Cineffable de Paris ! Comme une signature. Comme une illustration simple que le couple homosexuel est fondé sur une petite imposture, une confusion (pourtant intellectuellement toute bête à déjouer) entre la vraie vie et les salles obscures. À entendre certains personnages de fiction homos, voire même beaucoup de personnes homosexuelles réelles, leurs histoires d’amour se dérouleraient telle une jolie bobine de film, auraient la magie sacrée-sucrée des comédies romantiques ou des musicals nord-américains. Le couple homosexuel (surtout fictionnel, et parfois réel), d’abord rassuré de vivre dans le cocon cossu d’une chambre cinématographique peuplée de souvenirs, dans une vidéothèque où il refait « le monde sans le monde », finit par être envahi petit à petit par une impression désagréable : d’une part un décalage de perceptions entre les deux amants (qui se rendent compte amèrement que le cerveau de l’un n’est pas le cerveau de l’autre), et d’autre part une inaccoutumance au monde extérieur (monde qui sera pour le coup présenté comme désenchanté et sordide).

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Substitut d’identité », « Peinture », « Pygmalion », « Bovarysme », « Fan de feuilletons », « Fusion », « Télévore et Cinévore », « Tomber amoureux des personnages de fiction ou du leader de la classe », « Différences culturelles », « Île », « Voyage », à la partie « Enfant dans la galerie d’art » du code « Chevauchement de la fiction sur la Réalité », à la partie « Prison » et « Homosexualité de circonstance » du code « Entre-deux-guerres », à la partie « Mélomane » du code « Musique comme instrument de torture », à la partie « Filmer sa vie » du code « Amant narcissique », et à la partie « Cuculand » du code « Milieu homosexuel paradisiaque » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 

a) Le cocon amoureux cinéma :

ENFERMÉ Mala Educacion

Film « La Mauvaise Éducation » de Pedro Almodovar


 

Très souvent dans les fictions traitant d’homosexualité, le couple homosexuel se retrouve enfermé dans le cocon chaleureux (et, sur la durée, étouffant) d’un cinéma, d’un supermarché, d’une expo, d’un concert, d’une télé : cf. le film « Premières Neiges » (1999) de Gaël Morel (avec Léa et Éric cloîtrés dans un supermarché), la chanson « Mon Fils » de Nicolas Bacchus, le film « A Safe Place » (1977) d’Amos Gutman, le film « Petite fièvre des 20 ans » (1993) de Ryosuké Hashiguchi (avec Tatsuru et Shin enfermés dans un bar), le roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1976) de Manuel Puig (avec Molina et Valentín dans leur cellule de prison qu’ils transforment en cinéma), le film « Scandaleusement célèbre » (2007) de Douglas McGrath (avec Truman Capote et Perry), la pièce Burlingue (2008) de Gérard Levoyer (avec Simone et Janine enfermées dans leur bureau), le film « Paradisco » (2002) de Stéphane Ly-Cuong (avec François et Nicolas), la pièce Le Cri de l’ôtruche (2007) de Claude Gisbert (avec Paul et Bob dans la prison), la pièce Une Nuit au poste (2007) d’Éric Rouquette (avec Diane et Isabelle dans la cellule), le film « La Chatte à deux têtes » (2002) de Jacques Nolot (qui se déroule dans un cinéma porno), le film « Murmur Of Youth » (1997) de Lin Cheng-sheng, le roman Strangers On A Train (1950) de Patricia Highsmith, la pièce Deux Otages (1958) de Brendan Behan, le film « Infernal Affairs » (2003) d’Andrew Lau et Alan Mak (avec Lau et Yan assis l’un à côté de l’autre dans le magasin d’amplis), le film « Strangers On A Train » (« L’Inconnu du Nord-Express », 1951) d’Alfred Hitchcock (avec Bruno et Guy dans le train), la chanson « Les Passagers » d’Étienne Daho, le roman Voyage avec deux enfants (1982) d’Hervé Guibert, le film « Sœurs de scène » (1964) de Xie Jin, le film « En direct sur Ed TV » (1998) de Ron Howard, le film « Amour et mort à Long Island » (1997) de Richard Kwietniowski, le film « Goodbye, Dragon Inn » (2003) de Tsai Ming-liang, etc.

 

Pièce Le Cri de l’ôtruche de Claude Gisbert

Pièce Le Cri de l’ôtruche de Claude Gisbert


 

Par exemple, dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H., le couple Jonathan/Matthieu regarde pour la énième fois le film « Moulin Rouge ». Dans le one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman, une maman et ses deux enfants sont enfermés dans un supermarché. Dans la pièce Comme ils disent (2008) de Christophe Dauphin et Pascal Rocher, David et Philibert visitent le Musée du Louvre. Dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, Jean-Marc, le héros homosexuel, se voit offrir par la peintre Catherine Burroughs une toile représentant deux dames s’avançant de dos dans la mer. Dans le film « Heavenly Creatures » (« Créatures célestes », 1994) de Peter Jackson, Juliet et Pauline s’enferment dans un monde imaginaire et littéraire qui les coupe du monde. Dans le film « Plan B » (2010) de Marco Berger, Pablo et Bruno nourrissent une passion commune pour la série télévisée Blind ; on les voit se draguer devant le petit écran ensemble : « Allons au cinéma. » Dans le film « To The Marriage Of True Minds » (« Au mariage de nos âmes loyales », 2010) d’Andrew Steggal, deux jeunes Irakiens, Hayder et Falah, ayant embarqués illégalement sur un bateau qui les mène de Bagdad à Londres, se murmurent en arabe les vers des sonnets amoureux de Shakespeare. Dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, Bryan reçoit de Kévin dix places de cinéma pour son anniversaire. Dans le film « Infidèles » (2010) de Claude Pérès, un réalisateur et un acteur s’enferment dans un appartement, seuls avec une caméra, toute une nuit, jusqu’au lever du jour, pour mettre à l’épreuve leurs désirs. Dans son spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012), Didier Bénureau raconte qu’il est allé voir avec son copain au cinéma un film de Fassbinder racontant une histoire homosexuelle. Dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, Omar et Khalid se racontent amoureusement leurs rêves et les films qu’ils ont vu ensemble (notamment « La Cité des femme » de Fellini) : « Dans la chambre noire, ce jour-là, c’est moi qui voulais parler. De mon rêve avec Hassan II. » (Omar, p. 72) Un peu plus tard, Omar propose à Khalid d’aller au cinéma voir le film d’épouvante, « Re-Animator ». Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Jim et Doyler regarde la mer comme s’ils se trouvaient devant une télé. Dans le roman Deux garçons (2014) de Philippe Mezescaze, deux adolescents, Hervé (Guibert) et Philippe, tombent amoureux pendant une scène de Caligula qu’ils doivent interpréter ensemble dans un cours de théâtre. Dans la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand, Noémie, la guichetière d’un cinéma porno, dit qu’elle cherche l’amour dans les salles de cinéma. Dans la pièce Les Faux British (2015) d’Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields, l’acteur jouant Thomas, le héros homosexuel, avoue au prologue qu’il sort avec le guichetier du théâtre où il joue.

 

Film "El Beso De La Mujer-Araña" d'Hector Babenco

Film « El Beso De La Mujer-Araña » d’Hector Babenco


 

Les amants homosexuels fictionnels semblent vivre une vraie cinéscénie, dans un espace clos et confiné qui s’anime grâce à leur imaginaire sentimental : « Les deux garçons [le couple Ahmed/Marcel] rêvent en couleur, en technicolor, en super son surround. » (Denis-Martin Chabot, Accointances, connaissances, et mouvances (2010), p. 53) ; « J’aimais bien aller au cinéma avec lui. Lorsqu’il y avait peu de spectateurs, c’était le seul endroit public où je pouvais discrètement lui prendre la main. » (Bryan parlant de son amant Kévin dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 445) ; « La chambre est pleine d’ombre ; on entend vaguement de deux enfants le triste et doux chuchotement. Leur front se penche, encore, alourdi par le rêve, sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève… » (cf. le poème « Les Étrennes des orphelins » (1869-1872) d’Arthur Rimbaud) ; « Quelques jours plus tard, je montrai à Sylvia les icônes du musée. » (Laura, l’héroïne lesbienne parlant de son amante Laura, dans le roman Deux Femmes (1975) d’Harry Muslisch, p. 107) ; « L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose avec des coussins bleus. Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose dans chaque coin moelleux : tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace grimacer les ombres des soirs, ces monstruosités hargneuses, populace de démons noirs et de loups noirs. Puis tu te sentiras la joue égratignée… Un petit baiser, comme une folle araignée, te courra par le cou… Et tu me diras : ‘Cherche !’ en inclinant la tête, et nous prendrons du temps à trouver cette bête qui voyage beaucoup… » (cf. le poème « Rêve pour l’hiver » d’Arthur Rimbaud, écrit en wagon le 7 octobre 1870) ; « J’ai rencontré le Grand Amour. Comme dans les contes de fée. On s’est trouvés dans un plan à trois. Le coup de foudre. Il m’a fait un vrai festival de Cannes » ; « On regarde un film ? » (Arthur s’adressant à son amant Julien juste après leur déclaration, dans le film « Faut pas penser » (2014) de Raphaël Gressier et Sully Ledermann) ; etc.

 

Ils se projettent complètement dans un univers cinématographique, et utilisent les films ou les œuvres d’art comme technique de drague pour se rapprocher l’un de l’autre : « Avec toi j’apprends à aimer être mièvre, à te regarder comme on regarde un film. » (le Comédien dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier) ; « Ce n’est qu’un film après tout. On n’a qu’à dire que c’est infime. On n’a qu’à se dire qu’on s’en fout. On n’a qu’à dire que c’est plus doux si la vie ne tient qu’à un film entre nous. » (cf. la chanson « Ce n’est qu’un film » de Daran) ; « Il m’emmène voir La Jetée de Chris Marker à la Maison Européenne de la Photographie. Cette épreuve traversée ensemble nous rapproche, c’est ce que je me dis en laissant défiler les images noires et blanches devant nous. » (Mike par rapport à son « ex » Léo, dans le roman Des chiens (2012) de Mike Nietomertz, p. 115) ; « On se revoit plusieurs fois, on baise, on mange du poulet en regardant des épisodes de Daria dans son appartement foutoir du XIXeme. » (Mike, le héros, parlant de « T. », un amant de passage, dans le roman Des chiens (2012) de Mike Nietomertz, p. 125) ; « Depuis, on chante notre amour comme dans ‘les Parapluies de Cherbourg’. » (les protagonistes homos dans la comédie musicale À voix et à vapeur (2011) de Christian Dupouy) ; « J’aimerais aller au cinéma. » (Mr Alvarez s’adressant à Damien, après avoir découvert leur passion commune pour le travestissement transgenre, dans le pièce Brigitte, directeur d’agence (2013) de Virginie Lemoine) ; « Tu adores les films… et les étudiants sont sûrement mignons. » (Toph s’adressant à Zach, le prof en fac de cinéma, dans le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza) ; « Voyez comme la scénariste que je suis file la métaphore cinématographique. » (Émilie s’adressant à son amante Gabrielle, dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, p. 149) ; etc. Par exemple, dans le film « Good Boys » (2006) de Yair Hochner, Tal dit que sa relation avec Meni se passe « comme dans un film ». Dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy, Thomas et François se sont fait une soirée plateau-télé. Plus tard, pour renouer après leur rupture, ils voient dans leur amour commun pour le dessin animé « Le Roi Lion » un signe qu’ils doivent se remettre ensemble : « Hier soir, j’avais le blues et j’ai voulu regarder le Roi Lion. » dit François. « C’est marrant… Moi aussi. » répond Thomas.

 

Les amants ne voient absolument pas où est le problème dans leur fuite du Réel : « Mais ici, nous sommes tous les deux enfermés, il n’y a aucune lutte, aucun combat à remporter sur personne, tu me suis ? […] Ceux qui nous oppriment sont hors de notre cellule, pas à l’intérieur. Ici, personne n’opprime personne. » (Valentín à son amant Molina, dans le roman El Beso De La Mujer-Araña, Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, pp. 193-194)

 
 

b) Le deuxième effet Kiss-cool : le fossé d’incommunication entre amants

Film "La Mauvaise Éducation" de Pedro Almodovar

Film « La Mauvaise Éducation » de Pedro Almodovar


 

La magie cinématographique homosexuelle, en général, ne dure pas : « Je te préviens : le home-cinéma, c’est moi qui me le garde. » (Claude, l’un des héros gays, à son copain François, dans le one-man-show Hétéro-Kit (2011) de Yann Mercanton) ; « Tout cela n’a duré qu’un éclair : l’éclair du vendredi dans le hall de la gare (Austerlitz), pétrifiant Pierre et moi devant la carte postale. » (Jean-Louis Bory, La Peau des Zèbres (1969), p. 105) ; « Il était une fois deux enfants qui ne savaient pas où commençaient la vie, où finissait le cinéma. » (cf. la chanson « Le Cinéma » de la Diva, dans le spectacle musical La Légende de Jimmy de Michel Berger)

 

Elle finit par devenir pesante pour les deux membres du couple, même s’ils jouent encore pour un temps la comédie de l’amour : « Mon Dieu, qu’il fait chaud dans ce wagon. » (le couple lesbien Cherry et Ada dans la pièce La Star des oublis (2009) d’Ivane Daoudi) ; « Nous sommes enfermés dans le théâtre ? » (la Comédienne à sa sœur jumelle Vicky Fantomas, dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; « Ces années où nous nous tapions 40 ou 50 films en 10 jours, hagards, blafards, les yeux rouges, l’estomac bourré de cochonneries, le cerveau gelé, le fessier douloureux, morts d’épuisement mais heureux. » (Jean-Marc, le héros homo du roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, pp. 50-51) ; « Appelle un taxi. Nous n’avons pas besoin de faire durer plus longtemps ce cinéma. » (Léopold s’adressant à son amant Franz, après 6 mois de vie commune, dans la pièce Gouttes dans l’océan (1997) de Rainer Werner Fassbinder) ; « C’est fou : j’ai l’impression que c’étaient d’autres filles. » (Anna parlant à son amante Cassie de leur relation amoureuse virtuelle sur Internet, dans le film « La Tristesse des Androïdes » (2012) de Jean-Sébastien Chauvin) ; « Nous nous prenons peut-être pour une projection de ces stupides dessins animés cinématographiques qui leur déformèrent si lamentablement la pensée. » (Gouri, le rat homosexuel parlant des Américains et des Russes, dans le roman La Cité des Rats (1979) de Copi, p. 108) ; etc.

 

Film "Hable Con Ella" de Pedro Almodovar

Film « Hable Con Ella » de Pedro Almodovar


 

Comme fatalement les amants homosexuels fictionnels se sont « fait des films » et éloignés du réel, ils découvrent très souvent qu’ils ne sont plus faits l’un pour l’autre, qu’ils ne sont pas sur la même longueur d’onde comme l’avaient prédit leurs goûts et les comédies dramatiques du cinéma : « J’avais les larmes aux yeux et je vis qu’il était comme moi. Avions-nous la même sensibilité ? Comment le savoir ? » (Bryan parlant de son copain Kévin dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 51) ; « J’aimerais bien être à l’intérieur de ta tête. » (Danny s’adressant à son futur copain Chris, dans le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza) ; « Qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? Quelquefois j’aimerais bien être dans ta tête. […] J’attendrais bien jusqu’à demain, debout ou sur un strapontin. Si tu m’expliques le début du film et la fin. Si j’prends une place pour ton cinoche, rien qu’une fois. Afficher complet ton cinoche, m’en veux pas qu’aussi j’en prenne plein la tête. Et c’est un fauteuil couchette que je verrai la fin du film avec toi. » (cf. la chanson « Ton Cinoche » d’Étienne Daho) ; « Elles étaient allées au Kino International. Petra lui avait assuré que le film serait en anglais, mais il était doublé en allemand, et Jane avait été incapable de suivre l’intrigue qui avait pris une qualité onirique, vaguement cauchemardesque. » (Jane, l’héroïne lesbienne en couple avec Petra, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 76) ; « Je voulais juste te jouer de toi, juste comme on fait ici-bas, un peu comme ci, un peu comme ça, comme dans mes grands films, stars de cinéma, j’ai même pas pu faire mon cinéma. » (c.f. la chanson « Comme ça » d’Eddy de Pretto) ; etc.

 

Par exemple, dans le roman Si j’étais vous (1947) de Julien Green, la voix narrative souffre du décalage de visions entre elle et la personne avec qui elle essaie de communier : « ‘Blutaud ne voit pas le même arbre que moi’, pensa-t-il en se souvenant d’un poète qu’il aimait. Et sans transition il se dit : ‘Mais Blutaud est plus heureux que moi. » (Fabien dans le roman Si j’étais vous (1947) de Julien Green, p. 27) Dans le film « Les Voleurs » (1996) d’André Téchiné, est filmé le décalage des perceptions entre Marie (Catherine Deneuve) et Alex (Daniel Auteuil) à l’Opéra. Dans le film « Die Bitteren Tränen Der Petra Von Kant » (« Les Larmes amères de Petra von Kant », 1972) de Rainer Werner Fassbinder, on retrouve le choc de cultures entre une Petra cultivée, raffinée, et une Karin qui aime des films à l’eau de rose et qui n’a pas la finesse d’esprit de son amante. Dans la première scène du film « Hable Con Ella » (« Parle avec elle », 2001) de Pedro Almodóvar, Marco pleure face au spectacle de théâtre tragique auquel il assiste avec Benigno, alors que ce dernier reste de marbre. Dans le film « I Love You Baby » (2001) d’Alfonso Albacete et David Menkes, Daniel et Marcos, les deux amants, ne se comprennent absolument pas : quand ils vont voir un match de foot, l’un s’amuse pendant que l’autre s’emmerde prodigieusement ; et c’est l’inverse quand ils assistent à la représentation d’une pièce de théâtre. Leur couple ne survivra pas à ce qui n’était finalement pas qu’une divergence de goûts. Dans le film « La Vie privée de Sherlock Holmes » (1970) de Billy Wilder, Watson adore le ballet du Lac des Cygnes alors qu’Holmes baille et s’ennuie à mourir. Dans le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs, George (le mélomane et prof de piano) va voir avec son amant Ben un récital de piano. Ils ne vivent visiblement pas le concert de la même manière : George a été subjugué par la pianiste… alors que Ben semble être passé à côté : « Elle en faisait un peu trop. » Son avis froisse George : « Je ne suis pas comme toi. » Dans le film « Plaire, aimer et courir vite » (2018) de Christophe Honoré, Jacques et Arthur, amants, se rencontrent pour la première fois au cinéma, pendant la projection du film « La Leçon de piano ». Même si leur jeu de drague prend, ils ne semblent pas d’accord sur la réception du film. Arthur ne l’apprécie pas (« Un peu ‘livre d’images’ pour moi. ») tandis que Jacques le défend (« C’est très bien, ce film. Vous êtes complètement con si vous ne vous en rendez pas compte. »).

 

L’intimité de la salle obscure, en plus de conduire à l’irréalité, n’aide pas les héros homosexuels à être adultes et responsables, à se respecter l’un l’autre, à être chastes : « Ce qu’on a fait au cinéma, ce n’est pas bien. » (les jeunes Enrique et Ignacio parlant de leur masturbation réciproque au cinéma Olympo face à un film des années 1950, dans le film « La Mala Educación », « La Mauvaise Éducation » (2003) de Pedro Almodóvar) ; « Je nous imaginais faisant l’amour dans des attitudes toujours plus osées, toujours plus obscènes, comme celles que j’avais vues dans un film pornographique. » (Éric, le héros homosexuel du romanL’Amant de mon père (2000) d’Albert Russo, p. 146)

 

Le cinéma sert d’alibi esthétique facile pour justifier bien souvent la partie de jambes en l’air : « On a fait une expo, vu deux films, et on a fini par coucher ensemble. » (Matthieu en parlant de son amant Jody, avec qui il trompe son copain Jonathan, dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H.)

 

Les amants se retrouvent plutôt autour d’un narcissisme de mort, devant des hommes-objets inertes qui s’animent sous leurs yeux dans des écrans cinématographiques sans profondeur et sans vie réelle. Par exemple, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, les deux futurs compagnons, Bryan et Kévin, se rencontrent pour la première fois au cimetière, face à la tombe-cinéma de Julien, l’homo du lycée qui s’est suicidé, et entameront une histoire d’amour qui finira dans un bain de sang pour eux aussi : « Nous étions là, figés devant ce cercueil que nous regardions en silence. » (p. 50) Dans le film « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie, Franck et Henri passent leurs journées face au lac à se raconter leur vie ainsi que les conclusions d’enquête sur les crimes de l’île où ils draguent. Dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso, Davide, le héros homosexuel, suit en filature son ami Rettore dans un cinéma porno dans lequel ce dernier se prostitue. Il manque de se prostituer tous les deux à un même adulte. Plus tard, les héros homosexuels vont écouter des vinyles dans une chambre obscure chez un disquaire muet qui leur fait revivre la nostalgie des chanteuses italiennes des années 1960-1970. À la fin du film, on apprend la mort de Rettore : immédiatement, on imagine qu’il a été tué par son client.

 
 

Khalid – « On pleurera cet après-midi alors… tous les deux… en regardant ton film d’horreur…

Omar – Sur l’affiche, l’acteur principal porte des lunettes.

Khalid – Et alors ?

Omar – Comme toi, avant. »

(Abdellah Taïa, Le Jour du Roi (2010), p. 113)

 
 

En général dans les fictions traitant d’homosexualité, le cinéma encourage le couple homosexuel à la consommation anthropophagique, à la prostitution (gratuite), et même parfois au vol, au viol, et au crime. Par exemple, dans le film « Antes Que Anochezca » (« Avant la nuit », 2000) de Julian Schnabel, un automobiliste drague Reinaldo Arenas en lui proposant d’aller au cinéma avec lui. Dans la pièce Une Heure à tuer ! (2011) de Adeline Blais et Anne-Lise Prat, Joséphine et Claire sont enfermées dans une cave, et oscillent entre séduction et envie de s’entre-tuer. Dans le film « My Own Private Idaho » (1991) de Gus Van Sant, la mère de Micke, le héros homosexuel, tire une balle sur son mari dans une salle de cinéma où était projeté un western de John Wayne. Dans le film « Japan Japan » (2007) de Lior Shamriz, Imri drague dans les cinémas. Dans le film « La Mala Educación », « La Mauvaise Éducation » (2003) de Pedro Almodóvar, le cinéma sert pour Juan d’instrument de vengeance du viol pédophile. Dans le film « Morrer Como Um Homen » (« Mourir comme un homme », 2009) de João Pedro Rodrigues, le cinéma porno est le siège de la drague homo anonyme. Dans le film « Hoje Eu Quero Voltar Sozinho » (« Au premier regard », 2014) de Daniel Ribeiro, les deux amants Gabriel et Léo vont au cinéma ensemble voir un film fantastique que Léo, à cause de sa cécité, ne parvient pas à voir, mais que Gabriel lui raconte en simultané (les scènes y sont tellement gore qu’ils sont morts de rire). Dans le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, c’est au cinéma que les trois sœurs Minias sont accostées par Bacchus, qui les violera.

 

Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, les amants Nathan et Jonas décident d’aller au cinéma ensemble pour fêter leur union : « On s’fait un ciné, samedi, ou quoi ? » (Nathan). Ils ne choisissent pas le film le plus romantique : c’est le film d’horreur « Nowhere » de Gregg Araki. Et à l’issue de cette sortie cinéma, Nathan va être assassiné.
 


 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) Le cocon amoureux cinéma :

Le 7ème Art occupe une grande place dans le cœur de la communauté homosexuelle (cf. je vous renvoie au code « Télévore et Cinévore » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Par exemple, à Paris, rares sont les individus homos qui n’ont pas l’abonnement UGC illimité ! Et la communauté LGBT mondiale est une des seules minorités ethniques à s’être créé des festivals de cinéma spécifiquement homosexuels plusieurs fois dans l’année, dans toutes les grandes villes, partout dans le monde (le festival Out In Africa en Afrique du Sud, Fairy Tales à Alberta, Inside Out à Toronto, Reeling à Chicago, Diversa à Buenos Aires, Sundance à Salt Lake City (top bobo-bisexuel), et tant d’autres… La liste est longue !).

 

CINEFFABLE

 

Très souvent, les personnes homosexuelles mettent le cinéma au centre de leur couple. « Juste avant de partir il a dit : ‘Qu’est-ce que tu préfères, l’amour ou le cinéma ?’ Il ne m’a pas laissé le temps de répondre. Il devait savoir mieux que moi ma réponse. » (Abdellah Taïa parlant de son amant Slimane, dans son autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), p. 109) Je connais énormément d’amis gays dont les unions se sont formées pendant une projection cinéma, ou bien qui amènent leurs amants potentiels/confirmés au cinéma, les gavent d’expos, de salons de mangas, de vernissage d’expos, de parcs d’attraction, de télévision, de concerts, de voyages, etc. Par exemple, Marcel Proust a nourri ses amants aux images : il guidait son amant Lucien Daudet dans les galeries du Louvre.

 

Cette course aux loisirs et à l’art audiovisuel n’est pas simplement à voir comme une technique de drague ou un prétexte facile pour « baiser » : elle dit déjà une sincérité esthétisante, une frustration de ne pas pouvoir fonder une famille et créer (le surinvestissement sur les loisirs est un équilibre compensatoire trouvé par de nombreux couples formés de deux célibataires), un ennui et une fermeture à la vie impulsés par la structure conjugale homosexuelle elle-même, et surtout une confusion entre amour (éthique) et fiction (éthique), caractéristique du désir homosexuel.

 

En général, les amants homosexuels se persuadent qu’ils vivent une vraie cinéscénie ensemble, dans leur petit nid d’amour cinématographique douillet. « Je me souviens que, petit, le danseur espagnol jouait avec son cousin blond. Un petit malin, très musclé pour son âge. La mère du danseur espagnol les a trouvés enfermés dans la chambre à coucher. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 162) ; « Pour tuer le temps, pendant les heures de repos, nous [Ernestino et moi] nous retrouvions dans les endroits où nous étions libres de nous raconter inlassablement les films que nous avions vus le samedi et le dimanche. Nous répétions ainsi pendant la semaine la description d’une même scène, du visage de l’actrice. La lumière éclairait la chambre, quand la jeune héroïne, blonde, sortant de son école de bonnes sœurs, regagnait, hantée par le malheur, sa maison d’Adrogue. » (idem, p. 191) ; « Nous parlons souvent des séries télévisées que nous nous empressons de regarder le soir en rentrant chez nous. » (Alexandre Delmar, Prélude à une vie heureuse (2004), p. 13) ; « Didier avait l’immense privilège de disposer une fois par semaine de la salle du Rex. Un des deux cinémas de la ville. Accrédité par le théâtre, il y organisait les séances d’une sorte de ciné-club et choisissait les films. Parfois, privilège immense, il les projetait rien que pour moi. […] J’adorais ces séances privées. » (Christophe Tison, Il m’aimait (2004), p. 47) Ils se rassurent eux-mêmes par leurs goûts, projettent les sentiments qu’ils éprouveraient l’un pour l’autre dans les univers cinématographiques, sur leurs écrans réels et symboliques. Ils pourraient dire, comme le slogan des cinémas UGC : « On partage plus que du cinéma. »

 

Par exemple, dans son autobiographie La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), Paula Dumont raconte qu’elle va souvent au cinéma avec ses différentes amantes : « Nous sommes allées au cinéma dans une salle Art et Essai inconfortable à souhait et nous avons regardé le film main dans la main. C’était ‘David et Lisa’, une niaiserie. » (p. 21)

 

Certains couples homosexuels se forcent à rester ensemble pour l’image – sociale, mais surtout publicitaire et cinématographique – qu’ils donnent de l’amour homosexuel : « On ne va pas donner aux autres une image du couple homo qui se sépare sur un coup de tête, quand même… » (cf. le documentaire « Une Vie de couple avec un chien » (1997) de Joël Van Effenterre)

 

Personnellement, j’ai compris grâce au roman El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femme-Araignée, 1976) de Manuel Puig l’universalité-singularité de mon désir homosexuel, puisque l’aventure cinématographique que le personnage homosexuel de Molina propose à son compagnon de cellule Valentín (Molina, la « grande folle » qui se définit lui-même comme la « femme-araignée », passe son temps à raconter des films en noir et blanc des années 1930 à son camarade de prison), c’est exactement ce que j’ai mis en scène pour mon frère jumeau Jean pendant 4 années entre l’âge de 6 ans et 10 ans (avant que nous ne dormions plus dans la même chambre) avec « Les Aventures de Jean », une sorte de conte oral improvisé et extensible à l’infini, dont Jean était le héros, et qui se construisait selon notre/mon imagination, soir après soir. Quand j’ai découvert en 2002 que le livre de Manuel Puig relatait un des événements-phare de mon enfance (moi aussi, j’ai transformé ma chambre gémellaire en salle de cinéma), je me suis dit intérieurement : « Y’a un truc… C’est pas possible… Et si le désir homosexuel se laissait décoder ? Et s’il existait un Universel homosexuel qui ne soit pas identitaire ni amoureux, mais uniquement désirant ? »

 
 

b) Le deuxième effet Kiss-cool : le fossé d’incommunication entre amants

La magie cinématographique homosexuelle, en général, ne dure pas. Elle finit par devenir pesante pour les deux membres du couple gay ou lesbien, même s’ils jouent encore pour un temps la comédie de l’amour. Comme fatalement ils se sont « fait des films » et éloignés du réel, ils découvrent très souvent qu’ils ne sont plus faits l’un pour l’autre, qu’ils ne sont pas sur la même longueur d’onde comme l’avaient prédit leurs goûts et les comédies dramatiques du cinéma : « Nous décidâmes avec Bill d’aller voir au cinéma ‘L’Empire du soleil’, un navet palpitant qui raconte, à travers son amerloque ribambelle de stéréotypes, le struggle for life d’un enfant projeté dans le monde le plus dur qui soit : la guerre… […] Je sentais dans le noir les déglutitions de Bill en accord avec le pathétisme des images ou son relâchement, en me tournant parfois discrètement vers cette luisance trop accentuée de l’œil, de ce ressort de larmes contenues réfléchi par l’écran, qu’il marchait à bloc, et qu’il s’identifiait, peut-être pas au personnage enfantin, mais au message symbolique du film : que le malheur est le lot commun des hommes mais qu’avec la volonté on s’en sort toujours. Je savais que Bill malgré son intelligence est un extraordinaire spectateur naïf, à qui l’on peut à peu près faire gober n’importe quoi, mais cette naïveté pour l’heure me répugnait… » (Hervé Guibert, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990), pp.193-194) ; « J’ai allumé la télévision. Sur Melody Hits, il y avait le clip de la chanson de Sabah. Karabiino [le domestique noir de l’hôtel] connaissait le tube mais ignorait tout de la chanteuse. Il s’est arrêté de travailler. Je l’ai invité à venir s’asseoir sur le lit à côté de moi. Et on a regardé le clip ensemble. C’était joyeux. Triste. Bouleversant. Loin de tout. Sabah [l’actrice] défiait encore et toujours le temps, la mort, c’était son dernier combat. J’avais soudain envie de pleurer, mais je ne savais pas pourquoi. Karabiino, lui, avait les yeux fixés sur l’écran. Était-il heureux ? Avait-il oublié pour un moment son malheur ? À quoi pensait-il ? Qui, au fond, était-il ? Je n’avais pas de réponses. Je n’en avais pas besoin. Karabiino était un garçon offert à mes yeux, à ma mémoire, parfaitement lisible et complètement mystérieux. Je savais un bout de son histoire, de son rêve. Mais là, à côté de moi, il était comme un petit prince, un petit roi. Un petit Sphinx. Insaisissable. Ailleurs. Ailleurs en permanence. » (Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), pp. 76-77) Par exemple, dans le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud, des spectateurs inconnus d’une salle de cinéma sont filmés de face lors d’une projection d’un film qu’on ne connaît pas. Plus tard, Celia, la conservatrice de musée, reproche à Bertrand de lui envahir son espace psychique : « Je ne vais pas passer ma vie dans votre tête. »

 

L’intimité de la salle obscure, en plus de conduire à l’irréalité, n’aide pas les amants, et plus largement les individus homosexuels, à être adultes et responsables, à se respecter, à être chastes : « Je repérai très rapidement l’existence de cinémas pornos. Les films projetés étaient destinés aux hétérosexuels. En 1984, il n’était pas envisageable qu’un cinéma gay ait pignon sur rue. Mais c’était l’occasion de voir des corps d’hommes nus et excités. L’abstinence maintenue à force de suractivité et de prières depuis le lycée vola en éclats : j’achetai un billet pour une séance. Les toilettes du cinéma étaient couvertes d’inscriptions identiques à celles des carrelettes des toilettes de la gare d’Albertville. Elles servaient de boîte aux lettres, de lieu de rendez-vous et les cabinets permettaient aux couples formés de passer à l’acte. J’y eus ma première véritable expérience sexuelle. » (Jean-Michel Dunand, Libre : De la honte à la lumière (2011), p. 47)

 

En général, le cinéma encourage le couple homosexuel à la consommation anthropophagique, à la prostitution (gratuite), et même parfois au vol, au viol, et au crime. « Sur le chemin, un cinéma populaire, Royal El-Guidida, s’est présenté devant moi. Sans réfléchir j’ai acheté un billet et j’y suis entré célébrer ma nouvelle vie, au milieu d’une salle remplie d’hommes de tous âges qui se donnaient les uns aux autres sans complexe, sans se cacher, non loin des agents de police qui surveillaient l’entrée. Retrouver ma première religion. Mon rêve de toujours. Le cinéma par la peau. La transgression naturelle. Les corps dans l’intensité sexuelle. Des va-et-vient entre la salle immense avec orchestre et balcon et les toilettes. Un film. Deux films. Des stars. Adil Imam. Yousra. Nour Cherif. Leïla Eloui. » (Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), pp. 98-99) À ce titre, le film « La Chatte à deux têtes » (2002) de Jacques Nolot donne bien à humer l’ambiance sordide, dangereuse, et pourtant totalement banale de ce « lieu de baise » qu’est le cinéma porno Le Merri à Paris (on y voit des viols collectifs, des descentes de flics, des prostitués prêts à tailler des pipes à n’importe quel spectateur, des sombres histoires de racket, etc.). D’ailleurs, beaucoup de cinémas (notamment des cinémas pornos hétéros) ont été et sont des lieux de drague homosexuelle (pensons, rien qu’en Espagne, aux cinémas Carretas, Alba, Postas, Europa,El Ideal, ou encore Pleyel de Madrid ; aux cinémas Paz,Valencia Cinema, et Aliatar de Valence ; Arenas, CataluñaLido de Barcelone ; en France, au Grand Rex de Paris). L’écrivain homosexuel espagnol Terenci Moix aime raconter que c’est au cinéma qu’il a perdu l’innocence sexuelle. « J’ai été arrêté au cinéma le Far-West uniquement parce que j’étais dans un cinéma homosexuel. » (Dominique, témoin homosexuel parlant de la répression policière dans les années 1970 en France, dans le documentaire « Coming In » (2015) de Marlies Demeulandre)

 
 

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J’ai testé pour vous… et c’est moyen

J’ai testé pour vous… et c’est moyen

 

 

Ce n’est pas que ça ne marche pas, ce couple homo. C’est juste que ce n’est pas forcément à vivre, ni à mettre sur un pied d’égalité que la relation femme-homme aimants ou la relation du célibataire consacré à Dieu. Même si très peu de personnes osent le dire de peur de passer pour des réac’. Moi, je le dis et l’écris. Et maintenant en connaissance de cause. Je l’avais déjà deviné et marqué noir sur blanc dans mon livre. Maintenant, je persiste et signe. Sans fatalisme. Avec une joie renouvelée.

 
 

Regard rétrospectif sur mon livre

 

Nous sommes en 2010. J’ai 30 ans depuis peu… et toutes mes dents. C’est un grand bonheur pour moi de pouvoir revenir sur ce que j’ai écrit il y a 7 ans de cela sans avoir à me désavouer, sans éprouver le besoin de retoucher une seule ligne. Je vis cette expérience joyeuse avec mon livre, comme un père regardant son enfant grandir sans honte et sans mauvaises surprises. Ce soulagement est la preuve que, à travers mes écrits et mes prises de position, j’ai quand même réussi à toucher à quelque chose de la Vérité universelle et atemporelle que je recherche, que je ne possèderai jamais. Quand un auteur a été un peu rapide dans ses jugements, quand il s’est exhibé juste pour jouir d’une notoriété illusoire, du « mas-tu vu », ou pour créer du scandale, il n’a pas envie de se revoir dans son miroir textuel quelques années après. Moi, si : je suis fier de mon livre. Il n’y a que nos approximations réussies de la Vérité qui ne nous font pas peur, qui nous remplissent de la joie de la confirmation. Si c’était à refaire, bien sûr, j’enlèverais les quelques coquilles et fautes d’orthographe qui émaillent l’ensemble du texte (fautes très nombreuses dans monDictionnaire des codes homosexuels ; très rares dans les 2 premiers tomes : Homosexualité intime et Homosexualité sociale). Mais tous ces détails gênants et qui ne font pas « pro » n’entachent pas la fierté renouvelée que j’éprouve quand je relis mon essai. Il m’arrive parfois, quand je tombe sur un passage, de continuer ma lecture sans pouvoir m’arrêter, comme si je le redécouvrais. C’est vraiment, chez moi, de l’émerveillement ; pas une occasion pour m’enorgueillir. Je n’en ai rien à faire de la gloire personnelle. Je n’ai pas écrit ce livre pour moi-même mais pour ce que j’avais à dire. Je regrette seulement que le message de mon essai ne soit pas encore assez connu et relayé par les médias, car il le mérite. Mais j’ai l’intuition qu’il le sera un jour, qu’il ne connaîtra pas le simple succès d’un roman qui fait sa rentrée littéraire et qui retombe dans l’oubli, que mon ouvrage sera ré-édité et aura une longue espérance de vie (on en reparlera dans 30 ans), que ce que j’ai découvert – notamment à travers mon Dictionnaire des codes homosexuels – est réellement visionnaire et constitue une nouvelle grille de lecture des œuvres homosexuelles qui suffirait à justifier la création d’une nouvelle branche des études universitaires gaies et lesbiennes, bien plus grande encore que les Queer & Gender Studies, puisque je découvre encore aujourd’hui, en lisant des œuvres que je ne connaissais pas ou en allant voir des pièces sur l’homosexualité bien après la publication de mon livre, des échos parfaits et absolument improbables à mon Dictionnaire. Pour exemple, pas plus tard que cette année 2010, je me suis rendu à une représentation de la pièce « Le Gang des Potiches » de Karine Dubernet au Théâtre du Petit Gymnase à Paris, une pièce vraiment drôle et efficace. Et à un moment, j’ai halluciné. Alors que j’avais déjà publié mon livre, et qu’à l’évidence l’auteure du « Gang des Potiches » ne connaît pas l’existence de mes écrits, j’ai vu débarquer sur scène le personnage lesbien déguisé comme par hasard en Catwoman. Et ce détail, qui échappe complètement au spectateur lambda, m’a gentiment secoué car il renvoie au code « Catwoman » recensé dans mon Dictionnaire, et donc à l’identification courante de certaines personnes homosexuelles à l’héroïne féline de la B.D. Batman. Ces révélations me font maintenant plaisir et m’ont longtemps étonné. Oui, c’est bluffant. Mon livre m’épate, continue de m’apparaître comme un ouvrage en avance sur son temps. Car j’ai trouvé les bons bouts de la ficelle pour dérouler la bobine de l’homosexualité, les clés de lecture pour décoder tout type de créations parlant du désir homosexuel ; et ça reste pour moi un mystère qui me dépasse en partie, une sagesse qui ne vient pas de moi mais qui m’a été donnée, et que j’ai envie de crier. Il faudrait repasser toute la production artistique et littéraire homosexuelle au crible, à la lumière de mon Dictionnaire des codes homosexuels, et vous verriez que les cavernes d’Ali Baba que possèdent jalousement beaucoup de personnes homosexuelles dans leurs bibliothèques et DVDthèques poussiéreuses s’éclaireraient soudain !

 

J’ai toujours trouvé dommage qu’au moment de la parution de mon livre en décembre 2008, on m’ait demandé si j’avais déjà un autre projet d’écriture sous le coude, alors même qu’on n’avait même pas lu en entier mon essai ni pris la mesure ce que j’avais écrit. Juste une seule critique (une critique assassine, disons-le franchement) avait été faite à l’époque sur Internet… et encore… elle venait, je l’ai su plus tard, de Bruno Bisaro, qui a avoué ne pas avoir lu du tout mon livre et avoir réagi à chaud parce qu’il avait été vexé de se voir cité dans mon Dictionnaire. Sinon, pas un communiqué de presse ; pas de signatures dans les librairies (sauf une à l’Harmattan en janvier 2009) ; pas de forum du livre ; pas une émission de télé à l’époque. Ont sauvé in extremis mon livre de l’anonymat la confiance inattendue de Brahim Naït Balk, l’auteur d’Un Homo dans la Cité (Éd. Calmann-Lévy, 2009), qui m’a permis d’assurer une chronique régulière à l’émission « Homo Micro » sur Radio Paris Plurielle à partir de janvier 2009 (je continue encore aujourd’hui l’aventure radiophonique avec lui), ainsi que la collaboration ponctuelle avec Frédéric Martel pour le site Non Fiction et avec Daniel Conrad Hall pour Les Toiles roses, un petit article d’Anne Delabre dans le supplément de Têtu (mars 2009), une apparition dans l’émission « Y’a une solution à tout » d’Évelyne Thomas sur la chaîne Direct 8 grâce à la journaliste Sandra Gribe en novembre 2009 (mais cette intervention n’était pas directement liée à la sortie de mon bouquin), et surtout la création du site internet L’Araignée du Désert en janvier 2009. Je n’en veux absolument pas à ma maison d’édition L’Harmattan de ce manque d’information au sujet de la sortie du livre. L’Harmattan fait le choix de publier énormément d’auteurs mais a le défaut de n’assurer quasiment aucun suivi post-publication, tant au niveau distribution que communication. Même si les Éditions Actes Sud m’ont dit oui pour la publication du Dictionnaire deux mois trop tard, je ne serai jamais assez reconnaissant à ceux qui, chez l’Harmattan, ont accepté de me faire confiance et de publier l’intégralité des 4 tomes de mon livre. Être édité à l’Harmattan passe auprès de certains professionnels du livre pour une publication à compte d’auteur, une arnaque, ce qui est complètement faux : pour ma part, je n’ai pas eu à débourser un seul centime. Seul bémol : comme cette maison cible moins « ses » auteurs, pour en publier un plus grand nombre que dans les maisons d’édition dites « classiques », elle ne s’occupe que très peu de la vente et de la promo des livres. C’est aux écrivains de l’Harmattan de travailler pour se faire connaître : les éditeurs ne le feront pas à leur place ! Cela dit, l’Harmattan reste une maison d’édition prestigieuse et active partout dans le monde. Elle fait, en plus, confiance à de nombreux auteurs inconnus, et gage sur des nouveaux talents sans penser d’abord à savoir s’ils sont « rentables » ou non : elle a, pour cette raison, toute sa raison d’exister. Après, il n’en reste pas moins vrai que la création du site Internet de mon livre a été capitale et presque vitale pour faire connaître mon livre, même si, au jour d’aujourd’hui, le site n’est rempli qu’au quart de ses possibilités (des centaines d’extraits vidéos et audios dorment encore en réserve et pourraient remplir un « Quiz de l’homosexualité » qui est l’équivalent audiovisuel et illustré de mon Dictionnaire des codes homosexuels : le site de l’Araignée n’en est vraiment qu’à ses balbutiements…).

 
 

Confessions intimes

 

 

Qu’en est-il maintenant de ma vie après le livre, après décembre 2008 ? Est-ce que mon essai a changé quelque chose dans ma façon de vivre l’amour et d’appréhender mon désir homosexuel ? Il est certain que oui. Étant donné que j’ai « brisé » mon célibat continent vieux de 29 ans en janvier 2009, en sortant pour la première fois avec une personne, et en l’occurrence un garçon, certains se plaisent (à tort je crois) à penser qu’il « fallait » que je sorte mon livre pour ENFIN me décoincer et vivre mon homosexualité en conformité avec ce que je serais VRAIMENT. Ils envisagent la publication de mon livre comme une thérapie, un remède contre une maladie ( = l’homophobie) ou une peur injustifiées ( = poids éducationnel et religieux) que j’aurais eue en moi, comme un rite de passage nécessaire entre un désir homosexuel non-assumé et une homosexualité concrète, libérée, heureuse. Je crois qu’ils se plantent en beauté s’ils pensent cela, même si ces projections sont souvent bien intentionnées. Mon livre n’a pas de caractère transitoire du tout, ni libératoire. J’aurais pu l’écrire pareil maintenant que j’ai perdu ma virginité sexuelle, même si je crois que le fait de l’avoir composé sans être sorti avec quelqu’un m’a aidé à le finir, à assumer entièrement mes observations (j’ai remarqué que, dès qu’une personne homosexuelle sort avec quelqu’un du même sexe, elle est soudain tentée de justifier son identité homosexuelle ou l’amour homosexuel à l’excès : elle a, du coup, moins d’énergie pour porter un avis dépassionné et distancé sur son désir homosexuel ; peut-être que si j’étais sorti avec quelqu’un pendant la rédaction de mon ouvrage, qui s’est étalée de 2002 à 2008, je n’aurais pas trouvé la flamme pour le porter jusqu’au bout ; j’en suis presque certain.).

 

Si c’était à refaire, je crois que je n’aurais dû sortir avec aucun des garçons que j’ai rencontrés pendant cette année et demi qui allait de janvier 2009 à août 2010. Je ne parlerai pas de la parenthèse des quatre mois pendant lesquels j’ai envisagé de me marier avec une femme – car, oui, j’ai confondu l’amitié et l’amour aussi avec une fille, pas uniquement avec les garçons, même si là encore, je n’ai jamais renié mon désir homosexuel quand j’étais avec elle, et que je suis resté particulièrement sincère : mon homosexualité m’a dépassé, tout simplement. Au sujet de ces hommes avec qui j’ai vécu une histoire d’amour, je continue de penser qu’individuellement, ce sont des garçons adorables, de qualité. Leur seul tort ne venait pas de leur propre personne, mais d’une part des limites de l’amour homosexuel qui me sautaient très vite à la figure dès que j’entamais une relation et qui m’apparaissaient insupportables sur la durée (je ne sais d’ailleurs pas par quel mystère certains couples de garçons ou de filles arrivent à s’en accommoder pendant 1, 2, 7, 20 ans… Je serais tenté de leur tirer mon chapeau, mais au fond, je les trouve inconscients et excessivement volontaristes), et d’autre part de quelque chose de beaucoup plus positif et de plus fort que ces limites : ma relation à Dieu, un don qui ne peut être serein et vivifiant que s’il est total. On m’a parfois ri au nez quand j’ai dit ça ; on m’a souhaité que je ne me libère jamais de cette bonne drogue qu’est le sexe (car, oui, je l’avoue, j’ai aimé « ça ») ; on m’a dit que cette histoire de relation intime et exclusive à Dieu, c’était chez moi un pur mécanisme inconscient et défensif pour me consoler temporairement de ne pas être tombé sur le « bon » garçon (auquel cas je réponds que je reste sans regret : le « bon garçon » pour moi n’existe pas, si ce n’est dans une relation chaste et non-charnelle génitalement parlant avec Jésus). Pour moi, le problème du couple homosexuel ne vient pas du manque de qualités des individus qui le composent (car pris séparément, ces personnes peuvent être géniales), ni de leur incapacité à aimer – dans un autre cadre conjugal (et je ne pense pas nécessairement au cadre du couple « hétérosexuel » quand je dis ça, bien au contraire !), chacun des partenaires se montrerait moins compliqué, plus joyeux et épanoui. Le problème réside essentiellement en la nature duelle, dispersante, violente, et majoritairement déconnectée du Réel, du désir homosexuel. C’est pour cela que je dis que si mes diverses tentatives de formation de couple homo n’ont pas marché, ce n’est franchement de la faute de personne. Ce sont bien les limites du désir homosexuel qu’il faut pointer du doigts ; pas des individus. Aux quelques garçons avec qui je suis sorti, je demande sincèrement pardon. Car si j’avais été logique jusqu’au bout avec ce que j’ai toujours cru, je n’aurais jamais dû jouer avec leurs sentiments ni avec les miens, avec leur corps et leur âme. Je suis nettement plus responsable et inexcusable qu’eux, car moi, je savais ce que je voulais, je savais ce que je devais faire. Ils me demandent ou me demanderont : « Pourquoi tu l’as fait alors, si tu savais ? » Et c’est bien la seule question à laquelle je ne pourrai pas répondre. Ces essais de couple homo n’ont été ni des grossières erreurs, ni des franches réussites. En tout cas, jamais des expériences obligatoires, nécessaires, et recommandables. Je ne regrette rien dans la mesure où ces histoires (généralement de courte durée : en moyenne 3 jours, au maximum 40 jours) ont existé, ont été vécues dans la sincérité et le respect mutuel, ont été vierges de toute maladie contractée ou de contextes glauques (en plus, ça m’a donné l’occasion de faire un séjour instructif sur les chat de rencontres internet pendant de longs mois… mais autrement, je n’ai jamais connu ni les backrooms, ni les saunas, ni les plages nudistes, ni les parcs, ni le « milieu » de la prostitution, ni des coucheries dénuées de tendresse). Avant la publication de mon livre, on me disait, pour faire la sourde oreille et ne pas écouter ce que j’avais écrit de juste : « Tu as fait un livre sur l’homosexualité, mais tu n’es jamais sorti avec quelqu’un et t’as jamais baisé avec un mec : tu parles de ce que tu ne connais pas ; tout ce que tu dis est très intellectuel et éloigné du réel. » Je me suis lancé en janvier 2009 avec des garçons par auto-démagogie, par souci de me contredire pour prouver mon « ouverture » et ne pas « mourir idiot » (« Y’a que les cons qui ne changent pas d’avis » disent les prophètes beaufs de l’instabilité), par fragilité aussi (car j’ai pris un abonnement Internet illimité depuis octobre 2008 pour les besoins du site de l’Araignée du Désert, alors que je m’étais éloigné d’Internet et de la télé depuis mes 21 ans ; et cette immersion dans le monde virtuel ne m’a pas fait que du bien). Maintenant que j’ai franchi le pas que certains voulaient, je n’ai pourtant pas une seule modification à apporter à mon livre, à part celle-ci : « ‘J’ai testé pour vous’… et je continue de dire que l’amour homo est moyen ». La relation amoureuse homosexuelle n’est ni grave, ni ‘mauvaise’, ni à déconseiller, ni dénuée de bénéfices, ni honteuse. Je peux même dire, avec le peu de recul que j’ai depuis mon récent retour à mon état de vie d’avant janvier 2009, que j’en suis même sorti grandi, un peu déçu et amer certes, mais moins culpabilisé que ce que j’aurais pu imaginé. Et comme je n’ai pas de boule de cristal, je ne peux même pas assurer au jour d’aujourd’hui que je n’y reviendrai pas un jour, à ce rêve de composer une union d’amour avec un homme. Je dis juste qu’« il y a mieux », que « les couples homos amis de mon entourage, j’attends de les voir évoluer parce que je ne suis pas encore assez convaincu par eux ». Et que si vous vous sentez homo et que vous pouvez vous en passer pour laisser l’entière place à Jésus, heureux êtes-vous ! C’est fou, absurde et scandaleux aux yeux des autres, de dire ou d’entendre une chose pareille. Mais heureux êtes-vous quand même ! Ma propre expérience, et ma vie déjà merveilleuse et bien remplie, en attestent. Le bonheur quand on est homo passe par la continence donnée à Jésus. Ça aussi, j’ai testé pour vous. Et j’espère le tester encore longtemps. Ce n’est pas parce qu’on sent en soi un désir homosexuel « réel » qu’on doit forcément s’y adonner. Je pense qu’on vit plus libre si on ne s’y soumet pas.

 

Pour finir, je vous orienterais bien vers un site chrétien qui redit différemment que moi, mais avec une transparence, une précision, une délicatesse, et une exigence remarquables, cet appel scandaleux mais pourtant juste à la continence : http://frataelred.free.fr/temoignage_b.html. Le lien m’a été donné par un garçon qui a mon âge à peu près, et qui est aussi homo, catho, et oscille entre vivre son homosexualité avec un garçon, ou la vivre autrement, dans un don exclusif, total, abstinent, un peu fou, à Dieu. J’en connais très peu, des garçons dans notre situation (peut-être 4 ou 5), hantés par l’idée de former un couple homo qui ne les satisfera pourtant pas, vivant l’angoisse de tout miser (même leurs plus belles années : leur trentaine) pour Dieu, ne se sachant pas guidés ni particulièrement soutenus par l’Église catho, mais qui peu à peu consentent à calmer la tempête en eux, à vivre leur vie au service des autres, sans chercher à tout prix à se mettre en couple. Je suis persuadé qu’ils perdent moins leur temps en se donnant vraiment à leur métier, à leur passion artistique, à la prière, aux autres, que ceux qui passent leur vie sur Internet ou dans les bras d’un homme (puis d’un autre… puis d’un autre…), en alternant les périodes d’un ou deux ans, les amourettes de passage, les jolis voyages, et les projets confortables à deux centrés sur les petits goûts et les petits loisirs du « couple ». La vraie liberté a un prix : la compréhension et la maîtrise d’un désir reçu et donné par Quelqu’un de plus grand que soi. Suivez mon regard…