Après avoir dit qu’un candidat au séminaire qui était homosexuel ne pouvait pas prétendre au sacerdoce (ce qui me semble une bêtise : je connais beaucoup de prêtres homos qui font d’excellents religieux : et heureusement qu’ils n’ont pas été refoulés au séminaire), le petit protégé du cardinal Sarah, Daniel Mattson, venu de Courage aux États-Unis, qui se présente comme « homo mais pas gay » (nouvelle absurdité proche du mouvement « ex-gay ») et comme « hors milieu LGBT » (personnellement, je fais partie, en tant que personne homo, du « milieu gay » et du « lobby LGBT », et j’en suis fier : je ne scinde pas artificiellement la communauté homo en deux pour me soulager la conscience et m’acheter une respectabilité, une pureté), verse dans l’humanisme intégral stérile, le discours de la novlangue catholique qui tue l’emploi du mot « homosexualité » et la réflexion sur l’homosexualité : le fameux « Tu n’es pas que ça » ou « Je ne suis pas que ça » ou « Je suis avant tout un homme ou une femme, et un Enfant de Dieu » (sous prétexte qu’effectivement, le mot « homosexuel » est une salade et un mot caricatural… mais ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas l’employer, et que ce mot n’a pas une existence, au moins dans le cœur des gens, dans le monde et dans l’Église). L’emploi de termes cache-misère tels que « chasteté » (qui est l’excuse de certains catholiques homosexuels bourgeois honteux pour ne pas parler de l’exigence du célibat pour toute personne durablement homosexuelle) ou encore « SSA » (« Same-Sex Attraction ») pour évacuer le mot « homosexualité », pour draguer le public catholique et la hiérarchie ecclésiale, est une censure autant qu’une préciosité homophobe bobo qui me gavent. Nous ne sommes pas seulement chastes (la chasteté est une vertu universelle, sans forme) mais continents (donc célibataires : la continence est la forme spécifique pour les personnes homos de la chasteté demandée à tous, car la chasteté des couples mariés homme-femme ne passe pas par la continence et le renoncement à la génitalité/sentimentalité/procréation). Nous sommes gays autant qu’homos. Et ce n’est pas parce que l’homosexualité n’est ni une identité ni de l’Amour qu’il ne faut pas en parler, qu’il ne faut pas utiliser explicitement le terme, et que la communauté ou le lobby LGBT n’existe pas. C’est en grande partie à cause de ce discours de garçon sage perroquet que l’apostolat de l’homosexualité s’enlise et se fait allègrement doubler par le discours beaucoup plus « punchy » et direct (quoiqu’encore plus faux et simpliste) d’un père James Martin (qui, lui, n’hésite pas à parler le langage du monde, appelle un « chat » « un chat », et va récolter 1000 fois plus d’adhésions). La langue de bois humaniste et spiritualiste intégrale de Mattson, en plus d’être lâche, est inopérante. Appelez-nous « gays », je vous en supplie : non seulement nous n’en ferons pas une jaunisse, mais vous nous rapprocherez de tous nos frères homosexuels. Le discours Courage sur l’homosexualité est une grippe verbale, intellectuelle et spirituelle.
Archives par mot-clé : gay
Témoignage « Homosexualité et Consolation » le 4 juin 2016 à Lille, par Philippe Ariño
Ce témoignage a été tenu lors d’une veillée magnifique à la Cathédrale de Lille, dans le cadre de l’Année de la Miséricorde. Il faisait suite à deux autres témoignages, l’un sur le veuvage, l’autre sur l’avortement, qui ne figurent pas sur la vidéo.
Il est en lien avec les « 247 questions sur l’homosexualité à l’intérieur de l’Église catholique » : 1ère partie + 2e partie + 3e partie.
Série « Rainbow Flag » (par Franck Levey, à Rennes, en 2004)
Code n°20 – Bonbons (sous-code : Chocolat)
Bonbons
NOTICE EXPLICATIVE :
Il est très fréquent, quand il s’agit de nourriture dans les œuvres artistiques homosexuelles, que les aliments soient associés non pas aux denrées de première nécessité permettant la survie et l’équilibre biologique du corps humain, mais aux bonbons et au chocolat, ces confiseries qui ne remplissent pas le ventre, représentant la société de consommation individualiste, le désir matérialiste d’être objet, et, très fréquemment dans les créations homosexuelles, la présence-maquillage d’un abus sexuel. En effet, quand un viol fictionnel va avoir lieu, les bonbons sont quelquefois évoqués et servent de paravent au viol. Les confiseries sont une métaphore très appropriée de la violence doucereuse et de la fausse candeur enfantine du désir homo. Et plus particulièrement pour le chocolat, qu’on peut aller jusqu’à associer à l’excrément dans certains cas, il renvoie à la peur d’être unique, à la difficulté d’avoir un corps propre (c’est-à-dire « non sale » et « à soi »). Régression scatologique sucrée qu’il inspire…
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Symboles phalliques », « Vampirisme », « Cannibalisme », « Mort », « Viol », « Obèses anorexiques », « Mère possessive », « Télévore et Cinévore », « Collectionneur homo », « Scatologie », « Fusion », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.
Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.
FICTION
Le désir homo est le produit d’un gavage d’images, de discours déréalisants, et d’attentions d’« amour » flattant notre douilletterie. Les personnes homosexuelles incarnent imparfaitement l’imposture de nos sociétés matérialistes : l’illusion d’une surabondance qui ne nourrit pas. La nourriture, loin d’être respectée ou abordée comme un besoin vital, est traitée au contraire sous la forme du jeu, de l’excès, et du gaspillage (à travers les codes des bonbons, et plus particulièrement du chocolat).
a) Les aliments de base sont remplacés par les denrées de la société de consommation telles que les bonbons :
Je vous renvoie au roman Bonbons assortis (2002) de Michel Tremblay, au roman Bonbon très bon (1992) de Fabrice Hybert, à la chanson « Les Bonbons » (1967) de Jacques Brel (chantée avec préciosité, et insinuant une histoire homosexuelle : la version de 1967 raconte l’histoire d’un homme venu apporter des bonbons à sa belle, mais, séduit par son jeune frère, finit par les offrir à ce dernier…), au roman Bonbon Palace (2008) d’Elil Shafak, à la pièce Quand mon cœur bat, je veux que tu l’entendes… (2009) d’Alberto Lombardo, à la pièce Caramel fondu (1954) de Tennessee Williams, au film « Beignets de tomates vertes » (1991) de Jon Avnet, à la pièce Une Cigogne pour trois (2008) de Romuald Jankow, au one-woman-show Vierge et rebelle (2008) de Camille Broquet, au film « Corazón De Bombón » (2000) d’Álvaro Saenz de Heredia, au film « Cake au sirop de cordom » (2005) de Rémi Lange, au film « Trannymals Go To Court » (2007) de Dylan Vade (avec les gâteaux), au spectacle-cabaret Dietrich Hotel (2008) de Michel Hermon (avec la chanson sur le sucre), à la pièce Karamel (1992) de Christian Giudicelli, au film « Senza Fine » (2008) de Roberto Cuzzillo, au film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald (avec Stella, l’héroïne lesbienne mangeant une sucette), à la pièce À toi pour toujours, ta Marie Lou (2011) de Michel Tremblay, au roman L’Ange impur (2012) de Samy Kossan, au film « Patrik, 1.5 » (« Les Joies de la famille », 2009) d’Ella Lemhagen (avec les femmes-gâteau), à la pièce Un Lit pour trois (2010) d’Ivan Tournel et Mylène Chaouat (avec les biscuits pour enfants), au film « The Cakemaker » (2018) d’Ofir Raul Graizer, etc.
Le sucre occupe une place relativement importante dans les œuvres homosexuelles. Dans le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell, le héros se compare à Hansel et Gretel (« J’adore les sucreries, le réglisse et les gâteaux roulés. Hé, papa gâteau ! Hansel a besoin de sucre dans son bol ! »). Dans le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1960) de Joseph Mankiewicz, le Dr Cukrowicz (joué par Montgomery Clift) porte un nom de famille qui signifie « sucre ». Marilyn Monroe joue le rôle de Sugar dans le film « Certains l’aiment chaud » (1959) de Billy Wilder. Dans la pièce À plein régime (2008) de François Rimbau, Luc est appelé « Sugar » par Lola. Certains films homo-érotiques ont des titres explicites : cf. le film « Sugar » (2004) de John Palmer, le film « Sugar Sweet » (2001) de Desiree Lim, le film « Buy Strangers With Candy » (2006) de Paul Dinello, la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier, etc. Dans le film « Avant la nuit » (2000) de Julián Schnabel, Johnny Depp joue le rôle d’un travesti nommé « Bonbon ». Dans le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta, Denis dit que la peau de son amant Luther a un goût de crème brûlée. Dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus, Joe, l’un des héros homos, révèle que le jour de sa découverte d’une certaine pâtisserie londonienne reste « la plus belle expérience de sa vie ». Dans la pièce The Importance To Being Earnest (L’Importance d’être Constant, 1895) d’Oscar Wilde, Gwendolen refuse le sucre que Cecily lui propose (« Non, merci. Le sucre n’est plus à la mode. »), ce qui rend celle-ci furieuse et pour se venger de cette contrariété, elle se met quatre morceaux de sucre dans sa tasse. Dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo » (« Une Femme iranienne », 2014) de Negar Azarbayjani, le sucre (renvoyant à la transsidentité) encadre le début et la fin de l’intrigue. Dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti, Simon, le héros homo, a une petite sœur, Nora, qui passe son temps à copier l’émission Top Chef et a testé ses recettes sur les membres de sa famille. Par ailleurs, Bram arrive à se signaler amoureusement à son futur amant Simon grâce aux biscuits de la marque Oréo.
Le personnage homo se déclare souvent adepte des bonbons : « Il s’empara de la boîte de biscuits mélangés et des caramels à la crème, car il aimait beaucoup les choses sucrées. Il sortait souvent pour acheter des bonbons dans Bond Street pour sa consommation solitaire. » (Stephen, l’héroïne lesbienne parlant de son ami homo Jonathan Brockett, dans le roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, parlant de son meilleur ami homosexuel Jonathan Brockett, p. 303) ; « Veuillez m’envoyer des boîtes de friandises ; j’aime les caramels à la crème et, naturellement, les biscuits mélangés. » (Jonathan Brockett à Stephen, idem, p. 351) ; « Nous connaissons tous la capacité de Stephen pour les gâteaux ! » (Mrs Antrim par rapport à Stephen, idem, p. 65) ; « Voilà là ma seule passion. » (le tailleur homo Eugène Schützinger en parlant des glaces, dans la pièce Casimir et Caroline (2009) d’Ödön von Horváth) ; « Les biscuits Henry’s, par exemple. Ils ne sont pas chers. On m’a dit que ce sont les biscuits préférés de notre élève Khalid. » (le directeur du lycée à Khalid, le héros homo, dans le roman Le Jour du roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 95) ; « Arrête de manger des bonbons. » (Agnès s’adressant à sa fille Clara, dans le téléfilm « Louis(e) » (2017) d’Arnaud Mercadier ; c’est une des premières phrases du film) ; « Y’en a qui veulent des bonbons ? Je viens à Pôle Emploi avec des bonbons. » (Jarry dans son one-man-show Atypique, 2017) ; etc. Dans le récit poétique Medhi met du rouge à lèvres (2005) de David Dumortier, quand on demande à Medhi (8 ans) ce qu’il voudrait faire plus tard dans la vie, il dit : « Moi, j’aimerais vendre des bonbons ! » Dans le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot, Ginette, la maman lesbienne de Patrick, sent la « douce odeur de vanille et de chocolat », « adore les sucreries », et « en mange tellement qu’on dirait que l’odeur s’est imprégnée dans ses pores et sa transpiration » (p. 27).
Dans la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez, les quatre héroïnes lesbiennes sont férues de bonbons et de gâteaux : Kanojo veut toujours manger des cupcakes ; Suki a plein de viennoiseries dans son sac ; Juna rêve qu’elle s’empiffre de muffins au chocolat fourrés au coulis rouge, « comme du sang ». Suki en fait même une indigestion : « J’aurais pas dû manger autant de glace à la fraise hier soir. » Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Jim, le héros homosexuel, est démarcheur pour vendre des gâteaux en faisant du porte-à-porte. Dans le film « Una Giornata Particolare » (« Une Journée particulière », 1977) d’Ettore Scola, Antonietta accueille dans son appartement le temps d’une journée Gabriel, son voisin de pallier homosexuel. Ce dernier lui pique un bonbon quand elle a le dos tourné. Dans la pièce Soixante degrés (2016) de Jean Franco et Jérôme Paza, Rémi se lance à lui-même, puis accidentellement à Damien, des M&M’s, pour draguer ce dernier. Plus tard, les deux amis jouent à un jeu de « bonbons rouges » sur le téléphone portable de Damien.
Les bonbons sont décrits comme un chemin d’homosexualité ou l’identité homo : « Tel que vous me voyez ce soir, je suis une petite pastille à croquer. » (Jefferey Jordan dans son one-man-show Jefferey Jordan s’affole, 2015) ; « On aurait cru un enfant qui quémandait un sucre d’orge. D’ailleurs c’est ce qu’il est, un enfant de vingt ans qui agit comme les gosses dont on dit aux parents avec un air contrit ‘Mais qu’est-ce qu’il est gracieux ce petit, pour ne pas dire, mais qu’est-ce qu’il a l’air pédé, ce petit’. Simon a l’air pédé. » (Mike, le narrateur homo du roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, pp. 21-22) ; « C’est pas facile d’être un garçon quand on aime bien les bonbons. » (cf. la chanson « C’est pas facile d’être un garçon » de Christophe Moulin) ; « C’est bien meilleur que le chocolat, et j’en ai marre de m’empiffrer de toutes ces friandises qui font ressembler mon cul à une barrique ! » (le fils en parlant de la génitalité homo, dans la nouvelle « À l’ombre des bébés » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 33) Dans le film « Gogo Reject » (2010) de Michael J. Saul, Daniel Ferguson aspire à quitter son emploi au Yogurt World et réaliser son rêve d’enfance de devenir gogo-dancer. Les bonbons sont même parfois une métaphore de l’amant homosexuel : « Les souvenirs sont des bonbons enveloppés dans du papier brillant qui crissent sous les doigts, bonbons acidulés qui fondent sous la langue. […] Je suce les bonbons un à un, les croque pour que Chloé revienne petit à petit […]. Et puis je les fourre tous dans ma bouche, et ça fait un marron immonde. Tous ces bonbons, c’est trop d’un coup, je manque d’étouffer. » (Cécile dans le roman À ta place (2006), Karine Reysset, p. 15) ; « T’hésitais entre fraise et chocolat… et t’as pris la glace à 4 boules. » (Clothilde, la sœur lesbienne, au héros homo Jean-Luc, dans la pièce Cosmopolitain (2009) de Philippe Nicolitch) ; etc. Par exemple, dans le film « Olivia » (1950) de Jacqueline Audry, quand Mademoiselle Julie dit à Olivia qu’elle la rejoindra dans sa chambre, elle utilise la métaphore des bonbons pour faire comprendre discrètement ses sentiments lesbiens : « Je viendrai ce soir vous apporter des bonbons ! » Dans la pièce Des bobards à maman (2011) de Rémi Deval, Max fait du pied sous la table à son copain Fred à la pizzéria, « surtout au dessert ». Dans le film « Hôtel du Nord » (1938) de Marcel Carné, Adrien, le confiseur, entretient une liaison avec un lieutenant. Dans la pièce La Belle et la Bière (2010) d’Emmanuel Pallas, Ruth, l’héroïne lesbienne, signe ses messages à sa copine Garance « Ton Berlingot ». Dans le film « Plaire, aimer et courir vite » (2018) de Christophe Honoré, sur le pas de la porte de l’immeuble de l’hôtel de Jacques, les amants Arthur et Jacques s’éternisent en au revoir, avant de coucher tous les deux dans la même chambre. Et comme par hasard, ça parle beaucoup de bonbons… : « Bon… » (Jacques) « Bon… » (Arthur) « Bonbonbon. » (Jacques).
Un certain nombre d’icônes gays chantent les sucreries : cf. « Vive Cada Día » de Marta Sánchez (« La vie est comme un bonbon. »), « Les Sucettes » de France Gall (avec une allusion énorme à la fellation : pauvre France…), « Gourmandises » d’Alizée, « Banana split » de Lio, « Paroles, Paroles » de Dalida (« Caramels, bonbons et chocolats… »), « Candyman » du groupe Aqua, l’album Hard Candy de Madonna, « Les Bêtises » de Sabine Paturel, « Candy » de Mandy Moore, etc. Parmi elles, certaines racontent de manière grivoise mais très claire des histoires d’inceste, de pédophilie, de mensonge, ou de viol. Les bonbons sont les symboles de l’artifice violent. Par exemple, dans le film « Les Amours imaginaires » (2010) de Xavier Dolan, il y a une comparaison suggestive entre la fellation et la guimauve à manger cuite au feu de bois. Francis, le héros homosexuel, dit qu’il fait gaffe au sucre, mais en réalité, il se gave de chamallows ; et on voit une pluie de guimauves descendre sur le beau Nicolas.
En général, dans les fictions traitant d’homosexualité, les bonbons sont les instruments ET le masque du viol. « Suis-moi aux toilettes. Si tu veux une sucette, je veux être une traînée. » (Paul, le héros homosexuel chantant dans le film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso) ; « Y’a pas écrit ‘Bonbon’ là. » (Mathan se défendant d’être dragué par Olivier, dans la pièce Un Cœur en herbe (2010) de Christophe et Stéphane Botti) ; « Herr Becker avait en général un cadeau ou un bonbon caché dans sa poche pour moi. » (Anna, la fillette abusée dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 241) ; etc. Par exemple, ils rappellent la guerre et les bombardements dans le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell : au milieu des décombres d’une ville détruite, Hedwig fait la rencontre d’un officier américain noir, le sergent Luther Robinson, qui lui propose un paquet de bonbons, avec des nounours multicolores à l’intérieur. Dans le film « Strella » (2009) de Panos H. Koutras, à chaque fois que les biscuits apéro Curly sont ouverts, c’est qu’il va y avoir une scène d’amour incestueux entre le trans M to F Strella et son père. Dans le film « Gasoline » (2001) de Monica Stambrini, une fois que le matricide a été perpétré par le couple de lesbiennes, le sang se mélange au sucre en poudre renversé au sol dans le restaurant du motel : Lenni goûte d’ailleurs à la mixture entre le sang de sa mère et le sucre, comme pour corroborer le lien entre bonbons et inceste. Dans le film « Mignon à croquer » (1999) de Lionel Baier, une maîtresse empoisonne ses élèves avec des bonbons. Dans le film « Mysterious Skin » (2004) de Gregg Araki, l’histoire débute justement par une pluie multicolore de céréales de petit déjeuner, symbolisant le viol pédophile à venir. Dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot, sont proposés aux clients du sauna des cupcakes et des biscuits : les gâteaux sont à l’image des relations consuméristes et matérialistes qui se vivent dans le lieu. Dans des films tels que « Sugar » (2004) de John Palmer ou « Candy Boy » (2007) de Pascal-Alex Vincent, les bonbons renvoient au monde de la prostitution et de la pornographie. Dans le téléfilm « Marie Besnard, l’empoisonneuse » (2006) de Christian Faure, Marie Besnard use des bonbons au commissariat pour faire taire un témoin compromettant. Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, Smith, le héros homosexuel, va vivre des hallucinations cauchemardesques après avoir mangé des biscuits qui le plongent dans l’amnésie et le rêve éveillé.
Dans le film « Stand » (2015) de Jonathan Taïeb, la première phrase prononcée, c’est celle d’Anton, le héros homosexuel, racontant à son amant Vlad venu le chercher en voiture, sa journée de boulot d’aide à domicile avec la vieille Olga : « Elle m’a tué avec l’histoire de ses bonbons. » Plus tard, alors que Vlad et Anton sont dans leur appartement, Anton s’amuse à faire un jeu de divination avec ses tubes de bonbons multicolores. Il veut, avant de les faire sortir un à un manuellement de leur emballage, réussir à en deviner la couleur : « Cette fois, je veux un rose. » Vlad se prête également au jeu, mais en se moquant d’Anton, qui prend tout ça très au sérieux, comme une séance de spiritisme : « Tu interfères. » Ils vident les paquets. Cet exercice finira mal car leur couple ne tiendra pas, et Anton sera « victime » d’un « tabassage de pédé » qui a manqué de lui être fatal.
Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Dany, le héros gay de l’histoire (maigre comme un clou et super efféminé), s’empiffre de sucettes à longueur de temps dans le film. Il est obsédé par l’idée de manger sucré. Il rajoute du sucre en poudre même dans les plats salés comme les spaghettis. Au milieu du film, il se fait tabasser par un groupe de mecs homophobes qui lui proposent qu’il les suce comme il suce ses sucettes. Et à la fin du film, quand il s’introduit de force dans la maison de son prétendu père biologique, il demande (sous la menace d’un flingue) à la nouvelle femme de ce dernier : « Vous auriez des sucreries ? des bonbons, des chocolats, une sucette ? » Et Vivi, la femme en question, s’exécute et apporte à ce gamin de 16 ans sa dose de friandises.
Les bonbons maintiennent en enfance, infantilisent et anesthésient : « Eh, tu te souviens ? Ta maman, elle nous donnait toujours des bonbons après le thé. J’aimerais bien venir chez toi. » (Dick s’adressant à Max, pour la dernière phrase de la pièce Penetrator (2009) d’Anthony Neilson) ; « La petite fille se jette aux pieds du président et le prie de me canoniser, prise d’une vraie crise d’hystérie. […] Nous essayons de la calmer en lui offrant des bonbons. » (le narrateur homosexuel du roman L’Uruguayen (1972) de Copi, p. 49) ; « Michael est amoureux de Pierre et lui apporte des bouquets de marihuana et des bonbons de haschich. » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 67) ; « Tu ne me confonds pas avec ton dessert préféré ! » (William s’insurgeant contre son amant Georges qui l’affuble du doux nom infantilisant de « Sugar », dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier) ; etc. C’est pour cela que les confiseries sont souvent données par une mère symbolique possessive et incestueuse, celle-ci pouvant être d’ailleurs tout simplement l’amant homosexuel : « Regarde, je t’ai apporté des bonbons au cassis comme tu les aimes. » (Mme Garbo à sa très jeune amante/élève Irina, dans la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1971) de Copi) Dans la nouvelle « La Servante » (1978) de Copi, la servante remplit de sucreries le sac de son « fils » le rat (p. 74). Dans la pièce Y a comme un X (2012) de David Sauvage, les sucreries ont beaucoup d’importance, notamment concernant le sucre en surdose ou manquant dans le café : « Il y a des erreurs qui donnent de très bons résultats. En confiserie, en pâtisserie, notamment. » (le père de Jean-Charles, le héros transgenre M to F)
b) Le chocolat est très apprécié du personnage homosexuel :
C’est le cas dans le film « Better Than Chocolate » (2004) d’Anne Wheeler, le roman La Petite chocolatière (1932) de Marc Allégret, le film « Chocolate Babies » (1996) de Stephen Winter, le film « Je préfère qu’on reste amis » (2005) d’Éric Toledano et Olivier Nakache, le film « Pain au chocolat » (1998) de Didier Blasco, la pièce L’Ombre de Venceslao (1978) de Copi (avec les chocolats à la confiture de lait que Largui apporte à Mechita), le film « Chocolat » (1988) de Claire Denis, le film « Fresa Y Chocolate » (« Fraise et chocolat », 1993) de Tomás Gutiérrez Alea, le roman Chocolat chaud (1998) d’O. Rachid, le film « L’Attaque de la Moussaka géante » (1999) de P. H. Koutras, le film « Abrazos Rotos » (« Étreintes brisées » (2009) de Pedro Almodóvar), le film « Le temps qui reste » (2005) de François Ozon, la pièce Ma Double Vie (2009) de Stéphane Mitchell, le roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol (le chocolat est le péché mignon du héros), le one-man-show Gérard comme le prénom (2011) de Laurent Gérard (avec les chocolats au kirsch du Père Lavoine), le roman La Cité des rats (1979) de Copi (avec « les racines de la forêt qui avaient le goût du chocolat », p. 129), le film « Another Gay Movie » (2006) de Todd Stephens, le film « Boy Culture » (2007) de Q. Allan Brocka, le film « Un Amour de Swann » (1983) de Volker Schlöndorff, le film « La Cage aux folles II » (1981) d’Édouard Molinaro, le film « Mon fils à moi » (2006) de Martial Fougeron, la pièce Nietzsche, Wagner, et autres cruautés (2008) de Gilles Tourman, le one-(wo)man-show Madame H raconte la saga des transpédégouines (2007) de Madame H, le one-man-show Hétéropause (2007) d’Hervé Caffin et Maria Ducceschi (l’amant homosexuel est comparé à une glace au chocolat), le one-(wo-)man-show Le Jardin des dindes (2008) de Jean-Philippe Set, le roman El Anarquista Desnudo (1979) de Luis Fernández, le one-man-show Chroniques d’un homo ordinaire (2008) de Yann Galodé (avec la charlotte au chocolat), le roman Les Clochards célestes (1963) de Jack Kerouac (avec le pudding au chocolat), le film « Le Faucon maltais » (1941) de John Huston, le film « Pain et chocolat » (1973) de Franco Brusati, la chanson « Colas » de Martin Dages, la comédie musicale Angels In America (2008) de Tony Kushner, le spectacle de SweetLipsMesss à la scène ouverte Côté filles (2009) au 3e Festigay de Paris, le film « Enfances » (2007) de Yann Le Gal (sur Alfred Hitchcock, avec la religieuse au chocolat), le film « Some Prefer Cake » de Heidi Arnesen, le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza (avec le gâteau au chocolat), la pièce Y’a un cadavre dans le salon ! (2022) de Claire Toucour, etc.
Concernant les fictions homo-érotiques, le slogan publicitaire classique « Dites-le avec des fleurs » mériterait d’être remplacé par « Dites-le avec du chocolat » ! « As-tu bien reçu le chocolat ? » (Steven s’adressant à son amant Phillip dans le film « I Love You Phillip Morris » (2009) de Glenne Ficarra et John Requa) ; « Chaque dimanche tu apportais ta mousse au chocolat. Tout le monde disait ‘Il est humain’, blablabla. » (cf. la chanson « Tu étais si gentil » du Beau Claude) ; « Y’a pas de chocolat ici ?? » (Guillaume, l’un des séminaristes, homosexuel, dans la série Ainsi soient-ils (2014) de David Elkaïm, l’épisode 3 de la saison 1) ; « C’est rigolo, tous ces grains de beauté sur ton visage. On dirait un cookie au chocolat. » (Jérémy Lorca se moquant de Damien, un amant internaute qu’il a rencontré « en vrai », dans son one-man-show Bon à marier, 2015) ; « Je préfère quand t’es un ourson à la guimauve. » (Éric, le héros homo, s’adressant à son meilleur ami hétéro Otis, dans l’épisode 4 de la saison 1 de la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn) ; etc. Par exemple, dans le film « Le Placard » (2001) de Francis Veber, le personnage homophobe, Félix Santini (Gérard Depardieu), pour plaire à François Pignon qu’il croit homosexuel, fonce lui acheter un pull rose, et… des chocolats à la Maison du Chocolat ! Dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy, François demande à son futur amant, jadis hétéro, Thomas, si, « en attendant, il est plus cacao ou thé » pour le petit déj. Dans les pharmacies de Charles Trénet, « on veut du nougat et du chocolat » (cf. la chanson « Les Pharmacies »). Dans le film « Garçon stupide » (2003) de Lionel Baier, Loïc, le héros homo, travaille dans une usine qui fabrique des tablettes de chocolat. Dans le film « Plutôt d’accord » (2004) de Christophe et Stéphane Botti, Jérémy, le héros, arrête les gens dans la rue pour faire passer des tests de dégustation de gâteaux au chocolat : c’est à cette occasion qu’il trouvera « l’homme de sa vie ». Dans la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Ceglia, Bernard fait son coming out à Didier précisément au moment du dessert (la forêt noire). Dans la pièce Copains navrants (2011) de Patrick Hernandez, tous les personnages homos sont fanas de chocolat : Stef mange du Nutella, Nono veut son Nesquik. Dans la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz, Marilyn considère Ruzy, l’un des héros homosexuels, pour du chocolat. Dans le film « Lilting » (« La Délicatesse », 2014) de Hong Khaou, Junn dit que son parfum de glace préféré, c’est le chocolat. Dans le film « Imagine You And Me » (2005) d’Ol Parker, Tessa, la mère de Rachel l’héroïne lesbienne, offre à sa fille un livre de recettes de gâteaux. Dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy, François, homosexuel, est vendeur dans un magasin de vêtements féminins et fait croire à ses clientes que son copain Thomas, qui est venu lui rendre visite, est un simple livreur (qu’il vouvoie) : « Vous, c’est bon ? Vous n’avez pas d’autres chocolats à livrer ? » Thomas finit par rentrer dans le jeu commercial de son amant puisque, plus tard, lors de leur voyage en Thaïlande, face à une tribu, il se met à proposer des chocolats en anglais : « I have twenty-five years old and I love chocolate. » Enfin, lorsque François propose à Thomas de choisir son camp entre homo ou hétéro, il lui pose la question suivante concernant des boissons : « T’es plus Poulain ou Éléphant ? » Dans le téléfilm Under the Christmas Tree (Noël, toi et moi, 2021) de Lisa Rose Snow, Charlotte et Alma s’embrassent sous le prétexte d’un bout de gâteau au chocolat laissé sur le coin de la bouche de Charlotte.
Chez certains personnages homos, c’est même carrément le chocolat qui remplace l’Amour ou l’être aimé ! « Tu vas voir comme c’est bon, ça, le Nutella, quand on a un manque d’affection. » (Donatienne, la « fille à pédé » s’adressant à Bernard, son meilleur ami gay, dans la pièce Nous deux (2012) de Pascal Rocher et Sandra Colombo) ; « Je vous embrasse, Isabelle, entre deux biberons de chocolat. » (Marianne, l’héroïne lesbienne s’adressant à Isabelle, la femme mariée accaparée par ses enfants, dans l’intermède joué au concert d’Oshen à L’Européen de Paris, le 6 juin 2011) ; « Elle a une passion pour les chocolats. » (Mégane à propos de Tante Rose dans la pièce Baby Doll (1956) d’Ellia Kazan) ; « Oh, mais regarde ce que j’ai trouvé dans le frigidaire ! Une mousse au chocolat ! » (Jean dans la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi, p. 133) ; « Oh, merci, c’est bon le chocolat. » (Daphnée, idem, p. 136) ; « Mme Pignou s’arrêta, extasiée, devant la vitrine des œufs de Pâques à l’angle de la rue Henri-Monnier et de la rue Victor-Massé. Elle n’avait pas mangé depuis une semaine, non pas par manque de pain, certes, mais par gourmandise. » (cf. la nouvelle « Madame Pignou » (1978) de Copi, p. 45) ; « Un peu d’eau… et du chocolat. » (Francis, le héros homosexuel de la pièce Hors-piste aux Maldives (2011) d’Éric Delcourt, jouant avec l’expression française « vivre d’amour et d’eau fraîche ») ; « Appelle-moi Maxwell. Je suis bon jusqu’à la dernière goutte. » (Paul, le héros homosexuel chantant dans le film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso) ; « Fernando avec ses expressos… Je l’aime avec beaucoup de… crème. » (cf. la chanson de Dante dans le film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso) ; « Si c’est un gâteau au chocolat, j’adore le chocolat ! » (Catherine, l’héroïne lesbienne de la pièce Un Lit pour trois (2010) d’Ivan Tournel et Mylène Chaouat) ; « Rocco t’invite à rejoindre le groupe ‘Viens chez moi, y’a du chocolat’. » (Léo, le héros homo lisant ses mails Facebook, dans la pièce La Belle et la Bière (2010) d’Emmanuel Pallas) ; etc. Par exemple, dans le téléfilm « Un Noël d’Enfer » – « The Christmas Setup » – (2020) de Pat Mills, Patrick drague Hugo en l’invitant à déguster un traditionnel chocolat chaud de Noël. Dans la pièce Scènes d’été pour jeunes gens en maillot de bain (2011) de Christophe et Stéphane Botti, lécher une glace est vu comme un signe d’homosexualité : « Moi, je bave devant une bonne glace au chocolat. » (Martin sur qui pèse une forte présomption d’homosexualité) Dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, Ernest, le héros homosexuel, fait des pubs pour le chocolat sur Youtube, et Chris, son copain virtuel, le trouve très « sexy » dessus. Dans le film « The Cakemaker » (2018) d’Ofir Raul Graizer, Tomas, le héros homo, est spécialiste en pâtisserie et en confection de forêts noires. Le moment où Oren, son amant, mange sa part de forêt noire est filmé comme sacré.
Le chocolat est parfois présenté comme une denrée sacrée : « Je sors de mon sac un paquet de Kit Kat Balls et dévore une à une les boules chocolatées comme si j’égrenais un chapelet. » (Cécile, l’héroïne lesbienne du roman À ta place (2006) de Karine Reysset, p. 38) Certains personnages homosexuels vouent un culte au dieu Chocolat : « Cyril a toujours eu un penchant prononcé pour la saveur du cacao. » (Thibaut de Saint Pol, Pavillon noir (2007), p. 28) ; « Parties aussi les tablettes de chocolat qu’il cachait depuis des lustres dans les différents tiroirs de sa commode, au cas où il aurait eu un petit creux au milieu de la nuit. » (Jean-Marc à propos de son amant Mathieu, dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, p. 17) ; « Quand Thomas m’avait proposé que nous quittions la table, lui et moi, pour nous rendre à la plage, j’avais refusé. Je voulais du dessert. Je n’avais pas patienté jusque-là pour me priver du seul plaisir qui alors m’importait : les charlottes au chocolat. » (Lucas dans le roman Son Frère (2001) de Philippe Besson, p. 67) ; etc. Par exemple, dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, on a droit à une longue description de Jason, le héros homo, dessinant avec sa cuillère un quadrillage sur son reste de mousse au chocolat laissé à la surface de sa soucoupe (p. 33) ; plus tard, sa fascination pour le chocolat est rappelée : « Depuis que Jason était petit, il fallait qu’il trempe son museau entier dans le bol, pour ne pas perdre une goutte de chocolat chaud. Contraste détonnant avec sa recherche habituelle d’élégance. » (p. 461)
Dans certaines œuvres homos, le chocolat est l’équivalent de la pomme du Jardin d’Éden : le symbole de désobéissance suprême, du péché d’homosexualité. Un crime de lèse majesté qui sera pourtant relativisé : « Je me suis assise et j’ai commandé une grande part de gâteau au chocolat à une serveuse fatiguée. En le voyant, j’ai pensé à tout ce qu’il contenait de non casher. […] J’ai vu une assiette remplie de choses mortes, pourries, impures. Des choses dont les rabbins nous disent qu’elles endurcissent notre cœur et font qu’il nous est plus difficile d’entendre la voix de Dieu. J’ai pris une bouchée de gâteau. Il était sec, gras à l’intérieur. Je l’ai mangé, malgré tout. Bouchée après bouchée. » (Ronit, l’héroïne lesbienne juive du roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 149)
Même si le chocolat est sacralisé au départ, arrive vite l’overdose ou l’addiction : « Le fils […] était gourmand et ingurgitait de bonnes bouffées de chocolat noir aux noisettes et autres fournées de choux à la crème. » (cf. la nouvelle « À l’ombre des bébés » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 33) ; « J’avais bien vu que t’étais là. Les 3 maxi pots de Nutella ont disparu en quelques jours. » (Janis s’adressant à Nina l’héroïne lesbienne, dans la pièce Le Gang des potiches (2010) de Karine Dubernet) ; « Je ne vais pas me nourrir exclusivement de marrons glacés ! » (Cyrille dans la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi ; finalement, il ne veut plus du dîner de l’hôpital et revient sur sa décision : « Donnez-moi les marrons glacés ! ») ; « Overdose de Banania peut-être ? » (Simone s’adressant à Janine, dans la pièce Burlingue (2008) de Gérard Levoyer) ; etc.
Par exemple, dans la pièce Frères du bled (2010) de Christophe Botti, Jasmine réclame sa tartine de Nutella. Dans le film « Ma Vraie vie à Rouen » (2002) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, la grand-mère d’Étienne, le protagoniste homo, lui a fait manger des crottes en chocolat et des dragées quand il était petit, au point de le rendre malade. Dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau, Jeanjean est gavé de chocolat par sa mère. Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, il y a des vers de terre dans les donuts au chocolat… et plonge le héros homosexuel dans un cauchemar éveillé.
En plus de renvoyer au plaisir des papilles et à la gourmandise, le chocolat, tout comme les bonbons, sont des moyens de séduire, de corrompre, de manipuler et de violer : « Je sais que vous aimez le cacao sucré, c’est pourquoi j’ai mis quatre morceaux de sucre. » (Puddle s’adressant à l’héroïne lesbienne Stephen, dans le roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 204) ; « Stephen essayait de séduire Collins en lui offrant des boules de menthe et des pastilles de chocolat. » (idem, p. 38) ; « Un bébé arriva en marchant à quatre pattes de derrière le comptoir, il était dans un état de saleté indescriptible, couvert de chocolat jusqu’aux cheveux. C’était une petite fille. Elle se traîna jusqu’à Mme Pignou et s’accrocha à sa jupe, la salissant de chocolat. La boulangère se précipita sur elle, la giflant de chocolat. ‘Nadia, Nadia’, criait-elle, ‘tu vas arrêter d’embêter la dame ?’ » (cf. la nouvelle « Madame Pignou » (1978) de Copi, p. 49) ; « Les curieux commencent à s’agglomérer dans la boulangerie, je profite pour voler un pain au chocolat et m’éclipser. » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 91) ; « Depuis que les Chinois préfèrent le trafic de cacao aux droits des homos… » (Pierre Fatus dans son one-man-show L’Arme de fraternité massive !, 2015) ; etc. Je pense en particulier aux chocolats empoisonnés de la mante religieuse du roman Bestiario (1951) de Julio Cortázar, à la forêt noire de l’inceste partagée entre un père et son fils homo dans la pièce Happy Birthday Daddy (2007) de Christophe Averlan, à la drague mensongère des internautes qui fantasment l’un sur l’autre de manière obscène dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus (« Je t’imagine devant le Panthéon en train de lécher une glace au Nutella […] » écrit Chris à son amant Ernest, p. 55). Dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot, le « Banana split » est le nom donné à une des catégories de sexe anatomique mâle dont on nous offre toute une typologie « scientifique ». Dans la pièce La Belle et la Bière (2010) d’Emmanuel Pallas, Léo, le héros homosexuel, porte son prénom parce que sa mère incestueuse a voulu faire un clin d’œil aux chocolats Léonidas : « Quand tu étais petit, on avait tellement envie de te croquer… »
Le chocolat renvoie plus trivialement aux excréments et aux délires scatologiques de certains créateurs homosexuels (cf. le film « Salò ou les 120 jours de Sodome » (1975) de Pier Paolo Pasolini) : « Sers-le-nous [le Rat] avec une sauce que tu feras avec ton urine et les excréments battus à la neige ! » (la Reine s’adressant à la Princesse dans la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi) ; « Ses lèvres – je veux dire son anus – [étaient] semblables à un beignet au chocolat. » (cf. la description de Majid dans la nouvelle « Mémoires d’un chiotte public » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 83) Dans la pièce Comme ils disent (2008) de Christophe Dauphin et Pascal Rocher, la mousse au chocolat de David est comparée à un saladier plein de merde.
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
Certaines personnes homosexuelles connues avouent leur faible pour les sucreries : Félix Gonzalez-Torres, Andy Warhol (qui collectionne les pots de confiseries), John Cameron Mitchell, le Général Kuno Von Moltke, Salvador Dalí (il fait des publicités pour les chocolats Lanvin), etc. D’ailleurs, quelques-unes se définissent elles-mêmes comme des bonbons : par exemple, les Caramels fous de Michel Heim forment la troupe de comédie musicale homosexuelle la plus nombreuse de France. La pièce d’Ivane Daoudi, La Star des oublis, que j’ai vu jouer à Avignon en juillet 2009, et dont la thématique est particulièrement lesbienne, est interprétée par la Compagnie de la Femme Chocolat. Le comédien suisse-allemand Erich Vock, homosexuel, a tourné des pubs pour les bonbons Ricola. « J’ai vécu dans du coton, dans du capitonnage douillet. Je baigne dans le miel. » (Jean-Louis Bory au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 6 mai 1976)
Le cas de Félix Gonzalez-Torres est intéressant. Cet artiste américain d’origine cubaine offre des bonbons aux visiteurs de ses expos. Il invite les spectateurs à se servir, c’est-à-dire à amaigrir les piles de bonbons définies par leur poids – y compris dans les contrats de vente à des collectionneurs – et compare l’amant à un bonbon à consommer : « Je vous donne une petite chose sucrée. Vous la glissez dans votre bouche et vous sucez le corps de quelqu’un d’autre. […] J’ai mis quelque chose de sucré dans la bouche de quelqu’un et je trouve ça très sexy. »
D’autres auteurs associent leur amoureux à la consommation acidulée d’un bonbon ou d’une glace : « Julien veut savoir si je mange encore de la glace au cassis, dont nous barbouillons nos baisers. » (Pascal Sevran, Le Privilège des jonquilles, Journal IV (2006), p. 84) Je vous renvoie également à l’article « L’homosexualité, c’est comme aimer le chocolat… » écrit par Marie-Christine, la maman d’un garçon homo (publié le jeudi 4 février 2010).
Saint Thomas d’Aquin, à son époque (XIIIe siècle), avait été bien inspiré d’associer les actes homosexuels à la gourmandise. Car en effet, on voit et on entend chez la majorité des personnes homosexuelles actuelles ce désir de gober l’amant comme un bonbon, de l’absorber par amour. Un jour (c’était en début 2011), un de mes amis homosexuels m’a sorti pour rigoler cette phrase culte : « Pour l’instant, un homme ne m’a pas apporté autant que le chocolat ! » Et je trouve cette tirade très révélatrice, non pas de la place du chocolat et des bonbons dans la vie des individus homosexuels (gare à celui qui tirerait de mon étude une ânerie pareille, ou qui me ferait dire que je pense que tous les homos seraient « chocolâtres » !), mais de la prévalence de la consommation et de la futilité dans beaucoup de relations amoureuses homosexuelles.
Parfois, les bonbons et le chocolat sont le symbole de la focalisation du personnage homosexuel et des personnes homosexuelles réelles sur la génitalité plutôt que sur l’amour : je pense par exemple aux chocolats en forme de bite dans la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, aux cookies-chocolat en forme de vagin concoctés par Betty dans la pièce Betty Speaks (2009) de Louis de Ville, aux bites en chocolat de la Comtesse Conule de la Tronchade dans la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier… et bien sûr à la boulangerie parisienne de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, dans le quartier du Marais, qui confectionne des viennoiseries en forme de sexe masculin. Sur le coup, cela peut prêter à rire, bien sûr. Mais dans d’autres contextes, et sur la durée, la référence réitérée des friandises renvoie plus souvent qu’on n’imagine au discours de l’obsédé du sexe : « J’ai eu le prix Nobel de la sucette. » (Luisito dans l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 227) ; « Accueil très chaleureux accompagné de friandises. » (Berthrand Nguyen Matoko parlant d’une boîte homo où il a perdu son âme, dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), p. 132) ; etc. Elle se rapporte aussi au viol. « Dans son château, le Marquis de Sade renouvelait ce qu’il appelait ‘les sept jours de Sodome et Gomorrhe’, où il sodomisait ‘en musique’ jusqu’à douze jeunes garçons dans la même matinée. Cette perversion et cette dépravation se terminèrent chez les fous à la suite de l’histoire des bonbons à la cantharide : un jour, Sade distribua aux prostituées et à leurs clients du domaine Ventre (l’un des anciens quartiers réservés de Marseille) des chocolats à la cantharide. Cette ‘blague’ érotique eut pour résultat non seulement une orgie collective qui dura deux jours, mais aussi deux morts. Arrêté, Sade échappa à la prison et à l’échafaud en simulant la folie. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 160) ; « J’avais été trahi par mes parents mais je conservais un caractère à donner ma confiance. Il y avait, près de chez nous, un dépôt SNCF où un ouvrier montait les voitures sur les wagons. On aimait bien l’observer. Il était gentil. Un jour il m’a proposé de l’accompagner chez lui. Moi, j’étais toujours partant pour me balader. Une fois arrivés dans sa chambre, il m’a donné un bonbon, m’a couché sur le lit, et il m’a violé. Moi je trouvais ça bizarre, je ne comprenais pas tout ce qui se passait. À tel point que je suis revenu le voir, le lendemain, avec mon copain. Il nous a virés violemment, soutenant qu’on avait fait des conneries et qu’il ne voulait plus entendre parler de nous. On n’a pas compris ce changement subit d’attitude. Sur le coup, c’est cette trahison-là qui m’a le plus blessé, pas le viol. » (Père Jean-Philippe à 12 ans, Que celui qui n’a jamais péché… (2012), p. 44) ; etc. Le lien de coïncidence entre bonbons-homosexualité-viol, ou bien entre chocolat et scatologie est suggéré dans l’essai L’Enfant voleur (1966) de Jean-Pierre Lausel : « L’on fera peut-être sourire en évoquant la ressemblance du chocolat et du contenu intestinal…, mais tout paraît puéril dans ce monde symbolique dont les enfants, à l’égal des poètes, ont une connaissance intuitive et familière. » (pp. 93-94) Plus gravement, les bonbons figurent l’éloignement du Réel, une lente déshumanisation qui paraît pourtant magique : « J’ai tellement insisté [pour aller voir le spectacle de magie de Fou Man Chou] que ma grand-mère a dû enfiler sa robe à volants, ses mitaines de dentelle, son petit chapeau et ses chaussures à talons. Nous avons pris le train. Pour moi, c’était comme si nous étions partis pour toujours. Légers, sans valise, à la gare centrale. Elle m’a acheté des bonbons. Comme ça, la panoplie nécessaire aux rêves était complète. » (Alfredo Arias, Folies-fantômes (1997), p. 150)
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Code n°40 – Cour des miracles homosexuelle (sous-code : Choeurs de tragédie grecque)
Cour des miracles homosexuelle
NOTICE EXPLICATIVE :
La nostalgie d’une royauté bafouée
Un certain nombre de personnes homosexuelles s’intéressent à la Cour des miracles du Moyen-Âge. Cette étrange passion homosexuelle se fait passer pour un grand élan de solidarité (= éloge du multiculturalisme, de la pauvreté), de militantisme (= éloge de la marginalité « dérangeant » le « Système ») ou bien artistique (= éloge de l’originalité). En réalité, elle cache un grand orgueil (celui de se rêver Christ à la place du Christ, de vivre une royauté égocentrée… par manque d’amis véritables), un fantasme d’irréalité transgressive et de fantaisie festive qui finissent par montrer toute leur vanité et leur horreur une fois confrontées au Réel, une haine de soi (= homophobie) maquillée d’autosuffisance et de rire.
Nous aurions tort de nous fier aux apparences. Au vrai pauvre, bien des personnes homosexuelles lui préfèrent son icône – souffrante ou euphorique – et son absence. Elles le transforment en image folklorique. Le nécessiteux qu’elles bercent sur leur sein n’est autre que la « romanichelle de luxe » (Esméralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo), le vagabond sublimé des poètes maudits, le « bon sauvage » étranger, « la transfiguration d’un état de misère » pour reprendre les termes d’un de mes amis romancier homosexuel. Elles dépeignent une pègre qui, au lieu d’être constituée de vrais pauvres, se compose plutôt de cercles d’intellectuels libertins – donc un peu d’elles-mêmes ! – s’amusant à imiter, par moquerie ou/et générosité, les images d’Épinal de pauvres qu’ils se fabriquent dans leur imaginaire pour se donner bonne conscience. Elle sert de prétexte à l’exhibition carnavalesque et au déni de la pauvreté. C’est la raison pour laquelle les motifs du cirque, des fêtes foraines, du chœur de tragédie grecque, et des cours des miracles, reviennent excessivement souvent dans les œuvres homosexuelles. Vêtus de haillons, les faux mendiants homosexuels se donnent en spectacle, en entonnant la litanie de la honte de l’Occidental narrant son malheur face au soi-disant malheur planétaire apocalyptique. Ils se glissent subtilement dans la foule colorée et masquée qu’ils ont eux-mêmes créée pour s’élever en chefs. « En attendant d’être des rois, mes amis et moi sommes les acteurs d’une version de la folie des grandeurs, … sous une pluie de confettis » chante Arnold Turboust dans sa chanson « Mes amis et moi ». Intellectuellement, l’esthétique de la folie du SDF-bouffon donquichottesque séduit beaucoup les auteurs homosexuels bobos : pour eux, le délire « transgressif » est davantage vecteur de Vérité que la Vérité même. Elle est en réalité l’expression de leur propre homophobie/misanthropie/athéisme.
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Homosexualité noire et glorieuse », « Faux révolutionnaires », « Milieu homosexuel infernal », « Milieu homosexuel paradisiaque », « Reine », « Folie », « Milieu psychiatrique », « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée des bois », « Bobo », « Défense du tyran », « Homosexuels psychorigides », « Amour ambigu de l’étranger », « L’homosexuel riche/L’homosexuel pauvre », « Cirque », « Magicien », « Mariée », « Doubles schizophréniques », « Grand-mère », « Drogues », « Quatuor », « Voleurs », « Homosexuel homophobe », « Méchant pauvre », « Prostitution », « Putain béatifiée », « Humour-poignard », « Voyante extralucide », à la partie « Carnaval » du code « Clown blanc et Masques », et à la partie « Nain » du code « Amant modèle photographique », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
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FICTION
a) La cour des miracles, une rêverie :
Dans beaucoup d’œuvres homo-érotiques apparaît une pègre, une foule carnavalesque grimaçante et ricanante, un groupe de personnages atypiques et difformes (nains, drogués, trans, travestis, prostituées, femmes déguisées en mariées, escort boys, personnages siamois, vieillards, géants, etc.) entourant le héros homosexuel : cf. le film « Die Unendliche Geschichte » (« L’Histoire sans fin », 1984) de Wolfgang Petersen (avec la cour de la jeune reine), le vidéo-clip de la chanson « Le Brasier » d’Étienne Daho, le vidéo-clip de la chanson « Substitute For Love » de Madonna, le vidéo-clip de la chanson « Libertine » de Mylène Farmer, le film « Antes Que Anochezca » (« Avant la nuit », 2000) de Julián Schnabel, le concert de Mika à Paris Bercy le 26 avril 2010 (et surtout la chanson « Big Girl »), le film « Totò Che Visse Due Volte » (« Toto qui vécut deux fois », 1998) de Daniele Cipri et Francesco Maresco, le film « Mann Mit Bart » (« Bearded Man », 2010) de Maria Pavlidou, le film « 30° couleur » (2012) de Lucien Jean-Baptiste et Philippe Larue, le film « Le Sang du Poète (1930) » de Jean Cocteau (entouré de gitans), le roman Joyeux animaux de la misère (2014) de Pierre Guyotat, le film « Splendori E Miserie Di Madame Royale » (« Madame Royale », 1970) de Ugo Tognazzi, le film « Freak Orlando » (1981) d’Ulrike Ottinger, le film « Jugatsu » (1990) de Takeshi Kitano, la nouvelle L’Encre (2003) d’un ami homosexuel angevin (avec la Cité des Laiderons), le film « Tan De Repente » (2003) de Diego Lerman, le film « Opera De Malandro » (1986) de Ruy Guerra, les films « Accattone » (1961), « Mamma Roma » (1962), et « La Ricotta » (1963) de Pier Paolo Pasolini, la pièce Quai Ouest (1985) de Patrice Chéreau, le roman Monsieur de Phocas (1901) de Jean Lorrain, la nouvelle « De La Melancolía De Las Perspectivas » (1983) d’Héctor Bianciotti (avec sa population bigarrée : des nains, des prostituées, des alcooliques, des mariées, etc.), le roman La Noche De Walpurgis (1910) d’Antonio de Hoyos (avec la cour des miracles de bourgeois homosexuels déguisés en pauvres), le film « A Rainha Diaba » (1975) de Antonio Carlos Fontoura, le film « Die Hure Und Der Hurensohn » (1982) de Dagmar Beiersdorf, le vidéo-clip de la chanson « Relax » du groupe Frankie Goes To Hollywood, le roman Los Alegres Muchachos De Atzavará (1988) de Manuel Vázquez Montalbán, le film « Priscilla, folle du désert » (1995) de Stephan Elliot (avec les aborigènes et les trois drag-queen réunis autour d’un grand feu de joie), le film « The Rocky Horror Picture Show » (1975) de Jim Sharman, le one-man-show Tout en finesse (2014) de Rodolphe Sand (décrivant à la fin la « faune » homosexuelle dans toute sa diversité), le film « Rosa la Rose : Fille publique » (1985) de Paul Vecchiali, le film « The Greatest Showman » (2017) de Michael Gracey, le film « Pédale dure » (2004) de Gabriel Aghion (avec le chœur de pédales chantant « Alléluia »), etc. Par exemple, dans le film « Mine Vaganti » (« Le Premier qui l’a dit », 2010) de Ferzan Ozpetek, Vincenzo est obsédé par le qu’en-dira-t-on à propos de l’homosexualité de son fils Antonio : dans les lieux publics, il est persuadé que tout le monde l’a identifiée et en rient sarcastiquement.
Se crée le mythe snobinard du « bonheur entre exclus » et de la « force jouissive » (jubilatooooire) de la transgression des codes sociaux : « Ici on est tous des frères dans la joie dans la misère… À la cour des miracles, mendiants et brigands dansent la même danse… » (cf. la chanson « À la cour des miracles » de la comédie musicale Notre-Dame de Paris de Luc Plamondon) ; « Les vieux nobles qu’elle recevait étaient des amis de son père, aussi laids qu’elle. Le vieux comte des Asturies était couvert de verrues et le duc de Castille, son parrain, était bossu. » (Copi dans sa nouvelle « L’Autoportrait de Goya » (1978), p. 12) ; « On est tous des imbéciles, on est bien très bien débiles. » (cf. la chanson « On est tous des imbéciles » de Mylène Farmer) ; « Son visage se tordit tandis qu’il regardait le labyrinthe de livres. Littérature ! Littérature – les Olympiades des nains de jardin ! Bavardage des déments ! Il fit un pas vers l’avant et renversa une étagère de livres par terre. » (Pawel Tarnowski, homosexuel continent, dans le roman Sophia House, La Librairie Sophia (2005), p. 176) ; « Goudron organisait tant de salons et de soirées fréquentées par des centaines de personnes ridicules de toutes sortes. Il les collectionnait, vous savez. Et il y avait nom pour chacune. Cette courtisane communiste, Madame Kortovsky était ‘Le Ballon rouge’ et Francœur, l’éditeur catholique, était ‘La Mante religieuse’. Picasso était ‘Le Minotaure’ et vous ‘Le Prince noir’. » (le pervers Comte Smokrev s’adressant à Pawel Tarnowski, au sujet de son mécène homosexuel Goudron, idem, p. 308) ; etc. Par exemple, dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, le couple Khalid/Omar se rend à Douar Dbada, qui est une sorte de cour des miracles : « Ils sont un peu dangereux là-bas. […] En plus des prostituées, il y a des maquereaux, les dealers de drogue… Les fous… Des assassins aussi… Les voleurs d’enfants… » (p. 125) Dans le film « Marguerite » (2015) de Xavier Giannoli, la cour des miracles entourant l’héroïne est composée de dandys efféminées, de femmes-à-barbe, d’hommes travestis en nonnes, de nains, de Noirs, de « copines » transgenres, etc.
Au départ, le héros homosexuel prétend trouver dans cette cour des miracles multiculturelle et marginale un refuge à la soi-disant intolérance sociale par rapport à son homosexualité, une famille qui reconnaît enfin sa royauté et la primauté de ses désirs identitaires/amoureux profonds : « Peut-être que ce qui fut jadis la Cour des Miracles saurait le guérir de sa peur, l’aider à s’affirmer auprès des siens. » (Ahmed en parlant du quartier gay du Marais, dans le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot, p. 52) ; « Tout est permis au bal de Savoy. » (Madeleine, dans la comédie musicale Ball Im Savoy, Bal au Savoy (1932) de Paul Abraham) ; etc. Par exemple, dans la bande dessinée La Foire aux Immortels (1992) d’Enki Bilal, Jean-Ferdinand Choublanc, « Gouverneur de la Cité autonome de Paris » est manifestement homosexuel et a réuni une cour d’adhérents autour son parti dont tous sans exception très fortement maquillés. Et Choublanc s’adresse à ses maquilleurs en les appelant « les filles » et à son intendant en l’appelant « chéri », intendant avec lequel il partage son bain. Dans la comédie musicale « Les Demoiselles de Rochefort » (1967) de Jacques Demy, les deux compères Bill et Étienne sont décrits comme des « lutins farfelus et fantoches ». Dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway, Sergueï Eisenstein, homosexuel, suit un cortège carnavalesque mystique de squelettes mexicains masqués. Dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso, le petit monde de la nuit de la ville italienne de Catano s’anime autour de la prostitution : les prostitués, les travelos, les sosies de Mary Poppins ou Marilyn Monroe, les macs, les gigolos, le vieux disquaire muet, etc.
La particularité de cette cour des miracles homosexuelle, c’est qu’elle est souvent prise d’hilarité (comme les hyènes… juste avant ou après de frapper violemment) : « Je cours, je cours. Sans respirer. Puis je tombe. Des gens rient. […] Autour de lui [Hassan II], un souk. Beaucoup de femmes. […] Elles rient de moi. Cela les amuse : moi qui tombe et sur le point de pleurer. Elles rient longtemps sans vraiment me regarder. » (Khalid, le protagoniste homosexuel du roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 10) ; « Tout le monde a ri. Tout le monde. Tous ces gens avec qui j’ai grandi. […] Le pire, c’est que je ne les ai même pas détestés. » (Pauline, l’héroïne lesbienne racontant un spectacle public où elle a été la risée des gens de son village parce qu’elle a joué le premier rôle et s’est travestie en homme, dans le film « Pauline » (2009) de Daphné Charbonneau) ; « Parfois je la voyais au milieu d’autres hommes habillés. Allongée sur le dos, les jambes en l’air, avec pour toute parure ses talons aiguilles. Il y avait là des profs de la fac, des laborantins en blouse du département de chimie, quelques-uns des garçons au rire gras avec qui j’avais déjeuné au RU. Ils ne la caressaient pas. Ils se contentaient de la regarder, de la montrer du doigt et de rire. Et elle riait avec eux, dans cette posture humiliante. Dans d’autres rêves, elle se moquait de moi avec sa copine, pendant les cours de Gritchov. Je ne comprenais pas ce qu’il y avait de si comique dans ma tenue. » (Jason, le héros homosexuel décrivant Varia Andreïevskaïa, dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, p. 59) ; « La foule riait aux éclats, ils lançaient sur Truddy des pavés. » (Copi dans sa nouvelle « Les Potins de la femme assise » (1978), p. 40) ; « Tous nous ovationnèrent, pleurant et riant […] » (Gouri, le rat bisexuel du roman La Cité des Rats (1979), p. 94) ; « Les rires de la foule des hommes » (idem, p. 104) ; etc. Par exemple, dans le film « My Own Private Idaho » (1991) de Gus Van Sant, la cour homosexuelle de Bob (composée de drogués) passe insensiblement de l’agression au rire : ça passe ou ça casse. Dans sa chanson « À table » de Jann Halexander, le protagoniste homosexuel décrit « le rire déformant des visages » des membres d’une fête de famille.
b) La cour des miracles homosexuels, un cauchemar :
Symboliquement, la cour des miracles homosexuelle ressemble à la voix d’une schizophrénie. Le héros homosexuel se sent entouré de nains et de clowns rieurs qui, après s’être amusés et après l’avoir intronisé, vont le momifier, le trahir et le brûler sur un char (cf. je vous renvoie au code « Méchant Pauvre » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : cf. la chanson « L’Horloge » de Mylène Farmer, la chanson « Porno-graphique » de Mylène Farmer, la chanson « No More I Love You’s » d’Annie Lennox, la comédie musicale Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias, les vidéo-clips des chansons « Sans contrefaçon », « Sans logique », « Désenchantée », « L’Âme-Stram-Gram » et « Optimistique-moi » de Mylène Farmer, etc. Par exemple, dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan, lors d’une séance de karaoké, où Steve (le héros homosexuel) se ridiculise, la prestation vire à la vision d’enfer : il voit tous les clients du bar ricaner (au ralenti), puis en menace violemment un avec une bouteille de bière car il ne gère pas l’humiliation.
« Le fond de leur rire avait quelque chose de métallique. » (Pretorius, le héros homosexuel parlant des clients de l’Hôtel du Transylvania, dans la pièce Confessions d’un vampire sud-africain (2011) de Jann Halexander)
La cour des miracles, c’est aussi le retour homophobe d’un désir homosexuel pratiqué (retour violent prêté uniquement à « la société »… mais qui n’est en réalité que la société des amants, que le monde de la prostitution et de la drogue) : cf. le film « L’Homme blessé » (1983) de Patrice Chéreau (avec la gare parisienne se transformant en cour des miracles), le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1960) de Joseph Mankiewicz (avec la cour homosexuelle gitane de Sébastien, qui finit par l’assassiner, en représailles), le roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, l’opéra-rock Starmania de Michel Berger (avec le gang des Étoiles Noires), le film « Twist » (2004) de Jacob Tierney et Adrienne Stern, le film « Garçons d’Athènes » (1998) de Constantinos Giannaris, etc. « C’est une chose difficile que d’être homosexuel au pays des cow-boys. » (4 journalistes en chœur, et en direct du Wyoming, dans la pièce Le Projet Laramie (2012) de Moisés Kaufman) ; « Autour de moi, les hommes forment une ronde. […] Le spectacle de la gare est immuable. Presque rituel. » (Léo, le héros homosexuel du roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson, p. 213) ; « Vous n’avez jamais rencontré de vrais homosexuels. Ce sont des bossus qui riraient de votre mariage. » (le père de Claire, l’héroïne lesbienne, s’adressant à sa fille et à sa compagne Suzanne à propos de leur projet de « mariage pour tous », dans la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener) ; « C’est un petit monde. Vous devez tous vous connaître, non ? » (l’Inspecteur s’adressant à Franck, le héros homosexuel, pour enquêter sur les crimes homophobes de l’île qui est un lieu de drague gay hostile et impitoyable, dans le film « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie) ; etc.
Cette cour des miracles représente donc la conscience du viol, exprimée par le traditionnel chant du chœur de tragédie grecque qui annonce la mort prochaine (physique et déjà symbolique) du héros homosexuel : cf. le film « Hey, Happy ! » (2001) de Noam Gonick (avec les trois femmes asiatiques), la pièce Macbeth (1623) de William Shakespeare (avec le chœur des sorcières), le film « Bug » (2003) d’Arnault Labaronne (avec les trois drag-queen), le film « Anguished Love » (1987) de Pisan Akarasainee, le film « Puta de Oros » (1999) de Miguel Crespi Traveria (avec le cortège des pleureuses), le film « Les Sorcières » (1966) de Pier Paolo Pasolini et Luchino Visconti, les pièces de Federico García Lorca telles que La Savetière prodigieuse (1926) ou Doña Rosita la célibataire ou le langage des fleurs (1935), la chanson « Bohemian Rhapsody » du groupe Queen, la chanson « Duel au soleil » d’Étienne Daho, la comédie musicale La Bête au bois dormant (2007) de Michel Heim (avec les trois bonnes fées travesties), les films « Pepi, Luci, Bom Y Otras Chicas Del Montón » (1980), « Entre Tinieblas » (« Dans les ténèbres », 1983) et « Mujer Al Borde De Un Ataque De Nervios » (« Femme au bord de la crise de nerfs », 1987) de Pedro Almodóvar, le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus (avec le chœur des femmes ouvrières galloises), etc. Par exemple, dans la pièce Cachafaz (1993) de Copi, les chœurs des voisins – qui se fait appeler aussi « le chœur des âmes » – sont toujours les annonciateurs de mort ou de violence, et la symbolisation de la contemplation de l’horreur à distance. Ils annoncent le viol, et dans le même mouvement, le nient. Dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha, Nicolas, Gabriel et Rudolf, les trois héros gays sans avenir, forment le chœur montagnard de « Sissi », une cantatrice fantomatique transgenre M to F autrichienne.
« Au milieu d’un désordre phénoménal (les tables cassées parmi les bouteilles arrosées de confettis) […] À chaque fois que je laissais échapper un cri, l’assistance repartait d’un gros rire […]. Et ne songeons même pas à demander de l’aide aux esquimaux : pour cette peuplade, Glou-Glou Bzz représentait plus qu’une reine. » (le narrateur homosexuel se faisant trucider la bite, après le carnage de la reine du carnaval Glou-Glou Bzz, dans la nouvelle « La Mort d’un Phoque » (1983) de Copi, pp. 22-24) ; « Je ne fais jamais partie des chœurs. On a quand même son orgueil ! Les chœurs sont les seuls morceaux d’opéra que j’écoute de l’extérieur, en restant assis dans mon fauteuil, en ‘regardant’ dans ma tête un spectacle plutôt qu’en le vivant comme si j’étais un des protagonistes. J’aime écouter les chœurs, je n’aime pas les vivre. » (le narrateur homosexuel parlant de l’opéra La Bohème de Puccini dans le roman La Nuit des princes charmants (1995) de Michel Tremblay, p. 19) ; « Je ne savais plus si j’étais heureux de l’observer parce que je le trouvais émouvant dans son ridicule ou si je souffrais avec lui de chanter des choses idiotes dans une œuvre idiote, entouré d’idiots déguisés comme pour un carnaval de pauvres. J’aimais croire qu’il était conscient de la petitesse et de l’insignifiance de ce qui l’entourait sur ce plateau et que ce qu’il ressentait était la honte d’en faire partie. Le Prince Charmant existait donc et il était habillé en petit page d’opérette dans une mauvaise production d’opéra ! » (le narrateur homosexuel parlant du chanteur Wilfrid Pelletier, idem, p. 50) ; etc.
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
a) La cour des miracles, une rêverie :
Quand j’étais enfant et adolescent, j’étais très attiré par l’univers moyen-âgeux de la Cour des miracles. Il m’arrivait d’en faire un jeu (par exemple, j’avais créé « Les Aventures de Jean », une mise en scène nocturne théâtralisée de personnages fictifs habitant l’univers de mon frère jumeau, Jean), et j’aimais ces univers clos avec des personnages étranges autant qu’inquiétants (le jeu du Cluedo, le jeu télévisé Fort Boyard, etc.).
Cette attraction pour les salons de précieuses, pour les bals masqués peuplés de Colombine, de voyantes extra-lucides, de brigands, de sorcières, de courtisanes, de nains, d’Esméralda et autres créatures extraordinaires, je pense la partager avec un certain nombre de personnes homosexuelles. Et il n’est pas étonnant que dans l’imaginaire collectif LGBTI, la « communauté homosexuelle » mondiale soit régulièrement décrite comme une pâle copie de la cour des miracles littéraire. Par exemple, lors de son entretien avec J. O’Higgins en 1982, le philosophe homosexuel Michel Foucault assimila les quartiers homosexuels des grandes villes nord-américaines comme San Francisco ou New York aux « cours médiévales, qui définissaient des règles très strictes de propriété dans le rituel de cour » (Michel Foucault, « Choix sexuel, Acte sexuel », Dits et écrits II, 1976-1988 (2001), p. 1150). Dans sa thèse « Avatares De Los Muchachos De La Noche » qui précède son recueil de poésies Austria-Hungría (1992), Néstor Perlongher évoque le monde extrêmement codifié de la nuit et de la prostitution masculine. Dans ses mémoires Coto Vedado (1985), Juan Goytisolo aborde « la réalité brutale de la cour des miracles espagnole » dans les quartiers homosexuels de Barcelone.
Beaucoup d’auteurs homosexuels se plaisent à chanter les louanges d’une cour des miracles interlope, d’une nation « élue » qui aurait le devoir d’annoncer au monde la grandeur transgressive de la marginalité, de la négation de la différence des sexes : John Cameron Mitchell, Pier Paolo Pasolini, Steven Cohen, Essobal Lenoir, Philippe Besson, Hervé Guibert, Federico Fellini, Jean Cocteau, Marcel Proust, Severo Sarduy, Osvaldo Lamborghini, Rancinan, etc. « Un gigantesque bidonville. Ernestito et moi adorions ces habitants grossiers, populaires, dangereux. Ils faisaient souvent partie de nos histoires, de nos fantaisies. Ils devenaient, à leur insu, les interprètes de nos feuilletons imaginaires. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 186)
Cette nation-pègre voulue par beaucoup de personnes homosexuelles/transsexuelles ressemble, dans les faits, à une cour royale de maison close, dans laquelle gravitent les maquereaux et leurs dandys escort-boys (leurs mignons) fêtant la jouissance libertine, la mixité sociale et intergénérationnelle : « À soixante-dix ans, Lito [une femme transsexuelle transformée en homme] continuait à mener une existence de play-boy. Toujours tiré à quatre épingles, il était le plus souvent escorté par une cour de jeunes gens aux casiers judiciaires chargés. Par on ne sait quel miracle, cette petite pègre l’adorait. Ils avaient l’élégance de prolonger son règne lorsque l’un d’eux devait s’éclipser quelques temps à l’ombre d’une cellule. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 291) On en trouve un exemple parlant avec la bande des Cockettes dans les années 1970 à San Francisco (États-Unis), groupe d’érotomanes et cocaïnomanes revendiqué : « On ne pensait qu’à faire la fête, à s’éclater. On ne se rendait pas compte qu’on créait quelque chose de magique. On vivait dans notre monde. On réalisait nos rêves et nos fantasmes. On se fichait de ce qui se passait à l’extérieur. Les Cockettes étaient très incestueuses. Tout le monde couchait avec tout le monde… sous LSD… » (Rumi, un survivant travesti M to F des Cockettes, interviewé dans le documentaire « Somewhere Over The Rainbow » (2014) de Birgit Herdlitschke, diffusé en juillet 2014 sur la chaîne Arte) Je vous renvoie également au documentaire « Paris Is Burning » (1980) de Jennie Livingston, sur la sous-culture du voguing dans les bas quartiers nord-américains, avec des concours de travestis noirs.
Plus gravement, il est possible d’entrevoir dans cette foule indiscernable de personnes gay friendly, hétéro, homo, bi, transgenre et transsexuelle, le phénomène (décrit magistralement par Philippe Muray) de possession hystérique collective, prenant l’étrange masque de l’euphorie carnavalesque agressivement plaintive : « Le Possédé. Comme tel, il souffre. Tout ce qui ne lui plaît pas le fait tellement saigner qu’il porte plainte ; mais il jouit encore tellement lorsqu’il porte plainte qu’il est incapable de se voir en train de porter plainte et de rire de lui-même. C’est ainsi qu’il est comique, d’un douloureux comique que plus personne n’ose nommer ainsi. C’est un comique de doléance, comme il y a un comique de répétition, et ce nouveau comique, absolument inconnu des anciennes littératures, est souvent très réussi. » (Philippe Muray, Festivus festivus : Conversations avec Élisabeth Lévy (2005), p. 71) Ça sent la misère culture et affective à plein nez.
c) La cour des miracles homosexuels, un cauchemar :
La cour des miracles, symboliquement, c’est la voix de la schizophrénie. Par exemple, ce n’est pas un hasard si le téléfilm « À cause d’un garçon » (2001) de Fabrice Cazeneuve, dont la trame est l’homosexualité, commence par un débat sur l’obligation du pluralisme des langues. Cette question de la « prose babélique », de la pluralité du langage et des sexualités, a intéressé des chercheurs tels que Michel Foucault ou Nicolás Rosas. Il existe une correspondance entre le monde babélique/babylonien et le « milieu homosexuel ».
Dans le monde homosexuel actuel, je retrouve des actualisations incomplètes de la cour des miracles médiévale dans beaucoup de mouvements LGBTI : le milieu associatif homosexuel dans son ensemble (peuplé souvent de « cas sociaux »), les Gay Pride (avec les chars des Maghrébins, des daddies, des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, etc.), les discothèques et les bars (de plus en plus compartimentés en sous-catégories : les bears, les crevettes, les minets bodybuildés, les fem, les butch, les trans, les sadomasos, etc.) et surtout surtout les sites de rencontres internet (les fameux chat, hyper ritualisés et habités par des profils improbables de profonds mythomanes). Là, on a vraiment l’impression de rentrer dans un monde de fous, très codifié.
La cour des miracles, c’est aussi le retour homophobe d’un désir homosexuel pratiqué (retour prêté à « la société »… mais qui n’est en réalité que la société des amants ou le monde de la prostitution). Le libertinage donne une illusion de liberté et construit en réalité un ghetto doré, avec des nouvelles règles d’autant plus rigides et féroces qu’elles constituent des barreaux invisibles, tacites : la société homosexuelle est en effet fondée sur la double vie, la dissimulation, le mensonge, le paraître, l’anonymat, la pulsion sexuelle (…et ses caprices inattendus), un désir sexuel qui n’ose pas assumer son nom ni ses pratiques : « Outre la mauvaise réputation qu’avait la Savane la nuit, je lui rapportais en détail certaines agressions dont j’avais été témoin. Sur la place, je rencontrais toutes sortes d’individus ; les ‘branchés’ étaient une population très hétéroclite. On était du même bord, mais on ne se fréquentait pas. Sans doute par manque de confiance, beaucoup se méfiaient de leur propre clan et jouaient à cache-cache en permanence, se dénigrant et se méprisant mutuellement. Impensable pour un groupe déjà victime du malheur de sa propre différence ! C’est quand même surprenant et regrettable d’en arriver là. […] Cette histoire de clans est une fatalité pour la communauté et l’on ressentait une rivalité oppressante entre les groupes différents. En fait, chaque groupe entrait dans une catégorie bien distincte : les extravagants, les cancaniers, les très discrets et enfin les ‘leaders’, ceux qui incitaient à la prise de conscience contre les discriminations et l’homophobie dans la région d’outre-mer. Je trouvais bien dommage cette diversification au sein de la communauté. » (Ednar parlant des lieux de drague antillais, dans le roman autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, pp. 188-189) ; « Quant aux quais de la Seine, il y a belle lurette qu’ils abritent, en plus des traditionnels clochards, les idylles d’horribles couples. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 59) ; etc.
Enfin, la cour des miracles fictionnelle représente, une fois transposée dans le réel, la conscience du viol (un viol réel ou/et fantasmé), le chœur symbolique des garçons sauvages et adolescents qui annoncent la mort prochaine (physique et/ou psychique) de la personne homosexuelle. « Ils se sont rapprochés de moi en se masturbant. J’étais allongé sur le dos au milieu du lit bleu. J’ai fermé les yeux et j’ai essayé de m’imaginer encore une fois à la piscine, l’eau, le chlore, le plongeoir, la paix, le luxe. Un rêve impossible à l’époque. Je nageais mais dans la peur. Je tremblais, à l’intérieur. Je ne voyais plus les garçons sauvages mais je les sentais venir, se rapprocher de mon corps, le renifler et le lécher. Dans un instant le violenter, l’un après l’autre le saigner. Le marquer. Lui retirer une de ses dernières fiertés. Le briser. » (Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), p. 25) Pour ma part, j’ai vécu au collège cette petite descente aux enfers qu’a opérée sur moi la cour des miracles de mes camarades collégiens. En effet, tous les garçons de ma classe de 5e m’ont violenté sur la cour d’école du collège Jeanne d’Arc à Cholet, ceux-là mêmes qui m’avaient intronisé roi et délégué de classe en 6e, un an auparavant.
La cour des miracles est finalement la représentation fantasmagorique (et parfois l’actualisation concrète) de l’idolâtrie sociale. Un désir passionnel déçu. Elle sied donc parfaitement au désir homosexuel.
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Je suis autant homosexuel que gay !
Je suis autant HOMOSEXUEL que GAY. Hypocrisie si je soutenais le contraire! Le désir homosexuel existe en moi ; et je fais partie d’une communauté humaine de par l’existence de ce désir, communauté qui s’appelle la communauté homosexuelle. J’assume les deux ! Les personnes homosexuelles qui se disent « homosexuelles et surtout pas gay » (c’est-à-dire la grande majorité des personnes homosexuelles puisque quasiment toutes se définissent « hors-milieu »… même si à de rares moments, leur snobisme « dark & camp » leur fera dire, porte-cigarette à la main, qu’elles sont quand même fières d’être « des pédés ») se servent de leur mépris de l’homosexualité visible pour se justifier de pratiquer l’homosexualité de manière invisible, discrète, pudique et soi-disant « plus chaste » que dans le « ghetto marchand et stéréotypé du Marais ». Ainsi, ils ne remettent pas en cause pour eux-mêmes la pratique homosexuelle, mais au contraire, ils l’altérisent, l’extériorisent avec agacement, ils en font hypocritement une question d’image déconnectée du réel et totalement distancée d’eux-mêmes… alors que bien entendu, leurs actes homosexuels existent et sont bien concrets (ce ne sont pas les autres qui les posent à leur place!)! En somme, ils font de l’amour et de la sexualité une affaire strictement privée, alors que bien entendu, ce n’est pas ça. Ils construisent une citadelle (avec digi-codes et caméras partout) autour de l’homosexualité, démarche d’autant plus homophobe qu’elle prend la forme invisible du respect-indifférence/du respect indifférencié, du confort bourgeois.
Letter to Sister Paula (Lettre à soeur Paula, in english)
Letter to Sister Paula
(in english – translation : Dominique MACABIES)
Paula is a Portuguese missionary sister of the Community of the Servants of the Gospel. She is 46 years of age and currently lives and works in Japan. We have been introduced by a mutual friend, who gave her my address. Her mail struck me as being so pregnant in issues particularly relevant to the Church position on homosexuality, so indicative of the ignorance and uptightness of many faithful Catholics against the homosexual desire, that I decided to take the time to respond at length. I found this woman’s genuine search for truth touching, as well as her humility.
I will first copy her email and then attempt to answer her questions:
« Dear Philip,
How are you? It is a pleasure to meet you, even by e-mail. I am a Portuguese missionary in the same community as Celine, the Servants of the Gospel. My name is Paula and I live and work in Japan. I think Celine has already written to you about the subject I would like you to advise me about. Thank you for your time, first. Let me give you a little background information. A Japanese boy, a Catholic, has in recent months decided to quit his job better to do some thinking over his future because, while walking the Saint Jacques pilgrimage roads, he came to sense that maybe God was calling him to follow Him as a priest. He is not yet quite sure whether his place is with us, the Servants, but he asked us to accompany him on his path to discernment. We realize that, while he was baptized at birth (unlike the majority of Japanese Catholics, who receive the baptism of adults), he finds it hard to trust the teachings of the Church and it sometimes becomes a real stumbling stone on the way to deepening his vocation. When I explained to him that often we must distinguish between the official position of the Church and Pastoral Care, he said it was very difficult to understand, because it feels hypocritical. He recently expressed doubts over the Church’s teaching on homosexuality. He says he is not gay and does not know anyone who is. However, he is keen on understanding the Church teaching on the subject, otherwise he fears that, once a priest, he may be unable to put into practice what the Church teaches and eventually have to give up the idea of the priesthood. “Right now, that is causing him to really put his calling into question. He has read the comments on the Letter of the Congregation for the Doctrine of the Faith on pastoral care for homosexual persons and it does not agree with his own views. He thinks it does not fit with Jesus’ attitude: a loving and merciful one. It would contradict the Gospel”. He also believes that it is not fair. Heterosexuals have the choice: matrimonial life or chastity dedicated to God, whereas gays only have the option of chastity”. Since I’m not gay, it’s really hard for me to form an opinion. I checked a little, but I do not know what opinion to accept as fair. I admit my ignorance on this subject and that is why I’m asking for your help: you are both gay and a Catholic; would you mind answering a few questions? For example, would you agree with the following?: “However, the homosexual person’s particular inclination is still a tendency, a more or less strong one, to adopt a conduct that is intrinsically evil from a moral standpoint. Therefore, that inclination itself must be seen as an objective disorder”. (Excerpt from the Letter of the Congregation for the Doctrine of the Faith on the pastoral care of homosexual persons). In actual fact, do you think the homosexual inclination is a disorder, and do you consider homosexual behavior as intrinsically evil? I personally find it difficult to understand this statement since homosexuality is part of the person’s structural makeup, even though it may not be genetic in most cases; why should it be a disorder? I am ignorant on the subject, but I sincerely had rather a homosexual could be changed into a heterosexual by means of a therapy of some sort. Yet, from what I’ve read, psychologists believe this is not acceptable, nor advisable, even if some groups support the change and call it conversion, am I right? So, how do you understand your sexual orientation and live by it? Do you agree with the following statement found in the same letter? “In reality, we must also acknowledge that those who have a homosexual tendency enjoy the fundamental liberty which characterizes the human person and gives it its special dignity. Because of this freedom, and the same applies to any other attempt at total rejection of evil, human effort, informed and sustained by the grace of God, will enable them to avoid homosexual activity”. Do you believe a homosexual person can avoid any sexual activity and should do so for their own good? Do you support the option of chastity for all gay Christians? Or, do you think the Church should be more open? In what direction? For example, do you think the Catholic pastoral care of homosexuals should be oriented towards supporting fidelity in stable homosexual couples? Is your personal experience of the Church different from the image that is presented just by reading that letter? Could you recommend a bibliography to enable me to become better informed about this? (Either concerning homosexuality or the Church standpoint). Allow me another question: what do you think about marriages between homosexuals and their adopting children? Please forgive me, as I realize I have been putting you through a tough questioning session! This should tell you how ignorant I am in these matters. Thank you wholeheartedly for your cooperation. I am looking forward to hearing from you, God bless you. Paula.«
Dear Paula,
On second thoughts, I think I will try to reply in writing to your mail: it has stirred a lot of answers that I think are worth developing because they can be used by many other people, too. We can talk over the phone if you want… especially if we manage to coordinate our schedules!ˆˆ
If you don’t mind, I’ll read out your letter in a kind of linear fashion, so as not to miss a beat.
You write that the boy “finds it hard to trust the teachings of the Church and this sometimes becomes a real obstacle to deepening his calling”. At the risk of seeming a bit harsh and too straightforward from the start, I would say that I think one cannot consider going into the priesthood unless one loves the Catholic Church deeply and trusts it entirely; or if one accepts to be inspired and influenced by the misleading and shameful blotches on its reputation rumored around by the media these days (alleging the Church is still somewhat “backward” on some issues, out of step with social change and “narrow-minded”). The Catholic Church is human, flawed, but still divinely inspired: it is holy, despite all the human crap in it. That should never be doubted! Granted, confidence is something necessarily arbitrary and blind, but let me tell you I have oftentimes had the opportunity to experience how accurate the message of the Gospel is, and the same is true of the Pope’s and the Vatican institution’s. For example, let’s start talking about my homosexuality: I have always trusted the rather abrupt and dry message found in the Catechism of the Catholic Church on the matter, telling myself that the Church was right, though I could not yet understand why; that I would understand later; I had to do my own investigations to find other more personal words and compensate for the brevity of the Church standpoint. And finally, as of today, I do not regret such stubborn blindness at all! Even though I would not put things the way the Pope or even a St. Paul did, even though I have appropriated their message about homosexuality to express it in a more humane way, I have returned to the fold of my Church; I vindicate it and support its opinions. The Church is right when speaking against homosexuality, saying that homosexual acts are intrinsically disorderly. It is right to request continent celibacy. It is right when expressing its distrust of homosexual couples and homosexual desire. And who says so? A man like me, who has studied the subject thoroughly and written four books about it, while spending 10 years in homo associations! Not a boy who pays lip service to his opinions because he fails to accept his own homosexuality or to even approach it. Confidence in the Church – which is definitely not synonymous with absence of a critical mind or conscientious submission to any school of thought – is never disappointing, because I believe it, deep down, to be right and amazing. Yes, I claim more and more boldly that I am part of this family, the Catholic Church, and I am shocked at all the abuses my grandfather has to endure because he has the courage to air outloud what needs to be said about homosexuality, or about many other issues of sexual morality for that matter. It’s by reading his original texts and what Benedict XVI says that one realizes he is no way like the frustrated person the media make him out to be. Besides, he keeps tightly up to date with current events.
“When I explain to him that often we must distinguish between the official position of the Church and Pastoral Care, he finds it very difficult to understand, because he feels it is hypocritical”. I fully understand he can’t go along with that line of thinking, separating theory and practice, the High Church and the Church for the rank and file (although I see which way you put it: the Vatican is in duty bound to articulate a moral framework, a general discourse, while afterwards adapting it on a case by case basis, allowing for exceptions, according to individuals and to unexpected human circumstances). This young man should be praised for “wincing” at our lukewarm attitudes and our temptations to dissociate ourselves from our institution to avoid living up to its demands, or from the bad image of ourselves that we would put across! At least, this is evidence that he is unconsciously keen on the Unity of the Church, that he is seeking truth, that he yearns for strong consistency between words and deeds, that he wants to fully embrace the Church, or not at all! I believe he should keep the share of beauty arising from his revolt (i.e. the search for Truth) while also consenting to the mystery of obedience. “Obeying” means “loving” when you pledge obedience to the right master.
“Recently, he expressed his doubts over the Church teaching on homosexuality. He said he is not gay and he does not know anyone who is. However, he insists on understanding the Church teaching on this subject, otherwise he fears that, once a priest, he may be unable to put into practice what the Church teaches and might eventually have to give up committing to the Catholic priesthood”. It’s great that this boy is so intense, and that he is willing to get out of his comfort zone, to step into territory he a priori does not know much about (the gay world), and that he wants to exercise his apostolate by getting to grips with the real world. Please express my congratulations and encourage him to continue to “dig up the bullshit”, and never let himself be pushed around or sign a contract without being aware of all the provisions in it. So long as he accepts that we cannot keep control over everything, no more than grasp all God’s intelligence…
“Right now, that is causing him to really put his calling into question. He has read the comments on the Letter of the Congregation for the Doctrine of the Faith on pastoral care for homosexual persons and it does not agree with his own views. He thinks it does not fit with Jesus’ attitude: a loving and merciful one. It would contradict the Gospel”. I totally understand this gut reaction. Then, one realizes that the impression we get of a lack of openness is not so much a matter of content as of the brevity of the articles in the Letter of the Congregation for the Doctrine of the Faith. Obviously, the message of the Church, even though it is not false, needs to be refined, made more precise, and it will then look more loving. I personally find that it still does not sufficiently deal with the matter of homosexual desire per se, nor with its connection with rape. That is why it can hardly carry much weight against the self-righteous discourse of unconditional openness to the other. The boy you speak about should not forget that “love thy neighbor” does not mean always approving people unreservedly, but may sometimes lead to saying “no” and expressing a requirement laid down quite firmly. Jesus would always welcome others unconditionally, but he assessed their acts with many reservations and demands, indeed! That is because he upholds Love as much as he feels for the people loved by this Love. Also because He empowers us, confronts us with our human limitations and our personal freedom. If he deemed us worthless, he would not bother to oppose our fantasies – though well-meaning as well, sometimes – when we believe we can take ourselves for Him. Quite the contrary: Jesus does not accept the adulteress with cutesy smiles and relativist open-mindedness: He loves her deeply, and that’s why He also tells her bluntly: “Go and sin no more”. He welcomes the person, but abhors sin. It makes an explicit request, which condemns the act, while uplifting the sinful soul. That’s why I consider the Church message on homosexuality as quite demanding but very evangelical, too. It is the bitterness that comes with the offered cup.
“He also feels it is not fair. Heterosexuals have the choice: matrimonial life and chastity dedicated to God, whereas gays only have the option of chastity”. Well, first, let us agree on the meaning of words. Chastity is not equivalent to abstinence or continence: it is also to be experienced in a male-female couple, or with friends, or even between an artist and his work of art, because this is the right distance that makes the relationship possible, by resisting a destructive fusion-relationship. Then again, the call to continence for homosexuals is, admittedly, somewhat abrupt, I agree. It raised much doubt in me, too, at the time when I started to act in accordance with my homosexual desire. I would find myself attending masses where the homosexual condition was not even mentioned (on occasions such as the “Day for Callings” or “Family Sunday”). In their homilies, priest would suggest only two possible options to follow Christ: either the married couple (which I could not live by), or consecrated celibacy as experienced in the priesthood (which I could not opt for either, since homosexuals were barred from seminaries). This was somewhat narrow-minded and panicky, I thought. At the time, I almost shed tears over it and I silently begged the Lord, “But Lord, what path is there for us, gay people?? What is the way out?? Why should I be denied the right to love, too, since you gave me a heart made for love?” However revolted I used to feel, I did not leave the church for all that (my faith was too strong). It incited me to question myself, and opened a new path. Besides, over time, I understood that this limited and narrow path of continence offered to homosexuals was not a condemnation of Love, but rather a specific request that specifically acknowledged we homosexuals were unique; and also that it was a path that was neither easier nor more difficult to walk than marriage or the priesthood: it involves the same renunciation, the same complete gift of self, the same freedom. It is no less a way where one can truly love. The measuring rod of our degree of freedom and happiness is not the number of choices available to us, but indeed our exclusive choice of a single person, whether it be a person of the so called « opposite sex » or Jesus. Besides, homosexuals are not deprived of Jesus: on account of the limitations restricting their desire, they are specifically geared towards the “better part”. So why should they complain, or weep for being excluded from the model presented by our highly eroticized society as the only structure of true love? Somehow, their homosexual condition prepares them more directly and firmly to the royal wedding in heaven. If they know how to make the best of it, it is a chance for them to be somehow forced, by an inner desire that they have not chosen, into dedicating themselves completely to the person of Jesus, since they are not called by the Church to experience something else with someone else. The Church asks them right away to do something great, crazy even by humanly terms, but glorious in eternity. They should rejoice! However, this only makes sense in the light of faith and the Resurrection.
“Since I’m not gay, it’s really hard for me to form an opinion. I checked a little, but I do not know what opinion to accept as fair. I admit my ignorance on this subject and that is why I’m asking for your help: you are both gay and a Catholic; would you mind answering a few questions?” Don’t be afraid, Paula, of expressing your impressions, your opinion or reasoned judgments. Homosexuality is human. Even though not everyone is attracted to it, everyone is entitled to their own views about it, and everyone is entitled to talk about – including “heterosexual” priests! – since reflecting on desire concerns everyone. Homosexuality is not the special preserve of homosexuals, even though most of them suggest it is, to avoid having to hear what relevant views the outside world can express regarding the numerous limitations on their desire. It is our duty, as Christians, to position ourselves. Indeed, I’ve seen so-called “heterosexuals” deal with homosexuality with much more relevance and perspective than those who have their nose to the ground and so little perspective on themselves! So, do trust yourself.
“You are both gay and a Catholic; would you mind answering a few questions? For example, would you agree with the following?: ‘However, the homosexual person’s particular inclination is still a tendency, a more or less strong one, to adopt a conduct that is intrinsically evil from a moral standpoint. Therefore, that inclination itself must be seen as an objective disorder’ (Excerpt from the Letter of the Congregation for the Doctrine of the Faithon the pastoral care of homosexual persons)”. In actual fact, do you think the homosexual inclination is a disorder, and do you consider homosexual behavior as intrinsically evil?” Yes, I agree with that. Yes, these words are blunt to be sure, but they’re right. And yes I can say that I support that view, having witnessed the inner and outer chaos resulting from the justification of homosexual desire in the lives of those who blindly indulged it as if it was a desire that fully defined them or was equal to the love between a woman and a man who really love each other, or between a continent man and God. Let me add, besides, what my “field study” has enabled me to find out. In the works of homosexual (films, novels, biographies, speeches made by many gay people…), I have counted all the subconscious references made to the word “disorder”, and I found a great number of them! (And yet, they were made by people who claimed their homosexual desire was a genuine one!) I have also described the wasteful – i.e. more divisive than unifying, nature of the homosexual desire – through the study of recurring symbols in fiction dealing with homosexuality: faces cut in half, broken bodies, two-headed animals, twins, broken mirrors, schizophrenic doubles, and so on and so forth, all symbolically harping on division. As far as I am concerned, these images are the language of homosexual desire: an impulse that leads more to dispersion and to acts where narcissistic fantasies and impulses prevail, rather than Reality and Truth (which does not mean homosexuals are completely disconnected from the last two).
“I personally find it difficult to understand this statement since homosexuality is part of the person’s structural makeup, even though it may not be genetic in most cases; why should it be a disorder? I am ignorant on the subject, but I sincerely had rather a homosexual could be changed into a heterosexual by means of a therapy of some sort. Yet, from what I’ve read, psychologists believe this is not acceptable, nor advisable, even if some groups support the change and call it conversion, am I right”. Truly, it is not desirable to justify homosexuality with genetics or passing it off as a disease simply because it is not a choice. However, even if I do not claim I am able to distinguish between nature and nurture (to my mind, homosexuality remains a mystery that is best left unsolved, so as to leave the one who feels it complete freedom, not to transform it into a destiny, and avoid “pathologizing” or “essentializing” homosexual desire, thereby conferring it too much importance relatively to the homosexual person), I found that homosexual desire is both an indication of an injury related to a context of real violence (rape, incest, self-contempt, desiring to be an object, social isolation, etc.) and the sign of coincidences and of personal leanings (be they determinant or not) marked by a lack of desire. Then again, one should of course be wary of those group therapies and of all those sects that stigmatize “the” gay person and reduce her to her homosexual desire so as to better eliminate it and pass it for a miraculous conversion to “heterosexuality”. I personally have no time for this, partly because I consider the homosexual orientation neither as a determinant of the whole person who feels it, nor as absolute evil. In addition, what is at stake in terms of sexuality is mysterious and profound: I do not think one can completely change when one is gay, unless one is bisexual. It all depends on how deeply homosexuality is anchored within us. In short, homosexual injury remains an enigma, and I don’t have the key to it. Moreover, we all have something in us to heal… and, clearly, homosexual desire, if indulged in, wounds the person, and indicates a weakness which should not be overlooked. I have noticed that homosexuals around me feel a lot of frustration, fear, shyness, self-hatred, misanthropy (aired in terms of misogyny or misandry), and lack of confidence. This is not specific to homosexual desire (there are other divisive desires), but homosexual desire is marked by this particular disorder.
“So how do you understand your sexual orientation and live by it?” As I write, I try to remain continent. After 29 years of full celibacy, then a period of one year and a half of experimentation in homosexual carnal intercourse with boys, I am gradually but surely returning to continence. In any case, with more confidence. This is a promise that remains to be confirmed over time and using the joy I feel as a yardstick. But so far, I feel I am on the right path! My heart is burning, even more than it used to be!
“Do you agree with the following statement in the same letter? « In reality, we must also acknowledge that those who have a homosexual tendency enjoy the fundamental liberty which characterizes the human person and gives it its special dignity. Because of this freedom, and the same applies to any other attempt at total rejection of evil, human effort, informed and sustained by the grace of God, will enable them to avoid homosexual activity”. Do you believe a homosexual person can avoid any sexual activity and should do so for their own good? Do you support the option of chastity for all gay Christians? Or, do you think the Church should be more open? In what direction? For example, do you think the Catholic pastoral care of homosexuals should be oriented towards supporting fidelity in stable homosexual couples?” Yes, I agree with the sentence quoted above, because I believe in the power of God’s work in us. Then again, His work is neither spectacular (it does not require a cripple to run the 100-meter race!), nor euphoric, nor a call for forced marriage, nor an encouragement to ignoring one’s homosexual desire. Quite the contrary. The closer we fearlessly acknowledge our homosexual desire and the “homosexual scene”, aiming at recognizing and understanding how they tick, the less likely we are to merge with it and let it control our lives. Nevertheless, of course, I encourage respect for same-sex couples and I support the loyalty they may have for each other, but have no illusions about their objective frailty. Homosexual love should not be idealized, as it has its own many limitations (and not just because society keeps throwing a spanner in the works; it is the homosexual desire which, inherently, is weak and violent). Conversely, there is no denying it is genuine “love” because, for all its limitations, it actually is, on rare occasions, a way to exchange differences, share tenderness and make sincere commitments, and that is not to be overlooked.
“Is your personal experience of the Church different from the image that is presented just by reading that letter?” I admit that so far, I’ve never met a gay couple that I found really convincing (and not for want of meeting a great many!). But one should never say never. I am an open-minded skeptic. Should I one day meet a gay couple that seems strong and happy over time, I’ll be all too willing to mention it. For the time being, I can only “wait and see”… even though I’m still not convinced by the power of gay love and I know more and more the reasons why.
My experience in the Church itself has not really led me to meet homosexuals living a harmonious combination of faith and homosexuality: either they would try to start a Gay Church and pulling away from the institutionalized Church (I’m thinking of the “David and Jonathan Christian Association”), or I met lonely boys, who repressed their homosexuality while practicing a religion in which they kept their inclination to themselves (very rare occurrences… And I’m thinking of some church people as well…). But I confess that, to date, I know of no boy like me, a practicing Catholic and homosexual, and publicly facing up to both.
Regarding the way homosexuals are treated in churches, I find priests are still shy, even bashful, on the subject. This often makes them awkward, or even somewhat judgmental. The Catholic Church, in practice, is still struggling to take the theme of homosexuality head-on. They’re in need of training, explanations, of a compellingly expressed opinion, on which to rely; this would help avoid blunders and keeping some people away from the church on account of the sole issue of homosexuality.
“Could you recommend a bibliography to enable me to become better informed about this? (Either concerning homosexuality or the Church standpoint)”. I can only recommend works by the like of Xavier Thévenot, Jacques Arènes, or Xavier Lacroix; or, from a secular and psychoanalytical perspective (no less sound), by Jean-Pierre Winter. I have nothing better! Besides, of course, my own book … 😉
“Allow me another question: what do you think about marriages between homosexuals and their adopting children?” As it happens, I have dealt with that issue in my essay. In short, I am neither favorable to gay marriage, nor to their adopting children. In both cases, my priority is respect for gender differences (which a truly loving marriage reinforces) and upholding the family; that’s why I put forward this view. Beware, however! When I say this, I mean to make it perfectly clear that it should not be misinterpreted: I do not sanctify procreation as a way to boost birth rates, and this is no idealization of gender differences either. For love to exist, it is not enough for children to be physically there, or for a couple to be made up of a woman and a man. Not only must the difference between the sexes exist but it must be crowned by a genuine and free desire between two people of different sexes, and then by the arrival of children: these are the prerequisites for it to be a love relationship and a true family.
“Please forgive me, as I realize I have been putting you through a tough questioning session! This should tell you how ignorant I am in these matters. Thank you wholeheartedly for your cooperation. I am looking forward to hearing from you, God bless you. Paula.”
Paula, I want to thank you for giving me the opportunity, through your questions-packed mail, to address central issues of homosexuality. Your questions show you have a vibrant faith, and a balanced, sharp, moving and fertile one. It’s great! You ask the right questions, and you allow me to put words on what has been inside me for a long time without ever articulating it that way. Two years ago, an elderly priest and close family friend, read my book and suggested I write a little booklet designed to provide a practical guide on how to welcome homosexuals in the Church. And I feel that through your questioning, his wish has come true. It is impressive to see how the mere mention of the topic of homosexuality triggers such discord, internal / external feuds, and causes so many to stay aloof of the Church. I have observed it even in young adult Catholics still present in our churches. So you’ve raised a critical issue. Thank you for this. So, as a result, I would like to publish the mail I’ve sent you, along with our exchange, on the website for my book. Would you mind? May God, who is all-powerful love, bless you. Sincerely yours, Your (already) Brother Philip.
Note: To find all the reactions to this letter along with my replies, consult this site: Padreblog.fr. This is one of the most visited articles on the site. I wish to thank Father Pierre-Hervé Grosjean and his team of priests for their kind support!