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Quand quelqu’un s’acharne contre moi…

Quand quelqu’un s’acharne contre moi, je découvre tôt ou tard qu’il me traite d’homophobe (qui se haïrait lui-même) ou d’égocentrique (qui s’adorerait lui-même) parce qu’il ne veut pas remettre en cause sa propre pratique homosexuelle ou sa foi en l’amour homo. Or ces deux dernières SONT l’homophobie.

 

Hausse de l’homophobie depuis les Manif Pour Tous ?

Aux pro-mariage-pour-tous qui osent imputer aux anti-mariage-pour-tous la hausse « manifeste » des actes homophobes recensés par toutes les assos et structures LGBT depuis la montée en puissance médiatique du sujet du mariage, je ne répondrai qu’une chose : que les personnes homosexuelles et gay friendly, par leur silence sur ce qu’est vraiment l’homophobie (c’est-à-dire le viol) et sur qui posent les actes homophobes (à savoir elles-mêmes), sont les seules responsables de cette recrudescence et de cette croissance d’homophobie dans la société.

 

L’homophobie des anti-homophobie

Ce qui est quand même extrêmement embêtant, c’est que les militants anti-homophobie font preuve en général d’une homophobie manifeste et inconsciente : ils refusent d’entendre parler de souffrance et de violence en lien avec l’homosexualité et l’homophobie (et traitent agressivement d’ « homophobe » celui qui fait ce lien), alors que l’homophobie n’est pas autre chose qu’une violence et une souffrance! Pour le dire autrement, elle est un acte violent contre les personnes homosexuelles, au nom de leur orientation sexuelle, exercé qui plus est uniquement par des personnes homosexuelles (soit refoulées, soit excessivement assumées). Or les croisés anti-homophobie occultent cela et ont transformée l’homophobie en insulte, en accusation de personnes, en individus diabolisés 100% non-homosexuels, en combat abstrait et qui « fait bien ». Ce mensonge et ce détournement de la réalité de l’homophobie est particulièrement homophobe. Ils crient à l’homophobie pour mieux occulter la réalité à laquelle elle renvoie par le mot qui la nomme. Prodigieuse contradiction et perversité des bonnes intention désincarnées.

 

Une « Manif Pour Tous » homophobe, finalement

Que ça ne fasse pas plaisir aux organisateurs  de la « Manif pour Tous » du 13 janvier 2013 de l’apprendre, que ça les attriste et les vexe, qu’ils s’en mordent les doigts, on peut bien le comprendre ! Constat amer d’homophobie, d’homophobie d’indifférence et de trouillardise : concrètement, à cette « Manif pour Tous », il a été fait extrêmement peu de place aux personnes homosexuelles opposées au « mariage pour tous », alors qu’elles auraient dû avoir en toute logique la première place, le plus de poids. Elles n’ont pas eu la parole. Je peux vous l’assurer. Ni sur les chars, ni devant les caméras (ce n’est pas avec Xavier Bongibault qu’on entend parler d’homosexualité), ni sur les podiums. La Famille a occupé le haut du pavé, alors que nous savons très bien que c’est au nom de l’« amour » homosexuel, au nom de la reconnaissance de l’homosexualité, et par les personnes homosexuelles, que cette loi du « mariage pour tous » risque de passer comme une lettre à la Poste.

La foule d’un million de personnes n’a même pas entendu parler des couples homos, d’homosexualité, n’a pas eu l’occasion de voir les quelques témoins homosexuels qui étaient pourtant disponibles pour se rendre visibles. Il n’a pas été fait mention une seule fois, au micro, des manifestants homosexuels qui pouvaient se trouver présents dans les cortèges de rue. Rien ! D’ailleurs, en off, ça a été une consigne donnée aux organisateurs et aux chefs de chars de ne pas prononcer publiquement le mot « homosexualité », de ne pas donner le micro aux témoins homosexuels les plus adéquates pour faire contrepoids à la Manif des pro-mariage-pour-tous prévue fin janvier. Sous prétexte que c’était « trop compliqué » pour la foule d’entendre parler d’homosexualité, « trop polémique » ; que parler d’amour ce n’était pas la question du mariage (civil) et qu’il fallait mieux mettre un couvercle sur l’homosexualité et le couple pour se concentrer uniquement sur la famille. « Ce n’est pas le lieu ni le moment ! Donnons au Peuple le foin le plus efficace et le plus simplificateur qui soit : la filiation, l’enfant, la différence des sexes en tant que famille ! Pas la différence des sexes en tant que couple ! Les conséquences du ‘mariage pour tous’, tournées autour de l’enfant, c’est ça qui fout le plus les boules aux Français de base. » Logique inconsciemment infantilisante et intimidatrice. Nous, personnes homosexuelles, avons dû mendier dix minutes de micro au podium du Champs de Mars parce que nous étions écartées. Je l’ai vu de mes propres yeux. Si nous n’avions pas fait de passage en force, jamais la parole ne nous aurait été accordée. « Homovox », le seul mouvement de personnes homosexuelles opposées au projet de loi, a été considéré comme une « association comme une autre », alors que ce n’est pas du tout vrai. C’est nous qui avions le plus de poids, et qui aurions dû avoir le plus de poids. Je ne dis pas cela pour des raisons d’image et d’égo, ou parce que je serais vexé de ne pas avoir été mis en avant (d’ailleurs, si ce n’était que ça, je l’ai eu, mon petit quart d’heure de gloire, en parlant 5 minutes devant une foule immense au podium du Champs de Mars…). Je dis cela parce que c’est vrai et que tous le savent. Nous, les personnes homosexuelles, avons été mis de côté alors que nous étions objectivement les plus importantes, les plus courageuses, et les plus adéquates pour faire contre-poids à la manif du 27 janvier.

On nous a muselées sous prétexte qu’il fallait respecter l’« unité » autour du poncif idéologique du sacro-saint Enfant (… autour de Frigide Barjot, en fait), que l’opposition au « mariage pour tous » se fondait principalement sur la famille. Moi, je peux vous assurer qu’on n’a eu quasiment aucune place. L’unité invoquée, il faut savoir ici que c’est en réalité l’autre nom de la peur : peur de parler frontalement des sujets qui fâchent, peur des personnes homosexuelles et de poser un regard vrai sur les limites objectives de leurs couples. Peur de parler d’Amour, du mariage en tant que tel. Que les organisateurs de la « Manif pour tous » ne s’étonnent pas après que cette dernière apparaisse comme homophobe. Qu’ils ne viennent pas pleurer. Car dans les faits, elle l’a (involontairement ?) été. À présent, je ne me reconnais ni dans la « Manif pour tous » du 13 janvier, ni dans la « Manif pour l’Égalité » de fin janvier qui va nous bouffer tout cru. Même si j’aime les 1, 3 millions de manifestants « anti-mariage-pour-tous » et leur énergie !

(N.B. : Hier, lundi 14, une amie lesbienne m’a appelé par téléphone pour me raconter ce qui s’était passé lors de mon bref discours sur le podium du Champs de Mars. Pendant que les écrans géants me montraient et qu’elle se trouvait perdue dans la foule, elle a entendu un de ses voisins maugréer : « Qu’est-ce qu’il vient faire là, ce mec ? Pourquoi il parle d’homosexualité ? Qu’est-ce ça vient faire dans notre Manif ? » CQFD.)

 

Homovox : le site-médicament pour la gorge

Ce n’est pas parce que certains de mes amis homosexuels et moi nous positionnons apparemment contre le projet de loi du « mariage pour tous » que nous le faisons pour les mêmes raisons (je pense à mes compagnons d’« Homovox », notamment). À les entendre, je vois qu’ils sont « contre » pour des raisons d’images (Ils ne critiquent pas du tout la pratique homosexuelle mais uniquement la visibilité de celle-ci, comme s’il y avait une « bonne pratique homosexuelle » et une « pratique marchande, débauchée et maraisienne » de l’homosexualité ; ils ne critiquent pas le mariage en tant qu’il remettrait en cause leur croyance en l’amour homosexuel et au couple homosexuel, mais uniquement les conséquences anthropologiques du « mariage pour tous » par rapport à la filiation). Pour ma part, si je m’oppose au « mariage pour tous », ce n’est pas pour des raisons d’image, ni pour soutenir un « droit à l’indifférence », ni pour défendre une pratique homosexuelle à partir du moment où elle resterait discrète, marginale, subversive, asociale et singulière dans l’invisibilité. Je m’oppose au « mariage gay » parce que déjà en actes, le couple homosexuel n’est pas à justifier, ni socialement ni à titre privé, et que l’enjeu du projet de loi se trouve non seulement dans la filiation, mais d’abord dans la survie de la différence des sexes et de l’amour incarné. C’est le couple homosexuel, bien avant le « couple homosexuel + enfant », que questionne et justifie le « mariage pour tous ». C’est la pratique homosexuelle et un « amour » où la différence des sexes est jugée « annexe » socialement, qui sont en jeu et qui constituent toute la gravité de cette loi.

 

S’opposer au « mariage pour tous » = homophobie ?

Certains militants pro-mariage-pour-tous ont encore le culot de faire croire que la manif d’opposition à « leur » projet de loi, qui aura lieu le 13 janvier prochain à Paris, est une manif « minoritaire et homophobe » ??? Surtout quand on sait que ce rassemblement national va réunir plus d’un million de personnes, de gauche, de droite, de toutes confessions religieuses et a-religieuses, des 4 coins de la France ? Des gens qui ne sont absolument pas homophobes, tout simplement parce qu’ils sont homosexuels eux-mêmes, ou bien parce qu’ils ont des amis et des frères très proches qui le sont ! Croient-ils que l’homophobie suffirait à faire déplacer une telle masse ? Comment peuvent-ils encore penser que c’est par gaieté de coeur et par méchanceté gratuite que les manifestants du 13 vont défiler, en sachant tous les sacrifices amicaux, les ruptures de dialogue, les dissensions et les querelles familiales/amicales que les débats « pour ou contre le mariage homo » ont déjà engendrés ??? Mais dans quelle bulle d’irréalité, de révolutions d’opérette, de haine (ou, ce qui revient au même, de bien-pensance!) vivent les pro-mariage-pour-tous ???

 

L’attitude de tueurs à gage des pro-mariage-pour-tous

Moi qui maintenant suis amené à côtoyer de près, sur les plateaux-télé et lors des débats, les militants pro-mariage-pour-tous, je peux vous assurer, sans trop exagérer, que le spectacle vaut le détour ! L’attitude de ceux qui se présentent comme les défenseurs des opprimés, de la liberté, de l’Égalité, de la tolérance et de la lutte contre les discriminations, est fascinante à observer en coulisses. Ils se comportent au mieux comme des robots ou des individus froids, qui n’adressent la parole à personne, qui ne te regardent même pas dans les yeux, qui ne te posent aucune question, qui ne sourient jamais (il n’y a que nos ministres socialistes pour avoir encore l’énergie du faux-cul), au pire comme des tueurs à gage, limite qui te foutent les boules par leur mutisme et leurs yeux qui t’ont déjà diabolisé avant même de te connaître (parce qu’on leur a dit que tu ne pensais pas comme eux, donc que tu étais forcément un « méchant homophobe » à éliminer et à mépriser). D’ailleurs, le jour où je suis passé, fin décembre 2012, sur la chaîne MCE, une des invités du plateau qui avait été parachutée dans le camp des « pro-mariage-pour-tous » parce qu’elle n’y connaissait rien au thème, et qu’a priori, son environnement social l’avait prédisposé à jouer innocemment le rôle « sympatoche » de la nana « ouverte et gay friendly« , m’avait trouvé tellement convivial et affable lors du maquillage qu’il lui a fallu un temps pour capter que je n’étais pas pour le projet de loi mais contre. Elle a halluciné. Pour elle, seuls les pro-mariage-pour-tous pouvaient être « sympas et cools »… Elle a doublement halluciné quand, à l’antenne, elle s’est rendue compte combien les défenseurs du « mariage pour tous » étaient agressifs, de mauvaise foi ou carrément vidés d’humanité. Je crois que cette petite expérience télévisuelle l’a poussé, sinon à changer d’avis, au moins à revoir ses clichés sur la gentillesse et l’ouverture des « progressistes »… qui en actes et en attitudes, ont tout des pires réactionnaires.